• [CONSEILS LECTURE] Les livres lus en 2023 que je vous recommande  

    Jeune fille lisant sur le divan, 1920 – Isaac Israëls - Culturez-vous

    Avec la fin de l'année, arrivent aussi le moment des bilans. Depuis quelques années, je me plais à instaurer ici un petit rituel fin décembre : les livres lus au cours de l'année et que je vous recommande tout particulièrement.  

    Ici, je ne sélectionne pas uniquement mes coups de cœur mais toutes les lectures qui ont pu me faire vibrer tout au long de l'année. Je me suis surprise, au moment de l'établissement de ma liste, du nombre de livres que je voulais y faire entrer cette année et dont je voulais absolument vous parler. Même si j'ai constaté depuis quelques temps que le coup de cœur est moins évident chez moi désormais, cela ne m'empêche pas de faire de très belles lectures et j'en suis bien sûr ravie. 

    C'est parti donc pour la sélection 2023. 

     

     

    • Bleu de Sèvres, Jean-Paul Desprat, Éditions Points

    Mots-clés : Roman historique, XVIIIème siècle, Porcelaine, Manufacture de Sèvres

    Fin janvier, j'ai relu Bleu de Sèvres, qui fait partie de la trilogie Les couleurs du feu, de l'historien Jean-Paul Desprat. Si certains sont meilleurs scientifiques que conteurs, ça n'est pas le cas de Desprat, qui mêle la rigueur du chercheur et la verve du romancier.

    Ce roman raconte le point de départ d'une folle aventure : faire arriver en France la porcelaine dure, qui pourrait concurrencer non seulement celle de Meissen, en Saxe mais aussi celle de Chine. Jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, la manufacture de Sèvres, qui est en passe de devenir une manufacture royale et l'un des fleurons du savoir-faire français, ne maîtrisant que les secrets de la faïence tendre. A travers le personnage fictif du jeune Anselme Masson, arrivant à Paris de son Limousin natal et qui, passionné de géologie, va mettre ses connaissances au service de la manufacture. Au même moment, Jean-Baptiste Darnet découvre non loin de Saint-Yrieix les premiers gisements de kaolin qui vont permettre à la France de commencer les essais pour élaborer une porcelaine dure nationale.

    Roman qui peut apparaître technique de prime abord, Bleu de Sèvres l'est sans nul doute sans pour autant être désagréable à lire. Grâce à des personnages bien travaillés, un contexte finement restitué Bleu de Sèvres est un roman dense certes, exigeant sûrement mais d'une richesse folle et qui saura assurément séduire les amateurs de romans historiques ambitieux. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    Couverture Le château de mon père

    • Le château de mon père, Maïté Labat et Alexis Vitrebert, Éditions La Boîte à Bulles

    Mots-clés : Roman graphique, Versailles, XIXème siècle

    L'une de mes envies en 2023 était de m'essayer aux romans graphiques. Mais l'offre pléthorique aura eu quelque peu raison de la néophyte que je suis car hormis ce livre de Maïté Labat et Alexis Vitrebert, j'ai un peu laissé tomber cette bonne résolution livresque. N'étant pas une grande fan de bande dessinée et ne trouvant pas souvent des styles de dessin qui me plaisent, j'avoue que pour le moment, cette envie de découvrir les romans graphiques m'est un peu passée. Il va falloir que je me renseigne vraiment sérieusement car je pense assurément pouvoir faire de belles découvertes, comme ce beau livre, au dessin surprenant mais qui m'a finalement séduite, notamment de par son sujet et sa richesse.

    On connaît peu Pierre de Nolhac, ou alors on a pu croiser son nom ici ou là au cours d'une lecture ou dans un article sur Versailles. Pierre de Nolhac est un conservateur de Versailles, si ce n'est peut-être le conservateur de Versailles qui, nommé à la fin du XIXème siècle, prend à bras-le-corps sa mission, quitte à négliger sa famille, faisant de Versailles l'un de ses enfants à part entière. Car lorsque Nolhac arrive à Versailles, l'ancien palais des rois est bien loin d'être le fleuron du patrimoine français qu'il est aujourd'hui, recevant des millions de visiteurs par an. Après la Révolution et les troubles politiques du XIXème siècle, le château est décrépi, presque réduit à l'état de ruine. Nolhac va mettre toutes ses forces et mobiliser tous ses réseaux pour sauver le château, le restaurer, le remeubler, affronter l'onde de choc de la Grande Guerre. Raconté par son fils Henri de Nolhac, le combat du conservateur nous apparaît touchant, plein d'une détermination folle mais qui nous laisse, plus de cent ans plus tard, un domaine magnifique, témoin de l'Histoire avec un grand H. Une biographie en forme de bande dessinée qui nous rend peut-être le personnage de Nolhac plus proche encore et plus accessible, pour mieux comprendre ce qu'on lui doit. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture La Brodeuse de Winchester

    • La brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier, Éditions Folio

    Mots-clés : Roman, Broderie, Sororité, XXème siècle, Winchester

    J'ai coutume de dire que Tracy Chevalier a le don de choisir le sujet auquel personne n'a pensé et de le magnifier, dans des textes toujours habilement maîtrisés et portés par des personnages que l'on n'oublie pas. La brodeuse de Winchester ne déroge pas à la règle, racontant l'histoire vraie de ces brodeuses britanniques et plus particulièrement ici de Winchester, qui se réunissaient en comités et brodaient des coussins pour les cathédrales.

    Ici, Tracy Chevalier, en situant son intrigue en 1932 et en choisissant pour héroïne une jeune femme d'une trentaine d'années, raconte le drame de ces femmes qui après la Première Guerre Mondiale furent considérées comme excédentaires, aussi choquant que puisse paraître cette dénomination : célibataires, ayant parfois perdu un fiancé ou un petit ami pendant le conflit, elles vivent dans une société qui considère d'un œil sinon méprisant, du moins méfiant, les femmes qui ne sont pas mariées. Avide de prendre un envol qui n'a que trop tardé, Violet Speedwell l'héroïne, emménage à Winchester et y découvre le cercle des brodeuses.
    On découvre dans ce roman non seulement l'histoire tragique de ces femmes dont on a peu parlé et qui portèrent pour certaines, non seulement la peine d'avoir perdu un être cher pendant la guerre mais aussi le sceau d'un célibat mal compris. Tracy Chevalier, avec sa plume fine, parvient toujours à magnifier chacun des sujets qu'elle choisit, à le rendre passionnant aussi et La brodeuse de Winchester ne fait pas exception.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture Loveday and Ryder, tome 1 : Le corbeau d'Oxford

    • Une enquête de Loveday & Ryder, tome 1, Le corbeau d'Oxford, Faith Martin, Éditions Harper Collins

    Mots-clés : Cosy mystery, Enquêtes, Roman policier, Années 1960, Duo d'enquêteurs

    Pas de cosy mystery dans cette sélection, ça ne serait pas normal me connaissant ! Et je suis ravie de vous présenter ce premier tome de la série de Faith Martin car rien n'était moins sûr au moment où je l'ai lu début mars. En effet, j'avais lu des avis quelque peu réservés voire mitigés et ne savait pas du tout où je me dirigeais. Finalement, je fais partie des lecteurs avec lequel ça l'a fait et j'en suis bien sûr ravie, vous vous en doutez.

    Je retiens de cette série l'époque dans laquelle elle se situe : le début des années 1960. Je trouve que cela apporte vraiment un petit plus car les romans de cosy mystery contemporains se situent où de nos jours où au XIXème siècle voire au début du XXème, mais très peu dans les années 1960. Faith Martin met également en scène un duo qui au départ peu paraître assez surprenant mais qui s'avère efficace : une jeune gardienne de la paix, Trudy Loveday qui doit faire sa place dans un monde très masculin et un médecin vieillissant, Clement Ryder, qui s'avère un véritable mentor pour elle. Sans nul doute, ce premier tome réunit toutes les clefs d'une bonne enquête de cosy mystery et inaugure, du moins je l'espère, une série prometteuse.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture La Traversée des Temps, tome 3 : Soleil Sombre

    • La traversée des temps, tome 3, Soleil sombre, Eric-Emmanuel Schmitt, Éditions Albin Michel

    Mots-clés : Roman historique, Fantastique, Égypte ancienne

    D'Eric-Emmanuel Schmitt, on attend toujours des romans surprenants, atypiques et sa série La traversée des temps, qui compte pour le moment trois volumes, ne déroge pas à la règle. Après l'engouement pour le premier tome, j'ai l'impression que l'émulation est un peu retombée car on voit moins cette série sur les réseaux sociaux mais cela n'a pas entamé ma fidélité envers elle et j'attends toujours autant la sortie du quatrième volume.

