• Au service secret de Marie-Antoinette, tome 4, La femme au pistolet d'or ; Frédéric Lenormand

    « Comme quoi la plupart des disputes ont de vains motifs et ne servent à rien ! »

    Couverture Au service secret de Marie-Antoinette, tome 4 : La femme au pistolet d'or

     

     

      Publié en 2020

      Éditions de La Martinière

      317 pages

      Quatrième tome de la saga Au service secret de Marie-Antoinette

     

     

     

     

    Résumé :

    Depuis la disparition de son mari, Mme Cottin de Melville se sent menacée : on en veut à sa fortune... et à son pistolet d'or ! La Reine envoie à son secours ses fidèles serviteurs de l'ombre : Rosa, Léonard...et Axel de Fersen, son amant suédois !
    On leur prédit un grand danger. Mais peut-on se fier à un vieux fou qui lit l'avenir dans la poudre de menthe ?

    La grande organisatrice !
    Quand elle ne donne pas de bals, Marie-Antoinette commande dans le plus grand secret des enquêtes policières. Mais le devoir la rappelle à l'ordre : il lui faut donner un héritier au royaume de France.

    Détective amateur n°1 !
    Rose Bertin, modiste, habille les duchesses le jour et enquête la nuit. Cette double vie l'épanouirait pleinement si ce lourdaud de Léonard, détective amateur comme elle, ne lui avait pas été imposé comme coéquipier par la Reine.

    Détective amateur n°2 !
    Léonard Autier, coiffeur intrépide et maladroit au service de sa Majesté, ne cesse de susciter l'agacement de Rose. Pourtant, lui, semble de plus en plus sensible à ses charmes...

