• Le Comte de Monte Cristo (tomes I et II) ; Alexandre Dumas

    «La joie fait quelquefois un effet étrange. Elle oppresse comme la douleur. »

    Le Comte de Monte Cristo, tome I ; Alexandre Dumas

    Publié en 2008

    Date de parution originale : 1845

    Editions Le Livre de Poche (collection Les Classiques de Poche)

    800 pages chacun

    Résumé :

    Tome 1

     1815. Louis XVIII rétabli sur le trône se heurte à une opposition dont l'Empereur, relégué à l'île d'Elbe, songe déjà à profiter. Dans Marseille livrée à la discorde civile, le moment est propice aux règlements de comptes. C'est ainsi que le marin Edmond Dantès, à la veille de son mariage, se retrouve, sans savoir pourquoi, arrêté et conduit au château d'If.
    Paru en 1844-1846, Le Comte de Monte-Cristo est une des œuvres les plus populaires de la littérature mondiale. L'abbé Faria, l'évasion inouïe, le trésor grâce auquel les bons seront récompensés et les traîtres punis : le destin d'Edmond Dantès possède la simplicité et la force des grands mythes.
    Conteur éblouissant, Dumas nous entraîne du cabinet du roi à la Méditerranée des contrebandiers, des îles toscanes aux catacombes de Rome, puis dans les salons parisiens où le mystérieux comte de Monte-Cristo se dispose à accomplir sa vengeance. 

