• Le passage de l'été ; Claire Léost

    « Quand un bonheur paisible nous tend la main, pourquoi est-on attiré par l'abîme, l'étrange, le difficile ?  »

    Couverture Le passage de l'été

     

     

     

        Publié en 2022

       Éditions J'ai Lu 

       256 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Hélène, seize ans, vit au cœur de la Bretagne intérieure, dans un bourg oublié des touristes et cerné par les rochers. Entourée d’un père aimant, de son ami Yannick, ardent défenseur de la cause bretonne, et de sa grand-mère Alexine, diplômée de l’école des druides, elle se destine à devenir institutrice, comme sa mère.


    Mais l’arrivée de Marguerite, nouvelle professeure de français venue de Paris avec son mari, célèbre romancier, bouleverse leur existence à tous. Qu’est venue chercher Marguerite ici, enfoui sous le granit ? Quels drames anciens se murmurent dans la forêt ?
    Le temps d’un été, Hélène va découvrir le vertige du désir, la douleur de la perte et le piège qui se referme sur ceux qui dérangent.


    À la fois saga bretonne et roman d’apprentissage, Le Passage de l’été fait resurgir les secrets et les blessures de trois générations de femmes, de 1945 à nos jours.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Été 1994. La jeune Hélène vient d'obtenir son bac de français avec les meilleures notes de son département. Brillante élève, elle se passionne pour la littérature et la langue française et se destine à une carrière d'institutrice. Ce sont les vacances dans le petit bourg finistérien du Bois d'en Haut, où elle vit en famille. Mais depuis quelques mois, le quotidien est bouleversé par l'arrivée de ceux que certains villageois regardent d'un mauvais œil en les appelant les « Parisiens » : Marguerite, prof de français dans le lycée d'Hélène, son époux Raymond écrivain et leur fille de dix ans. 
    Dans ce village enclavé dans les terres, où les traditions sont encore fortes et où l'on accepte pas forcément volontiers les changements, Marguerite est vue au mieux comme une simple étrangère à qui il n'est pas obligatoire d'adresser la parole, au pire comme une véritable intruse qui n'a rien à faire là. Et quand Hélène, qui a été l'élève de Marguerite au petit lycée du bourg, commence à fréquenter assidûment la famille, s'occupant notamment de la petite Lilly et passant un peu trop de temps, au goût de certains, avec l'enfant et son père, les langues vont bon train. 
    Près de deux jours après avoir terminé ce roman, que j'ai lu en un peu plus d'une journée, je vous le dis très honnêtement : je ne sais pas toujours pas quoi en penser. Je ne peux pas dire que c'est un mauvais roman, bien au contraire, car l'intrigue est bien maîtrisée et, à défaut d'une plume exceptionnelle, l'autrice écrit quand même plutôt bien. Voilà donc ce que je peux dire objectivement. Qu'en est-il maintenant de mon ressenti plus profond ? Eh bien je n'en sais trop rien
    Roman dense malgré sa taille (moins de trois cents pages), Le passage de l'été aborde pas mal de sujets : la fracture entre ruraux et citadins, la défense ardente d'une culture qui peut conduire à des comportements délictueux, l'envie d'ailleurs, le désir, la perte, le deuil...Oui, en si peu de pages et en l'espace de quelques semaines seulement (en gros), l'autrice aborde tout cela. Pari risqué, vous me direz, mais qui est réussi car dès les premières pages, on est quand même happé et on a envie de savoir ce qu'il va se passer. 
    Dès le départ, pas de place au doute : on sait que l'été s'achève 94 s'achève au Bois d'en Haut avec une tragédie. L'autrice ne fait pas durer le suspense, on l'apprend dès les premières pages. Finalement, elle opte pour un processus inversé : au lieu de développer les causes puis d'amener la conséquence à la fin, en guise de dénouement, c'est le contraire qu'il se passe ici et, fatalement, la curiosité du lecteur est piquée, on a envie de savoir ce qu'il s'est passé dans ce village tranquille de Bretagne, ce qui est arrivé dans les semaines qui précèdent l'indicible. 
