• « Le monde est en mutation. Les femmes ne sont pas incapables de mener leur vie toutes seules. C’est la société qui leur met des bâtons dans les roues. Certaines femmes ne connaissent rien d’autre Parce que c’est ainsi qu’elles ont été éduquées. D’autres se voit contraintes par la nécessité de trouver un mari. Et il y en a qui, comme moi, veulent essayer de vivre par elles-mêmes. »

    Couverture Les héritières de Löwenhof, tome 1 : Le choix d'Agneta

     

     

     Publié en 2018 en Allemagne

     En 2023 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Die Frauen vom Löwenhof : Agnetas   Erbe

     Éditions Charleston

     752 pages 

     Premier tome de la saga Les héritières de Löwenhof

     

     

     

     

    Résumé :

    Stockholm, 1913. 
    Après une violente dispute avec ses parents, Agneta Lejongård a quitté le splendide domaine de Löwenhof où elle a grandi et coupé tout lien avec sa famille et son héritage. A un mariage arrangé dans la noble société suédoise, elle a préféré une vie de bohème à Stockholm auprès de ses amies suffragettes. 
    Pourtant, un beau matin, un funeste télégramme la rappelle au manoir : son père et son frère ont été victimes d'un grave accident. Contrainte de reprendre la gestion du haras familial, Agneta se trouve une nouvelle fois prisonnière de la demeure qu'elle avait fuie. Entre attachement aux siens et rêves de liberté, Agneta fait face à des choix déchirants alors qu'autour d'elle l'Europe marche déjà vers la guerre. 

    Une saga fascinante qui dessine le portrait d'une femme prise entre deux siècles, mais résolument tournée vers l'avenir.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1913 à Stockholm, Agneta mène une vie d'artiste, loin de son milieu d'origine : en effet issue de la noblesse, elle a grandi au domaine de Löwenhof, le haras de son père, Thure Lejongård dont son frère Hendrik est l'héritier. Agneta, quant à elle, aspire à mener sa vie comme elle l'entend, ce qui n'est pas forcément ni entendu ni bien perçu dans une société encore pleine de conventions et qui n'accorde pas aux femmes la même indépendance que les hommes et ne tolère pas vraiment l'émancipation féminine. A Stockholm, elle a ainsi noué des amitiés avec de jeunes femmes engagées pour le droit de vote féminin et elle a embrassé leur cause, au grand dam de ses parents, avec lesquels d'ailleurs les relations sont tendues depuis qu'Agneta leur a annoncé sa volonté de s'installer à Stockholm et d’entreprendre des études d'art, loin de Löwenhof.
    Mais voilà qu'un événement funeste rappelle Agneta au domaine : désormais seule à pouvoir en tenir les rênes, elle est contrainte et forcée de laisser derrière elle ses aspirations personnelles pour sauver Löwenhof. C'est donc avec des sentiments contrastés que la nouvelle héritière rentre au domaine qu'elle pensait avoir quitté pour toujours : là, elle va devoir composer avec la figure omnipotente et désapprobatrice de Stella, sa mère, avec laquelle elle ne s'entend pas...
    Mais Agneta, mue par le sens du devoir, s'avère être une remarquable gestionnaire : bientôt, sa vie à la capitale n'est plus qu'un lointain souvenir, tandis qu'elle s'emploie à maintenir le haras familial à flot, dans un contexte international des plus compliqués, car déjà la Première guerre mondiale s'annonce...
    Le choix d'Agneta est le premier tome d'une nouvelle série : Les héritières de Löwenhof, triptyque que l'on peut classer dans les sagas familiales et historiques. Comme son titre l'indique, on comprend aisément que ce seront des héroïnes qui seront mises sur le devant de la scène et nous faisons donc la connaissance de la toute première, Agneta, jeune femme non conventionnelle et pleine d'idéaux mais qui est à l'aube de faire le choix de sa vie. 
    Ce premier tome a été une assez bonne surprise dans l'ensemble : de Corinna Boman j'avais lu un premier roman il y a quelques années, intitulé Le jardin au clair de lune. Si Les héritières de Löwenhof a pu me rappeler l'univers de La villa aux étoffes, ce roman m'avait plutôt évoqué Kate Morton, avec sa double-temporalité, ses secrets...surtout, je l'avais trouvé extrêmement dépaysant car l'autrice nous faisait voyager de l'Allemagne à l'Indonésie du début du XXème siècle et j'avais beaucoup aimé ce périple dans le monde colonial hollandais, sur les traces d'une musicienne virtuose. J'avoue que je m'attendais à retrouver cet enthousiasme qui m'a un peu manqué en lisant ce premier tome des Héritières de Löwenhof, car je l'ai trouvé extrêmement cliché, comme si l'autrice avait utilisé le manuel de la bonne romance historique et en avait studieusement coché toutes les cases. Ainsi, on retrouve l'héroïne en rupture avec son milieu et sa famille, l'immanquable histoire d'amour avec un personnage masculin ténébreux et mystérieux, les éternelles amours ancillaires également...Ce n'est pas véritablement un problème en soi mais pour le coup, si Agneta est non-conventionnelle, on ne peut pas dire que ce soit le cas de ce roman qui s'inscrit totalement dans les pas de beaucoup d'autres romans d'ambiance à la trame historique qui ont été publiés ces dernières années et en soi, ne propose rien de moins mais rien de plus.
    Je parlais d'ailleurs plus haut de La villa aux étoffes : j'avoue que ce premier tome m'a fait fortement penser à la série d'Anne Jacobs, bien que je n'aie pas aimé cette dernière. J'ai trouvé que Le choix d'Agneta était beaucoup plus plaisant, notamment parce que je me suis attachée à Agneta, que j'ai trouvé pleine de détermination, de courage et d'intelligence. L'autre gros point fort de ce premier tome, c'est assurément le lieu où il se déroule : lire un roman historique se passant en Suède est délicieusement dépaysant, je crois que c'est la première fois que j'en lis un, d'ailleurs - à l'exception de L'échiquier de la reine, une biographie romancée de la reine Christine de Suède au XVIIème siècle mais qui ne se situait pas intégralement là-bas. Cela change de l'Allemagne et de l'Angleterre ou même de l'Australie, sur-représentées dans ces romans d'ambiance dits féminins - même si je n'aime pas forcément ce terme. 
    Malgré quelques petits bémols, j'ai donc passé un très bon moment avec ce roman et me suis sentie bien à Löwenhof. J'ai aussi aimé découvrir le contexte de la Première guerre mondiale depuis un pays qui avait choisi la neutralité à l'époque : pour nous, la Grande guerre est un événement traumatisant de notre histoire, encore aujourd'hui. Mais en Scandinavie, ce fut un conflit que l'on regarda de loin car la Suède choisit de s'en tenir éloignée prudemment. 
    Bref, si ce premier tome ne m'a pas pleinement convaincue et que j'ai été un peu déçue de ne pas retrouver ce qui avait pu m'enthousiasmer dans Le jardin au clair de lune, j'ai malgré tout vraiment apprécié cette lecture : elle est idéale en hiver, avec un bon plaid et une boisson chaude. Il y a quelque chose de réconfortant à se plonger dans une saga historique quand il pleut et qu'il fait froid, je trouve. 
    Bref, c'est donc avec plaisir que je lirai la suite et j'ai déjà hâte de découvrir les autres héroïnes de Löwenhof, dans le sillage d'Agneta. 

