• Les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt, tome 8, Meurtres à Cardington Crescent ; Anne Perry

    « Toute enquête criminelle policière met au jour davantage que le simple crime : multitude de petits péchés, de secrets douloureux, de peccadilles honteuses qui, une fois découverts, peuvent détruire l'amour ou l'amitié et anéantir une confiance mutuelle qui, en d'autres circonstances, aurait pu supporter toutes sortes d'épreuves. »

     

     

     Publié en 1987 en Angleterre

     En 2012 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Cardington Crescent 

     Éditions 10/18 (collection Grands Détectives)

     384 pages 

     Huitième tome de la saga Les enquêtes de Charlotte   et Thomas Pitt

     

     

     

     

    Résumé :

    Dans l'élégante demeure de Cardington Crescent, le jour se lève sur la corruption. Et quand c'est un aristocrate volage qu'on assassine au petit matin, son épouse ne tarde pas à être accusée...Sauf qu'il s'agit d'Emily, la sœur de Charlotte Pitt. Et que le célèbre couple enquêteur, touché de plein fouet, est prêt à tout pour détourner les condamnations hâtives. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Après quelques enquêtes légèrement en demi-teinte, j'ai retrouvé ici un réel plaisir de lecture avec cette huitième enquête de Charlotte et Thomas Pitt, les héros peut-être plus connus d'Anne Perry. Dans l'atmosphère feutrée du Londres victorien, l'autrice met en scène un duo de prime abord improbable mais qui fonctionne bien : Charlotte, jeune femme issue de la bonne société mais non-conformiste est tombée amoureuse d'un inspecteur de la police métropolitaine, Thomas Pitt, d'une plus basse extraction ce qui, évidemment, dans les cercles de la bonne société londonienne, ne cesse de scandaliser.
    Depuis son mariage, aux premières loges d'une réalité bien plus sordide que celle qu'elle avait connue dans sa jeunesse, Charlotte n'hésite pas à prêter main-forte à Pitt lorsqu'elle en ressent la nécessité, parfois au grand dam de son époux car Charlotte n'a pas froid aux yeux et se met parfois en danger.
    Meurtres à Cardington Crescent commence loin des beaux quartiers, dans une zone plus populaire du Londres de 1887. Nous sommes au début de l'été lorsqu'une dame promenant son chien fait une macabre découverte dans un cimetière de la ville : un corps de jeune femme démembré, dont on ne tarde pas à retrouver les autres morceaux éparpillés dans le quartier de Bloomsbury. Mais l'enquête piétine vite et le légiste ne peut apporter que quelques éclaircissements à Pitt et ses enquêteurs : la victime était une femme jeune, peut-être une domestique et elle avait eu un enfant assez récemment.
    Au même moment, la soeur de Charlotte, Emily, s'apprête à passer quelques semaines chez des parents par alliance, les March, avec son époux, lord Aschcroft. Mais le séjour est compromis lorsque lady Ashcroft s'aperçoit que son mari fait une cour à peine dissimulée à la séduisante belle-fille de leur hôte, Eustace March. Malgré sa rancoeur, Emily est bien déterminée à ne pas laisser son mariage prendre une mauvaise tournure mais, un matin, elle découvre son mari mort, manifestement dans son sommeil d'un arrêt cardiaque. Mais le médecin qui constate le décès émet des doutes : il semblerait que George Ashcroft ait en réalité été assassiné...et quel meilleur mobile aurait une épouse bafouée pour assassiner son mari que de le voir flirter avec une autre ? Très vite, les regards se tournent vers Emily et le seul invité étranger à la famille, Jack Radley, qui, quant à lui, ne semblait pas indifférent au charme de la jolie lady Ashcroft...
