-
#1 : Elisabeth d'Autriche (1837 - 1898)
L'impératrice d'Autriche par Franz Xaver Winterhalter
I. Jeunesse d'une future impératrice
A 22 heures 43 précisément, au palais de la Ludwigstrasse de Munich, le 24 décembre 1837, le quatrième enfant (des trois premiers enfants, deux ont survécu : Louis-Guillaume et Hélène) de la famille du duc en Bavière vint au monde. C'est une fille, que l'on prénomme Elisabeth Amélie Eugénie. Son nom de famille est Wittelsbach, elle est la fille de Ludovika et Max en Bavière. A sa naissance, la sage-femme constate qu'elle possède déjà une petite dent, tout comme Napoléon Ier. C'est un présage de bonheur et de grande destinée pour l'enfant. Après elle, plusieurs autres enfants vont venir agrandir la famille : Charles-Théodore, dit Gackel, naît en 1839 ; Marie Sophie Amélie, en 1841 ; Mathilde Ludovica dite Spatz en 1843 ; Sophie Charlotte en 1847 ; Maximilien Emmanuel, dit Mapperl, en 1849.
Les parents de la petite Elisabeth descendent tous deux des rois de Bavière. Le duc Maximilien, plus couramment appelé Max, son père, est le chef de la branche cadette des Wittelsbach, c'est pour cela qu'il est appelé duc EN Bavière. Ludovica, elle, est issue de la branche royale : elle est en effet la fille de Maximilien Joseph Ier, roi de Bavière et de sa seconde épouse, Caroline de Bade.
Leur mariage, strictement politique, n'avait qu'un but : réunir la branche royale et la branche ducale de la Maison de Wittelsbach. Les deux époux n'ont aucun goût en commun et Ludovica ressent amèrement son mariage alors que toutes ses sœurs ont contracté des unions plus prestigieuses. Éprise de l'ex-roi Michel Ier de Portugal, Ludovica avait vécu son mariage comme une humiliation. Pour autant, le couple parvient à s'accorder dans une sorte d'amitié déférente et ils auront tout de même ensemble dix enfants.
Le duc Maximilien, par rapport à son épouse qui est des plus conformistes, se révèle bien vite excentrique et volage. C'est un grand voyageur et il délaisse souvent sa famille pour s'en aller, par exemple, jouer de la cithare tout en haut de la pyramide de Khéops, en Egypte !! Il ne se cachait pas d'ailleurs d'avoir eu des aventures ailleurs et des enfants naturels...
La petite fille reçoit le prénom d'Elisabeth en hommage à sa tante et marraine, la reine Elisabeth de Prusse, qui est une sœur de sa mère.
Elisabeth va connaître une vie heureuse, libre et sans contrainte (qu'on peut considérer comme paradoxale par rapport aux hautes ambitions que Ludovica espère pour ses enfants) pendant toute son enfance et son début d'adolescence. L'hiver, elle réside avec sa famille au palais de la Ludwigstrasse, résidence hivernale du duc en Bavière. L'été, c'est au domaine de Possenhofen, près du lac de Stranberg, que se transporte la petite famille. Surnommé Possi, le château date du XVIème siècle mais a été agrandi récemment. Il possède des tourelles carrées et offre un panorama des plus remarquables sur le paysage de la campagne bavaroise. La jeune fille est passionnée d'équitation, de poésie et adore les activités physiques : ainsi, lorsqu'elle se trouve à Possenhofen, elle fait de longues marches en forêt, peut partir à l'aube et ne revenir que le soir. Mais, dès son plus jeune âge, Sissi a déjà en elle la mélancolie et le spleen qui caractérisent sa famille...
A quatorze ans, la jeune duchesse s'éprend d'un écuyer de son père, pas bien plus âgé qu'elle et qui se nomme Richard. Grosse désillusion, la duchesse Ludovica juge que sa famille ne ferait pas là une alliance brillante et éloigne le jeune homme. Atteint de tuberculose, il meurt peu de temps après. Désespérée, Sissi écrit des poèmes déchirants dans son journal : c'est la première fois qu'elle est véritablement confrontée à la mort d'un être cher.
Pour lui changer les idées, la duchesse décide que Sissi sera du voyage qu'elle doit entreprendre dans l'été avec sa fille aînée, Hélène. Née trois ans plus tôt, Hélène, dite Néné doit se rendre en Autriche pour rencontrer le jeune empereur François-Joseph, fils de Sophie, l'une des sœurs de Ludovica. Nous sommes en 1853. Sissi a quinze ans, elle va fêter ses seize ans au mois de décembre prochain...