    En Bref :

    Les + : j'ai aimé le personnage d'Agneta, confrontée à un choix qui n'est pas simple, à l'aube d'une époque nouvelle. Le fait que le roman se passe en Suède est aussi un gros point fort.
    Les - : C'est cliché, c'est même très, très cliché, n'ayons pas peur des mots et la romance est aussi un peu facile.


    Les héritières de Löwenhof, tome 1, Le choix d'Agneta ; Corina Bomann

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 


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  • « La plus importante leçon que la vie m'a enseignée est sans conteste qu'il faut saisir les petits bonheurs et en faire des souvenirs durables. »

     

     

      Publié en 2016 en Angleterre

      En 2021 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Eleanor of Aquitaine, book 3, The    Winter Crown

      Éditions Hauteville (collection Poche)

      672 pages 

      Troisième tome de la saga Aliénor d'Aquitaine

     

     

     

    Résumé :

    L'alliance d'Aliénor brillait à son doigt. Tant qu'elle l'a porterait, elle serait reine et duchesse. Même dans sa prison battue par les vents, ses titres conservaient tout leur pouvoir. Henri l'avait impitoyablement mise à l'écart. Le monde avait poursuivi sa course sans elle. Son crime ? Avoir bravé son autorité en se mêlant de politique.

    Maintenue captive par son mari Henri II Plantagenêt et séparée de ses enfants, Aliénor ne s'avoue pas vaincue. Après la mort du roi, elle devient reine douairière d'Angleterre et s'efforce de tempérer ses fils désormais rivaux dans la conquête du pouvoir. Infatigable, elle se rend en Navarre pour négocier le mariage de Richard Coeur de Lion avant de traverser les Alpes pour lui amener sa promise. Après l'enlèvement de celui-ci, elle parvient à réunir la rançon pour le faire libérer tout en déjouant les manœuvres de son autre fils, Jean sans Terre. Jusqu'à son dernier souffle son courage et sa ténacité seront soumis à rude épreuve par d'incessantes luttes intestines pour conserver le trône.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    L’hiver d’une reine est le dernier tome du triptyque consacré à Aliénor d’Aquitaine, reine des Francs puis reine d’Angleterre par l’autrice Elizabeth Chadwick. Après L’été d’une reine qui racontait sa jeunesse, L’automne d’une reine, plutôt centré sur la maturité et la maternité, ce dernier tome aborde la vieillesse de la reine, de ses cinquante ans à sa mort à l’âge de quatre-vingt ans. Et pour l’époque, c’est presque toute une vie qui est racontée ici car peu de gens parvenaient à un âge aussi avancé.
    Après la révolte de ses fils contre leur père, révolte qu’elle a en sous-main soutenue, Aliénor est victime de la colère du roi Henri II. Ce dernier la place en résidence surveillée pendant près de quinze années, pendant lesquelles elle va voir sa liberté de mouvement restreinte et ses responsabilités réduites à presque rien. Pendant cette période, elle perdra deux de ses fils, le roi Henri le Jeune et Geoffroy, le duc de Bretagne. En 1189, à la mort du roi, c’est son fils Richard qui accède au trône : cet avènement est synonyme de liberté retrouvée pour la reine et de nouvelles responsabilités car bien qu’âgé de trente ans, le nouveau roi s’appuie beaucoup sur sa mère et fait grand cas de ses conseils. Surtout, il attend d’elle qu’elle serve de garde-fou à son dernier fils, le sournois et machiavélique Jean.
    La vieillesse d’Aliénor sera aussi remplie que sa jeunesse, si ce n’est plus : au début des années 1190, elle traverse les Alpes en plein hiver en compagnie de la jeune princesse Bérangère de Navarre, promise de Richard et qu’elle lui amène jusqu’à son camp militaire de Messine, alors que le roi a pris la croix et attend de s’embarquer pour la Terre Sainte. Puis, lorsque Richard sur la route du retour est capturé par le duc d’Autriche et livré à l’empereur qui demande une rançon faramineuse, Aliénor se démène pour la réunir et se rend elle-même jusqu’en Allemagne pour la livrer. En 1194, la vieille reine se retire à Fontevraud : elle devra encore subir l’épreuve de perdre à quelques mois d’intervalle deux de ses enfants, d’abord le roi Richard, qui meurt à la suite d’un siège mené dans le Limousin puis sa fille Jeanne, qui meurt en couches en septembre 1199. Aliénor devra encore soutenir le pouvoir fragile de son dernier fils, dont les territoires sont lorgnés par un ogre dangereux : le roi de France Philippe-Auguste, manipulateur et grand politique qui n’attend qu’une chose, planter les dents dans l’empire Plantagenêt et notamment en Normandie. En 1200 encore, on trouve Aliénor sur les routes, sillonnant l’Aquitaine et allant jusqu’en Castille, où elle va chercher l’une de ses petites-filles pour la marier à l’héritier du roi de France : de là à dire qu’Aliénor préside quelque peu à la naissance de saint Louis, il n’y a qu’un pas.
