• Le Club de Lecture du Salon : Compte-rendu de la première lecture (mai-juin 2017)

    Le Club de Lecture du Salon : Compte-rendu #1

    Voilà ! La première session du Club de Lecture est terminée et il est temps de revenir dessus ! Un petit compte-rendu de cette lecture commune, ça vous tente ? 

    Alors, c'est parti ! 

    Pour cette première session, j'avais choisi le thème « Brumes angoissantes dans l'Angleterre médiévale » et deux romans de Karen Maitland pour l'illustrer. Qui mieux qu'elle peut nous faire voyager dans l'Histoire et dans l'angoisse ? Britannique, Karen Maitland est publiée depuis quelques années en France et a rencontré un beau succès, justement grâce à La Compagnie des Menteurs, livre retenu par les votants pour la première lecture commune. 

    Publié au Royaume-Uni sous le titre Company of Liars, il l'a été en France, d'abord chez Sonatine, en 2010 puis l'année suivante aux éditions Pocket. La Compagnie des Menteurs est une sorte de road-movie médiéval, qui balance entre thriller et fantastique, en pleine épidémie de Peste Noire. Sympa, non ? En tous cas, certaines courageuses lectrices se sont laissées tenter... 

    ♦ Les participantes : 

    A-Little-Bit-Dramatic 

    Cora

    Kitsy

    Amélie

    Nath' d'unchocolatdansmonroman 

    missmolko01

    angelebb

    jelydragon

    Cece44

     

    ♦ Ce que nous en avons pensé : 

     

    - Le roman dans sa globalité : notre ressenti 

    Cette lecture a su nous convaincre. Pour certaines, c'était une première -une première qui leur a donné envie de retenter l'expérience, on peut donc considérer que le pari est gagné !-, pour d'autres, comme moi, l'univers de Karen Maitland n'était pas une découverte. Dans l'ensemble, nous avons toutes aimé, même si le début nous a un peu déroutées, dans l'ensemble. Le roman met du temps à se mettre en place, il y'a pas mal de longueurs au départ qui peuvent, sinon lasser, du moins surprendre un peu. On se demande alors quand cela va réellement démarrer...mais rassurez-vous, une fois que c'est parti...c'est parti ! Bref, La Compagnie des Menteurs est un bon roman historique, servi par l'univers très personnalisé de l'auteure et par un style et clair et incisif, nous sommes toutes d'accord là-dessus. Dans l'ensemble, nous avons apprécié la couverture des éditions Pocket où apparaît une tête de loup stylisée et assez effrayante. Angelebb, elle, a trouvé que le résumé de quatrième de couverture en révélait trop alors que, pour ma part, il m'a donné envie d'ouvrir le roman, il a vraiment piqué ma curiosité. 

    - Les personnages 

    En ce qui concerne les personnages, nous avons chacune eu nos préférences, mais nous avons toutes été fascinées, voire effrayées, pour différentes raisons, par le personnage étrange de Narigorm, cette jeune fille, qui lit et interprète les runes et a un physique très particulier. Pour ma part, j'ai aimé Camelot, le narrateur mais aussi le couple formé par Osmond et Adela, dont j'ai vite percé le secret. Jelydragon, elle, a apprécié le personnage de Zophiel, qui est assez...particulier, mais dont la violence s'explique petit à petit, ce qui nous le rend plus humain. Je crois que nous en sommes toutes arrivées à nous dire que chaque personnage, aimable ou pas, avait son intérêt de toute façon et il est vrai que Karen Maitland est très forte pour donner vie à des personnages extrêmement complets, puissants et maîtrisés. 

    - Le contexte historique : point fort de La Compagnie des Menteurs ? 

