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Les Sept Soeurs, tome 7, La soeur disparue ; Lucinda Riley
« On a tendance à croire que les gens qu'on aime vivront éternellement, alors on ne leur pose pas de questions, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. »
Publié en 2021 en Irlande
En 2022 en France (pour la présente édition)
Titre original : The missing sister
Éditions Le Livre de Poche
928 pages
Septième tome de la saga Les Sept Sœurs
Résumé :
Maia, Ally, Star, CeCe, Tiggy et Electra. Recueillies bébés par l'énigmatique Pa Salt, les six sœurs d'Aplièse ont chacune découvert leur histoire. Mais elles ont toujours su qu'elles devaient être sept, comme les étoiles des Pléiades à l'origine de leurs prénoms.
A présent que leur père a disparu, elles n'ont qu'un indice pour trouver leur dernière sœur : une bague sertie d'émeraudes formant une étoile à sept branches. Elles se lancent alors dans une quête haletante où, parcourant différents continents, elles découvrent une magnifique histoire d'amour, de bravoure et de sacrifice, qui a commencé près d'un siècle plus tôt, tandis que d'autres courageuses jeunes femmes avaient décidé de risquer leur vie pour changer le monde autour d'elles...La Soeur disparue est la septième tome de la série événement Les Sept Soeurs, qui a conquis 25 millions de lecteurs dans le monde. A travers ses romans au souffle unique, peuplés de personnages inoubliables, liés par les drames et l'amour, Lucinda Riley a affirmé son immense talent, créant un genre littéraire à part entière.Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Après la découverte des destinées des sept sœurs d’Aplièse, Maia, Ally, Star, CeCe, Tiggy et Électra dans six tomes, tout spécialement consacrés à chacune des jeunes femmes, recherchant ses origines biologiques, nous voilà à un tournant. En effet, si les filles de Pa Salt, énigmatique milliardaire suisse qui les a toutes adoptées alors qu’elles étaient bébés et aux quatre coins du monde, tirent leurs prénoms originaux de la constellation des Pléiades (les Sept sœurs) force est de constater qu’il n’est pas besoin d’être très fort en maths pour se rendre compte que…ces sept sœurs ne sont en fait que six au compteur.
Effectivement, dans tous les mythes des Pléiades qui se retrouvent un peu partout dans le monde, de l’Europe aux peuplades maories d’Océanie comme en Afrique ou en Amérique du Sud, celles-ci sont au nombre sept. Dans la mythologie grecque, la légende veut qu’elles soient issues de l’union d’Atlas et de Pléioné, une Océanide. Leurs filles se sont unies à des dieux, engendrant ainsi plusieurs familles royales comme celle de Troie ou encore de Sparte (Taygète, la cinquième sœur, serait ainsi la mère de Lacédémone, fondateur mythique de Sparte). Elles sont souvent présentées comme les compagnes vierges de la déesse Artémis, connue pour sa pudeur et sa propre virginité dont elle était très fière et qu’elle défendait farouchement, les Pléiades sont un jour remarquées par le chasseur Orion qui les pourchassera inlassablement pendant cinq ans. Pour les sauver, Zeus les transformera en colombes et, à leur mort, elles seront transformées en constellation (la constellation des Pléiades ou des Sept sœurs)…
Dans la légende des Sept sœurs, la seule à s’unir à un mortel – Sisyphe, dont elle eut plusieurs enfants – est Mérope, la dernière sœur, parfois surnommée « la sœur disparue ». Et effectivement, dans la famille d’Aplièse, cette Mérope manque à l’appel, alors que la date anniversaire de la mort de Pa Salt approche et que les sœurs souhaiteraient l’avoir auprès d’elle pour rendre hommage à leur père adoptif dans les îles grecques. Mais comment retrouver celle que Pa Salt semble avoir cherché inlassablement au cours de sa vie et dont la mention semblait lui faire si mal ? Qui est Mérope d’Aplièse et où la chercher ?
Une bague…un nom…une adresse perdue en Nouvelle-Zélande et voilà nos six sœurs embarquées dans une course contre la montre et un périple à travers le monde pour retrouver la propriétaire de cette mystérieuse bague sertie d’émeraudes et qui pourrait être leur septième sœur.
