• [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

     

    La semaine dernière, je vous ai proposé de voyager aux Philippines, à la découverte d'une tradition très suivie là-bas et qui célèbre la lumière, durant la période de l'Avent. Cette semaine, on revient en France et en Europe pour découvrir les légendes ancestrales attachées à cette période de l'année...Animaux soudain doués de la parole, pierres qui bougent...Noël est une période féerique et propice aux légendes, certaines d'origine chrétienne et d'autres, bien plus oniriques...

     

    Les Êtres Inanimés, dans l'Est et le Nord

    En Franche-Comté, on raconte qu'une roche pyramidale, qui domine la crête d'une montagne, se met à tourner trois fois sur elle-même au moment de la Messe de Minuit, quand le prêtre, durant la cérémonie, lit la généalogie de Jésus-Christ.
    La nuit de Noël également, le sable des grèves, les rochers des collines, les vallées, s'entrouvrent pour laisser apparaître tous les trésors enfouis dans le centre de la terre.
    Dans cette région, on raconte aussi l'étrange histoire de la Pierre qui Vire. Il s'agit d'une haute pierre pointue, qui se trouve en équilibre sur un rocher, entre deux villages : Scey-en-Varais et Cler. Elle fait un tour complet sur elle-même lorsqu'elle arrive l'heure de la Messe de Minuit. Dans les Vosges, un peu plus au Nord, c'est la légende la Pierre Tournerose que l'on raconte à la veillée. Cette pierre se trouve près de la ville de Remiremont et elle se mettait subitement en mouvement lorsque les cloches de Remiremont, Saint-Etienne et Saint-Nabord se mettaient à sonner pour appeler les fidèles à la Messe célébrant la Nativité.
    Ces légendes des Êtres inanimés se retrouvent jusqu'en Normandie, à l'opposé de la Franche-Comté. En pays de Caux, par exemple, il existe des légendes de pierres qui se mettent à tourner (pierres tournantes). Ces pierres se mettaient soudain en mouvement lorsque était célébrée la Messe de Minuit et exécutaient trois tours sur elles-mêmes. Les monstres qui étaient censés habiter les profondeurs de ses rochers sortaient à ce moment-là aussi et exécutaient des danses folles atour d'elles. On peut citer pour exemple la Chaise de Gargantua à Duclair, la Pierre Gante à Tancarville ou encore, la Pierre du Diable à Griquetot-sur-Ouville. En pays de Caux, en plus de ces légendes des Êtres Inanimés, on pense que les cloches perdues se mettent à sonner le soir de Noël : par exemple celles de l'église d'Ouville-l'Abbaye, qui serait enfouie dans le Bosc-aux-Moines, à Boudeville.
    Dans le Contentin, à Minières, se trouve un énorme bloc de pierre qui pèserait une tonne mais parvient tout de même à sauter par trois fois le jour de Noël, à minuit pile.

