• «  Un vitrail musicalement juste et souverainement écrit a le verbe si riche qu'il n'est pas d'écrivain qui puisse prétendre le décrire ou le posséder par l'analyse. Les seuls qui ont le pouvoir d'en approcher la grâce sont les poètes et les musiciens. »

     

     

     

         Publié en 1995

      Editions Folio 

      396 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé :

    « La lumière est diffuse », dit Rosal de Sainte-Croix au jeune Nivard de Chassepierre. « Elle est fugace, changeante, capricieuse. Elle a toutes les ruses. Jamais tu ne seras satisfait de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe ! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maître en ton art. »

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Le Passeur de Lumière est un roman historique qui se déroule en plein cœur du Moyen Âge et raconte la quête d'un jeune orfèvre mosan devenu maître verrier...
    Voilà comment, en quelques mots, on peut résumer Le Passeur de Lumière. Inutile de vous dire que c'est bien plus que cela. C'est impossible de bien résumer un roman tel que celui-là. Je crois que c'est aussi tout bonnement impossible d'en parler sans le trahir.
    Comment mettre des mots sur ceux de Bernard Tirtiaux, je me le demande encore alors que je suis en train de rédiger cette chronique.
    Je ne sais toujours pas si j'ai eu un coup de cœur pour ce roman : je crois que oui. Et en même temps c'est plus difficile que ça. Si j'ai eu un coup de cœur ce n'est pas un coup de coup de cœur franc et évident comme on peut en avoir pour d'autres histoires. Peut-être que dans quelques mois, je pourrais dire quand je parlerai de ce livre, quand je le conseillerai peut-être, que j'ai eu un coup de cœur... Aujourd'hui, je n'en sais rien.
    Ce que je peux dire c'est que ce livre m'a bouleversée et retournée comme je l'ai rarement été par un récit. J'en suis ressortie avec un sentiment terrible de mélancolie, de solitude (celle, presque insupportable de Nivard, qui se communique au lecteur) et les larmes au bord des yeux, prêtes à couler. Elles ne l'ont pas fait et pourtant, l'émotion n'en a pas été moins intense. Plus que le récit en lui-même, je crois vraiment que ce sont les mots de l'auteur, ce qu'il a fait de son intrigue, qui m'ont totalement emportée. Cette histoire racontée autrement ne m'aurait peut-être pas plu et pas autant plu, en tout cas. Ce sont essentiellement les mots de Bernard Tirtiaux, maître verrier lui-même et qui les travaille comme de la matière, qui m'ont touchée.
    Si vous avez lu le résumé, vous savez donc que le héros du récit s'appelle Nivard de Chassepierre et qu'il est maître verrier. Originaire de Huy, non loin de Liège, il parcourra l'Europe et l'Orient du début du XIIème siècle à la recherche du verre parfait, de la maîtrise parfaite, de la couleur parfaite mais surtout, de la lumière parfaite.
    La Lumière, avec un grand L. La lumière créatrice, la lumière rédemptrice, l'œuvre de toute une vie, le réconfort de toutes les peines et de tous les malheurs. Car le jeune Nivard, qui se voit d'abord embaucher par un artisan orfèvre d'Huy alors que sa noblesse de naissance est déclassée, qu'il a sombré dans la misère avec sa mère et son frère après la mort du père, va connaître bien des revers et des deuils au cours de son existence. Deuils d'hommes et de femmes qui jalonnent sa vie, deuils des certitudes. Le passeur de Lumière n'est pas un roman d'apprentissage comme je le pensais au départ, c'est le roman de toute une vie consacrée à une seule et même recherche, celle de la lumière, si présente dans nos vies et en même temps impalpable et insaisissable.
    Et pourtant, en ce début du XIIème siècle, des artisans qu'on devrait même appeler des artistes décident de rivaliser avec Dieu. Fiat Lux. Que la lumière soit. Alors que, déjà, l'art roman amorce son déclin, une nouvelle manière de faire se modélise dans des esprits intrépides et audacieux : la lumière deviendra muraille, la lumière deviendra pierre, là où les murs en dur devront se réduire à presque rien pour célébrer la lumière divine, la lumière mère de toutes choses et de toute vie. Pour ce faire, les étroites fenêtres vont se faire verrières, les nefs et les chœurs des églises et des cathédrales vont se couvrir des chatoyantes couleurs des vitraux racontant la vie de Jésus, la maternité de la Madone ou encore, le Jugement dernier ou l'Ancien Testament. Le vitrail et donc la lumière, remplacent peu à peu les murailles massives de l'art roman : c'est l'art gothique qui nait doucement, sans faire de bruit et va finir par s'imposer comme la norme, en Europe. L'art gothique, qui tend ses pinacles, ses flèches et ses tours comme des bras vers le ciel et vers Dieu. L'art gothique qui veut en finir avec l'obscurité du premier Moyen Âge et fond l'extérieur avec l'intérieur, l'intérieur et l'extérieur dans des jeux sans fin de lumières et de couleurs. Les verriers seront la pierre angulaire de cet art si fin et qui confine réellement au divin.

     

    Une des verrières de la cathédrale de Chartres : la baie 44, représentant la Parabole du Bon Samaritain


    Paradoxalement, aucune autre époque n'aura été plus consubstantielle à la recherche quasi obsédante de la lumière dans sa plus pure expression que le Moyen Âge. On a souvent considéré ces dix siècles comme une transition obscure, fanatisée, superstitieuse et boueuse entre la brillante Antiquité des penseurs grecs et romains et la Renaissance des humanistes. Et pourtant : le Moyen Âge central, ce fameux XIIème siècle mis à l'honneur par Bernard Tirtiaux dans son roman, est une époque d'essor absolu, une pré-Renaissance, une époque brillante dans laquelle se détachent les figures de grands érudits comme Adélard, de grands théologiens comme Bernard de Clairvaux, d'artistes et poètes et surtout d'artisans aux techniques spectaculaires, qui vont inventer à eux seuls, dans un lieu relativement circonscrit (le Nord de la France actuelle, entre la Picardie et la Champagne, en gros), un art souvent copié et jamais égalé, ce fameux francigenum opus (art gothique) que l'on retrouve sur les bords du Rhin, en Italie comme en Angleterre. Cet art gothique dont nous visitons encore, les yeux émerveillés, certains fleurons : la cathédrale de Sens, la cathédrale de Chartres, la basilique de Saint-Denis, Notre-Dame de Paris...
    Pour Nivard, cette quête de l'absolu s'accompagne d'un long voyage vers l'Orient, d'une réelle découverte du monde.
    Le Passeur de Lumière déconstruit à sa manière tous les clichés que l'on pourrait avoir d'un Moyen Âge peu mobile, renfermé sur lui-même, médiocre et xénophobe. Certes, il y'eut des périodes d'intolérance, de fanatisme, il ne s'agit pas de nier l'Inquisition ou l'antisémitisme qui faisait rage en Europe. Non. Mais il est important de montrer aussi que le Moyen Âge, ce n'est pas que ça, qu'en dehors des clichés et des croyances on découvre une époque riche, instruite, intelligente, métissée aussi. Une époque où Occident et Orient se fondent et cohabitent et pas qu'au bruit des épées et des cimeterres qui se heurtent. Certes, c'est l'époque des Croisades mais c'est l'époque aussi où l'Occident chrétien découvre ce que l'Orient musulman peut avoir à lui offrir et à partager.
    Le passeur de Lumière n'est pas un pavé : rien à voir avec Les Pilliers de la Terre, par exemple ! Et pourtant... il y'a un peu de Ken Follett chez Bernard Tirtiaux. Il y'a surtout une passion vivace, la sienne, véritable héroïne du récit, une passion qui transcende les siècles et les hommes. Un peu comme la lumière, en fait : on cherche tous la nôtre, au propre comme au figuré. Ce n'est pas que la lumière divine des hommes du Moyen Âge... c'est la lumière universelle. Voilà je pense, pourquoi se roman est si évocateur. Il ne raconte pas les temps anciens il raconte aussi l'Humain, qui est foncièrement le même depuis la nuit des temps.
    Ce roman fait clairement partie de ces pépites que j'ai délaissées bien trop longtemps dans un coin de ma PAL. Je ne regrette évidemment pas de l'en avoir enfin sorti, même si cette lecture m'a rendu triste parfois. Un roman peu connu et qui mériterait de l'être plus.

    Le métier et les conditions de travail des verriers à Paris au XIIIème  siècle | artisanat medieval

     

    Un maître verrier du Moyen Âge soufflant du verre dans son atelier

    En Bref :

    Les + : la puissance de ce récit ne réside pas uniquement dans ce qu'il raconte...ce qu'il ne dit pas est tout aussi important. Universelle et transcendant les époques, l'intrigue du Passeur de lumière raconte l'humanité et sa quête de la lumière qu'elle quelle soit. Roman puissant et bouleversant il me laisse une impression étrange et mélancolique alors que je l'ai refermé depuis peu.
    Les - :
    un début peut-être un peu abrupt qui peut surprendre mais heureusement cette impression se dissipe vite. 


    Le Passeur de Lumière : Nivard de Chassepierre maître verrier ; Bernard Tirtiaux

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • In My Mail Box - Février, Mars 2021

     

    In My Mail Box - Février, Mars 2021

     

     

    Hey ! Bonjour à tous !
    On se retrouve aujourd'hui pour le In My Mail Box de février et mars 2021. Un deux en un parce que peu de livres ont rejoint ma PAL en février, du moins, pas suffisamment pour vous faire un article. 

    Donc je rassemble tout ici : de l'historique, du roman de terroir sur fond d'histoire, des livres qui sentent déjà bon l'été comme le roman de Beatriz Williams avec sa couverture acidulée, du roman policier (notamment le dernier Jean d'Aillon qui sort le 8 avril) et...la suite de ma collection Romans Éternels, qui sont toujours aussi beaux. 

    Allez, c'est parti je vous emmène à la découverte de ces petits nouveaux : 

     

    Couverture La reine de l'ombre

    • Margaret Beaufort, tome 1, La Reine de l'Ombre, Paul Doherty, Editions 10/18, 2019, 306 pages

    J'aime beaucoup l'époque de la Guerre des Deux-Roses, je ne saurais vous dire pourquoi... peut-être que la fan de la saga Les Rois Maudits que je suis y retrouve un peu le même contexte historique, riche et romanesque. J'ai dernièrement beaucoup aimé Les Serpents et la Dague, de Robyn Young, qui se passe à cette époque-là, alors que la rose rouge des Lancastre et la rose blanche des York se livre une lutte sans merci. Je connais peu Paul Doherty, même si j'ai lu l'une de ses trilogies, Mathilde de Westminster. Ici, l'auteur centre son récit sur Margaret Beaufort, la mère du futur roi Henri VII Tudor. Nous sommes dans les années 1470, à l'apogée de cette guerre civile qui trouvera sa conclusion sur le champ de bataille de Bosworth, en 1485. Non seulement le roman semble basé sur une connaissance solide du contexte historique anglais mais en plus, son aspect policier n'est pas pour me déplaire. Je lirai peut-être ce roman à l'automne. 

    Résumé : Mai 1471. La guerre des Deux Roses atteint sa sanglante apogée. Edward d'York revendique le trône d'Angleterre, et ses partisans s'en prennent à tous ceux qui soutiennent la cause des Lancastre. Margaret Beaufort, comtesse de Richmond et mère d'Henry Tudor, dernier espoir de la maison de Lancastre, est entourée d'ennemis mortels, et sa position est pour le moins précaire.
    Déterminée à protéger son fils à tout prix, et, si possible à l'asseoir sur le trône, elle ne peut compter que sur Christopher Urswicke, un clerc qui réfléchit aussi brillamment qu'il manie la dague. Et Urswicke devra mobiliser toutes ses ressources pour enquêter sur des meurtres qui pourraient bien compromettre sa maîtresse, et pour intriguer dans un monde dangereux et violent où tout le monde joue double-jeu, et dont le pouvoir, et la mort, semblent les seules issues...

     

    Couverture Pour les trois couleurs

    • Les Aventures de Gilles Belmonte, tome 1, Pour les trois couleurs, Fabien Clauw, Editions Pocket, 2020, 404 pages 

    Je ne pourrais pas vous dire pourquoi l'histoire coloniale des XVIIème et XVIIIème siècle m'intéresse tant mais voilà, c'est un fait : j'aime beaucoup l'histoire de la Nouvelle-France, par exemple et cet intérêt se conjugue à un autre, celui des romans se passant sur les mers (peut-être étais-je un pirate au XVIIIème siècle, qui sait ?). J'ai par exemple beaucoup aimé Le Sans-Dieu de Virginie Caillé-Bastide ou encore la saga en deux tomes L'Enigme de la Diane, de Nicolas Grondin. Chez Fabien Clauw, j'espère retrouver un univers un peu dans l'esprit de celui de L'Enigme de la Diane, justement, une saga absolument passionnante. J'ai joué la carte de la prudence, en n'achetant que le premier tome, pour me laisser le temps de voir mais, si je ne suis sûre de rien concernant ce roman, j'espère en tout cas passer un bon moment de lecture. 

