• In My Mail Box - Février 2024

    In My Mail Box - Février 2024

     

    Bonjour à tous ! Mars se termine et il est donc temps de nous retrouver pour le traditionnel rendez-vous de fin de mois : le In My Mail Box, histoire de se retourner sur les acquisitions de ces dernières semaines. Après plusieurs mois raisonnables, j'ai craqué en février et surtout en mars mais je vous présente ce mois-ci un In My Mail Box 100 % occasion : j'ai découvert il y a peu une application de vente entre particuliers uniquement destinée à la vente de livres et les prix sont vraiment minis, c'est donc l'occasion de se faire plaisir sans trop dépenser mais aussi d'offrir une seconde (ou troisième, ou quatrième) vie à un livre. 

    C'est parti pour la découverte ! Vous venez ? 

     

    Couverture Moi, Julia

    • Julia Domna, tome 1, Moi, Julia : un empire, une destinée, Santiago Posteguillo, Editions Pocket, 2023, 944 pages 

    On a beaucoup parlé de ce roman historique de Santiago Posteguillo sur Instagram et c'est suffisamment rare qu'un roman historique rencontre autant de succès pour être mentionné. Evidemment, j'ai commencé à m'intéresser à ce roman et même si je ne suis pas passionnée par l'histoire romaine, j'avoue qu'elle exerce tout de même une certaine fascination sur moi. Je suis donc très curieuse de découvrir ce roman, que je lirai peut-être dans l'été. 

    Résumé : Une seule femme peut forger une dynastie.
    Un roman historique captivant inspiré de la vie de Julia Domna, l'un des personnages féminins les plus fascinants et pourtant méconnus de l'histoire de Rome.

    192 après J.-C. : Rome est sous le contrôle de Commode, un empereur fou. L'assassinat du tyran, puis du nouvel auguste nommé par le Sénat, ouvre la porte à un tourbillon d'intrigues et de luttes pour le pouvoir. Les prétendants sont prêts à tout, pensant que le jeu est sur le point de commencer. Mais pour Julia Domna, il a déjà commencé...
    À Rome, l'intelligence et la beauté de la belle Syrienne suscitent admiration et jalousie. Dans son combat pour protéger sa famille et servir les intérêts de son mari, le gouverneur Septime Sévère, Julia fait preuve d'une grande clairvoyance et de beaucoup d'ingéniosité au milieu d'une époque tumultueuse. Une époque marquée par la succession de quatre empereurs en autant d'années.
    Tandis que le grand empire de Rome est menacé par une guerre civile capable de saper ses fondements mêmes, Julia a un plan très ambitieux : faire de Septime Sévère le futur empereur et fonder une dynastie.
    Complots, batailles, mensonges et trahisons... Rien ne manque à cette fresque historique terriblement romanesque.

    Couverture La fille de l'ogre

    • La fille de l'ogre, Catherine Bardon, Editions Pocket, 2023, 504 pages 

    L'autrice des Déracinés continue avec ce roman son exploration de l'histoire de la République dominicaine, en nous racontant l'histoire de la fille de Trujillo, le dictateur historique du pays, qui n'est au départ qu'un petit truand mais pas dépourvu d'ambition. Après avoir beaucoup aimé Les Déracinés, évidemment j'hésitais un peu à lire les autres romans de l'autrice mais La fille de l'ogre me tentait malgré tout pas mal...une prochaine lecture d'été probablement. 

    Résumé : 1915. Flor de Oro naît à San Cristóbal, en République dominicaine. Son père, petit truand devenu militaire, ne vise rien moins que la tête de l'État.
    Il est déterminé à faire de sa fille une femme cultivée et sophistiquée, à la hauteur de sa propre ambition. Elle quitte alors sa famille pour devenir pensionnaire en France, dans le plus chic collège pour jeunes filles du pays.
    Quand son père prend le pouvoir, Flor de Oro rentre dans son île et rencontre celui qui deviendra son premier mari, Porfirio Rubirosa, un play-boy au profil trouble, mi-gigolo, mi-diplomate-espion, qu'elle épouse à dix-sept ans. Mais Trujillo, seul maître après Dieu, entend contrôler la vie de sa fille. Elle doit lui obéir comme tous les Dominicains, entièrement soumis au Jefe, ce dictateur sanguinaire.
    Marquée par l'emprise de ces deux hommes à l'amour nocif, de mariages en exils, de l'Allemagne nazie aux États-Unis, de grâce en disgrâce, Flor de Oro luttera toute sa vie pour se libérer de leur joug.

    • L'homme qui peignait les âmes, Metin Arditi, Editions Points (collection Grands romans), 2022, 312 pages 

    Enfin ! Depuis le temps que je voulais lire un roman de Metin Arditi ! Ce n'est pas ce titre-là que j'avais écrit un jour, au détour de recherches livresques, dans ma liste d'envies mais le résumé de L'homme qui peignait les âmes m'a totalement emportée et je n'ai plus qu'une hâte : m'y plonger. Le résumé laisse préfigurer un roman solaire comme je les aime, j'espère que ce sera effectivement le cas. 