    Le dernier havre de la vie sera aussi pour elle celui du repos éternel : en 1204, Aliénor rend son dernier souffle à Fontevraud, en Anjou, où son mari avait déjà été inhumé en 1189, où Richard l’avait rejoint dix ans plus tard. Ils y reposent toujours, dans l’abbatiale, sous des gisants où l’on peut encore apercevoir un reste de la polychromie médiévale sur les drapés de leurs riches vêtements : Aliénor, dont le gisant est légèrement plus haut que celui de son mari – suprême vengeance dans la mort, peut-être ? – est représentée portant un livre entre les mains, symbole de connaissance et de sagesse. C’est l’image qu’elle a voulu transmettre à l’Histoire et aux siècles.
    Il fallait bien une grande trilogie comme celle-ci pour rendre hommage à une si grande reine, au destin aussi palpitant que fascinant. Après un deuxième volume un peu en-dessous, dans cet ultime tome j’ai retrouvé le rythme du premier, l’enchaînement rythmé d’événements, les personnages qui tourbillonnent dans une valse discontinue. Le XIIème siècle dans l’empire Plantagenêt est foisonnant, d’une richesse culturelle incroyable et, au-dessus de tout ça, plane l’ombre presque omniprésente d’Aliénor. Si on est tenté parfois de projeter nos propres aspirations ou notre propre vision sur le personnage, la faisant parfois passer pour une féministe avant la lettre, ce qui est totalement faux d’un point de vue historique, Aliénor reste sans nul doute l’un des personnages féminins les plus marquants du Moyen Âge. Duchesse d’Aquitaine en titre, elle se battit bec et ongles pour conserver l’intégrité de son territoire, contre les appétits de son premier mari, Louis VII puis d’Henri II. Elle fut une conseillère avisée pour ses fils et notamment pour Richard Cœur-de-Lion, son second fils qu’elle avait associé au pouvoir en Aquitaine dès ses douze ans. Pourtant, elle fut aussi la proie des hommes, menacée d’enlèvement après son divorce d’avec Louis VII, puis prisonnière de son second mari. Il convient donc de nuancer l’image que l’on peut avoir d’Aliénor, faite d’un grand pouvoir et même d’une toute-puissance car ce n’est pas exactement le cas.

    Le gisant de la reine dans l'abbatiale de Fontevraud, vision éternelle d'Aliénor


    Comme je le disais un peu plus haut, ce troisième tome m’aura donc bien plus convaincue que le deuxième, que j’avais trouvé un peu redondant, très centré sur les grossesses et les accouchements de la reine puis sur l’émergence de sa rivalité avec Rosemonde Clifford mais pas vraiment sur la politique ou les événements marquants du temps. Ici, c’était de nouveau plus fluide et plus rythmé et j’ai apprécié de découvrir Aliénor dans la vieillesse, qui n’est pas vraiment synonyme de repos ou de fragilité pour elle. Ce tome-là est évidemment plus nostalgique, on se retourne souvent sur le passé, ses joies mais aussi ses déceptions et ses pertes…je l’ai trouvé aussi très émouvant, notamment dans les derniers chapitres et je dois d’ailleurs mentionner que l’autrice a su raconter la fin de vie de la reine avec beaucoup de tendresse, sans pathos et sans phrases toutes faites et un peu convenues qui auraient pu donner un côté artificiel à la narration des derniers instants d’Aliénor. On ne peut que se sentir ému par cette mère épuisée par les drames, qui a survécu à huit de ses enfants et qui arrive pourtant à trouver le courage de tenir tête, deux ans avant sa mort, aux appétits territoriaux inconsidérés de l’un de ses petits-fils, Arthur de Bretagne et qui fait un long voyage jusqu’aux confins des Pyrénées pour aller y chercher Blanche de Castille. On ressort donc de cette lecture attendri par cette femme qui a vécu si longtemps et bien évidemment admiratif devant son grand destin. Aliénor d’Aquitaine a traversé une époque foisonnante et marquée par l’émergence de figures historiques hors-du-commun, comme celle de son fils Richard Ier ou le roi de France, Philippe-Auguste, qui ont marqué leur temps d’un sceau indélébile.
    Malgré quelques longueurs en milieu de volume, j’ai vraiment été enthousiasmée par cette lecture, très vivante et dynamique. Elizabeth Chadwick, entre sources historiques et ressenti plus subjectif du romancier, a su rendre un bel hommage livresque à la grande reine d’Angleterre, qui a laissé également une empreinte solide dans tout l’ouest de la France, où l’on peut encore aujourd’hui, neuf cents ans après sa naissance, marcher dans ses pas, d’églises en châteaux et en territoires…

