• INTERMEDE LXXII

     

     

    La Princesse de Lamballe par Anton Hickel (1788)

     

    Née Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, en italien Marie-Teresa Luisa di Savoia, dite Mademoiselle de Carignan, la future princesse de Lamballe voit le jour le 8 septembre 1749. Elle est issue d'une branche cadette de la Maison de Savoie. Son père est le prince de Carignan, Louis-Victor de Savoie et sa mère Christine-Henriette de Hesse-Rheinfels-Rothenbourg. Madame de Lamballe est la tante, à la septième génération, de l'actuel chef de la Maison Royale d'Italie, Victor-Emmanuel de Savoie et à la huitième génération de son fils, Emmannuel-Philibert de Savoie, époux de l'actrice française Clotilde Courau.
    La jeune princesse grandit à Turin, où elle est née. Elle y mène une existence plutôt stricte et maussade mais éloignée des intrigues et des complots de la Cour de Savoie. Elle passe finalement une enfance assez sage et douce, pieusement également. Ces traits de caractère vont pousser le duc de Penthièvre à la choisir pour belle-fille.
    En 1767, Marie-Thérèse épouse donc Louis Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe, par procuration, à Turin. Il est arrière-petit-fils de Louis XIV, par la main gauche. En effet, son grand-père paternel était le comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et de sa maîtresse, Françoise-Athénaïs de Montespan. Marie-Thérèse de Savoie-Carignan fait ainsi, en quelque sorte, son entrée dans la famille royale française puisque les enfants d'Athénaïs de Montespan avaient été légitimés par Louis XIV. Le prince de Lamballe est l'un des hommes les plus riches d'Europe. Mais c'est un dévergondé et son père pense l'assagir en lui donnant une épouse vertueuse comme semble l'être la jeune fille. Le 31 janvier 1767, Marie-Thérèse, une quinzaine de jours après la célébration du mariage par procuration à Turin, arrive en France, à Nangis, où le mariage va être effectivement célébré. Le prince de Lamballe se fond dans la foule et se fait passer pour l'un de ses propres pages auprès de sa jeune épouse, qu'il trouve assez à son goût. Marie-Thérèse remarque le jeune homme et quelle n'est pas sa surprise lorsque, lors de la présentation officielle, elle retrouve le prince de Lamballe sous les traits du jeune page !!
    Malgré cette première rencontre fort agréable, semble-t-il, pour les deux parties, le mariage ne sera pas heureux. Très vite, le prince de Lamballe reprend sa vie dissipée et délaisse sa toute jeune épouse -elle a dix-huit ans-, qui, en désespoir de cause, se réfugie auprès de son beau-père, le duc de Penthièvre, avec qui elle s'entend bien, et la sœur de son époux, Marie-Adélaïde de Bourbon, qui épousera le duc de Chartres et sera en cela, une ancêtre de Louis-Philippe et des actuels prétendants au trône de France, dans la branche Orléans.
    « Je fus mariée presque enfant, épouse avant d'être femme, veuve avant d'être mère et sans espoir de le devenir. » écrira par la suite la malheureuse princesse. En effet, elle ne restera que peu de temps mariée au prince de Lamballe puisque ce dernier décède en 1768, d'une maladie vénérienne contractée lors de ses escapades. La jeune princesse développe, dans son ennui, des accès de mélancolie et des vapeurs, qui lui causent de nombreux évanouissements. Elle ne supporte par exemple pas la vue d'un homard, que ce soit en peinture ou en nature. Elle tombe alors en syncope.
    A 19 ans, la princesse de Lamballe est donc veuve et sans enfant et, comme elle le dit elle-même, sans plus aucun espoir d'en avoir un jour. Son beau-père, qui a de l'affection pour elle, la garde auprès de lui. Ensemble, ils seront très actifs dans diverses œuvres pieuses et charitables. La jeune Marie-Thérèse rend à son beau-père toute l'amitié qu'il nourrit pour elle. L'année suivante, Marie-Thérèse voit partir sa belle-sœur bien-aimée, Marie-Adélaïde de Bourbon, qui épouse le duc de Chartres. Bien qu'issue d'une branche légitimée de la famille royale, Mademoiselle de Penthièvre se trouve être la plus riche héritière du royaume.
    En 1769, après la période de deuil qui a suivi la mort de la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, le parti dévot, soutenu par Mesdames, les filles de Louis XV et son fils, le Dauphin -du moins, avant sa mort, en1765- songe à remarier le roi. Les projets de mariage entre le roi de France déjà vieillissant et l'archiduchesse d'Autriche Marie-Elisabeth n'ayant pas abouti, le parti dévot pense à unir Louis XV à la jeune veuve du prince de Lamballe. Ironie du sort, si le mariage avait abouti, Marie-Thérèse se serait retrouvée une seconde fois l'épouse d'un homme sensuel et accumulant les maîtresses. Le projet n'aboutira pas non plus, la comtesse du Barry, nouvelle maîtresse du roi, ne voulant pas perdre ce prestigieux amant qui lui assurait la gloire et qu'elle tenait, justement, par le plaisir des sens.
    En 1770, Louis XV marie son petit-fils Louis-Auguste, duc de Berry et futur Louis XVI, à la jeune archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche. Les deux époux ont respectivement 16 et 15 ans. Marie-Thérèse, qui a 21 ans, rencontre la Dauphine pour la première fois. A partir de l'année suivante, 1771, la princesse de Lamballe fréquente de plus en plus assidûment la Cour et se rapproche doucement de la Dauphine, qui va faire d'elle une amie et surtout, une alliée sincère et sûre. Marie-Thérèse aime effectivement la jeune fille d'un amour amical et totalement désintéressé.

