• MON CHALLENGE PERSO 2023 : LIRE PLUS DE CLASSIQUES  - LE BILAN

    Presque un an après m'être dit que ça serait bien, quand même, qu'en 2023 je lise un peu plus de classiques, où j'en suis ? Je vous propose ici un petit bilan récapitulatif de ces douze mois pendant lesquels j'ai essayé d'intégrer à mes lectures mensuels un petit peu plus de classiques. 

    Je vous propose une revue rapide sur chacun de ces livres, lus entre février et décembre mais vous pourrez retrouver aussi ma chronique détaillée de chacun d'entre eux sur le blog. 

     La dame aux camélias ; Alexandre Dumas fils

    • La Dame aux Camélias, Alexandre Dumas Fils

     

    Le postulat de départ de La dame aux camélias est simple comme bonjour : un jeune homme remarque au théâtre une jeune femme. Elle lui plaît, on la lui présente. La belle affecte une moquerie espiègle et une indifférence de façade. Le jeune homme est tout à fait charmé. Il veut la voir, ils se revoient, elle tombe sous le charme à son tour et succombe.
    Sauf que voilà : si Armand, le jeune héros du roman est un pur produit de ce XIXème siècle français, issu d'une famille provinciale respectable, à l'aise sans être opulente, a tout du bon parti et ferait un gendre tout à fait convenable, il n'en va pas de même pour l'objet de ses désirs, la piquante Marguerite Gautier, qui n'est pas exactement ce que l'on pourrait appeler une femme comme il faut. Mais Armand est amoureux, d'un amour passionnel, dévorant : pour Marguerite, il est prêt à tout, sauf à la partager. 

    Il y a quelque chose de tragique dans ce roman car il commence par la fin : je ne vous divulgue rien en vous disant que le roman s'ouvre sur la dispersion aux enchères des biens d'une demi-mondaine récemment décédée, afin d'éponger ses dettes. C'est autour de cet événement tragique que tout le reste du roman s'articule, le narrateur anonyme étant finalement amené à rencontrer Armand, l'amant inconsolable et pour qui le regret est d'autant plus amer qu'il avait touché du doigt le rêve d'offrir à Marguerite une vie respectable. On sait donc dès le départ que cet amour est voué à l'échec et que toutes les préventions sociales qu'auront à affronter les deux amoureux ne sont rien face à la mort qui broie tout et sépare tout. Le temps de Marguerite est compté et ses hésitations lui en font perdre d'autant plus. Pourtant Armand, dans l'exaltation de l'amoureux, ne doutera jamais. La chute n'en sera que plus dure pour lui.
    La dame aux camélias est un roman mélancolique mais sans pathos, la description d'un monde qui n'est pas respectable à l'époque mais qui se fait ici sans jugement.

     Elle et lui ; George Sand

    • Elle et Lui, George Sand 

     

    Dans ce roman, tout est vrai et rien n’est vrai. George Sand y devient Thérèse Jacques et Musset, Laurent de Fauvel. Les deux héros ne sont plus des auteurs mais des peintres. On ne sait pas grand chose de leur passé si ce n’est que Laurent, relativement jeune, a entretenu de nombreuses liaisons toutes assez fugaces.

    L’histoire de Thérèse et Laurent m’est souvent apparue, au cours de ma lecture, comme violente et toxique. Il n’y a rien de beau dans cette histoire qui semble plus celle d’une dépendance qu’une véritable relation. Laurent est excessif en tout, il aime mais il aime mal, essayant d’assujettir Thérèse et de ne la garder que pour lui. Ses crises de colère semblent être le fruit d’un manque de confiance en soi et d’un manque d’estime de lui-même mais n’excusent en rien les mots qu’il peut avoir contre Thérèse. En exergue, c’est une figure presque sacrificielle qui nous apparaît, celle d’une femme habituée à faire passer les autres avant elle et qui ne répond pas, drapée dans une volonté de faire le bien de celui qu’elle appelle parfois – et c’est parlant – son « enfant » ou son « pauvre enfant ».

    Elle et lui est souvent considéré comme une réponse à La confession d'un enfant du siècle de Musset. 