     

    Sur le grand vitrail de l'hôtel de ville de Poitiers, on peut voir la reine Aliénor qui fréquenta la ville dans sa jeunesse, l'une des résidences préférées des ducs d'Aquitaine en son temps

    En Bref :

    Les + : un troisième tome qui clôture magnifiquement ce triptyque médiéval consacré à l'une des plus mythiques de nos figures historiques : Aliénor d'Aquitaine. Le deuxième tome m'avait moins convaincue, cet ultime tome m'a emportée, jusqu'à la conclusion, remplie de nostalgie et de mélancolie et qui m'a sincèrement touchée.
    Les - : quelques longueurs en milieu de volume.


    Aliénor d'Aquitaine, tome 3, L'hiver d'une reine ; Elizabeth Chadwick

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  


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  • « Les tumultes des révolutions sont souvent funestes à la bonne conservation des choses. »

     

     

     

     Publié en 2013

     Éditions Seuil 

     614 pages

     Troisième tome de la saga Les Couleurs du Feu

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Octobre 1789. Durement éprouvée par la fuite de sa riche et princière clientèle, la manufacture de Sèvres est saisie par la fièvre patriotique qui s'est emparée de Paris et gagne la France entière. La jeune Adèle Masson, qui s'est fait une spécialité de la peinture d'oiseaux sur porcelaine, s'emploie à trouver les moyens de sauver la fabrique qui, de royale, va bien vite devenir nationale. Elle peut compter sur son père, Anselme Masson, paralysé mais dont l'intelligence est demeurée intacte. Mais sur qui d'autre s'appuyer pour parvenir à ce but ? Sur Marie-Antoinette, encore influente, et que le parrain d'Adèle, Blanchot , ira visiter jusque dans sa prison du Temple ? Sur Mirabeau, le trublion, que son accord secret avec le roi a rendu immensément riche ? Sur Roland, ministre de Louis XVI, administrateur scrupuleux ? Sur Danton, enfin, ce jouisseur effréné qui semble vouloir oublier la Terreur pour ne plus songer qu'à l'amour et à la beauté  ? 

    Ce roman, le troisième et le dernier d'une saga sur la porcelaine inaugurée par Bleu de Sèvres et poursuivie avec Jaune de Naples, nous convie à une traversée de la Révolution jusqu'à la chute de Robespierre. Ainsi sera bouclée la ronde de ceux qui, de la marquise de Pompadour aux plus sanguinaires des sans-culottes, ont été fascinés par l'éclat de l'or blanc, le kaolin, ce fruit miraculeux des richesses de la nature et du génie des hommes. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    1789 : la Révolution vient d'éclater et la famille Masson est aux premières loges de ce grand bouleversement qui ébranle le pouvoir de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ainsi, Paul Masson, le fils d'Anselme et Lucille est-il aux premières loges lorsque les souverains, la soeur du roi et leurs enfants sont ramenés à Paris après les Journées d'Octobre.
    Comme beaucoup de Français à l'époque, les Masson et leurs amis sont partagés : ainsi Matthieu, le frère d'Anselme, est-il un chaud partisan des idées nouvelles et de ces clubs dans lesquels, au milieu d'une atmosphère enfumée et bruyante, débattent les nouveaux hommes forts ou ceux qui seront appelés à le devenir dans les années qui viennent. Anselme, diminué physiquement mais pas intellectuellement, ne continue de vivre que pour sa Manufacture de Sèvres, où il a effectué toute sa carrière de chimiste, participant au grand oeuvre de la porcelaine dure française, rendu possible grâce à la découverte fortuite en Limousin de gisements de kaolin. Sa fille aînée Adèle est toujours employée de la Manufacture où, comme sa mère avant elle, elle se distingue en peinture animalière. Quant au grand ami d'Anselme, Antoine Hannong, qui a pu réaliser son rêve d'intégrer les effectives de Sèvres juste avant les troubles de la Révolution, c'est avec une méfiance croissante qu'il regarde les bouleversements qui secouent la France et qui menacent son artisanat et son savoir-faire, parlant d'abord de liberté et d'égalité puis se faisant de plus en plus violents, jusqu'à l'exécution du roi et de la reine, en janvier et octobre 1793 et la déclaration de guerre à l'Europe coalisée.
    Rouge de Paris, troisième et ultime tome des Couleurs du feu, triptyque qui raconte la saga porcelainière en France, patronnée notamment par Madame de Pompadour, le clôture magistralement, avec un roman d'histoire pure - et en cela, particulièrement exigeant - mais qui achève aussi de raconter le destin de personnages attachants et que pour certains, on suit depuis le début. Comme la Révolution qui bouscule l'ordre établi, les générations se suivent et les jeunes des années 1760, portés par leurs idéeaux nourris de science, de nouveauté et d'esprit des Lumières, sont désormais mûrs, s'acheminant vers la vieillesse et s'effacent doucement au profit de leurs enfants qui, avec la fougue de la jeunesse, s'enflamment pour les nouvelles idées et fréquentent clubs et salons où l'on parle politique, liberté de la presse, égalité entre les sexes, abolition de l'esclavage. Adèle, de son côté, fait la connaissance du tribun Mirabeau, qui est loin de la laisser indifférente, tandis que son frère, après avoir soutenu une thèse en minéralogie, intègre les effectifs du Garde-Meuble royal, où se jouera d'ailleurs en 1792 un vol rocambolesque sur plusieurs nuits, pendant lequel disparaîtront plusieurs joyaux de la Couronne...
    Tous les grands événements du temps, de 1789 à 1794 émaillent le roman : de la prise de la Bastille en passant par le retour de la famille royale à Paris, puis la fuite ratée de Varennes, la prise des Tuileries en août 1792, la chute de la monarchie et les massacres de Septembre, la glorieuse victoire de Valmy, la proclamation de la République, l'arrestation et la mort des Girondins, puis celle du roi et de la reine, après des procès sommaires et instrumentalisés. Des premiers enthousiasmes jusqu'à la Terreur puis la chute de Robespierre devenu tyran, Rouge de Paris brosse à grands traits le portrait de cette première Révolution, de ses soubresauts politiques, de sa violence aussi, à travers les personnages, Masson, Hannong, Blanchot, qui prennent fait et cause - ou pas - pour la Révolution et l'ordre nouveau, en accord avec leurs convictions profondes. Jean-Paul Desprat s'accorde aussi le plaisir de regarder à une échelle plus humaine certains de ses objets d'étude, à commencer par Mirabeau, qui se tuera littéralement à la tribune et Danton, le géant formidable d'Arcis-sur-Aube, redevenant un bourgeois inoffensif et bonhomme dans sa gentilhommière de Sèvres, tandis que la glorieuse Manon Roland, qui prononça une phrase passée à la postérité au moment de monter à l'échafaud (« Ô liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! ») n'a jamais été aussi grande ni si passionnée. 