    La princesse de Lamballe, par Antoine-François Callet


    En 1774, Louis XV meurt de la petite vérole, à l'âge de 64 ans. Son petit-fils, âgé de 20 ans et sa jeune épouse de 19 ans, montent sur le trône. L'amitié entre Marie-Antoinette, devenue reine et Marie-Thérèse de Lamballe, perdure, mais, déjà, des rumeurs fausses et assassines, lancées à dessein pour nuire, par les ennemis de la reine, commencent à entacher leur amitié. Cependant, la princesse de Lamballe continue de garder son caractère pieux et raisonnable, qu'elle possède depuis l'enfance, tandis que Marie-Antoinette, tête folle qui ne songe qu'à s'amuser, se jette à corps perdu dans des activités de plus en plus frivoles.
    L'année suivante, 1775, la reine offre à Madame de Lamballe, qu'elle continue d'appeler son « cher cœur », le titre, très lucratif au demeurant, de Surintendante de la Maison de la Reine, qui avait été supprimé sous le règne de Marie Leszczynska, pour faire des économies. La charge consiste tout simplement à organiser les activités, réceptions, menus plaisir de la reine de France. Mais, très vite, Marie-Antoinette, plus jeune de six ans que la princesse et surtout, bien plus frivole, se rend compte que Marie-Thérèse est bien trop sérieuse pour l'emploi. Elle se tourne alors vers la piquante et insolente Yolande de Polastron, duchesse de Polignac. Cette dernière va prendre la place de l'amie dévouée, dans la charge mais aussi dans le cœur de Marie-Antoinette. Mais la reine ne va pas pour autant en oublier la princesse, qui, malgré le refroidissement de leurs relations, reste dans le cénacle de la reine. Pour occuper son temps, puisqu'elle n'occupe plus aucune charge à la Cour, Marie-Thérèse se rend à la campagne, reprend ses activités charitables envers les pauvres et rachète l'hôtel de Toulouse -siège actuel de la Banque de France, à Paris-, à son beau-père. En 1777, elle devient franc-maçonne et intègre la loge féminine de « la Candeur ». Jeune femme cultivée et intéressée par les avancées de son temps, Marie-Thérèse de Lamballe s'intéresse au mouvements des Lumières, à l'Encyclopédie, immense projet porté à bout de bras par Diderot et d'Alembert. Mais la princesse s'intéresse aussi à la condition féminine et privilégie l'amitié féminine. Elle organise par exemple un banquet où elle ne convie que des femmes. La Cour en fera des gorges chaudes et cette réception irritera la reine Marie-Antoinette. En 1781, elle devient Grande Maîtresse de la « Mère Loge Écossaise ».
    Quelques années plus tard, la Révolution menace. Elle éclate, comme chacun sait, en 1789. La reine, qui commence à prendre conscience de ses erreurs, se rapproche de nouveau de la princesse, dont la réputation vertueuse n'est plus à faire. Rapprochement qui se fait d'autant plus aisé depuis que Madame de Polignac a quitté Versailles, sur les instances de la reine, qui l'a sommée d'aller se mettre à l'abri à l'étranger, après le 14 juillet 1789. En octobre de cette même année, après que les insurgés parisiens aient investi le palais de Versailles pour ramener à Paris la famille royale, la princesse de Lamballe suit Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, sœur du roi et les deux enfants du couple, Madame Royale et le petit Dauphin au palais des Tuileries, qui sera désormais la nouvelle résidence du couple royal et de sa famille. Leur amitié s'en trouve renforcée car la princesse reste l'un des derniers soutiens de la famille royale. En 1791, peu de temps avant la fuite à Varennes, Marie-Antoinette informe la princesse de leur futur départ et l'enjoint à partir à son tour, à émigrer, pour se mettre à l'abri de la vindicte révolutionnaire. Suite à de nombreux contretemps, la famille royale est rattrapée et arrêtée à Varennes, le 21 juin 1791. Marie-Thérèse, munie d'un passeport en règle, a quitté la France par Dieppe et gagné Londres.
    La reine et son amie vont alors échanger une importante correspondance, dans laquelle la reine, qui a tout perdu, réaffirme son affection à la princesse de Lamballe. Voyons ce qu'elle lui écrit en juin 1791 : « j’ai besoin de votre tendre amitié et la mienne est à vous depuis que je vous ai vue ». A la fin de l'été 1791, Marie-Thérèse de Lamballe se voit confier par Marie-Antoinette une mission dont nous ignorons le but et les motifs, à Aix-la-Chapelle. Marie-Thérèse s'y rend effectivement. Mue par une sorte de pressentiment, elle y dicte ses dernières volontés, nommant le marquis de Clermont-Gallerande comme son exécuteur testamentaire.
    Fin de juin 1791, malgré les supplications de la reine, qui lui enjoint de ne pas revenir en France, Marie-Thérèse, qui craint pour la sécurité de ses biens, menacés par les lois en préparation et concernant les biens des émigrés, revient à Paris. C'est aussi par dévouement envers la reine et sa famille que Marie-Thérèse choisit de rentrer. Elle reprend alors ses fonctions de Surintendante aux Tuileries.
    Selon une thèse défendue par Olivier Blanc, Marie-Thérèse de Lamballe émargeait sur les fonds secrets du ministère des Affaires étrangères. Son passeport d'avril 1791 avait par exemple était délivré par le ministre, de Montmorin. Le comité de surveillance de l'Assemblée législative lui reproche bientôt d'avoir coordonné ou encouragé les activités du « Comité autrichien », qui œuvrait en sous-main contre la Révolution. Parmi les pièces originales découvertes dans la fameuse armoire de fer, des documents mettaient clairement en cause Madame de Lamballe.
    Le 10 août 1792, la foule en colère envahit les Tuileries, massacrant les Suisses, postés dans le palais pour protéger le roi, la reine et leur famille. La famille royale et la princesse, qui ne l'a pas quittée, trouvent refuge dans la salle du Manège, où se réunit l'Assemblée législative. La déchéance du roi est alors proclamée et son incarcération au Temple est décidée. Comme Madame de Lamballe ne fait pas partie de la famille royale stricto sensu, elle est séparée, dix jours plus tard, du roi et de la reine. Madame de Tourzel, qui était la gouvernante des Enfants de France, sera également incarcérée ailleurs avec sa fille Pauline. Mais, contrairement à la princesse de Lamballe, Madame de Tourzel et sa fille seront élargies par la suite.