II. Une rencontre qui va bouleverser son destin
La rencontre entre l'empereur et sa future épouse a tout du roman...Voyons plutôt : le 16 août 1853, Ludovica, duchesse en Bavière arrive en Autriche avec ses deux filles. Elles font halte à Bad Ischl, une petite cité dans laquelle les souverains autrichiens passent l'été. Elles sont parties la veille de Possenhofen et descendent à l'hôtel Austria. Elles ont une heure et demie de retard, Ludovica et Hélène sont particulièrement nerveuses : c'est aujourd'hui même que les deux fiancés doivent se rencontrer. Auparavant, François-Joseph avait demandé la main de la princesse Anne de Prusse. Mais Berlin ne désirant pas s'allier avec sa rivale autrichienne, avait poliment décliné l'honneur, alors que la jeune prussienne plaisait bien à l'empereur, qui en aurait fait volontiers son impératrice.
Sa mère, l'archiduchesse Sophie s'était alors tournée vers la Saxe, mais la princesse Sidonie n'avait pas plu à François-Joseph. C'est alors que Sophie avait pensé à une autre de ses sœurs, Ludovica et à une troisième puissance allemande : la Bavière. Elle choisit l'aînée, Hélène, qui fera, selon elle, une parfaite belle-fille et une parfaite impératrice d'Autriche. Hélène a dix-neuf ans, elle est, assurément, celle vers qui tous les yeux se tournent, tandis que la petite Sissi, encore un peu sauvageonne, dans une robe commune, reste en arrière.
Les fiançailles entre François-Joseph et Hélène doivent être célébrées le 18 août prochain, dans la résidence d'été de Bad Ischl : elles seront complètement intégrées aux festivités données pour le vingt-troisième anniversaire du jeune empereur...La rencontre a lieu dans les salons lambrissés de la résidence impériale des Habsbourg, nommée par la suite Kaiservilla. Il est 17 heures, les trois princesses de Bavière vont rencontrer la famille à l'occasion d'un lunch. La révérence d'Hélène est parfaite tandis que, derrière elle, Sissi, bien que peu entraînée à ces gestes protocolaires, se débrouille. François-Joseph s'approche pour accueillir ses cousines quand il tombe soudain en arrêt...pas devant Hélène, mais devant Sissi. Comme elle a changé ! Comme elle est jolie ! La petite fille un peu sauvage s'est véritablement transformée en très charmante adolescente. D'emblée, le jeune homme est conquis par sa cousine, de sept ans sa cadette. François-Joseph est totalement séduit par la taille élancée de Sissi (qu'elle passera beaucoup de temps, par la suite, à entretenir), par sa coiffure en bandeaux, ses yeux foncés aux longs cils noirs. Hélène ne compte plus, elle a disparu. Embarrassée, un peu honteuse pour sa sœur et gênée par le regard insistant de l'empereur, Sissi rougit et se trouble.
Alors qu'elle devait passer la soirée dans sa chambre, comme cela avait été convenu à l'avance, François-Joseph insiste pour que sa cousine paraisse à table. Définitivement, François-Joseph est conquis...même si Hélène a revêtu une magnifique robe de satin blanc et Sissi une simple toilette couleur pêche, cette dernière éclipse complètement sa sœur. François-Joseph est sûr de son choix, désormais. Ce n'est plus Hélène qui va devenir son impératrice, mais Sissi.
Le lendemain, à l'aube, l'empereur fait son entrée chez sa mère. Le jeune homme, qui a beaucoup de respect et d'estime pour l'archiduchesse Sophie, lui demande de solliciter en son nom la main de sa cousine. A sept heures précises, Sophie franchit les portes de l'hôtel Austria, où logent sa soeur et ses deux nièces. A la question de savoir si elle aime l'empereur et si elle souhaite l'épouser, Sissi, particulièrement éprouvée par les dernières heures, fond en larmes et sanglote : « Mais bien sûr que j'aime l'empereur ! »
C'en est fini des fiançailles avec Hélène. La jeune femme, très digne, va repartir vers Possenhofen avec sa mère et Sissi, qui va passer sa dernière année de jeune fille chez elle, en Bavière. Par la suite, l'aînée des filles de Max en Bavière et Ludovica épousera un prince de Tours et Taxis. Le 19 août, François-Joseph et Sissi sont officiellement fiancés.Photographie d'Elisabeth d'Autriche après son couronnement comme reine de Hongrie
III. Le mariage et les débuts de l'impératrice
L'année de ses dix-sept ans, Sissi quitte sa Bavière natale pour revenir en Autriche. Entre le mois d'août 1853 et le mois d'avril 1854, elle a été formée en accéléré à sa future charge d'impératrice d'Autriche, ô combien prestigieuse. Elle reçoit ainsi des cours d'italien mais aussi de français et de hongrois. Un professeur magyar est envoyé au bord du lac de Starnberg, chez le duc en Bavière pour initier la future impératrice à la langue mais aussi à l'Histoire de l'empire autrichien et de la Hongrie. Sissi prend aussi des cours de piano, de chant et de maintien. On lui a également préparé un trousseau digne de la plus grande des reines, elle qui avait été habituée à la simplicité quasi-rustique de Possenhofen depuis sa plus tendre enfance. Il faut qu'elle soit parfaite. Elle a aussi reçu plusieurs fois la visite de son cousin qui se montre toujours aussi empressé auprès d'elle.