    Les Légendes Bretonnes sur les Pierres Tournantes

    On le sait, la Bretagne est une terre fertile en ce qui concerne les légendes...
    A Carnac, on retrouve la légendes des Pierres Tournantes. En effet, à Carnac, les menhirs se mettent à tourner sur eux-mêmes par trois fois avant d'aller se baigner dans l'océan. Un jour, un malin bien renseigné sa cacha aux abords de Carnac, la nuit de Noël et attendit que les pierres se déplacent vers l'océan pour mettre la main sur les trésors que l'on dit enfouis sous elles. Il se glissa dans un trou mais, étourdi par le scintillement de l'or qu'il trouve là, il ne pense pas à remonter et, le menhir, rafraîchi par son bain de mer, reprend sa place et écrase l'homme trop hardi. Comme en Normandie, de nombreuses pierres (mégalithes, menhirs) se mettent en mouvement en cette nuit particulière...c'est le cas à Jugon (Côtes-du-Nord) ou un mégalithe se rend à la rivière de l'Arguenon. Dans le bois de Couardes, c'est, cette fois, un bloc de granit qui descend pour vers un ruisseau tout proche pour aller étancher sa soif. Il regagne ensuite sa place de lui-même. Au mont Beleux, tout au sommet, se trouve un menhir qui, la nuit de Noël se laisse emporter par un merle et laisse ainsi à découvert un fabuleux trésor...Les pierres de Plouhinec vont elles aussi boire à la rivière Intel toute proche tandis que la pierre de Saint-Mirel, elle, est liée à la légende rabelaisienne de Gargantua, qui s'en serait servi pour aiguiser sa faux. Après les moissons, il l'aurait plantée comme on la voit encore aujourd'hui. Elle passe pour cacher un trésor qui appâta, un jour, un paysan des alentours. Ce dernier était très avare et lorsqu'il sut que les roches, à la Noël, laissait à découvert de fabuleux trésors pendant qu'elles descendaient vers les ruisseaux pour se désaltérer, songea à s'en emparer.
    Pour pouvoir récupérer le trésor caché sous la pierre de Saint-Mirel, il fallait au paysan s'emparer d'un rameau d'or qu'il trouverait dans les bois de coudriers. Ce rameau avait autant de puissance que la baguette des fées. Muni de ce rameau magique, le paysan se précipita vers le plateau où se trouvait la pierre. A minuit, il la vit bouger et s'élever au dessus de la terre. Il s'approcha alors du trou béant laissé dans la terre par la pierre mobile et l'éclaira de son rameau d'or. Il fut émerveillé par tout l'or qu'il vit au fond du trou et se mit à l'entasser dans ses poches, dans un sac, dans ses vêtements...mais, aveuglé par cette richesse, il oublia que la pierre allait à un moment où un autre reprendre sa place...lorsque celle-ci s'élanca pour se remettre dans le trou comme si elle n'en avait pas bougé, l'avare s'y trouvait toujours. Il fut broyé par la masse de la pierre et son sang arrosa le fabuleux trésor de Saint-Mirel.

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

    Les légendes animalières

    La croyance la plus populaire est que les animaux, la nuit de Noël sont soudainement doués de la parole, comme les humains et se mettent donc à conserver pendant la Messe de Minuit, notamment pendant la lecture ou le chant de la Généalogie du Christ. C'est sans doute les restes des mystères médiévaux de Noël où l'on faisait parler les animaux présents dans la crèche de la Nativité. 
    Dans les Vosges, on veille bien à donner beaucoup à manger aux animaux avant de se rendre à la Messe. Dans le Val-d'Ajol on croit en effet que les animaux se mettent à parler entre eux. Un habitant de Cornimont se jura d'en avoir le cœur net. Il alla donc se coucher, discrètement, dans un coin de son écurie et attendit. Lorsque minuit sonna, il vit l'un de ses bœufs se réveiller, s'approcher de l'un de ses compagnons et lui demander ce qu'ils feraient le lendemain. Son compagnon lui répondit qu'ils mettraient leur maître en terre. Le pauvre homme fut saisi d'une telle frayeur qu'il tomba raide mort et les bœufs menèrent ainsi leur maître au cimetière comme ils l'avaient prédit ! Une semblable mésaventure arriva à une habitante d'un petit village proche de Remiremont, qui, allant visiter ses étables pendant la Messe de minuit entendit ses boeufs dire qu'ils ne tarderaient pas à la porter en terre.
    Dans les Landes, on assure aussi que les animaux de la crèche se mirent à parler le soir de Noël, évoquant la naissance du Christ : le bébé n'avait alors que leur haleine pour se réchauffer. Ce don miraculeux est envoyé chaque année aux animaux de la crèche en souvenir de la Nativité. Cependant, entendre les animaux parler le soir de Noël causera un grand malheur au curieux qui tendra l'oreille : il tombe mort à l'instant même !