    INTERMEDE LXXII

     

    La mort de la princesse de Lamballe, par Léon-Maxime Faivre (1908)


    Les 2 et 3 septembre, une foule ivre de sang, armée de barres de fer, de piques ou encore de bûches, encercle toutes les prisons de Paris, où croupissent de nombreux nobles. Parmi eux, la princesse, qui a été incarcérée dans la prison de La Force. Tirée de sa cellulle au matin du 3, la princesse est déférée devant une commission improvisée dans l'urgence et composée par des membres du comité de surveillance de la Commune du 10 août. Elle est sommée de « nommer ceux qu’elle avait reçus à sa table ». On lui demande surtout de témoigner sur les liens qui unissent le roi et la reine avec les puissances de la Coalition. Elle aurait refusé et c'est pour cela qu'on l'aurait mise à mort. Pourtant, dans les minutes qui suivent cet interrogatoire bâclé, Marie-Thérèse est élargie. Selon Talleyrand, qui se trouvait encore à Paris et ne devait embarquer que le surlendemain pour Londres, Madame de Lamballe fut assassinée à la suite d'une tragique méprise. Alors qu'elle sort de La Force, elle est prise d'un malaise, peut-être à cause des cadavres qui se révèlent à sa vue. Les émeutiers, croyant qu'elle vient de recevoir un premier coup, l'auraient frappée à leur tour.
    La tête de la princesse fut détachée du reste du corps. On la planta au bout d'une pique, on lui poudra légèrement les joues et on lui fit arranger les cheveux par un jeune coiffeur qui passait par là puis elle fut amenée jusqu'au Temple pour être montrée à la reine, qui se trouva mal à la vue de la tête de son amie. Le corps de Madame de Lamballe fut ensuite transporté sur des kilomètres et profanée. Ramenée au comité, au soir du 3 septembre, la tête de Madame de Lamballe sera inhumée avec le reste du corps, dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêcha l'un de ses valets à Paris pour rechercher la dépouille de sa belle-fille, en vain. Selon Arthur de Cirey, seuls les cheveux de Madame de Lamballe furent rapportés à son beau-père, qui mourut peu de temps plus tard en les serrant sur son cœur. Le lynchage de la princesse de Lamballe donna lieu, par la suite, à de nombreux témoignages repris par les historiens dans leurs ouvrages.

     

    © Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.

    Pour en savoir plus :

    -La Princesse de Lamballe : mourir pour la reine, Michel de Decker. Biographie.
    -Marie-Antoinette, Stefan Zweig. Biographie.
    -La Princesse de Lamballe, une amie de la reine Marie-Antoinette, Albert-Emile Sorel. Biographie.
    -L'Anneau de la Reine, Olivier Seigneur. Roman. 

     


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  • «Une sorte de justice immanente semble donc présider au dénouement de cette histoire, chacun des trois protagonistes ayant été, à l'évidence, l'artisan de son destin. »

    Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 1, Les Deux Régentes ; Simone Bertière

    Publié en 1998

    Editions Le Livre de Poche

    640 pages

    Premier tome de la saga Les Reines de France au Temps des Bourbons

    Résumé :

    Quel était le sort réservé aux reines dans l'ancienne France ? Simone Bertière poursuit ici une passionnante et originale enquête historique avec deux femmes qui ont marqué le XVIIe siècle : Marie de Médicis et Anne d'Autriche. Toutes deux ont joué un rôle politique considérable, puisque, respectivement mères de Louis XIII et de Louis XIV, elles seront durant de longues années régentes du royaume. C'est tout un siècle de notre histoire qui revit à travers ces deux biographies mêlées, où se conjuguent la rigueur de l'exposé historique et la finesse de l'analyse psychologique, au gré d'un récit vivant et animé.                                                                                         Une réussite couronnée par le prestigieux Grand Prix d'histoire Chateaubriand-La Vallée-aux-Loups 1996.   

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    L'exceptionnelle longévité de Louis XIV, qui régna soixante-douze ans a fait que le XVIIème siècle fut très peu riche en figures féminines souveraines. Elles sont finalement trois à se partager, avec plus ou moins de bonheur, cet honneur : la grand-mère, la mère et l'épouse du Roi-Soleil.
    La grand-mère, c'est Marie de Médicis, Florentine, cousine lointaine de la fameuse reine Catherine, qui gouverna la France au siècle précédent. La mère, c'est la flamboyante et très jolie Espagnole, Anne d'Autriche, descendante de Charles-Quint, épouse bafouée mais mère exceptionnelle. Enfin, l'épouse, dont le destin ne sera que survolé dans cet ouvrage, c'est Marie-Thérèse, espagnole aussi et par ailleurs nièce d'Anne d'Autriche. Effacée, parlant mal le français, elle sera confinée dans un rôle bien moins important que celui des deux précédentes, se contentant finalement d'aimer le roi de loin et de lui donner des enfants.

    Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 1, Les Deux Régentes ; Simone Bertière

    Marie de Médicis par Pourbus (début du XVIIème siècle)


    Marie de Médicis et Anne d'Autriche se démarquent de cette figure traditionnelle de la reine, justement dévolue à la perpétuation de la race et à un rôle de figuration auprès de son époux, parce que le destin l'a voulu comme cela. Comme Blanche de Castille en son temps, comme Catherine de Médicis, elles ont perdu le roi, leur époux, alors que leur fils n'était pas en âge de s'acquitter seul de l'exercice du pouvoir. Elles occupèrent, chacune avec plus ou moins de succès, la place peu confortable de régente, le temps que leur enfant puisse enfin se passer de leur tutelle. Anne d'Autriche garda jusqu'au bout l'amour et l'affection d'un fils qu'elle avait eu sur le tard et qu'elle avait su s'attacher par des sentiments sincères ; Marie de Médicis, mère peu aimable et peu aimante, ne sut pas s'attirer l'affection de son fils, l'ombrageux Louis XIII, qui la laissa partir sans regrets.
    Ce sont donc ces deux figures qui seront au centre du récit de ce premier tome des Reines de France au Temps des Bourbons et qui porte justement le titre plus que transparent des Deux Régentes. Après avoir brossé les grands destins d'Anne de Bretagne, de Marie Stuart et de Catherine de Médicis et ceux, plus effacés, des reines Claude de France, Elisabeth d'Autriche et Louise de Lorraine dans Les Reines de France au Temps des Valois, Simone Bertière s'attaque donc, avec beaucoup de succès, au récit des grands destins féminins sous les Bourbons, dont la dynastie régnera, en ligne directe, jusqu'en 1792.
    On découvre ou on redécouvre donc dans cet ouvrage deux figures incontournables de l'Histoire Moderne : Marie de Médicis, l'épouse d'Henri IV et Anne d'Autriche, leur belle-fille, qui reste bien plus connue comme la mère de Louis XIV que comme l'épouse de Louis XIII, finalement. Elles furent deux souveraines différentes, de part leurs origines, déjà, de part leur caractère plus intime également, car il ne faut pas oublier qu'au-delà de la figure souveraine et figée dans le temps, elles furent aussi deux femmes, avec leur humanité, leurs sentiments, leurs qualités, leurs défauts et leurs failles. Mais un point commun les relie cependant : elles eurent à assumer la régence, à assurer la position d'un petit roi mineur pas encore capable de régner. Elles eurent la rude tâche de diriger le royaume durant une période troublée, pas forcément encore complètement émancipée des troubles religieux et sanglants du siècle précédent et dont on vit encore, parfois, des recrudescences. Si l'une, Marie de Médicis, appelait de ses vœux une responsabilité qu'elle considérait comme exaltante mais qu'on lui refusait du vivant de son époux et qu'elle assuma finalement en demi-teinte, Anne d'Autriche, elle, ne souhaitait pas que le pouvoir lui tombe entre les mains. Elle s'en acquitta cependant bien mieux que sa belle-mère, même si elle commit, comme tout le monde, des erreurs que ses contemporains et, plus tard, les historiens, furent enclins à juger parfois un peu trop sévèrement. L'erreur est humaine, il est vrai mais nous sommes toujours moins disposés à la supporter chez ceux qui, un jour, durent présider à la destinée d'un peuple. Ce fut le cas de ces deux femmes qui n'avaient pas été préparées au gouvernement d'un pays mais que l'assassinat ou la mort naturelle et prématurée de leurs époux respectifs précipita dans un rôle difficile où il n'y a que peu de place pour l'improvisation.

    Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 1, Les Deux Régentes ; Simone Bertière

    Anne d'Autriche par Rubens (XVIIème siècle)


    Il est plaisant de retrouver sous un coup de projecteur différent les deux existences archi-connues de ces deux reines. Sans les excuser, sans les dédouaner, sans minimiser leurs erreurs ou les décisions malheureuses qu'elles ont pu prendre et qui ont ensuite influencé les rois et les reines qui les ont suivies, Simone Bertière essaie de livrer une image humaine, objective, peut-être aussi un peu plus féminine, dans sa façon de les considérer. Avec, parfois, une psychologie contemporaine, une vision des choses plus prompte aux concessions que celle des contemporains, notamment les mémorialistes, qui jugeaient à chaud de leurs actes, mais sans pour autant tomber dans l'hagiographie, l'auteure nous permet de ressortir de son livre avec une opinion certainement nuancée sur ces deux reines et une certaine indulgence pour elles. Certes, elles prirent parfois de mauvaises décisions mais qui n'en prendra aucune dans sa vie ? Seulement il est toujours plus facile de critiquer celles des gens publics comme pouvaient l'être les souverains à l'époque. Marie de Médicis a à souffrir, depuis le XVIIème siècle, d'une affligeante réputation de sottise et de balourdise et, même si elle s'avère effectivement d'un caractère jaloux et emporté, il semblerait qu'elle n'ait pas été aussi bête que l'on veut bien le faire croire. Quant à Anne d'Autriche, qui, cent-cinquante ans avant Marie-Antoinette, fut accusée de frivolité, de coquetterie et de collectionner les amants, elle fut certes une reine énergique mais qui ne manœuvra pas toujours de façon toujours pertinente, animée qu'elle était par son amour maternel bien plus que par un sentiment national qui, de toute façon, à l'époque restait une notion assez vague.
    Récit riche et accessible, l'ouvrage de Simone Bertière ravira autant ceux qui veulent découvrir cette période pleine de rebondissements, d'événements et de personnages hauts en couleur que ceux la connaissant déjà mais voulant s'y replonger. Avec un propos loin du pompeux et du barbant, elle parvient à captiver son public.

