• Les Déracinés, tome 3, Et la vie reprit son cours ; Catherine Bardon

    « Je devais apprendre à vivre avec ça. Apprendre que ce sont nos absents qui nous constituent, qui nous font ce que nous sommes, autant que nos vivants. »

     

    Couverture Les déracinés, tome 3 : Et la vie reprit son cours

     

     

     

        Publié en 2021

       Editions Pocket

       384 pages 

       Troisième tome de la saga Les Déracinés

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Chaque jour, Ruth se félicite d'avoir écoute sa petite voix intérieure : c'est bien en République dominicaine qu'il lui fallait poser ses valises. Chez elle. Il suffit de regarder sa fille Gaya pour en être sûre. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie, loin des bouleversements de son époque : guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, chute de Salvador Allende...Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, revient à Sosùa dans des conditions douloureuse...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Chaque jour, Ruth se félicite d’avoir pris la décision de revenir chez elle, en République dominicaine. Auprès des siens, à Sosùa, elle élève sa petite fille, Gaya, au milieu d’un environnement aimant et paradisiaque, même si la République dominicaine des années 1960 est une dictature qui ne dit pas son nom. Pour les Rosenheck, qui ont dû quitter l’Autriche annexée par les nazis, pour Ruth qui est née sur l’île, ce pays fait partie d’eux et a été un havre, le seul qui s’ouvrait à eux au moment de leur fuite éperdue.
    Car Ruth est la fille d’Almah et Wil Rosenheck, juifs autrichiens qui ont dû fuir leur pays après l’Anschluss et les lois antisémites. Les « déracinés », qui ont donné leur titre à la saga, ce sont eux, les parents, qui ont fui pour sauver leur peau et en espérant donner un avenir à leur premier-né, le petit Frederick. Ironiquement, c’est l’un des pires dictateurs des Caraïbes, Trujillo qui, au moment de de la Seconde Guerre Mondiale, ouvrira son pays aux immigrés juifs fuyant l’Europe. Pas par pur altruisme, car c’est moyennant finance que Trujillo accepte d’ouvrir ses frontières aux Juifs qui fuient l’Europe à feu et à sang. Paradoxe aussi que cet homme qui n’a pas hésité, au cours de son « mandat », à faire massacrer des milliers d’immigrés haïtiens et qui est particulièrement raciste, notamment envers les populations noires.
    Et pourtant, pour Wil, Almah, d’autres immigrés et plus tard leurs enfants, la République dominicaine devient leur nouvelle demeure, leur nouvelle patrie. Et Ruth, qui a fait ses études à New York, a senti le besoin d’y revenir et d’y élever sa fille, car bien qu’autrichienne par le sang, parlant l’allemand et l’anglais, elle est aussi dominicaine par le sol et s’y sent en sécurité, à sa place.
    En cette fin des années 1960, Ruth va sur ses trente ans. Elle est une jeune mère, entretient toujours une amitié privilégiée avec Arturo Soteras qui lui, a fait le choix de rester aux États-Unis, où la vie plus libre, moins traditionnelle, lui convient mieux. Elle va aussi rencontrer, par le plus grand des hasards, le grand amour et construire une véritable vie de famille avec lui. Surtout, elle continue de grandir et de s’épanouir sur sa propre terre et s’émerveille aussi de voir sa petite Gaya appartenir un peu plus chaque jour à cette terre qu’elle aime tant, comme sa propre mère Almah qui, malgré ses origines européennes, son appartenance à la communauté juive et donc, assez instinctivement à Israël, ne quitterait Sosùa pour rien au monde.
    Retrouver Almah, Ruth, Gaya et tous les autres, c’est comme retrouver des amis perdus de vue ou sa propre famille. On se sent bien dans la petite communauté de Sosùa, au milieu de ces personnages pas forcément liés par le sang mais qui ont su, au fil des ans, tisser des liens indestructibles. Cette petite histoire se déroule avec comme toile de fond les convulsions de la grande Histoire : la guerre des Six Jours, l’opposition violente entre Israël et Palestine, l’émergence du mouvement hippie aux Etats-Unis, mais aussi la guerre du Vietnam, l’assassinat de Martin Luther King, les prémices de la démocratie en République dominicaine à la fin des années 1970
