• La véritable histoire des Douze Césars ; Virginie Girod

    « Les douze Césars s'inscrivent dans une histoire de famille particulièrement complexe. Ils ne peuvent être réduits à une succession de biographies se chevauchant plus ou moins. Ils forment ensemble la fresque humaine la plus cynique du Haut-Empire et sans doute l'une des plus captivantes de l'histoire de l'Occident. »

    Couverture La véritable histoire des douze Césars

     

     

     

      Publié en 2019

      Éditions Pocket (collection Documents et Essais)

      480 pages

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Sous le principat d'Hadrien, l'historiographe Suétone écrit les biographies des premiers Césars, de Jules César à Domitien, retraçant ainsi près de cent-cinquante ans d'histoire. Virginie Girod, forte de sa connaissance intime de la période, met avec talent ses pas dans ceux de Suétone et raconte la véritable saga des douze Césars faite de trahisons, de manipulations et d'amours déçues.
    Comment Auguste et Vespasien ont-ils pris Rome en passant pour des modèles de vertu ? Pourquoi Tibère, Caligula et Néron ont-ils sombré dans la tyrannie ? Claude était-il un idiot ou un administrateur génial ? De chapitre en chapitre, les mythes sur les Césars volent en éclats, laissant place à leur humanité dans toute sa complexité.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au début du IIème siècle de notre ère, l’historiographe Suétone, sous le principat d’Hadrien, rédige une vie des Douze Césars (De vita duodecim Caesarum), racontant ainsi les destinées de douze dirigeants romains, de Jules César à Domitien. Scindé en huit livres et publié entre 119 et 122, La vie des Douze Césars de Suétone inaugure un nouveau genre littéraire historique qui inspirera d’autres historiens (Hérodien, Aurelius Victor) et d’autres travaux comme L’histoire Auguste.
    C’est sur ce texte devenu une référence pour l’étude de l’Antiquité romaine, que la jeune historienne Virginie Girod, spécialiste de l’histoire des femmes et notamment de la sexualité sous la Rome antique, s’appuie pour rédiger à son tour ses Vies des douze Césars, forte d’une méthodologie différente et actualisé. Car si Suétone a le mérite d’être le premier à dresser les portraits de ces dirigeants de Rome qui, un jour, deviendront mythiques, il cède malgré tout assez souvent à l’anecdote, sans forcément vérifier ni étayer son propos.
    De la Rome Antique, on retient souvent des images issues de la bande dessinée, de la fiction, des films… Les gladiateurs, les courses de char, les grands banquets et les orgies, les heures interminables aux thermes, la décadence… Tout n’y est pas vrai mais tout n’est pas faux non plus, loin de là et on s’en rend compte en lisant le texte de Virginie Girod. Quels dirigeants incarnent mieux l’ivresse du pouvoir et la décadence qu’il peut entraîner que les Césars ? De Jules César, qui n'est pas empereur mais dans les pas duquel se placera par la suite Auguste, son petit-neveu, jusqu’à Domitien, second fils de Vespasien, c’est plus de cent ans d’histoire romaine brossée dans ce volume. Les premiers empereurs ont imprimé durablement leur marque, créant ou développant un nouveau mode de gouvernement. Chacun s’appropriera le pouvoir à sa manière et le modèlera. Il y a ceux dont l’Histoire conserve un souvenir positif, pour leur justesse, leur intelligence politique, leur exercice nuancé du pouvoir : c’est le cas d’Auguste ou encore, de Vespasien, le premier des Flaviens. D’autres incarnent bien ce mythe de la Rome antique ivre de sang, de violence, de sexe et d’exagération : Tibère, Caligula, Néron, Vitellius, Domitien…
    De la seconde moitié du Ier siècle av. J-C jusqu’au début du IIème siècle de notre ère, Virginie Girod nous amène à la rencontre de chacun d’entre eux. Loin de relater uniquement leur principat, que leur bilan soit positif ou négatif, l’auteure remonte à l’enfance de tous ces empereurs, apportant aussi une dimension psychologique à son récit : et si les événements traversés dans le jeune âge avaient eu une influence sur la conception et l’exercice du pouvoir pour tous ces hommes devenus adultes et dirigeants ? La concurrence entre Domitien et son aîné Titus a-t-elle conditionné le second, le plaçant sans cesse dans une infériorité douloureuse, comme l’absence d’intérêt connue par Tibère dans ses jeunes années a pu générer le manque de confiance ressenti par l’empereur, le poussant à se retirer sans cesse loin du pouvoir ? Le malheur brutal enduré par la famille de Caligula après des années florissantes a-t-il aussi induit la violence du jeune empereur, dont les excès semblent sans limites ? En « analysant » ses Césars, essayant de les comprendre sans les excuser pour autant, ni les juger, Virginie Girod les rend plus humains, malgré leurs côtés les plus déplaisants : oui, il est quand même difficile de trouver Néron, matricide avoué, sympathique… pour autant, les empereurs de Rome ne sont pas plus monstrueux ni plus dégénérés que d’autres. L’époque contemporaine n’a-t-elle pas elle aussi son lot de dirigeants violents, cyniques et sinistres, à l’instar des dictateurs du XXème siècle ?

