• #34 : Anne Boleyn (1501 ou 1507 - 1536) et Katherine Howard (1520 - 1540), les épouses sacrifiées

    First meeting of Henry VIII and Anne Bol - Daniel Maclise en reproduction  imprimée ou copie peinte à l'huile sur toile

    Connu pour ses six mariages qui lui valurent le surnom de Barbe-Bleue, le roi anglais Henry VIII condamna l'une à l'exil (Catherine d'Aragon), assista impuissant à la mort en couches de sa troisième et tendrement aimée épouse (Jane Seymour, qui lui donna l'héritier tant désiré), en répudia une autre (Anne de Clèves) et seul la sixième et dernière, Catherine Parr, lui survécut. Les seconde et quatrième épouses, dont les parcours sont sensiblement similaires, furent accusées quelques années après leur mariage d'adultère et de trahison, deux crimes passibles de la peine de mort. Elles paieront de leur vie d'avoir été remarquées par le roi...


    I. Anne Boleyn, l'ambitieuse

    Illustration.

     

    Anne Boleyn serait née vers 1501 ou 1507 à Blicking Hall, dans le Norfolk. Elle est la fille de Thomas Boleyn et Elizabeth Howard et a pour frère et sœur Georges et Mary Boleyn. Si les Boleyn sont avant tout des propriétaires terriens, faisant carrière dans la diplomatie ou la politique, la famille maternelle d'Anne est plus prestigieuse : en effet, sa mère Elizabeth est issue de la famille aristocratique Howard et elle est la fille du deuxième duc de Norfolk, Thomas Howard. 
    Elle quitte l'Angleterre à un assez jeune âge, parfait son éducation avec Marguerite d'Autriche aux Pays-Bas avant de rejoindre la Cour de France, après avoir passé probablement les premières années de l'enfance dans le domaine de Hever (Kent). Elle rentrera dans son pays vers l'âge de 20 ans.
    A l'âge adulte, elle a des relations plutôt houleuses avec son père, alors qu'elle semblait très soucieuse de lui plaire dans son enfance - il est très probable qu'Anne ait été, par son père et par son oncle Norfolk, considérée comme un instrument et un pion afin d'assouvir leurs propres ambitions, comme le sera Mary avant elle. En revanche, les relations  au sein de la fratrie sont plutôt bonnes : elle s'entend bien avec sa sœur Mary et elle est proche de son frère Georges.
    Avant qu'elle ne devienne la maîtresse du roi Henry VIII, c'est sa sœur Mary qui gagne le cœur et la couche du monarque. Mais lorsque ce dernier se désintéresse de Mary, Anne est poussée dans les bras d'Henry VIII par son père et par son oncle, qui voient là un moyen de consolider l'influence de leur famille. 
    Est-ce la beauté d'Anne qui attire Henry VIII ? Il faut avouer qu'Anne Boleyn n'est pas une beauté conventionnelle pour l'époque : pour autant, elle n'est pas affligée de difformités comme le fameux sixième doigt qu'on lui attribue parfois, qui serait une marque diabolique. Elle est mince et a un teint un peu trop foncé, alors que la mode de l'époque est aux teints pâles voire laiteux. Elle a de très beaux yeux noirs et porte ses cheveux bruns librement dans le dos. Sans être d'une grande beauté, elle a de l'allure et suffisamment de charme pour faire se retourner le roi, qui s'éprend d'elle d'autant plus que ses relations avec son épouse Catherine d'Aragon se dégradent : en effet celle-ci, épousée en 1509, n'est pas parvenue à donner d'héritier au roi. Ses grossesses se sont soldées par des fausses couches ou la mort des enfants. Seule une fille, née en 1516 et prénommée Marie, a survécu. 
    Anne Boleyn débute à la cour en 1522, alors que Catherine d'Aragon, la reine, jouit d'une grande popularité. En 1525, Henry VIII commence à la courtiser. L'amour du roi pour Anne Boleyn sera à l'origine du schisme qui marquera la rupture entre l'Église d'Angleterre et le Pape. En effet, c'est une folle passion que le souverain anglais nourrit pour la très jeune femme. Mais Anne Boleyn refuse les avances du roi, renvoie ses présents et se fait désirer. Cette résistance pousse Henry VIII a entamer une réforme de l'église anglaise pour pouvoir épouser Anne et enfin l'épouser : il n'aura ainsi pas de comptes à rendre à la papauté s'il décide de se séparer de la reine pour épouser Anne Boleyn. 
    Seulement l'opinion et les clercs d'Angleterre s'opposent à une répudiation de la reine Catherine d'Aragon, très pieuse. Henry VIII décide de passer outre leurs avis et, en 1530, après avoir résisté et
    essayer de conserver sa place sur le trône, la reine Catherine est exilée loin de la Cour et ses appartements sont donnés par le roi à Anne Boleyn. Le cardinal Wolsey, grand ennemi d'Anne, a été emprisonné à la Tour de Londres sur l'ordre du roi et ce dernier se suicide dans sa cellule. Cet obstacle éliminé, Anne devient l'une des personnes les plus puissantes et les plus influentes à la Cour.
    Henri et Anne Boleyn se marient secrètement après un voyage à Calais, où ils ont rencontré le roi de France François Ier, puis, la jeune femme constate qu'elle est enceinte. Une deuxième cérémonie a alors lieu à Londres en janvier 1533. Quelques mois auparavant, le 1er septembre 1532, Anne Boleyn, a été titrée marquise de Pembroke et devient, à partir de son mariage, reine d'Angleterre.
    Néanmoins, la vie conjugale des souverains d'Angleterre se gâte très vite. A des périodes de calme et d'affection, succèdent des périodes orageuses. En 1533, Anne accouche de son premier enfant mais déçoit le roi. En effet, c'est une fille : cette enfant sera la future Elizabeth Ière, qui règnera sur l'Angleterre de 1558 à 1603, inaugurant une véritable ère prospère qui porte encore son nom : l'ère élisabéthaine, marquée notamment par l'épanouissement du théâtre de Shakespeare.
    A l'été 1534, la grossesse de la reine se solde par une fausse couche et en 1536, après une vingtaine de semaines de grossesse, elle perd un enfant qui aurait été un garçon : l'enfant aurait-il été affligé de malformations comme on le dit parfois, poussant alors le roi à croire que sa femme a entretenu un commerce diabolique dont cet enfant aurait été le fruit - les malformations physiques étaient en effet vues à l'époque comme des marques diaboliques ? Henry VIII est-il surtout disposé à se débarrasser coûte qu coûte de cette femme dont il s'est lassé ? C'est bien possible puisque à ce moment-là, le roi s'est déjà entiché d'une nouvelle jeune femme, Jane Seymour, qu'il courtise ouvertement. La situation de la reine Anne, qui se montre incapable de donner un héritier mâle à la couronne anglaise, devient difficile et elle doit essuyer le ressentiment du roi, qui la tient pour responsable de ses fausse-couches.
    En avril 1536, le scandale qui couvait depuis de longues semaines éclate enfin. Une opportune rumeur apparaît : Anne Boleyn n'aurait pas été vierge en épousant le roi et aurait même été fiancée  dans sa jeunesse au fils du comte de Northumberland, ce dont elle se serait bien gardée d'avertir le roi et elle aurait entretenu des liaisons adultères avec des musiciens et poètes durant son mariage. On l'accuse même d'inceste, la reine se serait en effet rendue coupable de liaisons intimes avec son frère George Boleyn, qui sera exécuté le 17 mai avec Henry Norris, ami d'Henry VIII mais considéré comme amant de la reine.
    Anne Boleyn est arrêtée et enfermée à la Tour de Londres, tout comme ses prétendus amants. Son père, Thomas Boleyn, est également arrêté mais sera relâché après l'exécution de son fils.
    Le 19 mai 1536, après plusieurs reports de l'exécution et après une longue période d'agonie faite d'incertitudes et d'angoisse, Anne est enfin menée à l'échafaud. En souvenir de celle qu'il a aimée, Henri VIII lui accorde la grâce d'une mort dite à la française : elle sera exécutée à l'épée, par un bourreau venu de Calais. La décapitation par l'épée était réputée moins douloureuse que par le fer de la hache.

     

    Personnage romanesque au destin tragique, Anne Boleyn inspire aujourd'hui le cinéma et les romanciers. Elle a ainsi été incarnée, ces dernières années, par Natalie Dormer dans la série The Tudors, par Natalie Portman dans le film Deux sœurs pour un roi, adaptation du roman de Philippa Gregory et par Claire Foy (The Crown) dans la mini-série Wolf Hall

    II. Katherine Howard, morte à 20 ans

     

    Hans Holbein the Younger - Portrait of a Lady, perhaps Katherine Howard (Royal Collection).JPG

    Katherine (ou Catherine) Howard est née en 1520 ou 1522 à Londres. Elle est le dixième enfant de Edmund Howard, fils cadet du deuxième duc de Norfolk (et donc frère d'Elizabeth, la mère d'Anne Boleyn) et de Jocasta Culpeper dite Joyce. Elle est, par son père, une cousine de Mary et Anne Boleyn qui attirèrent toutes deux, pour leur malheur, l'attention du roi Henry VIII. Comme la reine Anne, Katherine sera remarquée par le roi, lui inspirant une violente et éphémère passion et finira sa vie sur l'échafaud. La disgrâce des deux cousines est d'ailleurs sensiblement similaire. 
    Vers 1531, alors que Katherine est âgée d'une dizaine d'années, elle est envoyée chez Agnès Tinley, la duchesse douarière de Norfolk pour y être éduquée comme une fille de l'aristocratie doit l'être. Au palais de Lambeth, Katherine vit auprès des nombreuses autres pupilles d'Agnès Tinley. Son éducation est négligée, comme pour la plupart des jeunes résidentes de Lambeth, livrées à elles-mêmes et elle fut certainement la moins instruite des épouses d'Henry VIII. De plus, la surveillance, au palais, est plutôt lâche et les jeunes filles ont assez de libertés : il semblerait que la jeune Katherine ait grandi dans une atmosphère assez licencieuse et, alors qu'elle a une quinzaine d'années, Katherine devient la maîtresse d'Henry Manox, son professeur de musique. Débutée vers 1536, cette liaison s'acheva en 1538 quand Katherine tombe amoureuse de Francis Dereham. Cet amour est réciproque et les deux jeunes gens vont jusqu'à s'appeler mari et femme et vivent quasi maritalement. Ils avaient même prévu de se marier, en passant un pré-contrat, mais leur liaison s'acheva finalement en 1539.
    Katherine fait ses premiers pas à la cour d'Henry VIII en tant que demoiselle d'honneur d'Anne de Clèves, la nouvelle épouse du roi (celui-ci avait épousée cette princesse allemande et protestante après la mort de Jane Seymour mais ne l'a jamais aimée et toujours négligée - ce mariage, orchestré par le conseiller du roi, Thomas Cromwell, est à l'origine de la disgrâce de ce dernier). La jeune Katherine est très vite remarquée par le roi.
    En Juillet 1540, Henry VIII obtint l'annulation de son mariage avec Anne de Clèves, qu'il avait prise en grippe dès son mariage. Trois semaines plus tard, il épouse Katherine Howard. Elle a presque vingt ans, le roi en a quarante-neuf. 
    Katherine eut très tôt un ascendant puissant sur son époux qui est sous son charme, l'incitant à se rapprocher à nouveau des catholiques, ce qui lui attira l'inimitié du parti de la Réforme. Couverte par l'une de ses dames d'honneur, lady Rochford (la veuve de George Boleyn), elle entame une relation passionnée avec Thomas Culpeper, l'un des favoris d'Henry VIII et que la jeune reine trouve séduisant.
    En 1541, après avoir parcouru le pays avec le souverain, le passé de Katherine éclate au grand jour et sa liaison avec Thomas Culpeper est soudain révélée. Henry VIII crut d'abord que ces accusations étaient fausses et demanda à Cranmer, l'archevêque de Canterbury, d'enquêter un peu plus, ce qu'il fit. Quelques jours plus tard, les accusations sont étoffées par les témoignages de Dereham et Culpeper, arrêtés, amenés à la Tour de Londres et torturés. 
    La jeune reine est, pour sa part, d'abord gardée à vue dans ses appartements de Hampton Court, avec l'autorisation de n'être accompagnée que de lady Rochford, sa complice. Le 22 novembre 1541, elle est déchue de son titre de reine d'Angleterre et passe l'hiver 1541 emprisonnée dans le Middlesex. Le 10 décembre, ses deux amants sont pendus à Tyburn et le sort de la jeune femme
    resta en suspens jusqu'en janvier, quand le parlement la décrète coupable de trahison, crime passible de la peine de mort. Comme sa cousine Anne, Katherine ne sauvera pas sa peau. 
    Au début du mois de février 1542, Katherine est transférée à la Tour de Londres. Le 11, Henry VIII signa le décret de mort civile et l'exécution de la très jeune et éphémère reine fut fixée au 13 février à sept heures du matin. La nuit précédant son exécution, Katherine demanda qu'on lui monta le billot pour s'exercer à y poser la tête correctement.
    Tout comme sa cousine Anne Boleyn, elle fut décapitée à la française, d'un coup d'épée et son corps est ensuite transféré en l'église St Peter ad Vincula, où reposait déjà le corps de la seconde épouse
    d'Henry VIII. Katherine Howard avec vingt ou vingt-deux ans au moment de sa mort, victime de la cruauté d'un roi dont l'image de Barbe-Bleue resta dans l'Histoire. Au moment de son exécution, la jeune femme aurait prononcé ces mots : « Je meurs en reine mais j'aurais préféré mourir comme la femme de Culpeper. » témoignant jusqu'au bout de son amour et de sa fidélité envers son amant. 

     © Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.

     Pour en savoir plus : 

    - Les Tudors : la naissance de l'Angleterre, Jane Bingham. Biograhie.
    - Trilogie Le Crépuscule des Rois (La Rose d'Anjou / Reines de coeur / Les lions d'Angleterre), Catherine Hermary-Vieille. Romans. 
    - Henri VIII, Georges Minois. Biographie. 
    - Henri VIII : la démesure du pouvoir, Cédric Michon. Biographie. 
    - The Life and Death of Anne Boleyn ' The Most Happy', Eric Ives. Biographie. 
    -  The Rise and Fall of Anne Boleyn : Family Politics at the Court of Henry VIIIRetha M. Warnicke. Biographie.

     


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  •  In My Mail Box - Juillet 2022

    In My Mail Box - Juillet 2022

     

    Bonjour à tous !
    Après un mois de juin sans achats, il est temps de revenir, en cette fin du mois de juillet (déjà ?) pour vous présenter les achats de ce mois-ci.
    Finalement, j'ai été assez raisonnable parce que ma PAL n'a été augmentée en juillet que de cinq titres. Alors que les prochains In My Mail Box seront probablement consacrés aux lectures des mois à venir et au Pumpkin Autumn Challenge (autant vous dire que j'attends avec impatience la révélation du thème 2022, fin août), en juillet je me suis dit que j'allais consacrer mes achats à des sagas. Je me rends compte que je lis finalement pas mal de séries, de sagas littéraires et que j'aime ça de plus en plus...retrouver des personnages, un univers de tomes en tomes, me plaît énormément.

    A part un premier volume, ce In My Mail Box est donc consacré à des valeurs sûres pour moi et des sagas déjà bien entamées. Je vous montre ? C'est parti.

    Et je vous montre aussi une petite surprise reçue il y a une semaine, offerte par une amie que je remercie chaleureusement pour ce joli cadeau 100 % Colette. 

     

    Couverture Au service secret de Marie-Antoinette, tome 4 : La femme au pistolet d'or

    • Au service secret de Marie-Antoinette, tome 4, La femme au pistolet d'or, Frédéric Lenormand, Éditions La Martinière, 2020, 317 pages

     Du cosy murder cent pour cent français ? Eh oui ! Avec Frédéric Lenormand, on découvre l'histoire sous un autre jour et plus particulièrement le XVIIIème siècle. Après Voltaire qui s'improvise enquêteur, aux côtés de l'abbé Linant et de Mme du Châtelet dans Voltaire mène l'enquête, le romancier, qui possède aussi une solide connaissance du XVIIIème siècle et donc, de son contexte, se plaît à mettre en scène des personnages ayant réellement existé et qui deviennent sous sa plume des limiers dignes de Sherlock Holmes : Rose Bertin, la modiste de Marie-Antoinette et Léonard Autier, son coiffeur. Après trois tomes vraiment chouettes, j'avais évidemment envie de poursuivre cette saga pleine d'humour et de fraîcheur.

    Résumé : Depuis la disparition de son mari, Mme Cottin de Melville se sent menacée : on en veut à sa fortune... et à son pistolet d'or ! La Reine envoie à son secours ses fidèles serviteurs de l'ombre : Rose, Léonard...et Axel de Fersen, son amant suédois !
    On leur prédit un grand danger. Mais peut-on se fier à un vieux fou qui lit l'avenir dans la poudre de menthe ?

                Couverture Les sept soeurs, tome 5 : La soeur de la lune Couverture Les sept soeurs, tome 6 : La soeur du soleil Couverture Les sept sœurs, tome 7 : La sœur disparue

    • Les sept sœurs, tome 5, La sœur de la Lune, Lucinda Riley, Éditions Le Livre de Poche, 2020, 848 pages
    • Les sept sœurs, tome 6, La sœur du Soleil, Lucinda Riley, Éditions Le Livre de Poche, 2021, 960 pages
    • Les sept sœurs, tome 7, La sœur disparue, Lucinda Riley, Éditions Le Livre de Poche, 2022, 928 pages

    On ne présente plus cette saga de Lucinda Riley, qui rencontre un grand succès depuis sa sortie. Pour moi, c'est la saga qui m'a réconciliée avec l'univers de cette auteure. Bien qu'un peu déçue par le tome 2, j'ai eu envie de poursuivre et pour le moment, j'avoue que, malgré quelques inégalités, c'est une réussite. Saga historique, romantique, dépaysante, Les sept sœurs utilise des codes déjà bien connus mais pour les mettre au service d'un genre à part entière. Désormais presque complète, je me fais une joie de lire ces trois tomes, en attendant le dernier, qui sera centré sur Pa Salt, le père de nos héroïnes.

    Résumé du tome 5 : Tiggy D’Aplièse a toujours senti les choses, un instinct dans lequel son père adoptif décédé, l’excentrique milliardaire Pa Salt – surnommé ainsi par ses six filles, adoptées aux quatre coins du monde – lui disait d’avoir confiance. Suivant cet instinct, elle déménage en Ecosse, dans les vastes Highlands, pour travailler sur le domaine de l’énigmatique Laird Charlie Kinnaird, et prendre soin de la faune locale.

    Cette décision la met sur le chemin d’un ancien gitan qui la guide sur les traces de ses origines... jusqu’à la ville de Grenade et la communauté gitane du quartier de Sacromonte. Quels sont ses liens avec cette communauté qui a dû fuir pendant la guerre civile ? Et avec « La Candela », la plus grande danseuse de flamenco de sa génération ?

    Alors que Tiggy découvre son histoire et commence à appréhender l’étendue de son pouvoir, elle devra choisir: rester avec sa famille retrouvée ou retourner à Kinnaird, auprès de Charlie...

    Résumé du tome 6 : Electra d’Aplièse a tout pour elle : mannequin le plus en vue de la planète, elle est belle, riche et célèbre. Mais derrière cette image idéale, c’est une jeune femme perdue depuis la mort de son père, Pa Salt, un milliardaire excentrique qui l’a adoptée avec ses six soeurs. Emportée dans la spirale infernale de la drogue et de l’alcool, et alors que tout son entourage craint pour elle, elle reçoit une lettre d’une inconnue qui dit être sa grand-mère…

    1939. Cecily Huntley-Morgan arrive au Kenya depuis New York, à la suite d’un chagrin d’amour. Elle réside chez sa marraine, membre influent de la bonne société locale, sur les rives du somptueux lac Naivasha. Cecily va y rencontrer Bill Forsythe, un fermier connu pour ses relations avec la fière tribu massaï. Mais l’arrivée de la guerre en Europe va bouleverser leur quotidien. Jusqu’à sa rencontre avec une jeune kényane, qui lui arrachera une promesse qui changera le cours de sa vie…

    Résumé du tome 7 : L’adresse d’un vignoble en Nouvelle-Zélande et le dessin d’une étrange bague sertie d’une émeraude en forme d’étoile, ce sont les seuls éléments dont disposent les sœurs d’Aplièse pour partir à la recherche de leur septième sœur, celle grâce à laquelle elles seront enfin au complet et pourront rendre hommage à Pa Salt, à l’endroit où son bateau a disparu. Une quête qui les conduira aux quatre coins du monde, de Nouvelle-Zélande en Irlande, en passant par le Canada et la France, sur les traces d’une mystérieuse Mary McDougal, la propriétaire de cette étrange bague, qui seule connaîtrait l’identité de leur sœur disparue...

     

    Couverture L'immeuble de la rue Cavendish, tome 1 : Les manigances de Margaux

    • L'immeuble de la rue Cavendish, tome 1, Les manigances de Margaux, Caroline Kant, Editions Les Escales, 2022, 297 pages

    Bien que je ne lise que peu de littérature contemporaine, j'avoue avoir été attirée en librairie par la couverture toute douce de ce roman...celle-ci m'évoque un quartier parisien un peu authentique (ça existe encore ? Dites-moi que oui), un immeuble où tout le monde se connaît... Honnêtement je ne sais pas ce que je vais trouver dans ce roman, ni même si je vais aimer. Mais je suis curieuse et j'espère que le contenu me fera une aussi bonne impression que la couverture.

    Résumé : Après une rupture amoureuse, la jeune Margaux s'installe dans l'appartement que lui prête son oncle, rue Cavendish à Paris. Entre la concierge désagréable qui exige qu'on l'appelle madame Nathalie, le vieux fou du deuxième ou l'insupportable gamine du quatrième, l'immeuble ne manque pas d'animation. Quand des bruits inquiétants s'échappent de l'appartement au-dessus, elle mène l'enquête.

    In My Mail Box - Août, Novembre 2020

    In My Mail Box - Juillet 2022

     

    Et un cadeau offert en fin de mois par une amie, 100 % Colette... en plus du marque-page et du crayon Jardins de Colette (en Corrèze, pas loin de Brive), quatre bouquins qui viennent étoffer ma collection :

    In My Mail Box - Juillet 2022

    • Les vrilles de la vigne, Colette, Editions Le Livre de Poche (collection Libretti), 2019, 128 pages 

    Résumé : Lorsqu'en 1908 Colette publie ce recueil de textes brefs - dialogues de bêtes, évocations de la nature, méditations sur l'amour, la solitude, le passage du temps...- , elle s'est séparée de Willy, son premier mari, définitivement résolue à imposer son indépendance d'artiste et de femme. Et c'est bien en effet la voix libre et singulière d'un écrivain qui se fait entendre dans ces pages bouleversantes de poésie, de tendresse, de hardiesse aussi. 

     

    In My Mail Box - Juillet 2022

    •  Dialogues de bêtes, Colette, Editions Folio, 2014, 189 pages 

    Résumé : TOBY-CHIEN : Elle me saisit par la peau du dos, comme une petite valise carrée, et de froides injures tombèrent sur ma tête innocente : « Mal élevé. Chien hystérique. Saucisson larmoyeur. Crapaud à coeur de veau. Phoque obtus... »
    Tu sais le reste. Tu as entendu la porte, le tisonnier qu'elle a jeté dans la corbeille à papier, et le seau à charbon qui a roulé béant, et tout...
    KIKI-LA-DOUCETTE : J'ai entendu. J'ai même entendu, ô Chien, ce qui n'est pas parvenu à ton entendement de bull simplet. Ne cherche pas. Elle et moi, nous dédaignons le plus souvent de nous expliquer. 

     

    • Claudine à l'école, Willy et Colette, Editions Le Livre de Poche, 2010, 255 pages 

    Résumé : Un titre bien sage pour un roman qui l'est moins. Claudine le reconnaît : « Vrai, cette école n'est pas banale » ! Comment pourrait-elle l'être ? Les élèves ont des personnalités peu communes : la grande Anaïs, que Claudine qualifie de menteuse, filouteuse, flagorneuse, traîtresse, possède en outre une véritable science du comique ; les Jaubert sont agaçantes à force de sagesse ; Marie Belhomme « bébête, mais si gaie » ; Luce, charmeuse autant que sournoise ; et les autres, c'est « le vil peuple ». Quant aux maîtresses...Mlle Sergent, « la rousse bien faite », aussi intelligente que laide, est tout yeux pour son assistante, Mlle Aimée, la bien nommée. Ajoutez les instituteurs des garçons, le pâle Duplessis et le vaniteux Rabastens, le médecin scolaire, le Dr Dutertre, aux dents de loup, qui aime s'attarder auprès des grandes...et vous obtenez un mélange détonant. Pour parfaire l'ensemble, c'est une Claudine débordante de vitalité, excessive dans ses élans, qui mène la ronde. 

    • Le pur et l'impur, Colette, Editions Le Livre de Poche, 2004, 159 pages 

     

    Résumé : Colette a cinquante-neuf ans quand elle publie, en 1932, ces pages où elle s'interroge sur l'opium, l'alcool et les autres plaisirs qu'on dit charnels, à travers le souvenir de quarante années de vie parisienne. « On s'apercevra peut-être un jour que c'est là mon meilleur livre », disait-elle.

     

     

     


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  • « Une autre naïveté dans ces représentations frappe Noam : elles racontent Babel comme une fin. Pourtant Babel constituait un début. La Tour s'est effondrée, pas le désir de la Tour. Avec celui-ci point l'hubris, l'outrance, la boursouflure. L'homme franchit une limite en se dressant au-dessus de la nature, en ignorant sa place dans l'univers, en s'estimant supérieur à tout ce qui n'est pas lui ; il crée des villes, il invente l'écriture, les sciences, les hiérarchies sociales et, malgré les défaites ou les impasses, ne reviendra jamais en arrière. Babel ne s'est pas terminée avec Babel, Babel n'a jamais cessé de gratter le ciel, Babel renaît, se transforme perpétuellement. L'échec accompagne l'ambition, il ne l'interrompt pas. De dépassement en dépassement, l'aventure folle se poursuit. L'avenir reste un chantier ouvert. »

    Couverture La Traversée des Temps, tome 2 : La Porte du ciel

     

     

         Publié en 2021

      Éditions Albin Michel

      581 pages 

      Deuxième tome de la saga La Traversée des Temps

     

     

     

     

    Résumé :

    L'éternité n'empêche pas l'impatience : Noam cherche fougueusement celle qu'il aime, enlevée dans de mystérieuses conditions. L'enquête le mène au Pays des Eaux douces - la Mésopotamie - où se produisent des événements inouïs, rien de moins que la domestication des fleuves, l'irrigation des terres, la création des premières villes, l'invention de l'écriture, de l'astronomie.
    Noam débarque à Babel où le tyran Nemrod, en recourant à l'esclavage, construit la plus haute tour jamais conçue. Tout en symbolisant la grandeur de la cité, cette Tour permettra de découvrir les astres et d'accéder aux Dieux, offrant une véritable « porte du ciel ».
    Grâce à sa fonction de guérisseur, Noam s'introduit dans tous les milieux, auprès des ouvriers, chez la reine Kubaba, le roi Nemrod et son architecte, son astrologue, jusqu'aux pasteurs nomades qui dénoncent et fuient ce monde en train de s'édifier.
    Que choisira Noam ? Son bonheur personnel ou les conquêtes de la civilisation ?
    Dans ce deuxième tome de la saga La Traversée des temps, Eric-Emmanuel Schmitt met en jeu les dernières découvertes historiques sur l'Orient ancien, pour nous plonger dans une époque bouillonnante, exaltante, prodigieuse, à laquelle nous devons tant.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Fort de son immortalité, Noam parcourt les siècles, à la recherche de celle qu’il a aimée jadis. Pourquoi Noura disparaît-elle à chaque fois qu’ils sont réunis ?
    Cette fois, sa quête effrénée le mène dans une partie du monde appelée à devenir le « berceau de la civilisation », autrement dit la Mésopotamie, ou « Pays des Eaux douces ». Dans ce pays vert et fertile, au confluent de deux fleuves majestueux, le Tigre et l’Euphrate, va se développer l’une des créations humaines vouée à se diffuser dans tout le monde connu dans les siècles qui vont suivre : l’écriture. C’est en effet au Proche-Orient qu’apparaît l’écriture cunéiforme et l’alphabet. Noam quitte la préhistoire et la protohistoire pour entrer dans l’Histoire, celle que l’on fait traditionnellement commencer, dans les chronologies, par l’invention de l’écriture il y a près de 5000 ans.
    Sa quête le mène vers la florissante cité de Babel (la future Babylone de la Bible), dirigée par le tyran Nemrod, qui s’est mis en tête de faire construire une immense Tour qui tutoierait les nuages et le domaine des dieux. Noam, né avant le Déluge dans un petit village lacustre de cueilleurs néolithiques, pas dénués de mœurs, de coutumes ni même de société, découvre la démesure d’une cité qui ne cesse de s’agrandir, de gagner sur la nature environnante, de la domestiquer, de corrompre les hommes… En parallèle, des peuples encore nomades refusent ce système social et continuent de vivre comme leurs ancêtres, considérant la ville non comme un progrès mais comme une déviance : Noam rencontrera ainsi le mystérieux Abram et sa superbe femme Saraï. Ces personnages apparaissent dans les textes sacrés des trois religions monothéistes : ainsi, chez les chrétiens, on retrouve Abram et Saraï dans l’Ancien Testament, sous les noms d’Abraham et Sarah, connus pour avoir enfanté Isaac à un âge canonique (près de quatre-vingt-dix ans pour Sarah). Abraham, patriarche des Hébreux, sera celui qui conduira les siens vers l’opulent pays de Canaan.
    La porte du ciel, deuxième volume de La traversée des temps, s’inscrit dans la droite ligne du premier tome, Paradis perdus. Si vous avez aimé le premier, vous aimerez forcément celui-ci ; à l’inverse, si Paradis perdus ne vous a pas enthousiasmé, ne tentez pas l’aventure avec La porte du ciel.