    Résumé : Mars 1798. La France révolutionnaire est en guerre contre les monarchies d’Europe. Parmi ses ennemis, l’Angleterre et sa puissante Marine sont le fer de lance de cette lutte sans merci qui s’éternise.
    Hélas, la jeune Marine républicaine se consume sur les cendres de la défunte Royale. La flotte est à court de crédits, souffre d’une corruption généralisée, et une grande partie de ses officiers, de noble lignée, a immigré.
    Engagé dans la Marine royale à l’âge de treize ans, le lieutenant Gilles Belmonte en a vingt-neuf lorsqu’il accède au grade très convoité de capitaine de frégate et se voit confier un nouveau bâtiment : l’Égalité.
    La mission dont le charge l’amiral Granger : faire escale à Madère où l’attend un mystérieux conseiller diplomatique naufragé dans des circonstances troubles au large de Porto Santo. L’Égalité doit conduire celui-ci auprès des autorités américaines. Son objectif : obtenir l’aide de ce pays neuf et redevable à la France de sa liberté.
    Au grand dam de Belmonte, la frégate embarque également l’épouse et la fille de Paul Desmaret, le nouveau gouverneur de la Martinique nommé six mois auparavant. Le caractère entier des deux femmes et leur beauté naturelle seront, pour le jeune capitaine, l’objet de bien des sollicitudes.
    Mais le Renseignement britannique, redoutable d’efficacité, veille et les embûches parsèmeront la route de l’Égalité jusque de l’autre côté de l’Atlantique.
    Commander une frégate neuve servie par un équipage hétéroclite mettra à rude épreuve l’humanité et l’intelligence du jeune capitaine Belmonte.
    Entre machinations des services secrets, combats navals et amours naissants, son sens de l’honneur et son formidable instinct auront-ils raison d’un ennemi prêt à tout ?

    Une famille française

    • Une Famille Française, tome 1, Jean-Paul Malaval, Editions Pocket, 2012, 428 pages

    La littérature régionaliste ou de terroir souffre d'une mauvaise image : on a souvent l'impression que c'est un sous-genre, une littérature un peu bas de gamme alors que, comme partout, il y'a de tout, du bon et du moins bon, c'est vrai, mais souvent des récits qui valent le coup et décrivent des époques qui, selon moi, sont particulièrement intéressantes. Ici, l'auteur déroule la vie d'une famille corrézienne du début du XXème siècle et ce premier tome démarre dans les années 1910, à l'aube de la Grande Guerre. J'ai lu Jean-Paul Malaval pour la première fois il y'a longtemps maintenant... non seulement se sont des retrouvailles mais j'espère aussi, une réconciliation parce que je n'avais pas été hyper emballée par Soleil d'Octobre. J'espère que je le serai plus avec Une famille française mais le résumé est d'ores et déjà prometteur. 

    Résumé : De 1910 à 1935, la chronique d'une famille française corrézienne, avec ses années prospères, son déclin et sa renaissance...
    A Saint-Ségur, Angel Monestier, riche propriétaire terrien de la Renaudière, règne en seigneur sur son domaine et sur les siens. On célèbre bientôt le mariage de Clémence, la fille cadette, avec Martin Brillat.
    En véritable patriarche, Angel se réjouit de cette alliance qui va sceller l'union de deux grandes familles.Mais, si les affaires sont florissantes et si le domaine est promis avec succès à Paul, le fils aîné, et préféré d'Angel, Athanaïs, la mère, nourrit quelque inquiétude : tant de bonheur ne se paiera-t-il pas un jour ?

     

    Couverture Une maison sur l'océan

    • Une Maison sur l'Océan, Beatriz Williams, Editions Pocket, 2019, 576 pages 

    Comme cette couverture ensoleillée et acidulée sent l'été ! On s'y croirait presque. Beatriz Williams a écrit L'Eté du Cyclone, un roman qui a rencontré pas mal de succès il y'a quelques années. Dans son sillage, elle a écrit La vie secrète de Violet Grant, Les Lumières de Cape Code et Une maison sur l'Océan : ces trois romans forment la saga des soeurs Schuyler dans l'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle. Parce que j'ai beaucoup aimé L'Eté du Cyclone puis La vie secrète de Violet Grant, il était clair que je lirai à plus ou moins long terme Les Lumières de Cape Code et Une maison sur l'océan. Ils ont maintenant rejoint ma PAL, je ne sais pas encore quand je vais les lire mais bientôt surement. 

    Résumé : À l’automne 1966, l’intrépide Pepper Schuyler est dans les ennuis jusqu’au cou : non seulement la belle est enceinte de son ex-patron, politicien influent qui la pourchasse à travers le pays, mais elle se retrouve seule et sans ressources. Son unique bien : une Mercedes de collection, qu’elle vient de vendre pour une coquette somme à une mystérieuse acquéreuse, Annabelle Dommerich.
    Il faut dire que cette célèbre violoncelliste française attache une valeur sentimentale particulière à ce véhicule. Elle seule connaît l’histoire de cette voiture, de sa course éperdue à travers l’Allemagne nazie jusqu’à son arrivée en Amérique. Et le destin des deux amants en fuite qu’elle abritait…
    Alors qu’Annabelle décide de prendre Pepper sous son aile et lui offre un refuge sur une plage déserte de Floride, les deux femmes se livrent peu à peu leurs secrets.
    Ensemble, parviendront-elles à affronter les zones d’ombre de leur passé ?

    Couverture Changer l'eau des fleurs

    • Changer l'eau des Fleurs, Valérie Perrin, Editions Le Livre de Poche, 2019, 664 pages 

    S'il y'a bien un roman qui a rencontré du succès sur les réseaux sociaux, c'est celui-là. Pourtant, je n'ai jusqu'ici jamais ressenti l'envie de le lire : je lis peu de romans se passant de nos jours, pas par manque d'intérêt ou a priori, juste parce que ce n'est pas mon genre de prédilection. Je n'ai donc rien contre ce roman ni contre son auteure et même, je trouve le résumé assez touchant et donc intrigant. Mais il a fallu qu'une collègue me donne un exemplaire qu'elle avait en double pour que ce livre se retrouve dans ma PAL. Un signe ? Peut-être. A l'heure où je publie ce IMM, je m'apprête justement à découvrir l'histoire de Violette Toussaint, garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Je ne sais pas ce que je vais trouver dan ce roman ni même si je vais aimer, mais une chose est sûre, j'y vais sans attentes et surtout sans a priori. A voir. 