    Ici l'auteur, toujours dans les pas de ses deux héros doués d'éternité, Noam et Noura, nous emmène en Egypte, à l'origine de la civilisation pharaonique et du mythe d'Isis et Osiris, dieux, frère et sœur et époux. Après le Déluge et l'épisode de la Tour de Babel, tous deux racontés dans la Bible, l'auteur s'intéresse à l'histoire de Moïse, sauvé des eaux par une princesse égyptienne puis aux Dix plaies d'Egypte. C'est toujours érudit et passionnant, une façon originale d'aborder l'histoire de l'humanité et de rendre plus tangible cette histoire tellement ancienne qu'elle finit par se perdre dans les limbes des textes religieux et des légendes.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    Couverture Les enquêtes de Lady Hardcastle, tome 1 : Petits meurtres en campagne

    • Les enquêtes de Lady Hardcastle, tome 1, Petits meurtres en campagne, T.E Kinsey, Éditions City

    Mots-clés : Cosy mystery, Enquêtes, Roman policier, XXème siècle, Duo d'enquêtrices

    Vous le savez désormais si vous me suivez ici ou sur Instagram, je suis une grand fan des cosy mysteries mais, bien qu'il y ait pléthore de sagas qui fleurissent, je choisis toujours celles qui me font vraiment de l'oeil et je suis rarement déçue.

    Les enquêtes de Lady Harcastle me tentaient depuis longtemps, aussi c'est avec plaisir et curiosité que je me suis lancée au printemps dans la lecture de ce premier tome qui aura su me convaincre rapidement. L'ambiance (l'Angleterre rurale, le début du XXème siècle) et les deux personnages principaux, l'excentrique lady Hardcastle et sa suivante Flo, qui ont toutes les deux plus d'un tour dans leur sac et pourraient presque s'apparenter à des James Bond au féminin ont su me séduire très vite. A tel point que, en cette fin d'année qui arrive, plus de huit mois après avoir découvert cet univers, je n'ai désormais qu'une hâte : le retrouver dans le deuxième volume qui me tend déjà les bras depuis ma PAL.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    Couverture Anne, tome 3 : Anne quitte son île / Anne de Redmond

    • Anne de Redmond, Lucy Maud Montgomery, Éditions Toussaint Louverture

    Mots-clés : Classique, XXème siècle, Héroïne féminine

    Que dire d'Anne Shirley sans utiliser les mêmes qualificatifs que tout le monde, au risque de les voir se transformer en poncifs ? Et pourtant, quand on parle de la douceur de cet univers, que l'on dégusterait comme un petit bonbon au goût d'enfance et de nostalgie heureuse, c'est cliché mais en même temps, c'est tellement vrai que c'est difficile de ne pas le dire.

    C'est vraiment cette impression-là que me fait cette série depuis que je l'ai découverte il y a deux ans : une bulle douce et chaleureuse, où l'on se loverait comme dans un bon plaid. Anne Shirley est une jeune héroïne touchante, attachante et inoubliable, rien de moins. Si, en grandissant, elle perd un peu de la spontanéité de sa prime jeunesse, elle reste toujours aussi fantasque et imaginative. Dans ce tome, j'ai adoré suivre Anne et ses premiers pas à l'université de Redmond.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    Couverture La saga des Cazalet, tome 2 : À rude épreuve

    • La saga des Cazalet, tome 2, A rude épreuve, Elizabeth Jane Howard, Éditions Folio

    Mots-clés : Roman historique, Seconde guerre mondiale, Chronique familiale

    Si je vous dis que La saga des Cazalet est assurément l'une des meilleures séries (on pourrait même dire chronique) parlant de la Seconde Guerre Mondiale, vous me trouvez excessive ? Et pourtant, c'est la stricte vérité.

    La Seconde Guerre Mondiale a toujours beaucoup inspiré les imaginaires des romanciers, en bien comme en mal, d'ailleurs. Elizabeth Jane Howard est à situer sans nul doute dans la première catégorie, ne cédant ni à l'écueil de la romance de guerre insipide et mal venue, ni au pathos, ni au manichéisme. Ici, l'autrice se contente de relater le quotidien d'une famille d'industriels, les Cazalet, un peu avant, pendant et après le conflit. Nous suivons toutes les générations, des grands-parents aux parents en passant par les enfants. Et chacun, à sa manière, va aborder cette période charnière de notre Histoire. L'autrice est parvenue à nous faire nous sentir immergés dans la tension de l'époque et dans le quotidien qui, comme en toute période de crise, continue tant  bien que mal après avoir été ébranlé. Ici, dans ce deuxième tome, la guerre tant redoutée a commencé : à Home Place, la maison de campagne des Cazalet, on ne la voit encore que de loin, mais les fils de la famille, eux, sont déjà engagés. L'année 1940, synonyme en France de défaite et des débuts de la collaboration, marque pour l'Angleterre les débuts du Blitz. Sans misérabilisme, avec un style simple, concis et affûté, l'autrice nous raconte la guerre comme personne. C'est lent, toujours contemplatif, mais diablement efficace et prenant.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici. 

    Couverture Le silence des vaincues

    • Le silence des vaincues, Pat Barker, Éditions Pocket

    Mots-clés : Roman historique, Sororité, Féminisme, Antiquité, Mythologie grecque, Guerre de Troie

    On peut considérer que parler de la mythologie grecque du point de vue des femmes est une gageure mais l'autrice britannique Pat Barker s'y est essayée dans son roman Le silence des vaincues et, pour moi, c'est une réussite.

    Dans cette réécriture presque féministe de la Guerre de Troie, les femmes n'ont pas le beau rôle, loin de là. Ne se battant pas, elles sont des vaincues faciles, car les hommes peuvent au moins défendre leur honneur et mourir au combat, quand les femmes n'ont que leur corps comme monnaie d'échange et bien monnayable. Faites prisonnières, les femmes de Troie et des cités vaincues par les Grecs deviennent des trophées. Parmi elles, la secrète reine de Lyrnessos, Briséis, attribuée au héros grec Achille. Des murailles de sa ville vaincue, elle a vu mourir son mari et ses frères. Impuissante, elle a vu les Grecs ravager la cité et réduire en esclavage les plus faibles. Pat Barker décrit l'impuissance, la haine qui naît d'elle, mais aussi les relations complexes qui s'établissent entre vainqueurs et vaincus et pas toujours aussi unilatérales ni même aussi faciles qu'on pourrait le croire. On a beau être ennemis, parfois, les caractères s'accordent : ainsi, Briséis accordera avec reconnaissance sa confiance au doux Patrocle, compagnon d'Achille qui la traite avec bonté. Mais en même temps, les femmes troyennes qui évoluent au milieu des Grecs, traînent comme un boulet leur passé, un passé douloureux et traumatique, la mort des pères, des fils, des frères, des maris restant une plaie béante, avivée par la honte de la défaite. Pourtant, ces femmes ont plus de ressources qu'on ne pourrait le croire et malgré la privation de liberté, on ne peut les empêcher de réfléchir, leur esprit, lui, n'est pas pris en otage. Peut-être leur force principale réside-t-elle en cela.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici. 

    Couverture La Reine oubliée, tome 1 : Les Enfants d'Alexandrie

    • La reine oubliée, tome 1, Les enfants d'Alexandrie, Françoise Chandernagor, Éditions Albin Michel

    Mots-clés : Roman historique, Egypte ancienne, Rome antique

    Ici, je vous recommande un livre que j'ai lu originellement il y a plus de dix ans mais la suite se faisant attendre, je me suis décidée avant de me lancer dans les tomes 3 et 4, de relire les deux premiers et bien m'en a pris. 

    Je ne doutais pas d'aimer à nouveau mais quand même, à chaque fois, on a une petite pointe d'appréhension : le lecteur que l'on était il y a une dizaine d'années n'existe plus. On change et nos habitudes, nos goûts également. Force est de constater que, chez moi, l'univers de Françoise Chandernagor est intemporel puisque je l'ai découverte avec plaisir à vingt ans et je la relis avec toujours le même sentiment plus de dix ans plus tard. Biographie romancée, chronique historique mais rédigée avec un style pour le coup très contemporain (différent par exemple de l'immersion que l'autrice nous offrait dans L'allée du roi en adaptant sa plume au style du XVIIème siècle), Les enfants d'Alexandrie est un roman passionnant mais qui peut aussi dérouter. Pour ma part, c'est toujours une grande joie de lire un roman de Chandernagor car elle rend l'Histoire vivante et on peut se l'approprier facilement à travers ses écrits. Une grande réussite, comme toujours. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici. 

    Couverture Belle Greene

    • Belle Greene, Alexandra Lapierre, Editions Pocket

    Mots-clés : Roman historique, Etats-Unis, XXème siècle, Belle Da Costa Greene, Morgan Library

    Belle da Costa Greene est un nom que vous avez peut-être croisé au cours de vos lectures sans forcément le rattacher à sa propriétaire ou bien il ne vous dit absolument rien. C'était mon cas avant de m'intéresser à ce roman d'Alexandra Lapierre : qui était Belle Greene, que l'autrice prend comme héroïne ? 