    L'autre gros point fort du roman, c'est indéniablement son contexte. J'avais aimé Les Âges Sombres, qui prend corps dans les années 1320 où, fondamentalement, il ne passe rien, du moins, le contexte semble moins important qu'à la fin des années 1340...alors que la France et l'Angleterre sont en guerre depuis plusieurs décennies pour la succession du trône des lys, voilà qu'un fléau pire encore s'abat sur l'Europe : c'est la fameuse épidémie de peste, qui décima une bonne partie de la population européenne entre 1348 et la fin des années 1350. Elle fera ensuite des retours sporadiques dans diverses régions mais on peut certainement considérer l'apparition de la maladie dans le courant de l'année 1348 comme une véritable pandémie, qui suscita une véritable psychose. On sent que l'auteure s'est renseignée sur son sujet, tant sur la maladie en elle-même que sur la manière dont on abordait la maladie à cette époque-là, où les principes d’asepsie et de contagion n'étaient pas connus. Nous nous sommes toutes rejointes là-dessus : l'intrigue aurait sûrement été intéressante sans ce contexte, mais il est un gros plus, on ne va pas se mentir. 

    - L'aspect fantastique du roman : superflu ou bien intégré ? 

    L'autre grand questionnement qui s'est imposé à moi durant ma lecture et qui m'a donné ensuite d'en parler avec mes co-lectrices, c'est ce fameux aspect fantastique que certaines avaient relevé mais qui, pour ma part, ne me paraissait pas plus flagrant que cela. Au final, personne n'a vraiment été gêné par cet aspect du roman, au contraire. Moi la première et pourtant, je n'aime pas le fantastique...le côté plus historique, très travaillé, prend le pas sur le fantastique, qui transparaît surtout au travers de croyances de l'époque. Au final, j'ai retrouvé ce glissement latent, découvert dans Les Âges Sombres, qui nous fait basculer petit à petit vers des croyances et superstitions qui peuvent effectivement nous apparaître fantastiques mais avaient toute leur place dans la société médiévale. Ce serait donc un contresens de ne pas les mentionner. Le fantastique n'est donc pas superflu bien au contraire et Karen Maitland joue avec avec beaucoup d'habileté... (je ne sais pas si ma phrase est très française, tant pis...)

     

    En conclusion, est-ce que les lectrices de cette première session vous recommandent La Compagnie des Menteurs ? La réponse est un grand oui ! 

     

    ♦ Nos chroniques : 

    Les lectrices qui ont des blogs se sont fait un plaisir de rédiger un billet concernant cette lecture, à commencer par moi. Voici donc nos avis, plus en détail : 


    2 commentaires
  • « Il y'a des souvenirs avec lesquels on ne peut vivre que si on ne les partage avec personne. »

    Gwyneira McKenzie, tome 3, Le Cri de la Terre ; Sarah Lark

     

    Publié en Allemagne en 2009 ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Der Ruf des Kiwis

    Editions Archipoche

    800 pages

    Troisième tome de la saga Gwyneira McKenzie

    Résumé : 

    1907. Gloria, l'arrière-petite-fille d'une pionnière venue s'installer en Nouvelle-Zélande au milieu du XIXe siècle, vit heureuse à Kiward Station, la ferme familiale. Mais son enfance prend brutalement fin lorsque ses parents décident qu'il est temps pour elle de devenir une lady. 

    Gloria doit alors quitter son île paradisiaque et faire ses adieux à ceux qui l'entourent, en particulier Jack, dont elle est proche. Destination l'Angleterre et un austère pensionnat...où elle dépérit. Son seul rêve : retourner dans son pays, avec l'espoir secret d'y retrouver Jack. 

    Ses parents en ont cependant décidé autrement. Aussi Gloria se résout-elle à prendre sa vie en main. Sans bien en mesurer tous les dangers, elle échafaude un plan pour regagner sa terre natale. 

