• « Vous, les Vialhe, vous ne voulez pas avoir à lever les yeux pour parler à Dieu. Je suis sûr que vous discutez avec lui en vous mettant à sa hauteur. »

    Des Grives aux Loups, tome 2, Les Palombes ne passeront plus ; Claude Michelet

    Publié en 2009

    Editions Pocket

    434 pages

    Deuxième tome de la saga Des Grives aux Loups

    Résumé :

    Si l'orage de la Grande Guerre est passé loin de Saint-Libéral, le sillon qu'elle a laissé n'en est pas moins profond. Le vieux monde a disparu. Les paysans n'en sont plus. Jean-Edouard Vialhe lui-même, le têtu patriarche, en convient. C'est à son fils, et à ses petits-enfants, de composer avec la modernité. Une modernité faite de nouvelles saignées, de nouveaux défis, de nouvelles misères. Car ce que prend la terre, la terre ne le rend pas toujours. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Ce deuxième tome des Grives aux Loups commence juste après la Première Guerre Mondiale. A l'instar de bien d'autres villages, Saint-Libéral n'a pas été épargné mais la famille Vialhe s'en sort bien. Pierre-Edouard est revenu du front, décoré, avec ça. Il a épousé la jeune Mathilde, la sœur de son ami d'enfance Léon et en 1920, est né leur premier enfant, Jacques. Enfin, Pierre-Edouard n'est plus brouillé avec son père et travaille de nouveau, en concert avec lui, sur l'exploitation. Mais tout est bouleversé...non seulement la guerre a pris des bras qui ne pourront pas être remplacés avant longtemps, mais surtout, une soif de modernité anime le monde, et pas forcément que celui des villes. Les schémas ruraux, qui n'avaient pas changé depuis des siècles, tendent à se bouleverser radicalement en très peu d'années. Et, tandis que les jeunes générations se montrent enclines à ce changement, les plus âgés, eux, renâclent et pleurent la mort irrémédiable de leur passé et de leur ancienne vie. Et Pierre-Edouard qui, dans le premier tome, était l'avant-gardiste, celui qui personnifiait, face à Jean-Edouard, le siècle nouveau, la technologie et l'industrialisation bénéfique de l'agriculture, le voilà soudain catapulté dans le camp des réactionnaires. Car, en effet, à mesure qu'il prend de l'âge et devient, à son tour, le patriarche des Vialhe et que les nouvelles générations -celle de ses enfants, de ses neveux- se développent, une nouvelle façon de pensée, un nouveau mode de vie apparaissent. Les dynasties agricoles ont fait long feu ; alors que, trente ans encore auparavant il coulait de source que le fils aîné et après lui ses propres enfants et ainsi de suite reprennent et fassent fructifier les exploitations familiales, cela n'est plus aussi évident dans les années 1930. Et, alors que l'atmosphère des Années Folles laisse place petit à petit à des tensions politiques de plus en plus électriques et que le fascisme et le nazisme deviennent les uniques partis d'Allemagne et d'Italie, menaçant l'équilibre précaire de l'Europe, façonné à l'issue de la Grande Guerre, les enfants de Pierre-Edouard et Mathilde, qui grandissent, aspirent à une autre vie que celle de leurs parents. Ainsi, Jacques, l'aîné, pour qui se profile le Bac et, bientôt, un choix de vie, celui-ci est tout tracé. Ce fils aîné qui devait reprendre les terres travaillées avant lui par ses père, grand-père et autres ancêtres, depuis près de deux cent ans, s'apprête à devenir vétérinaire. L'unique fille de la fratrie,
    Mauricette, s'acheminera pour sa part vers un parcours plus traditionnel en devenant institutrice et Paul, le cadet, qui découvre la résistance à Londres après la débâcle de 1940 et rejette comme son aîné le travail de la terre, voit naître en lui une passion pour l'armée dans laquelle il s'enrôlera et qui le verra prendre part à tous les grands conflits qui suivront 39-45, notamment ceux d'Indochine et d'Algérie. Quant au dernier fils de Pierre-Edouard et Mathilde, Guy, né au début des années 30, c'est vers une carrière administrative et dans l'ère du temps qu'il va se diriger, après avoir épousé une petite Parisienne.