    Née dans le sud des Etats-Unis au XIXème siècle, Belle est née de deux parents afro-américains : son père fait même partie des premiers activistes de la cause noire en Amérique. Et pourtant, Belle et ses frères et sœurs, par le jeu de la génétique et des métissages, ont la peau et les yeux clairs L'idée vient alors à la jeune femme, ambitieuse, de changer d'identité et de devenir blanche. C'est ce que l'on appelait dans l'Amérique post-Guerre de Sécession le « passing », autrement dit, des descendants d'esclaves noirs qui se font passer pour Blancs. Mais la loi est alors très sévère : l'esclavage a beau avoir été aboli après le conflit, la condition de la population noire est encore très complexe dans le pays et, en vertu de la « One Drop Rule » autrement dit la loi de l'unique goutte de sang qui stipule qu'un seul ancêtre esclave fait de vous un Noir, Belle se met hors-la-loi et encourt des poursuites particulièrement sévères. Pourtant, la jeune femme va se hisser à des hauteurs qu'elle n'aurait pu envisager : elle deviendra bibliothécaire et conservatrice de l'un des magnats new-yorkais les plus célèbres de l'époque, John Pierpont Morgan, fondateur de la Morgan Library. Elle acquiert des connaissances inouïes en littérature mais surtout en livres anciens et devient une véritable experte qui écume toutes les ventes aux enchères pour dénicher des trésors destinés à la Morgan Library. 
    C'est le destin non-conventionnel de cette femme que l'autrice nous raconte ici, en plus des conditions de vie complexes des populations noires, soumises à un racisme ordinaire mais aussi institutionnel. Peut-être le destin de Belle Greene n'est que plus percutant car il est authentique. On s'attache à elle ou pas mais on ne peut pas ne pas admirer sa ténacité.   

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici. 

                                                                                            

                                                                                      

    • Souvenirs d'enfance, tomes 1 à 3, Marcel Pagnol, Editions De Fallois et Grasset 

    Mots-clés : Autobiographie, Souvenirs, XXème siècle, Nostalgie, Marseille, Provence

    Grande amatrice de romans ou textes qui évoquent une nostalgie heureuse, je me suis dit qu'il était enfin temps, cette année, de découvrir les Souvenirs d'enfance de Pagnol. Eh oui, contrairement à beaucoup d'entre vous, je ne les avais pas lus à l'école (du moins pas en intégralité). 

    Dire que j'ai aimé serait un euphémisme. Il y a quelque chose dans ces textes qui m'a énormément plu, la sincérité d'un enfant qui devenu adulte, raconte ses souvenirs avec certes la plume d'un homme fait, déjà romancier et dramaturge expérimenté mais qui redevient, le temps d'écrire ces trois textes, le petit Marcel, né à la fin des années 1890 au pied du Garlaban, à Aubagne. Pagnol se plaît à nous raconter sa Provence d'antan, les siens (son père Joseph, instituteur à Marseille, sa mère la discrète Augustine, l'oncle Jules avec lequel Joseph se plaît à débattre de politique et de religion), les fameuses parties de chasse dans les collines avec son ami Lilli des Bellons (la célèbre chasse à la bartavelle, par exemple). Il y a quelque chose de familier et de vraiment touchant dans ces textes qui, sans prétention, racontent l'enfance insouciante, les bêtises et les belles rencontres. Lire les Souvenirs d'enfance de Pagnol c'est immanquablement convoquer les nôtres. Fil rouge de mon été, les trois premiers tomes des Souvenirs ont été des petits moments agréables et suspendus, le temps d'une lecture. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique de La gloire de mon père juste ici.
    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique du Château de ma mère juste ici
    • Envie d'en savoir pus ? Retrouvez ma chronique du Temps des Secrets juste ici

    Couverture Hamnet

    • Hamnet, Maggie O'Farrell, Editions 10/18

    Mots-clés : Roman historique, Renaissance anglaise, Époque Tudor, William Shakespeare

    Maggie O'Farrell, autrice encensée par beaucoup et dont la réputation n'est manifestement plus à faire était encore pour moi une illustre inconnue jusqu'en juillet dernier, date à laquelle j'ai lu Hamnet. Je dois avouer que c'est avec réticence que je l'ai sorti de ma PAL même si j'avais prévu de le lire déjà un petit moment. Paradoxal, me direz-vous ? Mais juste avant de le lire, j'avais lu deux ou trois avis enchaînés qui étaient carrément mitigés. Alors oui, on a beau dire et répéter qu'un avis c'est subjectif (et c'est vrai) parfois malheureusement les avis mitigés ne sont pas qu'une question d'avis personnel...

    Là, pour le coup, c'était le cas puisque Hamnet est l'un des meilleurs livres que j'ai lus cette année. Oui oui. Imaginez l'Angleterre de la fin de l'ère élisabéthaine : nous sommes à l'été 1596 à Stratford. Une petite fille tombe malade alors qu'elle est seule à la maison avec son frère jumeau, Hamnet. Ce dernier doit aller chercher de l'aide...mais son père est loin, sa mère occupée à plusieurs lieues de là à ramasser des herbes et des simples. Lorsque les adultes s'avisent de la gravité de la situation, il est trop tard...mais peut-être pas pour celle que l'on croyait perdue. 
    Hamnet n'est pas un roman joyeux et pourtant, il est difficile de le lâcher : il raconte la perte, le deuil, la culpabilité, l'amour maternel et fraternel, le sacrifice. Surtout, il raconte, sans jamais le nommer, l'histoire (ou plutôt un pan de cette histoire) de l'histoire de William Shakespeare qui disparaît ici derrière des qualificatifs aussi vagues que le père, le mari, le fils. On sait d'emblée que c'est lui et pourtant, jamais il n'apparaît clairement, jamais il ne prend le pas sur le drame familial qui se joue dans sa maison en juillet 1596 et conduit à la disparition tragique de l'un de ses enfants. Et pourtant, ce deuil inspirera au père, au dramaturge, l'une de ses plus belles œuvres, Hamlet. Plusieurs siècles plus tard, Maggie O'Farrell s'empare de la légende, du drame familial des Shakespeare et en fait un roman de toute beauté et des plus émouvants. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture Les déracinés, tome 4 : Un invincible été

    • Les déracinés, tome 4, Un invincible été, Catherine Bardon, Editions Pocket

    Mots-clés : Roman historique, République dominicaine, XXème siècle, Saga historique, Saga familiale

    Cet été, c'est le cœur serré que j'ai lu Un invincible été, le cœur serré car c'est le dernier tome de la saga familiale et historique Les Déracinés, commencé avec le tome éponyme dans les années 1930 en Autriche. Depuis lors, on suit Almah et Wil, deux jeunes viennois et juifs qui fuient l'Autriche à la fin des années 30 et trouvent refuge en République dominicaine, où ils vont installer leur nouveau foyer. Depuis, on suit toutes les générations, d'abord les pionniers, puis leurs enfants, désormais la génération de leurs petits-enfants, des années 1980 à nos jours. 

    La suite des Déracinés, moins dense que ce premier tome qui, il faut bien le dire, était magistral, m'a peut-être à chaque moins conquise tout en me faisant passer malgré tout de très bons moments de lectures car c'est dans les pas de personnages auxquels on s'attache sincèrement que l'on découvre tous les grands événements internationaux d'après 1945 : la création de l'Etat d'Israël, l'assassinat de Kennedy, les manifestations pour les droits civiques aux Etats-Unis, la guerre du Vietnam puis, plus récemment, les attentats du 11-Septembre, puis le séisme en Haïti en 2012. 
    Ce que j'ai aimé dans cette saga et jusqu'au bout, c'est évidemment son développement et le fait que l'on suive des personnages qui ne sont pas des héros mais des personnages ordinaires. C'est donc avec joie mais aussi avec un peu de tristesse que j'ai laissé derrière moi Un invincible été mais surtout avec la conviction suivante : lisez Les Déracinés ! Amateurs de sagas historiques et familiales, vous serez très probablement conquis. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture La légèreté et le grave : Une histoire du XVIIIe siècle en tableaux

    • La légèreté et le grave : une histoire du XVIIIe en tableaux, Cécile Berly, Editions Passés Composés

    Mots-clés : Essai historique, XVIIIème siècle, Histoire de l'art, Peinture

    Quel beau travail associé d'une jeune historienne passionnée, Cécile Berly et des éditions Passés Composés qui nous proposent un très bel objet à la couverture rigide et aux pages en papier glacé, qu rend toute justice aux oeuvres qui sont présentées ici par l'autrice. 

    Evidemment, dans un livre d'à peine 200 pages, l'autrice ne peut brosser une somme complète de l'art du XVIIIème siècle, qui est particulièrement riche, mais elle nous offre, grâce au choix d'une dizaine d’œuvres représentatives une esquisse d'un art qui, en l'espace d'une centaine d'années, passe des tableaux galants et presque grivois des peintres des Fêtes galantes, aux grandioses compositions des néo-classiques, dont Jacques-Louis David, en France, sera l'un des chefs de file. 