    La mort de Néron par Vasiliy Smirnov (1888)


    Malgré des redites et des répétitions (forcément, les destins des Césars se fondent les uns dans les autres et un même événement se retrouve forcément dans plusieurs biographies : la mort d’Auguste, par exemple, conditionne l’accès au pouvoir de Tibère et on retrouve donc cet événement dans la biographie d’Auguste comme dans celle de Tibère), on se prend vite au jeu ! Même si je ne suis pas passionnée par l’Histoire antique en général, j’avoue avoir pris grand plaisir à lire ce livre en forme de catalogue biographique qui nous promène avec aisance dans l’Histoire : la passion de l'auteure est communicative. Le style de l’auteure est dynamique, très actuel et Virginie Girod déconstruit habilement les mythes qui continuent d’entourer, souvent d’une aura assez négative, la figure des Césars : certes, Néron était mégalomane mais il n'a pas mis le feu à Rome en 64, comme il n’a pas battu à mort son épouse enceinte, non Claude n’était pas l’abruti manipulable à l’envi, jouet de son ambitieuse femme Agrippine…
    Et pourtant, il y a un côté assez cinématographique et grandiloquent qu’on ne peut pas nier… quand on dit que la réalité prend souvent le pas sur la fiction, c’est vrai. Même le romancier à l’imagination la plus prolifique n’aurait peut-être pas pu imaginer des personnages aussi intéressants et complexes que les Césars.
    En bonne spécialiste des femmes, Virginie Girod laisse aussi dans son livre une grande place aux figures féminines qui ont jalonné l’histoire des premiers Césars et notamment des Julio-Claudiens : Livie, figure hiératique, première Augusta, Agrippine l’Ancienne et sa fille, Agrippine la Jeune, qui paiera son ambition et son amour du pouvoir par une mort ordonnée par son propre fils, Julie, l’unique fille d’Auguste et épouse de Tibère, Acté et Poppée, respectivement maîtresse et épouse de Néron, à la beauté débridée et sensuelle…
    Bref, La véritable histoire des Douze Césars est un livre de vulgarisation historique mais qui s’appuie sur la rigueur de l’historien et une méthodologie contemporaine fiable et cohérente. Il n’en reste pas moins que l’œuvre de Suétone a été un terreau fertile pour l’auteure, qui prend visiblement un grand plaisir à sortir des limbes de l’Histoire ces grandes figures que la légende noire a fini par marquer d’un halo monstrueux et bien sombre que Virginie Girod se plaît à nuancer sans pour autant réhabiliter. Une lecture agréable, riche et en même temps plaisante et divertissante.

    Livre ancien ouvert

    Une Vie des Douze Césars de Suétone, imprimée à Lyon en 1569

    En Bref :

    Les + : bien écrit, avec un style jeune et dynamique, qui dépoussière un peu l'Histoire, ce livre est riche et apporte beaucoup d'informations, tout en étant plaisant et divertissant.
    Les - :
    des répétitions, des redites, malgré tout nécessaires au vu du découpage du livre.


     La véritable histoire des Douze Césars ; Virginie Girod

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     

     

     

     


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