• Mathilde de Westminster, tome 2, Le Combat des Reines ; Paul Doherty

    « Nos mots et nos actes sont bien les graines des semailles. Ils germent et poussent avec vigueur, tout prêts pour la moisson. »

    Mathilde de Westminster, tome 2, Le Combat des Reines ; Paul Doherty

    Publié en 2007 en Angleterre ; en 2010 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Poison Maiden

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    346 pages

    Deuxième tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Après avoir affronté tous les dangers pour permettre le mariage d'Isabelle de France et du nouveau roi Edouard II, l'intrépide Mathilde de Clairebon, première dame de la reine, se pense enfin en sécurité en Angleterre. Le répit est pourtant de courte durée : les intrigues menées depuis la France se multiplient et Peter Gaveston, le favori royal, est accusé de haute trahison par les grands barons. Retranchés au palais de Westminster, le roi et sa cour doivent faire face aux traîtres et aux espions en tout genre, mais également à une série de meurtres commis par une mystérieuse empoisonneuse. Pour démasquer celle qui sème la mort sur son passage et empêcher la guerre civile d'éclater, les talents de Mathilde, pour qui l'art des potions n'a aucun secret, seront plus que jamais nécessaires.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au printemps 1308, en Angleterre, les troubles menacent et, après la liesse du couronnement de la jeune reine, Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, on commence à gronder de plus en plus fort devant la faveur outrée dont bénéficie, auprès du roi, le gascon Pierre Gaveston et les grands barons d'Angleterre, Warwick, Pembroke, Hereford et bien d'autres montrent les dents, s'opposant de plus en plus flagrante au favori et donc, par là même, au roi. Dans le même temps, une mystérieuse Empoisonneuse, signalée en Angleterre comme en France sème le doute et l'inquiétude à la cour.
    C'est dans ce contexte-là que Mathilde de Westminster, la fameuse dame d'honneur de la reine Isabelle et, à ses heures médecin et enquêtrice, s'éveille à ses premiers émois amoureux tout en devant garder un œil vigilant sur sa maîtresse, que l'omnipotence de Gaveston menace et compromet.
    Ce deuxième tome, Le Combat des Reines, est une sorte de huis clos entre les murs de Westminster, où se nouent et se dénouent les amitiés et les alliances. D'un côté, Edouard II et son favori, qui profite outrageusement de sa position, de l'autre, les grands barons avec, pour seul lien entre les deux parties, la reine douairière, la propre tante d'Isabelle, Marguerite, seconde épouse d'Edouard Ier, confite en dévotion mais qui cache peut-être bien son jeu.
    Malgré l'ambiance et le malaise qui croît à mesure que le livre s'avance vers son dénouement, je n'ai pas forcément réussi à entrer dans l'histoire. Attention, je n'ai pas détesté, bien au contraire, mais je n'ai pas retrouvé les codes qui font d'habitude que les romans policiers sont si captivants. L'enquête proprement dite est en effet si mêlée au contexte historique qu'elle en disparaît presque. Il faut dire que, Paul Doherty étant professeur d'histoire médiévale, c'est avec beaucoup de minutie qu'il nous restitue un contexte historique pour le moins chargé mais tellement intéressant ! Le début du XIVème siècle est une période de grands bouleversements, tant en Angleterre qu'en France : outre-Manche, le roi doit faire face à une crise de légitimité, après avoir succédé à des figures charismatiques, ses père et grand-père, Edouard Ier et Henry III, tandis qu'en France, après l'anéantissement de l'Ordre du Temple, c'est vers la fin de la dynastie capétienne directe que le royaume s'achemine doucement. Finalement, ces événements se suffisent à eux-mêmes pour réaliser  un roman très captivant. Mais comme l'enquête policière est malgré tout présente, j'aurais voulu la voir un peu plus. Parfois, je ne comprenais pas vraiment où l'auteur voulait en venir, ce qu'était ce personnage mystérieux de l'Empoisonneuse, qui apparaît un peu dans le roman comme un cheveu sur la soupe, disparaît, revient. Le dénouement n'en est pas moins surprenant et j'ai bien aimé la seconde partie du roman. Le personnage de Mathilde est toujours aussi intéressant, de plus en plus ciselé et assez attachant -j'ai beaucoup aimé le duo qu'elle forme avec Bertrand Demontaigu, ancien templier-, et celui d'Isabelle, fascinant. En grandissant, la jeune reine gagne en charisme mais aussi en machiavélisme. Elle n'en est pas moins attachante pour autant et se pose en personnage antinomique de celui du roi, faible, versatile, indécis, manipulé indécemment par un favori sans scrupules. Celui-ci, d'ailleurs, est aussi intéressant qu'antipathique voire inquiétant. Pierre ou Peter Gaveston, d'origine gasconne, né en 1284, est introduit dans l'entourage de l'héritier du trône, Edouard de Caernavon, par son propre père, le roi Edouard Ier, qui en fait son compagnon. Mais la faveur de plus en plus inquiétante que nourrit son fils pour ce parvenu incite finalement le vieux roi à s'opposer à Gaveston. Celui-ci sera pourtant fait comte de Cornouailles par Edouard II et épousera la propre nièce de ce dernier, Margaret de Clare, avec laquelle il aura une fille. Les relations homosexuelles d'Edouard II avec ses favoris, Gaveston ou Despenser sont peut-être légendaires, toujours est-il qu'il leur accorda des faveurs et des avantages de plus en plus injustes, au point de provoquer, dans les années 1320, sa propre chute et sa destitution, à l'origine de laquelle on retrouve d'ailleurs Isabelle, la reine. Pour le moment, dans la trilogie de Doherty, il n'est question que de Gaveston, personnage plutôt intéressant malgré l'antipathie qu'il suscite aussitôt et assez instinctivement chez le lecteur. Il est en quelque sorte la face sombre, sarcastique et sans pitié d'un roi faible et sans couleur. Comme Isabelle, mais dans un registre différent, il exerce une certaine fascination sur le lecteur. 
    J'ai aussi aimé le style, bien écrit, soigné. Les dialogues sont ciselés et percutants, le style très visuel, au point de faire naître des images très précises dans l'imaginaire du lecteur. L'histoire est vraiment digne d'intérêt, ne serait-ce que pour la période que l'auteur aborde et restitue avec beaucoup de justesse -normal, vous me direz, au vu de sa formation. Il y'a du vrai, du moins vrai peut-être aussi, pour les besoins du roman, mais Le Combat des Reines brosse un portrait plutôt authentique de la cour anglaise au XIVème siècle. C'est un roman historique efficace, dommage que l'intrigue policière soit finalement plus traitée en parallèle qu'en premier plan. A la lecture du résumé, il est vrai que je ne m'attendais pas à ça mais j'ai cependant passé un assez bon moment avec ce roman.

    En Bref :

    Les + : le style et le contexte historique passionnant.
    Les - : dommage que l'intrigue policière apparaisse de manière aussi ténue, elle aurait pu être plus au premier plan. 


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 6 Juillet 2016 à 22:03

    Je n'aurai jamais pensé qu'il y avait une enquête policière ! Je suis intriguée mais je vais essayer de voir avec le tome 1 ;)

      • Jeudi 7 Juillet 2016 à 20:08

        Eh si ! Cette saga est bien une trilogie policière, publiée d'ailleurs dans la fameuse collection Grands Détectives de 10/18 ! cool Mais effectivement, dans ce volume-là, bien que présente, j'ai trouvé l'intrigue policière effacée par rapport à l'intrigue historique, c'était intéressant aussi mais j'avoue que je ne m'attendais pas à ça... 

        La chronique du troisième volume arrive bientôt ! ! sarcastic

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