    Passionnée depuis de nombreuses années par le XVIIIème siècle et plus particulièrement par le XVIIIème siècle français, j'ai bien évidemment beaucoup aimé cette lecture. C'est un très bon point de départ pour aller s'informer plus avant, une très bonne introduction et ce n'est pas parce qu'elle a dû faire preuve d'esprit de synthèse que Cécile Berly délaisse la précision, au contraire. Vous apprendrez beaucoup de choses avec ce petit livre au profil un peu vintage mais absolument passionnant, pour peu que vous aimiez l'Histoire de l'art et décortiquer les tableaux.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture De pierre et de cendre

    • De pierre et de cendre, Linda Newbery, Editions Le livre de poche

    Mots-clés : Roman, Angleterre, Campagne anglaise, XXème siècle, Secrets de famille, Manoir

    Avant de lire ce roman en août, je ne l'avais littéralement jamais croisé, ni en librairie, ni même sur les réseaux sociaux. Je ne me souviens même pas comment je l'ai découvert. Probablement par le plus pur des hasards. 

    Et quand on dit que le hasard fait souvent bien les choses, c'est vrai ! De pierre et de cendre de Linda Newbery a été l'une de mes plus belles lectures de l'année : ne vous laissez pas attraper par la couverture douce et ses couleurs pastels qui sont trompeuses au possible ! Ce que vous allez trouver dessous n'est pas vraiment une intrigue douce et romantique. Dans les pas d'un jeune peintre devenu maître de dessin de deux jeunes filles dans un domaine isolé, nous découvrons, dans une ambiance feutrée, mystérieuse, parfois un peu inquiétante et gothique, les secrets de ce grand domaine, où vivent Miss Marianne et Miss Juliana, dans une relative solitude. Si leur père a veillé à leur donner le confort matériel, le jeune peintre se rend compte bien vite qu'elles ne sont pas heureuses et que l'une semble instable psychologiquement tandis que l'autre est en proie à une sévère mélancolie. Qu'est-il arrivé aux deux jeunes Miss Farrow pour qu'elles vivent ainsi quasi-recluses alors qu'elles sont encore très jeunes et quels secrets cachent-elles, avec l'aide de la dévouée Miss Agnew, leur gouvernante ? 

    J'avoue qu'en lisant le résumé, je ne m'attendais pas forcément à ce que j'ai lu par la suite mais j'ai été totalement conquise. Comme un roman d'ambiance, un roman à secrets, De pierre et de cendre nous permet d'avancer en nous fournissant peu à peu les clefs pour résoudre les énigmes et reconstruire le puzzle de vies en apparence sans histoires et qui pourtant, n'en sont pas moins brisées. J'ai beaucoup aimé cette lecture, pour les surprises qu'elle m'a apportée, pour son ambiance également parce que De pierre et de cendre est bien plus riche et dense qu'il n'apparaît au premier abord. 

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture La légende de Grace Darling

    • La légende de Grace Darling, Hazel Gaynor, Editions Milady

    Mots-clés : Roman historique, Romance historique, Faits réels, Secrets de famille

    Malgré d'évidents défauts, je ne peux que vous conseiller ce roman d'Hazel Gaynor qui n'est pas exactement la romance un peu facile et mièvre que j'attendais au départ.
    Connaissez-vous la légende de Grace Darling, qui donne son titre au roman ? Pour ma part, je dois avouer que je n'en avais jamais entendu parler auparavant et pourtant, une simple recherche sur internet vous permet d'en apprendre un peu plus sur cette jeune femme qui a bel et bien existé et vécu au milieu du XIXème siècle, avant de mourir de tuberculose avant ses trente ans. Grace Darling est la fille de gardiens de phare au large de l'Angleterre : une nuit de septembre dans les années 1840, elle aperçoit un bateau en difficulté non loin de l'île où elle vit avec ses parents. En pleine tempête, elle convainc son père d'aller chercher les naufragés, au péril de leur vie. Ils sauveront une dizaine de rescapés. La légende de Grace Darling est née.

    Abordant le fléau que peut être une célébrité non désirée, la trivialité de la curiosité humaine, La légende de Grace Darling est aussi une belle réflexion sur les secrets dans une famille, sur les liens filiaux. Roman à double-temporalité, romance certes mais aussi roman historique, ce livre a quelque chose de solaire : pourtant il aborde des sujets complexes, sérieux, notamment ceux cités ci-dessus. Comme je l'ai dit également, ce roman a quelques défauts : j'ai eu parfois du mal à me situer dans la généalogie de la famille Emmerson, que l'on suit une centaine d'années après Grace, dans les années 1930, dans le sillage de la jeune Matilda. Et si on finit par se douter de certaines choses, vraiment c'est plaisant à lire, sûrement parce que le fait que l'histoire de Grace Darling est vraie. Une lecture que l'on n'attend pas de prime abord mais que je recommande chaudement pour sa profonde beauté.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    Couverture Les détectives du Yorkshire, tome 7 : Rendez-vous avec la menace

    • Les détectives du Yorkshire, tome 7, Rendez-vous avec la menace, Julia Chapman, Editions Robert Laffont

    Mots-clés : Cosy mystery, Bruncliffe, Yorkshire, Enquête, Roman policier, Duo d'enquêteurs

    Et de un ! Voici mon premier coup de cœur de l'année, sans surprise, avec ma série préférée : Les Détectives du Yorkshire. J'avais prévu de lire le tome précédent, Rendez-vous avec la ruse dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge. J'ai attendu quelques jours à peine et, trop curieuse, je me suis jetée sur le suivant, Rendez-vous avec la menace, qui lui faisait immédiatement suite.

    Ce roman a une forme de course-contre-la-montre minutée, on suit les habitants de Bruncliffe et nos deux fins limiers désormais bien connus, Samson et Delilah, dans une véritable chasse à l'homme et c'est littéralement passionnant. Bien sûr, si vous n'aimez pas spécialement les cosy mysteries et que oui, bon, Les Détectives du Yorkshire c'est sympa mais sans plus, vous ne comprendrez certainement pas mon coup de cœur qui, pour le coup, repose sur un ressenti personnel très fort. Comme tous les coups de cœur me direz-vous, le coup de cœur d'une personne ne sera pas celui d'une autre mais parfois, on peut avancer une plume particulière, le traitement d'un sujet...ici, je serai bien en peine de vous expliquer mon coup de cœur autrement que : ça devait arriver. J'aime tellement cette série que je me doutais bien qu'à un moment donné, l'un de ses tomes sortirait du lot et ce fut le cas avec le septième mais attention, entendons-nous bien : j'ai évidemment aimé les précédents mais celui-ci a un petit quelque chose supplémentaire. L'univers de la série s'étoffe dans ce tome et permet déjà, avant la conclusion qui surviendra dans un dixième et ultime tome, de débloquer quelques clés. Une saga des plus addictives sans nul doute et ça n'est pas près de se terminer !

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

    Couverture Le bureau des affaires occultes, tome 1

    • Le bureau des affaires occultes, tome 1, Eric Fouassier, Editions Le livre de poche

    Mots-clés : Roman historique, Enquête, Roman policier, XIXème siècle, Révolution de juillet 1830

    Voici les débuts d'une saga prometteuse : imaginez le Paris en clair-obscur d'après les Trois-Glorieuses. Le règne de Louis-Philippe Ier n'a que quelques mois mais est déjà bien fragilisé. Et dans la capitale, le crime n'a pas cessé. On suit un jeune inspecteur solitaire et mystérieux, Valentin Verne, qui doit enquêter sur des morts étranges. Assassinats ou suicides ? La frontière est mince dans cette enquête et Valentin soupçonne rapidement que l'on pourrait maquiller habilement des meurtres en suicides. En effet, comment pouvoir soupçonner que le fils d'un éminent député ait été assassiné après que plusieurs témoins l'aient vu se jeter par une fenêtre ? Et pourtant...entre complots politiques et crime organisé, il s'en passe des choses, dans le Paris de 1830.

    J'aime l'univers immersif d'Eric Fouassier, qui a une plume directe, parfois incisive et qui s'adapte assez bien à toutes les époques qu'il décrit, que ce soit le Moyen Âge ou, ici, le XIXème siècle. J'ai apprécié l'ambiance assez sombre de ce premier tome, même si certaines choses peuvent mettre mal à l'aise (mais je pense que c'est voulu). Le bureau des affaires occultes est un premier tome qui appelle une suite et ça tombe bien, elle existe déjà car c'est vraiment le tremplin d'un univers qui ne demande qu'à se développer plus avant, porté en plus par des personnages intéressants et ciselés.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    •  Jane Eyre, Charlotte Brontë, Editions RBA

    Mots-clés : Classique, Roman victorien, XIXème siècle, Romance

    Et voici mon deuxième coup de cœur de l'année. Dans le cadre de mon défi perso de l'année 2023 de lire plus de classiques, je m'étais dit que je relirais bien Jane Eyre, découvert il y a plusieurs années. J'avais gardé le souvenir d'une lecture riche et percutante mais je ne m'en rappelais pas en détail. Mais je suis arrivée à la fin de l'automne sans l'avoir lu et finalement, c'est vraiment sur le fil, le jour même de la clôture du Pumpkin Autumn Challenge que j'ai terminé Jane Eyre. En ayant un coup de cœur.