    Inutile de dire que j’ai dévoré ce roman. C’était comme un petit bonbon, un petit bijou de douceur, malgré des sujets plus graves ou plus tristes. Catherine Bardon a vraiment le don de me toucher au cœur, je ne sais pas pourquoi… Par ma propre histoire, je ne peux pas m’identifier aux personnages des Déracinés et pourtant, les questionnements, les sujets soulevés dans cette saga, au-delà des histoires personnelles et individuelles, sont relativement universaux et même si on ne les connaît pas vraiment, on peut s’identifier, on peut comprendre. Je suis toujours émue par la manière très humaine qu’a l’auteure de traiter ses personnages, d’analyser leurs sentiments les plus profonds.
    Et la vie reprit son cours est le troisième tome de cette saga qui en compte quatre. On avance de plus en plus dans le temps, vers notre époque, qui sera celle de la vieillesse pour la génération de Ruth, de la maturité pour celle de Gaya, née dans les années 1960… il y a évidemment beaucoup de nostalgie dans ce roman, le souvenir des disparus, des générations qui se bousculent. Les jeunes gens des Déracinés, qui quittent leur pays sans rien, alors qu’une guerre d’une terrible violence se profile, parfois traînant après eux des drames personnels (c’est le cas d’Almah et Wil, qui laissent derrière eux leurs parents, leurs familles), sont maintenant des gens âgés. Certains, comme Almah, ont réussi à retrouver une stabilité, malgré l’horreur du départ, malgré les coups durs et les déceptions…d’autres seront marqués à jamais. Dans la génération suivante aussi, il y a ceux, comme Ruth, comme son frère, comme la plupart de leurs amis, qui ont réussi à construire leur vie. Et puis il y a ceux comme l’amie d’enfance de Ruth, Lizzie, qui n’ont pas réussi à faire face ni à surmonter le drame fondateur de leur existence.
    Ce roman aborde beaucoup de sujets divers : l’appartenance à un pays, à une terre, à une culture mais aussi la difficulté de ces générations confrontées à l’indicible et à l’horreur, les liens familiaux, filiaux, amicaux… les personnages se succèdent ici dans une joyeuse sarabande qui se teinte parfois d’un peu de tristesse ou de mélancolie mais on vibre toujours à l’unisson avec eux, on rit ou on pleure avec eux.
    Et la vie reprit son cours était trop court, justement, c’est peut-être le seul reproche que je pourrais lui faire : les chapitres se succèdent vite, trop vite peut-être. Un peu plus de développement aurait pu être chouette à mon sens, pour autant, on ne voit pas le temps passer, on s’immerge dans cette lecture avec délectation, comme dans les eaux chaudes des lagons dominicains. J’ai voyagé avec Ruth, ces deux jours de lecture ont été une véritable parenthèse enchantée et exotique, dans cet univers que je suis déjà triste, par anticipation, de quitter.
    Ce troisième volume nous confirme le talent de l’auteure et le fait que Les Déracinés, grande saga familiale et historique, a tous les atouts pour devenir une saga culte. A lire et à relire si vous aimez les petites histoires dans la grande et les destins authentiques, décrits sans fioritures mais avec sincérité.

    En Bref :

    Les + : l'impression de retrouver de vieux amis ou des cousins perdus de vue de longue date. On se sent bien à Sosùa en compagnie des Rosenheck et de toute leur grande tribu. Je ne sais pas pourquoi mais cette saga me touche à chaque fois en plein cœur. Encore beaucoup d'émotions à la lecture de ce troisième tome... 
    Les - :
    des chapitres peut-être un peu courts, qui auraient mérité un peu de développement mais franchement, ce n'est qu'un tout petit bémol.


    Et la vie reprit son cours ; Catherine Bardon

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Envie d'en savoir plus sur cette magnifique saga ?

    Retrouvez mon avis sur Les Déracinés juste ici.

    Et si vous voulez suivre Ruth dans ses pérégrinations new-yorkaises, découvrez mon billet sur L'Américaine juste là.


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