• Les Francs Royaumes ; Eric Fouassier

    « Il y a bien trop d'intrigues et de trahisons, bien trop de violence et de sang dans les parages d'un trône. »

                                Couverture Par deux fois tu mourras  Couverture La fureur de Frédégonde

    Publiés en 2020 (tome 1) et 2021 (tome 2)

    Éditions du Masque (collection Poche)

    492 et 504 pages

     

    Résumé du tome 1 : Par deux fois tu mourras

    Palais de Rouen, 569. Galswinthe, la jeune épouse de Chilpéric, l'un des trois petits-fils de Clovis, meurt étouffée dans sa chambre. Quatre ans plus tard la soeur de Galswinthe, la reine Brunehilde d'Austrasie, est persuadée que toute la lumière n'a pas été faite sur cette tragique affaire. Elle charge Arsenius Pontius, un jeune lettré gallo-roman, de se rendre à Rouen pour enquêter en toute discrétion.
    Sur place, Wintrude, une ancienne princesse thuringienne devenue esclave des Francs, lui apporte des informations essentielles. Lui-même victime d'une tentative de meurtre, Arsenius apprend qu'un conflit est sur le point d'éclater entre Neustrie et Austrasie. Dès lors, Wintrude et lui n'ont plus le choix : ils doivent faire éclater la vérité avant que le jeu des trônes n'embrase toute la Gaule mérovingienne.

    Résumé du tome 2 : La fureur de Frédégonde

    Automne 575. Depuis le décès de Clovis, les royaumes francs ont plongé dans l'instabilité, divisés entre trois héritiers qui s'affrontent pour monter sur le trône. Lorsque le souverain d'Austrasie est assassiné, sa veuve Brunehilde se retrouve prisonnière en territoire ennemi, séparée de ses enfants. Elle devra user de tous les stratagèmes pour survivre à la fureur de sa rivale Frédégonde, qui ne recule devant rien pour asseoir son pouvoir et éliminer ceux qui se dressent sur son chemin.
    C'est dans ce contexte tendu que le jeune gallo-romain Arsenius Pontius est appelé à Tours par son parrain, l'évêque Grégoire, pour élucider des événements mystérieux avec l'aide de sa compagne Wintrude. Mais bientôt, les tumultes politiques rattrapent Arsenius et Wintrude, et pourraient bien les séparer à jamais.

    Ma Note : ★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au dos des deux volumes, on peut lire cet avis du magazine Public : « Entre Game of Thrones et Vikings. » Certes, cela va parler à beaucoup d’entre nous et donner une idée de l’atmosphère de cette duologie. Mais je crois pouvoir dire que c’est beaucoup plus que ça et que, quand on dit que bien souvent la réalité dépasse la fiction, c’est on-ne-peut-plus vrai en ce qui concerne cette période de la faide royale entre les VIème et VIIème siècles.
    Replaçons le contexte : nous sommes au milieu du VIème siècle, sous le règne des descendants de Clovis. Après la mort de celui-ci, unificateur du royaume franc et de son fils Clotaire Ier, les fils de ce dernier se sont partagé les territoires : à Caribert, le royaume de Paris, à Gontran, la riche Burgondie et à Sigebert et Chilpéric, le puîné, respectivement l’Austrasie, grand royaume de l’est et la Neustrie, qui correspondrait approximativement à la moitié nord de la France et l’actuelle Normandie. Alors qu’un fragile équilibre s’est instauré entre les frères, malgré les ambitions de chacun, un événement va mettre le feu aux poudres…A l’automne 569, la toute nouvelle reine de Neustrie, la jeune princesse wisigothe Galswinthe, qui a épousé Chilpéric après la répudiation de sa première épouse Audowère, est retrouvée assassinée dans sa chambre du palais de Rouen. Ce sera le point de départ de longues décennies de luttes fratricides qui se solderont par de nombreux décès et un déchaînement de violence dans l’entourage des rois mérovingiens, que les historiens ont appelé la « faide » royale, une sorte de grande vendetta familiale au milieu de laquelle émergent les figures de deux femmes, deux reines, aussi belles qu’implacables : d’un côté Frédégonde, ancienne concubine de Chilpéric que ce dernier s’est empressé d’épouser après la mort de Galswinthe, d’origine obscure voire servile – selon ses ennemis – et de l’autre, la puissante Brunehilde, épouse de Sigebert, fille du roi wisigoth Athanagild et sœur de Galswinthe, qu’elle pousse son époux à venger.
    Le contexte historique est véridique. Malgré deux ou trois petites entorses à la chronologie pour les besoins de l’intrigue, Eric Fouassier va imaginer une enquête policière mettant en scène un binôme aussi disparate qu’improbable : un jeune lettré gallo-romain venu d’Auvergne et par ailleurs filleul de l’évêque de Tours, Grégoire, Arsenius Pontius, va se trouver réuni à une esclave d’un comte neustrien, la belle Wintrude, venue de Thuringe pour enquêter sur le décès de la reine Galswinthe, qui semble tout sauf naturel. Commence alors pour Arsenius Pontius une véritable plongée dans un nid de vipères, au sein des cours d’Austrasie et de Neustrie, où un mauvais coup est toujours possible, où l’on ne peut faire confiance à personne et où même la dignité royale ne protège pas d’une mort violente. Les ambitions personnelles ne connaissent aucune limite et la fin qui justifie les moyens est un adage que beaucoup de nobles francs mettent beaucoup de zèle à appliquer à la lettre. On pourrait presque dire que les mensonges, double-jeux et faux semblants sont érigés en sport national par les descendants du grand Clovis ! Peu armé pour affronter de tels conflits, Arsenius Pontius va apprendre, s’endurcir et mettre sa formidable capacité de déduction au service d’une enquête au cours de laquelle toutes les cartes seront brouillées. Galswinthe a-t-elle bien été assassinée et si oui, par qui ? Chilpéric et Frédégonde ont-ils véritablement commandité une telle manœuvre au risque de se voir accusés de la mort de la jeune reine wisigothe ? Ou bien justement essaye-t-on de leur faire porter le chapeau ? Et si le coupable n’était pas celui que l’on croyait ?

     

    La dalle funéraire de la reine Frédégonde (545-597)    Brunehaut : une reine à la tête du royaume des Francs - Histoire et Secrets

    Représentations postérieures de la reine Frédégonde, troisième épouse de Chilpéric Ier et mère du roi Clotaire II et de Brunehilde, princesse wisigothe d'Espagne épouse de Sigebert Ier d'Austrasie


    Dans le second et dernier tome, La fureur de Frédégonde, c’est au sein même du sanctuaire de Tours qu’Arsenius, désormais marié et père de famille, doit enquêter sur des événements insolites qui ont eu lieu coup sur coup et ne manquent pas d’inquiéter son parrain, le fameux Grégoire de Tours : un étrange message en mauvais latin annonçant la disparition de la célèbre relique de saint Martin, le décès d’une moniale et la disparition plus que mystérieuse d’un moine, prieur de la basilique Saint-Martin. En parallèle, les royaumes Francs vacillent : le roi d’Austrasie Sigebert est mort, assassiné traitreusement par des partisans de la Neustrie et son royaume se retrouve entre les mains des grands nobles, alors que son fils, le petit Childebert, n’est pas encore en âge de régner et sa veuve, isolée, mais toujours – et plus que jamais – animée par son désir de vengeance contre Chilpéric et l’épouse de celui-ci.

    Les Francs Royaumes est une saga efficace et fascinante : je me souviens que lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’Histoire il y a de ça une douzaine d’années, le contexte de la faide royale a été l’un des premiers à me fasciner totalement. Peut-être parce que ces événements hors du commun s’accompagnent d’une légende noire tenace et qu’il est plaisant de démêler le vrai du faux, peut-être parce que ces âges sombres et brumeux du Haut Moyen Âge, peu documentés, sont propices aussi à l’imagination… et je crois pouvoir dire que les deux figures féminines au centre de ce contexte sanglant, viril et guerrier, ont quelque chose qui ne peut que captiver : Frédégonde et Brunehilde (parfois appelée Brunehaut) ont toutes deux existé. On ne sait pas grand-chose d’elles, hormis qu’elles furent les épouses des rois de Neustrie et d’Austrasie, les frères ennemis Chilpéric et Sigebert et firent du combat de leurs époux le leur. Sans jamais se rencontrer, les deux reines luttèrent pied à pied l’une contre l’autre pour asseoir leur pouvoir et celui de leurs héritiers, dans une époque d’une violence extrême et où, bien souvent, il ne fait pas bon être une femme – d’ailleurs, dans les siècles qui suivront, être qualifiée de « Frédégonde » ou « Brunehaut » est tout aussi insultant que d’être traitée de « Jézabel » ou « Messaline ». Ainsi, dans un pamphlet de 1789, un libelliste met en scène la reine de France Marie-Antoinette conversant avec Catherine de Médicis et Frédégonde.
    Et pourtant, ces rois et ces reines – et tous ces Grands – ne sont ni plus violents, ni plus sanglants, ni plus inhumains que leurs contemporains. Certes, c’est l’image qu’ils ont laissé à la postérité et peut-être les femmes, justement parce qu’elles sont des femmes, ont davantage souffert d’une réputation que l’on a pris plaisir à ternir et à salir tout au long des siècles.
    Appuyée sur une recherche documentaire solide, cette duologie saura ravir autant les amateurs de romans historiques purs, comme moi que les mordus de romans policiers. Et si vous aimez les deux genres, alors vous serez comblés ! Si le premier tome m’a par moments moins captivée que le second, je dois dire que j’ai quand même passé un excellent moment de lecture. J’ai découvert l’univers d’Eric Fouassier avec cette saga et je pense que je ne vais pas m’arrêter là et probablement continuer avec Le bureau des affaires occultes qui a rencontré un beau succès auprès des lecteurs ces derniers mois.

    Le meurtre de la reine Galswinthe.
Huile sur toile de Philastre fils (1846, musée municipal de Soissons).

    Le meurtre de Galswinthe par Philastre fils (1846)

    En Bref :

    Les + : un récit historique passionnant et fascinant et bien restitué, avec en plus un volet policier bien tourné. Bref, une réussite !
    Les - :
    un léger manque de rythme dans le tome un, pallié cependant par la richesse historique du récit.


    Les Francs Royaumes ; Eric Fouassier

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


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