    Et justement, ce dernier enfant des Vialhe symbolise bien ce monde rural qui agonise et va embrasser complètement le monde urbain qui, lui, se développe à une vitesse folle. La période est au dépeuplement significatif des campagnes qui, en quelques décennies, se vident de leurs habitants. Certaines régions seront plus touchées que d'autres et le Limousin ne sera pas la plus épargnée. Et si les villages se vident de leurs habitants, ils se vident aussi de ceux qui avaient, autrefois, été leurs socles et leurs piliers. Dans certains bourgs, les instituteurs s'en vont et, avec eux, le savoir...dans d'autres, comme à Saint-Libéral, c'est, tour à tour, le vieux médecin qui prend sa retraite et ne sera pas remplacé ; il faudra désormais aller courir dans les villages voisins ou même à la ville pour se faire soigner. Le notaire, notable qui fait la vie du village, comme le maire, disparaît à son tour ainsi que le curé...doucement, les villages de la France profonde se renferment sur eux-mêmes pour un long sommeil, s'engourdissant dans une léthargie dont le monde rural ne se relèvera pas. La modernité est de plus en plus galopante et ne s'arrête plus ; et ceux qui ne peuvent plus vivre de leurs terres quittent à leur tour les terres qui les ont vus naître
    pour aller tenter leur chance ailleurs, dans les villes du coins, chef-lieux et sous-préfectures ou bien, pour les plus audacieux, à la capitale. Car, le grand malheur pour ceux qui, comme Pierre-Edouard ou avant lui son père, ont pu vivre et faire vivre leur famille et souvent, des employés, sur les seuls revenus de leur ferme -les terres, le bétail-, voient soudain leurs descendants peiner pour joindre les deux bouts. Ce malheur de la paysannerie française d'après-guerre est symbolisé par un autre des fils Vialhe ; car si Guy personnifie ce nouveau mode de vie des années 50-60, Jacques, l'aîné, montre lui plutôt la déchéance progressive des paysans, qui s'usent et s'échinent, pour rien. Foudroyé par la brutalité de mai 1940, fait prisonnier, devenu ouvrier agricole pendant cinq ans en Prusse Orientale, Jacques a dû renoncer à ses études de vétérinaire. N'ayant pas la vocation de la terre mais l'aimant tout de même, il aidera par la suite son père sur l'exploitation. Et si ces nouveaux agriculteurs bénéficient de la technologie, des progrès, notamment des tracteurs qui apparaissent et permettent de moins se fatiguer et d'obtenir un plus gros rendement, le paradoxe veut que ces gros rendements ne rapportent pas autant, la faute aux diverses dévaluations de l'argent qui ont émaillé le XXème siècle et qui entraînent une inflation et un coût de la vie bien plus important. Et si les nouvelles classes bénéficient, elles, de la florissante économie des Trente Glorieuses, ce n'est pas forcément le cas pour ceux qui travaillent la terre...
    Ce deuxième tome des Grives aux Loups est plus nostalgique que le premier ; déjà parce que les héros que nous avons rencontrés enfants dans le premier volume s'acheminent doucement vers la vieillesse...Commencé au milieu des années 20, Les Palombes ne passeront plus s'achève à la fin des années 60, alors que Mathilde et Pierre-Edouard fêtent leur cinquante ans de mariage. Ce sont maintenant les nouvelles générations qui sont sur le devant de la scène. Avec la vieillesse qui apparaît, il est temps aussi pour le principal personnage, Pierre-Edouard, de faire un retour sur sa vie et sur son oeuvre, d'où également cette nostalgie inhérente à l'âge mûr. Hormis cela, le roman est une belle peinture de cette période troublée que sont les années 30, la Seconde Guerre Mondiale puis les guerres coloniales d'indépendance, entre 1946 et 1962. Le monde mute dans des convulsions violentes et qui ne se font pas sans souffrance...on s'éloigne légèrement d'ailleurs de la littérature du terroir pure et dure pour partir sur un roman nettement plus historique, bien documenté d'ailleurs. Certains passages, concernant la déportation et les camps de concentration, un peu inattendus, sont d'ailleurs assez brutaux et violents, mais bien maîtrisés et traités avec beaucoup de dignité par l'auteur, qui évite aussi l'écueil, quand il s'agit de traiter la Résistance -très active en Limousin dès 1943-, de le faire de façon manichéenne. Non, la France de l'époque ne fut pas déchirée entre collabos et résistants de l'autre, c'est bien plus compliqué. Certains ne furent ni blancs, ni noirs, certains furent gris, essayant tant bien que mal de faire traverser aux leurs cette période compliquée, sans être forcément ni partisans de Pétain et de la collaboration ni admirateurs de de Gaulle...et Claude Michelet ne manque pas, par certains chapitres de son roman, de nous montrer que, dès 1944, l'opportunisme joua aussi un grand rôle dans l'enrôlement des jeunes dans le maquis. Il y'eut ceux qui prirent les armes pour défendre un idéal ou, plus prosaïquement pour échapper au S.T.O en Allemagne et il y'eut ceux qui, sur la fin de la guerre, profitèrent du vent qui tournait pour se mettre du bon côté...Hormis cela, c'est toujours avec un style clair, linéaire, fluide, très plaisant à lire que l'auteur nous fait voyager, en Limousin, mais aussi jusqu'à Paris, en Prusse et au Portugal...Un deuxième tome que j'ai vraiment pris plaisir à découvrir et qui m'a beaucoup plu, de part son sujet -ou ses sujets devrais-je dire- mais aussi pour ses personnages attachants et ciselés.