    Résumé : Acre, quartier juif, 1078. Avner, qui a quatorze ans, pêche avec son père. A l'occasion d'une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C'est l'éblouissement. " Il ne s'agit pas d'un portrait mais d'un objet sacré, lui dit le supérieur du monastère. On ne peint pas une icône, on l'écrit, et on ne peut le faire qu'en ayant une foi profonde " . Avner n'aura de cesse de pouvoir « écrire » .
    Et tant pis s'il n'a pas la foi, il fait comme si, acquiert les techniques, apprend les textes sacrés, se fait baptiser, quitte les siens. Mansour, un marchand ambulant musulman, le prend sous son aile. C'est l'occasion d'un merveilleux voyage initiatique d'Acre à Nazareth, de Césarée à Jérusalem, puis à Bethlehem, jusqu'au monastère de Mar Saba, en plein désert de Judée, où Avner reste dix années où il devient l'un des plus grands iconographes de Palestine.
    Refusant de s'astreindre aux canons rigides de l'Eglise qui obligent à ne représenter que Dieu et les saints, il ose reproduire des visages de gens de la vie ordinaire, cherchant dans chaque être sa part de divin, sa beauté. C'est un triomphe, c'est un scandale. Se prend-il pour un prophète ? Il est chassé, son oeuvre est brûlée. Quel sera le destin final d'un homme qui a osé défier l'ordre établi ? Le roman de l'artiste qui, envers et contre tous les ordres établis, tente d'apporter de la grâce au monde.

    • Les disparus de Blackmore, Henri Loevenbruck, Editions Pocket, 2024, 560 pages 

    Voilà un roman découvert récemment (il y a à peine trois mois en réalité) mais qui m'a tentée tout de suite et qui n'aura pas mis longtemps à rejoindre ma PAL. Ca fait des années que j'ai envie de lire Henri Loevenbruck mais je ne me décide pas : son oeuvre est assez foisonnante et je ne sais pas exactement par quoi commencer, surtout que l'auteur a l'air coutumier des séries...ici, c'est un roman unique, une enquête au milieu des années 1920 qui m'a l'air passionnante et sombre à la fois. Je suis très curieuse, même si je ne sais pas encore quand je lirai ce roman : alors que son résumé se prête plutôt à une lecture d'automne, la question maintenant est de savoir si je vais pouvoir tenir jusque là et si ma curiosité ne sera pas la plus forte. 

    Résumé : Octobre 1925. Lorraine Chapelle, 23 ans, est la première femme diplômée de l'Institut de criminologie de Paris (créé en 1922). Spécialisée en médecine légale et psychiatrie criminelle, cette brillante et séduisante jeune femme, déterminée, entend bien intégrer un jour le célèbre Laboratoire de police scientifique qui vient d'ouvrir à Lyon.
    En attendant que son rêve se réalise, elle a reçu une étrange proposition que l'état de ses finances ne lui permet pas de refuser : un courrier envoyé par Sir Ronald Hampton, richissime lord anglais installé sur Blackmore Island (petite île anglo-normande, entre Jersey et Guernesey), qui lui propose une somme faramineuse pour venir enquêter sur la disparition de sa petite-fille Margaret...

    Couverture L'air était tout en feu

    • L'air était tout en feu, Camille Pascal, Editions Pocket, 2023, 352 pages

    Vous le savez si vous me lisez ici, j'adore les romans historiques et j'ai une passion toute particulière pour le XVIIIème siècle, qui est sans nul doute la période historique que j'aime le plus. Je ne peux pas l'expliquer mais j'ai vraiment un amour obsessionnel pour cette époque qui me pousse évidemment à lire autant que je peux sur elle. Camille Pascal avait su me passionner avec L'été des quatre rois et avec La chambre des dupes, il était donc assuré que je lirai L'air était tout en feu qui, des trois, est le moins dense. Mais ce n'est pas grave, j'ai tout de même vraiment hâte de le lire et quelque chose me dit qu'il ne restera pas bien longtemps dans ma PAL. 

    Résumé : 27 avril 1718. Un incendie ravage le Petit-Pont, menaçant Notre-Dame. Alors qu'à Paris l'air est tout en feu, au château de Sceaux, la duchesse du Maine souffle sur un autre brasier bien plus dangereux pour le Régent, celui du complot.
    Mariée à l'aîné des bâtards de Louis XIV, haute comme trois pommes mais animée de l'orgueil d'une princesse du sang, cette précieuse règne sur sa petite cour de beaux esprits comme sur son mari. Soutenue en secret par le prince de Cellamare, ambassadeur du roi d'Espagne, et encouragée par les survivants de la vieille cour du Roi-Soleil, elle va intriguer avec passion.
    Ainsi, en ce printemps 1718, un vent de fronde se lève sur la France et une véritable course-poursuite pour le pouvoir s'engage entre la duchesse d'un côté et le Régent de l'autre.

    Couverture La dernière réunion des filles de la station-service

     

    • La dernière réunion des filles de la station-service, Fannie Flagg, Editions Le Cherche-Midi, 2015, 462 pages 

    Fannie Flagg, c'est l'autrice du classique Beignets de tomates vertes que j'ai lu il y a presque deux ans et que j'ai beaucoup aimé. J'avais prévu de lire la suite mais je ne l'ai pas encore fait. Puis je suis tombée sur ce roman qui avait été un temps dans ma liste d'envies et dont je l'avais retiré, je ne sais pas trop pourquoi, parce qu'en relisant le résumé, je me suis dit : Il me le faut ! Si La dernière réunion des filles de la station-service est aussi bien que Beignets de tomates vertes et Point Clear aussi génial que Whistle Stop, alors je suis assurée de passer un bon moment. Et j'aime beaucoup la couverture délicieusement rétro des éditions du Cherche-Midi. 