    Je suis donc vraiment ravie finalement de m'être décidée, même au dernier moment. La traduction de mon édition est un peu datée mais cela n'a rien enlevé au plaisir de lecture, j'ai passé un très agréablement moment. Les sœurs Brontë ont un style assez moderne, qui ne vieillit pas, je trouve et j'ai retrouvé ce qui m'avait tant plu initialement dans Jane Eyre : le couple iconique, l'héroïne inoubliable, d'une certaine modernité : ainsi, Jane Eyre n'est pas une héroïne passive, soumise aux désirs et souhaits des hommes, elle sait se révolter quand il le faut, opposer ses opinions quand il le faut. Une œuvre majeure de la littérature victorienne et qui saura séduire tous les amoureux de classiques à la plume fine et sensible et aux personnages complexes et bien dessinés.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

    •  Anne de Windy Willows, Lucy Maud Montgomery, Editions Monsieur Toussaint Louverture

    Mots-clés : Classique, XXème siècle, Héroïne féminine

    Anne est attachante, haute en couleurs, fantasque. Elle a beau grandir, c'est toujours avec bonheur qu'on la retrouve...surtout quand on la retrouve là où on ne l'attend pas ! Anne est maintenant une jeune femme, elle a quitté Avonlea et Green Gables mais y revient toujours comme dans un port d'attache réconfortant. Elle est fiancée, amoureuse et exerce un nouveau poste d'enseignante à Summerside. Elle doit s'habituer à un nouvel univers et parfois même à l'hostilité de certaines personnes, ce que dans sa profonde gentillesse et générosité, elle ne comprend pas toujours très bien.

    Anne de Green Gables est un univers tendre, enfantin mais pas aussi léger ni aussi simple qu'on ne pourrait le croire. Même si ce sont des romans jeunesse, ils ont séduits des millions de lecteurs partout dans le monde et pas que des enfants ni des adolescents. Même adulte, on peut prendre plaisir à lire ces romans plein de douceur et réconfortants, qui pourront vous distraire pendant une parenthèse un peu suspendue. Anne de Windy Willows est différent des tomes précédents, émaillé d'extraits de correspondance mais tout aussi agréable à lire, on suit Anne dans ses nouvelles pérégrinations et lire ses mots est une expérience assez sympathique. Le fait qu'elle grandisse, vieillisse mais sans jamais perdre sa sincérité et le charme de sa spontanéité est un énorme point fort et me la rend toujours plus attachante.

    • Envie d'en savoir plus ? Retrouvez ma chronique juste ici

     

     

    Et vous ? Quelles sont vos lectures de 2022 que vous souhaiteriez recommander ?


    votre commentaire
  • [POUR ATTENDRE NOËL 2023] #2 Traditions d'ailleurs : en Islande, le déluge de Noël 

    [POUR ATTENDRE NOËL 2023] #2 Traditions d'ailleurs : en Islande, le déluge de Noël

     

     

    Connaissez-vous la tradition islandaise du Jólabókaflóðið, que l'on peut traduire en français par Déluge de livre ? 

    Bien que relativement récente car ne datant que du milieu des années 1940, cette coutume est désormais très ancrée dans les rituels de fêtes des Islandais. 

    En Islande, on assiste à de très nombreuses sorties de livres dans le mois qui précède Noël, d'où le déluge de livres. Généralement, ces livres sont destinés ensuite à être achetés comme cadeaux qui seront offerts le soir de Noël. 

    Très populaire dans tout le pays, ce rituel consiste à s'installer au coin du feu, généralement avec des douceurs sucrées comme un chocolat chaud, afin de lire l'un des livres que l'on vient de recevoir sous le sapin. Généralement, on déballe ces cadeaux livresques après avoir profité d'un copieux repas de fête, composé en Islande de poissons fumés, de viande de mouton rôtie ou bien encore de volaille, sans oublier le célèbre porridge de Noël. 

    Chaque année, les nouvelles publications sont répertoriées et compilées dans les Nouvelles des livres (Bókatíðindi)) : ces listes sont distribuées ensuite gratuitement à tous les foyers islandais. Cette distribution marque officiellement le début de la vague de livres et le début des vacances. 
    Cette tradition typiquement islandaise découle non seulement de la tradition littéraire islandaise qui est séculaire et des restrictions dues à la récession économique pendant la Seconde guerre mondiale : en effet à ce moment-là et après-guerre les Islandais se trouvent confrontés à une importation limitée des articles-cadeaux qu'ils avaient l'habitude d'offrir à Noël consécutive notamment à l'isolationnisme de nombreux pays européens qui sont en pleine reconstruction. Seulement, ces restrictions ne s'appliquaient pas aux importations de papier : le livre est alors devenu un cadeau de fête de choix, très apprécié des Islandais.

    Une bien jolie tradition que nombre de bibliophiles seraient heureux de voir se diffuser, n'est-ce pas ? 

    [POUR ATTENDRE NOËL 2023] #2 Traditions d'ailleurs : en Islande, le déluge de Noël 

    Le Jólabókaflóðið est une jolie tradition, dans le plus pur style hygge cher au Scandinave : un chocolat chaud, un feu de cheminée et des livres sous le sapin, que demander de mieux ?

     

     

     


    2 commentaires
  • « Il était bien joli ce chemin de Provence. Il se promenait entre deux murailles de pierres cuites par le soleil, au bord desquelles se penchaient vers nous de larges feuilles de figuier, des buissons de clématites, et des oliviers centenaires. »

    Souvenirs d'enfance, tome 2, Le Temps des Amours ; Marcel Pagnol

     

     

     

     

         Publié en 2004

      Editions de Fallois (collection Fortunio)

      253 pages

      Quatrième tome de la saga Souvenirs d'enfance

     

     

     

     

    Résumé :

    L'année de cinquième ; la découverte de la « vocation » poétique ; Lagneau, le cancre héroïque, et encore et toujours Lili, qui, en compagnie de Marcel, soutient Joseph lors d'une partie de boules d'anthologie...

    Annoncé comme « à paraître »  dès la sortie du Temps des secrets, Le temps des amours (1977) sera différé par un Pagnol pris par d'autres projets et qui, peut-être, retardait le moment de quitter les héros de son enfance. Personne n'y croyait plus lorsque, trois ans après la mort de l'écrivain, ses proches trouvèrent dans ses dossiers un certain nombre de chapitres achevés qui, mis bout à bout, constituaient ce Temps des amours si longtemps attendu. Plus hétéroclite que les trois premiers, ce quatrième volume contient pourtant certaines des plus belles pages de Pagnol, notamment une histoire de la peste à Marseille à laquelle l'écrivain tenait particulièrement. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Publié de manière posthume en 1977, Le temps des amours devait initialement composer un seul et même volume avec son prédécesseur, Le temps des secrets, où Marcel Pagnol raconte d'ailleurs la naissance d'un premier émoi amoureux enfantin, lorsqu'il rencontre la jolie Isabelle. Mais s'avisant que ce dernier volume était bien conséquent en comparaison des deux autres, il avait entrepris de les diviser, afin de clôturer ses Souvenirs d'enfance avec un quatrième et ultime volume. Il n'aura pas le temps de l'achever mais ses proches, avec l'aide de l'éditeur Bernard de Fallois, décidèrent de le publier tel quel. Certes, le volume tel que nous l'avons entre les mains n'est peut-être pas exactement ce que Pagnol avait en tête mais il a le mérite de mettre un véritable point final à la série et de ne pas la laisser inachevée. 
    Le temps des amours reprend immédiatement après Le temps des secrets. Marcel est désormais en cinquième et il fait désormais partie des anciens : le lycée n'est plus un territoire nouveau à conquérir et le jeune homme en devenir se fait une joie de retrouver ses compagnons, avec lesquels l'inspiration pour les bêtises ne se tarit jamais. La blouse amidonnée et bien repassée du début d'année est également troquée dès l'arrivée au lycée pour la vieille blouse de l'année précédente, qui distingue les élèves des classes supérieures aux petits nouveaux de sixième. Pour Marcel, le lycée est aussi le lieu de la première émancipation, celle de la famille qui n'est plus au centre de sa vie et de fait, ne l'est plus non plus de son oeuvre (« Ce n'est que bien plus tard que je découvris l'effet le plus surprenant de ma nouvelle vie scolaire : ma famille, ma chère famille, n'était plus le centre de mon existence. »). Ainsi, les personnages familiers des tomes précédents ne deviennent plus que des figurants, à l'instar de l'oncle Jules, de Joseph et Augustine, les parents de Marcel et le petit frère Paul est mentionné rapidement au détour d'une page. La Bastide-Neuve et les sorties dans les collines avec Lili deviennent également anecdotiques. Le temps des amours aurait pu être appelé Le temps du lycée, tant nous passons de temps sur les bancs de l'école avec Marcel et ses camarades, à commencer par Lagneau, qui ne passe pas une semaine sans écoper d'une retenue. Familière et tout en même temps nostalgique, cette vieille école du début du XXème siècle a le don de nous replonger dans nos propres souvenirs et nous fait découvrir aussi dans quelles conditions on enseignait et on étudiait dans les années 1900. 
    Comparé aux trois précédents, Le temps des amours est probablement celui que j'ai trouvé le moins captivant, pour moi il est un peu en-dessous de La gloire de mon père, Le château de ma mère et Le temps de secrets. Mais c'est quand même une joie, toujours, de retrouver le petit Marcel. On sent tout le plaisir que le Pagnol adulte avait à faire revivre, tout en jouant bien sûr avec ses souvenirs, celui qu'il était plus de quarante ans auparavant. Je le dis souvent, mais j'aime cette nostalgie heureuse dans les livres et j'ai trouvé assez cohérent de lire ce livre qui convoque l'enfance au moment des fêtes de Noël. Y a-t-il meilleure période de l'année pour rappeler les souvenirs d'enfance ? Je pense d'ailleurs que Pagnol aurait pu écrire de très beaux contes de Noël provençaux car il avait une plume vraiment visuelle et qui stimule les sens (on entend les accents et le chant des cigales, on sent les odeurs de la garrigue). 
    Dans ce tome, où les amours ne sont finalement pas aussi importants qu'on pourrait le croire (à l'exception de la rencontre de Lagneau avec la jolie Lucienne), les pages que j'ai le plus aimées, même si je n'ai pas forcément compris ce qu'elles venaient faire là de prime abord, sont certainement celles consacrées à la relation de l'épidémie de peste à Marseille en 1720, tandis que la description du concours de pétanque où l'équipe de Joseph et de l'oncle Jules se mesure aux champions du village fait écho à la fameuse chasse aux bartavelles du premier tome. Si Pagnol devait prouver qu'il était un bon conteur, il l'a fait avec ces pages
    Je mets donc un point final à la lecture de cette tétralogie avec cette lecture et j'en suis très contente. J'ai passé de très bons moments avec la lecture de chacun de ces tomes et je n'ai maintenant plus qu'une envie : découvrir encore mieux l'oeuvre de Pagnol, avec La trilogie marseillaise maintenant, pourquoi pas ? 

