• Pour mon fils, pour mon roi : la reine Anne, mère de Louis XIV ; Philippe Alexandre, Béatrix de l'Aulnoit

    « L'éclat de vos beautés si dignes de louanges : faisait croire à nos yeux que vous étiez un ange. » Extrait d'un ballet donné le 12 février 1619 en l'honneur de la reine 

    Pour mon fils, pour mon roi : la reine Anne, mère de Louis XIV ; Philippe Alexandre, Béatrix de l'Aulnoit

    Publié en 2010

    Editions Pocket

    509 pages

    Résumé :

    Venue en France à quatorze ans pour y épouser le roi Louis XIII, Anne, infante d'Espagne, a imploré pendant vingt-trois ans la divine providence pour qu'elle lui donne un fils. Tant de prières, de jeûnes, de pèlerinages ont été récompensés par ce miracle nommé Louis XIV. Mais tout au long de ces années stériles, la reine Anne, adulée par les plus beaux hommes de son temps, est persécutée par Richelieu. Elle tremble d'être répudiée. Une fois veuve et régente, elle résiste à la Fronde dont son ministre, Mazarin est l'apprenti sorcier. Cette biographie vous fera découvrir cette exubérante Espagnole, dont la seule passion aura été de donner le Roi-Soleil à la France.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Anne d'Autriche, petite infante espagnole -ce que ce nom n'indique pas au premier abord-, est née avec le siècle, au mois de septembre 1601. Cinq jours plus tard -est-ce tout simplement le hasard ou la divine providence, comme le pensèrent les contemporains ?- voyait le jour en France un Dauphin, Louis, fils d'Henri IV et de son épouse italienne, la reine Marie de Médicis. D'aucuns virent dans ces naissances consécutives le signe du Ciel que ces deux bébés encore aux langes étaient voués à se marier dans un avenir plus ou moins proche. Le petit Français serait un jour le roi Louis, treizième du nom. Et la petite fille, qui ne s'appelle pas encore Anne mais Ana Maria Mauricia, sera sa reine. Ensemble, ils donneront à la France l'un de ses rois emblématiques : Louis XIV, le Roi-Soleil.
    Anne est détentrice d'une hérédité aussi ravageuse du fait de la consaguinité que flamboyante : elle est en effet la fille aînée de Philippe III d'Espagne et de son épouse, Marguerite d'Autriche-Styrie. Dans ses veines, coule le sang de Charles-Quint, d'Isabelle de Castille mais aussi des anciens princes de Bourgogne qui la rattachent donc à son futur époux par un cousinage commun avec les anciens rois de France capétiens. Elevée dans la piété et la dévotion, dans les austères palais-monastères du nord de l'Espagne, dans une famille aimante et unie, déchirée par la mort prématurée de sa mère, la reine Marguerite, Anne devient une douce et belle reine de France à l'âge de quatorze ans. En effet, malgré son jeune âge, Louis règne depuis cinq ans -sous la férule de sa mère et de ses amis parvenus, Concini en tête-, sur la France, depuis que le couteau meurtrier de Ravaillac lui a pris son père. Et, tandis que la jeune Elisabeth de France s'en va en Espagne pour épouser le prince des Asturies, le jeune frère d'Anne, c'est une jeune reine-infante, guère plus vieille que sa petite belle-sœur qui prend le chemin inverse pour ceindre l'une des couronnes d'Europe les plus prestigieuses. Elle y connaîtra la gloire, très longtemps plus tard. Mais elle y connaîtra aussi bien des malheurs et des vicissitudes et même si son destin fut aussi malheureux que celui de sa lointaine descendante, Marie-Antoinette à qui fut, comme à Anne dans sa jeunesse, reprochés sa frivolité et son manque de sérieux,  Anne saura tirer son épingle du jeu. Car, avant de devenir une femme à la poigne de fer qui parvint à tenir en respect parlementaires et princes pendant la Fronde, une reine arc-boutée sur ses principes et sur sa volonté de sauvegarder l'Etat au nom de son fils, elle fut une reine stérile, malmenée par un mari versatile et au caractère compliqué et par un ministre, Richelieu qui, disait-on, faisait payer à la trop belle Espagnole, dont il avait été amoureux, son dédain.