    Appelé à Cardington Crescent, Thomas Pitt se retrouve donc devant un cas épineux : devoir enquêter sur un meurtre dont on peut accuser huit personnes et, parmi elles, sa belle-soeur et soeur bien-aimée de son épouse Charlotte....en désespoir de cause, le policier envoie cette dernière chez les March, non seulement pour veiller sur Emily, bouleversée par l'angoisse d'être accusée et convaincue du meurtre de son époux mais aussi pour ouvrir l'oeil...qui, chez les March, aurait pu vouloir la mort d'Aschcroft ? Le maître de maison, Eustace March, qui pérore sans cesse, sa mère, l'acide douairière jamais contente de rien, le séduisant Jack Radley, l'épouse bafouée, la jeune Tassie, qui semble pourtant avoir bien d'autres préoccupations que de trucider les invités de son père ou encore William March, qui, comme Emily, aurait eu bien des éléments pour assassiner George, dans la mesure où celui-ci comptait fleurette à sa propre épouse, Sybilla ?
    Bref, l’écheveau est tissé serré et il va falloir la jouer fine pour Pitt, qui découvre une maison où, soucieux de son rang et de son image, on rechigne à parler à la police et lorsqu'on y est contraint, on le fait de mauvaise grâce ou avec condescendance. Et, de fait, très vite, les choses vont se compliquer quand un nouveau meurtre est commis à Cardington Crescent, révélant une vérité sordide derrière les apparences les plus guindées...
    Comme d'habitude, Anne Perry excelle à nous raconter par le menu la société victorienne et ses travers, comme le ferait un auteur du XIXe siècle dans un roman social. Si l'époque victorienne s'accompagne d'une industrialisation galopante et donc de grands progrès, elle n'est pas exempte aussi d'une grande misère, dont la ville de Londres est un bon exemple, avec ses quartiers propres et cossus qui voisinent avec des zones beaucoup plus populaires voire miséreuses où les conditions de vie sont extrêmes et la mortalité fortement élevée : ici, l'autrice aborde par exemple le cas des éleveuses d'enfants, des femmes qui, moyennant finances, prenaient soin d'enfants confiés par leurs parents mais les laissant bien souvent livrés à eux-mêmes voire s'en débarrassant ou les vendant, orchestrant ainsi un véritable trafic d'êtres humains dans des quartiers tortuux et sombres, où la police s'aventure peu.
    Mais on se rend compte aussi que la haute société londonienne, qui se veut irréprochable n'en cache pas moins de sombres secrets et parfois, des plus sales. Le cas de la maison des March en est un bon exemple, avec un summum de cynisme et d'hypocrisie.
    Toujours aussi complémentaires, Charlotte et Thomas forment un duo qui fonctionne à merveille et qui se montre toujours doué pour résoudre les énigmes les plus embrouillées. Et, de fait, cette enquête recèle en plus une dimension plus personnelle puisque Charlotte est déterminée à faire innocenter sa sœur qui, si elle est convaincue du meurtre de son époux, risque rien de moins que la pendaison.
    Si vous aimez les romans policiers avec une ambiance historique bien restituée, vous pouvez vous laisser convaincre sans problème par cette série très agréable à lire. Il ne faut pas enchaîner les tomes, car les enquêtes en elles-mêmes sont toutes plus ou moins bâties sur le même schéma mais de temps en temps, c'est très agréable.
    Meurtres à Cardington Crescent est un roman policier passionnant qui mêle habilement intrigue, histoire et psychologie des personnages, dont j'avais toujours envie de reprendre la lecture : j'ai vraiment ressenti un grand plaisir à retrouver les personnages et l'intrigue, qui m'a tenue en haleine. Si vous souhaitez découvrir l'univers d'Anne Perry, sans nul doute Les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt sont faites pour vous.

    En Bref :

    Les + : une enquête assez complexe mais qui tient en haleine. J'ai pris un grand plaisir à lire ce huitième tome. 
    Les - : une fin un peu expédiée et qui ne répond pas à toutes les interrogations. 


    Les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt, tome 8, Meurtres à Cardington Crescent ; Anne Perry

     

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

    • Alors, envie de partir avec Charlotte et Thomas en pleines affaires criminelles à l'époque victorienne ? Découvrez mes billets sur les six premiers tomes : 

     

    L'étrangleur de Cater Street 

    Le mystère de Callander Square

    Le crime de Paragon Walk

    Resurrection Row

    Rutland Place

    Le cadavre de Bluegate Fields

    Mort à Devil's Acre

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :