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Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 4, Montségur, 1201 ; Jean d'Aillon
Par ALittleBit dans Romans Policiers /Cosy mystery/ Enquêtes Historiques / Thrillers le 31 Janvier 2015 à 22:57« Le Graal distingue les bons et les méchants [...] Personne ne peut aspirer à sa possession à moins d'y être prédestiné par le Ciel. » Wolfram d'Eschenbach
Publié en 2012
Editions J'ai Lu
479 pages
Quatrième tome de la saga Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour
Résumé :
Le château de Saverdun fait l'objet d'une querelle entre le comte de Toulouse et le comte de Foix. Pour initier un accord, ce dernier envoie sa soeur, Esclarmonde, négocier avec Toulouse. La rencontre a lieu lors des fêtes de Pâques de l'an de grâce 1201. Durant les festivités, des événements tragiques se succèdent, entraînant Guilhem d'Ussel dans une incroyable conspiration, où des destins que tout oppose vont s'affronter.
Que cherche l'inquiétant comte Dracul, ambassadeur de Transylvanie ? Que convoitent les moines de Cîteaux dans leur chasse contre les hérétiques cathares ? Guilhem parviendra-t-il à sauver la femme qu'il aime dans cette quête éperdue du Graal ?Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :Après avoir pourchassé des seigneurs provencaux félons -Marseille, 1198-, des templiers diaboliques qui en voulaient à la vie du roi de France, sauvé des tisserands parisiens appartenant à la nouvelle foi -Paris, 1199- et subtilisé un testament qui aurait pu faire basculer à jamais l'Histoire d'Angleterre -Londres, 1200-, , voici la quatrième aventure de Guilhem d'Ussel qui, après avoir traversé la Manche, va enquêter en plein cœur du pays cathare, dans le Midi de la France, ne recherchant rien moins que...le Graal ! Eh oui, le Graal, cette coupe ou ce vase, qui aurait servi à Joseph d'Arimathie à recueillir le sang du Christ lors de la Passion, en faisant donc l'une des reliques les plus importantes de la Chrétienté mais aussi la plus mystérieuse car le Graal a tout de même une grande part de légende, popularisée notamment par la quête du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table-Ronde.
Nous sommes au début de l'année 1201 et nous retrouvons Guilhem là où on l'avait laissé à l'issue du tome 3, Londres, 1200. Revenu à Lamaguère, son fief du toulousain après son périple anglais aux côtés de Robert de Locksley, à la poursuite du testament de Richard Coeur-de-Lion, tué à Châlus en 1199, Guilhem a la surprise d'y trouver, réfugiée, dame Amicie de Villemur, son ancienne maîtresse. Entre-temps mariée à un seigneur du pays de Foix, Amiel de Beaumont, Amicie est veuve depuis quelques mois et, maltraitée par son beau-frère, une brute épaisse qui cherche à récupérer les biens de son frère mort. Amicie parvient finalement à s'échapper de son fief de Saverdun, devenu sa prison, pour aller chercher de l'aide auprès de Guilhem. Afin de faire justice, Guilhem et son amie vont à la rencontre du comte de Toulouse, dans son fief de Saint-Gilles. Là, il rencontre deux chevaliers allemands, Conrad de Tannhaüser et Wolfram d'Eschenbach -ce dernier a vraiment existé-, mais aussi un mystérieux seigneur venu de l'est, de Transylvanie plus exactement et qui répond au nom de comte Dracul, un nom bien connu de nos jours -même s'il ne s'agit pas du même, le seigneur Vlad Tepes ayant vécu près de deux siècles plus tard-, ainsi que des moines aux intentions toutes sauf pacifiques... Ces rencontres fortuites et le retour inopiné de la jeune Sanceline, une cathare sauvée à Paris deux ans plus tôt dans Paris, 1199, vont précipiter Guilhem dans une quête absolument ahurissante : celle du Graal, qui serait caché en pays toulousain, ayant fait partie, il y'a plusieurs siècles, du trésor des rois wisigoths de Toulouse, qui l'y auraient caché avant d'être défaits par Clovis et de quitter la Gaule pour l'Hispanie...Et, alors que le gros du trésor aurait été dissimulé dans les monts d'Alaric, près de Carcassonne, le Graal, lui, qui