• Les Aventures d'Olivier Hauteville, tome 4, Récits Cruels et Sanglants durant la Guerre des Trois Henri ; Jean d'Aillon

    « La recherche de la vérité est chose douloureuse et notre monde est cruel. »

    Récits Cruels et Sanglants durant la Guerre des Trois Henri ; Jean d'Aillon

    Publié en 2011

    Editions J'ai Lu

    472 pages

    Quatrième tome de la saga Les Aventures d'Olivier Hauteville 

    Résumé : 

    Durant la guerre civile entre Henri III, Henri de Guise et Henri de Navarre, le prévôt Nicolas Poulain et son ami Olivier Hauteville enquêtent : une jeune femme rencontrée à la foire Saint-Laurent porte une médaille d'exorcisme identique à celle trouvée sur un cadavre, des faux-monnayeurs sévissent à Paris, et un mystérieux loup-garou hante les montagnes du Béarn, s'attaquant aux pèlerins de Compostelle...

    Autant d'énigmes portées par la plume aiguisée de Jean d'Aillon, qui ranime l'époque cruelle et sanglante des Guerres de Religion. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Quel plaisir de retrouver Nicolas Poulain et son ami Olivier Hauteville pour de nouvelles aventures !
    Pendant les guerres de Religion qui ravagent la France, Nicolas Poulain, lieutenant général du prévôt d’Île-de-France et son ami Olivier Hauteville, qui participe à la bataille de Coutras et se voit adoubé par Henri de Navarre -alors qu'il est lui-même catholique convaincu... c'est vraiment ca qui est intéressant chez Jean d'Aillon ! Il nous trouve toujours des histoires qui sortent de l'ordinaire mais qui fonctionnent-, se voient entraînés dans tout un tas de péripéties plus ou moins aventureuses voire criminelles. Il faut dire que le contexte s'y prête : en temps de guerre civile, vols, rapines en tous genres, viols, meurtres se multiplient et reste parfois, malheureusement, impunis. Nicolas Poulain, magistrat zélé, va pourtant s'attacher, même en cette période troublée, à faire justice, sans tenir compte des camps et des idées de chacun et il est aidé en cela par l'intègre Olivier de Hauteville qui a vu l'un de ses proches assassiné par la Ligue, pour d'obscures raisons politiques, à la veille de la Saint-Barthélemy.
    On pourrait penser que, logiquement, Récits cruels et sanglants durant la Guerre des Trois Henri est le quatrième tome des Aventures d'Olivier Hauteville démarrée avec la trilogie La Guerre des Trois Henri. Les sagas à rallonge sont monnaie courante chez Jean d'Aillon il n'y a qu'à voir sa saga médiévale des Aventures de Guilhem d'Ussel ou ses Enquêtes de Louis Fronsac qui composent toutes de nombreux tomes !
    Mais en cours de lecture on comprend en fait que cet opus n'est pas le successeur, à proprement parler, de La Guerre des Trois Henri mais plutôt un complément. Les trois nouvelles qui composent ce tome viennent en effet s'intercaler dans les différentes intrigues de la trilogie. J'ai trouvé l'idée pour le moins originale et innovante et même si ma lecture de La Guerre des Trois Henri remonte un peu maintenant j'ai aimé retrouver les personnages principaux et l'ambiance particulière de cette saga qui, je m'en souviens, m'avait beaucoup emballée !
    Ces récits cruels et sanglants sont au nombre de trois et se déroulent sur une période allant de 1584 à 1587. Ils ont pour cadre Paris et sa région, la Champagne ou bien encore le Béarn. Dans la première nouvelle, Le Capucin exorciste, nous suivons les pérégrinations d'un moine en association avec des drapiers escrocs, qui manipule ses victimes en les faisant tomber en une transe proche de la possession démoniaque. Pourquoi et pour quelles raisons cet homme de Dieu joue-t-il des peurs ancestrales de la population ? La jeune Louise, tisserande rémoise dont la famille a été volée par les drapiers, sera l'une des victimes du moine mais parviendra à faire la lumière sur ses agissements...
    Dans Le faux-monnayeur bouilli tout vif c'est un vaste réseau de fausse monnaie qui est démantelé au début de l'année 1587 alors que ce crime est alors sévèrement puni. Et il se pourrait bien que cette affaire concerne des magistrats royaux voire des membres de la Ligue... et si cette entreprise n'avait finalement rien à voir avec la fausse monnaie et n'était destinée qu'à maquiller une autre affaire ? Nicolas Poulain, revenu de son voyage en compagnie de la reine-mère, enquête.