    Cinéma : « Le Temps des secrets », quand le petit Marcel Pagnol perd son  enfance

    Les Souvenirs d'enfance ont été souvent adaptés au cinéma ou à la télévision : en 2021, Léo Campion prête ses traits à Marcel et partage l'affiche avec Guillaume de Tonquédec qui joue son père et Mélanie Doutey qui incarne sa mère, Augustine

    En Bref :


    Souvenirs d'enfance, tome 2, Le Temps des Amours ; Marcel Pagnol

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

     

    • Découvrez mon billet sur les premiers tomes des Souvenirs d'enfance :

    La gloire de mon père

    Le château de ma mère

    Le temps des secrets 

     

     


    votre commentaire
  • [ZOOM SUR 1 CLASSIQUE] Persuasion

    Bonjour à tous !
    Le mois de décembre touche à sa fin et il est temps de nous retrouver pour le dernier Zoom sur 1 classique de l'année. Ce mois-ci, je vous parle de Persuasion, roman de Jane Austen publié il y a exactement 206 ans.

    [ZOOM SUR 1 CLASSIQUE] Persuasion

    1. Comme Northanger Abbey, Persuasion est publié de manière posthume en décembre 1817.

     

    2. L’intrigue du roman, qui se déroule entre 1814 et 1815 est concomitante avec l’époque à laquelle Jane Austen le rédige, puisqu’elle en démarre l’écriture en août 1815.

     

    3. Le roman met en scène les retrouvailles d’Anne Eliott et de Frederick Wentworth, dont elle a refusé la demande en mariage huit ans plus tôt.

     

    4. Publié en France pour la première fois en 1821, Persuasion fait pourtant partie des romans de Jane Austen, avec Mansfield Park, qui sont les moins traduits en France. La dernière traduction en date a été effectuée à l’occasion de la sortie des Œuvres Complètes de Jane Austen en Pléiade en 2013.

     

    5. La dernière adaptation de Persuasion pour Netflix, datant de 2022, met en scène l’actrice américaine Dakota Johnson dans le rôle d’Anne Eliott. Controversée, cette adaptation qui se veut résolument moderne, a pu être critiquée justement pour cette actualisation de l’œuvre d’Austen et un parti-pris trop novateur, comme l’interpellation directe des spectateurs par l’héroïne.

    • L'AUTEUR EN QUELQUES PHRASES

    Credit: Getty Images/Hulton Archive

    Née le 16 décembre 1775 dans le Hampshire, morte précocement en juillet 1817 à Winchester, Jane Austen est issue de la petite gentry rurale et ses éléments biographiques sont assez lacunaires : on connait surtout Jane Austen à travers la correspondance qu'elle entretint avec les siens (frères, sœurs et nièces) et les souvenirs de ces derniers. Ses premiers romans sont publiés de manière anonyme de 1811 à 1816 et l’œuvre d'Austen connaîtra surtout un succès croissant à partir du siècle suivant. Aujourd'hui, sa popularité est mondiale et les admirateurs de Jane Austen sont appelés « janeites ».


    2 commentaires
  • MON CHALLENGE PERSO 2023 : LIRE PLUS DE CLASSIQUES  - LE BILAN

    Presque un an après m'être dit que ça serait bien, quand même, qu'en 2023 je lise un peu plus de classiques, où j'en suis ? Je vous propose ici un petit bilan récapitulatif de ces douze mois pendant lesquels j'ai essayé d'intégrer à mes lectures mensuels un petit peu plus de classiques. 

    Je vous propose une revue rapide sur chacun de ces livres, lus entre février et décembre mais vous pourrez retrouver aussi ma chronique détaillée de chacun d'entre eux sur le blog. 

     La dame aux camélias ; Alexandre Dumas fils

    • La Dame aux Camélias, Alexandre Dumas Fils

     

    Le postulat de départ de La dame aux camélias est simple comme bonjour : un jeune homme remarque au théâtre une jeune femme. Elle lui plaît, on la lui présente. La belle affecte une moquerie espiègle et une indifférence de façade. Le jeune homme est tout à fait charmé. Il veut la voir, ils se revoient, elle tombe sous le charme à son tour et succombe.
    Sauf que voilà : si Armand, le jeune héros du roman est un pur produit de ce XIXème siècle français, issu d'une famille provinciale respectable, à l'aise sans être opulente, a tout du bon parti et ferait un gendre tout à fait convenable, il n'en va pas de même pour l'objet de ses désirs, la piquante Marguerite Gautier, qui n'est pas exactement ce que l'on pourrait appeler une femme comme il faut. Mais Armand est amoureux, d'un amour passionnel, dévorant : pour Marguerite, il est prêt à tout, sauf à la partager. 

    Il y a quelque chose de tragique dans ce roman car il commence par la fin : je ne vous divulgue rien en vous disant que le roman s'ouvre sur la dispersion aux enchères des biens d'une demi-mondaine récemment décédée, afin d'éponger ses dettes. C'est autour de cet événement tragique que tout le reste du roman s'articule, le narrateur anonyme étant finalement amené à rencontrer Armand, l'amant inconsolable et pour qui le regret est d'autant plus amer qu'il avait touché du doigt le rêve d'offrir à Marguerite une vie respectable. On sait donc dès le départ que cet amour est voué à l'échec et que toutes les préventions sociales qu'auront à affronter les deux amoureux ne sont rien face à la mort qui broie tout et sépare tout. Le temps de Marguerite est compté et ses hésitations lui en font perdre d'autant plus. Pourtant Armand, dans l'exaltation de l'amoureux, ne doutera jamais. La chute n'en sera que plus dure pour lui.
    La dame aux camélias est un roman mélancolique mais sans pathos, la description d'un monde qui n'est pas respectable à l'époque mais qui se fait ici sans jugement.

     Elle et lui ; George Sand

    • Elle et Lui, George Sand 

     

    Dans ce roman, tout est vrai et rien n’est vrai. George Sand y devient Thérèse Jacques et Musset, Laurent de Fauvel. Les deux héros ne sont plus des auteurs mais des peintres. On ne sait pas grand chose de leur passé si ce n’est que Laurent, relativement jeune, a entretenu de nombreuses liaisons toutes assez fugaces.

    L’histoire de Thérèse et Laurent m’est souvent apparue, au cours de ma lecture, comme violente et toxique. Il n’y a rien de beau dans cette histoire qui semble plus celle d’une dépendance qu’une véritable relation. Laurent est excessif en tout, il aime mais il aime mal, essayant d’assujettir Thérèse et de ne la garder que pour lui. Ses crises de colère semblent être le fruit d’un manque de confiance en soi et d’un manque d’estime de lui-même mais n’excusent en rien les mots qu’il peut avoir contre Thérèse. En exergue, c’est une figure presque sacrificielle qui nous apparaît, celle d’une femme habituée à faire passer les autres avant elle et qui ne répond pas, drapée dans une volonté de faire le bien de celui qu’elle appelle parfois – et c’est parlant – son « enfant » ou son « pauvre enfant ».

    Elle et lui est souvent considéré comme une réponse à La confession d'un enfant du siècle de Musset. 

