• Le roman de l'enchanteur Merlin ; Gérard Lomenec'h

    « Alors les femmes le mirent dans un panier pour le descendre au moyen d'une corde de la tour et ordonnèrent qu'il soit baptisé du nom de son aïeul maternel qui s'appelait Merlin. »

    Couverture Le roman de l'enchanteur Merlin

     

     

     Publié en 2022

     Éditions Ouest-France

     256 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Appelé Myrrdin dans la mythologie celtique galloise, Merlin est l'un des personnages les plus emblématiques de la légende arthurienne. Dès sa naissance, ce fils d'un démon incube et d'une pucelle ne cesse de démontrer ses dons de clairvoyance grâce à son privilège de connaître le passé et de révéler l'avenir. Par son art de magie, il fait mouvoir depuis l'Irlande les pierres de Stonehenge pour servir de sépulture aux vaillants Bretons massacrés par les Saxons. - Prophète du Saint Graal et de la Table Ronde, Merlin préside à la naissance secrète d'Arthur et à son avènement comme roi des Bretons lors de l'épreuve de l'épée Escalibur. Il le guide dans ses opérations militaires et brandit face à l'ennemi une bannière au dragon vivant cracheur de feu. . Personnage à métamorphoses, il sait se transformer tour à tour en enchanteur, beau ménestrel de harpe ou vieillard bossu à Camaalot. Pour avoir aimé Viviane, l'homme sauvage se retrouve enserré en un château d'invisibilité en Brocéliande par la pucelle à qui il a révélé ses secrets...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La littérature médiévale peut faire peur parfois et je dois avouer que c'est mon cas : j'ai l'impression de m'attaquer à un gros morceau, un peu trop gros pour moi, comme si je n'en connaissais pas suffisamment bien les codes...j'adore le Moyen Âge et, historiquement, c'est une période que je connais bien et que je maîtrise. Mais quand il s'agit d'aborder sa littérature, c'est un peu plus compliqué. 
    Je crois que mes seules incursions dans le monde de la littérature médiévale se borne à trois ouvrages : les Romans de la Table-Ronde de Chrétien de Troyes, les Lais de Marie de France, une poétesse champenoise du XIIème siècle et le Tristan et Iseult de Béroul, dans sa version médiévale et lacunaire (alors que les deux précédents sont adaptés et étayés d'une présentation contemporaine), que j'avais d'ailleurs beaucoup aimée, mais sans forcément avoir envie de m'intéresser plus que cela aux romans du Moyen Âge. Parfois, je me dis que j'aimerais bien découvrir Christine de Pisan ou encore, le fameux Roman de la rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meung...puis je ne le fais pas. Je crois que le côté ardu de la littérature médiévale - ou du moins l'idée que je m'en fais - me freine, peut-être à tort, d'ailleurs
    En tout cas, lorsque je m'intéresse aux livres que j'ai déjà pu lire, un seul lien entre eux me saute aux yeux : la légende arthurienne. Alors, quand je suis tombée sur Le roman de l'enchanteur Merlin, dans une très jolie édition richement illustrée, transcrite et présentée par Gérard Lomenec'h, je me suis dit : pourquoi pas ? 
    Le texte transcrit par Lomenec'h est un texte du XIIIème siècle, écrit par un auteur anonyme mais que l'on appelle pseudo Robert de Boron, car il écrit dans le style ce dernier. Robert de Boron, clerc ou chevalier, est connu pour avoir écrit de nombreux romans inspirés par la légende du roi Arthur et du Graal, au même titre que Chrétien de Troyes, Thomas Malory ou encore Geoffroy de Montmouth, noms incontournables quand il s'agit de chercher des sources médiévales sur ce qu'on a appelé la Matière de Bretagne. 
    Fascinante, foisonnante, sans cesse revisitée et enrichie par les auteurs qui s'y sont frottés, connus comme anonymes, la légende du roi Arthur, roi celtique qui se serait opposé bravement à l'invasion saxonne de la Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle), a donné naissance à la littérature de l'Occident, créant un genre nouveau : le roman. 
    Si tous les auteurs qui ont été inspirés par les légendes arthuriennes se sont souvent approprié l'histoire (et c'est encore le cas de nos jours, quand on pense par exemple à la relecture moderne et décalée qu'ont pu faire de ces légendes merveilleuses les Monty Python en Angleterre ou Alexandre Astier en France avec Kaamelott), inventant, tissant, brodant, parfois en contradiction avec les textes précédents, il y a des personnages incontournables et Merlin en est un. 