     

    En Bref :

    Les + : un deuxième tome à la hauteur du premier, intéressant, bien écrit et avec des personnages toujours aussi attachants.
    Les - : Aucun ! ! 


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  • « Vous deux, rien qu’à vous regarder, on sait que vous êtes comme les doigts d’une main ; mieux même, comme les yeux d’un visage, l’un ne tourne pas sans l’autre. »

    Des Grives aux Loups ; Claude Michelet

    Publié en 2009

    Editions Pocket

    377 pages

    Résumé :

    Saint-Libéral est un petit bourg de Corrèze, tout proche de la Dordogne, pays d'élevage et de polyculture. Avec dix hectares et dix vaches, on y est un homme respecté comme Jean-Edouard Vialhe, qui règne en maître sur son domaine et sa famille : sa femme et leurs trois enfants, Pierre-Edouard, Louise et Berthe. Dans cette France qui n'avait guère bougé au XIXe siècle, voici que, avec le siècle nouveau, des idées et des techniques « révolutionnaires » lentement apparaissent et s'imposent. Et le vieux monde craque...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Installée depuis plusieurs siècles, en Corrèze, la famille Vialhe cultive ses terres dans un petit village entre Yssandon, Brignac et Perpezac-le-Blanc, Saint-Libéral-sur-Diamond -fictif, issu très certainement des souvenirs de l'auteur des villages de son pays natal-. Dans ce pays pas vraiment riche sans être vraiment pauvre non plus, la famille Vialhe, avec sa belle ferme, ses champs et son bétail, fait partie des notables.
    Mais le roman s'ouvre avec le siècle, ce nouveau siècle, le XXème, qui va apporter tant de bouleversements dans le monde paysan, en Corrèze comme ailleurs. Déjà, la mécanisation fait son apparition, les machines remplacent les hommes pour certaines tâches et tendent d'ailleurs à les remplacer pour de plus en plus de choses, à la grande indignation des plus vieux, qui craignent que ces machines et cette industrialisation de l'agriculture ne viennent la tuer...mais les plus jeunes, eux, voient en cette modernité galopante un moyen d'augmenter les rendements, de cultiver plus vite et plus longtemps, pour un meilleur prix. Et, dans la société en général, les anciennes valeurs, les traditions, qui ont fait le monde rural, sont en passe, elles aussi, d'être modifiées, et radicalement. Ainsi, en 1905, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat fera l'effet d'une bombe, même dans les provinces les plus reculées, où le curé et l'église faisaient office de repères. Et même si l'on s'abstenait de les fréquenter régulièrement, du moins y allait-on pour Pâques, confiait-on ses enfants pour le catéchisme...mais tout change. Et maintenant, les villages se déchirent dans des querelles rhétoriques auxquelles beaucoup ne comprennent pas grand-chose, des querelles qui opposent d'un côté, les tenants des rouges -socialistes et autres gauchistes- et les partisans des culs-bénits -autrement dit, les curés et leur clique.
    A Saint-Libéral, l'arrivée de toutes ces innovations seront aussi source de querelles familiales, notamment chez les Vialhe où Pierre-Edouard, le fils aîné, destiné à reprendre un jour le flambeau à la suite de son père, secoue le joug de ses parents ; et tandis que ses deux jeunes sœurs aspirent à une émancipation dans l'ère du temps mais qui n'est pas du goût des parents et, si envisageable en ville, impensable en milieu rural, encore englués dans des préjugés désuets, Pierre-Edouard va violemment s'opposer à la tyrannie d'un père qu'il aime et respecte mais dont il ne supporte plus la rigidité ni le passéisme.
    Et puis éclate la Grande Guerre, en Quatorze, la grande saignée qui se terminera au bout de quatre longues années, en laissant la France exsangue mais encore plus avide de nouveautés, d'innovations, de changements. C'est définitivement, avec 14-18, le vieux monde, celui des anciens, qui craque et sombre, tandis que les jeunes, du moins ceux qui ont eu la chance de revenir du front, n'aspirent plus à vivre que comme ils le souhaitaient, avec les machines, les autos, le confort, que personnifient l'arrivée progressive de l'électricité et des adductions d'eau dans les campagnes.

