• « Nos erreurs nous paraissent plus terribles que celles des autres, parce que nous ne nous pardonnons pas de les avoir commises. »

    Couverture Les sept soeurs, tome 1 : Maia

     

     

       Publié en 2015 en Irlande 

      En 2020 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Seven Sisters

      Editions Le Livre de Poche

      654 pages 

      Premier tome de la saga Les Sept Sœurs

     

     

     

    Résumé :

    A la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a ramenées des quatre coins du monde et adoptées lorsqu'elles étaient bébés, Maia d'Aplièse et ses soeurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève. Pour héritage, elles reçoivent chacune un indice qui leur permettra peut-être de percer le mystère de leurs origines. La piste de Maia la conduit au-delà des océans, dans un manoir en ruine sur les collines de Rio de Janeiro. C'est là que son histoire a commencé...Secrets enfouis et destins brisés : ce que Maia découvre va bouleverser sa vie...
    Les Sept Soeurs est le premier tome de la série événement qui a conquis 20 millions de lecteurs dans le monde. A travers ses romans au souffle épique, peuplés de personnages inoubliables, liés par les drames et l'amour, Lucinda Riley a affirmé son immense talent, créant un genre littéraire à part entière. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, c'est d'un phénomène littéraire dont je vais vous parler. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que ces livres très plébiscités partout font en général plutôt office de repoussoir sur moi et je sais que je ne suis pas la seule. Je n'ai pas forcément peur que le livre ne soit qu'un coup de pub ou marketing mais il est vrai que je vais parfois privilégier LE livre qu'on voit moins sur Booktube et les réseaux sociaux que celui dont tout le monde parle parce que, en ce qui me concerne, je suis souvent déçue.
    Et quand en plus la dernière lecture de l'auteur en question a été un flop, franchement, c'est difficile de se lancer, vous en conviendrez. En effet, ma relation avec l'univers de Lucinda Riley est assez chaotique : j'avais beaucoup aimé La Jeune Fille sur la Falaise, lu il y'a trois ans. Au moment des fêtes, en 2019, je choisis comme lecture de Noël L'Ange de Marchmont Hall, dont le résumé me tentait énormément. La spectaculaire couverture totalement de saison du reste, avait aussi emporté mes suffrages. Je commence cette lecture pleine d'attentes et sans appréhension. Que la chute a été rude quand je me suis rendu compte que ça ne fonctionnait pas avec moi et que j'étais passée totalement à côté de cette histoire, qui avait pourtant du potentiel.
    Il m'a donc fallu plus d'un an et demi et les chaleureux conseils d'une amie qui a commencé un peu par hasard la saga il y'a quelques mois pour que je me dise enfin, concernant Les Sept Sœurs : pourquoi pas ? Pourtant, on les voit partout, ces Sept Sœurs et les 30 millions de lecteurs dans le monde suffisent à attester qu'on est bien là face à un phénomène littéraire. Tout pour me plaire, donc (c'était ironique, bien sûr).
    Prudente, j'achète donc le premier tome en avril dernier. Et dès lors qu'il a été dans ma PAL, j'ai eu envie de le lire. Il fallait enfin que je me fasse mon propre avis, il fallait enfin que je sache si le très bon ressenti de mon amie, qui a lu presque tous les tomes maintenant, était aussi le mien.
    Je me suis donc lancée sans attentes particulières dans ce roman mais avec toujours à l'esprit l'immense déception ressentie à la lecture de L'Ange de Marchmont Hall et l’amère constatation que j'avais pu faire en en terminant la lecture, me disant : Tout ça pour ça.
    A moins d'avoir vécu dans une grotte ces dernières années, on connaît, au moins dans les grandes lignes, l'histoire des Sept sœurs : les sœurs d'Aplièse ont été adoptées aux quatre coins du monde, alors qu'elles étaient des bébés, par un énigmatique milliardaire genevois qu'elles surnomment Pa Salt et sur lequel elles ne savent finalement que peu de choses. En 2007, à la mort de leur père adoptif, Maia et ses sœurs, Ally, Tiggy, CeCe, Star et Electra reviennent à Atlantis, la magnifique propriété de Pa Salt sur les bords du lac de Genève. Là, elles découvrent que leur père, avant sa mort, a laissé à chacune les moyens de découvrir son histoire et de partir à la recherche de ses origines.

    Le Corcovado à Rio, avant la construction du Christ Rédempteur

     
    Maia est donc l'aînée des sœurs. Comme les autres, elle porte un nom en lien avec l'astronomie : celui de l'étoile Maïa, qui fait partie de cette constellation appelée les Pléiades ou les Sept Sœurs. Connue depuis l'époque préhistorique, visible partout dans le monde, la constellation des Sept Sœurs est le sujet de nombreux mythes et légendes. Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont sept sœurs, filles du Titan Atlas et de l'Océanide Pléioné. La plupart sont unies à des des dieux et engendrent une vaste descendance, notamment divers familles royales comme celles régnant à Troie ou encore, à Sparte. Compagnes d'Artémis, les sept Pléiades sont un jour aperçues par Orion, qui remarque leur grande beauté. Il ne cesse alors de les poursuivre pendant cinq ans. Pour mettre fin à cette chasse effrénée, Zeus les transformera en colombes.
    Comme dans la mythologie grecque, Maia d'Aplièse est la première des sœurs, la première petite fille adoptée par Pa Salt trente-trois ans plus tôt. Son double mythologique est un personnage solitaire, vivant souvent retiré dans une grotte et qui, séduite par Zeus engendrera le dieu Hermès.
    La Maia qui nous intéresse ici est donc une jeune femme d'une trentaine d'années quand démarre l'histoire des Sept sœurs. Traductrice, passionnée par les langues, elle a fait de brillantes études à la Sorbonne, avant de revenir en Suisse, d'où elle exerce son métier depuis le domaine d'Atlantis, qu'elle n'a jamais vraiment quitté alors que ses autres soeurs sont parties au quatre coins du monde. Maia est une jeune femme effacée et que l'on sent fragile dès le départ, très bouleversée par le décès brutal de son père adoptif et obsédée à l'idée qu'il est parti sans qu'elle ait pu forcément lui dire combien il comptait pour elle et surtout, sans avoir trouvé le temps de lui poser les questions qu'elle a au fond d'elle.
    Mais la lettre laissée par Pa Salt va l'emmener vers des horizons inattendus. Les coordonnées géographiques qu'il lui a laissées aussi : Maia va donc partir à la recherche de ses ancêtres et de ses origines de l'autre côté de l'Atlantique, au Brésil plus précisément.
    Là-bas à Rio, chaperonnée par un jeune auteur prometteur, dont elle a traduit le premier roman, Maia se lance sur les traces de deux familles dont elle est issue : les Aires Cabral et les Bonifacio. Quels secrets ont pu bouleverser ces familles au siècle dernier et pourquoi elle-même a été abandonnée par sa génétrice ?
    Dans un pays émergent à l'économie galopante, mais où les inégalités et fractures sociales sont particulièrement visibles, Maia remonte le temps. Et nous avec elle. Nous voici revenus à la fin des années 1920, dans la bonne société de Rio, où la jeune et très jolie Izabela Bonifacio, s'apprête à faire son entrée dans le monde en épousant un des meilleurs partis de Rio : Gustavo Aires Cabral. Lui fait partie de la haute société et sa famille est apparentée aux derniers empereurs du Brésil mais sa famille est ruinée tandis que les parents d'Izabela, d'origine italienne et nouveaux riches, sont obsédés par l'idée de pénétrer cette aristocratie brésilienne ancienne et qui les méprise. Mais un voyage à Paris va tout bouleverser pour Izabela...en parallèle, l'auteure nous raconte la construction du fameux Christ Rédempteur du Corcovado, qui étend depuis les années 1930 sa protection sur la baie de Rio.
    Ce premier tome des Sept Soeurs est palpitant ! Si le début est un peu long (mais je pense que c'est nécessaire pour poser l'intrigue et l'univers), on se prend vite au jeu. C'est bien simple, j'aurais été en vacances lors de ma lecture de ce roman, je crois que je me serais mise en pause une bonne partie de la journée pour continuer ma lecture ! Quelle frustration de devoir poser le roman le matin avant de partir travailler et à la fin de mes pauses de midi ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas éprouvé ce sentiment très plaisant de ne pas pouvoir lâcher un livre et d'avoir envie de le lire jusqu'à connaître le fin mot de l'histoire. Evidemment, la quête de Maia instaure un certain suspense et donne envie de continuer mais ça ne fait pas tout ! Tout le reste de l'histoire est passionnant : déjà, j'ai beaucoup aimé la double-temporalité (je suis fan de Kate Morton et j'ai retrouvé quelques points communs entre son univers et celui des Sept Soeurs) et le personnage d'Izabela m'a beaucoup plu. Quant à Maia, je me suis retrouvée en elle sur certains points de caractère et je crois que, pour cette raison, je me suis sentie proche d'elle et j'ai eu envie de la suivre. Elle a vraiment su susciter une certaine affection pour moi. Ce voyage au Brésil, de nos jours (ou presque) et dans le temps m'a beaucoup plu. J'ai aussi découvert l'histoire de la construction du Christ Rédempteur qui s'inscrit en partie en France puisque l'un de ses architectes est Paul Landowski, sculpteur d'origine polonaise qui a notamment œuvré à la réalisation du tombeau du maréchal Foch aux Invalides ou encore, aux fontaines de la place de la Porte-de-Saint-Cloud à Paris.
    Quel bonheur, vraiment, de renouer avec l'univers de Lucinda Riley avec une lecture telle que celle-ci ! Le ressenti a été finalement à la hauteur de mes attentes et surtout, après les appréhensions du départ, il est d'autant plus savoureux ! Je crois que le reste de la saga ne va pas faire long feu dans ma liste d'envies et va rejoindre très vite ma PAL ! Accro, vous avez dit ? Ça se pourrait bien !! 

