• « Mieux vaut pour certains une superstition d'espoir qu'une vérité désespérante. »

    Les Enquêtes de M. de Mortagne, bourreau, tome 1, Le Brasier de Justice ; Andrea H. Japp

    Publié en 2011

    Editions Flammarion (collection Romans Historiques)

    406 pages

    Premier tome de la saga Les Enquêtes de M. de Mortagne, bourreau 

     

    Résumé :

    XIVe siècle. Une province de France apeurée. Des enfants assassinés sans que nul ne parvienne à déjouer les manœuvres du meurtrier. Comment arrêter ces crimes abominables ? Qui osera s'atteler à cette tâche abominable ?
    Hardouin cadet-Venelle, un être différent au masque de cuir noir, dont la mort est le métier, s'y risquera-t-il ? Qu'il soit bourreau l'aidera-t-il pour mener l'enquête ?
    Comment concilier cette soif de vérité et le fait qu'il torture et tue au nom de la loi ? Les voix qui le hantent proviennent-elles des ténèbres où errent ses victimes ? L'une d'elles, Marie de Salvin, jeune femme éblouissante qu'il a brûlée vive, ne le quitte plus. Quant à Evangeline exécutée pour meurtre, découvrira-t-il la preuve de son innocence ?
    Des interrogations auxquelles il devra répondre dans un face-à-face de feu et de sang. Une quête qui le conduit à perdre son âme en tentant d'obtenir justice pour celle des autres.

    Le Brasier de Justice est la première aventure de cadet-Venelle, bourreau du Moyen Âge cherchant à rétablir la justice des Dieu quand celle des hommes vacille.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1305, dans le Perche. Le bourreau de Mortagne, Hardouin cadet-Venelle, conduit à la mort une jeune femme jugée coupable par ordalie. Par la suite obsédé par la souvenir de cette morte, M. Justice de Mortagne, comme on l'appelle, n'aura de cesse de chercher la vérité et de rétablir dans leur dignité ceux qui ont été injustement condamnés.
    Il se trouve que, non loin de Mortagne, dans la ville de Nogent-le-Rotrou, enclave bretonne dans les comtés de Perche et d'Alençon, appartenant au frère du roi, Charles de Valois, se perpètrent depuis quelques mois des meurtres horribles que le bailli de la cité, Guy de Trais, ne parvient manifestement pas à élucider. De jeunes enfants des rues sont retrouvés sauvagement assassinés dans les ruelles de la ville et il semblerait que les pires outrages leur aient été infligés avant que mort ne s'ensuive. Dépêché sur place par messire Arnaud de Tisans, le bailli de Mortagne, Hardouin, homme d'honneur mais sans scrupules, est mandaté par lui pour faire la lumière sur ces atroces assassinats tout en enquêtant sur une ancienne condamnation, celle d'une simple, Evangeline Caquet, condamnée à être enterrée vive pour avoir assassiné sa maîtresse, une bourgeoise de Mortagne. Le bourreau de Mortagne est bien décidé à démêler ces deux enquêtes qu'il mène de front. Et si l'une -l'enquête sur la simple- s'avère finalement relativement rapide il va, avec celle menée sur les petits saute-ruisseaux, mettre le doigt dans des rouages qui le dépassent et pourraient bien toucher de près au trône et aux sordides menées politiques des grands. Au même moment, une jeune baronne des alentours de Nogent, Mahaut de Vingonrin, est accusée d'enherbements sur plusieurs membres de sa famille et notamment son jeune fils de cinq ans, Guillaume...
    Voici donc, résumée en quelques lignes, la teneur du premier tome des Enquêtes de M. de Mortagne, bourreau, saga d'Andrea H. Japp qui, chronologiquement, ferait suite à La Dame sans Terre, se passant aussi dans le Perche mais cette fois, en 1304. Si, dans cette dernière série, le policier le dispute à l'ésotérisme, nous sommes ici ancrés et bien ancrés sur la terre ferme, en ce début de XIVème siècle. Nous suivons donc Hardouin cadet-Venelle dans ses différentes pérégrinations entre Mortagne-du-Perche et Nogent-le-Rotrou, où il mène ses enquêtes pour le compte d'Arnaud de Tisans. Au Moyen Âge, et même après, le bourreau est un personnage qui fait partie de la société et a sa propre place dans la hiérarchie de la justice, procédant aux tortures -la Question- et, ensuite, le cas échéant, aux différentes exécutions en vigueur. Pour autant, il reste un personnage craint, un personnage qui traîne la mort après lui et, en général, les bourreaux se recrutent dans les mêmes familles, les fils succédant aux pères. De même pour les unions : pas question pour un bourreau, bien que richement établi comme peut l'être Hardouin, par exemple, dans la série, ne se marie ne serait-ce avec une petite bourgeoise. Les bourreaux épouseront les filles ou sœurs des autres bourreaux et de véritables dynasties dont la mort est le métier verront ainsi le jour -énormément de famille « bourrelières » se trouvaient ainsi unies par des liens de consanguinité plus ou moins importants. Pour résumer, le bourreau est en quelque sorte un paria résidant hors des villes et, bien que bénéficiant d'avantages dus à sa fonction, comme le havage par exemple -le droit de prendre gratuitement sur les étaux des marchands la quantité de nourriture tenant dans la paume de la main-, il est, pour une grande partie de la population, un personnage qui fait peur et, donc, par là même, évité et peu apprécié. Le bourreau est condamné à mener une vie en dehors de cette société, en exclu alors même que, paradoxalement, il reste un membre indispensable pour la justice de l'époque. 
    Hardouin n'est donc pas devenu bourreau de sa volonté mais parce que le hasard a fait de lui l'héritier de son père, après la mort de ce dernier et de son frère aîné, destiné à reprendre la charge de leur géniteur. Ainsi, il se trouve devenir M. Justice de Mortagne, bras armé de la justice, celui qui tue au nom de la loi. Mais, pour autant, il n'en est pas moins un homme juste et bon, chrétien fervent, pour qui la justice ne se bafoue pas et bien déterminé, après avoir pris conscience qu'il a envoyé au bûcher une jeune femme innocente et, de plus, déshonorée de son vivant par un vaurien sans foi ni loi, à punir ceux qui ne respectent ni la justice des hommes ni celle de Dieu. Et, bien que touchant parfois à des arcanes qui lui sont bien étrangères, il n'hésitera pas à punir les coupables, faisant fi de leur appartenance sociale et de leur fortune. 