    Résumé : Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.
    Après l’émotion et le succès des Oubliés du dimanche, Valérie Perrin nous fait partager l’histoire intense d’une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l’ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d’humanité.

     

    Cordoue 1211

    • Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 13, Cordoue 1211, Jean d'Aillon, Editions Robert Laffont, 2021, 544 pages 

    Dans la semaine, j'ai eu la surprise de recevoir le tome 13 des aventures de Guilhem d'Ussel, le chevalier et troubadour imaginé par Jean d'Aillon. J'aime beaucoup cette saga même si ça fait de nombreuses années que je l'ai laissée un peu de côté. La réception de ce treizième tome et la présence des deux précédents dans ma PAL (d'ailleurs je dois lire Béziers 1209 ce printemps) m'incite à reprendre sans tarder ! 

    Résumé : An de grâce 1211. La révolte gronde chez les barons anglais. Le roi Jean, excommunié en raison de ses exactions contre l'Église, multiplie rapines et forfaitures et n'hésite pas à se saisir d'otages dans les familles nobles et à enlever ceux qu'on refuse de lui livrer. Pis, il prépare une infamie pour se venger du pape Innocent III.
    En apprenant son funeste dessein, le comte de Huntington – surnommé Robin des Bois quand, dans sa jeunesse, il commandait une bande d'outlaws à Sherwood – demande à Guilhem d'Ussel de l'aider à lui faire obstacle. Sa mission, périlleuse, cernée d'ennemis, conduira le chevalier troubadour jusqu'en Espagne et au pays d'Al-Andalus.
    Chevauchées, algarades, embûches, batailles, traîtrises, guets-apens et retrouvailles avec une amie énigmatique... L'expédition multiplie les périls et surprises. Le bonheur, pour Ussel, peut-il renaître sur la route de Cordoue, alors que le calife Al-Nasir s'apprête à écraser la Castille avec la plus grande armée maure jamais rassemblée ? Le destin de la Chrétienté, que Guilhem a entre les mains, va-t-il basculer ?

     

    In My Mail Box - Août, Novembre 2020

    In My Mail Box - Février, Mars 2021

    Après un petit cafouillage au niveau de mon abonnement à la collection Romans Éternels, je suis passée à partir de fin janvier à l'achat au numéro et c'est finalement tout aussi pratique. Je compte bien compléter au maximum la collection mais je me suis pour le moment concentrée sur les volumes qui me tentaient le plus : 

    8. Madame Bovary, Gustave Flaubert

    9. L'Abbaye de Northanger, Jane Austen

    10. Chez les heureux du monde, Edith Wharton 

    11. Persuasion, Jane Austen

    12. Le docteur March marie ses filles, Louise May Alcott

    17. Mansfield Park, Jane Austen

    18. Agnes Grey, Anne Brontë

    19. Loin de la foule déchaînée, Thomas Hardy

    23. Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos (celui-là, j'avoue que je bavais dessus depuis un bon moment ! J'ai déjà une version poche depuis une bonne dizaine d'années mais j'avais très envie de cette superbe édition). 

     

    Et vous ? Avez-vous été raisonnables ? Ou bien des petits nouveaux ont-ils rejoint votre PAL ces deux derniers mois ? 

     

     

     

     


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  • « Je ne suis pas homme de regrets. J'ai une ambition. Et aujourd'hui les moyens de la mener. J'ai choisi la France. Le reste est passager. »

     

     

     

         Publié en 2018

      Editions Pocket

      416 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Paris, 1630. La mystérieuse jeune comtesse de Rivière Sainte-Anne, arrivée depuis peu de Québec, fascine autant par sa beauté que par les fêtes somptueuses qu'elle donne. Elle attire le regard du cardinal de Richelieu, tout-puissant Premier ministre, pour qui le Nouveau Monde est un  sujet brûlant.
    Dans un Paris où coexistent les splendeurs de la Cour et la misère de la cour des Miracles, agité par une série de meurtres inexpliqué et par de violents affrontements politiques, l'Indienne et le cardinal s'observent, se jaugent et interprètent dangereusement la partition de l'amour et du pouvoir.
    Entre liberté et désir, vengeance et ambition, chacun joue son avenir et celui du royaume.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La France du début des années 1630 est dominée par la figure tutélaire du cardinal de Richelieu, qui semble tout-puissant et qui, pour beaucoup, est l'homme à abattre. Pourtant, la position de l'omnipotent ministre de Louis XIII n'a jamais été plus précaire qu'en ce début d'automne : on semble comploter contre lui, des meurtres particulièrement horribles endeuillent la ville et une jeune et mystérieuse comtesse arrive de Nouvelle-France. Qui est-elle ? Et que cherche-t-elle à Paris ?
    Roman policier mêlé à une intrigue historique (le roman se concentre sur les dernières semaines qui précèdent la Journée des Dupes, le 11 novembre 1630 quand Louis XIII, après un retournement de situation inattendu, désavoue le partie de la reine-mère et confirme son ministre dans ses fonctions alors que la flamme de Richelieu vacillait comme jamais), L'Indienne et le Cardinal avait, sur le papier, tout pour me plaire : l'époque, les personnages, la Nouvelle-France, cette mystérieuse comtesse de Rivière Sainte-Anne qui, immanquablement, pique la curiosité... D'ailleurs j'avais remarqué ce roman depuis un bon moment.
    Bon, ce serait mentir de dire que je n'ai pas aimé...mais ce ne serait pas non plus la vérité si j'encensais ce roman ici.
    Commençons par aborder les points forts du roman : les personnages et les dialogues, sans nul doute. Ces derniers sont ciselés, percutants, vivants, j'ai trouvé qu'ils apportaient une vraie teneur au roman. Quant aux personnages, ils sont tous intéressants à leur niveau (mais, dommage, ils ne sont pas attachants, on en reparlera) : le cardinal de Richelieu est décrit comme un politique prodigieux mais qui n'est pas étranger aux doutes et dont le corps perclus de douleurs et de fatigue le crucifie chaque jour. Richelieu est un personnage double, déployant son aura et son charisme en public et cachant une santé chancelante ainsi que la fatigue et les doutes afférents à la gestion des affaires d'Etat dans son particulier, ne s'ouvrant qu'à ses proches et notamment à son conseiller le père Joseph, qui le comprend entièrement.
    La comtesse Loïse de Rivière Sainte-Anne, quant à elle, est un personnage mystérieux et quelque peu sulfureux : superbe jeune femme brune aux grands yeux magnétiques, elle est un mélange de l'Ancien et du Nouveau Monde. Veuve d'un commerçant français installé à Québec, elle est entourée d'Indiens hurons dont elle parle la langue et dont elle connaît parfaitement les coutumes.
    Quant au jeune et fougueux mousquetaire Alexandre de Malataverne, fraîchement débarqué de sa province natale, il découvre Paris, ses pièges et le voisinage d'un monde interlope qui se cache dans le dédale des ruelles sombres et médiévales des anciens quartiers. Aux côtés de Richelieu, il apprend le dévouement et la fidélité à toute épreuve tandis que son cœur s'éveille à l'amour avec Loïse qui ne laisse pas les hommes indifférents et semble prendre un véritable plaisir à les manipuler. Surtout, elle est indépendante et insaisissable et semble poursuivre une vengeance qui lui est propre.