    Une héroïne qui refuse de subir son destin et décidé d'assouvir ses rêves, une saga au puissant souffle romanesque...Le Cri de la Terre confirme tout le talent d'une auteure découverte avec Le Pays du Nuage Blanc

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    C'est toujours avec un peu d'émotion qu'on démarre l'ultime tome d'une saga qui nous accompagne depuis des mois. On sait que c'est la dernière fois que l'on retrouve les personnages et l'atmosphère de la série.
    C'est donc, oui, avec un brin de nostalgie, que j'ai démarré Le Cri de la Terre, le dernier tome de la saga néo-zélandaise de Sarah Lark. Plus de cinquante ans après l'arrivée d'Hélène et Gwyneira en Nouvelle-Zélande, nous suivons maintenant, depuis Le Chant des Esprits, les nouvelles générations. Hélène, préceptrice londonienne a tout quitté pour aller se marier là-bas, tandis que Gwyneira, fille de lors Silkham, un gentleman farmer du Pays de Galles, a épousé l'héritier d'un baron des moutons propriétaire de Kiward Station, dans les Canterbury Plains.
    Elles ont fait souche et après avoir suivi les aventures d'Elaine et Kura, les deux cousines, petite-filles de Gwyneira, qui s'opposèrent et et se jalousèrent dans Le Chant des Esprits, avant de se réconcilier, c'est au tour de leurs propres filles, Lilian et Gloria, à être mises sur le devant de la scène.
    Nous sommes donc au tout début du XXème siècle et Lilian et Gloria, bien que proches, sont radicalement différentes. Lilian est vive et extravertie tandis que Gloria, délaissée par ses parents, est plus timide et renfermée
    Envoyées toutes deux dans le même pensionnat anglais, juste un peu avant la guerre, elles réagiront toutes deux très différemment aux changements dans leur vie. Lilian devient une adolescente bien dans sa peau, réussissant à l'école et aimant flirter avec les jeunes et séduisants étudiants de Cambridge. Gloria, elle, rejetée par les autres filles, accablée d'un énorme complexe d'infériorité, alimenté par les comparaisons incessantes avec sa flamboyante mère. Et elles répondront tout aussi différemment aux changements et aux bouleversements qui ne vont pas manquer de survenir. Comme pour les générations précédentes, l'âge adulte n'est pas de tout repos et grandir est tout sauf facile pour les deux cousines !
    Comme l'a dit très judicieusement une autre lectrice dans sa chronique, Sarah Lark n'est jamais très tendre avec ses personnages, mais là, en effet, elle monte le niveau d'un cran et, honnêtement, je ne m'attendais pas à ça. Le contexte choisi instaure d'emblée une certaine tension, accrue par les aventures, parfois très difficiles, que traversent les personnages et surtout Jack et Gloria, qui sont en fait au centre du récit, même si ça n'est pas évident au premier abord.
    J'ai aimé l'alternance des chapitres, qui nous fait quitter un personnage pour mieux le retrouver par la suite : en effet, cela nous donne justement très envie de retrouver les personnages et de savoir ce qui leur arrive, même si ce à quoi ils sont confrontés n'est parfois pas évident.
    Le Cri de la Terre clôture bien la saga. Ce troisième tome m'a convaincue, malgré un début un peu lent. Je me suis attachée aux personnages et j'ai retrouvé avec plaisir ceux que je connais déjà depuis Le Pays du Nuage Blanc. Sarah Lark a su nous faire nous attacher aux familles McKenzie et O'Keefe, que l'on suit depuis le départ. On découvre avec curiosité les nouvelles générations et l'auteure appréhende avec assez de justesse les liens qui naissent entre les différents membres de ces lignées. Parfois, j'avoue avoir été un peu perdue, parce que les générations sont un peu embrouillées, je crois qu'il m'aurait presque fallu un arbre généalogique, de temps en temps ! Heureusement que l'intrigue en elle-même compense un peu ces petits désagréments qui, au final, sont mineurs.

    Paysage de la Nouvelle-Zélande : des plaines aux faux-airs de campagne anglaise...