    Enfin, dans Mourir sur les chemins de Compostelle, nous retrouvons Olivier Hauteville, fraîchement adoubé et heureux détenteur d'un fief non loin de Saint-Jean-Pied-de-Port, dont il va prendre possession lorsqu'il croise la route d'une colonne de pèlerins arrivés de Normandie, en partance pour la Galice, mais qui semblent connaître bien des déconvenues depuis leur départ et ne sont, visiblement, pas au bout de leurs peines. Cette dernière enquête, la plus longue, qui nous fait voyager dans le Béarn protestant de Henri de Navarre est d'ailleurs celle qui m'a le plus emballée, je l'ai vraiment beaucoup aimée, elle est plus détaillée que les deux précédentes et on tombe des nues quand la vérité apparaît enfin.
    En mélangeant savamment, comme il le fait toujours, réalité et fiction, textes d'époque et enquête policière, personnages historiques ou imaginaires -voire un savant mélange des deux-, Jean d'Aillon nous fait immédiatement voyager dans le temps et nous fait revenirà cette période difficile de la fin du règne d'Henri III, de plus en plus isolé et décrié. Monsieur, le duc d'Anjou, son frère, est mort en 1584. Héritier de la couronne car le mariage du roi avec Louise de Vaudémont est resté stérile, sans postérité lui-même, le duc d'Anjou a emporté dans la tombe les derniers espoirs des catholiques de voir un prince de leur religion monter sur le trône. Et parce que la probabilité est grande que le roi et la reine n'engendrent pas, la couronne va donc échoir, à plus ou moins long terme, au dernier cousin en ligne direct et masculine du roi Henri III, c'est-à-dire Henri de Navarre qui, en plus d'être le roitelet d'un petit état près de la frontière espagnole, est en plus un protestant convaincu. En parallèle, la famille de Guise, princes lorrains et ultra catholiques, elle aussi cousine du roi et revendiquant une filiation directe avec Charlemagne, estime avoir aussi des droits à la couronne de France et se révulse à l'idée de voir un huguenot devenir roi de France tandis que la politique de balance d'Henri III va pousser le duc de Guise et ses frères à fonder la fameuse Ligue.
    Quant à la population du royaume, pressurée d'impôts, elle doit faire face aux pillages et exactions des armées qui traversent et ravagent les territoires et à une misère grandissante.
    Le XVIème siècle, commencé en France sous les auspices favorables de la Renaissance et de la douceur de vivre qui fait suite à la Guerre de Cent Ans, se termine dans la guerre et le sang.
    Le contexte est donc très propice à des récits cruels et sanglants et ceux-ci fonctionnent d'ailleurs très bien. J'ai apprécié le côté nouvelle, de changer de personnages, d'intrigue et de lieu par trois fois au cours de ma lecture. Les enquêtes sont bien sûr plus simples et l'auteur s'y attarde moins que d'habitude mais j'ai trouvé qu'elles tenaient la route et étaient maîtrisées. Elles sont peut-être moins haletantes mais restent intéressantes à lire, originales et toujours aussi bien documentées. C'est ça qui fait la force de l'univers de Jean D'Aillon à mon avis. Il va rechercher beaucoup d'information parfois méconnues et cela donne beaucoup d'authenticité à ses romans : je suis toujours fascinée par la précision des informations collectées par l'auteur et ses descriptions ! On dirait qu'il visite chaque lieu qu'il choisit pour situer ses intrigues ou même mieux, on dirait que Jean d'Aillon a le don de voyager dans le temps et d'aller parcourir les anciennes rues de Paris, les routes du royaume de France et de rencontrer les personnages qui vont venir émailler ses récits !
    Alors même si ses livres sont un peu inégaux au final ça passe et ils s'avèrent être très agréables à lire.
    Récit cruels et sanglants durant la Guerre des Trois Henri et finalement un roman très dynamique et que l'on prend plaisir à découvrir ! C'est en tous cas avec un grand plaisir qu'on retrouve Olivier et Nicolas même si j'aurais bien aimé les voir un peu plus ensemble.

    En Bref :

    Les + : trois enquêtes ciselées et passionnantes, situées dans un contexte travaillé et plus qu'intéressant ! 
    Les - : quelques coquilles d'impression. 

     


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