Le 4 mars 1854, au palais de la Ludwigstrasse, le contrat de mariage est signé, mais l'empereur n'est pas présent. Sissi ne va le retrouver qu'un peu plus d'un mois plus tard, pour le mariage officiel. Un véritable ballet de juristes défile devant la famille de Wittelsbach réunie au grand complet. Sissi écoute, sans bien tout saisir, elle est distraite. Quel chamboulement c'est, dans sa vie de jeune fille ! Elle qui était partie d'Autriche en jeune fille insouciante en revient nantie d'un titre aussi rutilant qu'encombrant : elle est la future impératrice d'Autriche...
Le gouvernement autrichien lui octroie une pension de 100 000 florins. Pendant ce temps, dans les autres pièces du palais, le magnifique trousseau de la jeune duchesse est exposé au public.
Au mois d' avril 1854, c'est le grand saut. Sissi, âgée de seize ans et quelques mois, quitte la Bavière à bord d'un vapeur décoré par 5 000 roses, toutes coupées dans le parc du château de Schönbrunn. La traversée va durer trois jours et deux nuits. Sur les rives du Danube, la foule s'est rassemblée pour apercevoir la petite fiancée, qu doit déjà se plier à des formalités quasi-officielles : malgré sa fatigue (elle souffre de migraines), elle doit se présenter sur le pont et saluer la population en liesse venue l'acclamer.
Sissi est très belle, resplendissante, même. Pour l'occasion, elle porte une élégante robe de soie à crinoline ainsi qu'un manteau en forme de cape blanche rebrodée d'or. Lorsque le navire aborde Nussdorf, dans la banlieue de Vienne, Sissi a la surprise de voir apparaître son fiancé. François-Joseph est venu au devant du convoi fluvial qui lui amène sa petite duchesse bavaroise : il saute à bord du vapeur et étreint la jeune femme sous les ovations de la foule. Mais le protocole reprend bien vite ses droits : Sissi s'incline devant Sophie, l'archiduchesse, sa tante et future belle-mère.
Le 23 avril, veille du mariage, Sissi découvre le somptueux palais de Schönbrunn, où elle va passer sa dernière nuit de jeune fille. Le lendemain, 24 avril, elle gagne Vienne, à bord d'un carrosse. Isolée dans ses appartements, Sissi continue d'assimiler l'imposant protocole qu'on lui a remis la veille. Aidée de six caméristes, elle enfile la somptueuse toilette de mariée : c'est une magnifique robe en satin brodée d'or et accompagnée d'un long voile en dentelle de Bruxelles.
Le mariage a lieu dans l'église des Augustins. En 1810, la jeune archiduchesse Marie-Louise d'Autriche y avait épousé par procuration Napoléon Ier avant de gagner la France. Pas moins de 15 000 bougies nimbent les voûtes gothiques de l'église. Sissi est accueillie par un cortège de 70 évêques. Alors que le consentement de François-Joseph est franc et énergique, celui de Sissi, éprouvée et intimidée, se perd dans un murmure. Le couple est chaudement applaudi à la sortie de l'église. L'Autriche a une nouvelle impératrice !
François-Joseph, Sissi et leurs familles respectives gagnent la Hofburg, où les festivités du mariage vont se poursuivre. Contrairement à la tradition, la nuit de noces n'est pas publique. Sissi est seulement accompagnée de sa tante et de sa mère, qui l'installent dans le grand lit nuptial. L'archiduchesse dira d'ailleurs qu'elle ressemblait à un « oiseau effrayé dans son nid ». En effet, intimidée, la jeune fille avait caché son visage dans son opulente chevelure dénouée.
La nuit de noces est un fiasco, les deux suivantes également. Il semble que Sissi soit toujours fille lorsqu'elle s'éveille au matin du 25 avril. En effet, François-Joseph, habitué à des dames de la Cour peu farouches, appelées d'ailleurs « comtesses hygiéniques » (cela veut tout dire), ne sait pas s'y prendre avec sa jeune épouse inexpérimentée. La troisième nuit seulement, Sissi et François-Joseph deviennent époux comme il se doit.IV. Impératrice
Bien que séduits par la beauté et la fraîcheur de leur jeune impératrice, les Viennois sont surpris qu'elle se laisse aller ainsi à montrer ses états d'âme. En effet, Sissi est entière, elle ne dissimule pas sa nature et on sait que son tempérament est d'être mélancolique. De plus, la vie qu'on lui offre ne lui convient pas. Elle qui était habituée aux résidences à taille humaine de ses parents se trouve totalement étrangère dans les immenses palais des Hasbourg, comme Schönbrunn ou la Hofburg. Le manque d'intimité lui pèse également et cela, dès le début du mariage. Elle doit en plus voisiner avec sa tante et belle-mère, Sophie, qui ne cesse de l'épier, afin qu'elle se comporte dignement. Sissi pleure, Sissi soupire, Sissi continue d'écrire dans son journal. Au mois de mai 1854, quelques semaines après son mariage, voilà ce qu'elle couche sur le papier :
« En vain, sous le ciel bleu,
Je languis, en prison,
Les barreaux, rudes et froids,
Insultent ma nostalgie [...] »
Sissi, très éprise de liberté, se sent complètement emprisonnée à Vienne et la dépression, latente chez elle, se réveille au moindre ennui.