    Ma Note : ★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La femme au pistolet d’or est le quatrième volume d’une saga de cosy mystery décalée et rafraîchissante, qui nous emmène à la fin des années 1770.
    Quelques mots pour vous remettre dans le contexte : Marie-Antoinette et Louis XVI sont fraîchement montés sur le trône et le jeune couple – surtout la reine d’ailleurs – a insufflé un certain vent de liberté, après le long règne de Louis XV. Mais Marie-Antoinette s’ennuie et son prestigieux statut de reine de France n’y change rien : elle décide alors de créer un « cabinet noir » parallèle à l’officiel, dans lequel elle fait travailler pour elle des limiers…pas comme les autres. Parmi eux, les deux principaux, qui arpentent Paris et la région de Versailles à la recherche des ennemis de la royauté : Léonard Autier et Rose Bertin, respectivement coiffeur officiel et modiste de la reine. Contraints de faire association, Léonard et Rose ne se supportent pas et passent leur temps à se jeter des injures fleuries au visage mais le crime ne leur résiste pas. Là où le coiffeur et la modiste passent, les malandrins trépassent ! Et c’est toujours aussi drôle !
    Ici, nous sommes en 1777 : cela fait trois ans que Louis XVI règne sur la France mais le jeune monarque préfère de loin son atelier de serrurerie et la chasse. Et tandis que, dans le privé, son frère cadet le comte de Provence essaie de déstabiliser le pouvoir mine de rien et que le benjamin, le comte d’Artois, s’étourdit de fêtes et de maîtresses, la reine elle, se demande bien comment elle pourrait concevoir un bébé royal sans trop avoir à subir les assauts malhabiles de son mari. Et si Franz Mesmer, nouvellement arrivé à Paris avec sa baignoire magnétique réputée guérir tous les maux était une solution ? L’idée fait son chemin  dans la tête de la jeune reine qui demande alors à une riche fermière générale, Mme Cottin de Melville, de financer l’illuminé afin que la reine puisse profiter de son traitement de choc et ainsi, tomber enceinte…à charge alors pour Léonard et Rose de déjouer les pièges qui pourraient apparaître autour d’une fortune aussi convoitée et controversée : en effet, au sein de cette grande famille de collecteurs d’impôts honnis et que l'on dit enrichis sur le dos du peuple, Mme Cottin de Melville est la seule femme, ayant récupéré la ferme générale de son époux, disparu mystérieusement trois ans auparavant. Cela ne manque évidemment pas de créer bien des jalousies, notamment chez des fermiers généraux moins bien lotis que les Cottin de Melville et nantis de baux bien moins lucratifs.
    On retrouve donc encore une fois Rose et Léonard qui endossent leur rôle de limiers pour le compte de Marie-Antoinette, une enquête qui va les emmener des entours des riches fermiers généraux jusqu’aux bas-fonds de Paris, où se côtoient les plus grandes misères.
    Comme d’habitude, c’est léger et très drôle mais pas creux pour autant et si, en apparence, cette saga ne se prend pas au sérieux, l'auteur a une solide connaissance du contexte historique, qui lui permet d'aborder sous couvert d'humour les grands sujets d'une époque passionnante à bien des égards : ici, l’auteur place au centre de son récit la Ferme générale, cette entité consubstantielle de la royauté française et qui participa probablement aux mécontentements de la fin du XVIIIème siècle, précédant la Révolution française. Fondée sous Louis XIV mais dont les origines remontent aux systèmes de collecte des impôts du Moyen Âge, la Ferme générale disparaîtra en 1790. De 1726 à la fin de l’Ancien Régime, on compta 223 fermiers généraux : la plupart étaient issus de la bourgeoisie et s’étaient élevés dans la hiérarchie sociale. Ils furent le symbole de la décadence de l’Ancien Régime et un objet de haine pour le peuple, notamment lorsque la Ferme ceinture la ville de Paris de barrières d’octroi à partir de 1784. Certaines des barrières d’octroi de Paris seront d’ailleurs prises et brûlées par les habitants, quelques jours avant la prise de la Bastille en juillet 1789.
    L’autre sujet du roman, c’est la question de l’héritier royal : on le sait, un couple royal plus que tout autre se doit d’avoir des enfants et, de préférence, un fils afin de consolider son pouvoir. Mais Louis XVI semble peu préoccupé par la chose et la reine, malgré les admonestations répétées de sa mère et de son frère Joseph II, préfère s’amuser et créer les modes en se parant des atours extravagants de Rose et de Léonard. Pourtant, en cette année 1777, il devient urgent pour le couple que la reine soit enceinte, ne serait-ce que pour contrer les ambitions un peu trop grandes des deux cadets du roi.
    Et Frédéric Lenormand, en bon cuisinier littéraire, va lier le tout avec…Franz Mesmer, autre personnage assez incontournable lorsqu’on s’intéresse au XVIIIème siècle : médecin allemand né en 1734 dans la région de Bade, il est l’inventeur du magnétisme animal aussi appelé mesmérisme, théories thérapeutiques qui postulaient l'existence d'un fluide magnétique universel dont on pouvait faire une utilisation à des fins thérapeutiques et médicinales. Le mesmérisme se développera jusqu’à la fin du XIXème siècle avant d’être progressivement considéré comme une pseudo-science mais reflète bien cette dichotomie d’un siècle déjà tourné vers un rationnel scientifique débarrassé de l’idolâtrie religieuse mais qui se trouve malgré tout de nouvelles sources de croyances, qui n’ont rien à voir avec Dieu mais sont tout aussi superstitieuses et dénuées de véritable fondement.
    Il ne faut donc pas grand-chose pour créer l’ébauche de l’intrigue de La femme au pistolet d’or : un magnétiseur allemand coqueluche du tout-Paris, une fermière générale et une reine incognito qui se rencontrent autour d’une baignoire remplie d’eau et de limaille de fer et voilà soudain Marie-Antoinette qui croit avoir trouvé le remède à tous ses maux !
    Rose et Léonard vont encore une fois se retrouver embarqués dans une aventure folle, flanqués d’un grand et beau Suédois décidé à aller libérer les Américains : eh oui, vous l’aurez peut-être reconnu, Axel de Fersen fait une entrée dans la vie de la reine en même temps que dans la saga, où il est présenté habilement et de manière assez drôle, en factotum de la modiste et du coiffeur.
    Encore une fois, j’ai trouvé cette lecture extrêmement plaisante : ça se lit très vite et si vous aimez les véritables intrigues policières, effectivement cette saga n’est peut-être pas pour vous. Mais si vous aimez les cosy mystery, qui plus est avec une petite touche française et historique bienvenues, vous serez certainement séduits, comme je le suis pour ma part depuis ma découverte de L’enquête du Barry, en février 2021. J’avais auparavant beaucoup aimé sa saga Voltaire mène l’enquête, ce qui m’a conduite à me diriger tout naturellement vers Au service secret de Marie-Antoinette et, vraiment, je dois dire que je passe un très bon moment de lecture à chaque fois. J’ai déjà hâte de lire la suite !

    En Bref :

    Les + : toujours aussi frais, léger, décalé, drôle et irrévérencieux ! Frédéric Lenormand ne se prend pas au sérieux et prend un malin plaisir à jouer avec ses personnages ! Un petit bonbon.
    Les - :
    pour moi, aucun.


    Au service secret de Marie-Antoinette, tome 4, La femme au pistolet d'or ; Frédéric Lenormand

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Retrouvez mes billets sur les trois premiers tomes :

     

    L'enquête du Barry

    Pas de répit pour la reine

    La mariée était en Rose Bertin


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