    Le duo Jack / Gloria est aussi un grand point fort de ce roman, ces tandems qui ne peuvent manquer d'interpeller et de toucher le lecteur, pour tout un tas de raisons. En ce qui les concerne, c'est vraiment les épreuves qu'ils traversent qui nous les rendent proche, qui suscitent notre empathie. Comme le dit justement le personnage de Jack, ils ont eu, chacun à leur manière, une guerre à mener et doivent apprendre à vivre avec leurs souvenirs. Pour Jack, c'est l'enfer d'une plage turque, Gallipoli. Pour Gloria, ce sont les horreurs d'une traversée en bateau depuis la Californie jusqu'en Nouvelle-Zélande. Hantés tous deux par un passé douloureux, ils s'en débarrassent doucement sous nos yeux... la confiance que retrouve Gloria petit à petit est évidemment touchante.
    J'ai aussi aimé retrouver la Grande Histoire, dans ce roman, qui nous saute assez brutalement au visage. Dans les deux premiers tomes, Sarah Lark prend le temps de nous faire découvrir la Nouvelle-Zélande à travers les yeux des pionniers. On y découvrait leur vie et les coutumes ancestrales des Maoris. Là, un contexte qui nous est proche ne peut effectivement manquer de nous interpeller et, étrangement, je suis toujours curieuse de voir comment un auteur va aborder cette Histoire absolument horrible. La Grande Guerre, c'est un pan extrêmement difficile de l'Histoire de beaucoup de pays dans le monde. Cela nous tous touche tous plus ou moins à divers degrés. Et cet épisode n’épargna pas les colonies les plus lointaines puisque des corps de volontaires venus d'Océanie se sont engagés presque dès le début des combats. Sarah Lark restitue bien l'enfer de Gallipoli, sans tomber pour autant sans la surenchère et l'horreur gratuite. Elle a su décrire la folie et la peur panique qui s'emparent des hommes, puis l’hébétude voire la culpabilité de ceux qui survivent, le vide de leur quotidien une fois rétablis. On tremble avec les personnages et on se sent investi. En cela, Sarah Lark a rempli la part du contrat sans aucun problème !
    Le Cri de la Terre est un tome assez conséquent mais dont on ne voit pas les pages défiler ! Au contraire, l'auteure arrive toujours à nous donner envie d'aller voir ce qui se passe plus loin, quel sera finalement le destin de nos personnages... ! Sarah Lark a le don pour créer des héros avec lesquels, certes elle n'est pas forcément tendre mais qui ne nous seront jamais antipathiques, à nous, lecteurs. Ils sont extrêmement humains et on ne peut que s'identifier à eux, du moins trouver certains parallèles entre eux et nous.
    Ce troisième volume est forcément un peu triste, voire nostalgique, parce qu'on sait que l'on quitte définitivement des personnages qu'on a appris à connaître au fil de la saga.
    La découverte aura cependant été parfaite. Cette série m'aura fait découvrir un pays exotique, dans le sens dépaysant, que Sarah Lark décrit très bien. J'aurais aussi découvert un univers qui m'a bien plu et qui s'achève avec un bon roman. Rien de pire qu'un dernier tome décevant !
    Si vous aimez les voyages et les grandes sagas familiales, alors les destinées des membres des familles McKenzie et O'Keefe sauront certainement vous plaire, vous surprendre, vous attendrir voire vous taper sur les nerfs parfois ! Ils ne vous laisseront cependant jamais indifférents !
    À part une fin un peu en queue de poisson et un début un peu lent, très honnêtement je n'ai pas réellement trouvé de défauts à ce roman. J'ai retrouvé l'ambiance qui m'avait tant plu dans les précédents tomes, j'ai aimé les personnages une dernière fois en sachant que j'allais les quitter... et j'ai découvert un personnage féminin complexe mais ô combien intéressant, Gloria, à laquelle je me suis attachée bien plus que je ne l'aurais cru au départ.
    Comme je le disais plus haut, la fin m'a un peu déconcertée sans me décevoir pour autant. Il ne se passe peut-être pas grand chose au début du roman mais franchement laissez de côté ces quelques petites inégalités pour vous plonger dans Le Cri de la Terre avec délices. Une saga familiale qui n'a rien à envier aux plus grandes et qui magnifie cette terre lointaine et entourée pour nous, Occidentaux, d'une aura mystérieuse et exotique : la Nouvelle-Zélande.

    En Bref :

    Les + : une belle intrigue, un duo attachant, sur fond de guerre mondiale...
    Les - :
    un début un peu lent et une fin légèrement déconcertante mais dans l'ensemble, c'est mineur.


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