En parallèle, comme dans les tomes précédents, on découvre aussi une partie historique, assez intéressante au demeurant ici puisqu’elle nous emmène dans l’Irlande des années 1920 à 1970, alors que le pays se bat pour son indépendance et sa liberté. A travers le personnage de Nuala Casey notamment, on découvre aussi la résistance et le combat des femmes irlandaises, organisées dans le Cumann na mBan (« le Conseil des Femmes »), formation paramilitaire fondée en 1914 et qui fut considérée comme une organisation terroriste par le gouvernement britannique, à l’instar de l’IRA.
De nouveaux personnages, de nouveaux lieux…ce septième tome s’inscrit totalement dans la série des Sept sœurs mais s’en écarte aussi un peu. La forme du roman est assez différente puisqu’il n’est plus centré sur une seule des sœurs et sa quête de ses origines, après la découverte de la lettre qui lui est adressée par Pa Salt puis les coordonnées géographiques de la sphère armillaire placée dans le jardin d’Atlantis et qui les aide à localiser leur famille biologique ou, tout du moins, le pays où elle est née. Ici, les sœurs d’Aplièse seraient presque des personnages secondaires tandis que l’on suit une toute nouvelle histoire, celle de la « sœur disparue » ou du moins, celle que l’on pense être la « sœur disparue » Mérope.La spectaculaire vallée de Gibbston, en Nouvelle-Zélande, où démarre le roman
A peine quelques semaines après avoir terminé La sœur du soleil, deux mois seulement après ma lecture de La sœur de la lune (qui a été une déception, à l’instar du deuxième volume, centré sur Ally), la lecture de ce septième tome s’est un peu imposée à moi, comme si j’avais envie de « torcher » cette saga, avant la lecture de l’ultime tome, le huitième, qui va nous raconter l’histoire de Pa Salt dont, au final, on ne sait rien. Je crois que j’avais aussi besoin, en tant que lectrice, de réponses. Ok, on lit une saga pendant laquelle tout un univers se met progressivement en place. Un univers d’une grande richesse, malgré quelques défauts et inégalités mais…pour être honnête, qui ne m’a pas transcendée plus que ça. Alors que je suis presque à la fin de cette saga, je rejoins les lecteurs qui estiment que cette saga est vraiment surcotée. Oui, c’est très sympa, c’est divertissant mais, alors que j’arrive à la fin de ce septième tome, je me dis : « tout ça pour ça ? ». Si ce tome m’a bien plus embarquée que les deux précédents (peut-être que le changement d’air, le changement de forme aussi, m’a apporté un petit rafraîchissement bienvenu), je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine frustration parce que je n’ai obtenu aucune réponse aux questions que je me pose depuis un moment et, au contraire, de nouvelles interrogations se sont ajoutées et je me demande vraiment si le huitième tome parviendra à dissiper tous les mystères ou non.
Encore une fois, le gros point négatif pour moi – outre que je ne suis pas fan de la plume de l’autrice, mais ceci est un ressenti subjectif –, c’est que c’est très long. Je n’ai pas l’esprit de synthèse, mais il est clair que Lucinda Riley ne l’avait pas non plus ! J’ai trouvé que ce tome était parfois redondant, avec des situations assez similaires et des actions décortiquées à outrance, qui n’apportent rien au récit et ne font qu’ajouter des longueurs (a-t-on véritablement besoin de détailler l’arrivée dans un hôtel, le passage à la réception, la montée dans l’ascenseur, l’arrivée dans la chambre etc… ? J’exagère mais vous voyez ce que je veux dire : c’est limite si l’autrice ne détaille pas ce que les personnages ont dans leurs valises ou dans leurs poches !). Certains dialogues sont aussi pour moi superflus alors qu’une simple phrase aurait permis de dire la même chose, mais plus vite.
Bref, sans être une complète « plantade » ce septième tome, encore une fois, aura peiné à me séduire pleinement, même si j’ai passé un bon moment de lecture. Non, je mentirais si je disais que c’est absolument horrible, qu’on s’ennuie et qu’il ne s’y passe rien. J’ai même beaucoup aimé découvrir l’histoire de l’Irlande « de l’intérieur », au milieu de résistants irlandais qui se sont battus pour un idéal, la liberté et l’indépendance de leur pays, à une époque pas si lointaine que cela puisque la fin des troubles ne date en fait que de 1998 !