Dans les premiers temps du mariage, le jeune couple se rend au château de Laxenbourg, près de Vienne. François-Joseph ne peut s'éloigner de sa capitale, les affaires ont besoin de lui. Pour toute lune de miel, Sissi a donc droit à un château tout proche de la ville et en plus, elle les passe en compagnie de sa belle-mère, omniprésente dans la vie du jeune coupld. La guerre de Crimée vient d'éclater, François-Joseph est peu présent pour Sissi, il doit se consacrer entièrement aux affaires politiques. De là proviennent ses premières répugnances pour la vie conjugale...voilà ce qu'elle dira d'ailleurs un jour à sa fille Marie-Valérie : « Le mariage est une institution absurde. On n'est encore qu'une enfant de quinze ans et l'on se voit cédée à autrui, par un serment que l'on ne comprend pas. »
Un peu plus tard, le couple part pour la Bohême, où François-Joseph souhaite présenter sa jeune épouse mais celle-ci doit écourter le voyage. Le motif est une fatigue soudaine et inexpliquée : Sissi rentre à Vienne ou le médecin de la Cour, le docteur Seeburger, lui annonce une heureuse nouvelle. La jeune femme est enceinte ! Elle porte en son sein le premier héritier de l'Autriche.
Le 5 mars 1855, à Vienne, Sissi donne naissance à une petite fille, Sophie Frédérique Dorotée Marie Josèphe, titrée archiduchesse d'Autriche. « Tout ce que j'ai souffert est désormais sans importance. » dira la jeune mère en accueillant son bébé dans ses bras, tandis que François-Joseph est fou de joie d'être père. Mais le bonheur est, hélas, de courte durée, pour Sissi. Elle n'a pas le privilège de choisir le prénom de sa fille : c'est l'archiduchesse Sophie qui décide de donner son propre prénom à la nouvelle-née. La grand-mère décide aussi que l'éducation de la princesse lui revient de droit et l'installe près de ses propres appartements, privant ainsi Sissi de son bébé. Il en sera de même avec Gisèle, qui naît en 1856 puis avec Rodolphe, en 1858. La seule enfant que Sissi pourra élever dès son plus jeune âge est Marie-Valérie, sa dernière enfant qui voit le jour en 1868.
En effet, l'archiduchesse trouve que sa nièce est bien trop immature pour pouvoir s'occuper de ses enfants. Cela va entretenir des conflits à répétition entre la mère frustrée et la grand-mère inflexible. A la mort de Sophie, en 1857, Sissi est particulièrement attristée et sa belle-mère en rajoute en la faisant culpabiliser : en effet, la petite archiduchesse, de santé fragile, est morte lors d'un voyage en Hongrie. Sophie s'était opposée au voyage, Sissi était allée contre sa volonté.
Les relations entre Sissi et Sophie sont très orageuses. Au-delà du conflit purement familial, les deux femmes ne peuvent se comprendre à cause du fossé creusé entre elles par une vision différente des choses et des conceptions différentes de la politique. Par exemple, Sophie ne conçoit pas que sa nièce refuse le protocole alors qu'elle-même avait mis ses espérances de jeune fille romantique de côté pour accepter son destin de princesse mariée malgré elle.
Par contre, contrairement à la légende, Sophie n'avait pas été déçue par le choix de Sissi, mais surprise. Elle souhaitait une alliance avec la Bavière et l'avait eue. Sur le plan dynastique et politique, une princesse en Bavière en valait bien une autre. Elle songeait juste qu'Hélène, jeune fille sage et soumise, était la parfaite belle-fille mais ne fit pas trop de difficultés quand son fils lui annonça sa volonté d'épouser la cadette, Elisabeth.