    Tome 2

    1838. Un seigneur étranger, le comte de Monte-Cristo, intrigue le grand monde parisien par son faste extraordinaire, ses manières, raffinées et fantasques, la jeune femme orientale qui vit dans son ombre. Qui -hormis peut-être la belle et mélancolique comtesse de Morcerf- pourrait reconnaître en lui le pauvre marin Dantès, arrêté à Marseille vingt-trois ans plus tôt ?
    A travers les péripéties d'une vengeance implacable, c'est le Paris de Balzac qui revit dans ce second volume. Dandys, femmes du monde, personnages patibulaires ressurgis du bagne, se croisent autour d'inoubliables figures -le banquier politicien Danglars, le sévère procureur Villefort, le hautain comte de Morcerf, pair de France.
    Romancier de l'histoire, l'auteur des Trois Mousquetaires et de La Reine Margot révèle dans ce chef-d'oeuvre une autre facette de son génie : le roman de mœurs et de critique sociale, servi par un sens inégalé de l'action et du suspense.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas s'éloigne un peu de sa ligne directrice, à savoir, le roman historique. On connaît son fameux cycle sur les derniers Valois, dont La Reine Margot est certainement le roman le plus connu et ses Trois Mousquetaires sont devenus incontournables. Grand changement donc, pour un auteur habitué à voyager à travers les âges, que de nous livrer une histoire se passant entre 1815 et 1838, alors que lui-même écrit dans les années 1840. Cependant, c'est avec brio, comme toujours, que Dumas s'essaie au roman de moeurs, mâtiné d'aventures et de merveilleux.
    L'histoire débute donc en 1815 avec l'arrivée, à Marseille, du navire marchand Le Pharaon. Le capitaine étant mort subitement pendant le voyage du retour, c'est son second, le jeune marin Edmond Dantès, qui a pris le commandement du bateau et le ramène donc à bon port, entre les mains de l'armateur Morrel, son propriétaire. Dantès, en cette année 1815, a tout pour être heureux : après un long voyage, il va retrouver son père et surtout Mercédès, sa jeune fiancée, jolie jeune fille d'origine espagnole, dont il est très amoureux et qu'il s'apprête à épouser.
    Mais Edmond Dantès, dans sa candeur juvénile, ignore que la place de capitaine, que le brave Morrel lui a promis et son prochain mariage, ont suscité des jaloux. Danglars, le comptable du Pharaon, voit d'un mauvais oeil la promotion dont le jeune homme a bénéficié et le cousin de Mercédès, lui, est amoureux fou de la jeune fille et se désespère de la voir en aimer un autre que lui. La haine de l'un, ajoutée à la jalousie de l'autre, vont précipiter la chute d'un homme qui, jusqu'ici, avait vécu modestement mais heureux. Le contexte historique s'y prête également : nous sommes au début de 1815...cela fait dix mois que l'Empereur, Napoléon Ier, a abdiqué à Fontainebleau et a été transféré à l'île d'Elbe. Louis XVIII, le frère cadet de Louis XVI, est monté sur le trône et la Première Restauration a suivi l'Empire...mais, comme on le sait, le séjour méditerranéen de Napoléon Bonaparte ne sera que de courte durée puisque, dès le mois de mars, grâce à un complot ourdi de façon on ne peut plus discrète et aux différents appuis qu'il conserve en France, l'Empereur va réussir à s'évader, débarquer à Golfe Juan et entamer ensuite une marche triomphale vers Paris, où il sera accueilli en héros tandis que les populations des provinces traversées l'ont acclamé avec ferveur. Quoi de mieux, donc, en cette période trouble et agitée, alors que l'on parle de complots, d'évasion, rumeurs auxquelles personne ne croit vraiment mais qui font tout de même peur, qu'une dénonciation anonyme, qui ferait de Dantès, un agent bonapartiste, dépêché à Paris avec un courrier secret ? Dès lors, la machine infernale se met en marche. Arrêté le jour de ses noces, Dantès est conduit au château d'If, au large de Marseille, forteresse du XVIème siècle, qui servit d'abord de forteresse de protection de la rade de Marseille puis de prison. Dantès, sur dénonciation calomnieuse, restera enfermé pendant quatorze ans entre ces murs imprenables. Les Cent-Jours se terminent avec le désastre de Waterloo ; Napoléon quitte l'Europe pour n'y plus revenir et mourra en 1821 à Sainte-Hélène. Dès lors, tout espoir de libération est perdu pour le prétendu agent bonapartiste, devenu un ennemi national sous la Restauration...Durant sa captivité, Dantès sera sauvé de son désespoir par un autre prisonnier, arrivé lui en 1811 : un prélat italien du nom de Faria, considéré comme fou par ses geôliers mais en fait possesseur du plus important des trésors : l'érudition, puisque c'est lui qui initiera Dantès à l'Histoire, à l'algèbre, aux langues, que le comte parlera ensuite avec brio. En parlant de trésors, l'abbé a aussi entre les mains un autre magot, bien plus palpable celui-là, bien plus concret, puisqu'il s'agit en fait l'héritage d'un cardinal de l'époque des Borgia, qui, avant d'être assassiné par le pape et son terrible fils, César Borgia, a dissimulé pièces d'or et gemmes dans la petite île isolée de Monte-Cristo, entre la Corse et l'île d'Elbe. Faria mourra avant d'être libéré ; dès lors, devenu son héritier, Dantès, qui parvient, au prix d'une évasion rocambolesque, à s'échapper de sa prison, n'aura de cesse de rechercher ce trésor qui, avant de lui assurer la richesse peut surtout lui permettre d'accomplir la grande oeuvre de sa vie : la vengeance. Car l'ancien prisonnier, grâce à l'aide de son compagnon, l'abbé Faria, a fini par comprendre que sa dénonciation était calomnieuse et surtout, fondée non pas sur des faits tangibles mais sur des haines et des ressentiments personnels, devenus des preuves dans une époque d'une grande tension politique.
    Celui qui est devenu le comte Monte-Cristo va alors patiemment poursuivre tous ceux qui ont permis que sa vie soit devenue un enfer : Villefort, le procureur du roi qui l'a fait condamner, Fernand Mondego, le cousin de Mercédès, qui avait envoyé la lettre, Danglars, qui l'avait rédigée, vont tomber les uns après les autres entre les mains du comte, qui va tout faire pour les briser, afin de racheter la mort de son père et la perte de Mercédès, volée par le fourbe cousin, qui n'aura de cesse de lui faire croire à la mort de Dantès. Mercédès, vingt-quatre ans après la disparition de son fiancée, sera d'ailleurs la seule à le reconnaître sous les traits du mystérieux comte italien.
    Dumas nous livre ici un roman dense et foisonnant -comme beaucoup de ses confrères du XIXème, Le Comte de Monte-Cristo fut à l'origine un roman feuilleton publié dans un journal, ce qui explique cette densité exceptionnelle-, avec quelques longueurs parfois il est vrai, mais que la qualité de l'intrigue et le style de l'auteur compensent cependant. L'histoire est en effet intéressante, innovante par rapport aux autres intrigues sorties de l'imagination de Dumas, mais différente aussi de toutes les autres productions contemporaines. On est loin du naturalisme qui caractérisera la littérature française de la fin du siècle, mais on est loin aussi des univers de Hugo, Balzac, Sue, qui écrivent au même moment. Au même titre que ces auteurs, Dumas est un grand écrivain aux talents multiples et qui mérite d'être aussi connu par une oeuvre comme celle-ci que par celles, plus historiques, qui tendraient à personnifier son oeuvre toute entière. D'autant plus que Dumas ne peut s'empêcher, en amoureux de l'Histoire qu'il est -ce qui ne l'empêche pas cependant de prendre parfois des libertés extraordinaires avec les faits et la chronologie !-, de nous faire malgré tout voyager dans différentes époques : il opte en effet pour un contexte historique riche, dont il fut certes le contemporain mais dont il avait certainement pris la mesure : les Cent-Jours puis la chute irrémédiable de Napoléon, le retour des Bourbons sur le trône ; la prison de Dantès est une vieille forteresse de trois cents ans, entre les murs de laquelle persistent des pans entiers d'histoires et d'Histoire ; à Rome, il nous conduit dans les ruines de la capitale des Césars, dans les catacombes des premiers chrétiens et les récits de l'abbé Faria fleuraient bon la cantarelle, le fameux poison de la famille Borgia...
    Cependant, Le Comte de Monte-Cristo n'est pas un roman historique - la forte part de merveilleux teinté d'orientalisme le rapproche également des Mille et Une Nuits et ferait presque de ce roman un conte philosophique - et c'est aussi pour cette raison qu'il est intéressant ; on connaissait le talent de conteur de Dumas, sa propension à réinventer les faits au besoin, son énorme facilité à passer d'un siècle à l'autre et d'une civilisation à une autre. Ici, l'auteur, par le biais de ses différents personnages, se penche sur un sujet qui n'en est pas moins complexe : les différents mécanismes et les rouages intrinsèques de l'humanité. Vaste programme que d'écrire un roman sur la jalousie, l'envie, la haine, l'orgueil, la vengeance mais aussi, l'amour, l'amitié, la bienveillance, qui peuvent caractériser l'essence complexe des êtres humains. On peut dire que Le Comte de Monte-Cristo est un roman peut-être un peu plus intime, dans lequel l'auteur, délaissant les grands récits, se recentre plutôt sur une description fine et pertinente de l'Homme, bien que parfois un peu manichéenne, le comte se dressant en ange vengeur et légitime, face à des hommes coupables à ses yeux et par là-même, flétris et indignes. 
    Ce roman se lit avec un tel plaisir que les quelques 1500 pages qu'il comporte se tournent avec une aisance folle ! ! On ne le voit pas passer, vraiment. Peu de descriptions, en général appréciées des auteurs classiques, et qui pourraient alourdir le récit ; au contraire, celui-ci rebondit d'une intrigue à une autre et son abondance de personnages permet aussi de ne jamais ressentir de monotonie bien au contraire.
    Ce roman m'attendait depuis longtemps dans ma bibliothèque et je ne suis vraiment pas déçue de l'en avoir sorti ! Au contraire, j'ai découvert un roman superbe et que j'ai trouvé extrêmement plaisant à lire.

