• Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 1, Une Etude en Écarlate ; Jean d'Aillon

    « La connaissance est préférable à l'ignorance. »

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 1, Une Etude en Écarlate ; Jean d'Aillon

     

    Publié en 2015

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    504 pages

    Premier tome de la saga Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson

    Résumé : 

    Le 21 mai 1420, la reine de France signait un traité par lequel le roi Charles VI reconnaissait son gendre Henri V d'Angleterre héritier de la couronne de France. Un an plus tard, l'eau d'une fontaine voisine de la porte Saint-Honoré devint rouge et le peuple resta convaincu qu'il s'agissait du signe précurseur de quelque désastre. Au même moment, Edward Holmes, clerc et demi-frère du baron de Roos tué à la bataille de Baugé, est chassé de l'hôtel parisien de son seigneur. Ne pouvant rentrer en Angleterre, Holmes trouve logis chez maître Bonacieux, greffier au Châtelet et zélé partisan bourguignon, où il partage la chambre de Gower Watson, un archer blessé à la bataille d'Azincourt. 

    Dans un Paris où règnent la faim, le froid et la misère, Edward Holmes devra mettre au jour un terrible complot dans lequel les conjurés veulent entraîner son ami Watson. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Si, comme moi, vous avez eu l'occasion de lire plusieurs romans de Jean d'Aillon, vous saurez que ses deux principales inspirations sont Alexandre Dumas, et Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Dumas pour l'Histoire et Conan Doyle pour le policier, bien évidemment. D'ailleurs, pour cette saga, l'auteur se serait inspiré d'un texte médiéval qui aurait même servi de modèle à Conan Doyle... : bon, personnellement, je n'y crois pas vraiment mais Jean d'Aillon parvient à faire habilement planer le doute ! 
    Quand le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson est sorti, beaucoup de lecteurs se sont insurgés contre ce qu'ils considéraient comme un vulgaire pastiche de leur héros préféré, ou même pire, comme un plagiat. Personnellement, n'ayant pas lu les enquêtes de Sherlock Holmes, je ne peux pas comparer mais, connaissant l'oeuvre de Jean d'Aillon, je ne crois pas qu'il ait voulu uniquement copier Conan Doyle, au contraire. Il faut plus voir Edward Holmes comme un hommage qu'une copie, à mon avis. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire pour autant que le roman en vaut la peine.
    Alors, justement, est-ce que Une Etude en Ecarlate vaut la peine d'être lu ? Ma réponse est oui, malgré quelques petits défauts sur lesquels je reviendrai.
    Parlons d'abord des aspects positifs du roman. Il est clair que le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson a beaucoup de potentiel ! C'est un roman historique efficace et qui plaira aux amateurs du genre, ainsi qu'à ceux qui aiment les romans policiers. Pour moi, le gros point positif de ce roman et par là même, de la saga, c'est son contexte : la Guerre de Cent ans et surtout la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons sont peu traitées dans les romans. Et pourtant, s'il y'a bien une époque du Moyen Âge qui, après le Moyen Âge central, Aliénor d'Aquitaine, les troubadours etc etc me plaît, c'est celle-ci : le règne trouble de Charles VI, accablé très jeune par une forme de folie particulièrement invalidante, dominé par des figures masculines importantes -Louis d'Orléans, Jean sans Peur et j'en passe-, mais surtout par celle d'une femme, encore très controversée : la reine Isabeau de Bavière. Je crois que, au-dela de la curiosité que cette saga un peu particulière a fait naître chez moi, c'est aussi ce contexte historique intéressant qui a fini par emporter tous mes suffrages. Et je ne regrette effectivement pas parce que, même si le contexte est particulièrement compliqué, on sent le travail de recherche de l'auteur. Jean d'Aillon est un auteur rigoureux, qui force parfois un peu le trait, quitte à ne pas être forcément objectif, mais en ce qui concerne les informations historiques, en général, elles sont vérifiées et assises sur des bases solides : ensuite, évidemment, qu'une touche de romanesque vienne se mêler à ça, c'est normal et je n'y trouve rien à redire même si je ne suis pas toujours en accord avec la vision de tel ou tel personnage par l'auteur : c'est le cas ici avec Isabeau de Bavière, dont j'ai une image plus nuancée et peut-être plus indulgente que celle de Jean d'Aillon mais peu importe. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier le roman, au contraire.
    J'ai aimé l'intrigue policière, parfaitement bien intégrée dans le contexte avec lequel elle interagit tout le temps. J'ai aussi apprécié découvrir les nouveaux héros de Jean d'Aillon : jusque là, je ne découvrais plus, je ne faisais que continuer des sagas. Avec Edward Holmes, je fais la découverte d'une ambiance, d'une saga qui, connaissant Jean d'Aillon va être conséquente et...d'un nouveau héros et cela n'est pas pour me déplaire !
    Plus qu'aux héros victoriens de Conan Doyle que je ne connais de toute façon pas, c'est à Louis Fronsac et Gaston de Tilly, deux autres personnages de Jean d'Aillon que j'ai comparé Edward et Gower qui, au premier abord, n'ont rien du héros au sens où on l'entend : le premier est un simple clerc anglais, bâtard de naissance, demi - frère du baron de Roos dont il a été intendant avant d'être limogé par le nouveau baron, après la mort de Roos à la bataille de Baugé. Quant à Gower Watson, c'est un archer anglais, installé à Paris, blessé à Azincourt et qui a trouvé à se loger chez un couple de bourgeois répondant au nom de Bonacieux : tiens tiens, cela ne vous dit-il rien ? Si vous avez lu Dumas, certainement.
    Bref, rien que du très banal, si on omet la capacité de réflexion assez importante de Holmes qui, encore une fois, m'a rappelé Louis Fronsac et ses déductions épatantes !
    Edward Holmes et Gower Watson ont quelque chose d'assez attachant et j'ai apprécié les découvrir. Cela aura été une belle rencontre ! Et j'ai aimé retrouver des personnages historiques déjà rencontrés et d'autres, totalement inconnus !
    L'intrigue policière, sur fond de complot anglais et guerre civile française, est bien ficelée et nous promène, nous balade dans un Paris particulièrement éprouvé et dans lequel le printemps semble avoir disparu au profit d'un hiver interminable !
    Mais, si j'ai globalement aimé le roman certaines petites choses m'ont gênée et je crois que des erreurs décelées ici ou là auraient pu être évitées... Je crois que ce sont surtout des erreurs d'étourderie mais qui, malheureusement, enlèvent un peu de crédibilité à un roman qui, par ailleurs, se veut extrêmement fiable historiquement. Je déplore donc quelques approximations sur la généalogie de la royauté anglaise et le nom d'un personnage changeant systématiquement, passant de Guillaume à Simon sans aucune raison.
    Le roman a heureusement suffisamment de points positifs pour tempérer ces quelques petits problèmes qui le rendent un peu inégal. C'est dommage mais pas catastrophique non plus.
    Bref, pour conclure, Une Etude en Ecarlate est un roman historique et policier plutôt sympa, pas parfait et un peu longuet au départ mais qui pose bien la saga et donne envie de découvrir la suite des aventures de notre perspicace clerc anglais et de son acolyte archer. 

    En Bref : 

    Les + : sans aucun doute, le contexte historique sur lequel s'appuie une enquête policière plutôt efficace et bien menée. 
    Les - :
    quelques longueurs au début et des approximations qui rendent le récit un peu inégal, c'est dommage. 


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  • Commentaires

    1
    Kat
    Jeudi 22 Mars 2018 à 17:51

    Bonsoir,

    J'apprécie les romans historiques mais je n'ai jamais lu de livres de jean d'Aillon,par quel roman me conseillez vous de commencer?

    Bonne soirée

      • Jeudi 22 Mars 2018 à 20:02

        Bonsoir Kat, 

        Tout d'abord, merci pour votre passage ici et votre commentaire. 