Il semble que Sophie ait aimé sa belle-fille, qui est aussi sa nièce et qu'elle appréciait certaines de ses qualités personnelles. Seulement, elle ne comprenait pas le dégoût affiché de Sissi pour la vie curiale et son refus du protocole. Sophie reprochait à Sissi de ne pas savoir sacrifier sa vie personnelle et intime à la vie publique qui est normalement celle d'une impératrice. Intelligente, sensible et cultivée, Sophie avait sacrifié ses ambitions et ses amours à une union certes prestigieuse, mais avec un homme sans éclat et elle ne peut admettre que la jeune impératrice n'aimât pas être souveraine alors que c'était l'un de ses rêves.
Oppressée à Vienne, Sissi tombe malade et sa dépression reprend le dessus...C'est cela qui va pousser l'impératrice à fuir la ville toute sa vie. Sissi ne se sent bien que dans la fuite perpétuelle...Elle s'est d'ailleurs totalement auto-analysée lorsqu'elle dit : « Il se trouve que je veux toujours aller plus loin et bouger. Il se trouve que chaque bateau qui part me donne d'être à son bord. Quelle que soit sa route, le Brésil, l'Afrique...N'importe où, seulement pour ne pas rester au même endroit trop longtemps...»Portrait de Sissi par Georges Raab en reine de Hongrie : portrait qui illustre sa grande beauté
V. Une femme malade et qui fuit sa vie quotidienne
A cette époque, l'Autriche a été en guerre et Sissi est restée seule à Vienne. Elle a échangé une longue correspondance avec François-Joseph et a institué la résidence de Laxenbourg en hôpital pour les blessés. Elle se montre très solidaire avec son pays d'adoption en temps de guerre, soutenant l'empereur grâce à sa correspondance et visitant elle-même les blessés dans les hôpitaux de fortune... Mais elle retombe bien vite dans l'ennui.
En 1860, Sissi a vingt-deux ans et souffre d'une toux incessante qui inquiète son entourage. Examinée par son médecin, on conclut que l'impératrice est atteinte de tuberculose et qu'elle doit se rendre dans un pays chaud pour se soigner. Sissi choisit l'île de Madère. Ce voyage est le premier d'une longue lignée. A l'époque, l'île de Madère est lointaine et exotique. En réalité, bien plus que soigner sa maladie, c'est quitter Vienne que Sissi souhaite. Sa maladie est surtout la conséquence d'une série d'évènements qui font souffrir Sissi dans sa vie privée : d'abord la mort de sa petite fille Sophie, les tracasseries incessantes de sa belle-mère, la culpabilité qui la ronge à la suite de la mort de son enfant, la naissance difficile de son fils Rodolphe qui l'avait affaiblie.
Peu après son retour à Vienne, Sissi se remet à tousser, alors que sa toux avait complètement cessé à Madère et qu'elle été revenue avec une mine radieuse. On s'interroge sur l'état de la souveraine. Se croyant perdue, Sissi se rend à Corfou pour essayer de soigner son mal mais il est bien plus profond que sa simple toux : c'est un véritable mal-être qui habite la jeune femme. En 1861, elle retourne à Corfou puis effectuera des cures thermales en Bavière. La Bavière...il n'y a finalement qu'à Possenhofen, son cher Possi, où elle se sente bien car elle reprend ses anciennes habitudes, au grand scandale, d'ailleurs, de ses dames d'honneur autrichiennes qui regardent avec effarement les chiens disputer les fauteuils aux humains !
L'impératrice s'est mise à fumer, ce qui scandalise la cour, d'autant plus que d'autres jeunes filles se mettent à l'imiter. En 1867, un drame éclate : l'archiduchesse Mathilde, une jeune cousine du couple impérial, fume une cigarette dans sa chambre avant un bal. Entendant son père arriver, elle cache la cigarette dans son dos et met le feu à sa robe. Elle meurt au mois de juillet 1867, des suites de ses brûlures...
Sissi organise des bals dans ses appartements privés mais se lasse vite. L'ennui est toujours là, latent, et qui la guette. Elle dort peu, mange mal, s'épuise...dans ses appartements de la Hofburg, elle a fait installer une salle de sport et se suspend chaque matin à des anneaux pour entretenir son corps. Elle monte à cheval plus que de raison. Comme Elisabeth n'a plus aucune prise sur sa vie, alors, elle en aura sur son corps, qu'elle décide de modeler à outrance. Sa taille ne dépassera jamais 50 cm à cause de l'activité qu'elle s'impose mais aussi des régimes fantaisistes qu'elle suit au gré de ses envie. Elle serre sa taille dans un corset particulièrement étroit et se nourrit alternativement de légumes et de fruits puis de viandes, dont elle ne consomme que le jus. Elle fait de longues marches, à cheval ou à pieds, épuisant ses dames. Elle va même jusqu'à consommer du blanc d'oeuf salé pour éviter de grossir !!
Neurasthénique, l'impératrice a en plus une fascination assez étrange pour la mort : elle drape ses pièces de vie de noir et les ornes de statues particulièrement morbides.
