• « La guerre entraîne des atrocités, qui nous font honte la paix revenue. »

    Couverture La bête des Saints-Innocents

     

     

     

         Publié en 2015

      Editions J'ai Lu

      629 pages 

      Cinquième tome des Aventures d'Olivier Hauteville

     

     

     

     

    Résumé :

    Après l'assassinat d'Henri III, Henri de Navarre s'attela à conquérir son royaume que la Sainte Ligue lui refusait. Ayant écrasé l'armée de la Ligue, Henri mit le siège devant Paris. La famine qui s'ensuivit provoqua la mort de dizaines de milliers d'habitants. En examinant la dépouille d'une femme trouvée dans le cimetière des Saints-Innocents, on s'aperçut qu'elle avait été en partie dévorée. D'autres découvertes tout aussi macabres devaient suivre. S'agissait-il de crimes perpétrés par des lansquenets affamés, ou plus effrayant, de forfaits commis par un loup-garou ? Le commissaire Louchart, forcené ligueur, est persuadé de l'existence de la Bête, selon lui un animal venu des Enfers pour meurtrir les Parisiens à la demande de l'hérétique Henri de Navarre. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1591. Henri III est mort depuis deux ans et son cousin Henri de Bourbon, roi de Navarre, a ceint la couronne. Mais le nouveau roi n'est pas reconnu par une partie de la population car il est protestant.
    Paris, la capitale du royaume, s'apprête à vivre un siège pendant lequel la famine emportera des milliers d'habitants. Épidémies et disette éprouvent les Parisiens prisonniers de leur ville pendant de longs mois. Mais ce n'est pas tout...bien vite, des enfants et des femmes disparaissent et sont retrouvés mutilés, probablement en partie dévorés. Alors que l'on pense au début que les coupables sont des lansquenets, on s'aperçoit très vite que les crimes perdurent, même après leur arrestation. Et parce qu'en cette fin de XVIème siècle, on est aussi religieux que superstitieux, très vite la rumeur qu'une bête diabolique, peut-être à la solde du roi de Navarre, s'est jetée sur Paris pour en massacrer les habitants. Un loup-garou assoiffé de sang humain sévirait-il dans la capitale ?
    Dans un contexte extrêmement éprouvant où la Ligue se déchire en plusieurs factions, où les Espagnols de Philippe II n'attendent que l'occasion favorable pour fondre sur le royaume de France affaibli par des années de guerres civiles et où les armées d'Henri IV encerclent la ville, ces meurtres sanglants viennent en plus rajouter à l'ambiance tendue une terreur dont se seraient bien passés les Parisiens. Alors justement, que se passe-t-il entre les murs de Paris ? Et pourquoi l'ambitieux commissaire Louchart cherche-t-il à utiliser et instrumentaliser cette histoire de loup-garou ?
    Cette cinquième aventure d'Olivier Hauteville est presque un roman à part entière, qui peut très bien se lire indépendamment des autres. Et il a bien changé, le jeune Parisien découvert plusieurs années plus tôt dans Les Rapines du duc de Guise. C'est désormais le cousin par alliance du roi, qu'il a rejoint sans pour autant renier sa foi catholique. Et il semblerait que bien des magistrats parisiens penchent pour cette solution, eux aussi, au grand dam de la Ligue catholique, affaiblie malgré tout par les dissensions de ses membres, certains tenants fidèles des Lorrains (qui, depuis l'assassinat du duc de Guise sont représentés par le duc de Mayenne qui n'a ni charisme ni réelle influence et par sa sœur, aigrie et vieillie par les échecs) tandis que les autres lorgnent de plus en plus vers l'Espagne des Habsbourg...
    Olivier Hauteville, à la faveur de cette affaire louche où un partisan d'Henri IV se retrouve impliqué, va revenir à Paris et peut-être trouver le moyen, enfin, de se venger du commissaire Louchart.
    Comme d'habitude, en partant de témoignages, de chroniques, de mémoires, Jean d'Aillon exhume des faits divers parfois enfouis dans les limbes de l'Histoire et en fait le point de départ d'un roman, prenant plaisir à mêler le vrai du faux jusqu'à ce que la limite entre les deux devienne si floue qu'on n'arrive plus à savoir ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas.
    Plus roman historique et d'aventures que réelle enquête policière, ce volume met en avant un contexte intéressant et finalement assez peu connu, où se croisent une myriade de personnages tous plus ciselés les uns que les autres. Étrangement, Olivier Hauteville n'est au centre du roman qu'à partir de la seconde moitié du roman mais cela n'est pas gênant pour autant et on suit ce roman comme un épisode de série avec cette question qui revient sans cesse (même si on connaît la réponse, près de cinq cents ans plus tard ) : qui, de la Ligue ou d'Henri IV sortira vainqueur de ce bras de fer sans merci ?
    Les seuls bémols que je soulèverais concernant ce roman sont les suivants : des coquilles récurrentes et c'est un peu dommage, une ou deux incohérences et les très nombreux personnages que l'on finit par confondre (j'avoue qu'à la fin, ils étaient un peu amalgamés dans mon esprit et j'avais du mal à savoir qui était qui).
    A part ça, si vous aimez les romans historiques rythmés, nul doute que La Bête des Saints-Innocents pourra vous plaire.

