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Une Enquête du Commissaire aux Morts Etranges, tome 1, Casanova et la Femme sans Visage ; Olivier Barde-Cabuçon
Par ALittleBit dans Romans Policiers /Cosy mystery/ Enquêtes Historiques / Thrillers le 22 Septembre 2018 à 19:35« L'expérience m'a appris que même un fou a sa logique et qu'il n'y a jamais d'effet sans cause. »
Publié en 2013
Editions Babel (collection Noir)
443 pages
Premier tome de la saga Une Enquête du Commissaire aux Morts Étranges
Résumé :
Après avoir sauvé Louis XV de la mort lors de l'attentat de Damiens, et malgré son peu de goût pour la monarchie, le jeune Volnay obtient du roi la charge de commissaire aux morts étranges dans la police parisienne. Aidé d'un moine aussi savant qu'hérétique et d'une pie qui parle, Volnay apparaît comme le précurseur de la police scientifique, appelé à élucider les meurtres les plus horribles ou les plus inexpliqués de son époque. Epris de justice, c'est aussi un homme au passé chargé de mystère, en révolte contre la société et son monarque qu'il hait profondément.
Lorsque, en 1759, le cadavre d'une femme sans visage est retrouvé dans Paris, Volnay doit conduire une enquête sur le fil du rasoir avant que le meurtrier ne frappe de nouveau. Mais entre des alliés aussi incertains que le libertin Casanova et des adversaires redoutables, à qui le commissaire aux morts étranges peut-il se fier ?Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Voilà, c'est fait !
A mon tour, j'ai enfin découvert le commissaire aux morts étranges d'Olivier Barde-Cabuçon... Cette saga m'a été chaudement conseillée par Cellardoor, Isabeau Bellevue et June, du blog Histoire de plumes ! Toutes ont beaucoup aimé ce premier tome et ont eu envie de continuer... Elles ont piqué ma curiosité et je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de cette saga...
Le XVIIIème siècle, des enquêtes policières sur une trame historique passionnante... J'étais évidemment très impatiente de me lancer mais en même temps, je craignais malgré tout la comparaison qui, immanquablement allait arriver... Vous voyez de laquelle je veux parler ? Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que j'aime énormément Nicolas Le Floch, le fameux enquêteur de Jean-François Parot... Lire une de ses enquêtes est toujours pour moi un grand plaisir : le contexte, la langue, les personnages... Tout me plaît, dans cette saga !
Comme les deux sagas présentaient des points communs assez importants, je me suis dit que je n'allais pas pouvoir m'empêcher de comparer...
Au final, ce sont deux univers assez difficilement comparables... Oui, il y'a des convergences entre Nicolas et Volnay mais aussi tellement de divergences que tout compte fait, j'ai lu Casanova et la Femme sans Visage sans réellement penser à établir des parallèles entre les deux ! Difficile aussi d'établir une comparaison entre les styles des auteurs, de qualité tous les deux mais tellement différents ! Si l'un colle au plus près de l'époque, l'autre est plus brut de décoffrage, par exemple... De même pour les personnages, d'ailleurs.
Malgré tout, je crois que ma préférence va et restera à Nicolas mais j'ai cela dit aimé ce premier tome de Une Enquête du Commissaire aux Morts Étranges et je vais expliquer pourquoi...
Le gros point fort de ce premier tome c'est, assurément, l'ambiance sombre et tortueuse dans laquelle on est plongé dès les premières pages ! Le personnage de Volnay est aussi intéressant, assez mystérieux et torturé : d'emblée, j'ai rapproché ce personnage du bourreau enquêteur de Japp, Hardouin cadet-Venelle. J'ai retrouvé chez Volnay ce même passé pas évident, qui est distillé page après page pour nous permettre de mieux comprendre le personnage et surtout cette soif d'égalité et de justice... S'il est d'un abord assez froid, finalement, c'est un personnage attachant dont la carapace se fend peu à peu.
Dans ce premier tome, Olivier Barde-Cabuçon met en place un univers dense et abouti, avec des personnages maîtrisés et qui viennent se mêler à la grande cohorte des personnages authentiques, du roi Louis XV en passant par la favorite, Madame de Pompadour, les petites grisettes du Parc-aux-cerfs, le mystérieux comte de Saint-Germain ou encore, le lieutenant de police, Antoine de Sartine...