    Littérature du terroir mais aussi roman naturaliste dans la veine de Maupassant ou encore Zola, qui aimaient aussi à décrire avec force précisions la société de leur temps, ce premier tome de la saga est particulièrement intéressant et très agréable à lire. Alors que, parfois, certains romans dits du terroir pèchent par trop de lourdeur ou une histoire poussive, ici ce n'est pas le cas. Le style de Claude Michelet est, au contraire, fluide, linéaire, très agréable à lire, percutant et incisif dans les parties dialoguées, plus calme et chaloupé dans les parties narratives. Le récit est également assis sur des bases historiques solides -que ce soit d'ailleurs pour l'histoire locale ou l'histoire nationale-, avec une relation fidèle des plus grands événements ayant émaillé ce début de siècle ainsi que sur une bonne connaissance du monde rural et agricole et des coutumes du pays. Claude Michelet est corrézien de naissance et cela se sent !                                                      
    Pendant la guerre, on navigue entre le front, où se trouve Pierre-Edouard et l'arrière et l'on a ainsi un tableau complet de ce que pouvait être la vie, à l'époque : celle dans les campagnes, qui continue tant bien que mal, avec moins de bras, moins de moyens...et celle, au front, qui se bat pour survivre et arracher un peu de terre à l'ennemi. La querelle entre Pierre-Edouard et son père, inflexible et violente est édifiante également, de part tout ce qu'elle recèle de plus profond qu'une simple dispute entre un père et son fils. Les deux héros personnifient en effet, à eux seuls, cette modernité qui heurte de plus en plus fort le passé afin de prendre sa place. Et le monde galope tellement vite que, ce qui était innovant et avant-gardiste une année, est déjà dépassé, démodé, cinq ou dix ans plus tard...et il est difficile, pour ceux qui, comme le père de Pierre-Edouard, ont, à leur niveau, essayé de changer les choses, de se rendre compte que, déjà, leurs idées ne valent plus rien. D'où, aussi, chez les plus vieux, ce raidissement hostile sur des valeurs qui, elles, n'ont pas été balayées. Et les inventeurs d'hier deviennent peu à peu les réactionnaires de demain. Et ces hommes, que l'on serait tenté de qualifier d'hommes du passé, tentent comme ils peuvent et parfois dans l'intransigeance, de se faire entendre encore un peu. Parce que le monde n'a presque pas changé pendant des siècles et se chamboule soudainement avec une telle rapidité, de tels bouleversements, les hommes peinent à suivre et, chez les Vialhe, cela se traduit donc par le violent affrontement qui oppose Pierre-Edouard à son père.                                            

    Et puis, parce que l'amour n'est pas non plus absent de ces pages, on assiste aussi à la naissance de la liaison entre Pierre-Edouard et Mathilde, à l'installation progressive, à Saint-Libéral, de nouvelles familles et donc, de nouvelles générations. Les vieux d'autrefois laissent leur place d'aïeux à leurs enfants, tandis que les plus jeunes, à leur tour, ceux qui étaient des enfants au début du siècle commencent justement à fonder leurs foyers...
    Vous l'aurez donc compris, ce premier tome m'a emballée, convaincue et donné envie de découvrir le second tome qui, lui, nous amènera jusque dans les années soixante, après que la Seconde Guerre Mondiale et celle d'Algérie aient encore plus profondément bouleversé le pays et ses habitants...

    En Bref :

    Les + : une histoire somme toute assez banale, mais avec des personnages attachants et une intrigue bien traitée ; le style de l'auteur, fluide et soigné.
    Les - : Aucun. 

     

     


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  • « C'est en aidant les autres qu'on s'aide soi-même. »

    Retour à Tinténiac ; Eric Le Nabour

    Publié en 2011

    Editions France Loisirs

    334 pages

    Résumé :

     

    En Bretagne, à l'aube du XXe siècle, la soif de vengeance d'un enfant bafoué.