    En Bref :

    Les + : le premier tome des Sept sœurs, m'a totalement convaincue je me suis laissée emporter et émouvoir avec plaisir. Je n'ai qu'une hâte : découvrir le destin des autres sœurs, maintenant !
    Les - : Aucun et je suis ravie, vraiment, de pouvoir dire ça.


    Les Sept Soeurs, tome 1, Maia ; Lucinda Riley

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • «  Quelle que soit la force de notre volonté, le monde n'est pas tel que nous voudrions qu'il soit. »

     

     

     Publié en 1996 aux Etats-Unis

     En 2021 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Pope Joan

     Editions Points (collection Grands Romans)

     572 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Le parcours ponctué d'aventures, d'amours, d'intrigues et de rebondissements d'une héroïne indépendante et résolument moderne. 

    Jeanne naît en 814. Elevée sous la férule d'un père autoritaire, elle s'insurge très tôt contre les préjugés et interdits qui pèsent sur les femmes. En secret, elle apprend à lire et à écrire comme ses frères, et se fait admettre à l'école de la cathédrale de Dorstadt...

    Ainsi débute l'histoire de cette héroïne surprenante qui, se faisant passer pour un homme, parviendra à atteindre les hautes sphères du Vatican. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Et si une femme s’était assise un jour sur le trône de Saint-Pierre ? Partant de ce postulat, une incroyable légende est née : celle d’une femme pape, qui aurait été élue à la titulature suprême au IXème siècle.
    Quand elle voit le jour en 814, à Ingelheim dans l’Empire, Jeanne a un destin déjà tout tracé. L’étude, le pouvoir, le savoir ne sont pas affaires de femme. Au mieux, elle épousera un homme pas trop vilain, qui ne la battra pas mais lui fera de nombreux enfants, l’accablant de grossesses régulières ; ou alors, elle deviendra religieuse. Au pire, elle sera livrée à un tyran domestique qui fera d’elle ce qu’il veut : dans une société profondément religieuse et misogyne, cela n’est évidemment pas choquant. En somme, Jeanne est une une future femme et bientôt, ne s’appartiendra plus, si tant est qu’elle s’appartienne un jour…
    Fille d’un chanoine d’origine britannique et d’une Saxonne qui ne s’est jamais vraiment convertie à la foi chrétienne, malgré les massacres perpétrés sur son peuple à l’époque de Charlemagne, Jeanne grandit écartelée entre la foi chrétienne d’un père autoritaire et les anciens Dieux de sa mère : ainsi, Jésus-Christ côtoie étroitement les légendes saxonnes et le panthéon germain, où le dieu vengeur Wotan tient une place centrale.
    Pour son père, Jeanne ne compte pas. Elle a deux frères aînés en lesquels son père fonde tous ses espoirs. Seulement, Jeanne ne veut pas se cantonner au rôle que la société franque du Haut Moyen Âge lui assigne : celui d’une mère et d’une épouse docile. Ce qu’elle veut, c’est apprendre, s’instruire. Elle y arrivera, au prix de bien des vexations et bien des renoncements. Elle devra surtout abandonner pour toujours son sexe de femme et le dissimuler sous des oripeaux masculins pour espérer connaître un jour le destin qu’elle-même veut se forger.
    D’Ingelheim à Rome, il n’y a cependant pas qu’un pas : il va falloir à Jeanne beaucoup d’années pour parfaire son savoir, supporter les vexations et le mépris d’hommes qui se croient spontanément plus intelligents qu’elle parce qu’elle est née fille, supporter aussi l’inimitié de ses consoeurs, les femmes qui se sont accommodées de leur destin et n’imaginent pas que certaines ne peuvent pas s’en contenter. Ses années de formation à Dorstadt l’emmènent ensuite, cachée sous la bure d’un moine, jusqu’au monastère de Fulda où, auprès du vieil apothicaire, Jeanne, devenue frère Jean, apprend la science médicale et le maniement des simples.
    C’est cette science médicale qui, lors d’un pèlerinage à Rome, fait basculer son destin. Approchant les souverains pontifes successifs, elle se hisse petit à petit à un rang qu’elle n’aurait jamais pu espérer en restant une femme. Proche des papes, de Serge II à Léon IV (le fameux pape qui fit construire une grande muraille autour de Rome, la « muraille léonine », pour la défendre contre les incursions sarrasines), Jeanne, connue à Rome sous le nom de Jean Anglicus, est élue pape. Mais Jeanne est une femme, une femme amoureuse qui, un jour, ne pourra plus cacher les conséquences de sa liaison : en 855, lors de la fête des Rogations, en pleine procession, le pape accouche, sous les yeux d’une foule médusée, d’un enfant mort-né et meurt après. Elle aurait régné deux années sur Rome (entre 853 et 855 ; d'autres sources avancent les dates de 855 à 858), sans que personne jamais ne découvre la vérité sur son sexe.
    La légende de la Papesse Jeanne est tout bonnement incroyable ! Comment cette femme, au IXème siècle, parvient-elle à la dignité religieuse suprême sans que personne ne soupçonne jamais sa véritable nature ? Son savoir, sa capacité exceptionnelle de raisonnement, son talent pour les langues et l’exégèse ont-ils pu tromper tout le monde, même les plus intolérants ? Aujourd’hui, à cause de nombreuses incohérences, les historiens tendent à penser que l’histoire de la papesse n’est qu’une légende, qui sera d’ailleurs reprise à des fins polémiques à des époques où l’Eglise de Rome est fortement remise en question : lors du concile de Constance au début du XVème siècle par exemple, les partisans de Jan Hus useront de cette légende, tout comme les protestants anglais pendant la Réforme. Et même s’il semble que Jeanne soit mentionnée dans Le Liber Pontificalis, le livre des Papes qui, commencé en 500, comporte des biographies des pontifes jusqu’à Pie II, en 1464, chronologiquement, son règne ne parvient à s’intercaler nulle part même si, au vu des dates, on pourrait le situer entre la mort de Léon IV en 853 et l’usurpation du trône de Saint-Pierre par l’antipape Anastase le Bibliothécaire (que l’on croise d’ailleurs dans le roman à plusieurs reprises).