    En Bref :

    Les + : un récit historique et rythmé, se passant à une époque que l'on croise peu dans les romans historiques, ce qui est dommage parce qu'elle est au final très intéressante ! 
    Les - :
    de trop nombreuses coquilles et les personnages, foisonnants, que l'on finit par confondre (notamment les personnages secondaires).


    Les Aventures d'Olivier Hauteville, tome 5, La Bête des Saints-Innocnens ; Jean d'Aillon

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • «  Qu'est-ce qui fait qu'on est sorcière, alors, si ce n'est la divinité ?  »

    Couverture Circé

     

     

     

     Publié en 2018 aux Etats-Unis

     En 2019 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Circe

     Editions Pocket

     549 pages 

     

     

     

     

    Résumé :

    Fruit des amours d'un dieu et d'une mortelle, Circé la nymphe grandit parmi les divinités de l'Olympe. Mais son caractère étonne. Détonne. On la dit sorcière, parce qu'elle aime changer les choses. Plus humaine que céleste, parce qu'elle est sensible. En l'exilant sur une île déserte, comme le fut jadis Prométhée pour avoir trop aimé les hommes, ses pairs ne lui ont-ils pas plutôt rendu service ? Là, l'immortelle peut choisir qui elle est. Demi-déesse, certes, mais femme avant tout. Puissante, libre, amoureuse...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Fille d’Hélios et d’une nymphe, l’hautaine Persé, Circé n’est pas n’importe qui. Mais, dans l’immense famille des dieux grecs et des Titans, elle n’est qu’une parmi d’autres : pas la plus jolie, ni la plus puissante, ni la plus estimée, au contraire même. Sa mère lui préfère sa sœur Pasiphaé (future reine de Crète) et son frère Persès. Quant à son père Hélios, qu’elle admire, il est au mieux indifférent. Circé ne trouvera un peu d’affection qu’auprès de son jeune frère Aetès, avant que celui-ci ne parte à son tour vers son destin (devenu maître de Colchide, il sera le père de Médée). Immortelle mais portant en elle une autre essence que la divinité pure, Circé ne se sent pas à sa place au milieu des nymphes, naïades, dryades et autres océanides qui peuplent les profondeurs. Comme Prométhée qui, en son temps, fut puni pour avoir donné le feu aux Hommes, Circé se sent irrémédiablement attirée par eux et, paradoxalement, par leur mortalité.
    Et puis, un jour, elle découvre la puissance des plantes et des sorts : Circé découvre qu’elle possède en elle un héritage, qui sera aussi celui de ses frères et de sa sœur. Elle est une sorcière, pouvant user de charmes et de sortilèges pour arriver à ses fins.
    Par amour pour un dieu et par jalousie envers une autre nymphe, elle scelle son destin : transformant sa rivale, Scylla, en un horrible dieu marin, Circé doit être punie. Son père Hélios décide alors de l’exiler sur une petite île où elle vivra isolée des hommes comme des dieux. C’est Eéa, l’île où, un jour, un bateau accostera avec à son bord un marin à la ruse inépuisable : Ulysse. Ulysse errant en Méditerranée depuis son départ de Troie et dont les hommes seront transformés en pourceaux par Circé. D’Ulysse, la sorcière d’Eéa serait tombée amoureuse et de leur amour, naîtront plusieurs enfants (un unique fils, Télégonos, futur fondateur des cités de Préneste et de Tusculum, est mentionné dans le roman de Madeline Miller).
    Circé, présentée dans les textes anciens comme une magicienne ou une sorcière, a été popularisée par des auteurs comme Ovide, Hésiode, Virgile mais c’est surtout Homère qui l’a fait connaître, en la faisant apparaître dans le chant X de L’Odyssée. Par la suite, les artistes s’empareront aussi du personnage : ainsi John William Waterhouse la représentera en jolie nymphe portant une tunique vaporeuse et offrant une coupe ou bien en sorcière vénéneuse versant une un poison vert translucide dans de l’eau, au milieu d'un univers sinistre et noirâtre, symbolisant sûrement sa dangerosité.
    L’auteure Madeline Miller s'empare du personnage et en fait un symbole résolument moderne et, je crois qu'on peut le dire, féministe. Circé devient un personnage émancipé, certes puni au départ mais qui saura retourner la situation en sa faveur et fera d’Eéa un havre, dans lequel elle développera son pouvoir de sorcière, ou de « magicienne », s’entourant d’animaux et de plantes (Circé reste d’ailleurs associée à des plantes comme le datura ou le perce-neige). Abusée par les hommes, elle s’en vengera de la plus violente des manières : transformer des hommes en porcs, n’est-ce pas une image assez éloquente ? Mais elle saura aussi reconnaître leur valeur, quand ils en ont et elle tombera amoureuse fermement, éperdument, de l’un d’entre eux, le beau et rusé Ulysse, qui lui donnera des enfants.
    Circé est une incarnation de l’indépendance et de la compétence des femmes. Parce qu’on peut se retrouver en elle, toutes, d’une manière ou d’une autre, on ressent rapidement une proximité avec le personnage. Personnellement, cela m’a aidée à apprécier l’œuvre et à m’y immerger parce que ce n’était pas gagné au départ.