    En 1905, un inconnu, Adam Guillemot, accompagné d'une petite fille muette s'établit dans le manoir de Tinténiac, non loin d'Auray dans le Morbihan. Il ne reçoit personne à l'exception de l'institutrice du village à laquelle il confie l'éducation de l'enfant.
    En investissant dans la pêche et les conserveries de sardines, Guillemot s'attaque aux intérêts du baron de Saint-Victor, un riche et puissant notable, qui use de tous les moyens pour l'abattre. Qui est cet étranger, d'où provient son immense fortune ? Quel lien les unit ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A la fin du XIXème siècle, un jeune homme, au service du baron de Saint-Victor depuis de nombreuses années et subissant ses humiliations et ses sévices, s'échappe et disparaît sans laisser de traces. Puis, onze ans plus tard, au début du XXème siècle, en pleines revendications ouvrières et syndicalistes et crise sardinière dans le Morbihan et dans le reste de la Bretagne, voilà qu'un mystérieux industriel venu de Paris avec sa petite fille, rachète le manoir de Tinténiac, inhabité depuis quelques années et se met ensuite à investir petit à petit sa fortune qui semble colossale dans les entreprises poissonnières de la côte morbihannaise, d'Auray à Douarnenez. Philanthrope, l'homme promet à ses ouvriers des conditions de travail moins pénibles, des salaires plus élevés en pleine crise et des avantages qui les dissuadent ainsi de partir vers la concurrence. Cet homme, Adam Guillemot, mystérieux, tant sur sa vie privée que sur la manière dont il a créé sa fortune, s'attire l'hostilité des entrepreneurs de la région, à commencer par Saint-Victor, et suscite le questionnement de la population. Très vite, cependant, les ennuis vont apparaître pour Adam Guillemot, ce mystérieux industriel parisien, et des bribes de son passé sont révélées...son passage risque donc de marquer à jamais la région d'Auray d'une trace indélébile et de changer à jamais la vie des habitants et la conception du pouvoir qu'on peut aller dans la région, Guillemot prouvant que la noirceur et la laideur peuvent se retrouver dans toutes les couches de la société et surtout dans celles qui n'ont jamais eu besoin de se battre pour vivre et assurer l'avenir des leurs...
    Ce roman dort dans ma bibliothèque depuis un moment, de nombreuses années, même, et je me suis donc décidée à le sortir enfin et à le découvrir et je n'ai vraiment pas été déçue. Roman régional, du terroir, mâtiné cependant d'un soupçon de suspense qui peut rappeler un roman policier ou même un thriller, des personnages travaillés et complexes, ce roman est intéressant et surtout, bien écrit. Ceux qui ont lu Les Ombres de Kervadec, autre roman breton d'Eric Le Nabour, aimeront certainement celui-là également. Les Ombres de Kervadec est d'ailleurs mon premier roman de l'auteur, que j'avais
    beaucoup aimé et il en a été de même pour Retour à Tinténiac. On sort des codes de la littérature du terroir tout en retrouvant aussi le beau portrait d'un pays donné, qui en fait sa caractéristique première. Chez Eric Le Nabour, la Bretagne du début du XXème siècle reste un sujet d'inspiration inépuisable, ses paysages, ses villages, ses villes, ses habitants, ses légendes, ses coutumes...Historien de formation, il reste également au plus près de la chronologie et toute son histoire repose sur une trame de revendications ouvrières syndicalistes, d'anarchie sur fond de polémique quant à la réhabilitation proche de Dreyfus. Le Morbihan est encore à l'époque une terre très sauvage, pas très riche où les habitants, survivant essentiellement grâce à la mer et ouvriers pour la plupart, se tuent à la tâche pour nourrir les leurs et échapper à la famine. Des entrepreneurs peu scrupuleux comme Saint-Victor, baron local avec lequel Adam Guillemot semble avoir un contentieux personnel à régler, en fait partie -on comprend en effet très vite, car aucun mystère n'est vraiment fait autour de cet aspect de l'intrigue, que le jeune homme qui fuit, un matin de 1894, le château de Saint-Victor et Adam Guillemot sont en fait une seule et même personne. Ces riches qui veulent prospérer quoi qu'il arrive, aux dépens même des personnes qu'ils emploient, d'où aussi l'agitation ouvrière qui marque, en Bretagne, ces premières années du XXème siècle et les dernières avant le grand basculement de Quatorze. La grande véracité, l'authenticité du contexte historique et la teneur certaine des personnages font de Retour à Tinténiac un roman qui mérite d'être lu et qui ne laisse assurément pas insensible.

    En Bref :

    Les + : une histoire bien écrite à la teneur inattendue mais certaine.
    Les - :
    aucun, c'est un très bon roman.


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  • « Pour moi, entrer en amitié c'est comme entrer en religion. Cela crée des obligations et un lien véritable. L'amitié, vois-tu, c'est l'amour sans ailes. »

    La Florentine, Intégrale, tome 2 : Fiora et l'Amour

    Publié en 2012

    Editions Pocket 

    824 pages 

    Second tome de l'intégrale de la saga La Florentine

    Comprend Fiora et le Pape ; Fiora et le Roi de France

     

    Résumé :

    Lovée dans l'exquis manoir tourangeau dont Louis XI lui a fait don, Fiora attend la naissance de son enfant lorsqu'elle apprend une terrible nouvelle : son époux le Bourguignon rebelle a été condamné à mort pour avoir refusé de se rallier à la France.                                                                     Effondrée, Fiora devra pourtant vite se relever pour affronter ceux qui désirent sa perte. Bientôt, elle retrouvera Florence et les Médicis. Mais le destin lui réserve encore bien des surprises.  