    Résumé : Point Clear, Alabama. Après avoir marié la dernière de ses filles, Sookie Poole aspire à un repos bien mérité. Elle aimerait se consacrer enfin à elle, à son couple, faire avec Earle, son mari, les voyages dont elle rêve. Mais elle doit encore compter avec sa mère, l'incroyable Lenore Simmons Krackenberry qui, à 88 ans, épuise les infirmières à domicile les unes après les autres. Si certains de ses coups d'éclat récents peuvent laisser penser qu'elle souffre de démence sénile, le diagnostic n'est pas aisé à établir car, toute sa vie, son comportement a été des plus excentriques.
    Le jour où un mystérieux interlocuteur révèle à Sookie un secret de famille parfaitement inattendu, son existence vole en éclats, à commencer par ses rapports avec sa mère. Afin de comprendre qui elle est vraiment, Sookie va alors se mettre sur la piste d'une femme exceptionnelle, Fritzi, qui, en 1940, tenait avec ses trois soeurs une station-service dans le Wisconsin. Le destin incroyable de Fritzi donnera-t-il à Sookie une nouvelle inspiration pour sa propre vie ?

                                                       Couverture Les héritières de Löwenhof, tome 2  : Le secret de Mathilda Couverture Les héritières de Löwenhof, tome 3 : La promesse de Solveig

    • Les héritières de Löwenhof, tome 2, Le secret de Mathilda, Corina Bomann, Editions Charleston (collection Poche), 2023, 672 pages 
    • Les héritières de Löwenhof, tome 3, La promesse de Solveig, Corina Bomann, Editions Charleston (collection Poche), 2024, 654 pages 

     Dois-je vous présenter cette série dont on attend beaucoup parler depuis deux ans environ sur Bookstagram ? Il s'agit d'une trilogie de romance historique dans la Suède du début du XXème siècle, imaginée par l'autrice allemande Corina Bomann...et même si c'est vrai que la romance est poussée à fond, dans ses bons comme ses mauvais côtés, dans l'ensemble c'est divertissant et pas désagréable à lire non plus. Après avoir découvert le premier tome cet hiver, j'ai été curieuse de lire la suite et j'ai donc été ravie de trouver la suite en occasion. Probablement des lectures que je planifierai dans les mois qui viennent. 

    Résumé du tome 2 : Stockholm, 1931. Mathilda vient de perdre sa mère lorsque qu’une imposante et élégante inconnue, Agneta Lejongård, se présente dans son école et lui annonce qu’elle est désormais sa tutrice. Et c'est rongée par la peur et le doute que Mathilda quitte Stockholm pour la majestueuse propriété de la comtesse, le domaine de Löwenhof. Projetée à tout juste 17 ans dans un monde intimidant de luxe et de raffinement, Mathilda ne se sent pas à sa place.
    Et pourtant les deux femmes sont unies par une vieille promesse, un serment dont Agneta est la seule garante et qui fait toute la lumière sur les mystérieuses origines de sa pupille. Mais alors que Mathilda se met en quête de la vérité, une nouvelle guerre vient menacer l’Europe, bouleversant à jamais la vie des habitants de Löwenhof...

    Résumé du tome 3 : Stockholm, 1967. Jeune étudiante en médecine vétérinaire, amoureuse et fiancée, Solveig est promise à un avenir radieux. Jusqu’à ce qu’un tragique accident vienne briser tous ses rêves. En quête de réconfort, elle rentre au domaine de Löwenhof auprès de sa mère, Mathilda, et de sa grand-mère. Mais l’âge d’or de l’élevage des chevaux est révolu, la gestion du haras est devenue un véritable défi et les années 1960 exigent de nouvelles idées.
    Des rencontres inattendues vont à Solveig les portes d’un nouveau monde : celui des tournois internationaux d’équitation. Réussira-t-elle à prendre un nouveau départ malgré son passé douloureux et, comme elle l’a promis à sa grand-mère, à redonner à la propriété familiale sa splendeur d’antan ?

    Couverture Sentinelle de la pluie

    • Sentinelle de la pluie, Tatiana de Rosnay, Editions Le Livre de Poche, 2019, 384 pages 

    Voilà un livre qui n'était pas prévu dans mes commandes mais que la vendeuse a glissé dans mon colis : comme vous pouvez le voir sur la couverture, ce livre a dû lui être offert à l'occasion d'une opération commerciale et elle lui permet ainsi de continuer sa vie de livre. Honnêtement, je ne sais absolument pas à quoi m'attendre et j'avoue qu'instinctivement, je n'aurais pas acheté ce roman mais bon, il a été mis sur mon chemin, alors pourquoi pas ? Je suis assez curieuse et le lirai sûrement assez vite pour lui permettre de continuer sa vie, car il partira probablement en boîte à livres à l'issue de ma lecture, pour en faire profiter d'autres personnes. Si vous l'avez lu, n'hésitez pas à me faire part de votre avis, bien entendu. 

    Résumé : La famille Malegarde est réunie à Paris pour fêter les 70 ans de Paul, le père, arboriste de renommée internationale. Sa femme Lauren prépare l'événement depuis deux ans, alors qu'importe les pluies diluviennes qui s'abattent sur la Ville Lumière et contrarient les retrouvailles. Mais Linden, le fils cadet, photographe charismatique, pressent que la redoutable crue de la Seine n'est pas la plus grande menace qui pèse sur l'unité de sa famille. Les secrets enfouis déferlent sous le ciel transpercé par les flots...

     

    Avez-vous craqué pour de nouveaux livres ce mois-ci ?