    Circé, par John William Waterhouse (Circé offrant la coupe de drogue à Ulysse, 1891)


    Quand j’ai commencé ce roman, j’ai eu l’impression d’être propulsée dans Xénia la guerrière ou dans La Colère des Titans, au choix ! L’ambiance est évidemment très fantastique, fantasmagorique. Circé vit ses jeunes années (si tant est que l’on puisse parler de jeunes années pour une nymphe au sang divin promise à l’immortalité) dans les palais d’Océan, au fin fond de la mer. Sa grand-mère est la divine Thétys, ses oncles des dieux marins recouverts d’algues, elle est la nièce de la Lune et la fille du Soleil, rien que ça. J’avoue que les premiers chapitres ont été assez laborieux et j’ai eu peur que mon côté cartésien ne me freine et ne m’empêche d’aimer ce roman à qui j’avais envie de laisser une chance, même s’il se trouve à des années-lumière de ma zone de confort.
    Fut un temps, j'ai aimé la mythologie mais cet intérêt s'est ensuite dissipé au profit de l'Histoire, évidemment plus cartésienne. Et d'ailleurs, ce n'est pas vraiment pour l'aspect mythologique du roman que je l'ai choisi mais plus, finalement, pour la symbolique moderne que lui donne l'auteure, l'hommage aux femmes aussi.
    Circé, comme les sorcières du Moyen Âge, comme celles de Salem au XVIIème siècle, n'est-elle pas l'incarnation d'une grande peur ancestrale et masculine ? La sorcière, femme émancipée et mystérieuse, souvent isolée du monde et qui renonce volontairement à ce que l'on croit être l'essence de la femme, c'est-à-dire le mariage et la maternité ? Une femme qui s'est libérée des carcans sociaux et qui acquiert une puissance en manipulant plantes, végétaux et, on le croit, des sorts et des charmes. Ce n'est finalement pas si étonnant que cela si la sorcière aujourd'hui se retrouve un peu comme une figure tutélaire des mouvements féministes.
    Après son exil, Circé prend sa vie en mains. Cela ne se fait pas sans mal, elle devra faire des choix, parfois des concessions et elle connaîtra des renoncements (mais n'est-ce pas le cas de tout un chacun ?). Jamais les dieux de l'Olympe n'ont été si humains que dans ce roman, à commencer par elle. Jamais divinités n'ont été représentées avec autant de qualités (générosité, bonté, abnégation) que de travers (mauvaise ambition, jalousie, concupiscence, vanité) éminemment humains. Peut-être est-ce pour cela aussi que l'identification qui, au départ, peut sembler malaisée dans un tel roman, se fait assez facilement (pour moi, pas dès le début, je dois l'avouer, mais au final, j'ai eu rapidement envie de rester avec Circé le plus longtemps possible et de ne pas la quitter). Et parce que ce roman, comme je le souligne un peu plus haut, ne peut aussi faire qu'écho à notre actualité, notamment à l'heure où les revendications féministes n'ont jamais été aussi fortes.
    Et puis au-delà de cet aspect très féminin du roman, j'ai trouvé que Circé abordait pléthore de sujets tous très intéressants et sur lesquels l'auteure livre une très fine analyse : la féminité justement, la maternité, les liens familiaux et notamment les liens parents-enfants ou frère-sœur, l'amour, les choix auxquels on est confrontés au cours d'une vie, l'amitié, la solitude...bref, une multitude de sujets qui forment vraiment la richesse de ce roman. 

    Si comme moi l'aspect fantastique du roman vous fait peur, je crois pouvoir vous rassurer en vous disant que, certes il est très présent, mais n'empêche pas pour autant de ressentir les qualités du livre et n'occulte pas ce qui fait toute la richesse du propos. Déjà, il est très bien écrit et c'est un bon point. Il est aussi très riche et très dense, ce n'est pas un roman anecdotique qui prendrait pour personnages principaux des dieux de l'Olympe. L'humanité de Circé finit aussi par estomper sa divinité et on l'oublierait presque si, soudain, Hermès ne se matérialisait soudainement sous nos yeux ou si Circé ne jetait pas un charme quelconque. Je ne regrette pas, pour une fois, d'être sortie de ma zone de confort. Oui, parfois mon esprit cartésien a un peu souffert, c'est vrai, mais heureusement la globalité du roman a su me plaire et la symbolique contenue m'a plu, évidemment. Un roman un peu hors normes mais qui peut plaire et à un public relativement large, voilà sa force. C'est maintenant avec curiosité que je lirai Le Chant d'Achille.

    En Bref :

    Les + : indéniablement, le personnage de Circé, la proximité qui s'établit avec elle au fil du récit très dense et l'écriture de l'auteure, également. 
    Les - : pour moi les premiers chapitres un peu trop fantasmagoriques mais c'est évidemment un ressenti très subjectif, dû probablement au fait que je ne suis pas une adepte de ce type de romans en temps normal.