     

    L'accouchement de la papesse Jeanne en pleine procession religieuse


    Bien que basé sur des faits qui ne sont pas vérifiables, ce roman est absolument fascinant ! Quelle force et quelle intelligence que cette Jeanne, née dans les confins de l’Empire de Charlemagne, le jour même de la mort du grand Empereur ! Quelle persévérance aussi est celle de cette petite fille puis jeune femme qui refuse de s’assujettir aux injonctions de son époque : la minorité perpétuelle des femmes, la férule du père, des frères puis du mari, la dépendance féminine à la toute-puissance masculine. Avant-gardiste, refusant de se donner à un homme mais expérimentant malgré tout les tourments de l’amour, Jeanne est un personnage complexe qui peut, plus de mille deux cents ans plus tard, nous paraître très actuel. Ce qu’elle revendique, n’est-ce pas ce que tout femme, aujourd’hui, souhaite pour elle ou pour ses filles ? Heureusement, même s’il y’a encore du chemin à faire et que la misogynie tue encore de nos jours, nous n’avons plus besoin de nous cacher pour nous instruire, nous avons accès à l’éducation, aux études, à des postes à responsabilités (même si, je vous l’accorde, on n’a toujours pas vu de femme pape). Pour autant, on se sent proche de cette femme, de son combat, on se sent réellement de tout cœur avec elle. Cette jeune femme si érudite et en même temps si incomprise, si frustrée dans son envie d’apprendre, a vraiment quelque chose de touchant.
    Et en même temps, Jeanne ne pourra pas tout maîtriser dans sa vie : si elle parvient à dissimuler sa nature de femme, jusqu’à ses manifestations physiques, en cachant habilement sa poitrine et ses menstruations, elle sera un jour trahie par un corps qui ne sera jamais celui d’un homme et qui a le pouvoir de porter la vie. Un pouvoir qui se retournera contre elle. Elle sera aussi un jour trahie par son cœur, qu’elle ne pourra, même au prix d’une grande volonté, juguler. Quand Jeanne tombe amoureuse, irrémédiablement, c’est son destin qu’elle condamne, même si elle ne le sait pas encore. La légende de la papesse, se terminant dans les affres de l’enfantement, acte éminemment féminin, n’illustre-t-elle pas finalement la faiblesse du personnage, comme le péché originel condamne irrémédiablement Eve à une réputation de concupiscence ? Jeanne, bien que voulant être homme, étant homme dans tous les aspects extérieurs de sa vie, n’en est pas moins une faible femme incapable de résister à l’amour d’un homme et à se donner à lui. Regardez, semble dire cette légende, cette femme qui a voulu être plus que ce que Dieu avait choisi pour elle, qui a renié sa nature et est démasquée alors qu’elle accouche en pleine procession, portant tous les insignes du pape, premier évêque de la Chrétienté ? Regardez comme cette femme qui a eu la prétention de se mesurer aux hommes ne peut finalement pas résister et cède à la faiblesse de son tempérament, en se donnant à son amant ?
    Et pourtant ! La Jeanne de Donna Cross est tout sauf faible ! Son amour pour son amant n’est pas une faiblesse, bien au contraire car Jeanne saura lutter contre lui. Toute la vie de Jeanne n’est qu’une lutte, parce qu’elle choisit finalement de suivre une voie que l’on peut quasiment considérer comme « contre nature » à l’époque carolingienne.
    Féministe, la papesse de Donna Cross ? On pourrait presque le penser, si on oublie l’aspect totalement anachronique du terme à l’époque. Et en même temps, être féministe, c’est se battre pour l’égalité des femmes avec les hommes : en cela, Jeanne est alors totalement féministe et très moderne, finalement assez intemporelle. On peut aisément se retrouver en elle, s’identifier, alors qu’elle a vécu à plus d’un millénaire de nous, dans un monde tellement opposé et différent du nôtre.
    J’ai trouvé ce roman passionnant. Les descriptions du Haut Moyen Âge sont fines, on ressent bien l’époque, les coutumes, Donna Cross décrit aussi la vie des plus modestes que des plus grands (la famille de Jeanne, par exemple, qui vit pauvrement, les grandes familles nobles romaines, descendantes pour beaucoup des grandes lignées impériales, les descendants de Charlemagne se côtoient dans ce roman qui décrit une société en pleine mutation et en plein essor). Le personnage de Jeanne est aussi très intéressant, dans sa dualité, obligé de cacher son essence même sous un costume qui n’est pas le sien.
    Je ne sais pas si je m’attendais à un roman aussi riche, aussi dense. Je ne l’ai pas lu au rythme où je l’espérais, j’ai été plus lente que d’habitude mais je crois que ce livre le méritait. J’ai finalement quitté à regret Jeanne et les autres personnages du roman, avec l’impression d’avoir lu une histoire folle, certes légendaire mais qu’on aimerait authentique. Et je n’ai pu m’empêcher de me demander si d’autres femmes, que l’histoire a peut-être oubliées, mais qui seraient bien réelles, celles-là, n’ont pas fait le même choix que Jeanne, mettant leur vie en danger pour défendre juste une chose : leurs propres droits. N’est-ce pas un sujet de partout, de nulle part, d’hier comme d’aujourd’hui ? Assurément, si. 

     

    Représentation de la papesse en Grande Prostituée, montée sur la Bête de l'Apocalypse 

    En Bref :

    Les + : un roman passionnant et riche, où la légende vient se mêler habilement à l'authentique pour donner une fiction historique cohérente et qui saura passionner tous les amoureux du Moyen Âge, sans aucun doute. 
    Les - :
    vraiment, aucun point négatif à soulever !


    L'Indomptée : la papesse Jeanne ; Donna Cross 

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • [ETE 2021] Ces livres dépaysants et qui font voyager

     

    [ETE 2021] Ces livres dépaysants et qui font voyager

     

    Avec l’été qui arrive, qu’on travaille ou qu’on prenne des vacances, on a parfois envie de lectures plus légères que le reste de l’année… certains adorent les feel-good en période estivale et c’est vrai que ça peut être très sympa.
    Et si on parlait des romans qui font voyager ? Qui nous font nous évader sans bouger du canapé / du transat / du bord de la piscine ? Ca peut être du roman contemporain, du classique, du roman d’évasion (évidemment !), du roman historique. Personnellement, j’aime beaucoup ce genre de romans depuis quelques années et j’en lis régulièrement, été ou pas, d’ailleurs.
    C’est parti pour une petite liste de ces romans qui dépaysent et nous emmènent loin !

