• Adelia Aguilar, tome 4, La prière de l'assassin ; Ariana Franklin

    « Enfin, s'il n'était pas celui de Dieu, ce visage appartenait à l'Homme dans ce qu'il a de meilleur. Avec de minuscules fragments colorés, un Byzantin génial avait capturé la force, l'amour et la tendresse pour donner vie au Pantocrator qu'il vénérait, et qu'il avait raison de vénérer, car il était le souverain suprême dont la compassion sans distinction de race ou de foi s'étendait à l'homme, la femme et l'enfant. »

     

     

     Publié en 2010 en Angleterre 

     En 2018 en France (pour la présente édition)

     Titre original : A Murderous Procession / The   Assassin's Prayer

     Éditions 10/18 (collection Grands Détectives)

     432 pages 

     Quatrième tome de la saga Adelia Aguilar

     

     

     

    Résumé :

    A dix ans, la princesse Jeanne, fille d'Henri II d'Angleterre, est envoyée en Sicile afin d'y épouser le roi. Adelia Aguilar, la seule médecin en laquelle Henri II ait confiance, accompagne la princesse dans son voyage jusqu'à Palerme. C'est ainsi qu'Adelia fait voile vers le sud de l'Italie aux côtés de la fastueuse procession de nobles, musiciens, serviteurs et femmes de chambre. Mais quand les membres de la délégation commencent à mourir dans des circonstances suspects, des accusations de sorcellerie s'élèvent à l'encontre de la brillante femme médecin. 
    Pendant ce temps, l'un des voyageurs, dissimulé sous un déguisement ingénieux et animé d'un redoutable désir de vengeance, observe attentivement Adelia. S'il la veut morte, il préférerait d'abord la voir souffrir. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1178, en Angleterre. Un grand départ se prépare : celui de la fille du roi, la petite Jeanne, âgée de dix ans, qui doit aller jusqu'en Sicile épouser le roi Guillaume. Dans l'immense cortège qui doit rallier le port de Saint-Gilles sur la Méditerranée, en passant par les terres continentales des Plantagenêts (Normandie, Anjou, Poitou, Aquitaine), se trouvent Adelia, médecin et enquêtrice du roi et son acolyte Mansur. Pour eux, ce voyage est un retour aux sources puisque c'est de la lointaine île méditerranéenne qu'ils viennent tous deux. Mansur est un Maure de Sicile tandis qu'Adelia, recueillie bébé sur les pentes du Vésuve, a été élevée par deux médecins de l'école de Salerne, avant d'y étudier elle-même. En Angleterre, elle est devenue la condifente des morts, une sorte de médecin légiste qui détecte sur les cadavres les causes de la mort. Mais ce voyage est aussi un déchirement pour Adelia, qui doit laisser en Angleterre sa fille, la petite Allie, âgée de six ans, qui reste aux bons soins de sa nourrice Gyltha et de la reine Aliénor, toujours gardée à vue à Sarum, après la révolte de ses fils, à laquelle elle a pris une part importante.
    A la fin de l'été, l'immense convoi s'ébranle, afin de traverser la France vers la Méditerranée et la lointaine Sicile, où Adelia espère bien sûr retrouver ses parents adoptifs, Gershom et Lucia : tous deux symbolisent bien cette Sicile médiévale tolérante puisque l'un est juif et l'autre catholique. Surtout, les parents d'Adelia vivent ensemble sans être mariés et sa mère enseigne la médecine à l'université de Salerne, au même titre que son mari.
    Mais en attendant de retrouver la terre de son enfance, Adelia va connaître bien des aventures. Sur le port de Southampton, elle est avertie de la présence inquiétante dans le cortège royal d'un individu qui lui en voudrait à mort. En effet, quelques mois plus tôt, Adelia, dans une sombre forêt près de Glastonbury a, pour protéger sa vie et celle de ses compagnons, occis un brigand qui se faisait appeler Le Loup...et l'un de ses compagnons a juré de venger sa mort...mais pour Adelia, cela est impossible : le roi Henri II n'a-t-il pas ordonné à l'un de ses capitaines de nettoyer la forêt de ses malandrins ? C'est donc sans y croire que la médecin du roi d'Angleterre embarque pour le continent. Mais, bientôt, des faits étranges surviennent, ajoutant à la méfiance qu'Adelia et Mansur suscitent dans l'entourage de la petite princesse. Des morts étranges semblent jalonner leur sillage et le mot de sorcellerie commence à être prononcé. Loin d'Angleterre, la protection et la confiance dont Adelia jouit auprès du couple royal ne compte plus. Et son ennemi est bien présent, tapi dans l'ombre. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour se débarrasser d'Adelia...