Mais je pense que le roman n’en aurait été que plus rythmé s’il avait été un peu plus court, avec des chapitres plus ramassés, plus dynamiques. Par chance, j’ai été moins gênée par les lourdeurs stylistiques et les tics de langage que j’avais remarqués dans les tomes précédents et qui avaient le don de me faire lever les yeux au ciel à chaque fois. Ici, il y en avait mais un peu moins ou mieux dosés et j’ai moins ressenti ces petits défauts, qui sont peut-être aussi dus à des traductions littérales de certaines expressions anglophones…
Bref, arrivons-en maintenant à la grande question : est-ce qu’il vaut le coup, ce septième tome ? En un sens, oui, bien sûr. Pour moi, il n’apporte rien de véritablement nouveau ni révolutionnaire à l’intrigue des Sept sœurs, à l’exception du fait que, peut-être, la famille est en passe d’être enfin réunie. Mais on ferme le livre sans aucune certitude : la femme rencontrée tout au long de ce roman est-elle bien Mérope ? Certes, le propos sera probablement explicité dans le huitième tome mais quelle frustration de terminer la lecture sur une fin ouverte ! Il y a une marge entre trop d’infos et pas d’infos du tout et c’est dommage que l’autrice nous laisse ainsi sur notre faim.
Pour autant, c’est un roman qui aurait presque pu se suffire à lui-même ! Une double-temporalité, un personnage qui part, près de quarante ans après avoir quitté sa terre natale, sur les traces de son passé…il y a là le moyen de faire quelque chose de chouette et, si le roman n’avait pas été inscrit dans l’univers des Sept sœurs, il aurait pu être tout aussi captivant. Vraiment, je me répète mais la riche partie historique est passionnante ! Finalement, en France, ce sont des événements qu’on connaît peu alors que le combat des Irlandais à la fin des années 1910 et dans les années 1920 ressemble tant, par son idéal, à celui de la Résistance en France dans les années 1940. J’ai vraiment aimé suivre Nuala, même si je n’ai pas eu le temps de m’attacher réellement au personnage, partagée entre son engagement pour l’Irlande et son travail au service d’une famille britannique…le propos est nuancé, pas du tout manichéen, dénué de ce côté parfois un peu mièvre que je peux reprocher aux romans de Lucinda Riley.
Pour le coup, La sœur disparue aurait pu constituer un très bon « one-shot » mais malgré tout, c’est chouette de retrouver toutes les sœurs, même si ce sont surtout les aînées, Maia et Ally, qui mènent la danse.
Bref, une lecture divertissante, pas prise de tête, qui s’inscrit bien dans son univers mais sans apport forcément exceptionnel. Un septième tome qui semble être une transition, avant la révélation ultime (du moins, je l’espère).Une manifestation des femmes du Cumann na mBan à Dublin en juillet 1921
En Bref :
Les + : un septième tome qui aurait pu se suffire à lui-même, tans sa double-temporalité est riche d'informations.
Les - : encore une fois beaucoup de longueurs et des chapitres qui auraient pu être largement élagués pour donner un peu plus de rythme.
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- Envie d'en savoir plus sur Les Sept Sœurs ? Découvrez mes billets sur les cinq premiers tomes par ici :
Maia, le premier tome centré sur l'aîné des sœurs et nous fait voyager au Brésil
La sœur de la tempête, centré sur Ally et qui nous emmène en Norvège
La sœur de l'ombre, qui met à l'honneur Star, la plus réservée des sœurs et nous fait découvrir les secret d'un grand domaine anglais des années 1930
La sœur à la perle, dont l'héroïne est CeCe et avec laquelle nous voyagerons jusqu'en Australie
La sœur de la lune, centré sur la très spirituelle Tiggy qui nous emmène de l’Écosse à l'Andalousie
La sœur du soleil nous fait découvrir les origines de la sixième et plus jeune sœur, Électra, entre New York et le Kenya
Tags : Roman, Contemporaine, Saga familiale, Secrets, Irlande, XXème siècle, Littérature irlandaise
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