• Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 5, Le pont de Montereau ; Jean d'Aillon

    « Une puissance supérieure ne signifie pas forcément un roi, un duc ou un comte. Il existe des puissances que nous ne voyons pas. »

    Couverture Le pont de Montereau

     

     

     

      Publié en 2018

     Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

     576 pages 

     Cinquième tome de la saga Les chroniques d'Edward   Holmes et Gower Watson

     

     

     

     

    Résumé :

    Au printemps de l’an de grâce 1424, la noblesse française lance sur la Normandie une grande offensive qui permettra au jeune Charles VII de bouter les Anglais hors de son royaume. C’est à ce moment qu’on tente d’empoisonner Jean de Lancastre, duc de Bedford et régent de France. Appelé à Évreux pour enquêter sur cette criminelle entreprise, semble-t-il ourdie par Yolande d’Aragon, belle-mère du jeune roi, le clerc anglais Edward Holmes comprend vite qu’elle est liée à l’assassinat de Jean sans Peur à Montereau, cinq ans auparavant. Ceux qui ont sacrifié une pucelle dans une abjecte messe noire pour s’assurer du soutien de Lucifer se préparent-ils à recommencer ? Malgré les maléfices et les embuscades, Holmes sillonnera le pays en guerre afin de faire éclater la vérité. Le jeune Gilles de Rais, rencontré en chemin, sera-t-il pour lui un allié ou un effroyable adversaire ?

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Fin du printemps 1424. A Paris, où il a élu domicile avec son fidèle ami Gower Watson, Edward Holmes est approché par l'émissaire de la puissante duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, pour faire la lumière sur un mystérieux bâtard royal qui serait né vers 1412 puis aurait été confié à une famille en Lorraine...
    Au même moment, en Normandie, le régent de France, le duc de Bedford, qui administre le royaume pendant la minorité de son jeune neveu Henri VI, est victime d'une tentative d'empoisonnement. Qui pourrait bien vouloir la mort du frère de feu Henri V ? Beaucoup de monde. Les Armagnacs, en la personne de Charles VII et de son ambitieuse belle-mère, auraient-ils fomenté la mort du régent ? Les Bourguignons qui, bien qu'alliés en principe avec les Anglais, semblent de moins en moins fidèles à leurs promesses ? 
    Voilà Holmes et ses spectaculaires capacités de déduction jetés dans une nouvelle enquête, encore une fois périlleuse, non seulement car on ne semble pas souhaiter qu'il parvienne à ses fins et parce qu'une puissance diabolique, sacrifiant de jeunes vierges et s'adonnant à des rituels satanistes semble tirer les ficelles. Dans un pays où les armées françaises et et anglaises continuent de s'affronter violemment et où les campagnes, ruinées, sont sillonnées par des bandes de routiers et d'écorcheurs, l'enquête de nos deux héros ne va pas être de tout repos. 
    Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson est une série de romans policiers et historiques mettant en scène un duo d'enquêteurs dans le Paris du début du XVème siècle, en pleine Guerre de Cent Ans. Les noms ne vous sont probablement pas inconnus et pour cause : cette série est un pastiche des fameux romans de Sir Arthur Conan Doyle, dont le détective Sherlock Holmes et le docteur Watson sont les héros. Jean d'Aillon rend donc un hommage à l'auteur victorien à travers cette série et même à Alexandre Dumas, en empruntant pour l'amie de Gower, le joli nom de Constance Bonacieux.
    Passées ces considérations, Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson ne diffèrent pas beaucoup de ce auquel Jean d'Aillon nous a habitués ces dernières années et ses deux héros de la fin du Moyen Âge rejoignent - et n'ont rien à leur envier -, Guilhem d'Ussel, Louis Fronsac ou encore, Olivier Hauteville...On retrouve des enquêtes sur un fond historique richement documenté, ce qui a fini par définir un peu la patte de l'auteur, je dirais. Jean d'Aillon a le donc de jouer avec l'Histoire, de dénicher des épisodes authentiques dans ses sources - ou de faire passer la fiction pour vérité -, ou de mettre en scène des personnages qu'on n'attend pas et qui nous en rappellent furieusement d'autres (Dracula, Blanche-Neige)...ici, Edward Holmes et Gower Watson croiseront la route de Gilles de Rais, de si sinistre réputation mais qui n'est encore qu'un jeune routier au service des Armagnacs.

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    L'assassinat de Jean sans Peur à Montereau, enluminure du XVème siècle par Monstrelet, maître de la Chronique d'Angleterre et enlumineur (vers 1470-1480)