    Pour autant, comme d’autres lecteurs, je dois dire que j’ai préféré le premier tome : est-ce l’effet de surprise, l’attraction de la découverte d’un univers aussi original et particulier – même si, entre nous, on n’en attend pas moins d’Eric-Emmanuel Schmitt ?
    Attention, je ne suis pas en train de vous dire que je n’ai pas aimé La porte du ciel : j’y ai trouvé mon compte et j’ai passé neuf plaisants jours de lecture avec ce récit. On retrouve l’écriture puissante, racée, unique de Schmitt, celle que j’ai eu tant de plaisir à retrouver dans Paradis perdus après avoir beaucoup aimé La part de l’autre et L’évangile selon Pilate, il y a plusieurs années. On retrouve aussi cet univers passionnant, qui part d’un postulat pour le moins décalé : l’immortalité d’un personnage qui traverse ainsi les siècles et découvre l’évolution de l’humanité depuis son Néolithique natal. Noam, le Noé de la Bible, reste donc notre fil conducteur dans cette histoire romancée de l’humanité qui semble bien partie pour marquer durablement de son empreinte le monde de la littérature.
    Donc, j’ai préféré le premier tome. Pourquoi ? Peut-être parce qu’avec La porte du ciel, l’effet de surprise s’est dissipé. Nous retrouvons des personnages que nous connaissons déjà, même si la découverte est au rendez-vous : celle de l’âge d’or de la Mésopotamie. Et surtout, j’ai ressenti pas mal de longueurs, même si je ne me suis pas ennuyée au cours de ma lecture. Est-ce que certains passages étaient superflus ? Peut-être. J’avoue aussi avoir moins compris l’importance des chapitres plus contemporains dans ce tome-ci, alors qu’ils avaient toute leur place dans le premier ; je les ai trouvés plus anecdotiques ici et, pour moi, ils n’apportent pas forcément un plus au récit, hormis lorsqu’ils permettent à Noam de connecter son présent à son passé immémorial.  

    La Tour de Babel » de Bruegel : une œuvre pleine de secrets ! - Ça  m'intéresse

    L'une des représentations les plus célèbres de la Tour de Babel date de la Renaissance : on la doit au peintre flamand Bruegel vers 1560
     

    Mais à côté de ça, c’est dense, c’est riche, c’est bien écrit et cohérent…le travail de recherches, évidemment immense, disparaît habilement dans un récit romancé bien mené. Le personnage de Noam ne cesse d’évoluer, d’apprendre et de changer, utilisant à bon escient son immortalité qui, si elle peut faire rêver au premier abord – qui n’a jamais rêvé de l’être ou que ses proches le soient ? – s’avère souvent être bien plus un fardeau qu’une bénédiction.
    Mélangeant habilement histoire scientifique de l’humanité et histoire religieuse – biblique, talmudique, coranique – Éric-Emmanuel Schmitt nous amène à la rencontre de ces siècles fondateurs, aux confins de la lointaine Antiquité et qui sont à l’origine de nos civilisations, de nos moyens de communication, de certains liens sociaux et sociétaux qui se sont développés et sont devenus des acquis de l’humanité.
    Peut-être un scientifique, spécialiste de cette époque, lèverait-il les yeux au ciel devant les interprétations de Schmitt, devant la modernité du langage, la modernité de Noam aussi, censé être né dans un village de cueilleurs de la fin du Néolithique ? Pour autant, une histoire si ambitieuse pourrait donner une somme des plus ennuyeuses pour le commun des mortels, alors que Schmitt y apporte, dans cette saga qui s’avère d’ores et déjà dense et prometteuse, le souffle épique du récit romancé.

    En Bref :

    Les + : dense, riche et foisonnant, ce roman qui aborde la civilisation mésopotamienne, marquée par la figure grandiose et violente du roi Nemrod constitue d'ores et déjà le socle, avec Paradis perdus, d'une saga historique originale et prometteuse, qui fera sans doute date dans l'histoire de la littérature. 
    Les  -
    : des longueurs qui ont un peu cassé mon rythme de lecture.