    Grâce à une trame parallèle, on découvre aussi - sans trop comprendre ce que ça vient faire là au départ, mais toutes les pièces du puzzle finissent par s'imbriquer dans les ultimes pages - le destin d'une fille du village, Odette, fille du docteur qui fut arrêté pendant la Seconde guerre mondiale car il était communiste. A l'issue du conflit, la jeune femme était partie pour Paris, comme beaucoup de Bretons, où elle était devenue gouvernante des enfants d'une famille bourgeoise aisée avant de retourner au pays. 
    Je crois que ce qui m'a empêchée d'aimer pleinement ce roman, c'est qu'il m'a mise mal à l'aise. Je n'ai aimé aucun des personnages, pas même Hélène : je ne l'ai pas détestée, mais je ne me suis pas attachée à elle, je suis restée un peu en marge. Peut-être qu'il y avait trop de choses, que l'autrice a voulu trop en dire et ça part dans tous les sens. Honnêtement, la lecture du résumé m'avait inspiré autre chose, je ne m'étais pas attendue à une telle intrigue. Resserré sur l'intrigue principale, que je ne peux pas dévoiler ici, sinon vous n'aurez aucun intérêt à lire ce roman, je pense qu'il m'aurait peu-être tenue en haleine un peu plus. 
    Je déplore aussi les premiers chapitres bourrés de clichés. Alors certes, je pense que l'autrice a forcé le trait à dessein et que ces clichés sont là pour ce qu'ils sont...rien n'est pire que le cliché qui ne sait pas qu'il en est un et je ne crois pas que ce soit le cas ici : on sent que Claire Léost a fait en sorte de creuser à fond les disparités entre ces Bretons ruraux, un peu taiseux, pas forcément très ouverts à la nouveauté et qui considèrent comme des étrangers tous ceux qui ne viennent pas de leur région alors que, par contraste, Marguerite est la Parisienne jusqu'au bout des ongles, bien habillée, bien coiffée, roulant en 4x4 et payant ses achats avec une carte Gold. Malheureusement, j'ai trouvé ça quand même assez dérangeant parce que, encore une fois, on retrouve les vieilles idées reçues, les vieux préjugés sur les ruraux, sur la campagne...
    J'en toutefois aimé bien des aspects du livre, à commencer par cette atmosphère assez poisseuse qui imprègne tout le récit. Comme un orage qui gronde longtemps à l'horizon avant d'éclater, on voit se former le drame, les mécanismes qui se mettent en place et qui pourraient nous faire dire que tout était réuni pour qu'une tragédie survienne. 
    Le passage de l'été n'est pas une lecture estivale fraîche et sans prise de tête. Ce n'est pas un été lumineux qui est décrit ici mais un été venteux, nuageux, lourd de menaces...il y a quelque chose d'assez prenant malgré le malaise, on tourne les pages parce qu'on a envie de savoir ce qu'il s'est passé et comme s'est noué le drame dans une communauté qui semble sans histoires. 
    Je ressors de cette lecture avec le sentiment de l'avoir aimée pour ce qu'elle est. Oui, l'idée de départ est bonne et l'autrice se débrouille plutôt bien pour instiller le malaise chez le lecteur...et c'est même assez bien écrit ! Mais vraiment, il m'a manqué un petit quelque chose pour dire que oui, franchement oui, j'ai aimé, c'était une super lecture. Elle me laisse encore perplexe 48 heures après en avoir lu les dernières pages. Mais n'est-ce pas finalement, paradoxalement, ces lectures qui restent le plus en tête et nous font nous interroger ? Je pense en effet que je ne suis pas près d'oublier Le passage de l'été. 

    En Bref :

    Les + : une lecture atypique et surprenante, qui démarre comme une enquête policière. Une double-temporalité qui permet de mieux comprendre tous les tenants et aboutissants du drame...Le passage de l'été est menaçant comme un orage qui gronde au loin et poisseux comme un été sans soleil. 
    Les - : un peu cliché à mon goût, c'est dommage. Cela enlève du charme au roman. 


    Le passage de l'été ; Claire Léost

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :