• Une Pluie d’Étincelles ; Tamara McKinley

    « L'existence prend quelques fois d'étranges détours. Nous finissons par renouer avec nos racines, n'est-ce pas ? D'une façon ou d'une autre... »

    Une Pluie d’Étincelles ; Tamara McKinley

     

    Publié en 2013 en Angleterre ; en 2018 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Firestorm

    Editions de l'Archipel 

    324 pages

    Résumé :

    Australie, 1946. Becky Jackson a regagné son village natal avec son fils Danny après que son mari a été déclaré mort au combat. 

    Depuis deux générations, sa famille dirige l'hôpital de Morgan's Reach, bourgade fondée par son grand-père. Becky connaît tout le monde et retrouve sa meilleure amie, elle aussi veuve de guerre. 

    Becky côtoie également Ben Freeman, le pompier en chef secrètement amoureux d'elle. Un amour auquel elle se refuse car Danny n'a toujours pas fait le deuil de son père...

    Morgan's Reach est sous tension. Il n'a pas plu depuis trois ans. Et soudain une tempête menace d'embraser la région. L'atmosphère est électrique, qui pourrait réveiller rancœurs et jalousies au sein de la petite communauté. D'autant qu'un homme rôde...

    Les paysages somptueux de l'Australie sauvage, un personnage de femme fort et déterminé...Autant d'ingrédients qui ont fait le succès des grandes sagas de Tamara McKinley. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Découvrir un auteur et connaître une déception ne donne pas forcément très envie de continuer la découverte. J'avoue que c'est ce qui m'est arrivé avec Tamara McKinley, alors que j'attendais tellement de cette lecture ! Les très bons avis et l'univers de l'auteure m'incitaient à me lancer à mon tour et là... alors que j'avais mis beaucoup d'espoirs en cette première lecture j'en suis ressortie mitigée voire pire...indifférente. L'Île aux Mille Couleurs ne m'a pas séduite et je me suis empressée de l'oublier.
    Évidemment, Une Pluie d’Étincelles ne partait pas gagnant. Je ne pouvais commencer cette lecture sans avoir en tête des a priori négatifs dus à ma déconvenue première.
    Mais le résumé était tentant et... Un voyage dans les grandes plaines d'Australie ne se refuse pas !
    Nous sommes donc en 1946, à Morgan's Reach et nous faisons la connaissance de Rebecca Jackson. Rebecca est la petite-fille de Rhys Morgan, le fondateur de la petite bourgade perdue dans le désert australien où vit isolée toute une petite communauté. Elle a un fils de dix ans, Danny et surtout, comme bien d'autres jeunes femmes à cette époque et partout dans le monde, elle est veuve de guerre.
    Son mari, parti combattre en Malaisie, n'en reviendra jamais, ce qu'elle a beaucoup de mal à faire comprendre à Danny, qui n'accepte pas la mort de son père et espère sans cesse son retour. Infirmière à l'hôpital de Morgan's Reach, géré par son père, Rebecca se remet de son deuil en donnant aux autres.
    Mais en cette année 1946, Morgan's Reach est sous tension et pas seulement à cause des ravages de la guerre et du retour des rescapés changés à jamais. Dans cette petite ville perdue dans le bush australien, il n'a pas plu depuis presque trois ans et une terrible sécheresse sévit, décimant cultures et troupeaux, mettant les nerfs à vif. Et qui est cet homme en treillis militaire, échoué là et qui rôde dans la région alors que de formidables incendies menacent la ville ?
    Si les premiers chapitres parfois, ont peiné à me séduire, dans l'ensemble je dois dire que l'intrigue au cœur du roman est de qualité et captivante. J'ai voyagé, aussi : ce que j'attendais tellement avec L'Île aux Mille Couleurs et qui finalement n'est pas arrivé puisque je n'ai même pas décollé ! Là bien au contraire, je me suis sentie partie prenante de l'histoire et proche de Rebecca que j'ai trouvée touchante et courageuse. Et surtout, sans pourtant beaucoup de descriptions, Tamara McKinley nous emmène dans ce bush sauvage et hostile, écrasé de chaleur, où les hommes ont appris à vivre sans domestiquer la nature : ils savent qu'ils en sont les esclaves et qu'une trop grande sécheresse comme les inondations peuvent conduire à des dégâts irrémédiables. On marche en compagnie des héros dans cette poussière rouge, on imagine précisément cette nature desséchée qui ressemble à la savane, avec des arbres pelés et des herbes jaunies par le soleil, on se glisse dans les rues de Morgan's Reach, sous les rayons d'un soleil implacable. Loin des grandes villes de la côte est, où tout déjà est très moderne et où les habitants vivent à l'occidentale, dans le bush, on fait avec les moyens du bord, on apprend à économiser l'eau, denrée rare et précieuse, on conduit dès le plus jeune âge parce que toute distance, dans ce désert immense, est décuplée. Enfin, les Blancs vivent étroitement avec les Aborigènes, peuple d'origine de la région.
    Dans Une Pluie d’Étincelles, j'ai retrouvé un peu l'ambiance des romans de Sarah Lark : les exploitations agricoles perdues au sein d'une nature grandiose, les liens étroits entre les familles, les drames, les tensions mais aussi les liens affectifs qui ne manquent pas de lier les populations blanches et aborigènes.
    J'ai aussi beaucoup aimé que l'auteure situe son intrigue dans une ambiance étrange, très électrique, presque une ambiance de fin du monde : alors qu'il ne pleut plus sur la région depuis près de trois ans, que les cultures, les humains comme les animaux souffrent du manque d'eau et de la chaleur accablante, des orages électriques menacent à tout instant d'embraser le bush. On attend désespérément les signes d'une averse. Il fait très chaud, les conditions de vie difficiles, la fatigue le dispute au chagrin. Morgan's Reach, au sortir de la guerre, est une petite ville à bout de souffle, endeuillée par le départ définitif de certains de ses enfants, morts sur les fronts asiatiques de la Seconde Guerre Mondiale, combattant les Japonais et éreintée par des conditions climatiques extrêmement compliquées à supporter pour l'organisme. Tamara McKinley, dans ce roman, a une plume fine, précise sans être lourde : j'ai vraiment eu l'impression de voir l'intrigue se dérouler sous mes yeux, elle était très vivante, très palpable. J'ai passé un peu plus de trois-cents pages en compagnie des différents personnages qui peuplent cette histoire. Finalement, si Rebecca et son fils Danny sont présentés, dans le résumé du roman, comme les héros du récit, je me suis aperçue que chaque personnage a son importance, son rôle et qu'il n'y a pas un au-dessus des autres. Il n'y a pas vraiment de héros dans ce roman, tous les sont à leur niveau. Rebecca est peut-être celle que l'on suit le plus et sur laquelle on en sait le plus, mais j'ai aimé que le roman ne se focalise pas que sur elle car chacun, finalement, à quelque chose à livrer et quelque chose d'intéressant : Sally, la tenancière du bar, malheureuse en ménage et qui trouve l'inspiration au cœur de la forêt pour nourrir sa peinture, Gwyneth, la doyenne, dure en apparence mais extrêmement bienveillante, Ben Freeman, le gentil pompier, Jake, le policier amoureux de l'institutrice, Sandra, la belle-sœur de Rebacca, hautaine et désagréable mais qui cache au fond d'elle une terrible blessure et cet homme mystérieux enfin, qui rôde autour de Morgan's Reach comme s'il avait une mission à accomplir.... Si Une Pluie d’Étincelles est très ancré dans un paysage, dans une région, les histoires et les interactions entre les différents protagonistes sont finalement très universels... Morgan's Reach est à l'instar de millions de communes et de villes, au sortir de la guerre, qui se remettent doucement et pansent leurs plaies tout en sachant que rien ne sera jamais plus pareil. La Seconde Guerre Mondiale a eu un impact dramatique sur l'ensemble du monde, le remodelant pour toujours. Et jusque dans le bush, jusqu'aux confins du monde, on eut quelqu'un à pleurer.
    J'ai vraiment apprécié cette lecture. Je ne m'y attendais pas et je l'ai commencé curieuse mais aussi avec une légère appréhension. Difficile de commencer un roman quand le précédent de l'auteur nous déçoit. En général, je n'arrive pas à surmonter ma défiance première et je ne réitère pas l'expérience. Avec Tamara McKinley, j'aurais eu tort de rester sur un avis mitigé. Pour moi, Une Pluie d’Étincelles et L'Île aux Mille Couleurs, c'est le jour et la nuit ! Même le style, ici, y est plus fin, plus agréable. Parfois, j'ai trouvé les dialogues peut-être pas vraiment naturels mais, si j'avais été déçue lors de ma première lecture, je dois dire qu'ici, je n'ai vraiment rien à reprocher à la plume de Tamara McKinley. J'ai aimé l'intrigue, bien ficelée et dont les fils se tressent habilement tout au long des pages. Entre drame, romance et histoire, dans une région du monde spectaculaire et sauvage, l'auteure nous emporte dans une grande saga pleine de fougue, au sein d'une communauté attachante et courageuse, à l'image de Rebecca, jeune femme qui tente de se reconstruire et de soutenir son fils inconsolable.
    Une Pluie d’Étincelles est une vraie fresque, à l'ambiance unique. Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais j'ai toujours été fascinée par ces ambiances particulières qui précèdent un événement, comme le silence de la nature avant l'orage. J'avais aimé L’Été du Cyclone, de Beatriz Williams, pour ça : l'atmosphère lourde et étrange avant que le cyclone ne se déchaîne, les drames humains qui se nouent et se dénouent et apparaissent bien futiles devant la puissance de ceux dont la nature est capable... J'ai retrouvé ça dans ce roman et l'impression, aussi, que l'on n'est pas grand-chose face aux colères de la nature, comme on n'est rien non plus devant sa beauté.
    Je suis ravie de ressortir de cette lecture avec un avis positif et l'envie de le conseiller, d'en parler et de le faire connaître. Et pour terminer, je souhaiterais adresser...

    UN GRAND MERCI A MYLÈNE ET AUX EDITIONS DE L'ARCHIPEL POUR CET ENVOI ! 

    En Bref : 

    Les + : une intrigue bien ficelée, captivante, de qualité. Une atmosphère grandiose et des personnages attachants et intéressants. Enfin, une nature spectaculaire et des descriptions qui nous offrent un vrai voyage au cœur d'un paysage solaire, sauvage et impressionnant...
    Les - : 
    pas vraiment de bémols à soulever ici ! 


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