     Couverture Anne, tome 3 : Anne quitte son île / Anne de Redmond

    • Anne de Green Gables, tome 3, Anne de Redmond, Lucy Maud Montgomery

     

    Anne a dix-huit ans et s’apprête à entrer à l’université de Redmond, à Kinsgport. Cela signifie qu’elle va devoir s’éloigner de son cher Avonlea et de l’univers familier qui a été le sien jusqu’ici. Partagée entre anxiété et impatience, la jeune femme commence à envisager son avenir. Alors que son amie d’enfance Diana Barry s’apprête à se marier, que de nombreuses jeunes femmes de leur âge se fiancent et abordent leur future vie de femme mariée et de mère de famille, Anne et son amie Priscilla foulent les bancs de l’université, où notre héroïne retrouve un autre de ses amis d’enfance, Gilbert Blythe, qui est loin de la laisser indifférente. A Redmond, les deux jeunes femmes rencontrent la truculente et fantasque Philippa Gordon, surnommée Phil, avec laquelle elles vont se lier d’amitié. Dans une joyeuse camaraderie adolescente, les jeunes étudiantes découvrent une nouvelle vie et s’y installent avec exaltation.

    Si l’atmosphère est un peu différente des deux premiers tomes, Anne de Redmond reste pour moi un petit bijou de douceur, un petit bonbon. Ça se lit avec une vitesse étonnante et en même temps l’univers est d’une telle richesse que l’on n’a aucune impression de superficialité.

     La lettre écarlate ; Nathaniel Hawthorne

    • La lettre écarlate, Nathaniel Hawthorne

     

    Nous découvrons donc, dans la toute jeune colonie de la Nouvelle-Angleterre, en 1642, l’histoire d’Hester Prynne, une jeune femme qui s’est rendue coupable d’adultère et doit porter sur la poitrine l’infamante lettre « A », censée rappeler à tous son péché. A sa sortie de prison, la jeune Hester porte aussi dans les bras la preuve plus tangible encore que la lettre écarlate de son adultère : un bébé de quelques mois, sa fille Pearl qui manifestement n’est pas née de son époux mais bien de son amant.
    La lettre écarlate est donc le récit sur sept années de la vie d’Hester Prynne et de sa petite Pearl, enfant étrange, mystérieuse et quelque peu inquiétante. Installée aux marges de la société de Boston sans en être totalement ostracisée non plus, Hester mène une vie retirée et simple, élevant sa fille seule et les nourrissant en se procurant un peu d’ouvrage de couture et de tissage auprès des habitants de la ville qui, au fil du temps, semblent oublier la condamnation d’Hester, son péché et le scandale qu’il a causé.

    Autant vous dire tout de suite que ce ne fut pas une (entière) réussite. Pour quelles raisons ? Je ne sais pas. Je pense que ce n’était peut-être pas le bon moment mais aussi peut-être, tout simplement, parce que ce roman n’était pas pour moi. J'ai peiné à me sentir captivée malgré l'intérêt évident que j'avais pour l'histoire d'Hester et le côté très moderne du récit car sans la considérer comme une héroïne féministe, Hester est très certainement un archétype de la femme qui s'est libérée des carcans et des injonctions de la société dans laquelle elle vit. 
    Toutefois, l’histoire d’Hester Prynne évoque beaucoup de choses : la puissance souvent néfaste du patriarcat dans une société et le poids de la religion qui en est souvent l’une des causes, la marque infamante qui, dans une moindre mesure, peut rappeler l’étoile jaune de sinistre mémoire.
    Il y a quelque chose d’assez intemporel aussi dans ce roman : la justice souvent moins complaisante pour les femmes, la honte des mères dont l’enfant né en dehors des liens du mariage ou d’un adultère comme ici qui doivent élever un enfant synonyme de péché pour la société…on ne peut s’empêcher d’ailleurs de se demander ce qu’il est arrivé à l’amant d’Hester et si lui continue de couler des jours heureux tandis que la jeune femme porte tout le poids de leur faute qui est finalement commune. Je n’en dirai pas plus mais la punition, dans La lettre écarlate, n’est pas à sens unique…

     Lady Susan suivi de Les Watson et Sanditon ; Jane Austen

    • Lady Susan suivi de : Les Watson et Sanditon, Jane Austen

     

    Réunis pour la première fois dans un recueil en 1885, Lady Susan, Les Watson et Sanditon sont des productions atypiques dans l'oeuvre de Jane Austen. L'un, Lady Susan, est un écrit de jeunesse, rédigé au début des années 1790, alors que Jane Austen a dix-huit ou dix-neuf ans. Il est probable qu'elle ait puisé son inspiration dans le roman de Pierre Choderlos de Laclos sorti en 1782, Les liaisons dangereuses. Dans Lady Susan, elle met en scène une veuve encore jeune et belle, manipulatrice, hypocrite et calculatrice que l'on adore détester. Style acéré et mordant, Lady Susan préfigure le reste de l'oeuvre austenienne.
    Plus récents, Les Watson (1804) et Sanditon (1817) sont deux romans inachevés, qui prennent ici la forme de nouvelles.