    Cardinal Richelieu / Champaigne painting - Philippe de Champaigne en  reproduction imprimée ou copie peinte à l'huile sur toile

    Richelieu, tout-puissant ministre de Louis XIII, est au centre de ce récit qui se concentre notamment sur sa disgrâce, que ses ennemis fomentent à l'automne 1630 mais qui se retournera contre eux (tableau du XVIIème siècle, Philippe de Champaigne)


    Soulignons aussi une restitution assez réussie de l'époque et une bonne connaissance du contexte puisque l'auteur parvient à insérer de manière parfaitement cohérente son récit de fiction à un événement historique avéré et auquel il donne une explication, certes absolument imaginaire mais plausible et qui ne dénote pas.
    Pour le reste, j'avoue que j'ai trouvé le roman un peu long. Son découpage, qui alterne entre deux temporalités (les années 1610 et les années 1630) est une bonne idée et apporte un certain rythme au récit tandis que l'on découvre en parallèle, les multiples vie de la comtesse de Rivière-Sainte-Anne. Et si la description des personnages est vraiment ciselée, si on sent que l'auteur a pris soin de les rendre le plus vivants possibles, que ce soit les personnages principaux comme les personnages secondaires (que ce soit la duchesse de Chevreuse, grande conspiratrice ou les Indiens hurons de la comtesse de Rivière-Sainte-Anne), je dois dire que je ne me suis pas attachée à eux et cela m'a manqué. Oui, ils sont clairement le point fort de ce roman très visuel et qui se déroule comme un film : mais ils nous laissent souvent sur le bas-côté, on ne s'attache pas à eux et le lecteur reste un peu à distance tout au long du roman, c'est dommage.
    La présence de quelques anachronismes m'ont aussi un peu gênée : ainsi, le terme crinoline n'a rien à faire au XVIIème siècle, quant à l'utilisation récurrente du verbe stopper, je pense qu'il aurait été peut-être plus judicieux d'en utiliser un autre moins contemporain. Mais ce ne sont que des détails.
    L'Indienne et le Cardinal ne me laissera pas un mauvais souvenir mais, malheureusement, il m'a manqué pas mal de choses pour l'apprécier pleinement. Je ne me suis pas sentie partie prenante de l'intrigue et j'ai senti peu à peu mon intérêt s'émousser. J'avais lu des avis assez mitigés mais je partais du principe que l'aspect historique du roman (les années 1630 ne sont pas les plus traitées dans les romans historiques en général, les romanciers préfèrent le règne plus flamboyant de Louis XIV) et le fait que l'auteur aborde la Nouvelle-France sauraient me captiver. La magie n'a pas opéré mais je n'ai pas non plus détesté cette lecture. Je crois que le mieux est de se faire son propre avis : pour moi, c'est chose faite. A vous de jouer, maintenant.

     

    Redécouvrir le Site de la Nouvelle-France | Café, boulot, Dodo | ICI  Radio-Canada Première

    Paysages de Nouvelle-France au XVIIème siècle : c'est dans cet univers que vit Loïse de Rivière Sainte-Anne pendant de nombreuses années  

     

    En Bref :

    Les + : les personnages sont finement décrits, le contexte est maîtrisé, nous sommes à Paris en 1630 ! Les dialogues, vivants et ciselés, donnent une véritable teneur au roman...
    Les - :
    ...mais L'Indienne et le Cardinal est un peu long, des personnages froids auxquels on ne s'attache pas...il m'a manqué quelque chose pour véritablement aimer ce roman. Mon avis est donc assez mitigé sans être totalement négatif.


    L'Indienne et le Cardinal ; Denis Lepée 

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • « La vie c'est comme une course de relais, Violette. Tu la passes à quelqu'un qui la prend et qui la redonne à quelqu'un d'autre. A toi, je te l'ai redonnée et un jour tu la repasseras. »

    Couverture Changer l'eau des fleurs

     

     

     