serait en fait une pierre précieuse, aurait été dissimulé quelque part en pays de Foix et peut-être, non loin du pog de Montségur, lieu propice aux légendes depuis bien longtemps et qui sera un très haut lieu de catharisme. Mais, bien sûr, cette quête ne sera pas de tout repos et, entre les félons de Saverdun et les terrifiants transylvaniens qui ont la sale manie d'empaler tout ceux qui les contrarient, Guilhem et ses compagnons vont donc, au péril de leur vie, gagner Montségur pour essayer de doubler leurs adversaires et de mettre les premiers la main sur cette fameuse pierre sacrée qui, aurait en plus de cela, un lien particulier avec les origines du catharisme dans le Midi...Dispute entre saint Dominique et des Albigeois et ordalie par le feu, par Pedro Berruguete (XIVème siècle)
Voilà, en gros, les bases de ce tome 4 des Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, le fin limier médiéval inventé par Jean d'Aillon. Un peu plus versé dans le légendaire et le merveilleux que les trois précédents -mais il est vrai que le Graal et le catharisme, au centre du récit, appellent les légendes-, ce roman-là n'en est pas moins tout à fait intéressant car c'est un beau portrait de ce pays d'oc, ce Midi, à l'identité déjà si affirmée et qui se construisit autour du catharisme. Intimement. Guilhem et ses compagnons traversent ainsi les terres marquées depuis le XIIème siècle par cette nouvelle religion manichéenne, qui prit tellement le pas sur l'Eglise en place qu'elle lui fit peur, au point que le pape décida, quelques années plus tard, de lancer une croisade dans le Sud, pour ramener cathares mais aussi seigneurs complaisants à la raison et au dogme catholique, sévèrement mis à mal par le catharisme, qui trouvait de plus en plus d'adeptes au fil des années -un peu comme le protestantisme, finalement, au XVIème siècle même si le contexte n'est évidemment pas similaire du tout.
Encore une fois, j'ai passé un très très bon moment de lecture. Le style de Jean d'Aillon n'est pas exceptionnel ni spectaculaire -en tous moins que dans La Guerre des Trois-Henri, une trilogie un peu plus...ciselée, si je puis dire-, mais qu'importe, il n'en reste pas moins efficace. Les rebondissements sont là, l'enquête est bien maîtrisée, du début jusqu'à la fin, de manière à tenir le lecteur en haleine et, même s'il y'a beaucoup de longueurs au début de ce tome-là, l'intrigue mettant plus de temps à se mettre en place, finalement, on ne les ressent plus du tout une fois qu'on est pris dans le récit et on finit même par se dire que ces longueurs étaient, au fond, complètement nécessaires et permettaient en quelque sorte de poser l'intrigue et l'ambiance du roman. Un regret : ne pas avoir vu, dans ce tome-là, Robert de Locksley, le fameux archer saxon ami de Guilhem et son épouse Anna-Maria ainsi que certains autres que l'on suivait depuis plusieurs tomes comme Bartolomeo, écuyer de Guilhem et frère d'Anna-Maria -mais on les retrouve tous les deux dans le cinquième tome, tant mieux.
Bref, entre enquête policière et ésotérique et légendes venues de la nuit des temps, ce quatrième tome des Aventures de Guilhem d'Ussel se maintient et soutient la critique face aux autres. En deux mots, il est à la hauteur des premiers tomes et j'espère que les autres le seront également. En tous cas, malgré quelques petits défauts récurrents, eh bien je trouve que cette saga médiévale est efficace, valable, elle tient vraiment la route et mérite d'être lue. D'autres tomes de ces aventures seraient d'ailleurs les bienvenus, à bon entendeur...Le pog de Montségur en Ariège
En Bref :
Les + : une enquête intéressante, palpitante et bien menée ; c'est également un plaisir de retrouver les personnages qu'on côtoie depuis un petit moment déjà.
Les - : quelques longueurs au début mais qui s'avèrent finalement plutôt nécessaire -c'est donc un petit, tout petit point négatif.
Tags : Roman, Histoire, Moyen Âge, Policier, Aventures, Littérature française, France
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