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  • « A quoi veux-tu qu'ils songent ? La terre n'éprouve pas le besoin d'être admirée. Le ciel subsistera aujourd'hui et toujours sans que les aspirations et les prières des créatures ajoutent rien à son éclat et à la majesté de ses lois. »

     

     

     

     Publié en 2018

     Date de publication originale : 1873

     Éditions Flammarion 

     544 pages 

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    A soixante-huit ans, George Sand invente, pour amuser et instruire ses petites-filles, une dizaine de contes merveilleux. Au dire de la grand-mère, la nature est un monde peuplé d'esprits, dans lequel, secrètement, les montagnes s'animent (Le Géant Yéous), les nuages chantent (Le Nuage rose), les grenouilles et les fleurs conversent (La Reine Coax, Ce que disent les fleurs)...Même les statues et les tableaux, dans Le Château de Pictordu, prennent vie. Autant de faits extraordinaires dont seuls les enfants, véritables héros de ces contes d'apprentissage, peuvent être témoins...

    Dernier ouvrage publié du vivant de George Sand, les Contes d'une grand-mère (1873-1876) manifestent la vitalité sans faille de cet écrivain. Par-delà l'enseignement transmis aux enfants, c'est sa philosophie qu'elle dévoile à la veille de sa mort : voir, entendre, comprendre, aussi loin que possible. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A la fin de sa vie, autrice renommée, George Sand s’attelle à la rédaction de contes et pas n’importe quels contes : ceux-ci sont destinés à ses petites-filles, Aurore et Gabrielle, qui passent de longues périodes en compagnie de leur grand-mère dans son domaine de Nohant, dans le Berry.
    Les contes, au nombre de treize et rassemblés ici en un seul volume, ont été initialement publiés en deux salves, en 1873 et 1876, l’année même de la mort de George Sand. C’est d’ailleurs le dernier livre publié de son vivant. Certains des contes, comme La Reine Coax ou Le Géant Yéous ont également été publiés en revue dans la Revue des deux mondes, respectivement le 1er juin 1872 et le 15 avril 1873.
    Si ces treize contes ont été initialement écrits pour les enfants, on sent tout le plaisir que l’autrice a eu à les inventer et ce plaisir est communicatif. Le temps de cette lecture, on retombe en enfance et c’est toujours très agréable.
    Le recueil est relativement riche même si, évidemment, comme souvent dans ce type d’ouvrages, on va préférer certains textes à d’autres. Dans l’ensemble, je me suis laissé porter avec bien plus d’intérêt que je n’aurais cru au départ, n’étant pas une fan de George Sand à la base : et puis, force est de constater qu’à mesure que je la redécouvre, je me réconcilie peu à peu avec son œuvre. J’ai vraiment apprécié ma lecture d’Elle et Lui l’année dernière et encore une fois, j’ai pris plaisir à lire la plume de Sand avec ce recueil. Je l’ai imaginée à Nohant, écrivant avec joie ces contes qu’elle s’imagine ensuite raconter à ses petites-filles, partager ce moment avec ces deux enfants qu’elle aime tant.
    Dans ces contes, le fantastique est omniprésent mais, comme souvent dans le fantastique du XIXème siècle, acceptable pour un esprit cartésien ou pour quelqu’un qui, comme moi, n’aime pas forcément ce genre-là ou ne le connaît pas très bien. Le fantastique se met ici au service de petites histoires édifiantes et qui, en quelques pages, parviennent à distiller un nombre assez important d’aventures. Tout en utilisant les ficelles du contes, George Sand s’en éloigne un peu pour imaginer des mondes et des manières d’écrire qui ne sont qu’à elle et c’est vraiment très agréable pour le lecteur, qui semble se replonger dans quelque chose de connu mais…pas tout à fait non plus.
    Si vous aimez retomber en enfance le temps d’une lecture, vous lover dans une bulle de nostalgie qui vous rappellera vos premières lectures, parfois dans des recueils un peu anciens ou un peu jaunis, ces histoires qui vous faisaient tant rêver en stimulant votre imaginaire, ce recueil est fait pour vous.

    En Bref :

    Les + : et si on retombait en enfance le temps d'une lecture ? Dans ce recueil imaginé par George Sand à la fin de sa vie, on ressent tout son amour pour ses petites-filles, auxquelles il est destiné et on replonge avec plaisir dans ces histoires merveilleuses qui ont peuplé notre enfance et nous faisaient rêver.
    Les - :
    deux parties un peu inégales, j'ai trouvé que la première était un peu plus captivante, mais ceci est un point de vue subjectif et tout à fait personnel.


     Contes d'une grand-mère ; George Sand

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 


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  • « La guerre ne va pas durer éternellement. Nous ne pouvons pas la laisser tout nous prendre. »

     

     

         Publié en 2017 en Angleterre

      En 2019 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Chilbury Ladies' Choir

      Éditions Le Livre de Poche

      552 pages

     

     

     

     

    Résumé :

    1940. Un paisible village anglais voit partir ses hommes au front. Restées seules, les femmes affrontent une autre bataille : sauver la chorale locale pour défier la guerre en chantant. Autour de miss Primrose Trent, charismatique professeur de chant, se rassemble toute une communauté de femme, saisie dans cet étrange moment de liberté : Mrs Tilling, une veuve timide ; Venetia, la tombeuse du village ; Silvie, une jeune réfugiée juive ; Edwina, une sage-femme qui cherche à fuir un passé sordide. Potins, jalousies, peurs, amours secrètes...Entre rires et larmes, Jennifer Ryan, s'inspirant des récits de sa grand-mère qui a vécu le conflit depuis un petit village du Kent, sonde avec talent les âmes de chœur attachant et inoubliable.