    Les légendes liées au Diable

    La nuit de Noël est une nuit de fête, certes, mais c'est aussi une nuit...particulièrement mystérieuse ! A l'approche de Noël, Satan se met à détester encore plus que d'habitude les humains. En effet, la naissance de Jésus lui remet en mémoire son propre et cuisant échec (n'oublions pas que Satan est un ange déchu qui tomba du Paradis). Il jette sur les chemins des pistoles, qui ne manqueront pas d'attirer, par leurs reflets, les fidèles en route pour la Messe de Minuit. Au pied des croix et des oratoires champêtres, il ouvre des gouffres où des millions de monnaies d'or ruissellent. Malheur à celui qui voudra remplir ses poches de cette manne inespérée ! Les pistoles lui échapperont mais laisseront sur ses doigts une trace noire indélébile et une sensation de brûlure terrible rappelant les Feux de l'Enfer !
    Le Malin est partout et on le rencontre, surtout dans la campagne, sous des formes souvent inattendues !
    Il y'a longtemps, au collège Saint-Anand, un vieux domestique racontait l'aventure qui lui était arrivée, le 25 décembre de l'an 1783. Il était jeune alors et avait tendu ses collets dans un ancien cimetière, malgré les mises en garde de son père. Pendant la Messe de Minuit, il courut à son collet et trouva un lièvre pris au piège. Ce dernier, le voyant arriver, se coupa alors la patte avec les dents et détala. Le jeune homme se met à poursuivre sa proie, qui file, malgré sa blessure. Ils arrivent alors au bord du Cher et l'animal saute, alors que le jeune chasseur allait mettre la main sur lui. Le Diable -car c'était bien lui, métamorphosé en lièvre-, reprit sa forme initiale et lança au jeune homme, plus qu'effrayé, on peut s'en douter : « Eh bien ! L'ami, est-ce bien sauté pour un boiteux ?»
    Dans la campagne limousine on pense au contraire que tous les maléfices et autres sortilèges perdent toute leur puissance lors de la nuit de Noël. Il est ainsi possible d'accéder à tous les trésors possibles, les monstres ou êtres surnaturels les gardant en temps normal n'ayant plus aucun pouvoir en cette nuit bénie et magique.

    Croyances et superstitions populaires

    Noël est souvent associé à la chance : ainsi, un enfant né le jour de Noël est, selon la croyance, voué à un avenir très prometteur. Par exemple, on pense que l'enfant né un 25 décembre est automatiquement sauvé de la pendaison et de la noyade et que toute sa vie, il connaîtra la chance et le bonheur.
    La personne qui parvient à trouver un noisetier, à minuit, verra qu'il y pousse un rameau d'or. Si elle parvient à le couper entre les douze coups de minuit, elle sera riche pour toujours. Par contre, si minuit achève de sonner et que le rameau n'est pas coupé, l'imprudent va rejoindre le royaume des morts.
    Il se passe de nombreuses choses en cette nuit de Noël : démons et sorcières sillonnent le ciel (le Père Noël et ses rennes ne sont donc pas les seuls de sortie cette nuit-là), les animaux sont soudainement doués d'un langage aussi humain que possible, les abeilles s'agitent dans les ruches et les arbres fruitiers se couvrent de fleurs qui disparaissent au douzième coup de minuit. A Marienstein, par exemple, un sanctuaire particulièrement aimé de la Suisse septentrionale et de l'Alsace, une magnifique rose particulièrement odorante, fermée toute l'année, s'ouvrait chaque soir de Noël : c'est la rose de Noël ou Rose des Neiges.

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Décembre 2019 à 18:02

    Ah que j'aime les légendes et le récit des croyances ! Tu proposes là encore un très bel article sur les traditions de Noël. Je n'avais jamais entendu parler de ces croyances à propos des pierres ou des animaux. Je suis totalement conquise ! :-D

     

    Hâte de lire les prochains articles à ce sujet ;-)

      • Mercredi 11 Décembre 2019 à 19:48

        Merci ! happy J'avais publié cet article sur mon ancien blog et je me suis dit qu'il serait intéressant de le reprendre... L'an dernier, j'ai lu Crimes et Fantômes de Noël, un recueil assez étrange parce qu'on ne s'attend pas à lire des histoires de revenants ou de criminels au moment des fêtes de fin d'année. Pour moi c'est une jolie période pleine d'allant, d'espoir et de lumières...et pourtant, quand on prend le temps d'y regarder de plus près, on se rend compte que Noël, comme beaucoup d'autres célébrations aux origines païennes, est propice aux légendes en tous genres. Ici donc, un petit florilège de ce que l'on peut se raconter, dans certaines régions, au moment de la veillée...j'adore les pierres qui bougent ! C'est effrayant et beau à la fois... ^^

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