    Après un début assez poussif, je dois dire, l'intrigue se met en place. Les cent premières pages servent à poser l'intrigue et, même si elles ne sont pas des plus palpitantes, elles permettent en quelque sorte de faire connaissance avec les personnages du roman et notamment notre héros, Hardouin mais aussi avec l'ambiance du livre. On se retrouve cette atmosphère tendue, poisseuse, que j'avais déjà pu déceler dans La Dame sans Terre, un formidable thriller en quatre tomes. Les enquêtes menées par les héros d'Andrea H. Japp sont en général très emmêlées, complexes et surtout, très noires, voire sordides, comme ici, avec des meurtres d'enfants -même si l'enfant n'était pas, au Moyen Âge, considéré comme de nos jours. Premier tome relativement court, Le Brasier de Justice se laisse très bien lire et, lorsque l'intrigue policière se met réellement en place, il est parfois difficile de poser le livre. J'avais lu pas mal d'avis relativement mitigés mais, pour ma part, je dois dire que le charme a opéré et que c'est avec grand plaisir que j'ai découvert cette première enquête d'Hardouin cadet-Venelle, aussi noire soit-elle. Le style, bien que relativement simple, est dynamique et rythmé. Beaucoup de notes de bas de page qui peuvent finir par lasser, il est vrai, mais apportent cela dit pas mal de compléments au récit. Un glossaire très détaillé se trouve également en fin d'ouvrage, avec des notices biographiques des personnages historiques présents dans le roman -comme le roi Philippe le Bel, son conseiller Guillaume de Nogaret, son frère, Charles de Valois-, mais aussi des informations plus pratiques comme le renseignement des heures canoniales, très importantes au Moyen Âge puisqu'elles permettaient à la population de savoir quelle heure il était ou bien, des correspondances entre les unités de mesure actuelles et celles de l'époque, très fluctuantes d'une province à une autre -cela va d'ailleurs perdurer durant l'Ancien Régime et jusqu'à la Révolution. Les livres historiques d'Andrea H. Japp sont toujours très bien documentés et on ressent bien sa volonté de nous livrer des récits, certes romancés, mais qui tiennent la route, étayés par des recherches historiques sérieuses
    Bref, ce premier tome est, pour moi, particulièrement convaincant et m'a donné très envie de découvrir les autres enquêtes de M. Justice de Mortagne, un personnage profond et complexe, mais, au demeurant, attachant.