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    Merlin dictant un poème au clerc Blaise (enluminure française du XIIIème siècle)


    Merlin l'enchanteur, protecteur d'Arthur, avant cela conseiller de son père le roi Uter Pendragon, Merlin qui préside à la naissance d'Arthur en donnant à Pendragon la physionomie de l'époux de la belle Ygerne, que le roi veut séduire...Merlin, le personnage double, né de l'union d'un démon incube et d'une vierge, possédant en lui le paradoxe de sa conception : le Mal, représenté par son père, le Bien, par sa mère. Merlin qui devait devenir l'Antéchrist et retournera finalement contre son père la nature profondément mauvaise que celui-ci lui avait légué, notamment par le biais de ses dons prophétiques, que Merlin mettra à profit pour faire le bien et non pour nuire. 
    Dans ce roman centré sur la figure de l'enchanteur, d'autres personnages incontournables de la légende apparaissent : on découvre la légende arthurienne avant Arthur, avant Camelot, avant les chevaliers et la quête du Graal, avec le règne de Pendragon et la séduction d'Ygerne, duchesse de Cornouailles et qui deviendra la mère d'Arthur. On découvre l'enfance et la jeunesse de celui-ci puis son élection divine, annoncée par Merlin et qui se concrétise par le biais de l'épée Excalibur qu'Arthur se montre le seul à pouvoir extirper du rocher dans lequel elle est fichée. Puis, tout ce qui fait le sel de cette légende qui ne vieillit pas et a traversé les siècles jusqu'à nous : la romance d'Arthur et de Guenièvre, fille du roi de Carmélide, la Table-Ronde et ses chevaliers, la séduction de Merlin par Vivianne qui l'enferme dans un château invisible, en plein cœur de Brocéliande. 
    Très empreint d'imaginaire chevaleresque, des valeurs de la société médiévale et d'une grande religiosité, Le roman de l'enchanteur Merlin s'inscrit bien dans son époque, dans son contexte d'écriture. La transcription, qui a pour mérité de rendre le texte plus accessible, ne le dénature pas et j'ai apprécié cette lecture pour ce qu'elle est : une version d'une légende qui n'a jamais fini de s'étoffer au cours des siècles, sans mourir avec le Moyen Âge, sans jamais se figer. 
    Ainsi, les chevaliers d'Arthur deviennent la personnification de cette figure incontournable de la société du Moyen Âge central, le chevalier, censé être porteur des valeurs de l'altérité, de la générosité, de la bravoure et du courage, le personnage du clerc Blaise peut faire penser aux moines copistes qui, du fond de leur monastère, ont participé à fixer sur parchemin des textes fondateurs, comme Blaise le fait depuis son repaire en forêt de Northumberland, faisant ainsi acte d'historien et Merlin, né pour être l'Antéchrist, s'avère finalement incarner une puissance bienfaitrice contre les forces du Mal qu'elle doit combattre (puissance bienfaitrice que l'Eglise en tant qu'institution se targue également de posséder). Quant à la romance d'Arthur et Guenièvre, elle nous ramène aux plus belles heures du roman courtois et des cours d'amour du XIIème siècle, diffusés notamment par la duchesse d'Aquitaine et reine d'Angleterre Aliénor. 
    J'ai trouvé ce livre passionnant même si parfois un peu ardu. Je ne serais pas honnête si je vous disais que je n'ai pas décroché une ou deux fois...mais globalement, je me suis vraiment sentie captivée par cette lecture où le merveilleux se mêle à des discours bien plus cartésiens - ou peut-être justement se met-il au service de ces derniers pour les diffuser encore plus largement. 
    Une nouvelle lecture dans l'univers de la légende arthurienne qui me donne envie de découvrir celle-ci encore mieux. 

    Gravure en noir et blanc montrant, au fond d'un paysage de ruines de châteaux, un roi et un vieil homme barbu les bras écartés, côte à côte.

    Merlin conseillant Arthur : vision romantique du XIXème siècle que l'on doit à Gustave Doré pour Idylles d'un roi d'Alfred Tennyson (1868)

    En Bref :

    Les + : une plongée dans le monde de la littérature médiévale, rendue accessible par une traduction en français contemporain mais toujours empreint de la magie des textes anciens. Un bon moyen de découvrir la légende arthurienne et l'histoire de l'un de ses personnages les plus célèbres, Merlin.
    Les - : des passages quelque peu ardus et des coquilles : heureusement elles ne sont pas nombreuses mais dans une si jolie édition, c'est un peu dommage. 


    Le roman de l'enchanteur Merlin ; Gérard Lomenec'h

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 


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