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Printemps 1940 : comme la plupart des villages d’Angleterre, Chilbury a vu partir ses hommes. Et, coup de tonnerre, voilà que le pasteur décide de supprimer la chorale, faute de voix masculines. Mais c’est sans compter sur les femmes du chœur, qui ne l’entendent pas de cette oreille ! La chorale de Chilbury doit continuer et, faute d’hommes, elles ont l’idée de créer…la chorale des dames de Chilbury, dans laquelle se retrouve de très nombreuses femmes de la communauté, jeunes ou moins jeunes, du même milieu social ou pas. L’arrivée d’une nouvelle maîtresse de chœur, Primrose Trent, va galvaniser tout ce petit monde et redonner un nouveau souffle à cette chorale de village, soutien indéfectible des habitants pendant cette période trouble.
    Dans la veine du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ou de Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles, La chorale des dames de Chilbury fait partie de ces romans de guerre qui pourtant donnent le sourire. Toutefois, ne vous attendez pas à un petit roman gentillet et plein de bons sentiments. Chilbury étant situé dans le Kent, le village se trouvera en première ligne lors des débuts de la bataille d’Angleterre. Mais l’espoir et la bonne humeur ne sont jamais loin dans ce village qui est finalement très soudé et s’entraide quoi qu’il arrive.
    Le roman se découpe en plusieurs chapitres qui font alterner les voix. Ce n’est pas forcément très facile à suivre au départ, mais j’ai beaucoup aimé cette forme : lettres, journaux intimes…on découvre les pensées et les sentiments les plus intimes de certaines des habitantes du village. La douce et plutôt discrète Mrs Tilling, qui a pourtant beaucoup de ressources, sauve le chœur de Chilbury mais effectue aussi sa mission d’infirmière avec zèle, la jeune Kitty, âgée de quatorze ans, fille du propriétaire du manoir de Chilbury, qui vit dans une certaine monotonie et se distrait comme elle le peut, parfois en laissant son imagination déborder au risque de se brûler les ailes, sa sœur Venetia, qui apparaît au départ plutôt superficielle mais évolue tout au long du roman, jusqu’à devenir bien plus humaine et attachante, Edwina, une sage-femme nouvelle venue, dont on comprend que son cynisme cache peut-être quelque chose de plus profond et un passé difficile qui lui a enlevé ses illusions…au-delà de ses quatre narratrices principales, on découvre aussi d’autres personnages, leurs familles, leurs amoureux, leurs amisMrs Tilling accueille sans plaisir un colonel basé à Litchfield et qu’elle voit occuper la chambre de son fils, parti au front, Venetia tombe amoureuse et Kitty se fait des illusions sur un ami d’enfance mais peut compter sur le réconfort simple et sans arrière-pensée de la jeune Silvie, petite réfugiée arrivée de Tchécoslovaquie pour échapper à la fureur nazie. Au village, on croise aussi l’institutrice, appréciée de tous, la douce Hattie qui attend son premier bébé, l’insupportable Mrs B., pleine de principes et de grandes ambitions et qu'il est bon parfois de la voir se faire clouer le bec !
    Tranches de vue tantôt truculentes, drôles ou tragiques, La chorale des dames de Chilbury est un roman plutôt atypique mais aussi dynamique et, étrangement, plutôt réconfortant. On ressort de cette lecture avec un sentiment de chaleur, comme si les habitants de Chilbury nous accompagnaient encore un petit moment. Je les ai tous appréciés (même si, comme d'autres lecteurs, je ferai une mention spéciale à Venetia, dont l'évolution est spectaculaire tout au long du livre) et j’ai été un peu triste de les quitter. Jennifer Ryan s’est appuyée sur des souvenirs de sa grand-mère qui avait passé la Seconde guerre mondiale dans un village du Kent et on ressent l’authenticité de certaines anecdotes, de certains épisodes et c’est très sympa.  Cela rajoute vraiment un petit quelque chose au roman et nous montre que, si la guerre a bouleversé des vies, malgré l'incertitude, la peur, l'angoisse, la tristesse, la vie quotidienne continue et peut s'avérer belle, même quand les troupes nazies menacent, de l'autre côté de la mer.
    Au-delà de ça, il est très bien écrit, avec cette ambiance so british inimitable et que j’aime tant, qui peut rappeler un peu Downton Abbey par certains de ses personnages (on aura ainsi la vision fugitive de la Comtesse douairière ou encore, de lady Isobel et parfois de leurs joutes verbales, en cours de lecture) et j'ai parfois eu l'impression d'être dans Étés anglais d'Elizabeth Jane Howard par moments.
    Bref, si vous aimez ces romans historiques avec une ambiance inimitable, des tranches de vie simples et authentiques, alors vous ne serez sûrement pas déçus en allant visiter les rues de Chilbury. Loin de nous plomber avec un propos misérabiliste, La chorale des dames de Chilbury est un petit bonbon à savourer. Je n’ai désormais plus qu’une hâte : découvrir les autres romans de Jennifer Ryan.

    En Bref :

    Les + : un style rythmé et dynamique, un roman mené tambour battant, des personnages inimitables.
    Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever, c'était vraiment très sympa !