    Journée du 10 août 1792 — Wikipédia

    Le 10 août 1792, les Tuileries sont prises : le roi demande protection à l'Assemblée et la monarchie est renversée (tableau de Jacques Bertaux)


    Exigeant et dense, Rouge de Paris est un roman qui se mérite, dans la mesure où ce n'est pas le genre de roman que l'on commence entre deux portes, dans les transports où en attendant que son plat du soir cuise : il faut se concentrer, peut-être même garder à portée de main un carnet pour noter, une encyclopédie ou un accès internet pour faire des recherches. Comme dans Bleu de Sèvres et Jaune de Naples, Jean-Paul Desprat mêle habilement la verve du romancier et la rigueur de l'historien. Ce dernier prend d'ailleurs le pas sur le premier ici, beaucoup plus que dans les deuxtomes précédents. On peut ainsi déplorer que les personnages que nous avions pris plaisir à suivre depuis près de trente ans disparaissent un peu ici, se mettant en retrait, mais le contexte historique est tellement riche, tellement complexe aussi qu'il fallait bien opérer un choix et je crois que Desprat a fait le bon, même si ma lecture par moments m'a paru un peu laborieuse, notamment du fait de la complexité de la politique française des débuts révolutionnaires et les différentes sensibilités, qui se mêlent et se démêlent au gré des événements et des nombreuses élections qui émaillent ces quelques années.
    Un peu comme La saga des Florio, de Stefania Auci, qui raconte dans la Sicile du XIXème siècle la saga d'une famille commerçante originaire de Calabre, ici Jean-Paul Desprat en prenant comme personnages principaux de jeunes Limousins arrivés à Paris après la mort de leurs parents et qui, chacun y feront leur vie - Anselme en mettant sa science minéralogique au service de la Manufacture voulue par le roi et sa favorite, Matthieu en devenant le disciple de l'abbé de l'Epée, homme éclairé oeuvrant pour les jeunes sourds et muets et précurseur d'une méthode d'apprentissage qui n'a cessé de se développer depuis -, raconte aussi un siècle, un temps, un moment. La fin du XVIIIème siècle français, écartelé entre les derniers feux de l'Ancien Régime et l'apparition d'un ordre nouveau et moderne, à l'origine des institutions que nous connaissons encore aujourd'hui. Ce siècle, pétri de paradoxes profonds mais aussi d'une grande richesse, notamment culturelle et scientifique avec l'émergence de l'esprit des Lumières, la rédaction de l'Encyclopédie, se termine dans les convulsions d'une Révolution lente et douloureuse. En historien expérimenté, l'auteur parvient à nous faire saisir ce moment de lente bascule entre une époque finissante t une autre, qui ne demande qu'à commencer. Ses personnages, comme tous les contemporains, devront faire des choix et verront parfois certains de leurs idéaux mis à mal. Pour autant, on se passionne encore une fois pour ce dernier volume, même si la porcelaine s'efface, les personnages aussi, au profit du contexte. On les quitte tous malgré tout avec un léger pincement au cœur et l'impression d'avoir lu une très belle saga, très riche, pleine de passion mais aussi de profonde humanité et de simplicité.

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    Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la Terreur prend fin avec la chute de Robespierre et de ses séides (gravure coloriée de Jean-Joseph-François Tassaert d'après Fulchran-Jean Harriet,vers 1796)

     

    En Bref :


     Les couleurs du feu, tome 3, Rouge de Paris ; Jean-Paul Desprat (relecture) 

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

    • Retrouvez ici mes chroniques des deux premiers tomes :

    Bleu de Sèvres 

    Jaune de Naples

     

     


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  •  In My Mail Box - Février 2024

    In My Mail Box - Février 2024

    Bonjour à tous !
    On se retrouve aujourd'hui pour le premier In My Mail Box de l'année et...le premier depuis un petit moment déjà, puisque mes derniers achats remontent à octobre dernier, soit près de quatre mois. Quatre mois sans achats, c'est même plus que pendant le confinement ! Ce n'était pas vraiment prémédité, ce n'était pas non plus pour faire baisser ma PAL et l'envie s'est tout de même fait sentir au bout d'un moment, d'autant plus que je mets un point d'honneur à lire tous les livres qui rejoignent ma PAL, même si c'est sept ou huit ans après. Je sais d'ores et déjà que ces livres-là seront lus bien plus rapidement ! J'ai opté pour cinq cosy mysteries en février et leurs couvertures colorées et acidulées annoncent un peu le printemps, ça fait du bien.