        Ensuite, je ne peux que vous conseiller de vous lancer, peu importe par quel roman mais si les grandes sagas de Jean d'Aillon (c'est un auteur très prolixe) vous font un peu peur, pourquoi ne pas lire ses romans uniques comme Marius Granet et le trésor du palais comtal, par exemple ou bien encore Le duc d'Otrante et les Compagnons du Soleil^^ En cliquant sur les titres, vous pourrez lire mes chroniques et savoir ainsi ce que j'en ai pensé mais, à ce jour, ces deux romans, que j'ai lus en 2016 et 2017 restent ceux que j'ai préféré entre tous ! cool

        Pour ma part, c'est avec La Guerre des Trois-Henri, trois premiers tomes d'une série que j'avais pris pour une simple trilogie alors que, pas du tout, que j'ai commencé ! J'avais un peu peur parce que je n'avais jamais lu de romans policiers historiques auparavant, mais le contexte me plaisait beaucoup : la Ligue, les Guerres de Religion. Avec ces trois romans, non seulement j'ai découvert une très bonne histoire mais aussi un auteur très prolifique, qui écrit beaucoup et essaie au maximum de faire sortir ses romans de l'ordinaire, en les basant par exemple sur des faits divers totalement oubliés et retrouvés dans une gazette d'époque ! J'aime cette authenticité chez Jean d'Aillon, même si j'ai parfois trouvé certains de ses romans inégaux... je n'ai jamais vraiment été déçue ou alors, si je l'ai été, jamais suffisamment en tous cas pour ne pas avoir envie d'y revenir et je crois que c'est bon signe et surtout, celui que l'auteur, malgré quelques défauts parfois, arrive à fidéliser son lectorat. ^^ Si vous vous lancez, j'espère que cela vous arrivera à vous aussi, que ses romans vous séduiront suffisamment pour que vous ayez envie de découvrir ses sagas et ses personnages petit à petit. 

        Dernier petit conseil, je suis une fan de Louis Fronsac ! J'aime énormément cette saga : si, comme moi, vous aimez le Grand Siècle, alors lancez-vous avec Les Ferrets de la Reine

        En espérant que ce commentaire vous aide à y voir plus clair ! 

    2
    Licorne
    Jeudi 22 Mars 2018 à 18:52
    Tes + et tes - sont tout a fait ce que j ai ressenti. J ai ete gênée par la repetition de situations notamment. Belle chronique !
      • Jeudi 22 Mars 2018 à 20:10

        Merci, Licorne ! cool

        Effectivement, ce roman n'est peut-être pas le meilleur de l'auteur, même si je l'ai apprécié et que j'aurais presque eu envie d'enchaîner avec le deuxième tome (mais bon, j'avais déjà prévu depuis un moment de lire Belgravia juste après ^^) ! Comme je le disais plus haut, dans mon autre commentaire, c'est Marius Granet... et Le duc d'Otrante qui restent à ce jour mes romans préférés de l'auteur, ce sont ceux qui ont peut-être le moins de défauts, qui sont en tous les moins inégaux. Après eux vient la saga Louis Fronsac, vraiment bien foutue et qui se bonifie avec le temps ! 

        Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson promet d'être aussi une bonne saga et l'auteur a au moins le mérite de traiter un contexte qui l'est peu, dans les romans historiques : à ce jour, à part les romans de Chantal Touzet (que je désespère de trouver, en plus frown), je n'ai croisé aucune oeuvre de fiction se passant à l'époque d'Isabeau de Bavière, la guerre civile etc etc et j'ai été motivée par cet aspect-là de la saga parce que cette époque me passionne. Le personnage d'Isabeau de Bavière, au-delà des idées reçues, est assez fascinant. ^^ J'ai été un peu déçue cela dit par des approximations et des erreurs, peut-être d'étourderie, certes, mais qui n'auraient pas dû passer à la trappe d'une correction : si je les ai vues, alors ça veut dire que d'autres vont les voir et comment se fait-il qu'elles n'aient pas été décelées à la correction ? Par exemple, le boucher Haussecul (j'adore ce nom de famille happy) qui s'appelle alternativement Simon et Guillaume... ou bien encore, la généalogie des descendants d'Edouard III, plus qu'approximative... quand on voit la précision apporté au reste du contexte, par exemple, le prix des marchandises à Paris, on se dit que c'est dommage que le roman pèche par ces petites erreurs, pas catastrophiques en soi mais qui auraient pu être évitées. 