     

     

    • Les sagas de Sarah Lark

    On ne présente plus Sarah Lark, cette auteure allemande qui a connu le succès il y’a quelques années avec sa saga Le Pays du Nuage Blanc, qui se passe en Nouvelle-Zélande entre le milieu du XIXème siècle et la Première guerre mondiale. Depuis, on a pu lire aussi sa saga Lizzie et Michael, qui se passe toujours en Nouvelle-Zélande mais aussi La saga des îles (ou Saga de la Jamaïque), qui nous emmène dans le sillage de deux personnages féminins au XVIIIème siècle, Nora et sa fille Deirdre, entre la Jamaïque et Saint-Domingue, sur fond d’esclavage.

    En 2021, le premier tome d’une nouvelle saga a été publié aux éditions de l’Archipel : Fleurs de Feu, qui nous ramène en Nouvelle-Zélande, en 1837.

    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?

    Mais tout simplement parce que se plonger dans un roman de Sarah Lark, c’est voyager aussitôt ! De nouveaux pays, de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs…c’est spectaculaire et on s’y croirait ! Alors oui, on ne va pas se mentir : il y’a beaucoup de romance dans chacune de ses sagas. Mais l’aspect historique en toile de fond ne sert pas non plus que de faire-valoir et si vous avez un peu de mal avec la romance pure et dure (ce qui est mon cas), il va venir la tempérer et apporter une teneur aux romans qu’une vraie romance n’aurait peut-être pas. Dans Le Pays du Nuage Blanc comme dans Lizzie et Michael, la difficile acclimatation des émigrés européens à l’autre bout du monde, dans des conditions parfois hostiles et inhospitalières est souvent traitée ; en même temps, l’auteure ne manque pas d’insister non plus sur le fait que le peuplement de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ne s’est pas fait sur des terres vierges de toute présence humaine. Et la spoliation des Maoris par les Anglais n’est évidemment pas absente du propos donc au final, j’avais bien apprécié de découvrir ces sagas où se mêlent les petites histoires privées et la grande Histoire (c’est notamment le cas dans le dernier tome du Pays du Nuage Blanc).
    La saga des îles, quant à elle, nous oriente ailleurs et à une autre époque : nous sommes aux Antilles, au XVIIIème siècle, entre la Jamaïque (L’île aux mille sources) et Saint-Domingue (L’île de la mangrove rouge) dans le sillage de Nora Reed et sa fille, Deirdre, qui toutes deux s’élèveront contre l’esclavage et le traitement réservés aux ouvriers Noirs dans les plantations.
    Si les sagas de Sarah Lark ne sont pas exemptes de quelques petits défauts, elles ne manqueront pas de vous faire vous évader si vous vous laissez un tant soit peu prendre au jeu…

     

                                               Couverture Gwyneira McKenzie, tome 1 : Le Pays du nuage blanc Couverture Gwyneira McKenzie, tome 2 : Le Chant des esprits Couverture Gwyneira McKenzie, tome 3 : Le cri de la terre

    Saga Le Pays du Nuage Blanc (3 tomes) publiée entre 2013 et 2016 aux Editions Archipoche

    Couverture Lizzie et Michael, tome 1 : Les rives de la terre lointaine Couverture Lizzie et Michael, tome 2 : A l'ombre de l'arbre kauri Couverture Lizzie et Michael, tome 3 : Les larmes de la déesse Maorie

    Saga Lizzie et Michael (3 tomes) publiée entre 2017 et 2019 aux Editions Archipoche

    Couverture Saga de la Jamaïque, tome 1 : L'île des mille douceurs / L'île aux mille sources  Couverture Saga de la Jamaïque, tome 2 : L'île de la mangrove rouge

    Saga des Îles (ou Saga de la Jamaïque) publiée entre 2019 et 2020 aux Editions de l'Archipel

     

    • La saga La Bougainvillée de Fanny Deschamps

    On ne va pas se mentir, ces romans sont de gros pavés et peuvent inquiéter de prime abord mais ça se lit vraiment très bien. Des lectures idéales à l’ombre, dans un hamac, quand les cigales chantent dehors.

    Si le premier tome, Le jardin du roi, se passe essentiellement en France, à l’époque de Louis XV, petit à petit, l’intrigue de la saga s’étoffe et nous emmène ailleurs, sous d’autres latitudes. Quatre-Epices, le titre du deuxième tome est éloquent. Dans le sillage de Jeanne, une jeune héroïne avide de nouveautés et de voyages, on découvre l’Amérique latine puis l’île Maurice, dans l’océan indien. Dépaysement garanti ! On découvre aussi le travail des scientifiques de l’époque, à l’image de Jussieu, botaniste de renom.

     
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?

     
    Parce que si vous aimez les gros bouquins, vous allez aimer cette saga foisonnante. Durant votre lecture, vous allez voir évoluer Jeanne, la voir grandir, changer, devenir adulte et faire des choix. Encore une fois, la romance est bien là, sans être pour autant omniprésente non plus, donc ça passe. Elle est contrebalancée par un contexte historique passionnant, celui du XVIIIème siècle en plein essor culturel qui emmène les scientifiques, notamment, à s’intéresser à un plus vaste monde que celui enfermé dans les frontières de leur pays voire de leur province. La question de l’esclavage n’est pas non plus totalement occultée et apparaît en filigrane. Bref, Fanny Deschamps a signé ici une saga efficace et captivante, qui saura plaire autant aux amoureux des romans historiques qu’à ceux qui aiment voyager sans quitter les pages de leur livre.

                                                                 Couverture La Bougainvillée, tome 1 : Le jardin du roi Couverture La Bougainvillée, tome 2 : Quatre-épices

    Publiée en 2017 aux Editions Le Livre de Poche

    • Salammbô de Gustave Flaubert

     
    Publié en 1862, ce roman de Flaubert est une œuvre originale, hors-normes. On est bien loin de Madame Bovary, dans cette œuvre mi-historique mi-orientaliste, qui peut rappeler par certains aspects Le roman de la momie de Théophile Gautier. Dans un roman qui mêle autant les faits historiques que le fantasme, le père d’Emma Bovary et de Bouvard et Pécuchet nous emmène en Afrique du Nord au IIIème siècle av. J-C : nous sommes à Carthage, pendant la guerre des Mercenaires, conflit qui opposa les Carthaginois aux mercenaires qu’ils avaient employés durant la première guerre punique. Dans ce contexte, se croisent des personnages historiques qui ne le sont pas vraiment et que la plume de Flaubert a subtilement retouchés et surtout, émerge la figure charismatique et chatoyante de Salammbô, fille d’Hamilcar et servante de la déesse Tanit, qui vivra une relation amoureuse avec un mercenaire libyen, Mathô. Le roman a aussi fixé l’image de la divinité Moloch, dont la statue-fournaise servait à des sacrifices d’enfant.

     
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?

     
    Parce que ce roman n’est pas seulement dépaysant. C’est un vrai tourbillon et un concentré du rêve, du fantasme orientaliste qui anime l’Europe à l’époque de Flaubert. Si vous cherchez un texte historiquement fiable, passez votre chemin. Mais si vous aimez le rêve, les anciennes civilisations, voyager autant ailleurs dans le monde que dans le temps, ce classique pourrait être fait pour vous. Enfin, si vous aimez les classiques, tout simplement et Flaubert en particulier, vous découvrirez ici une œuvre franchement originale et qu’on ne s’attend pas forcément à trouver chez lui.