    La chorale des dames de Chilbury

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     


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  • « Nous sommes tous voués à recevoir, tôt ou tard, notre part de malheur. La seule chose que nous pouvons espérer est qu'il se présente le plus tard possible, pour que nous puissions quand même goûter un peu au bonheur. »

     

     

     Publié en 2016 aux Pays-Bas

     En 2019 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Nachtblauw

     Éditions 10/18

     336 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Au XVIIe siècle, après la mort suspecte de son mari, la jeune Catrijn quitte sa campagne néerlandaise pour tenter sa chance à la ville. Elle se rend à Amsterdam où elle est engagée comme intendante dans une famille. Passionnée de peinture, Catrijn aide la maîtresse de maison à parfaire son apprentissage. Elle fera même la rencontre de Rembrandt dans son atelier. Mais, poursuivie par son passé, la jeune femme doit fuir à Delft où elle est engagée dans une faïencerie, et formée par un ami de Vermeer. Le grand peintre voit d'un œil bienveillant le succès fulgurant de Catrijn lorsqu'elle met au point le célèbre bleu de Delft. Mais les accusations qui pèsent sur elle ne lui laissent guère de répit...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1655. Catrijn a vingt-cinq ans et vient de perdre son époux. Sans enfant, la jeune femme décide de vivre son rêve et de partir vivre à la ville, comme elle le souhaite depuis longtemps. Mais le poste qu’elle espérait à Alkmaar, la ville non loin de chez elle, n’est plus disponible quand elle y arrive. Catrijn doit alors partir plus loin et s’installe à Amsterdam, où elle devient intendante chez Adriaen et Brigitta Van Nulandt. La maîtresse de maison adore la peinture, même si ses talents sont médiocres et Catrijn, qui pratique elle aussi la peinture depuis son plus jeune âge, se rapproche d’elle. Mais la jeune femme traîne de lourds secrets et bientôt, son passé revient la hanter…d’Amsterdam, elle part vers Delft, où elle fait la connaissance de Johannes Vermeer, qui n’est pas encore le peintre renommé que l’on connaît et tient une auberge prospère avec sa mère et son épouse. Surtout, Catrijn trouve un emploi de peintre dans une faïencerie. En ce milieu de XVIIème siècle, la porcelaine rencontre un beau succès en Europe mais les manufactures européennes ne parviennent pas à produire une porcelaine aussi pure et aussi solide que celle de Chine. Mais, dans la manufacture d’Evert Van Nulandt, Catrijn met son talent au service d’une nouvelle faïence entièrement hollandaise mais imitant les motifs « chinoisants » grâce à son coup de pinceau. Catrijn et son patron sont à l’origine d’une nouvelle sorte de faïence, qui deviendra un produit recherché à part entière : le Bleu de Delft, une faïence aux décors bleus caractéristiques qui, après les décors inspirés de l’Orient mettra en scène des paysages néerlandais typiques - et si les personnages de Catrijn et Evert sont fictifs, l'aventure porcelainière de la ville de Delft au milieu du XVIIème siècle quant à elle, est authentique.
    Mais pour vivre pleinement, Catrijn doit d’abord se débarrasser des zones d’ombre de son passé et des secrets qui l’entourent.
    Ce roman est le deuxième de Simone van der Vlugt que je lis, après La maîtresse du peintre l’année dernière et mes observations sont assez similaires d’une lecture à l’autre. Ce que j’ai aimé dans La maîtresse du peintre, je l’ai aimé dans Bleu de Delft. Et malheureusement, ce que j’ai moins aimé, je l’ai aussi retrouvé ici.
    Le principal reproche que j’aurais à faire à ces deux romans, c’est de survoler le propos qui, par ailleurs, est intéressant. Là où d’autres auteurs auraient peut-être creusé le sujet, j’ai trouvé que Simone van der Vlugt restait en surface et c’est dommage : j’aurais aimé en savoir plus sur Catrijn par exemple et j’aurais aimé que la peinture soit plus présente dans sa vie, comme peut le laisser présager le résumé. J’ai été un peu déçue de cela, d’ailleurs, le fait que le résumé m’a vendu un récit que je n’ai pas forcément retrouvé par la suite.
    Pour le reste, à nouveau l’ambiance est très sympa, toujours en clair-obscur, comme dans une toile de Vermeer ou Rembrandt (et ça tombe bien, on les croise tous les deux, l’un déjà au faîte de sa carrière, l’autre ne l’ayant pas encore tout à fait commencée). Ce siècle d’émulation et de richesse culturelle n’a pas usurpé l’appellation de « Siècle d’Or ». Il y a toujours une ambiance particulière dans ces romans, qui tient peut-être à l’exotisme des noms néerlandais, à ces demeures élégantes qui bordent les canaux des grandes villes…c’est un dépaysement complet alors que le pays n’est finalement pas si lointain. Et pourtant, on a l’impression de faire un grand voyage.

    Faïences de Delft aux motifs d'inspiration chinoise


    Mais j’ai été frustrée. Frustrée que l’art, la peinture, la faïence qui sont pourtant au centre de la vie de Catrijn, ne soient pas au centre du roman. J’aurais aimé que l’autrice se focalise un peu plus sur cet aspect-là de sa vie, nous fasse découvrir de façon plus profonde l’évolution de ce talent, d’abord un talent d’enfant, de jeunesse, que Catrijn, dans la ferme familiale, ne peut mettre en œuvre qu’avec les moyens du bord. Ensuite, sa découverte de la vraie peinture à Amsterdam, par le biais de la mélancolique Brigitta puis l’expression totale de son art dans la faïencerie Van Nulandt, qui lui permet de stimuler complètement sa créativité.
    Tout cela, malheureusement, je l’ai eu mais en trop petites quantités. J’ai eu du mal à entrer dans la première partie du roman, je suis restée un peu en retrait et c’est dommage, alors que j’ai d’emblée apprécié Catrijn, peut-être pour ses fêlures et ses fragilités et en même temps pour sa force, sa détermination à avoir un avenir meilleur, malgré les erreurs, malgré le passé. Mais la deuxième partie du livre m’a un peu plus captivée, je me suis sentie un peu plus happée par ma lecture et j’ai eu l’impression d’ailleurs que mon rythme s’en ressentait, puisque j’ai finalement terminé le livre bien plus vite que je n’avais réussi à le commencer.
    J’ai passé un très bon moment avec Bleu de Delft malgré tout. Oui, le roman n’est pas parfait et il m’a laissé un petit goût d’inachevé mais globalement, ce n’est pas un mauvais roman historique, bien au contraire. Il est très bien écrit, met en avant des réalités du temps qui ne sont pas toujours très éloignées des nôtres. Et c’est peut-être justement parce que le roman est bon que j’en aurais presque voulu plus : oui je pense que j’aurais pu passer une centaine de pages de plus avec Catrijn.