    Je vous présente aussi des cadeaux de Noël reçus avec un peu de retard de la part de deux amis, que je remercie pour ce choix car grâce à eux, je vais découvrir cette année la littérature égyptienne, avec l'auteur Naguib Mahfouz et je m'en réjouis d'avance.

     

    • Les Détectives du Yorkshire, tome 9, Rendez-vous avec la justice, Julia Chapman, Éditions Robert Laffont (collection La Bête Noire), 2023, 416 pages

    Sorti depuis décembre, je me suis évidemment fait violence pour ne pas craquer immédiatement (ma PAL me dit merci) et maintenant que je l'ai entre les mains, je me fais violence non seulement pour ne pas le feuilleter tous les jours et enfin, pour ne pas le sortir trop vite de ma PAL non plus, parce que c'est l'avant-dernier tome, parce que je ne sais pas quand sortira le tome 10 et...bon, en réalité, je vais forcément le lire rapidement parce que je sais que je vais craquer mais en attendant, il est sagement dans ma PAL et me fait les yeux doux. Ce neuvième tome est prometteur, après le dénouement du précédent. Malgré tout, j'ai hâte de le découvrir et je sais bien que je ne résisterais pas longtemps.

    Résumé : La découverte du cadavre d'un écologiste fait souffler un vent de panique sur les Vallons. Tout accuse Will Metcalfe, le frère de Delilah. Mais Delilah ne peut croire à la culpabilité de son frère, et Samson non plus.
    Déterminés à prouver l'innocence de Will, les deux détectives mènent l'enquête. Mais la justice se paiera au prix fort...

                 

    • Les thés meurtriers d'Oxford, tome 2, Beau thé fatal, H.Y Hanna, Éditions City (collection Policier), 2022, 299 pages
    • Les thés meurtriers d'Oxford, tome 3, Flagrant délice, H.Y Hanna, Éditions City (collection Policier), 2022, 312 pages
    • Les thés meurtriers d'Oxford, tome 4, Point de glas sage, H.Y Hanna, Éditions City (collection Policier), 2022, 329 pages

    Pour rester dans le thème des cosy mysteries, j'ai décidé en février d'étoffer ma collection des Thés meurtriers d'Oxford. Après avoir lu le premier tome en décembre dernier, j'avais bien envie de continuer à découvrir les aventures de Gemma Rose et de son petit village des Cotswolds. Ce n'est pas ma série préférée, mais son univers gourmand est très sympathique et ce sont des lectures légères et pas prise de tête...j'ai donc hâte de voir comment cet univers va évoluer dans le temps et comment vont également s'étoffer les enquêtes, après une première aventure certes prévisible mais qui était agréable à lire.

    Résumé du tome 2 : Lors d’un cocktail à Oxford, Gemma Rose, propriétaire d’un salon de thé, entend une conversation inquiétante quelques minutes avant qu’une étudiante de l’université ne meure empoisonnée. Simple coïncidence ? Et le nouveau conjoint de sa meilleure amie Cassie pourrait-il être impliqué ? Gemma décide de mener sa propre enquête, aidée par les vieilles commères de son village de l’Oxfordshire et par son ancien amour d’université, l’inspecteur Devlin O’Connor. Mais sa mère fait du grabuge dans le charmant salon de thé anglais de Gemma, sa meilleure amie est furieuse de la voir fouiner… et ce mystère s’avère plus intriqué qu’un bretzel au chocolat ! Gemma réalise un peu tard qu’elle pourrait bien être la prochaine sur la liste du tueur. Sauf si sa petite chatte tigrée, Muesli, parvient à la sauver.

    Résumé du tome 3 : Un coup de fil sinistre au milieu de la nuit plonge la propriétaire de salon de thé Gemma Rose au cœur d’un nouveau mystère. Cette fois, son ami Seth est considéré comme le principal suspect d’un crime ! Un meurtre macabre commis dans le cloître d’un ancien collège d’Oxford révèle des rivalités amères au sein de l’université, mais Gemma découvre des indices inattendus dans son petit village des Cotswolds.
    Pendant ce temps, sa vie amoureuse ne lui laisse pas de répit. Elle peine à choisir entre l’éminent médecin Lincoln Green et le séduisant inspecteur Devlin O’Connor… tandis que son salon de thé anglais pittoresque prend l’eau alors qu’elle se démène pour trouver un nouveau chef pâtissier.
    Avec sa mère exaspérante et sa petite chatte tigrée espiègle, Muesli, qui la rend complètement folle – sans oublier les vieilles chouettes qui ne la lâchent pas d’une semelle –, Gemma doit résoudre son affaire la plus difficile à ce jour si elle veut empêcher son ami de passer sa vie derrière les barreaux.