    Publié en 2014 aux éditions Folio (classique)

    • La saga L’énigme de la Diane, de Nicolas Grondin

     
    A l’abordage ! Dans cette saga, préparez-vous à un voyage qui secoue ! L’Enigme de la Diane compte deux tomes, menés tambour battant et très riches historiquement. Qualifiés de géniaux par Yann Queffélec, ces deux romans sentent bon la Bretagne et le voyage au XVIIIème siècle, sur les bateaux du Roy. L’histoire démarre en 1781, quand Basile, un jeune breton, se réveille un jour à bord de la Diane, frégate de la marine royale. Sa destination ? Fort-Royal, sur l’île de la Martinique ! Basile n’a pas choisi cette vie mais on la lui a imposée : une soirée de beuverie à Brest puis un réveil sur le pont d’un bateau et la marche arrière est impossible. Basile va devoir s’accommoder de cette existence rude dont il ne connaît pas les codes et affronter ses dangers. Dans le second tome, Basile, qui est parvenu à se faire une place à bord de la Diane, vogue des Caraïbes jusqu’aux Mascareignes…

     
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?


    Parce que voguer sur un bateau de la Marine royale, dans les années 1780, ça vaut déjà le détour ! Parce que grâce à un style immersif et des recherches très solides, l’auteur parvient à nous faire nous sentir partie prenante de son récit. Basile est un personnage attachant et qui grandit sous nos yeux. Enrôlé de force, embarqué dans une vie qu’il n’a pas voulue mais avec laquelle il va devoir composer, il va finalement réussir à s’approprier cette existence rude et pas exempte de dangers, surtout quand l’équipage de la Diane semble cacher des secrets… L’Enigme de la Diane n’est pas un récit de piraterie mais on le sait, les bateaux, les voyages, ont toujours fait fantasmer. Si c’est votre cas, cette saga particulièrement bien écrite mais trop peu connue, ne peut que vous plaire !

                                                                  Couverture L'énigme de la Diane : De l'Iroise aux Caraïbes Couverture L'énigme de la Diane : des Antilles aux Mascareignes

    Publiée en 2012 et 2015 aux éditions Pocket 

    • La saga De tempête et d’espoir, de Marina Dédéyan


    Imaginez : le Saint-Malo du XVIIIème siècle, dans le contexte de la guerre franco-anglaise en Inde. Une jeune femme, Anne Montfort apprend à l’automne 1761, que son frère Jean a disparu là-bas. Orpheline et sans ressource, la jeune femme ne va devoir compter que sur elle-même pour enfin savoir ce qui est arrivé à son frère aîné. De Saint-Malo à Pondichéry, entre 1761 et 1763, Anne se lance dans une aventure pleine de dangers, à la recherche de son frère bien-aimé, dans un pays bruissant et écrasé de chaleur, où les comptoirs français viennent de définitivement tomber aux mains des Anglais.


    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?

     
    Pour un petit moment tranquille, avec une citronnade à portée de main, cette saga est idéale. On apprécie de suivre les aventures d’Anne, seule mais déterminée, quand on est bien tranquille dans son canapé ou installé dans sa chaise longue, les jambes au soleil. L’histoire de cette jeune malouine bien décidée à trouver par elle-même ce qui est arrivé à son frère est touchante : on tremble avec elle et on espère en même temps qu’elle.
    Enfin, pour les paysages de l’Inde du XVIIIème siècle, cette saga vaut vraiment le détour ! C’est déjà un pays grouillant, enivrant, dangereux aussi, parce qu’un territoire de lutte et de combats entre les Français et les Anglais qui se disputent les comptoirs commerciaux, dans le contexte de la fin de la guerre de Sept Ans. Les deux tomes ne sont pas très gros et peuvent aisément se glisser dans une valise et être emmenés en vacances.

                                                                Couverture De tempête et d'espoir, tome 1 : Saint-Malo Couverture De tempête et d'espoir, tome 2 : Pondichéry

    Publiée en 2013 et 2014 aux éditions J'ai Lu

    • Le premier jour du reste de ma vie, de Virginie Grimaldi


    On ne présente plus Virginie Grimaldi, une auteure de romans feel-good (mais pas que) qui rencontre un succès croissant depuis quelques années. Chacune des sorties de ces romans est un petit événement dans le monde des blogueurs littéraires et bookstagrameurs.
    En ce qui me concerne, à part le roman dont je vous parle ici, je ne l’ai pas lue. Mais au vu des critiques élogieuses qu’elle reçoit partout, je pense que vous pouvez foncer !!

     
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?


    Pour commencer, la couverture de ce roman évoque immanquablement les vacances ! La mer, un bateau, des couleurs acidulées et pétillantes. Toute l’intrigue se passe sur un bateau de croisière, ça ne s’invente pas ! Là, on y croise tout un panel de personnages : une femme confrontée fraîchement à la rupture, une autre qui s’ennuie dans son mariage, une jeune femme célibataire et pleine de questionnements… Trois femmes, différentes par leur âge, leur situation de vie, leurs aspirations, vont se rencontrer et se reconnaître. C’est pétillant et drôle, tout ce qu’on aime pendant une période en général « pas prise de tête » comme l’été ! Mais le feel-good de Virginie Grimaldi s’accompagne aussi, un peu comme chez Gilles Legardinier, d’un propos plus grave, plus touchant, plus émouvant. Même moi qui n’aime pas spécialement les romans contemporains, j’y ai trouvé quelque chose qui a fait que ce roman n’a pas été qu’une lecture de passage mais un vrai petit plaisir.

    Couverture Le premier jour du reste de ma vie...

    Publié en 2016 aux éditions Le Livre de Poche

    • Les romans de Muriel Romana : La sultane andalouse et la saga Marco Polo


    Amateurs de romans historiques qui vous emmènent loin, très loin ? Envie de découvrir l’Andalousie et la Chine médiévales sans bouger de chez vous ou du transat au bord de mer que vous avez loué pour l’après-midi ? Alors, ne cherchez plus : j’ai les bouquins qu’il vous faut ! Les livres de Muriel Romana ne sont pas faciles à trouver, il faut bien l’avouer mais si vous le pouvez, ça vaut le coup. La Sultane Andalouse est un roman dépaysant et chaud, coloré comme la Grenade du XVème siècle, encore sous domination musulmane : dans la touffeur d’un harem, la jeune Samara découvre les codes d’une vie inconnue pour elle jusque là et la compétition des femmes pour la faveur du maître. Sous nos yeux, la petite sauvageonne du désert se transforme petit à petit en véritable rusée, bien déterminée à comprendre le secret de celui qui a fait d’elle une sorte de captive de son harem grenadin.
    Dans Marco Polo, l’ambiance change radicalement : nous sommes maintenant au Moyen-Orient et en Chine, au XIIIème siècle, dans le sillage du plus célèbre explorateur du Moyen Âge, le vénitien Marco Polo. La question n’est absolument pas de savoir si Marco Polo est bien allé jusqu’en Chine et même au Japon, ce que certains historiens réfutent actuellement, c’est juste de se laisser porter par cette ambiance si particulière. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Asie du Moyen Âge est un continent franchement « exotique » pour un visiteur venu de la lointaine Europe et qui a bravé les dangers de la magnifique mais périlleuse Route de la Soie. Muriel Romana a su restituer le voyage et l’émerveillement de Polo découvrant le pays de Khubilaï Khan et des us et coutumes si différents des siens. Pour moi, une réussite même si la saga est peu connue !

     
    Pourquoi les emmener dans sa valise ?

     
    Déjà parce que vous allez passer un très bon moment de lecture, ça, c’est certain. Et aussi parce que le voyage et l’évasion sont omniprésents : dans La Sultane Andalouse, vous toucherez du doigt la chaleur de l’Andalousie du XVème siècle, à l’aube de la Reconquista. Ca sent le citron, les oranges et les épices, les femmes ont les yeux soulignés de khôl et se dissimulent derrière les moucharabiehs, les fontaines chantent dans les jardins…on y est, littéralement. Dans la trilogie Marco Polo, l’Asie, grandiose se déploie sous nos yeux, on découvre les coutumes, la vie des grands et des plus humbles, des paysages qui subjuguent et qui sont particulièrement bien décrits par l’auteure.