VI. La reine de Hongrie
Hormi Corfou, qu'elle découvre au début des années 1860, après avoir quitté Madère et où elle revient alors qu'elle se croit perdue, Sissi est aussi tombée amoureuse de la Hongrie. Passionnée par la Hongrie, sa culture et sa langue, Sissi s'attire les critiques de Vienne et des Autrichiens, vexés de ne pas faire l'objet de tant d'attentions de la part de leur souveraine. Peu à peu, Sissi s'entoure de dames d'honneur hongroises. Sa lectrice, Ida Ferenczy, est également une jeune Hongroise de modeste extraction. L'impératrice s'entend tout de suite avec elle. Affront suprême, au mois d'avril 1868, c'est en Hongrie que Sissi décide de donner naissance à Marie-Valérie, sa dernière enfant, qui naît au palais d'Ofen.
Le 8 juin 1867, elle est couronnée à Budapest aux côtés de François-Joseph : elle devient Erzsébet tandis que François-Joseph, en Hongrie, devient Ferenc-Jozsef. C'est la naissance de la double monarchie austro-hongroise, qui va perdurer jusqu'au XXème siècle. Le composituer Liszt, qui vit habituellement en reclus à Rome, mais qui est Hongrois d'origine, a fait le déplacement. Dans une lettre à sa fille Cosima, il décrira ainsi l'impératrice qui devient d'être sacrée reine de Hongrie : « Elle n'avait jamais été aussi belle.. elle apparaissait comme une vision céleste dans le déroulement d'un faste barbare ».
Acclamée, fêtée et adulée par son nouveau peuple, qu'elle aime elle-même chaleureusement et sincèrement Sissi retrouve le sourire. Elle a la surprise de recevoir de la part du peuple magyar le château de Gödöllö. Tombée amoureuse du lieu quelques temps plus tôt, François-Joseph lui en avait refusé l'achat : l'Autriche avait besoin de placer son argent ailleurs. Heureuse, Sissi va meubler son château à son goût et y fera ensuite de nombreux séjours.
Le rôle politique dans le rapprochement austro-hongrois est incontestable. Son influence va permettre à François-Joseph de dépasser la répugnance qu'il éprouve pour la Hongrie. Animés d'un véritable respect pour la souveraine qui se pose en aimable défenseuse de leurs droits, les magyars subissent aussi son influence positive et c'est grâce à elle qu'ils parviennent à surmonter leur propre méfiance envers le pouvoir autrichien. La répression de la révolte populaire en Hongrie, en 1848 et 1849 avait laissé des traces tenaces d'amertume.
La joie du couronnement ravive pour un temps les relations entre François-Joseph et Sissi qui s'étaient éloignés mine de rien. Sissi revient sur sa décision de ne plus tomber enceinte et, en 1868, elle offre aux Hongrois un enfant. Elle aurait souhaité que ce soit un fils, qui serait ensuite monté sur le trône de Hongrie mais c'est une fille. Elle s'appellera Marie-Valérie et Sissi se prend aussitôt de passion pour elle. La dernière enfant du couple sera la préférée de sa mère, peut-être parce qu'elle pourra l'élever dès le début et à sa convenance. Les années que Rodolphe et Gisèle avaient passé sous la coupe de leur grand-mère les avaient complètement éloignés de leur mère. Avec Marie-Valérie, surnommée l'Unique, ce ne sera pas le cas.
De plus, l'archiduchesse n'est plus en mesure de se poser en rivale de sa belle-fille : fortement éprouvée par l'exécution, au Mexique, de son fils Maximilien, devenu empereur du pays grâce à Napoléon III, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle mourra cinq ans plus tard...la lutte entre les deux femmes est définitivement terminée.
Mais Sissi n'en est pas moins rassurée pour rassurée pour autant et, c'est plus fort qu'elle, elle continue ses voyages.Sissi et son chien Shadow
VII. La quête de la liberté et les drames
Sissi est une inlassable mouette. De plus, sa nouvelle position de reine de Hongrie distend un peu plus les liens qui l'unissent à l'Autriche et à la Cour impériale qu'elle déteste de toutes ses forces. Elle est entourée de ses femmes hongroises (parmi elles, Marie Festetics et Ida Ferenczy) et passe de plus en plus de temps en voyage. Après son accession au trône de Hongrie, elle passe beaucoup de temps à Gödöllö, où elle se sent particulièrement bien et ne revient à Vienne qu'à de rares occasions, faisant languir François-Joseph qui est toujours aussi amoureux de son épouse. En 1875, Sissi honore la France d'une visite officieuse : elle est à Sassetot-le-Mauconduit, en Normandie, avec sa fille Marie-Valérie qui a besoin de bains de mer...