    Circé ; Madeline Miller

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


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  • «  Parmi toutes les abbayes ici ou sur le continent, c'est la plus sacrée, la plus révérée. Son air même est sanctifié et le culte qu'on lui rend remonte à l'aube de la chrétienté, peut-être même au-delà - cet endroit respire le mystère. Si Avalon existe quelque part, c'est là. Il y'a une vibration qui pousse à tomber à genoux. »

    Couverture Le secret des tombes

     

     

         Publié en 2009 en Angleterre 

      En 2017 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Relics of the Dead / Grave Goods

      Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

      402 pages

      Troisième tome de la saga Adelia Aguilar

     

     

     

    Résumé :

    Angleterre, 1176. La paisible abbaye de Glastonbury, site sacré associé à la légendaire Avalon du roi Arthur, a été détruite par un incendie criminel. La traque du coupable est vite abandonnée devant une découverte macabre : le feu a révélé la présence de deux squelettes. La taille et l'état des cadavres relancent la rumeur : s'agirait-il des dépouilles d'Arthur et Guenièvre ? Henri II, qui tente de mater un soulèvement au pays de Galles où la légende d'Arthur le Libérateur reste vivace, utiliserait bien la preuve de sa mort pour détruire tout espoir d'indépendance. Il fait appel à Adelia Aguilar, diplômée de la grande école de médecine de Salerne, pour examiner les corps. Mais certains sont prêts à tout pour que l'identité des morts reste secrète...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Quel plaisir de retrouver Adelia pour une troisième enquête ! Nous sommes en 1176 et l'enquêtrice spéciale du roi Henri II Plantagenêt est de nouveau réquisitionnée pour résoudre une nouvelle énigme. Alors que l'abbaye de Glastonbury vient d'être anéantie par un terrible incendie, deux corps viennent d'être mis au jour dans son cimetière : et tout porte à croire qu'il s'agirait de ceux d'Arthur et Guenièvre, les souverains légendaires, dont on dit que les corps reposent sur l'île d'Avalon (assimilée peu à peu à Glastonbury).
    Parce qu'Henri II se débat alors au Pays de Galles où les revendications sont fortes et où la rébellion couve, il voit dans cette découverte un bon moyen de mettre un terme aux croyances immémoriales qui imaginent qu'Arthur est simplement endormi à Avalon et va un jour revenir au monde ; comme par hasard, ces croyances sont particulièrement ancrées chez les gallois...
    Voilà donc qu'Adelia et Mansur, flanqués de Gyltha et de la petite Allie, qui quittent leur havre près de Cambridge pour s'engager dans une enquête à haut risque...D'autant plus qu'une bonne amie d'Adelia, dame Emma Wolvercote, a disparu sans laisser de traces près de Wells, ne laissant pas l'esprit de l'enquêtrice en repos. En plus de ça, il semblerait que dans cette ville ravagée par les flammes, on voie d'un mauvais œil l'enquête d'Adelia : qui donc n'a-t-il pas intérêt à ce que les squelettes attribués à Arthur et Guenièvre ne soient pas identifiés ? Que cache la poignée de moines qui continue à vivre dans les ruines de l'abbaye et à entretenir tant bien que mal son souvenir ? Et les deux taverniers de Glastonbury ont-il des intentions vraiment claires ? Cette enquête brouillera bien des pistes et fera tomber les masques, révélant derrière une façade des caractères bien plus complexes ou des blessures insoupçonnées.
    Comme dans La Confidente des Morts et La Morte dans le Labyrinthe, j'ai apprécié de suivre cette troisième enquête d'Adelia, dans un lieu comme l'abbaye de Glastonbury, qui a alors un rayonnement particulièrement important au sein de la chrétienté. On admire toujours autant les capacités de déduction et la perspicacité de la jeune médecin, qui ne recule devant rien pour faire la lumière sur les énigmes qu'on lui confie. Ancienne étudiante de la réputée école de Salerne, formée à ce que l'on pourrait appeler la médecine légale par son père adoptif, à Naples, Adelia est un personnage qui n'a rien à faire au XIIème siècle : elle exerce finalement une activité que l'on pourrait rapprocher de notre police scientifique contemporaine, ce qui est totalement anachronique et inconcevable au Moyen Âge et pourtant, ça fonctionne ! Forte d'une érudition que bien des hommes n'ont pas, Adelia a des compétences qui peuvent à l'époque paraître un peu surnaturelles mais qui, du coup, la servent tout particulièrement parce qu'elle ne trouve pas en face d'elle de compétiteur digne de ce nom. Et le roi Plantagenêt a bien compris ce qu'il pourrait en tirer, quitte à utiliser Adelia à sa guise (ou plutôt, officiellement, Mansur car tout Maure qu'il est, il est préférable d'utiliser les services d'un médecin infidèle plutôt que d'une femme chrétienne).
    J'avoue que cette enquête me tentait peut-être plus que les autres parce qu'il y est question de la légende arthurienne et de la supposée découverte des trombes d'Arthur et Guenièvre. Et, bien que déplacée dans le temps, cette découverte eut bien lieu : c'était en 1190, toujours à Glastonbury, où l'on exhuma deux corps que l'on identifia comme celui du roi breton légendaire et de son épouse. Mais finalement, cette histoire de tombes, bien que donnant son titre au roman, n'est pas omniprésente non plus et sert plus de trame de fond que de véritable fil rouge. A la lecture de ce roman, j'ai finalement plus eu l'impression que c'était le mystère de la disparition d'Emma Wolvercote et de sa mesnie, qui préoccupe le plus Adelia, même si elle continue d'enquêter discrètement à Glastonbury comme le lui a demandé Henri II. J'aurais pu être déçue de cela mais ce ne fut pas le cas.
    Cette troisième enquête de la confidente des morts se déroule sans heurts, elle est fluide, facile à lire, cohérente. Je n'aime pas les enquêtes trop embrouillées qui finissent par me perdre (la faute à mon esprit peu logique - je n'aurais pas fait un bon flic). Et l'humour de l'auteure, toujours bien présent, n'est pas non plus pour me déplaire (je crois que je ne me suis pas encore remise de l'expression imagée « cinglé comme un furet » !) : cela apporte une certaine authenticité au texte avec des dialogues très oraux et donc dynamiques.
    Bref, encore une fois, ce fut un bon cru et, pour rester dans le lexique du vin, je dirais même qu'Adelia se bonifie avec le temps. Elle qui était si brusque et pas forcément hyper accessible dans le premier tome craquelle un peu la coquille et apparaît plus humaine et attachante également. Une saga à découvrir ou à faire découvrir si vous aimez les enquêtes policières simples mais efficaces, avec un contexte historique intéressant en arrière-plan.