    Couverture La Sultane Andalouse

    Publié en 2011 aux éditions First

    Couverture Marco Polo, tome 1 : La caravane de Venise Couverture Marco Polo, tome 2 : Au-delà de la Grande Muraille Couverture Marco Polo, tome 3 : Le Tigre des mers

    Saga Marco Polo (3 tomes) publiée entre 2001 et 2003 aux éditions 7 et N°1/Stock

    • Le ciel de Darjeeling de Nicole Vosseler


    Dans les somptueux paysages du nord de l’Inde, là où les théiers déploient leurs feuilles qui deviendront bientôt un produit de luxe, une magnifique histoire d’amour sur fond d’histoire de l’Inde. Un roman qui ne paye pas de mine de prime abord mais qui, au final, s’avère être une excellente lecture pour moi. Pourquoi alors, ne pas le conseiller ?
    Le Ciel de Darjeeling, c’est l’histoire d’Helena, une jeune Anglaise qui se retrouve démunie après la mort de son père. Un jour, un inconnu lui fait une offre aussi inattendue que surprenante : il lui propose de l’épouser et de prendre en charge l’éducation de son jeune frère. Mais Ian Neville est un riche colon : il vit en Inde, où il possède une vaste plantation dans la région de Darjeeling et pose comme condition à Helena de le suivre là-bas. La jeune femme va découvrir un pays fortement empreint de la culture britannique mais qui a su aussi garder ses particularités. L’Inde est un pays grouillant et formidable, aux paysages variés et grandioses que la jeune Helena découvre avec appréhension et émerveillement. Entre secrets millénaires, non-dits familiaux, découverte, révolte des cipayes, l’Inde du XIXème siècle revit sous nos yeux.

     
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?

     
    Vous connaissez la série Poldark ? Eh bien on est un peu dans le même registre, mais en Inde ! Helena qui, au départ, est un personnage sans beaucoup de relief se métamorphose petit à petit en jeune femme qui sait ce qu’elle veut. Les événements se succèdent dans sa vie, elle découvre l’Inde en même temps que nous puis les plantations de Ian, aux confins de l’Himalaya…l’ambiance y est particulière, presque « sensuelle », on sent les odeurs de la brume dans les montagnes et des épices dans les bazars, les saris colorés des Indiennes se mêlent aux tenues plus simples des Européennes. Et en même temps, Nicole Vosseler ne laisse pas de côté l’Histoire du pays, bien au contraire et lui accorde même une belle part dans son roman. Amateur des romans d’évasion ? Vous aimerez sûrement autant que moi !

    Couverture Le ciel de Darjeeling

    Publié en 2019 aux éditions de l'Archipel 

    • Le jardin au clair de lune de Corina Bomann


    Corina Boman, c’est un peu une Kate Morton allemande. Un jour, dans sa boutique berlinoise, la jeune Lilly se voit remettre un mystérieux violon par un personnage non moins mystérieux mais qui ne lui dit rien. Ce violon va l’emmener à retracer son histoire, jusqu’en Indonésie où, au début du XXème siècle, l’instrument a appartenu à une jeune virtuose. Et si ce violon n’était finalement pas si étranger que cela à Lilly ? Et si cette quête pouvait la guérir d’une blessure qu’elle traîne et qui est si difficile à cicatriser ?
    Pourquoi l’emmener dans sa valise ?
    Pour l’Indonésie, clairement ! Quel voyage ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à ça et je me suis retrouvée catapultée dans un autre monde. J’ai vraiment beaucoup aimé et cela change des destinations habituelles, comme l’Océanie qui a le vent en poupe avec les romans de Sarah Lark, Anna Jacobs ou encore Tamara McKinley. J’ai justement lu ce roman en plein été et j’ai beaucoup aimé, j’ai trouvé que la période s’y prêtait bien. Le roman est lumineux même si le personnage de Lilly est assez torturé par un événement que l’on découvre rapidement et qui la mine fortement. De l’Angleterre en passant par l’Italie et jusqu’en Indonésie, ancienne colonie hollandaise où le violon de Lilly a connu des jours florissants, on a l’impression d’enchaîner les vols et de poser ses valises à divers endroits le temps d’un roman, le temps d’une lecture. A lire sans aucun doute si vous aimez Kate Morton par exemple.

    Couverture Le jardin au clair de lune

    Publié en 2017 aux éditions Pocket

    • Les romans de Rosie Thomas : Le châle en cachemire et Les brumes du Caire

     
    Du roman d’évasion avec un soupçon de Kate Morton, ça vous tente ? Pourquoi ne pas choisir les romans de Rosie Thomas à emporter en vacances ?
    Le secret et la famille sont très présents en toile de fond. Mais ce qui est intéressant aussi, ce sont les lieux dans lesquels les intrigues prennent place : l’Inde pour Le châle en cachemire et l’Egypte pour Les brumes du Caire (comme son nom l’indique). Une vraie évasion à peu de frais, parce que pas de billets d’avion à acheter !
    Dans les deux romans, les deux héroïnes actuelles, Mair et Ruby partent à la découverte de leurs origines et de leurs familles, dans deux pays au passé colonial, l’Inde et l’Egypte. La double-temporalité nous permet de découvrir ce pan de leur Histoire en même temps que des personnages du passé et en bonne fan de Kate Morton, j’avoue avoir beaucoup aimé cet aspect des deux romans même si j’ai eu une petite préférence pour Le châle en cachemire.

     
    Pourquoi les emmener dans sa valise ?

     
    Parce que ce sont des lectures de vacances idéales et ce n’est pas péjoratif quand je dis ça, bien au contraire. Effectivement, ce sont des lectures « pas prise de tête », mais pas forcément légères non plus ! Le secret, qui s’instaure dès le départ, pique forcément la curiosité et donne envie d’en savoir plus et de tourner les pages. Quant en plus on découvre le passé d’un pays, c’est sympa, non ? Des jardins de Shalimar dans Le châle en cachemire, aux beaux quartiers du Caire dans Les Brumes du Caire, un vent chaud souffle sur vos lectures et vous transportent aussitôt…    

      Couverture Le châle de cachemire

    Publié en 2014 aux éditions Pocket 

     

    Couverture Les brumes du Caire

    Publié en 2015 aux éditions Pocket           

     


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  • «  La vérité dessille les yeux et ouvre les cœurs. Un homme sans mémoire avance comme un aveugle et chaque obstacle qu'il rencontre le blesse davantage. »

    Couverture Marco Polo, tome 3 : Le Tigre des mers

     

     

     

         Publié en 2003

      Editions N°1/Stock

      368 pages 

      Troisième tome de la saga Marco Polo

     

     

     

     

    Résumé :

    Dans la Chine du XIIIe siècle, Marco Polo est au faîte de sa gloire. Le Grand Khan lui confie une mission secrète, la rédaction de l'Histoire de l'empire. 

    Alors que la secte du Lotus Blanc fomente complots et assassinats, un mystérieux incendie ravage tous les exemplaires du livre du Grand Khan et la mort inexpliquée de l'héritier du trône ensanglante la cour. 

    Le fils de Marco Polo se retrouve alors impliqué dans un complot contre l'empereur. Perdant ses illusions, le voyageur comprend qu'il sera toujours un étranger indésirable dans ce pays qu'il a tant aimé. La mort dans l'âme, il quitte la Chine avec toute sa famille. 