    En Bref :

     

    Les + : un récit riche, rigoureux mais accessible.
    Les - :
     rien de grave, une seule petite erreur sur la reine Marie-Thérèse que l'auteure fait naître en 1639 ! wink2


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  • « La lutte pour choisir son propre destin était-elle moins importante que la nécessité d'arrêter un grand fléau de l'humanité ? »

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon

    Publié en 1991 aux Etats-Unis ; 2014 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Outlander, Book 1

    Autre titre français : Outlander, tome 1, Le Chardon et le Tartan

    Editions J'ai Lu 

    852 pages 

    Premier tome de la saga Le Chardon et le Tartan

    Résumé :

    1945. Claire passe ses vacances en Ecosse, où elle s'efforce d'oublier la Seconde Guerre Mondiale auprès de son mari, tout juste rentré du front. Au cours d'une balade, la jeune femme est attirée par un mégalithe, auquel la population locale voue un culte étrange. Claire aura tôt fait d'en découvrir la raison : en s'approchant de la pierre, elle se volatilise pour atterrir au beau milieu d'un champ d'un bataille.

    Le menhir l'a menée tout droit en l'an de grâce 1743, au coeur de la lutte opposant Highlanders et Anglais. Happée par ce monde inconnu et une nouvelle vie palpitante, saura-t-elle revenir à son existence d'autrefois ?

    Le début d'une saga incontournable !

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1945, Claire Beauchamp, ancienne infirmière militaire et démobilisée, revient dans les Highlands avec son époux, Frank Randall. C'était là qu'ils s'étaient mariés plusieurs années auparavant et Frank a décidé d'y ramener sa femme en guise de lune de miel, mais aussi pour poursuivre ses recherches sur le soulèvement jacobite qui secoua l'Ecosse au milieu du XVIIIème siècle...
    Alors qu'elle se trouve un jour près de la colline de Craigh Na Dun, siège d'un ancien culte païen, Claire disparaît brutalement, happée par les pierres, qui la ramènent deux cents ans plus tôt, en 1743, alors que les Highlands préparent le soulèvement visant à remettre sur le trône britannique l'ancienne dynastie des Stuarts. Connaissant déjà l'Histoire et sachant que les Highlanders seront défaits, trois ans plus tard et que les Stuarts ne remonteront jamais sur le trône, Claire va alors tenter de réécrire le destin afin de sauver les Jacobites. Bravant les embûches que cette époque inhospitalière sème sous ses pas -car il n'y a bien sûr pas besoin d'être grand clerc pour comprendre combien peut être dépaysante la vie rustique des Highlands du XVIIIème siècle pour une femme du XXème-, Claire va pourtant tenter de changer le destin de ceux qui l'ont recueillie et surtout, l'avenir de l'un deux, le jeune Jamie, hors-la-loi et pourchassé par les Anglais et qui ne semble pas la laisser indifférente.

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon


    Le premier tome de la foisonnante saga Le Chardon et le Tartan -Outlander en anglais- écrite par Diana Gabaldon commence donc par la disparition inexpliquée d'une jeune femme, propulsée du XXème au XVIIIème siècle après être passée dans un cercle de pierre magique sur la Colline aux Fées -Craigh na Dun en gaélique. Des disparations inexpliquées, il y'en a tous les jours, comme l'explique elle-même l'auteure dans l'avant-propos de son roman. Des personnes qui quittent tout du jour au lendemain pour refaire leur vie ailleurs, des mères qui quittent leur famille, des grands patrons qui abandonnent leur entreprise...et si, comme dans les légendes écossaises, des jeunes femmes disparaissaient mystérieusement pour devenir des voyageuses du temps ? Et, si justement, l'inexplicable et le merveilleux pouvaient justifier ces disparitions qui restent souvent entourées de mystères et non élucidées ? Et puis il y'a aussi la grande question que l'on se pose tout au long de la lecture : peut-on réellement changer le monde, l'Histoire, son avenir et surtout, à quel prix ? 
    Fortement teinté de fantastique -ceci est un doux euphémisme-, cette saga littéraire m'a fait hésiter longuement avant que je ne me décide finalement à m'y lancer. L'intrigue historique me plaisait bien, je dois l'avouer : le contexte historique est intéressant quoique plutôt méconnu en France...peu de gens savent aujourd'hui que les Stuarts, entre les XVIIème et XVIIIème siècles ont trouvé refuge auprès de leurs cousins, les souverains français, notamment Louis XIV et son arrière-petit-fils, Louis XV. Qui connaît encore, par chez nous, celui que l'on appelait Le Prétendant ou encore Bonnie Prince Charlie, Charles-Edouard Stuart, petit-fils de Jacques II, dont les partisans furent écrasés lors de la sanglante bataille de Culloden, au printemps 1746 ? Si le souvenir reste vivace en Ecosse, ce n'est plus vraiment le cas pour nous, même si le mouvement jacobite nous parle vaguement...
    Finalement, l'intérêt que je portais au contexte historique a fini par vaincre mes préventions et je dois dire que j'ai été très agréablement surprise. Ma connaissance de la série télévisée adaptée du roman m'a peut-être aidée à me plonger plus facilement dans l'ambiance de cette saga particulière...car, oui, une fois n'est pas coutume, moi qui ne suis ni cinéphile ni fan de séries télévisées, j'ai d'abord commencé par l'adaptation qui m'a vraiment beaucoup plu et qui, il faut bien le dire, est tournée de façon à accrocher son public dès les premiers épisodes -la plastique de Sam Heughan n'y est peut-être pas pour rien, il faut bien le dire.
    J'ai par contre été un peu déçue par le style : je ne sais pas s'il s'agit de la traduction ou non mais j'ai effectivement trouvé certains passages un peu lourds. Un peu moins dense que ses successeurs, le premier tome reste néanmoins un bon pavé et le roman a donc les défauts de ses qualités : il est difficile de tenir le rythme sur près de mille pages sans s'essouffler et, en effet, La Porte de Pierre contient quand même pas mal de longueurs. Longueurs qui peuvent aussi s'expliquer par la volonté de l'auteure de bien asseoir les bases de son récit qui est tout de même dense, riche et foisonnant, on ne peut le nier.