      Publié en 2019

      Editions Le Livre de Poche 

      664 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s'entremêlent ? 
    Après le succès des Oubliés du dimanche, un nouvel hymne au merveilleux des choses simples. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 2017, Violette est garde-cimetière à Brancion-en-Chalon, une petite ville en Bourgogne. Garde-cimetière, vous allez me dire, ce n'est pas hyper folichon comme métier. Pourtant, Violette se plaît à Brancion : elle a fait sienne la maison du gardien, le jardin attenant où elle aime faire pousser plantes et légumes et où de nombreux chiens et chats vivent tranquillement près d'elle. Ses voisins ne sont pas embêtants : depuis le XVIIIème siècle, on enterre les morts de Brancion dans ce carré de terre derrière chez elle et cela continue en 2017, parce que si l'Homme a trouvé comment marcher sur la Lune, il n'a toujours pas trouvé le secret de l'immortalité.
    Violette est garde-cimetière et un peu psychologue, à ses heures perdues. Elle rencontre les histoires des familles qui viennent enterrer un proche : le plus souvent, la perte d'un proche s'accompagne de larmes et de chagrin. Mais parfois, il n'y a qu'indifférence, parfois même, du soulagement. Violette voit mais ne juge pas. Elle en a bien assez pour elle. Violette console et écoute quand il faut, offre du thé et un peu de chaleur humaine quand le désarroi soudain se fait trop grand. Mais il n'y a pas que de la tristesse dans ce cimetière : parfois, il y'a aussi des éclats de rire et de belles histoires. Bref, Violette se plaît à Brancion, au milieu de ses animaux, de ses légumes et de ses collègues, les fossoyeurs Gaston, Nono et Elvis et les officiers des pompes funèbres, les frères Lucchini, Pierre, Paul et Jacques - ça ne s'invente pas. Là, elle a trouvé un certain équilibre, alors que la maturité approche et que la vie ne l'a pas épargnée.
    Un jour, Violette rencontre un homme, commissaire de police, venu à Brancion pour déposer les cendres de sa mère, décédée quelques mois plus tôt. Il arrive de Marseille : pourquoi sa mère, Irène Fayolle, souhaite-t-elle que ses cendres soient déposées si loin de sa ville d'origine, dans ce petit coin de Bourgogne ? Son fils Julien vient de le découvrir et Violette va la découvrir à son tour. Deux histoires qui se tricotent et se détricotent en parallèle, l'histoire de Violette et la grande histoire d'amour d'Irène Fayolle, qui l'emmène à souhaiter reposer loin des siens dans l'éternité.
    Plusieurs temporalités, de nombreux personnages...il faut s'accrocher au départ pour ne pas tous les confondre et pour ne pas se perdre dans les époques mais une fois que vous êtes bien immergés dans l'ambiance du roman, ça passe tout seul.
    Je dirais même mieux : c'est difficile, très difficile de le lâcher. Ça ne m'arrive pas souvent et même avec les bouquins, j'ai une capacité d'attention limitée. Je vais lire une centaine de pages par jour les bons jours, deux cents éventuellement, jamais plus. Avec Changer l'Eau des Fleurs j'ai perdu la notion du temps : quand j'ai relevé les yeux, l'après-midi était passé et j'avais avalé plus de trois-cent-cinquante pages ! Oui. En une seule journée. Quand je vous dis qu'une fois que vous y avez mis le nez c'est foutu, c'est vrai.
    Changer l'Eau des Fleurs a rencontré un certain succès sur les réseaux sociaux depuis quelques années...j'ai d'abord beaucoup vu la couverture du grand format, avec son fond vert et cette femme brune de dos. Puis le poche, avec ses fleurs blanches et son fond bleu. Cela ne m'a pas influencée pour autant : j'avoue, les romans contemporains, ce n'est pas trop mon genre. Je suis Sophie Tal Men depuis quelques années et j'ai beaucoup ri avec les romans de Gilles Legardinier mais entre un roman contemporain et un roman historique, mon choix est vite fait. Et puis, en lisant le résumé de Changer l'Eau des Fleurs, j'ai lu le mot cimetière et ça a suffi pour que je me dise : Non, ce n'est pas pour moi. Et je serais restée sur cette impression si une collègue, en février, n'avait pas reçu en double ce roman. Elle m'a proposé le doublon, j'ai dit oui : après tout, je ne risquais rien. A part faire une bonne découverte ou être déçue, mais ça, c'est le jeu.
    Ça a été le cas. Changer l'eau des Fleurs est un petit bonbon, un roman lumineux. Il a beau se passer essentiellement dans un cimetière, il est porteur d'espoir et de bonne humeur. Pas que, bien sûr : le deuil n'en est pas absent mais n'est pas omniprésent non plus et l'émotion est souvent très forte. Oui, j'ai pleuré ou eu les larmes aux yeux en lisant ce roman et j'aime quand des mots me bouleversent, me touchent. La plume de Valérie Perrin a su m'émouvoir : elle est alerte, vive, parfois tendre, parfois violente, elle écrit comme elle parle. Elle explique, elle décrit mais, comme Violette, jamais elle ne juge. Les personnages ne sont pas des héros, ce sont des gens du quotidien, aucun n'est ni totalement mauvais ni totalement bon, parce que ça n'existe pas, dans la vraie vie. Violette, ses collègues, son mari, ces familles qu'elle croise, avec lesquelles parfois elle tisse un lien, ponctuel ou plus durable, sont profondément humains : ils ont tous leurs failles et leurs faiblesses, leurs petits travers, leurs défauts et leurs qualités. J'ai aimé cette nuance : même le personnage qui semble parfois irrémédiablement perdu ne l'est pas exactement. Même celui qui a failli peut se racheter et montrer qu'il est quelqu'un de bien. On a besoin de ce genre de d'histoires qui redonnent foi en l'humanité : c'est de la fiction, vous me direz. On peut faire dire ce que l'on veut à la fiction. Mais les personnages de Valérie Perrin sont des Français lambda des années 2010, ils sont nous. On se reconnaît en eux ; alors si on se reconnaît en eux, rien ne nous empêche de les copier un petit peu.
    Ce roman c'est aussi celui des hasards et des rencontres. Pourquoi telle ou telle personne croise-t-elle un jour notre route ? Pourquoi celle-ci s'arrête-t-elle un instant dans notre vie quand une autre s'y installe ? Pourquoi choisit-on celui-ci où celle-là pour ami (e), pourquoi au contraire se marie-t-on avec un autre et choisit-on de fonder une famille avec X plutôt qu'avec Y ? Pourquoi les rencontres se jouent-elles de toutes les conventions sociales ? On dit bien que la vie est une longue suite de rencontres : rencontres toxiques ou au contraire, rencontres lumineuses. Il y'aura celles qui parfois nous tireront vers le bas ou alors, au contraire, celles qui nous pousserons à nous dépasser, qui nous inciteront à tirer le meilleur de nous-mêmes. La vie de Violette est émaillée de ces rencontres : des personnages se succèdent dans le récit comme dans son existence qui est déroulée grâce à de nombreux flash-back qui nous permettent de découvrir qui elle a été avant d'atterrir en 1997 dans cette petite ville de Brancion. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Violette n'a pas eu une vie de tout repos.
    Mais une vie, heureusement, n'est pas faite que de deuils ni que de drames. De belles rencontres la traverseront et l'illumineront mais quand on pense que plus rien de bien ne pourra arriver. De bons souvenirs viendront un peu compenser les mauvais.
    Changer l'Eau des Fleurs est un roman qui fait du bien. Une petite pépite d'humanité, de simplicité et d'humanité. Je ne connaissais pas Valérie Perrin mais je ne suis pas déçue d'avoir découvert son univers à travers ce roman qui a une puissance folle.
    On rit souvent, on sourit souvent, on s'attendrit et on pleure aussi. Ce roman est un condensé du quotidien et on peut retrouver Violette en chacun d'entre nous. Ce roman nous incite à rechercher le beau et le meilleur en nous et chez les autres : qu'attendons-nous pour le faire et cesser de dire que l'humanité est foutue ? Peut-être qu'elle l'est parce que nous le voulons bien mais il y'a encore de belles choses en nous et c'est l'essentiel...Tout n'est peut-être pas perdu. En tout cas, Changer l'Eau des Fleurs en est une belle illustration.