    En Bref :

    Les + : cette enquête qui nous emmène à la rencontre d'un personnage certes fictif mais fondateur de l'Histoire anglaise (le Roi Arthur) est bien menée et j'avoue que l'humour corrosif d'Ariana Franklin marche toujours très bien avec moi (j'avoue que j'ai souvent ri, amusée par telle ou telle expression). 
    Les - :
    pour moi, aucun point négatif à soulever.


    Adelia Aguilar, tome 3, Le Secret des Tombes ; Ariana Franklin

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • In My Mail Box - Octobre 2021

     

    In My Mail Box - Octobre 2021

     

    Bonjour à tous ! Voilà, octobre se termine. Déjà. Et qui dit fin du mois dit In My Mail Box (ou Book Haul). Je vous présente donc ici les acquisitions du mois qui vient de passer : un livre pour l'automne que je voulais absolument lire cette année, un autre que je garde précieusement pour le printemps (les lettres de Jane Austen) et puis quelques lectures pour l'hiver qui arrive (du cosy mystery, des lectures de Noël). 

    C'est parti pour la découverte ! 

    In My Mail Box - Octobre 2021

     

    • Les Sorcières de Pendle, Stacey Halls, Editions Pocket, 2021, 448 pages

     

    Ce livre m'a été conseillé au printemps dernier. Je suis allée me renseigner et le résumé m'a évidemment plu. Aussitôt, je me suis dit que c'était une lecture parfaite pour l'automne et, justement, au cours de l'été j'ai vu qu'une édition poche était prévue pour début octobre. Je l'ai donc acheté à ce moment-là, dans l'idée de le lire cet automne et il avait en plus toute sa place dans le Pumpkin Autumn Challenge. 

    Résumé : Lancashire, Pendle, 1612. A 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n'a toujours pas donné d'héritier à son mari. Lorsqu'elle croise le chemin d'Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir. Mais quand s'ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d'autres femmes érudites, solitaires ou gênantes.
    Alors que le ventre de Fleetwood continue de s'arrondir, la jeune fille n'a plus qu'une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu. Etre une femme est le plus grand risque qui soit. 

     

    Couverture Du fond de mon coeur : Lettres à ses nièces

    • Du fond de mon cœur : Lettres à ses nièces, Jane Austen, Editions Le Livre de Poche, 185 pages

     

    De Jane Austen on connaît évidemment l'importante oeuvre romanesque qui a dépassé les frontières de l'Angleterre pour devenir mondialement connue. Mais finalement, derrière ces romans, on connaît un peu moins la femme. Ca fait très longtemps que ce petit livre est dans ma liste d'envies sans que je ne pense à l'en sortir. Je l'ai acheté ce mois-ci un peu par hasard, je dois l'avouer, d'autant plus que c'est une lecture que je garde pour dans quelques mois : cette couverture vert tendre et fleurie m'évoque le printemps et je pense que je le lirai en mars ou avril prochains. 

    Résumé : Inédites et passionnantes, les lettres de Jane Austen à ses trois nièces préférées dressent un portrait émouvant de l'auteur d'Orgueil et Préjugés.

    En tante attentionnée, elle se montre toujours prête à guider ses jeunes nièces, à les conseiller. Elle leur parle d'écriture, de stratégie amoureuse, de sa vie à la campagne, avec l'humour et l'élégance qui font le sel de ses romans. Ces lettres révèlent une touchante intimité et on acquiert bien vite la conviction que Jane Austen n'avait rien à envier à ses attachantes héroïnes.

    Pour compléter cette correspondance, nous avons ajouté trois textes, écrits par les trois nièces de Jane à propos de leur tante. Ce sont des documents émouvants, décrivant son physique, ses habitudes, son caractère.

    L'ensemble de ces textes et de ces lettres n'avait jamais été traduit en français. Il nous a semblé opportun de les réunir et ce sont certainement les derniers textes de Jane Austen qui nous restaient à découvrir.

    Couverture La chambre des dupes

    • La chambre des dupes, Camille Pascal, Editions Pocket, 2021, 528 pages

     

    Après L’Été des Quatre Rois lu l'année dernière, j'attendais avec impatience la sortie de La Chambre des Dupes. Dans son précédent roman, Camille Pascal a su me passionner pour un pan de notre Histoire qui n'est pourtant pas celui vers lequel mon intérêt se dirige spontanément. Alors quand il est question du règne de Louis XV et de ses favorites, je me dis que je ne peux qu'adhérer. J'aime tellement le XVIIIème siècle que j'anticipe déjà, rien qu'à lire et relire le résumé, sur le plaisir de cette future lecture. Je suis déjà presque certaine que ce sera une excellente lecture !! 