    La Traversée des Temps, tome 2, La porte du ciel ; Eric-Emmanuel Schmitt

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Retrouvez mon avis sur le premier tome de cette saga, Paradis perdus, juste ici

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  • « La guerre, décidément, n'était pour ceux qui la faisaient qu'un long et abject tourment. »

     

     

     

         Publié en 2021

      Éditions Pocket

      405 pages 

      Troisième tome de la saga Les Aventures de Gilles      Belmonte

     

     

     

     

    Résumé :

    Été 1800. Au terme d'une décennie de tourmentes, les armées de la République desserrent l'étau des monarchies continentales. Napoléon Bonaparte, désormais Premier Consul et victorieux à Marengo, imprime sa marque sur un Etat qu'il ne cesse de réorganiser. 
    Confronté, au pays de Galles à l'océan Indien, aux jeux stratégiques des puissances coloniales comme à la détermination d'une société libertaire - celle des pirates et des corsaires -, Gilles Belmonte mènera-t-il à bien les périlleuses missions que lui a confiées Talleyrand ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Nous sommes en 1800, à l’aube d’un nouveau siècle. Alors que Gilles Belmonte se morfond sur les falaises déchiquetées du Pays de Galles, Bonaparte, nommé Premier Consul, a mis fin aux troubles de la Révolution française et Talleyrand domine la vie diplomatique de la République – qui n’a plus que quelques années devant elle, avant que Bonaparte ne soit nommé Empereur, en 1804.
    De là à penser que le fameux « diable boiteux » soit derrière l’évasion rocambolesque de Gilles Belmonte, prisonnier sur parole de George Davis depuis de nombreux mois, il n’y a qu’un pas.
    C’est donc avec joie et émotion que Belmonte, capitaine de l’Égalité, retrouve son navire, prise de guerre des Anglais et ses compagnons, pour lesquels l’avenir se résumait alors à une captivité éternelle sur les sinistres pontons britanniques.
    Nantis d’une mission dans l’Indien, les Égalités reprennent la mer sous l’égide de Belmonte et de son second, le fidèle Jean Duval. Leur objectif est simple : protéger les possessions françaises dans les Mascareignes, à savoir l’île de France (l’île Maurice) et l’île Bourbon (la Réunion) d’incursions des pirates installés sur l’île de Monfia et qui font régner la terreur dans cette partie du monde – et qui sont à l’origine de la mort de George Davies, ami de Gilles Belmonte. Et si cette mission secrète peut permettre aux Egalités et notamment à Belmonte de laver l’affront fait par les Anglais et de se venger d’eux, alors ce ne serait faire qu’une pierre deux coups. Le capitaine aux longs cheveux blonds prend donc la mer à Brest avec au cœur le dessein de réussir sa mission diplomatique mais aussi de venger la mort de celui qui a été certes son geôlier au pays de Galles mais aussi un ami, dont il estimait et respectait l’intégrité.
    A l’abordage, moussaillons ! Nous voici embringués dans la troisième aventure de Gilles Belmonte (la plus complexe aussi, d'ailleurs) et de ses matelots, dans les eaux tumultueuses de l’Atlantique sud (la traversée des Quarantièmes rugissants vaut le détour) puis dans les lagons cristallins de l’île Maurice, qui ne tarderont pas à être ensanglantés dans de sauvages combats comme savent si bien s’y livrer les marins.

    Encore une fois très dense et riche, ce troisième tome est, me semble-t-il, plus centré sur les histoires personnelles que sur l’Histoire plus générale, comme cela pouvait être le cas dans les deux précédents volumes, où une part importante était faite au contexte historique. La mission de Belmonte dans l’Indien est aussi personnelle que dictée par des impératifs diplomatiques. Encore une fois, le valeureux capitaine, qui a passé près de dix-huit ans de sa vie sur les mers du globe, fera preuve aussi de sa valeur légendaire et de son respect du courage et des lois des marins, qu’ils soient républicains, corsaires ou pirates : car malgré ce que la culture populaire peut laisser penser, tous les pirates n’étaient pas sans foi ni loi. Intègre et valeureux, Belmonte va encore au-devant de déceptions, de lourdes tristesses (car chaque mission exige son tribut d’hommes et, comme on dit, ce sont souvent les meilleurs qui partent en premier) mais voit toujours à l’horizon la perspective de retrouvailles avec « la Belle Tigresse », la déterminée et charmante Camille Desmaret, rencontrée lors d’un voyage vers la Martinique – dont le père de la jeune femme a été gouverneur.
    Cette saga gagne en relief de tome en tome et j'ai déjà hâte de lire la suite. Déjà, c’était enlevé, rythmé et dynamique dès le premier tome mais alors là ! On ne s’arrête pas une seconde, les scènes de combat sont parfaitement décrites et très visuelles et alternent avec des épisodes plus drôles ou plus légers mais qui ont eux aussi toute leur place dans cette histoire. Et c’est toujours aussi bien écrit. Si démarrer cette saga vous fait peur à cause des termes de Marine, ne vous inquiétez pas : même un néophyte peut parvenir à suivre l’intrigue sans forcément connaître tous les termes techniques. C’est suffisamment visuel pour être bien compris et un petit glossaire en fin de volume permet de retrouver des définitions simples et claires des termes les plus importants
    Dans Les Aventures de Gilles Belmonte, les grandes heures de la Marine royale puis républicaine revivent sous nos yeux ! Bref, cette saga gagne vraiment à être connue : amateurs de romans historiques et de romans d’aventures dignes des grands feuilletons du XIXème siècle, plongez tête la première ! Vous ne serez pas déçus !

    En Bref :

    Les + : décidément, cette saga tient ses promesses et, de tome en tome, c'est de plus en plus captivant, de plus en plus passionnant ! J'ai dévoré ce troisième tome qui, après les lagons des Antilles et les côtes américaines, nous emmène au cœur des Mascareignes. Aventures, piraterie, valeur au combat : tout est réuni pour faire du Pirate de l'Indien un véritable roman de cape et d'épée moderne.
    Les - :
    pour moi, aucun. Cette saga se bonifie de tome en tome.


    http://ekladata.com/7DzkNPM29kBsY9JI7dBTztMFPCo/IMG-1675.jpg

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Envie d'en savoir plus sur Gilles Belmonte et son équipage ? Découvrez mes billets sur le tome 1, Pour les trois couleurs, juste ici et celui sur Le trésor des Américains, juste là

     


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  • « Je suis heureux. Quelque chose en moi remercie tout ce qui existe. »

     

     

     