     Couverture Anne, tome 3 : Anne quitte son île / Anne de Redmond

    • Anne de Green Gables, tome 3, Anne de Redmond, Lucy Maud Montgomery

     

    Anne a dix-huit ans et s’apprête à entrer à l’université de Redmond, à Kinsgport. Cela signifie qu’elle va devoir s’éloigner de son cher Avonlea et de l’univers familier qui a été le sien jusqu’ici. Partagée entre anxiété et impatience, la jeune femme commence à envisager son avenir. Alors que son amie d’enfance Diana Barry s’apprête à se marier, que de nombreuses jeunes femmes de leur âge se fiancent et abordent leur future vie de femme mariée et de mère de famille, Anne et son amie Priscilla foulent les bancs de l’université, où notre héroïne retrouve un autre de ses amis d’enfance, Gilbert Blythe, qui est loin de la laisser indifférente. A Redmond, les deux jeunes femmes rencontrent la truculente et fantasque Philippa Gordon, surnommée Phil, avec laquelle elles vont se lier d’amitié. Dans une joyeuse camaraderie adolescente, les jeunes étudiantes découvrent une nouvelle vie et s’y installent avec exaltation.

    Si l’atmosphère est un peu différente des deux premiers tomes, Anne de Redmond reste pour moi un petit bijou de douceur, un petit bonbon. Ça se lit avec une vitesse étonnante et en même temps l’univers est d’une telle richesse que l’on n’a aucune impression de superficialité.

     La lettre écarlate ; Nathaniel Hawthorne

    • La lettre écarlate, Nathaniel Hawthorne

     

    Nous découvrons donc, dans la toute jeune colonie de la Nouvelle-Angleterre, en 1642, l’histoire d’Hester Prynne, une jeune femme qui s’est rendue coupable d’adultère et doit porter sur la poitrine l’infamante lettre « A », censée rappeler à tous son péché. A sa sortie de prison, la jeune Hester porte aussi dans les bras la preuve plus tangible encore que la lettre écarlate de son adultère : un bébé de quelques mois, sa fille Pearl qui manifestement n’est pas née de son époux mais bien de son amant.
    La lettre écarlate est donc le récit sur sept années de la vie d’Hester Prynne et de sa petite Pearl, enfant étrange, mystérieuse et quelque peu inquiétante. Installée aux marges de la société de Boston sans en être totalement ostracisée non plus, Hester mène une vie retirée et simple, élevant sa fille seule et les nourrissant en se procurant un peu d’ouvrage de couture et de tissage auprès des habitants de la ville qui, au fil du temps, semblent oublier la condamnation d’Hester, son péché et le scandale qu’il a causé.

    Autant vous dire tout de suite que ce ne fut pas une (entière) réussite. Pour quelles raisons ? Je ne sais pas. Je pense que ce n’était peut-être pas le bon moment mais aussi peut-être, tout simplement, parce que ce roman n’était pas pour moi. J'ai peiné à me sentir captivée malgré l'intérêt évident que j'avais pour l'histoire d'Hester et le côté très moderne du récit car sans la considérer comme une héroïne féministe, Hester est très certainement un archétype de la femme qui s'est libérée des carcans et des injonctions de la société dans laquelle elle vit. 
    Toutefois, l’histoire d’Hester Prynne évoque beaucoup de choses : la puissance souvent néfaste du patriarcat dans une société et le poids de la religion qui en est souvent l’une des causes, la marque infamante qui, dans une moindre mesure, peut rappeler l’étoile jaune de sinistre mémoire.
    Il y a quelque chose d’assez intemporel aussi dans ce roman : la justice souvent moins complaisante pour les femmes, la honte des mères dont l’enfant né en dehors des liens du mariage ou d’un adultère comme ici qui doivent élever un enfant synonyme de péché pour la société…on ne peut s’empêcher d’ailleurs de se demander ce qu’il est arrivé à l’amant d’Hester et si lui continue de couler des jours heureux tandis que la jeune femme porte tout le poids de leur faute qui est finalement commune. Je n’en dirai pas plus mais la punition, dans La lettre écarlate, n’est pas à sens unique…

     Lady Susan suivi de Les Watson et Sanditon ; Jane Austen

    • Lady Susan suivi de : Les Watson et Sanditon, Jane Austen

     

    Réunis pour la première fois dans un recueil en 1885, Lady Susan, Les Watson et Sanditon sont des productions atypiques dans l'oeuvre de Jane Austen. L'un, Lady Susan, est un écrit de jeunesse, rédigé au début des années 1790, alors que Jane Austen a dix-huit ou dix-neuf ans. Il est probable qu'elle ait puisé son inspiration dans le roman de Pierre Choderlos de Laclos sorti en 1782, Les liaisons dangereuses. Dans Lady Susan, elle met en scène une veuve encore jeune et belle, manipulatrice, hypocrite et calculatrice que l'on adore détester. Style acéré et mordant, Lady Susan préfigure le reste de l'oeuvre austenienne.
    Plus récents, Les Watson (1804) et Sanditon (1817) sont deux romans inachevés, qui prennent ici la forme de nouvelles.

    Si j'ai moins aimé SanditonLes Watson était un roman prometteur, dans la veine des grands romans d'Austen que l'on connaît si bien. D'ailleurs, la recette n'est pas loin d'être la même et j'imagine que, si l'autrice avait eu le temps de le terminer, il se serait achevé par un mariage - n'est-ce pas ce que l'on attend, de toute façon, quand on lit Austen ? 
    Certains lecteurs ont exprimé leur frustration face à ces œuvres incomplètes et je les comprends. Effectivement, j'ai trouvé que c'était difficile d'en prendre la mesure puisque nous n'avons pas toutes les clefs en main. Pour autant, j'ai aimé cette présentation lacunaire car elle présente finalement les œuvres dans ce qui fait leur originalité. A leur manière, elle raconte une histoire...pas celle que l'autrice envisageait au départ mais une histoire tout de même, celle de Jane Austen rattrapée par la maladie puis par la mort et qui laissera ces manuscrits inachevés.
    Toutefois, retrouver Austen est malgré tout un plaisir. Il est clair que cette autrice géorgienne a une plume inimitable et très moderne. Lire un roman de Jane Austen n'est pas très ardu, contrairement à d'autres auteurs classiques dont le style est complexe et alambiqué.

     Lettres à Alexandrine 1876-1901 ; Emile Zola

    • Lettres à Alexandrine (1876-1901), Emile Zola 

     

    Publié plus d’un siècle après la mort de Zola en 1902, cette correspondance contient 318 lettres inédites du romancier à son épouse Alexandrine Zola.
    Établi par Alain Pagès, professeur à la Sorbonne et par Brigitte Emile-Zola, arrière-petite-fille du romancier, ce recueil est autant un document scientifique qu’intime, porteur des souvenirs d’une famille.
    Dans ce recueil, nous découvrons un Zola loin de l’image que ses romans peuvent véhiculer. C’est un homme déjà relativement âgé, installé dans le confort d’une vie bourgeoise, entre Paris et Médan, où il possède une maison. Sa réputation d’auteur n’est plus à faire et il fréquente les cercles artistiques et littéraires du Paris de la Belle-Époque.
    Une correspondance est une lecture exigeante. Forcément lacunaire, elle ne possède pas toujours les réponses du destinataire ou de façon incomplète – ici malheureusement, nous ne pouvons nous faire une idée des réponses d’Alexandrine que lorsque Zola rebondit sur certaines des choses qu’elle lui a écrites. On ne peut donc qu’imaginer ce que pense Alexandrine, la façon dont elle gère une situation somme toute assez compliquée, socialement comme personnellement. Si Zola montre beaucoup d’affection et de préoccupation envers son épouse, est-ce véritablement sincère ou y a-t-il aussi une part, peut-être inavouée, de mauvaise conscience ? De l’autre côté, on ne sait pas si Alexandrine a réellement pardonné où si elle reste dans un prudent quant-à-soi…
    Pour autant, les lettres de son époux nous éclairent quand même pas mal sur leur quotidien, très bourgeois et assez ritualisé. 

     Couverture Les vrilles de la vignes

    • Les vrilles de la vigne, Colette 

     

    Dans ce recueil atypique et hétéroclite publié une première fois en 1908 puis enrichi au fil des années qui suivront de textes inédits, Colette fait parler les animaux, convoque les souvenirs de l'enfance et de la prime jeunesse, ainsi que leur nostalgie heureuse, décrit les coulisses du music-hall, décortique un jour d'été au bord de la mer ou décrit les coulisses d'une pièce de music-hall...
    J'ai eu l'impression que tout Colette se retrouve dans Les Vrilles de la Vigne, souvent présenté à la suite de Sido, l'autre livre de l'enfance et du souvenir, où la figure maternelle tient la place principale.

    Œuvre poétique, autobiographie, fiction ? Il est difficile de savoir ce qu'on lit. Tout ce que je sais, c'est que Les Vrilles de la Vigne est un recueil d'une poésie folle, que j'ai découverte (ou redécouvert pour être plus précise, car j'avais déjà lu ce recueil il y a quelques années) avec beaucoup de surprise et de plaisir.

