• Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 3, La Conjuration des Importants ; Jean d'Aillon

    « Il me faut donc des preuves. Trouvez-les, Fronsac ! Trouvez-les. Vous seul le pouvez. »

    Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 3, La Conjuration des Importants ; Jean d'Aillon

    Publié en 2005

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    405 pages

    Troisième tome de la saga Les Enquêtes de Louis Fronsac

    Résumé :

    Paris, décembre 1642, le commissaire de police du quartier de Saint-Avoye a été assassiné dans une pièce entièrement close. Louis Fronsac, jeune notaire audacieux, mène l'enquête avec son ami de toujours, Gaston de Tilly, que l'on vient de nommer commissaire à Saint-Germain-l'Auxerrois. Au même moment, autour de la duchesse de Rambouillet, de Marie de Robutin-Chantal et du prince de Marcillac, s'agitent les Importants. Cherchent-ils simplement à influencer la régente Anne d'Autriche, et sont-ils responsables de la mort du roi ? Alors que Louis Fronsac recherche autant la vérité que l'aide du jeune duc d'Enghien qui tente d'arrêter les troupes espagnoles, le duc de Beaufort et sa maîtresse, Mme de Montbazon, trament leur criminelle conspiration. Et si la cabale des Importants n'était qu'une intrigue de façade pour tenter d'assassiner le Sicilien Mazarini ?

    Récits d'aventures et énigmes criminelles au cœur du Paris du XVIIe siècle. Un jeune notaire audacieux se retrouve emporté dans le vent de l'histoire. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Le 8 décembre 1642, Richelieu rend son âme à Dieu -ou au Diable, c'est selon. Tout le monde pense -et espère-, que s'ouvre alors une nouvelle ère pour Louis XIII, comme cela était déjà arrivé après l'assassinat de Concini en 1617. Débarrassé de son inusable mais aussi indispensable ministre, la politique royale va-t-elle enfin changer, se demande-t-on ?
    Mais Louis XIII est malade lui aussi. Très malade et, à près de quarante-deux ans, le roi est usé, miné par une tuberculose intestinale qui va d'ailleurs l'emporter au mois de mai 1643, cinq mois après la mort du cardinal. Son fils aîné, le petit Dauphin Louis monte alors sur le trône à cinq ans, sous le nom de Louis XIV et va, mais ça, il ne le sait pas encore, ouvrir une nouvelle -mais aussi grandiose- période.
    C'est donc dans ce contexte plutôt troublé de fin de règne que nous retrouvons notre notaire du Grand-Siècle, Louis Fronsac, rencontré deux tomes plus tôt alors qu'il n'était encore qu'un jeune garçon pensionnaire à Clermont. Depuis, Louis est devenu un homme et, si son ami Gaston de Tilly est aujourd'hui policier, lui a opté pour la voie familiale, en devenant notaire comme son père. Mais Louis a aussi en charge des affaires extraordinaires, qui lui sont confiées par le Châtelet et ont donc permis à l'étude paternelle de devenir l'une des plus renommées de la capitale.
    Cette fois, c'est une enquête plutôt délicate qu'on lui demande de déjouer : en effet, un commissaire de police a été assassiné chez lui, dans une pièce totalement close. Tout laisse à penser qu'il a été tué par balle, seulement les enquêteurs, après avoir pourtant passé la pièce au peigne fin, ne retrouvent aucun projectile. Gaston de Tilly, le meilleur ami de Louis, lui demande alors son aide. Les deux jeunes hommes partent alors sur la piste plutôt évidente d'un meurtre commis dans le but de faire taire définitivement le commissaire, qui pouvait enquêter sur des affaires délicates mais ils se rendent rapidement compte, et Louis le premier, que cet assassinat pourrait peut-être avoir des ramifications politiques bien plus profondes qu'ils n'auraient pu le penser au premier abord. Ils vont alors plonger dans le cœur trouble des affaires secrètes de la royauté entre complots, cabales, conspirations, jalousies et course au pouvoir, rendus propices par la mort brutale du roi et l'accession au trône d'un enfant mineur soumis à la régence d'une mère espagnole et d'un ministre italien. Justement, autour de la duchesse de Chevreuse et du « roi des Halles », Beaufort, petit-fils bâtard d'Henri IV, se trame une conjuration qui prendra bientôt le nom de « conjuration des Importants » et vise tout simplement à s'emparer, pour ses partisans, du pouvoir, au détriment de Mazarin, considéré à juste titre comme un étranger mais surtout, comme une créature de Richelieu. 
    Ce troisième tome des aventures de Louis Fronsac, dans lequel il va encore frôler la mort mais aussi fréquenter la haute et ses intrigues les plus noires, n'est pas, du moins dans le côté policier, sans nous rappeler les aventures de notre cher Nicolas, commissaire de police au Châtelet cent-cinquante ans plus tard ! Bien sûr, le contexte n'est absolument pas le même, même si l'un découle évidemment de l'autre et le personnage de Louis est peut-être un peu moins charismatique que celui sorti de l'imaginaire de Jean-François Parot, mais on retrouve quelques points communs entre ces deux sagas, notamment dans l'intérêt rapide que les personnages suscitent chez le lecteur. On s'attache en effet rapidement à Louis, un personnage intéressant, à la psychologie peu complexe mais bien travaillée. Issu d'un milieu plutôt bourgeois et fréquentant des cercles fermés comme ceux de la marquise de Rambouillet, par exemple, il n'en est pas moins conscient de la misère de ses contemporains et de la grandeur parfois insolente de ces nobles qui se pavanent dans les entours de la reine et du jeune roi et peuvent se montrer soudain très très dangereux si l'on en vient à menacer leurs intérêts et prérogatives.
    Ce roman, comme les deux premiers, est aussi un beau portrait de ce Paris du XVIIème siècle, sous la régence d'Anne d'Autriche. Une ville encore très populeuse, sordide parfois, mais qui abrite cependant les lieux sublimes du pouvoir. Quelques petites erreurs historiques m'ont toutefois un peu gênée et auraient pu être évitées, à mon avis : non, le duc de Chevreuse -mari de la sulfureuse et tout aussi vénéneuse Marie de Rohan- n'était pas le beau-frère du duc de Guise mais tout simplement son oncle. Cependant, dans l'ensemble, c'est un contexte historique plutôt bien restitué que nous propose Jean d'Aillon, avec la description plutôt bien détaillée des différents modes de vie des Parisiens, qu'ils soient nobles, bourgeois, petits bourgeois, journaliers ou hommes de peine.
    Au-delà de ça, l'intrigue policière est aussi très intéressante, un peu plus enlevée que dans le premier tome (Les Ferrets de la Reine) mais aussi dynamique, finalement, que dans Le Mystère de la Chambre Bleue. Le récit est mené tambour battant et, malgré parfois, quelques lourdeurs de style, il se déroule plutôt bien et se lit donc, de fait, avec rythme et aisance.
    Bref, ce troisième tome ne m'a donné qu'une envie, c'est, bien sûr, de me plonger plus avant dans cette saga vraiment prometteuse ! Pour l'instant, elle est à la hauteur des Guilhem d'Ussel et de La Guerre des Trois-Henri ! !

    En Bref :

    Les + : un récit enlevé, une enquête policière intéressante, je dirais même captivante et un contexte historique bien restitué dans l'ensemble.
    Les - :
    quelques lourdeurs de style ; une erreur historique qui aurait pu être évitée.


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