• Aliénor d'Aquitaine, tome 3, L'hiver d'une reine ; Elizabeth Chadwick

    « La plus importante leçon que la vie m'a enseignée est sans conteste qu'il faut saisir les petits bonheurs et en faire des souvenirs durables. »

     

     

      Publié en 2016 en Angleterre

      En 2021 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Eleanor of Aquitaine, book 3, The    Winter Crown

      Éditions Hauteville (collection Poche)

      672 pages 

      Troisième tome de la saga Aliénor d'Aquitaine

     

     

     

    Résumé :

    L'alliance d'Aliénor brillait à son doigt. Tant qu'elle l'a porterait, elle serait reine et duchesse. Même dans sa prison battue par les vents, ses titres conservaient tout leur pouvoir. Henri l'avait impitoyablement mise à l'écart. Le monde avait poursuivi sa course sans elle. Son crime ? Avoir bravé son autorité en se mêlant de politique.

    Maintenue captive par son mari Henri II Plantagenêt et séparée de ses enfants, Aliénor ne s'avoue pas vaincue. Après la mort du roi, elle devient reine douairière d'Angleterre et s'efforce de tempérer ses fils désormais rivaux dans la conquête du pouvoir. Infatigable, elle se rend en Navarre pour négocier le mariage de Richard Coeur de Lion avant de traverser les Alpes pour lui amener sa promise. Après l'enlèvement de celui-ci, elle parvient à réunir la rançon pour le faire libérer tout en déjouant les manœuvres de son autre fils, Jean sans Terre. Jusqu'à son dernier souffle son courage et sa ténacité seront soumis à rude épreuve par d'incessantes luttes intestines pour conserver le trône.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    L’hiver d’une reine est le dernier tome du triptyque consacré à Aliénor d’Aquitaine, reine des Francs puis reine d’Angleterre par l’autrice Elizabeth Chadwick. Après L’été d’une reine qui racontait sa jeunesse, L’automne d’une reine, plutôt centré sur la maturité et la maternité, ce dernier tome aborde la vieillesse de la reine, de ses cinquante ans à sa mort à l’âge de quatre-vingt ans. Et pour l’époque, c’est presque toute une vie qui est racontée ici car peu de gens parvenaient à un âge aussi avancé.
    Après la révolte de ses fils contre leur père, révolte qu’elle a en sous-main soutenue, Aliénor est victime de la colère du roi Henri II. Ce dernier la place en résidence surveillée pendant près de quinze années, pendant lesquelles elle va voir sa liberté de mouvement restreinte et ses responsabilités réduites à presque rien. Pendant cette période, elle perdra deux de ses fils, le roi Henri le Jeune et Geoffroy, le duc de Bretagne. En 1189, à la mort du roi, c’est son fils Richard qui accède au trône : cet avènement est synonyme de liberté retrouvée pour la reine et de nouvelles responsabilités car bien qu’âgé de trente ans, le nouveau roi s’appuie beaucoup sur sa mère et fait grand cas de ses conseils. Surtout, il attend d’elle qu’elle serve de garde-fou à son dernier fils, le sournois et machiavélique Jean.
    La vieillesse d’Aliénor sera aussi remplie que sa jeunesse, si ce n’est plus : au début des années 1190, elle traverse les Alpes en plein hiver en compagnie de la jeune princesse Bérangère de Navarre, promise de Richard et qu’elle lui amène jusqu’à son camp militaire de Messine, alors que le roi a pris la croix et attend de s’embarquer pour la Terre Sainte. Puis, lorsque Richard sur la route du retour est capturé par le duc d’Autriche et livré à l’empereur qui demande une rançon faramineuse, Aliénor se démène pour la réunir et se rend elle-même jusqu’en Allemagne pour la livrer. En 1194, la vieille reine se retire à Fontevraud : elle devra encore subir l’épreuve de perdre à quelques mois d’intervalle deux de ses enfants, d’abord le roi Richard, qui meurt à la suite d’un siège mené dans le Limousin puis sa fille Jeanne, qui meurt en couches en septembre 1199. Aliénor devra encore soutenir le pouvoir fragile de son dernier fils, dont les territoires sont lorgnés par un ogre dangereux : le roi de France Philippe-Auguste, manipulateur et grand politique qui n’attend qu’une chose, planter les dents dans l’empire Plantagenêt et notamment en Normandie. En 1200 encore, on trouve Aliénor sur les routes, sillonnant l’Aquitaine et allant jusqu’en Castille, où elle va chercher l’une de ses petites-filles pour la marier à l’héritier du roi de France : de là à dire qu’Aliénor préside quelque peu à la naissance de saint Louis, il n’y a qu’un pas.
    Le dernier havre de la vie sera aussi pour elle celui du repos éternel : en 1204, Aliénor rend son dernier souffle à Fontevraud, en Anjou, où son mari avait déjà été inhumé en 1189, où Richard l’avait rejoint dix ans plus tard. Ils y reposent toujours, dans l’abbatiale, sous des gisants où l’on peut encore apercevoir un reste de la polychromie médiévale sur les drapés de leurs riches vêtements : Aliénor, dont le gisant est légèrement plus haut que celui de son mari – suprême vengeance dans la mort, peut-être ? – est représentée portant un livre entre les mains, symbole de connaissance et de sagesse. C’est l’image qu’elle a voulu transmettre à l’Histoire et aux siècles.
    Il fallait bien une grande trilogie comme celle-ci pour rendre hommage à une si grande reine, au destin aussi palpitant que fascinant. Après un deuxième volume un peu en-dessous, dans cet ultime tome j’ai retrouvé le rythme du premier, l’enchaînement rythmé d’événements, les personnages qui tourbillonnent dans une valse discontinue. Le XIIème siècle dans l’empire Plantagenêt est foisonnant, d’une richesse culturelle incroyable et, au-dessus de tout ça, plane l’ombre presque omniprésente d’Aliénor. Si on est tenté parfois de projeter nos propres aspirations ou notre propre vision sur le personnage, la faisant parfois passer pour une féministe avant la lettre, ce qui est totalement faux d’un point de vue historique, Aliénor reste sans nul doute l’un des personnages féminins les plus marquants du Moyen Âge. Duchesse d’Aquitaine en titre, elle se battit bec et ongles pour conserver l’intégrité de son territoire, contre les appétits de son premier mari, Louis VII puis d’Henri II. Elle fut une conseillère avisée pour ses fils et notamment pour Richard Cœur-de-Lion, son second fils qu’elle avait associé au pouvoir en Aquitaine dès ses douze ans. Pourtant, elle fut aussi la proie des hommes, menacée d’enlèvement après son divorce d’avec Louis VII, puis prisonnière de son second mari. Il convient donc de nuancer l’image que l’on peut avoir d’Aliénor, faite d’un grand pouvoir et même d’une toute-puissance car ce n’est pas exactement le cas.