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon

    Quant au côté invraisemblable que certains lecteurs ont soulevé, concernant le peu de volonté de Claire a retrouver son époque, il ne m'a pas gênée plus que cela même si, effectivement, il semblerait que le premier mouvement sensé soit d'essayer de revenir chez soi, par n'importe quel moyen. Mais, finalement, comme n'importe quelle personne se trouvant brutalement privée de ce qui faisait jusque là son existence, Claire va tenter, à deux cent ans de distance, de reconstruire sa vie comme elle peut et l'amour qu'elle va alors peu à peu développer pour Jamie, ce jeune Highlander au passé plutôt troublé, n'y est peut-être pas pour rien. Et même si, contrairement à d'autres, sa disparition n'est pas volontaire à l'origine, Claire, qui ne sait pas si la porte fonctionne dans l'autre sens et pourra la ramener dans les années 1940, va commencer par récréer autour d'elle un cercle réconfortant et sécurisant qui lui permet d'envisager de nouveau son avenir. Autrement, certes, mais avec sérénité, malgré les événements qui se préparent et dont elle a, bien sûr, tragiquement, la prescience. Après, je comprends tout à fait le sentiment des lecteurs qui ont soulevé ce point parce qu'il est vrai, si l'on tente de se mettre à la place de Claire, que notre premier mouvement serait justement de mourir de peur à l'idée de ne pas pouvoir revenir en arrière...mais Claire, plutôt que de paniquer, va opter pour la tâche, ardue, de changer l'Histoire, ce qui, bien sûr, ne se fait pas sans mal.
    Malgré, donc, quelques petits bémols, je dois dire que j'ai été plutôt surprise et en bien. Une série plutôt prometteuse, en espérant que la suite soit à la hauteur.

    En Bref :


    Les + :
    un récit original et plutôt enlevé, des personnages assez attachants.
    Les - :
    des longueurs et des lourdeurs de style.


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  • « Je me demandais si le fait de prendre des décisions qui impliquaient le destin d'autres personnes deviendrait plus facile avec le temps. »

    Le Chardon et le Tartan, tome 2, Le Talisman ; Diana Gabaldon

    Publié en 1991 aux Etats-Unis ; en 2014 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Outlander, book 2, Dragonfly in Amber

    Editions J'ai Lu

    947 pages

    Deuxième tome de la saga Le Chardon et le Tartan

     

    Résumé :

    1968. A la mort de son mari, Claire Beauchamp emmène sa fille en Ecosse, sur les lieux mêmes où, vingt ans plus tôt, elle a vécu d'extraordinaires aventures...

    Des aventures qui, dans ce second tome, vont conduire Claire et Jamie dans le Paris du siècle des Lumières. Leur but ? Empêcher Charles-Edouard Stuart d'accéder au trône, un événement qui marquerait le début d'une répression sanglante dans les Highlands. Mais dans leur course effrénée, le couple découvrira à ses dépens qu'on ne peut modifier le cours de l'histoire impunément...

    La suite d'une série incontournable ! 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1968, vingt ans après son inexplicable réapparition, Claire Beauchamp décide de revenir en Ecosse, sur les lieux mêmes où elle avait disparu mystérieusement, en 1945, aux alentours du cromlech de Craigh na Dun -la Colline aux Fées. Âgée d'une quarantaine d'années, elle est devenue une brillante chirurgienne installée à Boston avec sa fille unique, Brianna. C'est d'ailleurs accompagnée de la jeune femme, âgée de vingt ans, qu'elle revient dans les Highlands. A Inverness, où tout a commencé, elle retrouve Roger Wakefield, le fils adoptif du pasteur qui, dans les années 1940, avait donné de nombreuses informations sur les jacobites et leurs révoltes en faveur de Charles Edouard Stuart, dans les années 1740...
    Les années 1740...c'est justement à cette époque que Claire s'était réveillée après être passée dans un menhir fendu de Craigh na Dun. Echouée au beau milieu du XVIIIème siècle, dans les terres du clan McKenzie, elle y avait assisté, impuissante, à la montée de la ferveur jacobite avant de tomber amoureuse du jeune Jamie Fraser...Revenue en Ecosse pour en apprendre un peu plus sur la sanglante défaite de Culloden en 1746 puis la répression anglaise sur les Highlands, Claire veut en profiter également pour avouer sa véritable identité à sa fille Brianna, persuadée d'être la fille de Frank Randall. Contre toute attente, sa mère lui annonce alors qu'elle n'est autre que le fruit de ses amours avec le jeune Highlander Jamie Fraser, qui aurait inexplicablement survécu au carnage de Culloden...