    Résumé : Camille Pascal nous fait entrer de plain-pied dans le Versailles de Louis XV pour y surprendre ses amours passionnés avec la duchesse de Châteauroux. Subjugué par cette femme qui se refuse pour mieux le séduire, le jeune roi lui cède tout jusqu'à offrir à sa maîtresse une place qu'aucune favorite n'avait encore occupée sous son règne. Leur histoire d'amour ne serait qu'une sorte de perpétuel conte de fées si Louis XV, parti à la guerre, ne tombait gravement malade à Metz...
    La belle Marie-Anne – adorée du roi, jalousée par la Cour, crainte des ministres et haïe par le peuple – devra-t-elle plier brusquement le genou face à l'Église et se soumettre à la raison d'État.

     

    Couverture Cadeaux de Noël

    • Cadeaux de Noël, Colette, Editions Archipoche, 2020, 180 pages

     

    Voilà, nous sommes en octobre et Noël approche, mine de rien. Ce livre, je l'ai découvert un peu tardivement l'année dernière alors je me suis dit que j'attendrai l'année suivante pour l'acheter et le lire. Parce que la période de Noël, nostalgique par essence mais aussi féerique, me rappelle les Noëls de l'enfance et est propice aux souvenirs je trouve et parce que j'adore Colette, il me tarde déjà de me plonger dans ce petit recueil ! 

    Résumé : De 1909 à 1948, Colette publie dans la presse des textes sur Noël et le jour de l'an qui comptent parmi les plus belles pages de son oeuvre. Elle y évoque les hivers de son enfance à Saint-Sauveur-en-Puisaye et la figure maternelle de Sido.
    Pas de sapins dans le salon, mais des branches de houx et une fleur d'ellébore, dont elle guette l'éclosion et qui ornera, le soir venu, la table familiale.
    Ces Noëls d'autrefois, dans leur simplicité et leur dénuement, rouvrent, intacts, tout un univers de sensations. Et nous invitent à retrouver les « vraies fleurs de décembre que sont Noël et le 1er janvier ».

      Couverture 24 contes de Noel, calendrier de l'Avent féerique

    • 24 contes de Noël : calendrier de l'Avent féerique, Collectif, Autoédité, 256 pages

     

    Un peu de régression pour la période de Noël, ça ne fait pas de mal ! Je ne sais pas si je lirai ce recueil cette année mais je suis ravie d'avoir enfin pu le trouver. Idéal pour les adultes qui adorent Noël mais aussi pour les plus jeunes, afin de découvrir chaque soir un conte emblématique des fêtes.

    Résumé : Chaque jour de décembre, découvrez avec ce calendrier de l’avent féerique un merveilleux conte de Noël ! Écrits par les plus grands conteurs (Charles Dickens, Hans Christian Andersen, Guy de Maupassant, Camille Lemonnier, Joséphine Marchand...), ces 24 histoires traditionnelles vous feront patienter jusqu’au jour J. Ce recueil se termine par l’un des plus beaux contes de Noël de Charles Dickens, l’histoire de Scrooge et des trois esprits.

     

    Couverture Au service secret de Marie-Antoinette, tome 2 : Pas de répit pour la Reine

    • Au service secret de Marie-Antoinette, tome 2, Pas de répit pour la Reine, Frédéric Lenormand, Editions La Martinière, 2019

     

    L'hiver 2021/2022 sera placé pour moi sous le signe du cosy mystery. J'avoue que c'est un genre qui m'attire beaucoup mais dans lequel je ne me suis pas encore lancée pleinement. Cette saga de Frédéric Lenormand ne pouvait que me plaire : eh oui, il y est question de Marie-Antoinette et de XVIIIème siècle, tout est donc réuni pour que cela me plaise. Je ne sais pas encore quand je lirai ce roman qui me semble frais et léger mais j'ai hâte ! 

    Résumé : C'est la guerre des farines : le peuple a faim ! Louis XVI s'en moque et continue de s'affairer à ses passe-temps : la serrurerie et l'horlogerie. À Marie-Antoinette de remonter ses manches !
    Mettre la main sur un mystérieux trésor inca tomberait à pic pour acheter du pain à ses sujets. Mais gare à la malédiction qui frappe tous ceux qui s'approchent de l'or !

    La grande organisatrice !
    Marie-Antoinette s'ennuie dans son nouveau rôle de reine. Elle décide de s'occuper des affaires du royaume et s'entoure d'agents secrets... peu communs. Son coiffeur et sa modiste !

    Détective amateur n°1 !
    La modiste de la Reine, Rose Bertin, ne supporte plus ce gros lourdaud de Léonard. Par ailleurs, un séduisant fabricant de corsets lui fait de l'œil... Mais ne serait-il pas mêlé à leur enquête ?

    Détective amateur n°2 !
    Léonard, coiffeur officiel de la reine, profiterait bien tranquillement de ses privilèges. Mais ni Rose Bertin ni la mission confiée par sa Majesté (retrouver un trésor inca !) ne lui en laissent le temps !


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  • #32 [SPECIAL HALLOWEEN] La fête d'Halloween et ses origines

     

    #32 [SPECIAL HALLOWEEN] La fête d'Halloween et ses origines

     

    Fêtée le 31 octobre au soir, Halloween (de l'anglais All Hallows-Even, qui signifie « la veille de tous les saints ») est particulièrement populaire en Amérique du Nord, aux Etats-Unis et au Canada. Les enfants, déguisés en monstres et autres sorcières arpentent leur quartier à la recherche de bonbons et on allume des bougies dans des citrouilles creusées aux mines effrayantes. Célébration avant tout commerciale de nos jours dédiée à l'horreur et à l'effrayant, elle puise ses racines dans un folklore européen particulièrement ancien et qui remonte notamment à l'époque celte et au paganisme. L'immigration irlandaise au XIXème siècle, suite à la Grande Famine, participa à la popularisation de cette fête aux Etats-Unis.