     

    En Bref :

    Les + : une enquête sombre, un contexte historique bien restitué, des personnages percutants et travaillés.
    Les - :
    des longueurs au début, des notes de bas de page très nombreuses, utiles certes, mais qui peuvent parfois lasser.

     


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  • « Ceux que nous aimons, c'est à l'aune de leurs vertus et de leurs défauts confondus qu'il nous faut les apprécier. »

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 8, Le Noyé du Grand Canal ; Jean-François Parot

    Publié en 2012

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    435 pages

    Huitième tome de la saga Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet

     

    Résumé :

    A la cour de Versailles, la reine s'ennuie.
    D'escapades nocturnes en bals costumés, Marie-Antoinette s'étourdit de plaisirs... mais la fête tourne court lorsqu'un de ses précieux bijoux, volé pendant le Bal de l'Opéra, devient l'enjeu d'une affaire aux multiples ramifications. Alors que la guerre navale se développe contre l'Angleterre, Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet et familier des arcanes du pouvoir, plonge dans un jeu de dupes au parfum de trahison.
    Entre les frasques du duc de Chartres, les manigances du comte de Provence, le double jeu de l'inspecteur Renard et un assassin qui le défie avec orgueil, Le Floch n'aura pas la tâche facile. Car à la cour, ce royaume du mystère et de l'indiscrétion, toutes les batailles ne se jouent pas à fleurets mouchetés !

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Eté 1778. A Versailes, la reine Marie-Antoinette s'ennuie. Elle est enceinte, peut-être attend-t-elle enfin l'héritier du trône que tout le monde attend ? Mais à la joie de la grossesse de la reine s'ajoute l'inquiétude car la France est en guerre contre l'Angleterre. Et, de plus, il se trouve qu'un bijou très apprécié de Sa Majesté a disparu lors d'un bal au début de l'année et que ledit bijou est introuvable...enfin, la police du royaume a fort à faire pour empêcher d'immondes pamphlets et libelles d'inonder la Cour, fustigeant le comportement frivole et léger de la jeune souveraine. Et, pour couronner le tout, une affreuse canicule afflige le royaume depuis la fin du printemps et ne semble pas décidée à laisser le pas à la fraîcheur.
    C'est dans ce contexte que nous retrouvons notre cher commissaire Le Floch, qui a du pain sur la planche ! Alors qu'il est mandaté par le roi lui-même pour accompagner le duc de Chartres à Ouessant, où une bataille doit opposer les flottes françaises et anglaises -la bataille d'Ouessant, le 27 juillet 1778-, le commissaire, par ailleurs marquis de Ranreuil, connaît le baptême du feu sur les navires royaux. Mais, bien vite, c'est sa casquette -ou plutôt devrions-nous dire, son tricorne - de commissaire que Nicolas va être obligé de remettre quand il se rend compte que l'enquête sur la disparition du bijou de la reine prend des tours et détours de plus en plus sinistres. Et, comme cela ne manque pas, encore une fois, ce sont de nombreux cadavres que va semer sous ses pas notre cher commissaire et ce seront bien des embûches que ses adversaires ne vont pas manquer de placer sur sa route ! Mais, flanqué de son fidèle Bourdeau, inspecteur de police, de Semacgus, ancien médecin de marine, de Le Noir, lieutenant général de police et de l'éternel Sartine, Nicolas ne se laisse pas impressionner et est bien décidé à démêler les fils d'un écheveau qui semble toucher au plus près les intérêts du trône et de la reine, trop souvent calomniée. Et voici qu'un noyé, qui donne d'ailleurs son titre au livre, va être retrouvé dans le Grand Canal de Versailles et va amorcer une enquête de longue haleine pour nos chers personnages et surtout, notre commissaire préféré ! 