           Publié en 2014

       Éditions Folio

       Date de parution originale : 1905

       189 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

     TOBY-CHIEN : Elle me saisit par la peau du dos, comme une petite valise carrée, et de froides injures tombèrent sur ma tête innocente : « Mal élevé. Chien hystérique. Saucisson larmoyeur. Crapaud à coeur de veau. Phoque obtus... »
    Tu sais le reste. Tu as entendu la porte, le tisonnier qu'elle a jeté dans la corbeille à papier, et le seau à charbon qui a roulé béant, et tout...
    KIKI-LA-DOUCETTE : J'ai entendu. J'ai même entendu, ô Chien, ce qui n'est pas parvenu à ton entendement de bull simplet. Ne cherche pas. Elle et moi, nous dédaignons le plus souvent de nous expliquer. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec Dialogues de bêtes, le talent de Colette s’incarne avec brio dans le théâtre : eh oui, elle qui nous avait habitués aux romans, nouvelles et autres souvenirs autobiographiques, nous emmène ici dans un genre auquel elle n’a pas accoutumé ses lecteurs mais dans lequel on retrouve sa plume vive et alerte, toujours aussi talentueuse pour traduire les sentiments, qu’ils soient humains ou animaux.
    Dialogues de bêtes est une courte pièce de théâtre (mais pas que) mettant en scène les animaux qui partagent la vie de Colette et de son premier époux Willy, au début des années 1900 : Toby-Chien, petit bull noir avec lequel Colette a été de nombreuses fois photographiée et l’altier Kiki-la-Doucette, chat angora de Willy, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un mâle. Les deux animaux échangent sur leur vie auprès du couple (Elle et Lui) et on sent bien le plaisir de Colette, qui vivait entourée d’animaux depuis son enfance bourguignonne, de leur prêter vie et de les douer de parole.
    Des lecteurs se sont plaints de l’anthropomorphisme trop poussé dans cette pièce : personnellement, cela ne m’a pas gênée, bien au contraire. Kiki-la-Doucette et Toby-Chien se retrouvent certes nantis de traits humains mais qui décrivent malgré tout assez bien leur état respectif de chien et de chat : Toby-Chien est proche des humains, ressent leurs émotions, s’en inquiète. Il est très attaché à Colette (Elle), même lorsque ses propos envers lui sont un peu vifs. Kiki-la-Doucette lui, est un chat hautain, qui vit certes près des humains mais sait aussi les manipuler et les manœuvrer afin de se faciliter la vie. Sa fidélité est bien différente de celle de Toby, qu’il méprise d’ailleurs un petit peu.
    Mais Toby-Chien n'est pas qu'un petit animal timoré s'inquiétant de tout (un bruit dans la maison, un arrêt du train en gare qui lui fait présager à chaque fois un malheur) : pour certains biographes de Colette, il serait une manière pour elle, alors que déjà le divorce avec Willy se profile, de s'émanciper de sa figure tutélaire. Toby est en quelque sorte le porte-parole de sa maîtresse, une manière pour elle de prendre son indépendance et sa distance avec celui qui fut son mentor et son époux.

    Les échanges entre eux sont assez drôles et toujours bien écrits, avec ce style inimitable qui est celui de Colette. J’ai aussi retrouvé avec plaisir son sens de la description, qui nous fait ressentir ses mots comme palpables : j’ai retrouvé dans Dialogues de Bêtes ce que j’avais aimé dans Sido, Les Vrilles de la Vigne ou encore, les Claudine. Une description d’un paysage d’automne ou d’hiver chez Colette et vous sentez l’odeur piquante de la gelée, celle lourde et forte de l’humus et des feuilles en décomposition, celle d’un orage et il vous semble voir les nuages noirs monter et le tonnerre gronder à l’horizon. En somme, quand on lit un livre de Colette, on y est. On n'est pas simplement spectateur mais partie prenante de l'histoire qui se déroule sous nos yeux, par tous nos sens sollicités.

    Qui est Toby, le chien porte-parole de Colette ? : Femme Actuelle Le MAG

    Willy, Colette et Toby Chien, au début des années 1900


    Ces scènes de la vie animale m’ont donc ravie pendant mes quelques jours de lecture. J’ai retrouvé la Colette que j’aime et son univers qui m’a toujours tant plu. Dialogues de bêtes, bien que différent de ses autres productions, s’y inscrit parfaitement et y trouve naturellement sa place.
    Mention spéciale, dans ce recueil, à la courte nouvelle qui, en fin de volume, nous décrit de manière poignante la relation d’un Poilu et de sa fidèle chienne de berger, Vorace (si le texte initial a été publié en 1904, le recueil a été travaillé, étoffé jusqu'au début des années 1930, bien après le divorce de Willy et Colette) : j’ai eu l’impression de relire La Chatte et les émotions que cette si courte nouvelle ont fait naître en moi étaient assez similaires à celles ressenties lors de la lecture de La Chatte - Vorace est le pendant canin de la chatte Saha. La relation entre l’homme et l’animal y est d’une beauté rare et on retrouve là encore chez Colette la petite campagnarde accoutumée à vivre auprès des animaux et à les connaître, suffisamment bien en tous les cas pour parvenir à décrire avec nos mots leurs sentiments et leurs comportements.
    Pour moi, une réussite, mais si vous n’aimez pas Colette, il est clair que Dialogues de bêtes vous laissera de marbre. On se laisse glisser dans ce petit texte truculent et surprenant si on connaît bien l’auteure et son univers.

    Kiki la Doucette. Jacques Nam (illustration pour ''Cinq Dialogues de  Bêtes'' de Colette) | Наброски

    Kiki-la-Doucette, illustration de Jacques Nam pour une édition de Dialogues de bêtes 

    En Bref :

    Les + : une expérience inédite pour moi, qui connaissais surtout Colette au travers de ses souvenirs de jeunesse, les Claudine ou encore, ses romans.
    Les - : si je dis que c'était trop court, ça compte comme un point négatif ou pas ? ^^

     


     http://ekladata.com/8DXiW_A3VDhmlcbLhwMLmMeLDfk/IMG-1681.jpg

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


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