    Résumé du tome 4 : Lorsque Gemma Rose, propriétaire d'un petit salon de thé près d'Oxford, présente son petit chat tigré, Muesli, à l'exposition féline de la foire du village, la dernière chose à laquelle elle s'attend est de tomber sur un meurtre.
    Et lorsque sa mère et les vieilles pies du village décident de lancer leur propre enquête, Gemma n'a d'autre choix que de se joindre à elles. Elle découvre bientôt qu'il y a quelque chose de beaucoup plus sinistre pris en sandwich entre les génoises faites maison et les succulentes tartes à la confiture...
    Mais le meurtre n'est pas la seule chose qui préoccupe Gemma : entre sa recherche désespérée d'une maison, les explosions bizarres dans la cuisine de son salon de thé et une proposition bien perturbante de son petit ami, elle a fort à faire !

    • Au service secret de Marie-Antoinette, tome 5, La reine se confine !, Frédéric Lenormand, Éditions La Martinière, 2021, 336 pages

    Cette saga de cosy mystery à la française est très sympathique et après l'avoir délaissée plusieurs mois car...je n'avais pas le tome 5 eh bien voilà, c'est chose faite ! Paru en 2021, ce roman surfait sur l'actualité du moment, avec les confinements, le Covid, tout en réussissant la prouesse de raccrocher avec un événement avéré de la vie de Marie-Antoinette : la rougeole qui, au début de l'année 1779, l'a tenue éloignée de la Cour un long moment, pendant qu'elle se remettait à Trianon. J'ai évidemment hâte de lire cette cinquième enquête de Léonard et Rose, respectivement coiffeur et modiste de la reine. Une saga sérieuse mais...qui ne se prend pas au sérieux. Tout ce que j'aime.

    Résumé : Ciel ! La reine Marie-Antoinette a attrapé la rougeole. Confinement obligatoire pour sa Majesté ! Pourtant, plus que jamais, elle doit veiller aux intérêts du royaume. De l'intervention de son duo de détectives improvisés, Rose et Léonard, dépend le sort de la guerre d'indépendance américaine. Rien de moins ! Yes, she can !

    La grande organisatrice !
    Distanciation royale obligatoire : Marie-Antoinette, atteinte de rougeole, se tient éloignée de son mari Louis XVI. Qui, de toute façon, ne lui est jamais de grande utilité pour conduire le royaume !

    Détective amateur n°1 !
    La modiste Rose Bertin habille les plus grandes dames du royaume. Mais, lorsque la reine lui confie la mission d'enquêter sur un meurtre, Rose se révèle intransigeante. Grandes dames ou petites gens, il faut punir les criminels.

    Détective amateur n°2 !
    Léonard Autier, coiffeur malhabile et drôle malgré lui, a un flair hors du commun pour sentir les mauvais coups. Mais aura-t-il le courage de sortir du pétrin son ami accusé de meurtre ?

               

    • La trilogie du Caire, tome 1, Impasse des deux palais, Naguib Mahfouz, Éditions Le Livre de Poche, 1989, 648 pages
    • La trilogie du Caire, tome 2, Le palais du désir, Naguib Mahfouz, Éditions Le Livre de Poche, 2015, 608 pages
    • La trilogie du Caire, tome 3, Le jardin du passé, Naguib Mahfouz, Éditions Le Livre de Poche, 2015, 448 pages

    Enfin, en février, j'ai récupéré des cadeaux de Noël en retard. J'ai donc reçu de la part de deux amis, que je remercie, la trilogie complète de Naguib Mahfouz, La trilogie du Caire. J'avais ajouté ces livres dans ma liste d'envies sans trop de conviction, juste une certaine curiosité et ce sera donc l'occasion de les découvrir enfin et de m'aventurer dans la littérature égyptienne que je ne connais pas.

    Résumé du tome 1 : La rue d'al-Nahhasin n'était pas une rue calme... La harangue des camelots, le marchandage des clients, les invocations des illuminés de passage, les plaisanteries des chalands s'y fondaient en un concert de voix pointues... Les questions les plus privées en pénétraient les moindres recoins, s'élevaient jusqu'à ses minarets ... Pourtant, une clameur soudaine s'éleva, d'abord lointaine, comme le mugissement des vagues, elle commença à s'enfler, s'amplifier, jusqu'à ressembler à la plainte sibilante du vent ... Elle semblait étrange, insolite, même dans cette rue criante ...

    Résumé du tome 2 : Était-il en train de lui arriver ce qui arrivait aux autres pères en cette drôle d'époque ? Il entendait des choses abracadabrantes sur la "jeunesse d'aujourd'hui" : des élèves de collège prenaient l'habitude de fumer, d'autres bafouaient la dignité de leurs maîtres, d'autres encore se rebellaient contre leurs pères ! Oh ! bien sûr, son prestige à lui restait intact mais... quel bilan tirer de cette longue vie de rigueur et de fermeté ? D'un côté Yasine qui sombrait dans la déchéance et de l'autre Kamal qui discutait, contestait et essayait de lui filer entre les mains.
    Nous retrouvons ici les personnages inoubliables de l'Impasse des deux palais. Yasine et Kamal ont grandi. Autour d'Abd el-Gawwad, le monde vacille. Peu à peu la société égyptienne traditionnelle cède le pas devant les mœurs et les valeurs modernes.

    Résumé du tome 3 : D'un autre point de vue, l'amour lui paraissait une «dictature», chose que la vie égyptienne lui avait appris à haïr, et du plus profond du cœur! Dans la maison de «sa tante» Galila, il offrait son corps à Atiyya, puis le reprenait aussitôt, comme si rien ne s'était passé. Quant à cette jeune fille rangée dans sa pudeur, elle ne se contenterait de rien de moins que de son corps et de son âme en même temps... et pour l'éternité! Dès lors, il ne lui resterait plus qu'une ligne à poursuivre: la lutte pour la subsistance en vue d'assurer la survie de la famille et des enfants!
    Troisième et dernier volet de la grande fresque romanesque qui relate les transformations de l'Égypte basculant dans la modernité, après Impasse des deux palais et Le Palais du désir, Le Jardin du passé amplifie l'histoire de la famille d'Abd el-Gawwad. Une nouvelle génération, désormais, incarne les contradictions et les blessures du pays: ce sont les petits-enfants d'Abd el-Gawwad, Ahmed, le communiste, et Abd el-Monem, le frère musulman. Conflits entre les idéologies, opposition entre les valeurs traditionnelles et celles de la société nouvelle... Un immense roman pour approcher l'Égypte d'aujourd'hui.