     

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 8, Le Noyé du Grand Canal ; Jean-François Parot

    La Bataille d'Ouessant par Thédore Gudin (XIXème siècle)


    Après Le Cadavre Anglais, dont l'intrigue était relativement peu enlevée -disons que Nicolas nous avait habitué à mieux-, nous retrouvons enfin une enquête rythmée, dynamique, malgré les longueurs. En effet, si les enquêtes se déroulent en général sur quelques semaines, ici, le roman s'ouvre en février 1778 pour ne s'achever que le 19 décembre 1778...ceux qui aiment l'Histoire ou Marie-Antoinette -où les deux, comme moi-, reconnaîtront immédiatement cette date comme étant celle de la naissance du premier enfant des souverains : Marie-Thérèse, dite Madame Royale. Nous avons donc presque toute une année qui se déroule ici, même si l'intrigue policière à proprement parler ne se déroule que sur quelques semaines de l'été 1778 -encore un changement : Jean-François Parot a souvent habitué ses lecteurs à des intrigues qui se situent en hiver, là, c'est en plein cœur d'un été torride que se trame de sombres menées. Paradoxalement, le tome est relativement lent à démarrer puisque les premiers chapitres traitent surtout de la mission de Nicolas auprès du duc de Chartres en Bretagne mais l'intrigue policière est haletante et le suspense, puissant. Autant l'enquête dans Le Cadavre Anglais était relativement facile à suivre, là, je dois avouer que, dans Le Noyé du Grand Canal, j'en ai retrouvé une particulièrement retorse, ficelée et re-ficelée, qui fait se perdre le lecteur dans de nombreuses conjectures et je dois avouer que, à la fin, lorsqu'enfin la lumière se fait et que le voile se lève, il m'a fallu parfois relire deux-ou trois fois un passage pour être bien sûre de comprendre et encore, parfois, je n'arrivais pas forcément à relier tous les éléments entre eux tant les faits se croisent pour ne former finalement plus qu'une enquête...Ainsi, la disparition du bijou passe-partout de la reine et l'empêchement des libelles à circuler dans le royaume se trouvent bientôt liées à une affaire étrange d'opéra, de vols particulièrement incongrus au Grand Commun...l'auteur prend un malin plaisir à nous balader comme le -ou les- meurtrier (s) balade (nt) Nicolas et ses fidèles suivants.
    Bref, la seule chose que je reprocherais finalement à ce roman, ce sont les longueurs et la lenteur à démarrer mais elles sont très vite compensées par la qualité de l'intrigue policière qui leur succède...quant au style, je n'en dirai rien : les amateurs de notre cher commissaire le connaissent déjà, pour les autres, je vous engage à le découvrir rapidement. Entre truculence, recettes de cuisines qui mettent l'eau à la bouche et citations qui font sens, Nicolas Le Floch reste décidément une saga historique qui tient la route et se lit avec plaisir.

     

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 8, Le Noyé du Grand Canal ; Jean-François Parot

    Nicolas Le Floch (Jérome Robart) et sa maîtresse, Aimée d'Arranet (Nora Lehembre) dans l'adaptation télévisée

    En Bref :

    Les + : une enquête dynamique, enlevée, compliquée à suivre mais c'est ça aussi qui fait son charme.
    Les - :
     des longueurs, heureusement compensées par la qualité de l'intrigue policière. yes


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  • « Une histoire incroyable racontée avec assurance passe facilement pour une vérité. »

    Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 3, Londres, 1200 ; Jean d'Aillon

    Publié en 2011

    Editions J'ai Lu

    442 pages

    Troisième tome de la saga Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour

     

    Résumé :