        J'ai trouvé aussi que le roman se répétait parfois et c'est dommage mais j'ai aussi trouvé suffisamment de points positifs pour avoir envie de continuer et c'est le principal, je crois ! 

        A très vite Licorne et merci pour ton passage ! 

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    3
    Dimanche 25 Mars 2018 à 18:04

    Personnellement, j'adore Holmes et Watson, mais je ne vais pas m'insurger si Jean D'Aillon s'est inspiré des écrits de Conan Doyle. Au contraire, j'aime beaucoup ce genre de réécriture et je pense que mon amour pour les policiers historiques n'est désormais plus un secret. Les défauts cités ne me gêneront pas parce que je ne connais pas la période aussi bien que toi, mais ce sera l'occasion de la découvrir !

    D'ailleurs, je me demandais, est ce que tu as fais des études d'histoire pour connaître aussi bien, à la fois l'histoire de France et l'histoire de l'Angleterre. Il me semble que c'est ce que j'avais lu mais je peux me tromper. Ton savoir m'impressionne toujours en tout cas, notamment quand je lis tes articles sur les grands personnages de l'histoire, qui doivent te prendre énormément de temps :)

      • Dimanche 25 Mars 2018 à 19:49

        Je crois que beaucoup de lecteurs de Conan Doyle sont partis avec un a priori négatif dès le départ et c'est dommage parce que, quand on connaît Jean d'Aillon, on comprend tout de suite que sa démarche n'a rien d'irréfléchi, au contraire. Conan Doyle est l'une de ses références, avec Dumas, une vraie source d'inspiration et, de fait, Sherlock Holmes l'est aussi. Je crois qu'il a surtout voulu rendre hommage à cet écrivain qu'il admire et non pas le plagier vulgairement. D'autant plus qu'en les plaçant dans un contexte différent, en leur inventant leur propre histoire qui, évidemment, du fait de l'époque, ne peut rien avoir en commun avec les héros victoriens de Conan Doyle, Edward et Gower deviennent, à mon sens, du moins, des personnages à part entière. 

        Je comprends cela dit que les inconditionnels puissent se choquer mais bon, comme perso, je connais d'Aillon et sais ce qu'il vaut, j'ai rapidement eu envie de me lancer et ne le regrette pas, malgré les quelques petits points négatifs soulevés dans mon billet, qui auraient assurément pu être évités mais ne sont pas catastrophiques non plus. cool

        Et oui, j'ai fait des études d'Histoire. Et d'Histoire de l'Art, aussi. Et si je n'ai pas forcément toujours aimé mes cours de fac, je ne regrette pas d'avoir choisi ce cursus qui me correspondait parfaitement. adore l'Histoire, c'est une vraie passion et je retiens facilement ce que je lis, alors, vraiment, je n'ai aucun mérite. happy Et je suis obligée de faire des recherches aussi parfois : ça a été le cas lors de la lecture de ce roman, pour me remettre en tête la succession anglaise, par exemple, que j'ai mis énormément de temps à comprendre et que les romans de Philippa Gregory, d'ailleurs, m'ont rendue un peu plus claire ! smile En tous cas, je te remercie ! C'est gentil mais...non, vraiment, si tu me connaissais, je n'ai absolument rien d'impressionnant ! ! winktongue

        Merci pour ton passage ici, ça m'a fait plaisir de lire tes commentaires et à très vite, Kitsy ! ^^

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