Elle sur surnomme elle-même « la mouette des mers » et confie à son fils Rodolphe que si elle devait s'établir dans un endroit et n'en plus bouger jamais, jusqu'à la fin de ses jours, « le séjour dans un paradis même lui paraîtrait l'enfer ». A travers ces évasions, plus que les autres, c'est surtout elle-même qu'elle fuit, ainsi que cette relation conjugale qu'elle ne parvient pas à assumer et qu'elle ressent comme un carcan de plus. Pourtant, Sissi est amoureuse de son mari et a pour lui beaucoup de respect et de tendresse mais elle doit s'enfuir, c'est plus fort qu'elle. Au fil des années, pourtant, les deux époux s'éloignent imperceptiblement pour ne plus se retrouver que rarement. François-Joseph en souffre et ne s'en cache pas. Sissi, de son côté, culpabilise de lui faire vivre cela et finit par pousser, sciemment, son époux dans les bras d'une actrice, Katharina Schratt, qui va devenir l'amie et la confidente de l'empereur. Il retrouve auprès de l'actrice l'atmosphère familiale qui lui manque tant depuis la mort de son époux en 1872. Selon Catherine Clément, dans son ouvrage Sissi : l'impératrice anarchiste, Elisabeth était en fait lesbienne et rejetait avec force les valeurs imposées de l'aristocratie. Bien qu'ayant eu plusieurs enfants, elle aurait fini par rejeter le mariage et le fuir en voyageant. On n'a aucun argument historique pour étayer cette information, mais pas non plus d'affirmation suffisamment solide pour l'infirmer...
Au cours des années, Sissi doit en plus faire face à des deuils successifs qui finissent d'affaiblir sa nature fragile : ainsi, alors qu'elle est encore bien jeune, elle perd Sophie, sa fille âgée de deux ans. En 1867, elle doit soutenir sa soeur Hélène qui vient de perdre subitement son mari tandis que la nouvelle leur arrive de l'exécution sommaire de Maximilein à Querétaro au Mexique. Dans les années 1880, Sissi perd son cousin bien-aimé le roi Louis II de Bavière déclaré aliéné et qui s'est probablement noyé dans le lac de Starnberg. La souveraine perd ensuite ses deux parents puis son ami le comte Andrassy, artisan du Compromis austro-hongrois. Puis c'est Sophie-Charlotte, sa soeur mariée en France qui meurt, brûlée vive dans l'incendie du Bazar de la Charité alors qu'elle tentait de sauver des femmes et des enfants. Et, en janvier 1889, c'est le drame de Mayerling qui éclate. Dans le petit relais de chasse près de Vienne, les corps de Rodolphe, âgé d'une trentaine d'années et de sa maîtresse, la jeune Marie Vetsera sont retrouvés sans vie. Aujourd'hui encore, on ne sait s'ils se sont suicidés ou si la mort de l'archiduc et de sa maîtresse résulte en fait d'un double-meurtre.
Ces morts successives vont plonger Elisabeth dans une douleur et une mélancolie indescriptibles. Elle ne portera désormais plus que du noir en signe de deuil et, n'ayant plus aucun lien avec la cour à partir de 1890 (le mariage de Marie-Valérie), elle continue de s'échapper partout en Europe. Passionnée par la Grèce antique, elle revient souvent à Corfou, qui l'avait tellement séduite en 1861. Entre 1891 et 1892, elle y fait construire un palais de style antique baptisé l'Achilleion. Elle séjournera aussi en France, à Roquebrune-Cap-Martin, au Grand Hôtel du Cap, près duquel a d'ailleurs été érigé un monument à la mémoire de l'impératrice dans le petit « square Sissi ».Après la mort de son fils Rodolphe, l'impératrice ne portera plus que du noir
VIII. La mort ironique de « la mouette des mers »Le 16 juillet 1898, l'impératrice part pour une énième cure. Sissi a soixante-et-un ans et, avec l'âge, ses problèmes de santé ne se sont pas arrangés. Il faut dire qu'elle n'a rien fait pour améliorer son hygiène de vie : il lui arrive de ne manger que huit oranges par jour, ce qui est insuffisant. Elle souffre également de névrite, d'insomnie et d'une légère dilatation cardiaque.
Le 30 août 1898, elle arrive par le train de Munich, après un périple en Allemagne avec une suite plutôt rédite : son aide de camp général Berzeviczy, sa dame de compagnie la comtesse Sztaray, Barker son nouveau lecteur grec, trois dames d'honneur et quelques domestiques. François-Joseph ne l'accompagne pas, il est resté à Vienne pour commémorer le cinquantième anniversaire de son accession au trône autrichien.