    Ce cinquième tome tourne essentiellement autour d'un événement en particulier : le 10 septembre 1419, dans le contexte de la guerre franco-anglaise mais aussi de la guerre civile que se livrent les Armagnacs et les Bourguignons, une entrevue est envisagée entre Charles, alors Dauphin de France et soutenu par le parti des Armagnacs et notamment par sa belle-mère, la duchesse Yolande d'Aragon et le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Cette rencontre, prévue peut-être dans l'éventualité de contracter une trêve, se joue à Montereau, petite cité qui se trouve aujourd'hui dans le département de la Seine-et-Marne. Cette rencontre est restée dans les annales de l'Histoire puisqu'elle dégénère rapidement et se solde par la mort du duc Jean sans Peur, frappé par les partisans du Dauphin Charles. Pour les historiens, cet assassinat précipite le parti Bourguignon dans l'alliance anglaise, Philippe le Bon cherchant à venger son père tandis que la reine Isabeau de Bavière, alors régente du royaume, est contrainte de désavouer publiquement son fils Charles. La France signe avec l'Angleterre, quelques mois plus tard, le traité de Troyes, scellé par le mariage du roi Henri V de Lancastre et de la princesse Catherine de Valois : ce traité prévoit qu'à la mort de Charles VI, le royaume ne reviendra pas à son fils aîné Charles mais à son gendre, qui réunira alors sur une seule et même tête les deux couronnes, celle des lys et des léopards. On le sait, l'Histoire est toujours tortueuse et les choses ne se passeront pas exactement de cette manière mais Charles VII devra batailler de longues décennies avant de regagner tout son royaume
    Et si la mystérieuse affaire dont Edward se voit chargé par le duc de Bedford avait un rapport avec l'assassinat de Montereau et la trahison de certains de ses fidèles ? N'avait-on pas trouvé le corps d'une jeune fille sacrifiée, la veille de la rencontre et qui semblait avoir servi à des rituels de magie noire ? Qui, dans l'entourage du régent, pourrait vouloir sa mort ? Et si se tourner vers les Armagnacs était une solution bien trop facile ? 
    Son enquête va emmener Edward Holmes sur les traces d'un chevalier armagnac sans reproche, à qui l'on fait porter le chapeau d'un meurtre qu'il n'a pas commis, d'un serviteur peut-être un peu trop vite accusé, d'un ancien fidèle du duc de Bourgogne un peu trop prompt à rallier le Dauphin Charles, une lady peut-être un peu trop vénéneuse pour être honnête...
    Le Moyen Âge de Jean d'Aillon est un Moyen Âge de cape et d'épée, un Moyen Âge de film d'aventures, mais ça n'est pas pour me gêner dans la mesure où Jean d'Aillon joue avec l'Histoire sans la dénaturer pour autant. Alors certes, il réutilise certains poncifs qu'aujourd'hui les historiens réfutent, comme l'infidélité notoire de la reine Isabeau, par exemple, qui aurait fait de ses derniers enfants des bâtards en couchant avec son beau-frère le duc d'Orléans et même avec Jean sans Peur ou le duc de Berry...certains, à l'imagination débordante, ont même fait d'Isabeau la mère de Jeanne d'Arc ! Mais nous sommes dans un roman ici, alors, pourquoi pas ? 
    Bref ! Ça faisait plus d'un an et demi que j'avais lu le dernier tome et il a fallu que je raccroche les wagons. Malgré un premier chapitre qui dépote, en nous immergeant sans transition dans une messe noire, j'ai trouvé ensuite que ça traînait un peu en longueur. J'ai aimé, mais j'ai trouvé des longueurs et je me suis aussi ennuyée par moments. Mais j'ai vraiment apprécié cette enquête, son déroulement et le contexte historique, certes mâtiné de fiction, mais dans l'ensemble bien restitué. On sent que les romans de Jean d'Aillon sont appuyés sur de solides recherches et c'est quelque chose à porter sans nul doute à son crédit. 
    J'ai trouvé l'enquête assez complexe en soi, car Edward Holmes se voit en fait confier de façon presque concomitante deux enquêtes et par deux personnages dont les allégeances les poussent à être des adversaires irréductibles : le duc de Bedford et la duchesse d'Anjou. Fatalement, on se demande si elles sont liées et si la duchesse d'Anjou ne serait pas l'instigatrice du complot contre Bedford, même si c'est un peu facile. Et puis, cette affaire de satanisme, que vient-elle faire là ? Au départ, on a l'impression que tout est décousu mais l'auteur rapproche habilement tous les pans de son intrigue avant de les nouer à petits points....et la lumière se fait ! Donc clairement, sans ces longueurs en début et milieu de roman, c'est super intéressant et bien rythmé, Jean d'Aillon nous balade de bout en bout, faisant sauter à dessein nos soupçons de l'un à l'autre. 
    Un bon roman historique et une enquête policière solide, cohérente et bien ficelée. Globalement, une lecture séduisante mais qui ne manque pas de défauts - après tout, une lecture a-t-elle besoin d'être parfaite pour nous séduire ? Manifestement, non. 

                               Description de cette image, également commentée ci-après  undefined

    Jean de Lancastre, duc de Bedford et Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou sont deux éminents personnages de l'époque qui apparaissent dans le roman

    En Bref :

    Les + : une enquête intéressante et bien ficelée, sur fond de guerre franco-anglaise et de conflits d'intérêts pour le pouvoir. Un Moyen Âge épique et romanesque, que Jean d'Aillon se plaît à faire revivre, entre fiction et réalité.
    Les - :
    un peu long à se mettre en place.


    Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 5, Le pont de Montereau ; Jean d'Aillon 

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Découvrez mes billets sur les tomes précédents :

    Une étude en écarlate

    Le chien des Basqueville

    La ville de la peur

    Les exploits d'Edward Holmes 


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