• Rome, tome 2, L'Impératrice des Sept Collines ; Kate Quinn

    « Ne t'y trompe pas, Vercingétorix : pour moi, la bonté est un leurre. Lorsqu'on se met en travers de mon chemin, le naturel a tendance à revenir. Ne me contrarie pas. »

    Rome, tome 2, L'Impératrice des Sept Collines ; Kate Quinn

     

    Publié en 2012 aux Etats-Unis ; en 2014 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Empress of Rome

    Editions Pocket

    704 pages

    Deuxième tome de la saga Rome

    Résumé :

    Empire romain, IIe siècle de notre ère, sous le règne de Trajan. 
    Fougueux et obstiné, le jeune Vix, ancien gladiateur, revient à Rome en quête de gloire. Fille d'un sénateur, l'insaisissable Sabine a soif d'aventure. Tous deux se connaissent depuis l'adolescence et nourrissent une passion réciproque. Mais Sabine rêve d'un grand destin - ce que Vix ne pourra jamais lui offrir, contrairement à Hadrien, le futur empereur, auquel elle est promise. 
    Alors que Rome se prépare à de grands changements, les deux amants sont bientôt happés chacun de leur côté par le tourbillon de l'Histoire...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Bienvenue à Rome, sous le règne de Trajan. Vix, le fils de Théa, l'héroïne de La Maîtresse de Rome, quitte la Bretagne où il vivait avec sa famille, pour rentrer à Rome, ville qu'il a quittée depuis ses treize ans. Après des règnes instables voire violents, l'empire est gouverné, peut-être par l'un de ses meilleurs souverains, Trajan, bon administrateur, juste, tolérant... Après Domitien, l'empereur maniaque et violent découvert dans La Maîtresse de Rome, le contraste est net et Vix, qui ne garde pourtant pas un bon souvenir des empereurs romains, va se mettre sans conditions au service de celui-ci. Des rues de Rome jusqu'au plaines sauvages de Germaine et Dacie, jusqu'aux déserts de Judée, on suit donc notre nouveau héros dans un tourbillon d'aventures. Vix, découvert enfant et jeune adolescent dans La Maîtresse de Rome, est en train de grandir. Il est un tout jeune homme puis se métamorphose en adulte responsable, avec des rêves, des ambitions... Le roman tourne essentiellement autour de lui, avec des chapitres écrits à la première personne ce qui nous rend Vix beaucoup plus proche mais l'auteure a choisi une alternance de voix, une alternance entre personnages féminins et masculins ce qui est finalement plutôt sympathique.
    J'ai trouvé L'Impératrice des Sept Collines bien plus abouti que La Maîtresse de Rome : ce premier roman m'avait plu mais c'est comme si j'avais regardé un péplum en carton-pâte avec des effets spéciaux bidon et des invraisemblances qui se voyaient comme le nez au milieu de la figure ! C'est sympa sur le moment mais pas forcément le genre de lecture qu'on garde en tête ! D'ailleurs en lisant ce deuxième tome, je me suis rendu compte que je me souvenais très mal du premier tome et que ce dernier est clairement en dessous de son successeur, comme si la plume de l'auteure s'était affinée, perfectionnée, ce qui est peut-être le cas. Les personnages sont plus recherchés et si l'histoire, en elle-même est assez convenue dans le sens où l'auteure reprend les éléments type d'une fiction historique, je l'ai trouvée mieux ficelée et moins invraisemblable.
    D'ailleurs en parlant du style de l'auteure, certains lecteurs avaient été gênés par un style trop contemporain. J'ai eu l'occasion d'en parler avec une autre blogueuse sur Instagram qui m'en faisait la remarque. Personnellement, je n'avais pas été gênée par la modernité du style dans La Maîtresse de Rome et je ne l'ai pas été non plus dans L'Impératrice des Sept Collines. Clairement, le style de Kate Quinn est ultra moderne, on pourrait même dire anachronique mais j'imagine que toute langue, même les plus anciennes, avait son langage courant voire argotique et cela ne m'a pas dérangée de voir nos personnages jurer ou parler comme nous, dans un langage absolument pas soutenu parce que, malgré tout, on ne peut raisonnablement pas dire que Kate Quinn écrit mal : personnellement, j'ai du mal avec les dialogues trop ampoulés et quand ils sont très oraux, je trouve que cela donne un surcroît d'authenticité !
    Maintenant, j'aimerais parler un peu de l'intrigue... Menée tambour battant, elle est bien ficelée, vraiment intéressante. On est loin du règne légèrement dégénéré de Domitien. L'empereur Trajan, comme son successeur direct Hadrien, qu'on retrouve d'ailleurs au cœur du récit, sont aujourd'hui considérés comme de bons administrateurs, leur bilan est jugé positivement par les historiens... qu'en était-il vraiment ? Difficile de le savoir de façon certaine quand on travaille sur des périodes aussi anciennes.