    #32 [SPECIAL HALLOWEEN] La fête d'Halloween et ses origines

     

    • Les origines d'Halloween : la fête celtique de Samhain

     

    Samain, Toussaint, Halloween: les métamorphoses de la Fête des morts | Le  Club de Mediapart


    Les historiens s'accordent aujourd'hui pour la plupart pour dire que la fête d'Halloween telle qu'on la connaît est une héritière directe de l'une des plus importantes célébrations celtes : la fête de Samain (ou Samhain ou encore Samonios, en Gaule). Dans le calendrier celte et gaulois, quatre fêtes particulièrement observées semblent ressortir : Samain vient après Lugnasad (aux alentours du 1er août, pendant la période des récoltes) qui signifie l'assemblée de Lug et avant Imbolc, que l'on peut situer aux alentours du 1er février de notre calendrier et qui célèbre la fin de l'hiver. Plus tard, au début de mai vient Beltaine (ou Beltane) pendant laquelle on allume des feux. Aux alentours de l'équinoxe d'automne, au mois de septembre, on célèbre Mabon puis entre décembre et janvier, au moment du solstice d'hiver viennent les célébrations de Yule (que l'on peut associer grossièrement à nos fêtes de Noël). Quant à Samhain, célébrée pendant l'automne, au moment du retour de l'obscurité, il s'agit en quelque sorte d'un Nouvel An pour les Celtes, une fête de transition,  notamment vers l'Autre Monde, autrement dit ceui des dieux et des mânrd et qui marque le passage d'une année à une autre. La célébration de Samhain apparaît dans de nombreux récits épiques irlandais car, par essence, elle est très propice aux événements magiques, mythiques et inexpliqués. Samhain est aussi le début de la saison sombre, une période intermédiaire entre les deux équinoxes et les deux solstices. L'époque de Samhain coïncide avec celui du Sidh (l'Autre Monde), alors brièvement associé à celui des humains. D'ailleurs, la nuit de Samhain est à part, n'appartenant ni à l'année qui se termine ni à celle qui commence, comme un moment suspendu entre deux mondes. C'est le moment où les limites se brouillent, où l'irréel vient côtoyer le réel et où les vivants peuvent alors communiquer avec l'autre monde (pour les Celtes, il s'agit du monde des démons ou des dieux des Tuatha dé Danann).
    Les fêtes de Samhain duraient sept jours, sous l'égide des druides : le jour même, trois jours avant et trois jours après. En Gaule, pendant la nuit de Samhain, on avait coutume de pratiquer un cérémonial afin de s'assurer que l'année à venir se déroulerait sereinement. On éteignait le feu dans le foyer puis on se ressemblait autour du feu sacré de l'autel ; celui-ci était alors soigneusement étouffé pour éviter l'intrusion d'esprits maléfiques dans le village. Après la cérémonie, chaque foyer recevait des braises encore chaudes pour rallumer son feu et, ainsi, protéger la famille des dangers de l'année à venir.
    En Irlande, les cérémonies de Samhain commencèrent à disparaître au Vème siècle, avec l'émergence dans l'île d'une nouvelle religion : le christianisme. Toutefois, dans le calendrier chrétien, c'est à la même époque de l'année que l'on célèbre la Toussaint (1er novembre) et les Morts (2 novembre). Le mot Halloween découle quant à lui directement de la tradition chrétienne puisqu'en anglais, le mot signifie ni plus ni moins  que « la veille de tous les saints ».
    Bien après l'installation de la religion chrétienne en Europe, on peut malgré tout constater des résurgences issues du paganisme : ainsi, en Bretagne, terre fortement marquée par son héritage celtique on retrouve jusqu'au début du XXème siècle la croyance que les âmes des morts revenaient la nuit de la veille de la Toussaint et lors des nuits de solstice. Avant d'aller se coucher, on ne manquait pas de leur laisser sur la table de quoi se nourrir et une bûche allumée dans le foyer pour qu'ils puissent se chauffer.
    Les couleurs d'Halloween remonteraient aussi à des temps immémoriaux et souvent païens : l'orange rappelle les récoltes qui viennent de se terminer ainsi que la couleur des feuilles en automne tandis que le noir symbolise l'arrivée des temps obscurs, la mort de l'été et le changement de saison.
    De ces anciennes croyances découlent aussi celle des navets creusés (ou betteraves en Lorraine) dans lesquelles on laissait brûler une chandelle...