    Après la mort de Richard Cœur de Lion, son frère Jean lui succède. Mais le roi de France, Philippe Auguste, apprend qu'un testament secret de Richard désignant son neveu Arthur de Bretagne est dissimulé à Londres, dans la grande tour blanche construite par Guillaume le Conquérant. Seul Guilhem, qui avait déjà sauvé la vie du roi, sera capable de ramener le précieux manuscrit. De grands dangers guettent le chevalier troubadour, la troupe de cathares qu'il escorte vers Albi et son ami de toujours, Robert de Locksley. Réussira-t-il à déjouer les complots, à éviter brigands et Anglais, à regagner, enfin, son fief de Lamaguère ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Nous sommes en 1200, à la toute fin du XIIème siècle. L'année précédente, lors du siège du château de Châlus, en Limousin, le roi d'Angleterre Richard Coeur-de-Lion a succombé à l'habile flèche tirée depuis la forteresse par Pierre Basile. N'ayant pas d'enfants, son royaume d'Angleterre, hérité de son père le roi Henry II Plantagenêt, passe à son frère, le comte de Mortain, surnommé Jean sans Terre, John Lackland en Angleterre. Incapable, imbu de lui-même, le nouveau souverain s'avère un bien piètre gouverneur et c'est d'ailleurs sous son règne, en 1215 que sera signée la Magna Carta (la « Grande Charte »), encore en vigueur aujourd'hui et qui limite le pouvoir du monarque britannique. Mais ceci est une autre histoire.
    Pour le moment, un an à peine après la mort du Coeur-de-Lion, les Plantagênet se déchirent, Arthur de Bretagne, neveu de Jean sans Terre et de Richard ne reconnaissant pas l'accession au pouvoir de son oncle et revendiquant la couronne d'Angleterre pour lui-même. Opposé au roi Jean, Philippe-Auguste, lui, est bien décidé à faire plier son adversaire par tout les moyens afin d'obtenir enfin la paix. Le roi apprend alors qu'un testament est gardé à la Tour de Londres, un testament qui pourrait bien contrarier Jean...En effet, ce testament signé de la main de Richard et que tout le monde croyait disparu stipule qu'à sa mort, le royaume d'Angleterre devait revenir, non à Jean son frère félon mais à son neveu Arthur, le fils de Constance de Bretagne et de Geoffroi Plantagenêt, frère de Richard et de Jean. Avec ce testament en main, le rusé roi de France pourrait ainsi tenir doublement le roi d'Angleterre, dont il réclame l'hommage vassalique pour ses possessions continentales et à la nièce duquel il a promis son héritier Louis. Et tandis que le mariage entre la jeune Blanche de Castille, nièce de Jean et petite-fille de la fameuse Aliénor, qui ira la chercher outre-monts et un traité de paix se préparent (ce sera le traité dit du Goulet, signé en Normandie où eut lieu le mariage), Philippe-Auguste échafaude un plan qui lui permettra de récupérer le testament de Richard...

    Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 3, Londres, 1200 ; Jean d'Aillon

    Jean Sans Terre (gravure imaginaire du XIXème siècle)


    A qui d'autre qu'à Guilhem d'Ussel et Robert de Locksley, le remarquable archer saxon, confier la périlleuse mission d'aller quérir ce précieux document au cœur de l'une des forteresses les plus complexes et les plus imprenables de la chrétienté ? Après avoir traversé les régions de l'Ouest, entre Paris et le comté de Toulouse, régions exsangues et ravagées par les Cottereaux et les Brabançons de Mercadier et Brandin -respectivement à la solde d'Aliénor et du roi Jean-, accompagnant des cathares vers Albi, voilà que Guilhem, à peine en possession de son fief de Lamaguère, va devoir repartir, cette fois vers un pays étranger, l'Angleterre. Accompagné de Locksley, de ses archers et écuyers saxons qui connaissent le pays, d'Anna-Maria, l'épouse italienne de Locksley et du frère de cette dernière, Bartolomeo, son écuyer, le chevalier troubadour, après avoir assisté à l'arrivée de la jeune princesse castillane à Bordeaux et avoir échappé de peu aux hommes du terrible Mercadier, embarque donc sur un nef en direction de l'Angleterre où, encore une fois, il se trouve confronté à bien des embûches : trahisons, espionnages, combats et meurtres se succèdent sous nos yeux. Mais il en faudrait bien plus pour faire baisser les bras de notre chevalier, qui va trouver une combine très ingénieuse pour faire sortir le précieux parchemin de la Tour, aux dépens de ses ennemis qui le pourchassent depuis Bordeaux.

     

    Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 3, Londres, 1200 ; Jean d'Aillon

    Une représentation du XIXème siècle des personnages légendaires Robin-des-Bois et Petit Jean