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Après ses pérégrinations en Bourgogne, où elle a retrouvé son époux, Fiora, dans le calme d'une petite maison de Touraine, gracieusement offerte par Louis XI, attend sereinement la naissance de son premier enfant. Enfin...sereinement est beaucoup dire car, dans la mesure où l'existence de la jeune femme s'est un peu calmée depuis la mort du Téméraire et son propre retour en France, elle n'a pas de nouvelles de son époux, resté en Bourgogne et ayant dans l'idée d'aller proposer son épée et ses services à la fille du duc Charles, Marie de Bourgogne...
    Et Fiora n'aura pas beaucoup de temps pour se familiariser à sa nouvelle maternité, car les soucis ne sont pas loin...alors que son petit garçon n'a que trois mois, la voilà soudain enlevée dans son petit ermitage des bords de Loire et sur ordre de qui ? Mais du pape lui-même ! Alors qu'elle croyait avoir quitté l'Italie sans espoir de retour, voilà Fiora en route vers Rome, où elle va rencontrer Sa Sainteté, le pape Sixte IV, encouragé en cela par une ennemie mortelle de Fiora, qui ne cherche qu'à lui nuire. Dans la Ville Éternelle, où les ruines des palais antiques voisinent avec celle, bien plus exubérantes, des demeures des grandes familles -Colonna, Orsini, Censi, Riario-, qui se déchirent, enfin dans cette Rome corrompue par l'argent et le crime, Fiora va faire la connaissance d'hommes sans scrupules et prêts à tout pour leur propre gloire, à commencer par le pape et sa coterie, formée par sa grande famille. Elle va aussi susciter l'intérêt, belle comme elle est, d'un prélat pas comme les autres -quoique...- et qui accédera au pontificat quelques années plus tard, un prélat venu d'Espagne et qui répond au célèbre nom de Rodrigo Borgia. Mais Fiora va aussi faire la connaissance d'une jeune fille douce et gentille, la petite Caterina Sforza, qui n'est pas encore la maîtresse femme qui soutiendra, plusieurs années plus tard, le siège de Forli contre Cesare Borgia. Cette jeune fille, mariée de force à l'un des neveux du pape, un Riario, a cependant toute l'affection de Sa Sainteté et elle va essayer de sauver Fiora des chausse-trappes la guettent dans la ville papale. C'est elle, ainsi, qui avertit la jeune florentine des dangers qui guettent les Médicis, sagement retranchés dans leur superbe ville. Nous sommes en 1478 et un événement tragique -et avéré- ne va pas tarder à ensanglanter la ville au Lys Rouge : en effet, cet épisode, qui restera dans l'Histoire sous le nom des « Pâques Sanglantes » ou de « Conjuration des Pazzi », approche doucement...les Pazzi, famille florentine offensée par les Médicis, n'a de cesse de se venger d'eux et, avec l'appui du pape, qui arme leur main, les membres de la lignée vont essayer d'assassiner les deux frères, Lorenzo et Giuliano, lors de l'office de Pâques 1478. C'est le cadet, Giuliano, qui n'en sortira pas vivant tandis que Lorenzo fera peser une terrible justice sur les conjurés...prévenue de ce complot qui se trame contre ceux pour qui elle a toujours eu de l'estime, Fiora décide de courir, à bride abattue, vers Florence, afin de prévenir à temps les deux frères...et si elle n'y parvient pas, elle devient, quelques temps plus tard, elle que l'on avait traitée publiquement en paria, le plus beau joyau de Florence en suscitant et en répondant à l'amour du Magnifique...

    Portait de Lorenzo de Médicis (portait anonyme)


    Mais les aventures ne sont pas terminées pour Fiora, qui va repartir sur les routes pour essayer de retrouver cet époux perdu de vue depuis des mois et qu'elle croyait mort et qui va devoir encore, avant de pouvoir goûter enfin à la paix, affronter un dernier ennemi en la personne du barbier de Louis XI, le fourbe Olivier le Daim...
    Ce deuxième volume des aventures de Fiora est un peu moins foisonnant que le premier et il est plus facile de s'y plonger. On se laisse entraîner avec un peu plus de passion dans cette nouvelle intrigue qui se noue enn Italie -elle est plus intéressante que celle ayant pris part entre l'héroïne et le Téméraire-, et c'est aussi avec plaisir que l'on retrouve les splendeurs de Florence, même si la ville n'est plus la même depuis l'affreuse mort de Giuliano sur les dalles de Santa Maria dei Fiori. Certaines péripéties, tout comme dans le premier volume, sont cependant encore une fois un peu invraisemblables...enfin disons que trop d'aventures et de péripéties finissent justement par tuer les aventures et les péripéties et c'est un peu dommage car cela enlève quelque charme à une intrigue plutôt originale et bien traitée, avec des bases historiques solides. Encore une fois j'ai déploré, parfois, des dialogues un peu ampoulés qui alourdissent malheureusement la narration. Pour autant, le roman est mené tambour battant, avec moins de longueurs que dans le premier volume et malgré quelques intrigues un peu téléphonées, on se laisse volontiers emporter dans cet univers bien particulier. Fiora devient malheureusement un peu insupportable au lecteur à mesure que l'intrigue avance. Cette jeune femme a certes beaucoup de courage pour affronter tout ce qui lui tombe sur la tête brutalement mais ses réactions parfois un peu puériles finissent par agacer. Pour ce qui est de sa relation avec le roi Louis XI, parfois peu crédible, elle dessert aussi un peu le récit, ce qui est dommage. Cela dit, on est content pour elle que le dénouement de ses aventures ne se finisse pas comme elles ont commencé et le happy end, attendu mais presque nécessaire dans ce genre de récit, est le bienvenu.
    Bref, une saga en demi-teinte, ni excellente, ni médiocre pour autant. Le sujet est original, sinon innovant. Mais quelques lourdeurs de style et des invraisemblances malheureuses la desservent. Cela reste cependant une bonne lecture historique, à conseiller aux amateurs du genre mais aussi aux lecteurs qui aiment les aventures.

