• Les Vrilles de la Vigne ; Colette

    « Si tu arrivais, un jour d’été , dans mon pays, au fond d’un jardin que je connais , un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir , au lointain , une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu t’assoirais là, pour n’en plus bouger jusqu’au terme de ta vie. »

    Couverture Les vrilles de la vignes

     

     

     

         Publié en 2019

      Éditions Le Livre de Poche (collection Libretti)

      Date de parution originale : 1908

      128 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Lorsqu'en 1908 Colette publie ce recueil de textes brefs - dialogues de bêtes, évocations de la nature, méditations sur l'amour, la solitude, le passage du temps... -, elle s'est séparée de Willy, son premier mari, définitivement résolue à imposer son indépendance d'artiste et de femme. 
    Et c'est bien en effet la voix libre et singulière d'un écrivain qui se fait entendre dans ces pages bouleversantes de poésie, de tendresse, de hardiesse aussi. 

     

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Dans ce recueil atypique et hétéroclite publié une première fois en 1908 puis enrichi au fil des années qui suivront de textes inédits, Colette fait parler les animaux, convoque les souvenirs de l'enfance et de la prime jeunesse, ainsi que leur nostalgie heureuse, décrit les coulisses du music-hall, décortique un jour d'été au bord de la mer ou décrit les coulisses d'une pièce de music-hall...
    J'ai eu l'impression que tout Colette se retrouve dans Les Vrilles de la Vigne, souvent présenté à la suite de Sido, l'autre livre de l'enfance et du souvenir, où la figure maternelle tient la place principale. Ici, Les Vrilles ne partagent pas, elles sont seules et uniques. Cela nous donne un petit recueil d'une centaine de pages, que l'on picore comme on lirait un recueil de poésie.
    Œuvre poétique, autobiographie, fiction ? Il est difficile de savoir ce qu'on lit. Tout ce que je sais, c'est que Les Vrilles de la Vigne est un recueil d'une poésie folle, que j'ai découverte (ou redécouvert pour être plus précise, car j'avais déjà lu ce recueil il y a quelques années) avec beaucoup de surprise et de plaisir.
    A cela s'ajoute une plume ciselée, oserais-je dire chirurgicale, véhiculant autant de métaphores que d'images plus triviales : Colette est autant à l'aise dans la description d'un jardin dans le plein épanouissement du printemps, où les fleurs éclatent en couleurs et en parfums que pour décrire les sursauts de la nature (un brusque coup de vent, un orage qui monte et colore le ciel) que dans la réalité beaucoup moins ragoûtante d'un butin de pêche qui a pris le chaud et imprègne de son odeur fauve les doigts et les vêtements des pêcheurs.
    Sa plume se fait sautillante et plus légère, quand elle prête la parole à Tobby-Chien et à l'altier chat siamois, Kiki-la-Doucette. Elle sait aussi se faire lyrique et caressante quand il s'agit de parler du pays de l'enfance que l'on a quitté mais dont la nostalgie nous reste au cœur, toujours.
    Cela dit, si vous souhaitez découvrir Colette et que vous ne connaissez pas encore son œuvre, je vous conseillerais de ne pas commencer par ce recueil : sans me targuer d'être une spécialiste, je la lis depuis une quinzaine d'années maintenant et son œuvre comme son personnage me sont familiers. Mais pour un novice, mieux vaut commencer par ses romans plus conventionnels dirons-nous, comme Le Blé en Herbe, Chéri (conventionnels dans le sens où se sont des œuvres de fiction comme les autres, parce que pour ce qui est des sujets, permettez-moi d'avoir un doute concernant leur côté conventionnel mais ceci est une autre histoire) ou les Claudine.
    Pour ma part, à chaque fois que je relis Colette, je retombe amoureuse de sa plume et de son univers littéraire, polymorphe, mais qui apporte toujours surprises, étonnement et un style littéraire d'une grande qualité. Je sais que Les Vrilles de la Vigne n'est pas le texte le plus apprécié par les lecteurs, qui lui préfèrent souvent Sido. Pour ma part, c'est toujours avec plaisir et intérêt que je lis les textes de cette autrice hyperactive, qui fut artiste, écrivaine, esthéticienne, journaliste...son œuvre, indéfinissable, semble refléter cette vie bien remplie de Colette, après la jeunesse relativement simple et rurale d'une petite provinciale du Nivernais, à la fin du XIXème siècle.
    Colette me rend nostalgique mais pas seulement...elle m'envoûte souvent de son écriture, comme les vrilles de la vigne s'enroulent autour d'un tuteur, l'enserrant étroitement. Pour moi lire Colette, c'est éprouver des sentiments simples, mais purs, servis par la sensualité d'une plume qui sait se faire languissante, sucrée comme acide, légère et sautillante comme plus lourde, chargée de senteurs et d'images universelles.
    A-t-elle fait partie de mes révélations littéraires lorsque j'étais adolescente ? Oui, sans aucun doute. Fera-t-elle partie intégrante de toute ma vie de lectrice ? A nouveau je répondrai oui, sans aucune hésitation. Je peux rester des mois, voire des années sans lire Colette : après l'avoir étudiée au lycée, lu et relu Le Blé en Herbe puis découvert ses autres romans et nouvelles, je l'avais un peu délaissée mais je lui reste fidèle.
    Le talent de Colette ne se dévoile pas immédiatement, il n'est pas facilement compréhensible, il faut savoir l'apprivoiser et, pour cela, persévérer et continuer de la lire. Son œuvre est suffisamment vaste pour satisfaire tous les lecteurs en quête de simplicité et d'une plume maîtrisée.

    En Bref :

    Les + : j'ai relu ce recueil découvert il y a plusieurs années déjà, avec beaucoup de plaisir. Hommage à l'enfance heureuse, insouciante et sauvage, aux beautés fugitives de la nature, Les Vrilles de la vigne est une œuvre d'une richesse folle malgré sa petite taille. J'ai savouré la plume du premier jusqu'au dernier mot. Lecture hybride et atypique sans nul doute
    Les - : pour moi, aucun, bien sûr.


    Les Vrilles de la Vigne ; Colette

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     


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