    • La tradition des citrouilles grimaçantes 

     

    Revue Éléments - Hallowe'en et Samhain


    Les citrouilles creusées, dans lesquelles on place un lumignon sont devenues indissociables de la fête d'Halloween. Elles peuvent avoir un faciès parfois drôle ou gentil mais, la plupart du temps, elles sont effrayantes...
    Cette coutume découle de la légende de Jack O'Lantern, condamné à errer pour l'éternité avec pour seule lumière une chandelle placée dans un navet.
    Jack est sûrement le personnage le plus populaire associé à la fête d'Halloween. Son origine remonte à un vieux conte irlandais dans lequel Jack est présenté comme un maréchal-ferrant qui accumule les défauts : il est ainsi décrit comme avare, ivrogne, méchant et égocentrique.
    Un soir, alors qu'il se trouve à la taverne pour s’enivrer, Jack bouscule un autre client. Mais il ne sait pas que ce client-là n'est pas n'importe quel client : il s'agit du Diable en personne qui, comme il en l'habitude, tente de convaincre Jack de lui laisser son âme en échange de faveurs diaboliques. Alors qu'il est sur le point de succomber, Jack demande au Diable de lui offrir un dernier verre. Le Diable se transforme alors en pièce de six pence pour payer le tavernier. Jack s'empara alors de la pièce qu'il glissa dans sa bourse : dans celle-ci se trouvait une petite croix en argent. Le Diable, ne pouvant plus se transformer, se retrouver piégé dans cette petite bourse. Jack obtient alors du Malin qu'il ne viendrait pas lui réclamer son âme avant que dix ans ne se soient écoulés, ce que le Diable accepta.
    Dix ans plus tard, Jack croisera le Diable au détour d'un chemin. Celui-ci ne manqua pas de lui réclamer son dû. Réfléchissant à toute vitesse, Jack promit alors au Diable qu'il allait venir mais, d'abord, pourrait-il monter dans cet arbre et lui cueillir une pomme ? Le Diable, grimpant sur les épaules de Jack s'agrippa ensuite aux branches du pommier. Jack s'empressa de graver sur l'écorce de l'arbre une petite croix avec son couteau. De nouveau prisonnier, le Diable ne vit plus qu'une solution : assurer à Jack qu'il ne prendrait jamais son âme, comme le rusé maréchal-ferrant le lui demanda. Ce dernier effaça la croix et le Diable fut délivré.
    Mais lorsque Jack mourut, l'entrée du Paradis lui fut refusée, à cause de la vie de débauche qu'il avait menée. Conformément à sa promesse, le Diable lui refusa aussi l'entrée des Enfers. Mais Jack parvint cependant à convaincre ce dernier de lui donner un morceau de charbon pour pouvoir éclairer son chemin dans le noir. En guise de lanterne, il utilisa un navet évidé et se vit condamné à errer sans but jusqu'au jour du Jugement Dernier. Il y gagna le surnom de Jack of the Lantern ou Jack O'Lantern, réapparaissant chaque année le jour de sa mort, le 31 octobre.
    Très rapidement, la tradition irlandaise de creuser des navets lors de la nuit d'Halloween (en souvenir des âmes perdues) fut remplacée, après l'exode massif du XIXème siècle, par celle de creuser des citrouilles, qu'ils trouvèrent sur place. Ces citrouilles évidées et grimaçantes sont devenues le symbole d'Halloween, grâce à leur forme rappelant un visage.
    En Lorraine on retrouve une tradition assez similaire : la Rommelbootzennaat (nuit des betteraves grimaçantes) le soir du 31 octobre. La tradition des navets transformés en lampions se retrouvent aussi dans les Vosges et, bien sûr, en Bretagne.

    • Superstitions liées à Halloween

     

    20 races de chat noir: Photos, caractères et besoins d'entretien •  MonChat.ca   LPO Île-de-France

    Chat noir et chauve-souris restent traditionnellement associés à de nombreuses superstitions 

    Les superstitions liées à la fête d'Halloween ont bien souvent une origine particulièrement lointaine.
    Par exemple, pendant des siècles, croiser un chat noir était un signe de malheur. Associé à la figure de la sorcière, le chat noir est considéré au Moyen Âge comme maléfique. Dans la mesure où l'on croyait qu'une sorcière avait la faculté de se transformer en chat noir en croiser un revenait à...croiser une sorcière. C'est pour cette raison que l'on jetait sans scrupules sur le bûcher les félins à la couleur sombre. Mais ceux qui présentaient dans leur pelage une petite tâche blanche étaient épargnés car l'on considérait alors qu'ils avaient été marqués par un ange.
    Autre animal signe de mauvais présage et associé à la période d'Halloween et de la Toussaint : la chauve-souris. Animal nocturne et aimant l'obscurité, suscitant instinctivement la peur ou la répulsion, la chauve-souris est associée au personnage du vampire (Dracula a par exemple le pouvoir de se transformer en chauve-souris) mais elle est aussi liée au monde de l'au-delà. Par exemple, si une chauve-souris entre dans une maison, c'est qu'un fantôme qui vivait là auparavant l'a laissée entrer... Effrayant, non ?
    Quant à la figure unanimement redoutée de la sorcière, elle nous vient aussi des célébrations de Samhain : dans la culture populaire la sorcière est souvent vue comme une vieille femme maléfique qui remue une mixture étrange dans un grand chaudron. C'est l'image même de l'Aïeule, une déesse païenne que l'on célébrait à l'époque de Samhain comme un symbole de sagesse mais aussi de renouveau saisonnier. Les Celtes croyaient aussi que les âmes des défunts se cachaient dans le chaudron de l'Aïeule. En remuant son contenu, cette dernière attirait de nouvelles âmes et permettait aux anciennes de renaître.

    gravure montrant des femmes réunies autour d'un chaudron, duquel sortent des démons, des diables, des sorcières sur des balais.

    Gravure du XVIIème siècle représentant un sabbat de sorcières 

     

     


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