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Charles-Edouard Stuart, par Antonio David (1729)


    C'est alors sous forme de flash-back que Claire raconte à Brianna et à Roger Wakefield -qui ne serait peut-être pas, lui non plus, si étranger que cela aux mystères de Craigh na Dun-, la mission désespérée qu'elle mena, en compagnie de Jamie, entre la France et l'Ecosse, pour tenter de tuer dans l'oeuf le soulèvement jacobite qui, elle le savait, se finirait irrémédiablement dans un bain de sang pour les clans Highlanders et une famine terrible qui décimerait la région....Mais peut-on, bien qu'en ayant la prescience des événements, réécrire l'Histoire et faire basculer le destin dans le bon sens ? C'est à cette épineuse question que Claire, venue du futur et porteuse donc d'un savoir prémonitoire, va se heurter, confrontée bientôt à l'impuissance humaine face à une force immanente contre laquelle elle ne peut rien.
    Entre Versailles, Paris, Inverness et, enfin, Culloden, aux côtés de Louis XV ou Charles-Edouard Stuart, les époux Fraser vont alors tenter la périlleuse tâche de saper les soutiens jacobites tout en se faisant passer pour de fervents partisans des Stuarts. Traîtres à la couronne d'Angleterre et aux Hanovre puisque soutenant officiellement les Stuarts mais aussi traîtres à ces derniers puisque menant une mission parallèle visant à les empêcher de recouvrer leurs droits ancestraux sur la couronne britannique, Claire et Jamie vont traverser bien des aventures et des péripéties avant que le jeune homme ne se décide à prendre une décision irrévocable...
    Entre XXème siècle et XVIIIème siècle, Diana Gabaldon prend toujours un malin plaisir à nous balader dans le temps et...ça marche ! ! Plus enlevé, plus dynamique, que le tome un, où la situation, l'univers, se posaient lentement et où les différents protagonistes se présentaient progressivement, ce second volume des aventures et mésaventures de Claire Beauchamp, jeune infirmière propulsée dans un monde inhospitalier et violent aux côtés d'un homme que, contre toute attente, elle va aimer de toutes ses forces, se lit avec aisance mais surtout, avec plaisir. Si la partie se passant à Paris n'est parfois pas des plus passionnantes, le récit reste relativement bien maîtrisé, et avec une dose parfaite de suspens pour rendre l'intrigue addictive. Au-delà de cela, on réfléchit également en même tant que Claire à la question qui sert de trame au récit : un seul homme peut-il modifier le destin et, de fait, l'Histoire ou est-il condamné à rester impuissant ? Telle une Cassandre moderne, qui sait mais reste dans l'impossibilité de mettre en garde parce que sachant qu'on ne la croira pas, Claire va pourtant essayer de sauver l'homme qu'elle aime mais aussi tous ses compagnons qu'elle sait promis à une mort sordide ou à un destin terrible.


    Le contexte historique est bien restitué et si, à cause de ce flux et de ce reflux constant dans le temps, avec des personnages qui chevauchent les époques, comme Claire ou encore Geilis Duncan, la mystérieuse sorcière de Cranesmuir, rencontrée dans le premier tome, on se perd parfois dans la chronologie ou dans les dates, le récit reste clair et facile à suivre. On suit avec une angoisse constante la montée en puissance des événements, l'accélération des offensives des Stuarts et on ressent avec Claire son impuissance et sa frustration à ne rien pouvoir y faire. On vibre aussi à l'unisson de cette femme sensuelle, libérée et très amoureuse. Le Chardon et le Tartan qui peut passer, au premier abord, pour une romance historique un peu gentillette s'en écarte de plus en plus, avec des aventures, certes très romanesques, mais parfois si violentes voire si sombres, qu'on ne peut décemment pas taxer la saga de Diana Gabaldon d'être une bluette romantique, bien au contraire. L'histoire entre Jamie et Claire est bien sûr une trame certaine de l'histoire, comme son squelette, en quelques sortes, mais l'auteure évite de tomber dans l'écueil très facile de la romance un peu niaise...
    Mené tambour battant, ce deuxième tome, qui permet au lecteur de s'immerger encore un peu plus dans l'univers de cette saga volumineuse -plus de dix tomes, qui sont en train d'être réédités, en France comme aux Etats-Unis, à l'occasion de la diffusion de la série Outlander-, est un piège ! ! On y tombe tête baissée et on ne peut plus en sortir une fois pris dans les mailles du filet ! L'intrigue, mais aussi les personnages, très travaillés et dotés d'une psychologie complexes, y sont bien sûr pour beaucoup...
    Vivement le troisième tome. 

    En Bref :

    Les + : un récit rythmé et enlevé, un univers toujours aussi captivant et des personnages de plus en plus attachants.
    Les - :
    une partie dans les premiers chapitres peut-être un peu longuette.


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  • « Finalement, il est plus facile de risquer sa vie que de s'inquiéter pour quelqu'un qu'on aime. »

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon

    Publié en 1993 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Outlander, book 3, Voyager

    Editions J'ai Lu

    1013 pages

    Troisième tome de la saga Le Chardon et le Tartan

    Résumé :

    Vingt années se sont écoulées depuis le périple de Claire Beauchamp-Randall dans l'Ecosse du XVIIIe siècle.

    Si l'infirmière britannique a refait sa vie depuis, le souvenir de Jamie Fraser et des années tumultueuses vécues ensemble reste intact. Aussi, lorsqu'elle apprend qu'il a survécu à la sanglante bataille de Culloden ayant marqué la défaite de l'armée écossaise, elle se retrouve confrontée à un terrible dilemme. En remontant une nouvelle fois le temps, retrouvera-t-elle celui qu'elle a quitté deux décennies auparavant ? 

    Fuite, tempêtes, intrigues politiques et prophéties étranges : la suite d'une série incontournable !