    En Bref :

    Les + : un beau roman dense et riche, qui n'aborde pas que le deuil, au contraire. C'est la vraie vie, la vie écorchée mais aussi lumineuse. Une petite pépite de douceur, un bonbon qui se savoure.
    Les - :
    dans les derniers chapitres, une chronologie peut-être un peu floue mais ce n'est pas hyper gênant non plus...


    Changer l'Eau des Fleurs ; Valérie Perrin  

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • « La France et Marie de Rohan ont été jeunes ensemble. Jeunes, mobiles, imaginatives, aventureuses, écervelées, traversées de désirs innommables, d'espoirs sans horizon, d'ambitions sans limites. »

     

    Amazon.fr - La duchesse de Chevreuse - TILLINAC, Denis - Livres

     

     

     

         Publié en 2013

      Editions Perrin (collection Tempus)

      296 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    Belle, intrépide, effrontée, Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, aura été l'aventurière la plus romanesque du demi-siècle de Louis XIII. 
    Elle fut de tous les complots, de tous les exils et Alexandre Dumas l'a immortalisée dans Les Trois Mousquetaires. Pour retrouver son sillage, Denis Tillinac a interrogé les mémorialistes, rencontré les descendants et pérégriné de la Touraine à Madrid, en passant par Nancy et Bruxelles. Sa biographie amoureuse illustre les sortilèges du baroque français. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La fiction n'invente rien, voilà ce que l'on est tentés de se dire quand on lit un livre comme celui-ci, qui met en avant un destin hors du commun.
    Ce livre n'est pas une biographie au sens académique du terme : c'est plus une rencontre, la rencontre de Denis Tillinac avec Madame de Chevreuse, née Marie de Rohan-Montbazon. Elle est un personnage de roman, Dumas ne s'y est pas trompé en la mettant en scène dans ses Trois Mousquetaires, quintessence du roman de cape et d'épée.
    Née presque avec son siècle, Marie de Rohan-Montbazon voit le jour dans les feux finissants du XVIème siècle et de la Renaissance (décembre 1600). La France n'est pas encore bien débarrassée de ses vieux démons et des Guerres de Religion mais, déjà, elle s'achemine vers le classicisme et le règne de Louis XIV. C'est à cette époque-là que Madame de Chevreuse rendra son dernier soupir, en 1679. Elle a connu trois rois, trois règnes, trois personnalités différentes mais elle en marque un de son encre indélébile : le règne de Louis XIII et donc, par extension, celui de Richelieu. Copieusement haïe du roi comme de son éminent ministre, elle jette sur un règne mal connu et coincé entre celui, très populaire du père (Henri IV) et celui, flamboyant, du fils (Louis XIV), un éclairage bienvenu.
    Marie naît dans donc dans la puissante famille de Rohan, une illustre lignée d'origine bretonne qui remonte au Moyen Âge et se ramifie en de nombreuses branches (Soubise, Montbazon, Guéménée...). Si puissante, cette lignée que sa devise n'est rien moins que : Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis ce qui veut tout dire. A l'instar des Rochechouart, les Rohan ont toutes les armes pour rivaliser avec la toute neuve dynastie des Bourbons. Fille d'Hercule de Rohan-Montbazon, elle grandit au château de Couzières, en Touraine, avec son frère aîné Louis, futur prince de Rohan-Guéméné. Marie est belle : blonde aux yeux bleus, elle entre parfaitement dans les canons de beauté de l'époque, où l'on n'aime pas la peau mate et les cheveux bruns. Mais surtout, elle possède un esprit acéré et bouillonnant qui fera d'elle l'ange de toutes les conspirations qui, sous le règne de Louis XIII, ne manquent pas de secouer le trône et le fauteuil de Son Eminence le tout-puissant Richelieu.
    En 1617, Marie est promise à Charles d'Albert de Luynes : beau mariage même si la lignée du mari n'est pas à la hauteur de celui de la jeune épousée. Le duc de Luynes a vingt-deux ans de plus que Marie et a surtout pour lui d'être le favori du tout jeune Louis XIII. Roi depuis sept ans, encore adolescent, Louis XIII a trouvé en Luynes non pas un amant mais un mentor, une figure tutélaire et paternelle qui remplace celle, trop aimée et trop brutalement disparue d'Henri IV, assassiné en 1610 dans les rues de Paris. Luynes, dont les origines familiales et italiennes remontent à la fin du Moyen Âge (le nom Albert est le pendant français d'Alberti, la famille florentine), sera un conseiller du roi et connétable de France, rien que ça. Marie, en épousant le favori du roi, intègre encore plus les cénacles royaux. A ce moment-là, c'est encore la reine-mère, Marie de Médicis, qui gouverne, flanquée de ses âmes damnés : le couple Concini. Mais Louis XIII rumine silencieusement et plus dure en sera sa vengeance. En 1617, soutenu par Luynes, le jeune homme timide et mal-aimé par sa mère qui lui préfère ostensiblement son cadet, Gaston -autre grand comploteur devant l’Éternel- est en passe de faire un véritable coup d'Etat qui lui permettra de prendre enfin le contrôle de sa couronne. Louis XIII s'apprête à devenir enfin roi, de nom et en actes et bientôt, la figure omnipotente du cardinal flottera au-dessus de Paris et de la France. La Cour de Louis XIII est une cour jeune, même si le Conseil du roi ne l'est pas : la famille royale est composée de tous les rejetons d'Henri IV, légitimes ou pas. Les plus âgés, les Vendôme, en ces années 1610, ont à peine trente ans. Les frères et sœurs de Louis XIII sont des jeunes gens à peine sortis de l'enfance, le couple royal également : en 1615, à quatorze ans, Louis a épousé la princesse espagnole Anne d'Autriche, fille de Philippe III. Prestige du nom, prestige du sang, mais un mariage malheureux. Isolée, la jeune femme se rapprochera de la jolie Marie de Luynes : jeunes toutes deux, d'âge semblable (elles ont un an d'écart), désireuses de s'amuser, Marie et Anne se rencontrent et ne se quittent plus. Elles deviendront de grandes amies et certains diront même que Marie a été l'âme damnée de la reine. Toujours est-il que dans les décennies qui suivront, Marie de Chevreuse entraînera la reine sur la pente glissante de la conspiration et l'aidera à franchir un pas avec lequel Anne flirtait déjà dangereusement depuis son arrivée en France : l'intelligence avec l'ennemi, à savoir, l'Espagne qui, pour elle, est le pays de cœur de l'enfance, gouverné par son frère.