    Nous retrouvons les personnages avec lesquels nous avions fait connaissance dans les premiers tomes, Marseille, 1198 et Paris, 1199. Dans le premier tome, c'est aux félons seigneurs des Baux-de-Provence que Guilhem alla régler leurs comptes après un meurtre ignominieux commis dans les rues de Marseille, dans le second, accompagné de son fidèle Locksley, le comte de Huntington, il défendit carrément le roi de France contre les sombres menées de Jean sans Terre qui avait envisagé de le faire assassiner. Ici, travaillant pour ledit roi de France, il devra duper les Anglais et leur roi pour se montrer un bon et loyal vassal de la couronne des lys. Guilhem, chevalier, ancien routier, troubadour à ses heures, est encore une fois le héros de la saga, ex-æquo avec Loksley, personnage du folklore anglais bien connu sous le surnom de Robin Hood, Robin-au-Capuchon ou Robin-des-Bois. Ce dernier est accompagné de ses fidèles Saxons, de sa douce et belle épouse, Anna Maria et du frère de cette dernière, jeune troubadours rencontrés dans le premier tome et présentés comme les enfants illégitimes d'un prélat romain, le cardinal Ubaldi. C'est avec un grand plaisir que nous retrouvons ces personnages hauts-en-couleur et avec lesquels nous avons pris l'habitude, depuis Marseille, 1198, de partir à l'aventure.
    Quant au style, j'ai parfois déploré quelques lourdeurs, notamment dans les scènes de combat, qui reviennent assez souvent dans ce tome-ci -parfois pas forcément à bon escient, mais bon. Quelques lourdeurs syntaxiques aussi, mais dans l'ensemble, le roman reste relativement fluide et l'intrigue policière relativement bien amenée, plusieurs intrigues se recoupant les unes dans les autres pour aboutir au résultat -d'ailleurs, il faut suivre et j'ai parfois relu certains passages pour être sûre d'avoir bien compris.
    Dans l'ensemble, ce troisième tome tient la route et ses promesses et je le conseillerais à ceux qui ont déjà découvert les aventures de notre chevalier troubadour, que ce soit avec Marseille, 1198, Paris, 1199 ou bien De taille et d'estoc, la jeunesse de Guilhem d'Ussel. Vous ne serez pas déçus ! Ce tome-là donne envie de découvrir le quatrième tome (où, après l'apparition de Locksley, nous devrions faire connaissance avec un fameux comte Dracula) sarcastic !!

    En Bref :

    Les + : une intrigue palpitante et des personnages que l'on est toujours ravi de retrouver.
    Les - :
    parfois, quelques lourdeurs dans le style.


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  • « Le cadavre surgit et le désordre suit au moment exact où chaque détail ménagé visait à ce qu'il n'y en eût point... »

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 7, Le Cadavre Anglais ; Jean-François Parot

     

    Publié en 2012

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    432 pages

    Septième tome de la saga Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet

     

    Résumé : 

    Paris 1777, un mystérieux prisonnier meurt en tentant de s'évader de la prison du Fort-l’Évêque. Dans le même temps, la reine Marie-Antoinette, prodigue et insouciante, demande à Nicolas Le Floch de contrer des menées visant à la compromettre. Haletante et minutieuse enquête ! De Paris à Versailles, le policier des Lumières poursuit sa traversée du siècle et va de surprise en surprise. Armée de la confiance du jeune Louis XVI et du soutien de ses amis, Nicolas Le Floch parviendra-t-il, malgré périls et obstacles, à démêler les arcanes de ces affaires extraordinaires ? Dans ce septième volume, notre héros connaîtra l'exaltation d'une traque criminelle et l'amertume d'une rupture. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1777, Louis XVI règne depuis trois ans, mais, déjà, la déception est là et la colère gronde. La haine du peuple se cristallise sur la reine, Marie-Antoinette, jeune femme de vingt-deux ans dont les folies, les dépenses et la frivolité déplaisent fortement. Tandis que la souveraine demande à Nicolas Le Floch d'enquêter sur une intrigante, madame Cahuet de Villers, qui n'hésite pas à utiliser son nom dans des affaires douteuses, un mystérieux cadavre est retrouvé sur le trottoir, dans la neige, devant la prison du Fort-l'Évêque, à Paris. Tout porte à croire que ce mystérieux jeune homme retrouvé dans la neige est mort à la suite d'une chute alors qu'il tentait de s'évader...une banale mort naturelle ? Et pourtant, notre commissaire va vite être convaincu du contraire et chercher à convaincre qu'on a aidé l'inconnu à mourir...une simple affaire d'évasion qui tourne mal va alors rapidement se transformer en affaire d'Etat dans laquelle des ministres vont se trouver mêlés à de sombres affaires d'espionnage...Une personne ayant eu une place privilégiée dans la vie de Nicolas pourrait bien reparaître dans ce tome-là également...
    C'est toujours avec un grand plaisir que je me plonge dans une enquête de notre cher commissaire au Châtelet...Le Cadavre Anglais est le septième tome et, pourtant, je ne m'en lasse pas. J'ai d'ailleurs vu récemment sur internet qu'une nouvelle aventure venait d'être publiée et j'en suis particulièrement ravie ! Nicolas Le Floch fait partie de ces sagas addictives qu'on a énormément de mal à lâcher une fois qu'on a mis le nez dedans ! ^^