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Après la défaite de Culloden, en avril 1746, les clans écossais ont été décimés et une violente répression, menée par les armées anglaises, s'est abattue sur les Highlands, pillant les villages et affamant les familles...des familles entières périssent et d'autres, pendant les années qui suivront la défaite des jacobites, quitteront l'Ecosse pour le Nouveau Monde...hormis cela, beaucoup de Highlanders ont péri sur le champ de bataille de Culloden, marquant la fin des clans.
    Claire Beauchamp, revenue au XXème siècle après avoir traversé une deuxième fois la faille spatio-temporelle de Craigh na Dun, a tant bien que mal refait sa vie à son époque, donnant naissance à une petite fille à la fin des années 1940, Brianna et tentant de reprendre une relation conjugale avec Frank Randall, qu'elle a retrouvé, au terme d'une mystérieuse disparition de trois années dont, bien sûr, elle ne peut pas parler. Médecin de talent, elle a cinquante ans à la fin de ces années 1960 mais n'a pas oublié celui qu'elle a épousé, dans les années 1740, ce jeune hors-la-loi highlander, Jamie Fraser et qu'elle a quitté à l'aube de la sanglante et tragique bataille de Culloden...qu'est-il devenu ? Comme beaucoup d'autres, est-il tombé sous les armes anglaises ? Ou bien a-t-il survécu ? C'est ce que Claire recherche désespérément en Ecosse, où elle s'est rendue accompagnée de sa fille, Brianna, âgée de vingt ans.
    Et quand elle apprend que Jamie aurait survécu à Culloden mais aussi aux années de famine et de répression qui ont suivi, Claire décide alors, à ses risques et périls, de tenter une nouvelle remontée du temps pour le retrouver.

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon


    Ce troisième tome, judicieusement intitulé Le Voyage -ou Voyager, pour ce qui est du titre original-, nous emmène en effet très loin de ce qui fut l'ambiance des deux premiers tomes. Nos protagonistes, auxquels nous nous attachons pages après pages vont en effet quitter l'Ecosse et les terres peuplées de légendes et de brume des Highlands pour se diriger vers le continent américain, ce fameux Nouveau Monde qui n'a pas encore connu les soubresauts de la guerre d'Indépendance et qui apparaît comme un Eden pour beaucoup et notamment, les Ecossais victimes des exactions anglaises. Entre les Antilles, la Jamaïque puis les colonies de l'est de ce qui sera un jour les Etats-Unis, nous suivons donc Jamie et Claire, mais aussi d'autres personnages, déjà connus ou que nous découvrons dans ce troisième tome, dans leurs pérégrinations et les aventures qui, bien évidemment, ne manqueront pas de leur arriver et de mouvementer -à défaut de pimenter- leur existence.
    Si ce troisième tome permet au lecteur de connaître un nouveau pan de l'histoire d'amour passionnée entre Claire Beauchamp et Jamie Fraser, il nous fait aussi découvrir ce que fut la vie de Jamie durant les vingt années entre Culloden puis ses retrouvailles inattendues avec Claire : Diana Gabaldon en profite donc pour tisser un portrait plus vrai que nature de ces Highlands exsangues, vidées de leur substance par l'échec du soulèvement jacobite, la faim, la mort, l'impossibilité des petits lairds à nourrir leur famille mais aussi celles de leur métayer, l'émigration vers les villes voire vers un monde meilleur, les conditions de vie des prisonniers jacobites, sous la coupe de leurs geôliers anglais...
    En parallèle, nous en apprenons un peu plus également sur la vie quotidienne à cette époque-là dans les Antilles et les colonies en général, dont la base était, aussi contestable que cela puisse paraître aujourd'hui, l'esclavage et le commerce triangulaire. Et, enfin, sur le côté un peu plus surnaturel du livre, Diana Gabaldon nous fournit quelques informations précieuses sur le parallélisme des deux époques de Claire, à savoir le XXème et le XVIIIème siècle mais aussi sur la dangerosité du passage entre différentes époques. Au travers d'un personnage déjà rencontré et qui s'avère bien plus maléfique encore que ce que l'on aurait pu croire, Claire, pourvue du don de naviguer entre les époques, en apprend donc beaucoup, en même temps que nous, sur cette particularité qui a si brutalement et radicalement bouleversé sa vie un jour de 1945...

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon


    Rien à dire quant aux personnages, que l'on retrouve avec plaisir. Claire, bien qu'ayant pris vingt ans, reste un personnage dynamique et enlevé, très bien travaillé...C'est aussi avec plaisir que l'on retrouve Jamie, le sensuel jeune Highlander, devenu le second époux de Claire. Et, enfin, nous nous habituons toujours un peu plus au personnage de Brianna, fille de Claire et de Jamie, née au XXème siècle et qui se trouve, bien malgré elle, mêlée à l'histoire complexe de ses parents. Bien que moins attachante que sa mère pour le moment, la jeune femme devient un personnage-clé de l'intrigue de Outlander.
    La seule chose que je reprocherais à ce troisième tome, ce sont les péripéties parfois trop nombreuses et donc un peu téléphonées, qui émaillent le récit. Certes, Outlander reste avant tout une saga de romance et d'aventures mais trop d'aventures tue l'aventure, à mon sens. Et certaines m'ont donc paru un peu superflues. Quelques longueurs également mais il difficile de faire sans dans des romans d'une telle ampleur.
    En bref, malgré petits bémols, j'ai lu ce troisième tome avec une aisance folle et ce fut encore une fois un plaisir que de me replonger dans l'univers si particulier de Outlander, aux côtés de Jamie et Claire ! !

    En Bref :

    Les + : une intrigue dynamique et enlevée, des personnages attachants et un univers que l'on prend plaisir à retrouver à chaque nouveau tome.
    Les - :
    quelques longueurs et des péripéties invraisemblables parce qu'un peu cliché.

     


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