    Du coup, que Kate Quinn se plaise à distordre légèrement la réalité, comme elle avait pu le faire dans Le Serpent et la Perle, consacré à la belle Giulia Farnese, ne m'a pas du tout fait bondir, au contraire... Elle mêle très habilement fiction et réalité, par exemple pour les filiations de ses personnages : des tantes et nièces qui deviennent des sœurs, des personnages authentiques qui se voient attribuer des parents fictifs... Pourquoi pas, dans la mesure où ça marche ? Après tout, si on veut lire quelque chose de vraiment fiable, on ne se tourne pas vers une oeuvre romancée ; ce qui est intolérable chez un historien, devient bien plus acceptable chez un romancier ! Ceci étant dit, j'ai peut-être été aussi encline à pardonner à l'auteure ses petits écarts parce qu'il s'agit d'une époque que je connais mal et qui, historiquement, ne m'intéresse pas autant que d'autres : peut-être aurait-elle écrit sur une époque qui me parle plus, aurais-je été plus réticente...De plus, n'ayant pas une connaissance approfondie de l'Empire romain et de son fonctionnement, j'ai sûrement laissé filer quelques petites erreurs sans m'en rendre compte ! ! 
    Mais Kate Quinn a, de plus, l'honnêteté de nous expliquer sa démarche en fin de volume, énumérant les libertés qu'elle a prises ici ou là, dressant une liste des personnages ayant existé ou pas.
    L'Impératrice des Sept Collines m'a semblé bien plus solide que La Maîtresse de Rome et, de fait, bien plus captivant ! J'ai été entraînée dans le sillage de Vix mais aussi de Vibia Sabina, autrement appelée Sabine, qui a existé même si l'auteure en fait un personnage très romancé. Vibia Sabina fut une impératrice de Rome, cette fameuse impératrice des sept collines, en épousant Hadrien, héritier de Trajan, avec qui d'ailleurs, elle sera malheureuse en mariage. Certains lecteurs ne se sont pas sentis proches d'elle : personnellement, je l'ai trouvée attachante et j'ai aimé son assurance, son originalité et sa liberté de ton ! Je me souviens que j'avais beaucoup aimé le personnage d'Arius dans le premier tome, Arius qui est le père de Vix : j'ai retrouvé un peu cette même attirance pour Vix, qui est un personnage assez charismatique, impulsif et parfois violent mais avec un passé pas facile et qui doute parfois. J'ai apprécié son dévouement sans bornes à l'empereur Trajan, dépeint ici comme un homme juste et simple, proche de ses soldats et du peuple qu'il ne méprise pas, conquérant certes et ne rechignant pas à mener des campagnes mais cherchant aussi toujours à améliorer la vie des citoyens, à Rome comme dans les provinces. On comprend assez facilement l'attachement de Vix pour un tel homme, surtout après avoir approché de près la folie mégalomane de Domitien ! On comprend aussi son attirance pour la jolie Sabine, qu'il ne quitte jamais vraiment : leur relation est complexe, une relation d'amour haine qui se mue progressivement en une amitié et une complicité solides. Je crois que l'effet aurait été gâché si l'histoire d'amour qui malgré tout est importante dans le récit, avait été moins bien travaillée, moins complexe... Là au contraire, je l'ai trouvée vraiment intéressante et pas du tout mièvre, cette histoire d'amour, même si on retrouve un duo vu et revu : la patricienne avec le plébéien, les différences de rang, de statut les opposant en apparence pour mieux les réunir.
    Certes. Pour autant, on ne peut pas dire que L'Impératrice des Sept Collines soit un mauvais roman. Bien écrit, avec une intrigue qui ne respecte peut-être pas la chronologie mais vraisemblable, c'est un roman qui marche. J'ai voyagé dans cette Antiquité romaine violente, corrompue... L'Empire romain revit sous nos yeux.
    Cette lecture a su me convaincre et j'ai passé un bon moment et les pages se sont tournées toutes seules. Un deuxième tome qui rattrape largement son prédécesseur, sans aucun doute

    En Bref :

    Les + : une intrigue bien menée, avec des personnages tous intéressants. Kate Quinn a réussi à donner une aura, une âme, aux personnages fictifs comme à ceux ayant réellement existé. Elle signe là une bonne fiction historique, loin du péplum un peu hasardeux qu'est La Maîtresse de Rome...
    Les - : peut-être une ou deux longueurs...


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