    Pour ma part, à chaque fois que je relis Colette, je retombe amoureuse de sa plume et de son univers littéraire, polymorphe, mais qui apporte toujours surprises, étonnement et un style littéraire d'une grande qualité. Je sais que Les Vrilles de la Vigne n'est pas le texte le plus apprécié par les lecteurs, qui lui préfèrent souvent Sido. Pour ma part, c'est toujours avec plaisir et intérêt que je lis les textes de cette autrice hyperactive, qui fut artiste, écrivaine, esthéticienne, journaliste...son œuvre, indéfinissable, semble refléter cette vie bien remplie de Colette, après la jeunesse relativement simple et rurale d'une petite provinciale du Nivernais, à la fin du XIXème siècle.
    Colette me rend nostalgique mais pas seulement...elle m'envoûte souvent de son écriture, comme les vrilles de la vigne s'enroulent autour d'un tuteur, l'enserrant étroitement. Pour moi lire Colette, c'est éprouver des sentiments simples, mais purs, servis par la sensualité d'une plume qui sait se faire languissante, sucrée comme acide, légère et sautillante comme plus lourde, chargée de senteurs et d'images universelles.

     

    • Claudine à l'école, Colette

     

    Ne vous laissez pas abuser par le titre somme toute naïf et légèrement enfantin de ce premier roman de Colette, publié en 1900. Son contenu est bien moins anodin qu’il n’y paraît.

    Mais alors, Claudine à l’école, ça raconte quoi ? Il s’agit d’un roman au synopsis assez simple puisqu’il s’agit de raconter le quotidien d’une jeune écolière de quinze ans dans l’école de son village. Claudine est une jeune fille espiègle, plus vraiment une enfant et pas encore une jeune femme, pile dans cet « âge ingrat » que l’on n’appelle pas encore l’adolescence. A l’école de Montigny, elle fait la loi car piquante, ayant de l’esprit, elle n’hésite pas à tenir tête aux institutrices, ni même à jouer de nombreux tours à ses camarades.

    Lorsqu’on connaît aussi bien la plume de Colette, on ressent dans ce roman les premières fulgurances d’un style unique et appelé à se développer, à s’étoffer, dans les productions suivantes. La plume sensuelle, très évocatrice du Blé en Herbe, des Vrilles de la Vigne, de Sido…se forme aussi, certes, non sans maladresses mais préfigure déjà la beauté poétique de la suite, dans des paragraphes aux descriptions fines, notamment des paysages. On y trouve aussi le premier personnage animalier, l’altière chatte Fanchette, alter ego de Saha (La Chatte) ou encore de Kiki-la-Doucette (Dialogues de bêtes, Les Vrilles de la Vigne).

    A lire, si vous aimez Colette, mais que l’on comprend peut-être mieux si l’on a lu d’autres œuvres de l’autrice auparavant : l’œuvre de jeunesse prendra alors tout son sens, selon moi. Je me suis d’ailleurs rendu compte qu’avec quinze ans de recul, je n’appréhendais pas la lecture de Claudine à l’école de la même manière qu’à seize ans et je suis ravie de l’avoir relu avec un nouvel éclairage et une meilleure connaissance de l’œuvre de Colette ainsi que de la femme derrière l’autrice.  

     

    Couverture Le roman de l'enchanteur Merlin

    •  Le roman de l'enchanteur Merlin, Auteur anonyme du XIIème siècle (texte retranscrit par Gérard Lomenec'h)

     

    Le texte transcrit et présenté ici par Gérard Lomenec'h est un texte du XIIIème siècle, écrit par un auteur anonyme mais que l'on appelle pseudo Robert de Boron, car il écrit dans le style ce dernier. Robert de Boron, clerc ou chevalier, est connu pour avoir écrit de nombreux romans inspirés par la légende du roi Arthur et du Graal, au même titre que Chrétien de Troyes, Thomas Malory ou encore Geoffroy de Montmouth, noms incontournables quand il s'agit de chercher des sources médiévales sur ce qu'on a appelé la Matière de Bretagne. 
    Fascinante, foisonnante, sans cesse revisitée et enrichie par les auteurs qui s'y sont frottés, connus comme anonymes, la légende du roi Arthur, roi celtique qui se serait opposé bravement à l'invasion saxonne de la Bretagne (la Grande-Bretagne actuelle), a donné naissance à la littérature de l'Occident, créant un genre nouveau : le roman. 
    Si tous les auteurs qui ont été inspirés par les légendes arthuriennes se sont souvent approprié l'histoire (et c'est encore le cas de nos jours, quand on pense par exemple à la relecture moderne et décalée qu'ont pu faire de ces légendes merveilleuses les Monty Python en Angleterre ou Alexandre Astier en France avec Kaamelott), inventant, tissant, brodant, parfois en contradiction avec les textes précédents, il y a des personnages incontournables et Merlin en est un. 

    Jane Eyre ; Charlotte Brontë

    • Jane Eyre, Charlotte Brontë

     

    Pauvre, orpheline, sans famille, Jane Eyre est, en un mot, insignifiante. Confiée à la mort de ses parents à un oncle, elle devient lorsque ce dernier disparaît à son tour, la pupille de sa veuve, Mme Reed. Mais Jane est pour cette tante par alliance plus un boulet qu'une bénédiction et, au château de Gateshead où elle vit avec les Reed, Jane doit faire face à l'indifférence de sa tante et à la méchanceté de ses trois cousins. 
    A dix ans, elle est placée en pension à Lowood, sinistre école pour jeunes filles pauvres, où la bonté des institutrices, à commencer par la douce Mlle Temple, ne compense pas les conditions de vie rudes : les pensionnaires connaissent la faim, le froid et vivent dans une promiscuité qui favorise les maladies et les épidémies. Mais à Lowood, Jane découvre la bienveillance, d'abord en la personne de la directrice du pensionnat, Mlle Temple, qui fait tout son possible pour adoucir le quotidien des pensionnaires et l'amitié, en la personne d'Hélène Burns, une autre élève. Pour la première fois, Jane est acceptée et jugée à sa juste valeur. 
    Elle passe huit ans à Lowood : six en tant que pensionnaire, deux en tant qu'institutrice. Mais Jane, à dix-huit ans, aspire à autre chose. Elle publie donc une annonce dans un journal local pour se placer dans une maison comme gouvernante. C'est alors qu'elle reçoit une lettre d'une certaine Mme Fairfax, lui proposant la place de gouvernante d'une jeune fille, Adèle, au manoir de Thornfield. Jane accepte le poste et déménage à des kilomètres de là, à Thornfield, auprès de sa jeune élève à laquelle elle s'attache bien vite. Quelques semaines après son arrivée, elle fait la connaissance du tuteur de la jeune fille : un certain Edward Rochester, propriétaire de Thornfield. 

    Une lectrice avec qui j'ai échangé à propos de Jane Eyre m'a demandé si le roman n'était pas problématique : peut-être n'est-ce qu'un avis subjectif mais pour moi, ce n'est pas le cas. Dans ce cas, bon nombre de romans classiques encensés sont problématiques, mais il ne faut pas oublier non plus l'époque à laquelle ces romans ont été écrits puis publiés.
    Si je devais ne vous donner qu'un conseil, ce serait celui-ci : lisez les soeurs Brontë et faites-vous votre propre opinion, après tout cela ne coûte rien. Bien plus que Jane Austen, pour moi, les autrices incontournables du XIXème siècle britanniques sont bien ces trois soeurs qui ont su décrire et imaginer de magnifiques histoires qui transcendent les années et dans lesquelles déjà (notamment chez Anne et Charlotte) on sent pointer la modernité d'une pensée féminine, qui n'est pas encore féministe mais ne demande qu'à le devenir. Je me rappelais également la jolie plume de Charlotte et je l'ai effectivement retrouvée, avec beaucoup de joie. Inutile de dire que je m'en  suis délectée. Jane Eyre est sans nul doute mon coup de cœur de cette fin d'année.

     Couverture Anne, tome 4 : Anne au domaine des peupliers / Anne de Windy Willows

    • Anne de Green Gables, tome 4, Anne de Windy Willows, Lucy Maud Montgomery

     

    A chaque fois que je referme un tome d’Anne de Green Gables, que je l’ai beaucoup aimé ou un petit peu moins, je me dis que les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont eu une très bonne idée de rééditer ces romans et nous font véritablement un très beau cadeau en les rendant de nouveau accessibles au plus grand nombre.

    Mi-épistolaire (nous lisons des extraits de lettres d'Anne adressées à Gilbert) mi-narratif, ce quatrième tome est un peu surprenant au départ car il est différent des précédents. Je sais que cela a dérouté certains lecteurs mais ça n’a pas été le cas pour moi. Au contraire, une fois passée la première surprise, j’ai même trouvé cela assez plaisant à lire. Lire les mots d’Anne avec sa voix est une chouette expérience, je trouve. C’est vraiment un personnage que je continue à beaucoup aimer, malgré ses changements et ses évolutions. Elle a un côté frais et spontané qui lui, ne change pas et nous la fait toujours retrouver avec plaisir. La Anne de vingt ans n’est plus exactement la Anne de onze ans, arrivant chez les Cuthbert le cœur débordant de possibles. Et pourtant, elle conserve une ingénuité fraîche et un optimisme qui réconforte et donne le sourire. Et si Anne de Green Gables était finalement l’ancêtre de ces « feel-good books » ou « comfort books » qui ont le vent en poupe depuis des années ?

     


    4 commentaires