    Enfin de retour à Venise, nul ne croit aux récits de Marco. C'est en prison à la suite d'une guerre contre Gênes qu'il honorera enfin la promesse faite au Grand Khan. Le Livre des Merveilles restera l'ultime témoignage de son aventure fabuleuse. 

    De 1282 à 1324, le dernier épisode de la vie d'un homme devenu mythe, qui inspira les Grands Voyageurs, de Christophe Colomb à Magellan. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En cette fin du XIIIème siècle, cela fait près de vingt ans que Marco Polo vit en Chine. Mais son étoile pâlit, en même temps que le règne de son protecteur, l’empereur Khoubilaï Khan, s’achemine vers sa fin. Le Vénitien ne le sait pas encore mais son temps en Asie est compté ; bientôt, il va devoir envisager un retour vers Venise et vers l’Europe, quittées alors qu’il n’était encore qu’un adolescent. Mais avant cela, il va se voir confier une mission d’importance par le grand Khan, descendant du célèbre Gengis Khan : consigner son règne dans un manuscrit, qui sera ensuite diffusé dans tout l’Empire. Ce manuscrit, qui connaîtra bien des péripéties, poursuivi par la mystérieuse secte chinoise du Lotus Blanc, est à l’origine du fameux Livre des Merveilles ou devisement du monde, écrit par Polo à la fin de sa vie et qui raconte son voyage et sa vie en Asie.
    Marco Polo est probablement aujourd’hui l’un des Occidentaux les plus connus. Il n’est pourtant ni roi, ni prince, ni religieux, ni véritablement homme de lettres…rien ne le prédestinait à devenir aussi célèbre et pourtant : demandez à n’importe qui ce que le nom de Marco Polo et il évoquera Venise, la Route de la Soie, la Chine, la « légende » des nouilles rapportées par lui en Europe et popularisées par la suite.
    Né en 1254 à Venise, il est le fils de Niccolo Polo, marchand qui commerce régulièrement avec l’Asie. Le jeune Marco, élevé dans la cité lacustre avec sa mère, grandit dans le fantasme de ce père absent qui revient un beau jour, de manière inattendue et débarque non sans mal dans la vie du jeune Marco, alors adolescent. Celui-ci n’a pas vingt ans lorsqu’il est entraîné par Niccolo dans un périlleux voyage à travers le Moyen-Orient jusqu’en Chine, alors aux mains des empereurs mongols descendants de Gengis Khan. Marco ne sait pas encore qu’il passera presque vingt ans de sa vie là-bas, devenant un proche de Khoubilaï, ce qui, évidemment, ne se fera pas sans mal, l’Européen suscitant bien des jalousies. Louvoyant dans un monde inconnu mais avec lequel il va se familiariser, mettant à l’épreuve ses talents de diplomate, Marco Polo va se fondre dans l’Empire, sans jamais pourtant en faire partie intégrante. Et alors que Khoubilaï amorce doucement sa chute, dans l’ombre, on œuvre pour écarter le « favori » européen. La situation de Marco n’a jamais été aussi périlleuse.
    Dans une Chine secouée par les revendications de la population chinoise soumise avec difficulté à l’emprise des Khans (la dynastie mongole des Yuan a succédé à celle des Song, d’origine chinoise, qui a régné sur l’Empire du Milieu de 960 à 1279), Marco Polo va devoir la jouer fine pour conserver sa vie et sauvegarder celle de ceux qui lui sont chers, à commencer par son fils, l’imprévisible Dao Zhiyou, né de sa liaison avec la belle Noor Zade. Il va aussi devoir faire le deuil de la très belle et magnétique mais non moins ambitieuse Xiu Lan, qui ne veut pas se contenter uniquement d’être la maîtresse d’un conseiller européen, fut-il privilégié, mais vise l’empire, rien de moins.
    Ce troisième tome est le tome de la maturité, après un premier volume qui ressemblait à un roman d’apprentissage (La Caravane de Venise) et un tome intermédiaire (Au-delà de la Grande Muraille) racontant la force de l’âge. Ce tome est marqué du sceau des souvenirs et de la nostalgie. Pour la première fois depuis presque vingt ans, Marco doit envisager bien malgré lui de quitter la Chine où, tant bien que mal, il a fait sa vie. Le voyage de retour sera aussi éprouvant que le voyage de l’aller : alors que son premier périple suit le fameux tracé de la Route de la Soie, c’est par mer que Marco, son père, son oncle et son fils rentrent vers l’Europe, traversant la mer de Chine, longeant les côtes sauvages de Sumatra puis de Ceylan avant de remonter vers la Perse, porte d’une Europe qui a bien changé depuis que les Polo ont quitté Venise, vers 1271. Nous sommes alors dans les années 1290, à l’aube du XIVème siècle. Marco apprend avec stupeur que la Terre Sainte est tombée aux mains des musulmans, avec la chute d’Acre en 1291, il découvre la nouvelle monnaie frappée par Venise, le ducat, il retrouve une ville différente de ce qu’il connaissait et en même temps, qui éveille bien des souvenirs en lui…Marco, à la fin de sa vie, est un « déraciné », ni vraiment d’ici, ni de là-bas. Il est de nulle part. Considéré par les Asiatiques comme un étranger, un barbare venu de la lointaine Europe, il se rend compte que ses anciens compatriotes ne sont pas loin de penser la même chose de lui ! Et les Vénitiens de la fin du XIIIème siècle, fortement imprégnés de culture judéo-chrétienne et de religiosité ne peuvent admettre les récits de l’aventurier, qu’ils prennent pour des affabulations, ni plus ni moins. Personne ne sait encore et surtout pas le principal intéressé que quelques décennies plus tard, son Livre des Merveilles inspirera les grands navigateurs de la fin du Moyen Âge, de Magellan à Christophe Colomb.

    Image dans Infobox.

     

    Khoubilaï Khan, empereur de Chine d'origine mongole qui règne sur l'Empire du Milieu de 1271 à 1284


    Aujourd’hui, la communauté historique remet plus volontiers en question les récits de Polo, certains historiens vont même jusqu’à considérer que son voyage n’a peut-être jamais eu lieu. Preuve aussi que l’historiographie est peut-être plus nuancée qu’il y’a quelques années où les chercheurs osant remettre en cause le voyage vers la Chine de Marco Polo se voyaient systématiquement mis au ban de la communauté historique, on accepte aujourd’hui cette thèse et on peut même dire qu’elle est particulièrement répandue. Le Livre de Merveilles est-il effectivement un récit quelque peu romancé mais basé sur des événements avérés ou bien une totale invention ? Marco Polo a-t-il vécu en Chine, proche de l’empereur Khoubilaï ? Rien ne nous permet de le confirmer ni de l’infirmer. C’est cela aussi, parfois, le charme de l’histoire : on reste dans un prudent entre-deux qui permet d’imaginer bien des choses et aux romanciers de s’engouffrer dans la brèche. C’est ce que fait Muriel Romana, encore une fois avec beaucoup de brio. Je déplore vraiment que cette saga soit si peu connue et si difficilement trouvable ! Elle est pourtant bien écrite et richement documentée…entre parenthèses, quand on voit parfois ce qui est republié en poche, on se dit que cette trilogie l’aurait amplement mérité par rapport à d’autres histoires. Loin de moi l’idée de juger tel ou tel univers mais on ne peut s’empêcher d’en arriver à cette conclusion : peut-être que l’édition, parfois, n’est pas motivée que par la qualité. Auquel cas, cette saga aurait sûrement reçu bien plus de visibilité.
    Ce que raconte Muriel Romana dans cette trilogie est, dans la mesure du possible, avéré. Toutes ses descriptions sont le fruit de recherches finement menées. Des personnages fictifs se mêlent à des personnages ayant réellement existé, les jeux politiques et les ambitions de chacun sont très bien amenés. On vit en totale immersion à la Cour du Grand Khan, dans une Chine dépaysante , aux paysages sauvages spectaculaires et aux coutumes si différentes de celles de l’Europe de la même époque ! On voyage, on visualise les lieux, on en sent les odeurs, on en goûte les épices. Et, tandis que le deuxième tome nous avait emmenés jusqu’en Birmanie et en Annam, dans cet ultime tome, on voyage jusqu’aux forêts humides et luxuriantes de l’île de Ceylan.
    Bref, ce roman m’a beaucoup plu et ne m’a pas déçue, comme les deux précédents. J’ai encore une fois passé un bon moment, dans cette Asie médiévale que je connais peu mais bien mieux, je dois l’avouer, qu’avant de commencer cette saga.
    Une saga à lire et à relire si vous aimez les romans historiques teintés d’une pointe d’originalité. Vous ne serez probablement pas déçus !

    Image dans Infobox.

     

    Représentation de Marco Polo au XIXème siècle : il tient dans les mains son Livre des Merveilles

    En Bref :

    Les + : une fin de trilogie efficace et enthousiasmante ! 
    Les - :
    Aucun...le livre aurait été même un peu plus long que ça ne m'aurait pas dérangée !


     

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • « J'ai choisi moi-même quelle direction donner à ma vie. Mes enfants auront également le droit de décider du chemin qu'ils souhaitent prendre. »

    Couverture Waringham, tome 1 : La roue de la fortune

     

     

       Publié en Allemagne en 1997

      En 2019 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Das Lächeln der Fortuna

      Editions Pocket

      559 pages

      Premier tome de la saga Waringham

     

     

     

    Résumé :

    1360. Ses terres. Son nom. Son honneur. Le jeune Robin de Waringham a tout perdu. Son père, accusé de trahison envers la couronne d'Angleterre, vient de se pendre dans sa cellule. Il ne reste au jeune Robin qu'à travailler de ses mains. Comme garçon d'écurie,; chez le nouveau comte. Pour revenir en grâce, il devra prouver courage, intelligence et audace. Mais entre les rivalités des grandes maisons, les errements du roi et les manigances du Prince Noir, la roue de la fortune paraît plus incertaine que jamais...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec sa saga historique Waringham, dont le premier tome a été publié en Allemagne en 1997, la romancière Rebecca Gablé a connu un succès mondial.
    Sur le papier, cette saga avait tout pour me plaire : complots, intrigues en tous genres, ambitions personnelles, luttes pour le pouvoir, sur un fond historique des plus passionnants...le Moyen Âge m'attire toujours et j'adore les romans qui se passent à cette époque-là. 
    La Roue de la Fortune démarre en 1360 en pleine Guerre de Cent Ans, alors qu'une trêve fragile est signée avec la France (le traité de Brétigny). Le jeune Robin de Waringham apprend que son père, accusé de haute trahison, s'est pendu dans sa cellule. C'est la honte et l'humiliation pour la famille, la perspective d'un avenir des plus sombres pour Robin et sa jeune sœur Agnes. Contraint de travailler de ses mains ou d'entrer au couvent, Robin revient finalement à Waringham, où il est embauché comme palefrenier par le maître du haras seigneurial. Le jeune homme doit supporter l'installation du nouveau seigneur, Geoffrey Dermond et l'hostilité du fils de ce dernier, Mortimer, qui devient rapidement un ennemi irréductible de Robin, qui lui rend bien son inimitié. Pour espérer un jour retrouver Waringham, son titre, ses terres et ses rangs, Robin va devoir grandir, apprendre, tomber et se relever maintes fois. Quand, en plus, la couronne d'Angleterre est secouée par une crise familiale et le combat à peine dissimulé des grandes maisons du royaume, autant dire que la vie du jeune comte n'est pas de tout repos...
    En démarrant ce roman, j'ai retrouvé un peu l'ambiance des romans de Robyn Young : il m'a évoqué Les Serpents et la Dague qui se passe pendant la Guerre des Deux Roses, un peu plus d'un siècle après l'époque racontée ici...j'ai aussi pensé au premier tome des Maîtres d'Ecosse, où le jeune Robert de Bruce, futur roi d'Ecosse doit, comme Robin, passer par bien des vicissitudes pour parvenir à son but. Mais malheureusement, je dois dire que j'ai été bien moins emballée par l'univers de Rebecca Gablé que par celui de Robyn Young. Et pourtant, son intrigue est riche, bien documentée, l'époque est passionnante et préfigure par bien des aspects la lutte ouverte qui déchirera les lignées de York et de Lancastre dans la seconde moitié du XVème siècle et verra l'avènement de la dynastie des Tudors en 1485...Mais qu'est-ce que c'était long. Une lecture pas inintéressante mais malheureusement inégale et parfois très longue. C'est bien simple, j'ai parfois eu l'impression de lire une juxtaposition de faits sans suivre véritablement une intrigue. Il se passe beaucoup de choses mais certains événements sont traités longuement tandis que certains apparaissent un peu comme un cheveu sur la soupe, sans forcément être plus développés que cela...j'ai trouvé que c'était dommage dans la mesure où le roman a beaucoup de qualités, mais peut-être pas poussées au maximum de leur capacité.
    C'est dommage et je ressors donc assez mitigée de cette lecture. Je ne sais pas si je peux dire que je suis déçue...en tous les cas, je n'ai pas été captivée, ça, c'est certain et mon rythme de lecture s'en est ressenti d'ailleurs. Je n'avais pas forcément envie de me replonger dans ma lecture, je n'ai vraiment pas réussi à entrer dans l'intrigue, sauf un peu sur la fin où je l'ai sentie un peu mieux construite et plus fluide. Est-ce que cela préfigure un deuxième tome un peu plus enlevé et rythmé ? Je l'espère. Ce serait vraiment dommage de rester sur une note négative alors que je pressens vraiment un gros potentiel sur cette saga historique qui, il faut être honnête, est riche et bien documentée. L'Angleterre du XIVème siècle, la lutte des Plantagenêts, l'ambition du Prince Noir -le fils le plus célèbre du roi Edouard III-, la folie et le despotisme de son fils Richard II, qui conduira à sa déposition en 1399, les ambitions des autres frères, dont le duc de Lancastre et le duc d'York, dont les descendants s'écharperont au siècle suivant pour la couronne, revivent sous nos yeux. Gros point positif que je dois soulever aussi : les personnages, que j'ai beaucoup aimés. Robin m'a intriguée au début puis je me suis attachée à lui, j'ai aimé sa loyauté sans faille. Par moments, il m'a fait un peu penser au personnage de Ross Poldark de la saga du même nom, même s'ils vivent à quatre siècles de distance : Robin devient un personnage central de la vie d'une communauté, un homme de confiance, qui donne sa fidélité et ne la reprend plus. Un homme franc et droit, finalement l'incarnation du parfait chevalier médiéval.
    Bref, ce roman n'est pas dénué de qualités et heureusement. Je suis d'ailleurs assez curieuse de découvrir les générations suivantes de Waringham dans les tomes suivants donc je pense que c'est bon signe ! Je croise les doigts pour que mon avis sur le deuxième tome soit bien plus positif.

    En Bref :

    Les + : le riche contexte historique, pas forcément le plus mis en avant dans les romans, les personnages aussi.
    Les - : une intrigue qui met malheureusement trop de temps à se structurer, beaucoup d'événements, de faits qui apparaissent mais n'étaient pas assez développés à mon goût. Dommage.


    Waringham, tome 1, La Roue de la Fortune ; Rebecca Gablé

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


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