    Le roi de France, Louis XI (portrait anonyme du XVème siècle)

     

    En Bref :

    Les + : l'intrigue encore une fois et la façon inimitable de Juliette Benzoni de nous raconter des histoires.
    Les - : des dialogues lourds, des rebondissements un peu téléphonés et une héroïne qui devient un peu difficile à supporter par instants.

     


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  • « Tous les grands noms sont sortis d'un autre, nettement plus petit. Même ceux des rois. »

    La Florentine, Intégrale, tome 1, Fiora et la Vengeance ; Juliette Benzoni

    Publié en 2012

    Editions Pocket

    885 pages

    Premier tome de l'intégrale de la saga La Florentine

    Comprend : Fiora et le Magnifique ; Fiora et le Téméraire

    Résumé :

    Bourgogne, an 1457. De passage à Dijon, Francesco Beltrami, riche marchand florentin, assiste à l'exécution de deux jeunes amants accusés d'inceste. Bouleversé, Beltrami sauve l'enfant de ces amours illégitimes : Fiora. La jeune fille, d'une inégalable beauté, connaîtra, dans la Florence de Lorenzo de Médicis, la douceur de la vie de palais, mais aussi de cruels revers de fortune lorsque le meurtre de son père adoptif la jettera sur les routes. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1457, un jeune marchand florentin de passage à Dijon assiste à l'exécution publique de deux jeunes personnes. Jean et Marie de Brévailles sont frère et sœur, mais ils ont aussi été convaincus d'inceste -et d'adultère pour la jeune dame-, et l'époux de Marie n'a eu de cesse de les faire condamner. Le jeune marchand, Francesco Beltrami, tombe en admiration devant la beauté foudroyante de la jeune condamnée et, en se renseignant sur elle, il apprend que, cinq jours seulement avant son exécution, la jeune Marie a donné naissance à une petite fille, vouée à une vie d'orpheline et d'indigente à l'hospice. A cause de cet amour irraisonné qu'il a voué tout de suite à Marie, Francesco décide qu'il ne quittera pas la capitale des Ducs de Bourgogne sans la petite fille, qu'il sauve d'une mort certaine. Cette enfant, il va la ramener dans sa ville, Florence, en faire sa fille et lui donner un prénom. La fille incestueuse de Jean et Marie de Brévailles devient Fiora Beltrami, notre future héroïne.
    Dix-sept ans plus tard, la jeune fille est devenue l'une des étoiles de Florence, ex-aequo avec la flamboyante Simonetta Vespucci, modèle de Botticcelli et belle amie de Giuliano de Médicis, frère du Magnifique. Le père de Fiora a fait fructifier son négoce et il est devenu l'un des marchands les plus prospères de la ville toscane ainsi qu'un banquier possédant des comptoirs un peu partout en Europe. Fiora, amoureuse folle de Giuliano de Médicis, profite des fêtes données par la famille pour l'apercevoir et est devenue, grâce à l'éducation de son père, une parfaite humaniste, connaissant sur le bout des doigts ses classiques latins et grecs. Tandis qu'ailleurs en Europe, les anciennes nations pansent leurs plaies, surtout la France, qui se relève doucement de la guerre qui l'a oppposée pendant cent-seize ans à l'Angleterre sa voisine, en Italie fleurit déjà ce courant érudit qui va bientôt se répandre partout en Europe et donner le jour à ce que l'on appelle la Renaissance. A Florence, en cette fin de XVème siècle, sous la férule plutôt bienveillante de la famille Médicis, l'art pictural devient art de vivre, on redécouvre celui des Étrusques et des Romains avec un plaisir non feint. C'est dans ce monde en pleine effervescence que Fiora évolue, mais plus pour longtemps, car bientôt, des malheurs sans nom vont s'abattre sur la jeune femme, dont la naissance maudite va être révelée. Alors qu'elle doit faire face à la mort de son père, Fiora, toute jeune fille encore, comprend qu'on en veut à sa vie à elle aussi -et à sa fortune-, et décide donc de quitter Florence pour la France, où elle va aller se réfugier auprès du roi Louis XI. De là, elle gagnera sa terre natale de Bourgogne où elle souhaite rencontrer le duc, Charles, dit le Téméraire, afin de se venger d'avoir laissé l'un de ses meilleurs sujets, Jean de Brévailles, monter sur l'échafaud sans même solliciter sa grâce...C'est alors le début d'une course folle et d'années d'errance pour la jeune femme qui va découvrir les cruautés d'un monde qu'elle ne soupçonnait pas.

