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Lune de Tasmanie ; Tamara McKinley
« Perdre des êtres chers fait partie de la vie, mais si rien ne s'efface des récits familiaux, alors leur souvenir perdure, de génération en génération. »
Publié en 2017 en Australie
En 2020 en France (pour la présente édition)
Titre original : Spindrift
Editions de l'Archipel
374 pages
Résumé :
1905. À la mort de son mari, Christy décide, à bientôt 65 ans, de se rendre en pèlerinage sur l'île de Skye, en Écosse, terre rude où elle a passé les quinze premières années de sa vie. Avant que ses parents ne soient contraints à l'exil et s'installent en Tasmanie, au sud de l'Australie.
Accompagnée de sa fille Anne et de sa petite-fille Kathryn, Christy embarque pour un long voyage vers le passé, où de douloureux souvenirs referont surface. Un retour aux sources qui bouleversera à jamais la vie des siens...
Avec cette saga mettant en scène une femme courageuse, Tamara McKinley signe un roman dans la lignée de ses grands succès, sans doute l'un de ses plus personnels.Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
En 1905, après la mort de son mari, Christie décide de revenir sur l'île de Skye avec sa fille Ann et sa petite-fille Kathryn. Si elle a passé plus de la moitié de sa vie en Tasmanie, où elle a rencontré son mari et fondé une famille, Christie est en fait originaire de cette petite île au large de l'Ecosse, dont elle fut chassée au XIXème siècle avec les siens, trouvant refuge avec ses frères en Océanie ou, alors, tout est à faire.
Alors que les relations avec ses enfants ne sont pas au beau fixe et que l'on comprend qu'un secret brutalement révélé a détérioré la bonne entente de la famille, Christie entame ce voyage comme un pèlerinage et la vieille dame est bien décidée, aussi, à faire la paix avec les siens.
Le récit de Lune de Tasmanie se déroule de deux manières différentes et parallèles : d'un côté, il y'a la révélation du passé de Christie et de son enfance sur l'île de Skye et, de l'autre, on découvre petit à petit le secret qui a miné la cohésion de la famille et fait qu'Ann, la fille de Christie, est si dure avec elle.
Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été forcément hyper emballée par ce roman, même si j'en ai apprécié la lecture : quand il y'a un secret de famille et une trame historique, je ne peux pas ne pas trouver un minimum d'intérêt à l'intrigue. Mais, à nouveau, alors que j'avais pris plaisir à lire Une Pluie d’Étincelles et Les Fleurs du Repentir en 2018, après l'amère déception qu'avait été L'île aux Mille Couleurs l'année précédente, je n'ai pas réussi à me sentir emballée par l'écriture de l'auteure. Sans dire qu'elle ne m'a pas plu, disons qu'elle n'a pas réussi à me séduire entièrement.
Pour autant, j'ai pris plaisir à découvrir l'enfance de Christie ainsi qu'un pan assez méconnu de l'histoire britannique. A partir du XVIIIème siècle, vont avoir lieu ce que l'on appelle les Highland Clearances, autrement dit : les évacuations des hautes terres. Menées en réaction aux révoltes jacobites qui ont secoué l'Ecosse au XVIIIème siècle, elles connaissent leur apogée à la suite de la bataille de Culloden en 1746 et touchent l'île de Skye dès les années 1792, conduisant, avec la famine, à l'émigration de centaines de familles, vers l'Amérique ou encore l'Océanie, où l'Australie est alors une jeune colonie en construction, où l'on peut se fabriquer une nouvelle vie (parfois, on déporte même directement les populations, vers le Canada notamment). C'est ce qui va se passer pour Christie et ses frères : chassés des terres qu'ils cultivent par les propriétaires anglais qui n'hésitent pas à recourir à la violence pour forcer les habitants à partir, ils s'embarquent en direction de l'Australie. C'est là que Christie va rencontrer son mari, Peter, avec qui elle s'installera en Tasmanie, dans un beau domaine qu'ils ont fait fructifier au fil des années : Bellerive.
J'ai aimé aussi l'histoire un peu plus intime, privée, des personnages et notamment la relation compliquée et je dirais même chaotique qui unit Christie et sa fille Ann : celle-ci apparaît vraiment antipathique de prime abord, autoritaire et revêche, dirigeant son monde à la baguette et ne supportant pas la moindre petite contradiction. Dure avec sa mère, pour laquelle elle n'a jamais de mots assez blessants, on s'attache difficilement à elle même si on comprend que se cache derrière cette apparence dure une profonde souffrance. J'ai trouvé que Tamara McKinley décrivait assez bien l'atmosphère délétère qui peut miner une famille, à la révélation d'un secret ou parce que celui-ci est trop bien caché mais ressenti malgré tout et mine petit à petit les relations. Ici, on comprend vite que ce secret a été découvert, alors qu'il n'aurait pas dû, liguant les enfants de Christie contre elle, de manière plus forte encore depuis que son mari n'est plus là pour maintenir un semblant de cohésion. Quand le vernis d'Ann se craquelle un peu, quand elle se confie et quand on découvre le secret on la comprend un peu mieux. Petit à petit, les relations entre elle et sa mère s'améliorent, comme si ce voyage à Skye était aussi une manière d'exorciser le passé et de passer un baume salutaire sur les vieilles blessures, les non-dits et les mensonges...
Lune de Tasmanie se lit rapidement et capte l'intérêt du lecteur assez vite. Comme je l'ai dit plus haut, j'ai peiné avec le style de l'auteure, encore une fois. Cela dit, ce n'est pas une déception : le roman est bien mené et maîtrisé, j'ai aimé découvrir l'île de Skye qui, pour moi, a été une destination vraiment dépaysante. Ce fut un voyage vivifiant et en même temps assez triste quand on découvre ce qui a été réservé aux habitants de l'île, qui n'étaient pas plus considérés que des esclaves et ont été poussés à partir à force de mauvais traitements et des conditions de vie absolument lamentables et dignes du Moyen Âge en pleine période d'industrialisation. J'ai trouvé qu'aborder ce pan assez trouble de l'histoire de l'Ecosse apportait un plus indéniable au récit.
Si vous aimez Tamara McKinley, nul doute que ce roman saura vous plaire et vous dépayser.LU EN AVRIL DANS LE CADRE D'UN PARTENARIAT AVEC LES EDITIONS DE L'ARCHIPEL. MERCI MYLÈNE !
En Bref :
Les + : l'intrigue, articulée autour d'un secret de famille, le voyage vers l'Ecosse pour exorciser les vieilles douleurs...l'idée du roman n'est pas mal du tout surtout que l'auteure nous y distille quelques informations bienvenues sur l'histoire de Skye et des Highlands.
Les - : encore une fois le style de l'auteure, auquel j'ai du mal à adhérer, mais ceci n'engage que moi.
Tags : Roman, Drame, XXème siècle, Littérature australienne
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Commentaires
Voilà une auteure que je n'ai jamais lu mais qui m'intrigue plutôt à force de voir son nom ici ou là. Je pense que ce roman pourrait m'offrir du dépaysement...
Les romans de Tamara McKinley sont vraiment dépaysants : elle fait partie de ces auteures qui se sont spécialisées dans le roman dit d'évasion, comme Sarah Lark ou encore Anna Jacobs...je crois qu'elle est aussi comparée assez souvent à Colleen McCullough...il y'a du dépaysement et de la romance : si tu n'es pas allergique à cette dernière, alors pourquoi pas ?
Personnellement, je trouve que l'oeuvre de McKinley est un peu inégale et c'est dommage...en 2017, j'ai été très déçue par L'île aux Mille Couleurs...en 2018, j'ai été franchement convaincue par Une Pluie d’Étincelles, que je te conseille d'ailleurs vivement. Dans la foulée j'ai lu Les Fleurs du Repentir qui m'a plu mais pas autant qu'Une Pluie d'Etincelles...c'est un peu pareil pour Lune de Tasmanie : j'ai aimé l'histoire, son parti-pris original...j'ai lu cet après-midi sur Instagram un avis de lectrice qui disait avoir été carrément surprise du contexte historique évoqué par l'auteure et je ne peux que lui donner raison...j'ai appris ce qu'étaient les Highlands Clearance et j'ai trouvé que Tamara McKinley décrivait assez finement la manière dont un secret peut venir corroder les relations dans une famille, au point de les empoisonner complètement...malheureusement, j'ai ressenti un manque criant d'attachement pour le style de l'auteure et c'est dommage mais ça ne veut pas dire qu'il en sera de même pour toi. Je l'espère en tous cas.