     

    Vue de Delft par Vermeer (1659-1660)

    En Bref :

    Les + : un roman historique intéressant, au cœur du Siècle d'or hollandais, où l'on parle peinture et faïence, dans une ambiance de clair-obscur séduisante.
    Les - :
    un récit un peu plat, dans lequel il est difficile d'entrer. J'ai eu l'impression parfois de le survoler et qu'il manquait un peu d'approfondissement.


    Bleu de Delft ; Simone van der Vlugt

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

    • Découvrez mon avis sur un autre roman de Simone van der Vlugt :

    - La maîtresse du peintre

     

     

     

     

     

     


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  • « La terre lui avait forgé ce caractère, comme il avait forgé le relief de son domaine, sans pitié. »

    Une famille française (1)

     

     

     

      Publié en 2012

      Éditions Pocket

      428 pages 

      Premier tome de la saga Une famille française

     

     

     

     

     

    Résumé :

    A Saint-Ségur, en Corrèze, les Monestier règnent sur la Renaudière depuis le XVe siècle. En cet été 1910, Angel, le patriarche, compte sur le riche mariage de sa fille Clémence pour assurer l'avenir. Et puis, le temps venu, Paul, l'aîné, prendra la relève...Mais la Grande Guerre vient bouleverser la paisible destinée du domaine. Et les temps changent : l'évolution des mentalités, les progrès techniques, la nouvelle économie obligent l'intransigeant Angel Monestier à s'adapter à ce monde qu lui échappe. La prospérité de la Renaudière est à ce prix...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1910. Le roman s’ouvre sur le mariage de Clémence, la fille du patriarche de La Renaudière, Angel Monestier. Et pour sa première fille mariée, ce dernier a voulu mettre les petits plats dans les grands. On ne regarde pas à la dépense, surtout s’il s’agit d’en remontrer à la belle-famille, ces Brillat qui ne valent pas les Monestier car, sur ces terres corréziennes de Saint-Ségur, on a beau être paysan, on n’en respecte pas moins une certaine hiérarchie : le paysan aisé regardera de haut le cultivateur modeste qui lui-même ne fraiera pas avec le métayer, qui dépend d’une terre qui n’est pas à lui. Et quand sa famille est propriétaire de la même ferme depuis le XVème siècle, comme c’est le cas d’Angel, on ferait presque partie des notables du village, presque à égalité avec le maire, l’instituteur et le médecin.
    La Corrèze du début du XXème siècle est une terre rurale et paysanne. L’exode rural n’est pas encore massif, les villages sont peuplés, dynamiques, vivants. Le métier d’agriculteur est encore peu mécanisé, assez identique à ce qu’il était au siècle dernier mais les rendements sont au rendez-vous : on vit avec peu, on vit avec moins qu’aujourd’hui. Les crises financières ne sont pas encore passées par là, l’inflation non plus. Plusieurs générations vivent souvent sous le même toit et vivent du même produit de la terre.
    Mais, quand commence le roman, si ce monde rural et paysan n’a jamais semblé si puissant et si immuable, il est pourtant en train de pousser son chant du cygne. Dans quatre ans, la conflagration de la Grande Guerre de Quatorze va ébranler le monde entier sur ses bases et toutes les terres françaises, jusqu’aux plus reculées, comme ici au cœur de la Corrèze. Les hommes partent, mobilisés pour défendre la patrie : aux fourches et aux bêches, sont substitués des fusils. A défaut de travailler la terre, on s’enterre dans les tranchées et on s’y fait, bien souvent, trouer la peau. A la campagne il faut s’organiser : les plus âgés et les plus jeunes se mettent au travail, deux fois plus. Et surtout, les femmes qui, en plus des tâches domestiques, reprennent à bout de bras les exploitations, travaillant comme les hommes et permettant aux fermes de perdurer.
    La fin de la guerre amènera – pour certains – le retour des hommes, parfois aussi un retour aux vieilles habitudes patriarcales : les hommes retrouvent leurs champs, les femmes leur cuisine et l’éducation des enfants, remâchant amèrement une émancipation qu’on leur dénie maintenant qu’on n’a plus besoin d’elle. Mais une graine de progrès est plantée : pour les femmes, une envie de liberté plus grande, pour les plus jeunes, un appel de plus en plus irrépressible de la ville et un changement de mentalité qui fait qu’on ne pense plus forcément à devenir paysan parce que ses parents l’ont été avant soi. Et le fossé entre les générations, jusque là plutôt ténu, se creuse progressivement. Les envies, les aspirations ne sont plus les mêmes. Et gare à celui qui ne peut – ou ne veut – prendre le coche du progrès : ses roues le broieront sans aucun état d’âme. Si, dans les villes, on s'étourdit, dans ces années 1920 devenues les Années Folles, elles n'ont justement rien de fou au fin fond des campagnes, où le contre-coup du conflit est rude. 