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 7, Le Cadavre Anglais ; Jean-François Parot

    Jérôme Robart dans l'adaptation télévisée 


    Même si cette enquête-là est peut-être un peu moins prenante et un peu moins palpitante que les autres, il est toujours plaisant de s'immerger dans ce XVIIIème siècle si bien restitué par Parot et de retrouver nos héros favoris (pour celles qui me lisent depuis un moment, vous savez combien je suis amoureuse de Nicolas...sarcastic ) !! Entre la Ville et la Cour, Nicolas nous balade des salons feutrés du Château jusqu'aux bas-fonds de la capitale et c'est avec bonheur qu'on retrouve le style bien particulier de Jean-François Parot, entre plume haute en couleur et vocabulaire truculent et imagé. Les personnages prennent de l'ampleur à mesure que les années passent...Nicolas, confronté depuis peu à ses responsabilités de père, semble plus mâture, organisé dans sa vie et réfléchi...en ce qui concerne le contexte des enquêtes, il a beaucoup changé, du fait du contexte historique relativement tendu à la fin des années 1770...la monarchie française amorce son lent déclin, qui sera effectif douze ans plus tard, avec les débuts de la Révolution Française. Le couple royal a perdu l'oreille et l'amour de son peuple et la reine est sans cesse éclaboussée par d'horribles pamphlets et libelles qui ternissent l'image royale et lui enlèvent la légitimité en même temps que le respect. Le contexte international est également particulièrement sous tension...après la désastreuse paix de 1763, la France et l'Angleterre sont à couteaux tirés, notamment en ce qui concerne les colonies d'Amérique du Nord...la France s'est engagée depuis peu auprès des Insurgents, les Américains en révolte contre leur métropole, une décision qui n'est pas pour faire l'unanimité dans le pays... Le commissaire reste pourtant, de part son histoire familiale -les aficionados ne sont pas sans savoir qu'en plus d'être commissaire au Châtelet, Nicolas est aussi le marquis de Ranreuil à la Cour-, un serviteur zélé de la Couronne...Bénéficiant dans sa jeunesse de la confiance et de l'estime du roi Louis XV, par respect à sa mémoire, il s'institue rapidement comme l'oreille attentive et respectueuse du nouveau roi, Louis XVI, petit-fils du feu roi.
    Bref, même si ce tome-là est peut-être un peu moins palpitant que les autres, il n'en reste pas moins très plaisant à lire et, en le refermant, on n'a qu'une envie : découvrir une prochaine enquête...preuve que, malgré quelques petits défauts, ce septième tome des Enquêtes de Nicolas Le Floch tient ses promesses.

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, tome 7, Le Cadavre Anglais ; Jean-François Parot

    La reine Marie-Antoinette vers 1767, par Martin van Meytens 

    En Bref :

    Les + : le style, l'atmosphère, les personnages.
    Les - :
    une enquête peut-être un peu moins captivante mais qui se laisse lire ! yes


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  • « On fait bien des chutes avant d'attraper la raison. Elle se sauve parce qu'elle croit valoir la peine qu'on lui coure après. »

     Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire de Police au Châtelet, tome 6, Le Sang des Farines ; Jean-François Parot 

     Publié en 2012

    Editions 10 /18 (collection Grands Détectives) 

    423 pages

    Sixième tome de la saga Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet

     

    Résumé :

     Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet sous le règne du jeune Louis XVI, se trouve plongé au cœur de terribles événements à la fois politiques et personnels. De retour d'une mission en Autriche où il fait d'étonnantes découvertes sur les atteintes portées au Secret du Roi, il retrouve un Paris en colère où la guerre des farines fait rage. Avec le soutien du roi et l'aide de ses fidèles amis, il enquête sur la mort suspecte d'un boulanger qui l'amène bientôt à soupçonner un complot et des liens entre ces incidents et ceux survenus à Vienne. Les mystères s'accumulent, et Nicolas devra faire vite pour résoudre cette affaire qui met en péril l'équilibre déjà précaire du pays, ainsi que son propre fils. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Quel plaisir de retrouver notre cher commissaire de police au Châtelet dans ce qu'il sait faire de mieux : démêler des intrigues particulièrement complexes mais qui ont le don de nous emporter complètement ! Nous sommes donc en 1775, un an après la mort de Louis XV. C'est son petit-fils, le jeune Louis XVI, âgé de vingt ans, qui règne depuis sur la France. La France qui, en cette première année de règne, gronde, persuadée que le feu roi a été partie prenante d'un agiotage sur les grains, menacant ainsi le peuple de famine. Cet épisode d'émeutes violentes qui secoua Paris et certaines régions de province, préfigurant la Révolution, qui devait éclater à peine quinze ans plus tard, a bien existé et est restée dans l'Histoire sous le nom de « Guerre des Farines ». C'est dans ce contexte troublé que Nicolas Le Floch, commissaire de police, va devoir enquêter sur la mort plus que mystérieuse d'un boulanger de la rue Montmartre, qui plus est locataire de M. de Noblecourt, logeur de Nicolas...Est-ce un meurtre ou bien une mort naturelle ? Il semblerait que tout soit réuni pour croire en effet que, loin d'être mort de sa belle mort, le boulanger, maître Mourut, a été poussé dans la tombe par quelqu'un aux sombres motivations...

     

    Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire de Police au Châtelet, tome 6, Le Sang des Farines ; Jean-François Parot

     Jérôme Robart dans le rôle du commissaire Le Floch (adaptations de Nicolas Picard-Dreyfus)

     

    On retrouve dans ce sixième tome un Nicolas particulièrement en forme et une intrigue encore une fois menée tambour battant et d'une main de maître, Jean-François Parot ayant le chic pour tisser des récits complexes et imbriqués mais que l'on prend tout de même un grand plaisir à suivre...le contexte historique est encore une fois restitué avec une exactitude et une rigueur particulière, ce qui fait que nous sommes transportés dès les premières pages dans ce Paris du XVIIIème, bruyant et coloré, si cher à notre commissaire...c'est également toujours un plaisir que de retrouver nos fameux personnages, auxquels on s'attache de plus en plus à chaque tome. Et c'est toujours très plaisant de faire plus ample connaissance avec Louis Le Floch, fils de Nicolas et de La Satin, découvert précédemment, mais qui n'avait fait que passer et qui, je l'espère, en tous cas, va prendre peu à peu plus de teneur au fil des intrigues.
    Rien à dire quant au style...de toute façon, il n'y a souvent rien à redire, dans une chronique sur un Nicolas Le Floch. On retrouver ce parler truculent du Paris de l'Ancien Régime, si bien restitué par l'auteur et son ton toujours ironique et bourré d'humour qui nous fait souvent sourire, qu'on se croirait soudainement ramené deux-cents ans en arrière en tournant une seule page !  Je trouve que c'est toujours un plaisir de retrouver une enquête de Nicolas, tout simplement parce qu'en plus d'être assuré de passer un bon moment de lecture, la qualité stylistique est là et ce n'est quand même pas rien. Entre écriture bien maîtrisée, traits d'humour et d'ironie mordants et citations percutantes, on ne s'ennuie pas et c'est parfait ! Quant à l'enquête, elle est déroulée si subtilement qu'on est mordu dès le début et qu'on a ensuite du mal à lâcher le bouquin -comme souvent, j'ai envie de dire, car, en général, les enquêtes de Nicolas Le Floch sont particulièrement addictives et cela, dès les premières pages ! yes Après les longueurs du quatrième tome, qui était, en quelque sorte, un tome de transition, puisque traitant, en filigrane, de la mort de Louis XV et de l'avènement de Louis XVI, on retrouve une intrigue plus vive, qui rebondit beaucoup et nous fait passer d'un endroit à un autre et d'une hypothèse à une autre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire !
    Ce tome-là se clôture sur le sacre de Louis XVI à Reims en mai 1775, un an tout juste après son arrivée au pouvoir. Et l'on n'a plus qu'une envie, c'est découvrir ce qui va se passer dans le tome sept...mais ceci sera pour une autre chronique ! ^^ 

    En Bref : 

    Les + : une enquête menée tambour battant et bien maîtrisée ; des personnages toujours bien travaillés et attachants.
    Les - : Aucun.                                                                                                                                                              


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