    Si j'ai moins aimé SanditonLes Watson était un roman prometteur, dans la veine des grands romans d'Austen que l'on connaît si bien. D'ailleurs, la recette n'est pas loin d'être la même et j'imagine que, si l'autrice avait eu le temps de le terminer, il se serait achevé par un mariage - n'est-ce pas ce que l'on attend, de toute façon, quand on lit Austen ? 
    Certains lecteurs ont exprimé leur frustration face à ces œuvres incomplètes et je les comprends. Effectivement, j'ai trouvé que c'était difficile d'en prendre la mesure puisque nous n'avons pas toutes les clefs en main. Pour autant, j'ai aimé cette présentation lacunaire car elle présente finalement les œuvres dans ce qui fait leur originalité. A leur manière, elle raconte une histoire...pas celle que l'autrice envisageait au départ mais une histoire tout de même, celle de Jane Austen rattrapée par la maladie puis par la mort et qui laissera ces manuscrits inachevés.
    Toutefois, retrouver Austen est malgré tout un plaisir. Il est clair que cette autrice géorgienne a une plume inimitable et très moderne. Lire un roman de Jane Austen n'est pas très ardu, contrairement à d'autres auteurs classiques dont le style est complexe et alambiqué.

     Lettres à Alexandrine 1876-1901 ; Emile Zola

    • Lettres à Alexandrine (1876-1901), Emile Zola 

     

    Publié plus d’un siècle après la mort de Zola en 1902, cette correspondance contient 318 lettres inédites du romancier à son épouse Alexandrine Zola.
    Établi par Alain Pagès, professeur à la Sorbonne et par Brigitte Emile-Zola, arrière-petite-fille du romancier, ce recueil est autant un document scientifique qu’intime, porteur des souvenirs d’une famille.
    Dans ce recueil, nous découvrons un Zola loin de l’image que ses romans peuvent véhiculer. C’est un homme déjà relativement âgé, installé dans le confort d’une vie bourgeoise, entre Paris et Médan, où il possède une maison. Sa réputation d’auteur n’est plus à faire et il fréquente les cercles artistiques et littéraires du Paris de la Belle-Époque.
    Une correspondance est une lecture exigeante. Forcément lacunaire, elle ne possède pas toujours les réponses du destinataire ou de façon incomplète – ici malheureusement, nous ne pouvons nous faire une idée des réponses d’Alexandrine que lorsque Zola rebondit sur certaines des choses qu’elle lui a écrites. On ne peut donc qu’imaginer ce que pense Alexandrine, la façon dont elle gère une situation somme toute assez compliquée, socialement comme personnellement. Si Zola montre beaucoup d’affection et de préoccupation envers son épouse, est-ce véritablement sincère ou y a-t-il aussi une part, peut-être inavouée, de mauvaise conscience ? De l’autre côté, on ne sait pas si Alexandrine a réellement pardonné où si elle reste dans un prudent quant-à-soi…
    Pour autant, les lettres de son époux nous éclairent quand même pas mal sur leur quotidien, très bourgeois et assez ritualisé. 

     Couverture Les vrilles de la vignes

    • Les vrilles de la vigne, Colette 

     

    Dans ce recueil atypique et hétéroclite publié une première fois en 1908 puis enrichi au fil des années qui suivront de textes inédits, Colette fait parler les animaux, convoque les souvenirs de l'enfance et de la prime jeunesse, ainsi que leur nostalgie heureuse, décrit les coulisses du music-hall, décortique un jour d'été au bord de la mer ou décrit les coulisses d'une pièce de music-hall...
    J'ai eu l'impression que tout Colette se retrouve dans Les Vrilles de la Vigne, souvent présenté à la suite de Sido, l'autre livre de l'enfance et du souvenir, où la figure maternelle tient la place principale.

    Œuvre poétique, autobiographie, fiction ? Il est difficile de savoir ce qu'on lit. Tout ce que je sais, c'est que Les Vrilles de la Vigne est un recueil d'une poésie folle, que j'ai découverte (ou redécouvert pour être plus précise, car j'avais déjà lu ce recueil il y a quelques années) avec beaucoup de surprise et de plaisir.

    Pour ma part, à chaque fois que je relis Colette, je retombe amoureuse de sa plume et de son univers littéraire, polymorphe, mais qui apporte toujours surprises, étonnement et un style littéraire d'une grande qualité. Je sais que Les Vrilles de la Vigne n'est pas le texte le plus apprécié par les lecteurs, qui lui préfèrent souvent Sido. Pour ma part, c'est toujours avec plaisir et intérêt que je lis les textes de cette autrice hyperactive, qui fut artiste, écrivaine, esthéticienne, journaliste...son œuvre, indéfinissable, semble refléter cette vie bien remplie de Colette, après la jeunesse relativement simple et rurale d'une petite provinciale du Nivernais, à la fin du XIXème siècle.
    Colette me rend nostalgique mais pas seulement...elle m'envoûte souvent de son écriture, comme les vrilles de la vigne s'enroulent autour d'un tuteur, l'enserrant étroitement. Pour moi lire Colette, c'est éprouver des sentiments simples, mais purs, servis par la sensualité d'une plume qui sait se faire languissante, sucrée comme acide, légère et sautillante comme plus lourde, chargée de senteurs et d'images universelles.

     

    • Claudine à l'école, Colette

     

    Ne vous laissez pas abuser par le titre somme toute naïf et légèrement enfantin de ce premier roman de Colette, publié en 1900. Son contenu est bien moins anodin qu’il n’y paraît.

    Mais alors, Claudine à l’école, ça raconte quoi ? Il s’agit d’un roman au synopsis assez simple puisqu’il s’agit de raconter le quotidien d’une jeune écolière de quinze ans dans l’école de son village. Claudine est une jeune fille espiègle, plus vraiment une enfant et pas encore une jeune femme, pile dans cet « âge ingrat » que l’on n’appelle pas encore l’adolescence. A l’école de Montigny, elle fait la loi car piquante, ayant de l’esprit, elle n’hésite pas à tenir tête aux institutrices, ni même à jouer de nombreux tours à ses camarades.

    Lorsqu’on connaît aussi bien la plume de Colette, on ressent dans ce roman les premières fulgurances d’un style unique et appelé à se développer, à s’étoffer, dans les productions suivantes. La plume sensuelle, très évocatrice du Blé en Herbe, des Vrilles de la Vigne, de Sido…se forme aussi, certes, non sans maladresses mais préfigure déjà la beauté poétique de la suite, dans des paragraphes aux descriptions fines, notamment des paysages. On y trouve aussi le premier personnage animalier, l’altière chatte Fanchette, alter ego de Saha (La Chatte) ou encore de Kiki-la-Doucette (Dialogues de bêtes, Les Vrilles de la Vigne).

    A lire, si vous aimez Colette, mais que l’on comprend peut-être mieux si l’on a lu d’autres œuvres de l’autrice auparavant : l’œuvre de jeunesse prendra alors tout son sens, selon moi. Je me suis d’ailleurs rendu compte qu’avec quinze ans de recul, je n’appréhendais pas la lecture de Claudine à l’école de la même manière qu’à seize ans et je suis ravie de l’avoir relu avec un nouvel éclairage et une meilleure connaissance de l’œuvre de Colette ainsi que de la femme derrière l’autrice.  

     

    Couverture Le roman de l'enchanteur Merlin

    •  Le roman de l'enchanteur Merlin, Auteur anonyme du XIIème siècle (texte retranscrit par Gérard Lomenec'h)

     

    Le texte transcrit et présenté ici par Gérard Lomenec'h est un texte du XIIIème siècle, écrit par un auteur anonyme mais que l'on appelle pseudo Robert de Boron, car il écrit dans le style ce dernier. Robert de Boron, clerc ou chevalier, est connu pour avoir écrit de nombreux romans inspirés par la légende du roi Arthur et du Graal, au même titre que Chrétien de Troyes, Thomas Malory ou encore Geoffroy de Montmouth, noms incontournables quand il s'agit de chercher des sources médiévales sur ce qu'on a appelé la Matière de Bretagne. 
    Fascinante, foisonnante, sans cesse revisitée et enrichie par les auteurs qui s'y sont frottés, connus comme anonymes, la légende du roi Arthur, roi celtique qui se serait opposé bravement à l'invasion saxonne de la Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle), a donné naissance à la littérature de l'Occident, créant un genre nouveau : le roman. 
    Si tous les auteurs qui ont été inspirés par les légendes arthuriennes se sont souvent approprié l'histoire (et c'est encore le cas de nos jours, quand on pense par exemple à la relecture moderne et décalée qu'ont pu faire de ces légendes merveilleuses les Monty Python en Angleterre ou Alexandre Astier en France avec Kaamelott), inventant, tissant, brodant, parfois en contradiction avec les textes précédents, il y a des personnages incontournables et Merlin en est un. 