     

    1914-1918 - Les femmes au travail dans la Grande Guerre - Herodote.net

     

    Des femmes travaillant aux champs pour remplacer les hommes pendant la Grande Guerre


    Ce premier tome de la duologie Une famille française, de Jean-Paul Malaval, se situe à un moment charnière de notre histoire contemporaine, marqué par l’horreur des tranchées et de cette Guerre mondiale après laquelle rien ne sera jamais plus comme avant. Les campagnes, peut-être plus que les villes, vont connaître une mutation profonde et parfois violente et le grand domaine de La Renaudière en est un bon exemple : encore prospère et florissant au début du siècle, géré comme il l’avait toujours été sans encombre, pour la première fois, il va connaître des difficultés financières dues aux lacunes de son propriétaire qui ne sait pas s’adapter. De plus en plus, des compétences particulières vont être nécessaires pour gérer une exploitation : savoir compter en arpents ou en litres de lait ne suffira plus pour la gestion comptable d’une ferme. Le matériel rudimentaire et la force humaine ne suffiront plus à travailler des champs plus grands, sur lesquels il va falloir plus produire, pour plus rapporter…le changement ne se fait pas en quelques années, cela se fera progressivement et celui-ci connaîtra encore un autre essor après la Seconde guerre mondiale, jusqu’à aboutir à l’agriculture productiviste que nous connaissons aujourd’hui. Mais déjà, on sent un vent nouveau, des changements peut-être imperceptibles pour les contemporains mais qui, mis bout à bout, vont aboutir à une profonde mutation d’une société qui semble inchangée depuis des siècles.
    A l’instar de Troyat (Les Semailles et les moissons), Michelet (Des grives aux loups), Signol ou encore Peyramaure, Malaval chante ici son amour à sa terre natale, la Corrèze dans un roman de terroir plutôt bien mené, pas révolutionnaire en soi mais qui utilise habilement les codes du genre. Bien souvent appuyé sur une solide trame historique, le roman de terroir est aussi l’occasion de parler d’un contexte en particulier, ici celui de la fin de la Belle Epoque puis l’entre-deux-guerres, vu par des paysans prospères des alentours de Brive, entre 1910 et 1935. Il semblerait que la Corrèze soit une terre à romans régionalistes, bien souvent mise en valeur par ces auteurs, à commencer par Christian Signol, le plus connu d’entre eux.
    Il y a une dizaine d’années, j’avais lu un premier roman de Jean-Paul Malaval, Soleil d’octobre, qui avait peiné à me convaincre. En retrouvant mon avis sur Livraddict, qui date de l’automne 2012, je me suis rendu compte que j’avais écrit ce qui suit : « Le roman est une suite de platitudes » (j'étais manifestement moins mesurée à l'époque qu'aujourd'hui). Et effectivement, c’est le sentiment que j’avais eu à la lecture de cette histoire qui se passe justement en Corrèze à la veille de la Grande guerre (encore une fois). Mais je me souviens aussi que j’avais aimé le traitement de l’histoire entre les deux personnages principaux, qui m’avait beaucoup plu.
    Mon avis concernant ce premier tome d’Une famille française sera bien plus nuancé. En effet, j’ai passé plutôt un bon moment de lecture : la plume est belle, le roman est bien documenté (même si ce n’est pas un roman historique à proprement parler, c’est bien tout de même de ne pas dire de bêtises). Le gros bémol pour moi ? Le manque flagrant d’empathie envers les personnages, que j’ai suivis certes sans déplaisir mais sans plaisir non plus. Ils ne sont absolument pas attachants et même parfois, assez antipathiques. La véritable émotion, sincère et authentique, arrive aussi un peu tard, dans les derniers chapitres et j’ai trouvé ça un peu dommage mais pour le reste, dans l’ensemble, le roman tient ses promesses.
    Les Monestier, malgré leurs défauts, sont représentatifs de cette France d’antan, plus rurale que citadine. Une France des fermes, dont l’expansion et la prospérité sont le produit du travail de plusieurs générations. Beaucoup de familles ont encore, dans leurs tiroirs ou leurs vieilles armoires, ces albums remplis de vieilles photos jaunies qui rappellent cette vie, pas si lointaine de la nôtre chronologiquement, mais qui en est tellement éloignée socialement parlant. Combien de Français aujourd’hui, à moins d’être citadin sur plusieurs générations, a comme ancêtre plus ou moins lointain un paysan, un cultivateur ? Pas mal d’entre nous, je pense. Je suis donc persuadée ce roman vous parlera quoi qu’il arrive, à plus forte raison si vous avez connu ce monde. 
    Le roman régionaliste se traîne une réputation d’être quelque peu ringard mais je crois que parfois, si on est curieux, il faut leur laisser une chance. On peut être agréablement surpris. Car, malgré les bémols soulevés plus haut, ce manque d’attachement aux personnages qui, vraiment, m’a frustrée, j’ai passé un bon moment. C’était une lecture agréable et qui me laissera, je crois, un bon souvenir. 

    ARCHIVES. Plongée au cœur de l'Aube rurale avant la Première Guerre mondiale

     

    Un village français d'avant Guerre, dans l'Aube (années 1910)

    En Bref :

    Les + : un roman de terroir au cœur de la Corrèze du début du XXème siècle. Dans la veine de Des grives aux loups ou Les semailles et les moissons, Malaval signe ici un bel hommage à sa terre natale. 
    Les - : le gros bémol ? Des personnages peu attachants et une émotion véritable qui arrive un peu tard. Dommage.


    Une famille française, tome 1 ; Jean-Paul Malaval 

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  


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