Le 10 septembre, alors qu'elle doit rentrer à Vienne pour retrouver son époux, elle croise la route d'un anarchiste italien, Luigi Luccheni. En sortant de l'hôtel Beau-Rivage, situé face au lac Léman, Sissi, qui est pressée, se hâte vers le bâteau qui l'attend. Luccheni assassine l'impératrice avec une lime de 9 cm, qui transperce le cœur à la hauteur du sein gauche. Le seul but de l'homme était de se faire un nom en accomplissant un acte éclatant. Il n'avait rien de personnel contre l'impératrice...comble de l'ironie, c'était le duc d'Orléans qui avait été sa première cible mais il s'était rabattu sur l'impératrice à la suite d'un changement d'emploi du temps du duc. C'est un acte complètement gratuit qu'il s'apprête à commettre...
Il attend donc près de l'hôtel Beau-Rivage où Sissi est descendue. A 13 heures 35, elle sort, incognito comme toujours, sous le nom de comtesse de Hohenembs. Elle tient le bras de sa dame de compagnie la comtesse Irma Sztaray. Passant près du jeune homme, l'impératrice reçoit ce qu'elle croit être un coup de poing. Elle trébuche, bascule en arrière. Sa chute est amortie par son épaisse chevelure. Un cocher qui passe par là aide la suivante à relever Sissi tandis que le meurtrier, qui vient en fait de la poignarder avec une lime très fine, s'échappe mais est arrêté quelques mètres plus loin par des passants.Luigi Luccheni assassine Sissi à Genève en septembre 1898
L'impératrice rassure sa dame d'honneur paniquée. Sissi est rouge d'émotion mais pâlit brusquement et se plaint d'une douleur à la poitrine. Elle tente de rejoindre le bâteau qui va bientôt partir, fait quelques pas seule et, alors qu'elle fait quelques pas seule sur la passerelle, elle se tourne brusquement vers la comtesse Sztaray et lui demande son bras d'une voix angoissée. Elle perd connaissance et une infirmière présente à bord lui donne les premiers secours. Quand elle revient à elle elle tient encore une fois à rassurer son entourage en arguant que c'est la peur qui l'a fait se trouver mal. On lui donne un sucre imbibé d'alcool, après l'avoir installée avec beaucoup de précautions sur une banquette. Irma Sztaray ouvre la chemise et remarque avec horreur une toute petite goutte de sang au dessus du sein gauche. La dame d'honneur crie alors que l'impératrice a été assassinée et révèle la véritable identité de sa maîtresse. Le bâteau revient à quai et Sissi est ramenée dans ses appartements de l'hôtel Beau-Rivage. Entretemps, des médecins sont arrivés, le docteur Golay en premier. Il tente de sonder la plaie. On essaie de faire revenir l'impératrice à elle mais en vain. Un second médecin, arrivé peu après, pratique une incision au poignet : aucune goutte de sang ne perle. Elisabeth meurt à 14 heures 40, dans les bras de Fanny Mayer, l'épouse du propriétaire de l'hôtel. Son corps a cessé progressivement de battre après que la lime de Luccheni ait transpercé le péricarde.On imagine la peine de François-Joseph qui prend conscience qu'il ne verra plus celle qu'il a tant aimée. Averti par un aide de camp, François-Joseph s'effondre et, entre deux sanglots, murmurera : « Rien ne m'est épargné sur cette terre. ». Jusqu'à sa propre mort en 1916, il ne cessera de répéter combien il a aimé Sissi.Transportées par chemin de fer, les cendres de l'impératrice arrivent à Vienne le 15 septembre au matin. Elles sont d'abord déposées dans la chapelle de la Hofburg, où François-Joseph vient se recueillir. La capitale est en grand deuil, oubliant ses rancoeurs d'autrefois. Le 17 septembre, Sissi est inhumée officiellement au son du glas. Son corps repose dans la crypte de Capucins de Vienne, la nécropole des Hasbourg-Lorraine.
Sissi est passée à la postérité comme héroïne romantique grâce aux films Sissi, die Junge Kaiserin réalisés par Ernst Marischka et dont le rôle titre est tenu par Romy Schneider. Cette dernière reprendra le rôle d'Elisabeth dans Ludwig ou le Crépuscule des Dieux, de Luchino Visconti.
Sarcophage d'Elisabeth d'Autriche dans la crypte des Capucins de Vienne
© Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.
Pour en savoir plus :
-Sissi, la dernière impératrice, Jean des Cars. Biographie.
-Sissi, ou les forces du destin, Hortense Dufour. Biographie.
-L'impératrice, Nicole Avril. Biographie.
-La Saga des Habsbourg, Jean des Cars. Essai.
Tags : Intermèdes Histoire
-
Commentaires
J'aime beaucoup ta chronique qui nous replace dans l'Histoire, loin du film qui ne présente pas tout mais qui a tout de même bercé mon enfance. Ma maman ne se lassait pas de voir et revoir cette série ! Quelle femme cette Sissi !
Ajouter un commentaire
Tu le sais déjà, j'adore Sissi <3 Et surtout c'est cheveux (oui, c'est futile !). En tout cas, quel beau tableau de Winterhalter, je le trouve magnifiquement exécuté =)