    Panorama de Florence, avec le dôme de Santa Maria dei Fiori (le Duomo), créé par Brunelleschi


    Ce n'est pas un hasard si Juliette Benzoni situe la naissance de son héroïne en 1457. Ainsi, la jeune Fiora a dix-huit ans en 1475, une période florissante pour Florence puisque c'est celle du Magnifique -Lorenzo de Médicis-, mais aussi celle de la chevauchée fantastique du duc Charles le Téméraire à travers ses Etats, dans l'espoir de reformer l'ancien royaume de Lotharingie et de relier ainsi, par le verrou que deviendrait la Lorraine, ses terres bourguignonnes proprement dites, qui ont Dijon pour capitale et les Flandres qui s'articulent autour de grandes villes marchandes comme Gand, Bruxelles ou Bruges. Devenus de véritables souverains, les ducs de Bourgogne, que l'on surnomme à cette époque les Grands Ducs d'Occident -cela veut tout dire-, deviendraient ainsi les égaux de l'Empereur dont les terres sont voisines mais surtout, prendraient en tenaille ce royaume de France qu'ils renient (la dynastie bourguignonne est cependant issue d'un rameau capétien puisque l'apanage avait été offert par le roi Jean II le Bon lui-même, en 1356, à son fils cadet Philippe, pour sa conduite durant la bataille de Poitiers et Charles le Téméraire était un descendant direct de ce premier duc d'ascendance royale et qui possédait donc saint Louis comme ancêtre, à l'instar de son ennemi juré, Louis XI). C'est donc dans cette effervescence, artistique d'une part, puis guerrière d'autre part que Fiora Beltrami, assoiffée de vengeance, va évoluer pendant plusieurs mois, jusqu'à approcher celui dont le rêve va tragiquement prendre fin devant Nancy un matin glacial de janvier 1477...

    Charles de Bourgogne, dit Le Téméraire


    Avec cette saga, nous voyageons d'un point à un autre sans beaucoup nous arrêter, au gré des pérégrinations de Fiora. Alors que Juliette Benzoni nous avait habitué à des sagas aventureuses certes, mais plus statiques -je pense notamment à ses sagas se passant au XVIIème siècle et qui prennent corps seulement en France, entre Paris et quelques châteaux et cités de province-, là, pour le coup, nous voguons de Florence à Paris, de Paris à Dijon et de Dijon à la Suisse avant de revenir en faisant un petit crochet par ce val de Loire où la vie est si douce et que Louis XI, en précurseur des rois du XVIème siècle, affectionnait tout particulièrement. Après un début relativement calme, c'est un déluge d'aventures qui s'abat sur la tête d'une jeune femme mal préparée à une vie dangereuse, alanguie qu'elle est dans les plaisirs et la culture de Florence...mais pourtant, elle fera courageusement face et Fiora, durant cette errance à travers des pays en guerre et en contact avec ces derniers représentants d'une chevalerie qui lui est complètement étrangère, va en apprendre bien plus qu'elle ne le croyait sur les hommes et l'Histoire de son temps.
    Solidement documenté, ce premier tome de l'intégrale de La Florentine est plutôt intéressant à lire, même si l'accumulation de rebondissements finit par être un peu lassante et à rendre justement lesdits rebondissements quelque peu invraisemblables. Des dialogues un peu ampoulés alourdissent parfois un peu le récit qui mériterait des parties dialoguées plus directes et sans aucune fioritures. Cela dit, la partie plus narrative rattrape un peu ces désagréments.
    Bref, malgré ces quelques inégalités, les deux premiers tomes de la saga, Fiora et le Magnifique et Fiora et le Téméraire, réunis en un seul roman, sont plutôt intéressants à découvrir et, même si l'on ne s'attache pas de façon inconditionnelle à l'héroïne, il est tout de même plaisant de la suivre tout au long de ces années difficiles mais aussi formatrices pour elle.

    En Bref :

    Les + : une intrigue intéressante, basée sur une histoire solide et bien documentée.
    Les - : des dialogues un peu ampoulés ; des rebondissements trop nombreux et parfois invraisemblables.


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