    Anne d'Autriche dans les années 1620 par Pierre Paul Rubens


    Aimée d'un Anglais, le beau Buckingham -dont Dumas fera un personnage clé de son roman Les Trois Mousquetaires-, adulée par les poètes et soutenue contre vents et marées par ses amies, Anne d'Autriche fut une reine de conte de fées à bien des égards mais qui connut certainement comme aucune autre souveraine n'en a connu, humiliations, punitions et vexations indignes de son rang. Sa force fut de tomber enfin enceinte à un âge à l'époque où les femmes, en général, n'enfantaient plus depuis longtemps. A trente-sept ans, cette reine qui n'y croyait plus donnait un Dauphin à la France, un héritier qui ferait de la couronne jalousement défendue par sa mère devenue régente, l'une des plus puissantes et des plus flamboyantes d'Europe.
    Cette biographie d'Anne d'Autriche est intéressante, facile à lire et tout à fait accessible. Chronologique -bien qu'elle commence avec la naissance de Louis XIV, le 5 septembre 1638 avant de revenir en arrière-, elle permet de voir se dérouler sous nos yeux le destin de l'une des princesses qui, assurément, marqua d'une trace indélébile son siècle et permit à la France de s'épanouir, dans la période que l'on appellerait un jour le Grand-Siècle. Elle, l'Espagnole qui fut accusée de trahison et d'intelligence avec l'ennemi, elle qui fut accusée, comme plus tard Marie-Antoinette, de ne jamais avoir coupé les ponts avec sa famille et son pays d'origine, fut pourtant celle qui se battit avec le plus de force pour sauver la couronne de France face à une agitation de plus en plus violente et qui, à bien des égards, préfigurait déjà, d'une certaine manière, les secousses de la Révolution.
    Ce livre permet d'en apprendre autant sur la femme que sur la reine. Car il ne faut pas oublier que, même si ces petites princesses -et celles des maisons d'Autriche et d'Espagne plus que les autres, peut-être-, étaient conditionnées dès leur plus jeune âge pour devenir des objets de gouvernement et d'adoration du peuple, des moyens pour leur famille de faire des alliances avantageuses, elles n'en restaient pas moins des femmes, des épouses et des mères. Ce qu'on reprocha à Marie-Antoinette un siècle et demi plus tard, parfois à tort d'ailleurs, on le reprocha aussi à Anne d'Autriche en son temps, preuve que la condition de reine ne protégeait pas de toutes les idées reçues que l'on pouvait nourrir à cette époque envers la gent féminine. On la rendit coupable de l'élan irrépressible qu'elle ressentit pour un autre homme que son mari alors que celui-ci la négligeait, on la rendit aussi coupable d'une stérilité inexplicable mais qu'il était plus commode de lui imputer, elle, une princesse étrangère, donc encline à devenir le réceptacle de tous les reproches. Elle fut cependant relativement aimée du peuple, même après la Fronde et la France prit part, avec beaucoup de ferveur et d'empathie, à l'agonie de la reine-mère, qui souffrit mille morts comme une sainte -en Espagnole qui se respecte.
    Ce livre, qui court de la plus petite enfance, guindée mais heureuse de cette petite princesse blonde aux yeux clairs, se referme avec sa mort, au milieu des années 1660. Anne meurt comme elle a vécu -du moins depuis la propre mort de Louis XIII-, aussi française qu'elle a pu être espagnole, avec la satisfaction d'avoir donné à la couronne qu'elle avait épousé à quinze ans, deux fils et d'avoir connu leurs propres enfants.
    Elle reste l'une de nos figures historiques et les plus intéressantes à mon avis, mais malheureusement injustement méconnue. Et même si la biographie de Philippe Alexandre et Béatrix de l'Aulnoit ne peut assurément pas être considérée comme un écrit scientifique, elle reste très agréable à lire et bien documentée.

     La couronne de France offerte par la Vierge Marie à Louis XIV (Philippe de Champaigne, XVIIème siècle)

    En Bref :

    Les + : une biographie accessible et bien documentée.
    Les - :  Aucun. 


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  • Commentaires

    1
    Lundi 17 Août 2015 à 16:07

    J'aimerai bien en savoir plus sur elle donc je note ce titre !

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