    Dans le même temps, l'ancienne étudiante de l'école de Salerne, des terres occitanes jusqu'en Sicile, découvre avec effarement les changements d'un monde à son apogée, qui a connu son âge d'or mais commence, aussi, à replonger dans l'obscurité : dans les terres toulousaines et languedociennes, le clergé combat l'hérésie cathare qui se diffuse de plus en plus tandis que la Sicile cosmopolite de l'enfance d'Adelia n'est plus qu'un vieux souvenir. Et, si les habitants chrétiens, musulmans ou juifs continuent à vivre en relative bonne intelligence, les femmes ne peuvent déjà plus étudier la médecine comme Adelia en avait eu la possibilité quelques années plus tôt et le roi normand Guillaume d'Hauteville, contrairement à ses ancêtres qui protégeaient tous les Siciliens quelle que soit leur origine, commence à favoriser de manière visible les chrétiens, au détriment des Maures et des Juifs...
    Mais bientôt, Adelia a bien d'autres chats à fouetter : car dans la fourmilière de Palerme, tandis que se préparent les festivités du mariage de la petite Jeanne avec le roi Guillaume, Scarry, son ennemi irréductible, l'a retrouvée...et il est bien déterminé à ne pas la laisser échapper.
    La prière de l'assassin est que le quatrième tome de la saga Adelia Aguilar. Découverte dans La confidente des morts, Adelia est un personnage assez étrange, un peu anachronique aussi : si l'université de Salerne formait effectivement au XIIe siècle des femmes à la médecine, ce qui n'était pas le cas dans les universités plus au nord de l'Europe, la notion de médecine légale n'existe évidemment pas à l'époque. C'est bien plus tard, au XIXe siècle, que se développera une réelle police scientifique, qui utilisera notamment la médecine légale dans ses enquêtes. Mais cette entorse assumée n'a pas été pour me déplaire, au contraire, puisque cela fonctionne parfaitement bien.
    Comme l'a souligné un autre lecteur, avec Ariana Franklin, il ne faut pas s'attendre à des romans vraiment fiables historiquement. L'autrice pas mal de petites libertés, mais cela n'est pas gênant, d'autant plus que ses parti-pris sont expliqués en fin d'ouvrage.
    Ici, plus qu'une véritable enquête policière, nous sommes plutôt dans un roman d'aventures, une sorte de « road-trip » médiéval au cours duquel vont arriver divers événements, mais Adelia ici n'enquête pas à proprement parler. Pour autant, j'ai trouvé La prière de l'assassin très agréable à lire, peut-être parce que nous voyageons un peu plus que dans les tomes précédents, plus statiques. Ici, l'intrigue commence en Angleterre pour se terminer sous le soleil palermitain et c'était très agréable de sillonner les territoires de l'Europe de l'ouest de l'Europe du Sud, si différentes l'une de l'autre, en ce XIIe siècle.
    Le mariage de la petite princesse Plantagenêt en Sicile est une réalité, mais Ariana Franklin s'est accordé de le décaler de deux ans : alors que le roman se déroule en 1178-1179,, c'est en 1176 que Jeanne Plantagenêt est partie pour Palerme, où elle a épousé Guillaume d'Hauteville. Leur mariage restera stérile et, à la mort de son époux, Jeanne se remariera avec le comte de Toulouse. Elle mourra en couches en septembre 1199 avant d'être inhumée à Fontevraud.
    Je regrette presque que le roman n'ait pas été plus long car j'ai été très heureuse de retrouver l'univers de cette série atypique mais séduisante. A ce jour, aucun autre tome n'est traduit : il existe un cinquième tome publié au Royaume-Uni mais qui n'a pas été traduit en France et j'ignore si sera le cas un jour. Je me dis donc que j'ai fait mes adieux à Adelia Aguilar avec la lecture de La prière de l'assassin. Il est vrai que ce tome, notamment par la prescience assez sombre de l'avenir qui se profile, sonne bien comme un point final. Et en cela, il est plutôt efficace.
    A lire si vous aimez les romans policiers et historiques mais si vous n'êtes pas allergique aux petites libertés des romanciers - et ici, avec un plaisir visiblement non dissimulé

    En Bref :

    Les + : un roman plein d'aventures, entre l'Angleterre et la Sicile, prenant et rythmé.
    Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever, hormis une fin un peu expédiée.

     


     Adelia Aguilar, tome 4, La prière de l'assassin ; Ariana Franklin 

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

     

    • Retrouvez mes avis sur les trois premiers tomes d'Adelia Aguilar

    La confidente des morts 

    La morte dans le labyrinthe

    Le secret des tombes 


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