    Marie de Rohan-Montbazon by Claude Deruet.jpg

     

    Portrait de la duchesse de Chevreuse en Diane chasseresse (XVIIème siècle, oeuvre attribuée au peintre Claude Déruet)

     
    Ancêtre de l'actuelle famille de Luynes, qui porte aussi le titre de Chevreuse (titre du deuxième époux de Marie, Claude de Chevreuse, avec lequel elle n'eut que trois filles, dont la célèbre Charlotte qui, pendant la Fronde, fut la maîtresse du coadjuteur de Paris Paul de Gondi, futur cardinal de Retz et faillit épouser le prince de Conti), alors que bien d'autres figures de ce XVIIème siècle bien méconnu ont été englouties dans les limbes de l'Histoire, la figure de Marie de Chevreuse, éternellement jeune, reste encore vivace : de Dumas au XIXème siècle jusqu'à Juliette Benzoni au siècle suivant, elle a inspiré les auteurs, elle a nourri bien des fantasmes. Personnage de roman pourtant bien réel : voilà la force de cette femme dont le destin hors du commun et son insouciance l'ont rendue immortelle là où tant d'autres n'ont pas eu droit à de tels hommages de la postérité.
    Par-delà les époques, Marie a une aura, un magnétisme qui peuvent aisément nous faire comprendre l'obsession de Denis Tillinac à la chercher partout où elle a pu passer, de l'ancienne propriété de Couzières, non loin de Tours, qui abrite les souvenirs de l'enfance, une enfance presque sauvage et sans cadre, sans mère aussi, dans une insouciance teintée d'indifférence de la part du père, Hercule de Rohan-Montbazon en passant par Dampierre, l'opulente propriété du duc Claude non loin de Paris, jusqu'à Lésigny, où Marie connaîtra deux nuits de noces : l'une avec Luynes, alors qu'elle n'a pas vingt ans, une autre avec Claude de Chevreuse, alors que Luynes est mort depuis quelques mois à peine et poursuivant ensuite ses traces dans les dédales d'une petite ville de banlieue sans charmes, Gagny (93), où Marie de Chevreuse rendit son dernier soupir en août 1679.
    En général, l'obsession ne fait pas bon ménage avec l'objectivité. Voilà pourquoi on ne peut pas considérer ce livre comme une biographie d'historien. Pour autant, il n'en est pas désagréable à lire et parce que la passion de l'auteur transparaît derrière ses lignes, fatalement, elle se transmet doucement à son lecteur. Oui, Marie de Rohan est intrigante, attirante... c'est un bel hommage que Tillinac lui rend ici, la mettant au centre d'un récit où, généralement, elle n'est présente qu'en filigrane. Dans la touffeur d'un règne instable marqué d'émotions populaires et de révoltes nobiliaires, Marie a-t-elle été plus conspiratrice que les conspirateurs ? L'a-t-on retenue, elle, parce qu'elle est une femme, parce qu'elle ne s'embarrasse pas du convenable et du politiquement correct, prenant un amant quand ça lui chante et ne prenant pas même la peine de s'en cacher ? Marie est-elle plus à blâmer qu'Anne-Geneviève de Longueville, sœur de Condé et célèbre frondeuse ? N'est-elle pas finalement le meilleur avatar d'une époque qui se cherche, se dirigeant vers l'épanouissement du flamboyant classicisme du Roi-Soleil mais encore retenue dans le dos par les dernières griffes du XVIème siècle des Guerres de Religion ? Et quel meilleur hommage que celui d'être fixée sur papier, pour l'éternité, par la plume pleine de fougue de Dumas ?
    Marie de Chevreuse a cela d'intéressant qu'elle transcende les époques : elle a parfois scandalisé la sienne, elle a été la femme à abattre et l'épine douloureuse dans le pied de Louis XIII comme de Richelieu puis le parfum de scandale qui l'entoure est devenu attirant, un terreau fertile pour l'imagination des auteurs. Parce qu'on a toujours aimé se scandaliser, se choquer, parce que les destins qui sentent le soufre nous attirent tous immanquablement.
    Sans prêter à Marie de Rohan des qualités contemporaines (émancipation des femmes, féminisme revendicatif ou autre), elle a quelque chose d'intemporel dans sa manière de se comporter, à mille lieues de ce qui se fait ou de ce qui ne se fait pas. Marie ne fait que ce qu'elle veut. Qui a dit que la liberté appartenait à une époque ? Elle appartient à tous. Cette duchesse de Chevreuse, étonamment vivante sous la plume attendrie et certainement un peu amoureuse de Denis Tillinac en est un bon exemple.
    J'ai relevé quelques petites approximations au cours de ma lecture mais qui ne sont pas récurrentes (du coup je me suis demandé si ce n'était pas plutôt des erreurs d'étourderie) et de nombreuses coquilles qui m'ont surprise parce que les éditions Perrin et leur collection Tempus nous ont habitués à mieux mais globalement, le livre n'en pâtit pas. Le propos reste toujours alerte, entre style alerte et soutenu et parfois un peu plus cru. La duchesse de Chevreuse est un petit livre vivant et sautillant à l'image de cette jeune femme que le cardinal de Richelieu, peut-être un peu amoureux, surnommait « la Chevrette ».

    Marie de Rohan-Montbazon, Herzogin von Chevreuse.jpg

     

     

    En Bref :

    Les + : un style parfois irrévérencieux, qui rend au mieux ce que pouvait être le caractère de Madame de Chevreuse, une bonne connaissance du contexte, en bref, on retrouve avec plaisir l'ambiance des romans de cape et d'épée de Dumas ou de Paul Féval !
    Les - :
    quelques approximations et des coquilles (fautes d'accords, mots manquants) : les éditions Perrin et leur collection nous ont habitués à mieux, dommage ! 


    La duchesse de Chevreuse ; Denis Tillinac

     

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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