    En Bref :

    Les + : une intrigue originale et innovante, un roman savamment maîtrisé et mené avec brio.
    Les - :
    beaucoup de coquilles dans le tome II, c'est dommage.


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 26 Février 2016 à 14:11

    ce livre reste pour moi un incontournable!!

      • Vendredi 26 Février 2016 à 16:54

        Exactement ! ! 

        Du coup je suis contente de m'être décidée à le lire enfin parce que c'est vraiment un incontournable des classiques français ! ! Et surtout j'ai adoré donc c'est parfait ! ! cool

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    2
    Dimanche 13 Mars 2016 à 20:35

    Un classique que je lirai mais d'abord je veux finir la saga des Trois mousquetaires.

      • Dimanche 13 Mars 2016 à 21:32

        Honte à moi, je ne l'ai toujours pas terminée ! ! wink2

        En fait je n'ai lu que Les Trois Mousquetaires et ça va faire trois ans cette année que je l'ai lu et que j'ai laissé la saga en suspens, du coup ! ! Il va peut-être falloir que je remédie à cette grosse erreur ! 

        Quant au Comte de Monte Cristo, il traînait (si je puis dire) dans ma PAL depuis bien longtemps...2012 je crois ! Ca commence à faire...alors je me suis dit que c'était l'occasion de l'en sortir enfin ! J'avais envie d'un classique celui-là m'attirait bien...je pensais mettre du temps à le lire et au final pas du tout, j'ai vraiment vraiment aimé ! ! 

    3
    Jeudi 9 Juin 2016 à 17:17

    J'aime tellement cet écrivain ! Cependant, je n'ai pas encore lu ces deux pavés. J'attends d'avoir du temps devant moi pour le faire mais... ce n'est pas l'envie qui me manque !

      • Jeudi 9 Juin 2016 à 20:02

        Ah oui, je te confirme, il faut avoir du temps pour s'y lancer, c'est bien pour ça que j'ai fait ça cet hiver quand je ne travaillais pas ! cool Honnêtement, je ne me verrais pas entamer ce genre de romans en pleine saison quand j'ai des touristes partout et des heures vraiment bizarres ! Il faut prendre le temps de découvrir cette lecture, je crois ! 

         

        Tu feras attention, par contre, si tu as la même édition que moi, car dans le deuxième tome, il me manquait une trentaine de pages... erf Heureusement que Le Comte de Monte-Cristo est dans le domaine public et qu'il est facile à trouver gratuitement sur internet (ne serait-ce que sur Wikisource sarcastic ) parce que j'aurais été bien embêtée sinon...

    4
    Mercredi 14 Décembre 2016 à 14:54

    Je les ai dans ma bibliothèque, j'attend le bon moment pour les lires. 

      • Mercredi 14 Décembre 2016 à 18:14

        J'ai attendu aussi et je ne regrette pas ! ! Les classiques sont des lectures qui se savourent et il ne faut pas se précipiter, il faut les lire quand on en a vraiment envie ! ! happy En tous cas, je ne peux que te conseiller Le Comte de Monte-Cristo ! Je ne sais pas si tu connais déjà l'univers de Dumas ? Pour ma part, j'avais déjà lu certains de ses romans, dont le fameux Les Trois Mousquetaires ! J'ai été surprise par ce roman, qui diffère beaucoup des romans historiques auxquels Dumas nous a habitués mais j'ai pensé un super moment ! J'espère que Le Comte de Monte-Cristo te plaira ! 

         

        Et merci pour ton passage par ici ! ! 

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