Si le contexte est peut-être plus présent et plus utilisé chez Parot, Olivier Barde-Cabuçon est un passionné du XVIIIème siècle et son intérêt transparaît clairement dans son roman. Parfois, j'ai trouvé qu'il forcissait peut-être un peu le trait concernant Louis XV, un roi impopulaire certes mais dont les historiens nuancent aujourd'hui le règne mais, dans l'ensemble, son analyse de l'époque est fine et il en a bien saisi l'ambivalence et tous les paradoxes... Le XVIIIème siècle est une époque passionnante parce qu'elle est double, je crois que c'est ça qui me fascinera toujours : l'apogée de la monarchie française s'accompagne d'un essor culturel et philosophique sans pareil avec l'apparition de ceux que l'on appellera les Lumières, la perte de la foi en Dieu donne lieu à des croyances en des sciences occultes comme l'alchimie et la confiance qu'on n'accorde plus aux prêtres, on la donne à des personnages étranges et fascinants comme le comte de Saint-Germain, Cagliostro ou encore, Mesmer... En même temps, les persécutions contre les protestants n'ont jamais été aussi vives et des femmes et des enfants croupissent emprisonnés dans la tour de Constance à Aigues-Mortes... C'est une époque où on ne croit plus en rien, où les esprits s'aiguisent mais c'est aussi l'époque de l'affaire Calas ou celle du chevalier de La Barre, condamné à mort pour ne pas s'être découvert devant une procession de la fête-Dieu...
Avec un style souple, fin et percutant, Olivier Barde-Cabuçon s'approprie l'époque et s'en sert extrêmement bien. C'est un XVIIIème siècle beaucoup plus sombre que celui de Parot mais c'est une vision très intéressante aussi de l'époque, avec une approche parfois un peu plus scientifique et philosophique, qui colle à l'émulation savante de ces années-là.
Casanova et la Femme sans Visage est un bon roman, avec une enquête bien menée, même si j'y ai parfois décelé des longueurs. Le rythme est là malgré tout, assez fluide, c'est une lecture très agréable et, passés les premiers chapitres peut-être un peu abrupts, on se met à naviguer avec aisance dans l'ambiance particulière de ce premier tome. Il s'agit effectivement d'un roman qui aura une suite, on peut même dire, des suites et je me suis dit que les longeurs venaient peut-être de là, comme si l'auteur avait voulu prendre le temps de poser son intrigue mais aussi tout l'univers de Volnay, son commissaire aux morts étranges, ce qui n'est pas plus mal, à vrai dire. La fin m'a surprise et, sans me décevoir réellement, j'ai parfois trouvé qu'elle n'était pas toujours cohérente avec le reste de l'intrigue...peut-être est-elle un peu téléphonée et la résolution de l'enquête m'a un peu laissée sur ma faim, alors que j'attendais une révélation spectaculaire...mais je n'en dirais pas plus et la seule chose que je peux vous conseiller maintenant, eh bien c'est de lire le premier tome des Enquêtes du Commissaire aux Morts Étranges. Faites-vous votre propre idée mais surtout, venez apprécier cette plume, très agréable à lire et que j'ai pour ma part découverte avec plaisir ! ! Si vous aimez les romans historiques, le XVIIIème siècle des Liaisons Dangereuses, aux relents vénéneux et enfin, si vous aimez les résolutions logiques d'énigmes embrouillées, alors sans nul doute ce roman est fait pour vous !En Bref :
Les + : un personnage principal intéressant, tout comme l'idée de départ, le style, souple et aiguisé, qui colle parfaitement au récit et le contexte passionnant, évidemment...
Les - : la fin peut-être un peu rocambolesque, quelques longueurs...
Tags : Roman, XVIIIème siècle, Histoire, Policier, Littérature française, Thriller
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Commentaires
Contente que tu aies plutôt aimé !! :-)
Oui ! J'ai vraiment aimé et j'ai hâte de continuer d'ailleurs ! Fatalement j'ai comparé avec Nicolas Le Floch je savais que je ne pourrais pas faire autrement ! Mais ce sont deux univers différents et même si je préfère celui de Parot, le commissaire aux morts étranges d'Olivier Barde-Cabucon ne m'a pas déplu et j'ai envie de continuer.