     

    In My Mail Box - Février 2024

     

    Avez-vous craqué pour de nouveaux livres en ce début d'année ?

     


    2 commentaires
  • « Que deviendrait le bien sans le mal ? Le bien a besoin du mal pour exister ! »

     

     

     

      Publié en 2019

      Éditions Au bord des continents 

      165 pages 

     

     

     

     

    Résumé :

    Dans ce nouvel opus des «Merveilles et Légendes», on découvre au travers de Merlin l’Enchanteur et des relations qui le lient aux lieux et aux autres personnages de la table ronde tous les épisodes clés de la geste arthurienne. La jeunesse d’Arthur, Brocéliande, les amours de Viviane, les falaises de Tintagel, Morgane la magicienne, le combat des dragons...

    Ma Note : ★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Merlin l’enchanteur est un personnage incontournable des légendes arthuriennes : conseiller d’Uther Pendragon, mentor d’Arthur mais aussi amoureux éperdu de la fée Vivianne, enfermé par sa propre magie dans le Val sans Retour… doué de clairvoyance, personnage trouble, aussi lumineux que sombre, Merlin est un personnage étrange et qui personnifie à lui seul tous les mythes de la Matière de Bretagne, aussi célèbre outre-Manche que sous les frondaisons de la forêt de Brocéliande où la légende dit que l’enchanteur dormirait de son dernier sommeil…
    Un jour, voilà bien longtemps, le Diable s’avise que la concorde règne sur le monde des Humains, ce qui, évidemment, contrarie le Maître des Ténèbres. Il va alors avoir une idée : engendrer un être dont la mission sur Terre sera de semer le chaos. Cet être hybride, mi-démon mi-humain, sera engendré avec une jeune vierge enfermée dans un couvent et c’est là que le Diable, qui n’est pas infaillible, va commettre une erreur : la chasteté et la pureté de la mère rachète la noirceur du père et les sombres motivations qui entourent la naissance de Merlin. Doté du don de double-vue, voyant aussi distinctement le passé que l’avenir, venant au monde parlant déjà comme un adulte et marchant sur ses deux jambes, sauvant sa mère du procès qu'on lui intente après la naissance étrange de Merlin, il sera celui qui verra l’avenir de la Bretagne et l’avènement d’un âge d’or, le règne du plus grand roi que le royaume de Logres ait jamais connu, le roi Arthur, fils adultérin du roi Uther Pendragon et de la belle duchesse de Cornouailles Ygerne, dupée par le sort de polymorphie de l’enchanteur.

     

    Personnage phare des légendes arthuriennes et celtiques, Merlin l'enchanteur est devenu aussi un héros de notre culture occidentale


    Les éditions Au bord des continents sont connues pour leur ligne éditoriale très orientée sur les contes et les légendes : il est vrai qu’elles sont implantées en pleine Bretagne et que cela doit aider la créativité. Xavier Hussön est un auteur et illustrateur qui a contribué à plusieurs ouvrages desdites éditions, notamment un album pour enfants intitulé La gigue des Korrigans. Dans Merveilles et légendes de Merlin l’enchanteur, il signe le texte comme les illustrations. On peut dire que le texte est donc une version remaniée et modernisée des textes anciens, qui n'ont cessé de s’étoffer et d’être modifiés au cours du temps. Quant aux illustrations, si elles ne m’ont pas toutes plu loin de là, les visuels d’inspiration médiévale, comme les lettrines ou encore les dessins inspirés par des manuscrits anciens, sont très agréables à regarder surtout quand, comme moi, on gribouille plus qu’on ne dessine.
    Poétique et assez envoûtant, ce livre nous entraîne dans des temps immémoriaux où les peuples, les royaumes et les légendes se mêlent. Arthur, Pendragon, Ygerne, le père Blaise – rédacteur de la légende de Merlin – retiré dans sa forêt du Northumberland, le duc Gorlois, dont Uther prendra l’apparence pour séduire sa jolie épouse dont il fera sa reine, Guenièvre, mais aussi Morgane ou encore Vivianne…les débuts de la légende d’Arthur et des chevaliers de la Table Ronde s’esquissent sous nos yeux avec, toujours, la présence omnisciente, omnipotente, de l’Enchanteur, tenant entre ses mains la sagesse et la plus pure connaissance comme les ombres les plus opaques.
    Si vous cherchez un livre qui aborde facilement la légende arthurienne, sans négliger pourtant la poésie d’un texte soigné et servi par une langue recherchée, alors vous trouverez probablement votre bonheur avec ce livre qui ressemble à un vieux grimoire qui nous serait parvenu de siècles immémoriaux.

    En Bref :

    Les + : poétique et ensorcelant, on a l'impression de plonger dans un vieux grimoire des temps anciens. 
    Les - : certaines illustrations ne m'ont pas forcément transportée, mais ceci n'est qu'un avis tout à fait subjectif et personnel.


    Merveilles et légendes de Merlin l'enchanteur ; Xavier Hussön

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

     

     

     

     


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