    Jane Eyre ; Charlotte Brontë

    • Jane Eyre, Charlotte Brontë

     

    Pauvre, orpheline, sans famille, Jane Eyre est, en un mot, insignifiante. Confiée à la mort de ses parents à un oncle, elle devient lorsque ce dernier disparaît à son tour, la pupille de sa veuve, Mme Reed. Mais Jane est pour cette tante par alliance plus un boulet qu'une bénédiction et, au château de Gateshead où elle vit avec les Reed, Jane doit faire face à l'indifférence de sa tante et à la méchanceté de ses trois cousins. 
    A dix ans, elle est placée en pension à Lowood, sinistre école pour jeunes filles pauvres, où la bonté des institutrices, à commencer par la douce Mlle Temple, ne compense pas les conditions de vie rudes : les pensionnaires connaissent la faim, le froid et vivent dans une promiscuité qui favorise les maladies et les épidémies. Mais à Lowood, Jane découvre la bienveillance, d'abord en la personne de la directrice du pensionnat, Mlle Temple, qui fait tout son possible pour adoucir le quotidien des pensionnaires et l'amitié, en la personne d'Hélène Burns, une autre élève. Pour la première fois, Jane est acceptée et jugée à sa juste valeur. 
    Elle passe huit ans à Lowood : six en tant que pensionnaire, deux en tant qu'institutrice. Mais Jane, à dix-huit ans, aspire à autre chose. Elle publie donc une annonce dans un journal local pour se placer dans une maison comme gouvernante. C'est alors qu'elle reçoit une lettre d'une certaine Mme Fairfax, lui proposant la place de gouvernante d'une jeune fille, Adèle, au manoir de Thornfield. Jane accepte le poste et déménage à des kilomètres de là, à Thornfield, auprès de sa jeune élève à laquelle elle s'attache bien vite. Quelques semaines après son arrivée, elle fait la connaissance du tuteur de la jeune fille : un certain Edward Rochester, propriétaire de Thornfield. 

    Une lectrice avec qui j'ai échangé à propos de Jane Eyre m'a demandé si le roman n'était pas problématique : peut-être n'est-ce qu'un avis subjectif mais pour moi, ce n'est pas le cas. Dans ce cas, bon nombre de romans classiques encensés sont problématiques, mais il ne faut pas oublier non plus l'époque à laquelle ces romans ont été écrits puis publiés.
    Si je devais ne vous donner qu'un conseil, ce serait celui-ci : lisez les soeurs Brontë et faites-vous votre propre opinion, après tout cela ne coûte rien. Bien plus que Jane Austen, pour moi, les autrices incontournables du XIXème siècle britanniques sont bien ces trois soeurs qui ont su décrire et imaginer de magnifiques histoires qui transcendent les années et dans lesquelles déjà (notamment chez Anne et Charlotte) on sent pointer la modernité d'une pensée féminine, qui n'est pas encore féministe mais ne demande qu'à le devenir. Je me rappelais également la jolie plume de Charlotte et je l'ai effectivement retrouvée, avec beaucoup de joie. Inutile de dire que je m'en  suis délectée. Jane Eyre est sans nul doute mon coup de cœur de cette fin d'année.

     Couverture Anne, tome 4 : Anne au domaine des peupliers / Anne de Windy Willows

    • Anne de Green Gables, tome 4, Anne de Windy Willows, Lucy Maud Montgomery

     

    A chaque fois que je referme un tome d’Anne de Green Gables, que je l’ai beaucoup aimé ou un petit peu moins, je me dis que les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont eu une très bonne idée de rééditer ces romans et nous font véritablement un très beau cadeau en les rendant de nouveau accessibles au plus grand nombre.

    Mi-épistolaire (nous lisons des extraits de lettres d'Anne adressées à Gilbert) mi-narratif, ce quatrième tome est un peu surprenant au départ car il est différent des précédents. Je sais que cela a dérouté certains lecteurs mais ça n’a pas été le cas pour moi. Au contraire, une fois passée la première surprise, j’ai même trouvé cela assez plaisant à lire. Lire les mots d’Anne avec sa voix est une chouette expérience, je trouve. C’est vraiment un personnage que je continue à beaucoup aimer, malgré ses changements et ses évolutions. Elle a un côté frais et spontané qui lui, ne change pas et nous la fait toujours retrouver avec plaisir. La Anne de vingt ans n’est plus exactement la Anne de onze ans, arrivant chez les Cuthbert le cœur débordant de possibles. Et pourtant, elle conserve une ingénuité fraîche et un optimisme qui réconforte et donne le sourire. Et si Anne de Green Gables était finalement l’ancêtre de ces « feel-good books » ou « comfort books » qui ont le vent en poupe depuis des années ?

     


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