    Le gisant de la reine dans l'abbatiale de Fontevraud, vision éternelle d'Aliénor


    Comme je le disais un peu plus haut, ce troisième tome m’aura donc bien plus convaincue que le deuxième, que j’avais trouvé un peu redondant, très centré sur les grossesses et les accouchements de la reine puis sur l’émergence de sa rivalité avec Rosemonde Clifford mais pas vraiment sur la politique ou les événements marquants du temps. Ici, c’était de nouveau plus fluide et plus rythmé et j’ai apprécié de découvrir Aliénor dans la vieillesse, qui n’est pas vraiment synonyme de repos ou de fragilité pour elle. Ce tome-là est évidemment plus nostalgique, on se retourne souvent sur le passé, ses joies mais aussi ses déceptions et ses pertes…je l’ai trouvé aussi très émouvant, notamment dans les derniers chapitres et je dois d’ailleurs mentionner que l’autrice a su raconter la fin de vie de la reine avec beaucoup de tendresse, sans pathos et sans phrases toutes faites et un peu convenues qui auraient pu donner un côté artificiel à la narration des derniers instants d’Aliénor. On ne peut que se sentir ému par cette mère épuisée par les drames, qui a survécu à huit de ses enfants et qui arrive pourtant à trouver le courage de tenir tête, deux ans avant sa mort, aux appétits territoriaux inconsidérés de l’un de ses petits-fils, Arthur de Bretagne et qui fait un long voyage jusqu’aux confins des Pyrénées pour aller y chercher Blanche de Castille. On ressort donc de cette lecture attendri par cette femme qui a vécu si longtemps et bien évidemment admiratif devant son grand destin. Aliénor d’Aquitaine a traversé une époque foisonnante et marquée par l’émergence de figures historiques hors-du-commun, comme celle de son fils Richard Ier ou le roi de France, Philippe-Auguste, qui ont marqué leur temps d’un sceau indélébile.
    Malgré quelques longueurs en milieu de volume, j’ai vraiment été enthousiasmée par cette lecture, très vivante et dynamique. Elizabeth Chadwick, entre sources historiques et ressenti plus subjectif du romancier, a su rendre un bel hommage livresque à la grande reine d’Angleterre, qui a laissé également une empreinte solide dans tout l’ouest de la France, où l’on peut encore aujourd’hui, neuf cents ans après sa naissance, marcher dans ses pas, d’églises en châteaux et en territoires…

     

    Sur le grand vitrail de l'hôtel de ville de Poitiers, on peut voir la reine Aliénor qui fréquenta la ville dans sa jeunesse, l'une des résidences préférées des ducs d'Aquitaine en son temps

    En Bref :

    Les + : un troisième tome qui clôture magnifiquement ce triptyque médiéval consacré à l'une des plus mythiques de nos figures historiques : Aliénor d'Aquitaine. Le deuxième tome m'avait moins convaincue, cet ultime tome m'a emportée, jusqu'à la conclusion, remplie de nostalgie et de mélancolie et qui m'a sincèrement touchée.
    Les - : quelques longueurs en milieu de volume.


    Aliénor d'Aquitaine, tome 3, L'hiver d'une reine ; Elizabeth Chadwick

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  


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