• « Le Malin n'apparaissait jamais, il préférait s'introduire sournoisement dans l'esprit et le coeur de ses victimes pour les manipuler et les pousser au crime. »

    Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 7, L'Enigme du Clos Mazarin ; Jean d'Aillon

    Publié en 2007

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    445 pages

    Septième tome de la saga Les Enquêtes de Louis Fronsac 

    Résumé :

    Magistrats et truands au coeur d'une terrible affaire criminelle visant à renverser le premier ministre.


    En 1646, Jules Mazarin, président du conseil royal, signe des lettres de patentes qui permettent à son frère Michel d'augmenter la surface de la ville d'Aix. Au même moment, le comte d'Alais, gouverneur de Provence, avertit le ministre que de fausses lettres de provision, toutes signées par le cardinal et permettant d'accéder à des charges de conseiller au parlement, sont mises en vente. Qui peut bien chercher à céder de tels documents et à semer le trouble dans la ville ? Mazarin charge le marquis de Vivonne de mener l'enquête. Aidés de Gaston de Tilly, procureur du roi et du perspicace Louis Fronsac, les trois hommes finiront par découvrir la vérité après avoir frôlé la mort plus d'une fois, dans une ville d'Aix sale, obscure et encore enserrée dans ses remparts moyenâgeux.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Et c'est parti pour la chronique du déjà septième tome des aventures de Louis Fronsac, le notaire enquêteur du XVIIeme siècle, imaginé par Jean d'Aillon !
    Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que j'aime particulièrement l'univers de cet auteur, très historique. À ce jour, à part sa saga Trois-Sueurs, j'ai découvert chacune des séries qui ont fait son succès, à commencer par Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour et Les Enquêtes de Louis Fronsac.
    Je dois dire que ma préférence va à cette dernière, pour le moment. Peut-être parce que, même si le Moyen Âge me passionne, je lis beaucoup de romans se passant à notre époque. Nettement moins au temps de la régence d'Anne d'Autriche, qui est pourtant une période riche et intéressante !
    Nous sommes donc en 1646. Louis XIV est un jeune roi de huit ans et le pays est alors administré par la reine-mère, Anne d'Autriche, régente du royaume et secondée par son tout puissant ministre, Mazarin. Celui-ci, au mois de janvier 1646 a autorisé son frère, Michel, archevêque d'Aix, à enclore dans la ville le faubourg Saint-Jean. Michel Mazarin se voit en plus, par lettres patentes royales, donner les vieilles murailles de la ville, tours, places, lices intérieures et extérieures. La ville d'Aix, sale et encombrée, pourrait alors être reconfigurée de fond en comble. En décembre, l'archevêque se défait pourtant de ses droits sur ce que l'on appelle désormais le Clos Mazarin.
    Au printemps de l'année suivante, Louis Fronsac se voit confier une mission de la plus haute importance par le principal ministre : le gouverneur de Provence vient de l'avertir que de fausses lettres de provision, signées de sa main, circulent à Aix ce qui, bien sûr, pourrait mettre le ministre dans l'embarras, d'autant plus qu'on ne peut pas dire qu'il jouisse d'une grande popularité. En effet, si la ville s'agrandit, son Parlement va s'étoffer de même et de nouvelles charges vont être créées... la possession de ces fausses lettres soit-disant signées du principal ministre, pourraient alors être la porte ouverte à tous les trafics, ce qui, bien sûr, n'est pas pour rassurer Mazarin dont la position n'est pas sûre.
    Louis Fronsac, ex-notaire parisien, présentement marquis de Vivonne et chevalier de Mercy, doit donc aller discrètement enquêter au cœur même de la capitale provençale et c'est flanqué de ses compagnons habituels, Gaston de Tilly, procureur du roi, des reîtres Bauer et Gaufredi, qu'il se dirige vers le midi, pour une enquête qui ne sera pas de tout repos.
    Ce septième tome des Enquêtes de Louis Fronsac nous fait sortir du cadre habituel de la saga, à savoir Paris et ses environs proches et nous emmène à la rencontre d'une ville que Jean d'Aillon connaît bien puisqu'il y vit : Aix-en-Provence. Déjà abordée dans le précédent tome, là, la cité se trouve au centre même du récit puisque toute l'enquête de nos héros va s'y dérouler. Et celle-ci ne sera pas de tout repos car, s'il y'a bien une province à l'époque, qui est peu encline à se plier au pouvoir royal c'est bien la Provence, forte de son passé indépendant dont elle s'enorgueillit. Louis et Gaston ne manqueront pas de trouver sur leur passage des hostilités fortes voire haineuses et de voir souvent leurs vies menacées. En parallèle, ce tome va nous permettre d'en apprendre un peu plus sur les origines et le passé de Gaufredi, ancien soldat de la Guerre de Trente Ans et garde du corps de Louis Fronsac.
    L'Énigme du Clos Mazarin est un bon roman historique, auquel sa trop grande précision a parfois été reprochée. Il est vrai que, sans connaître Aix, la ville nous apparaît parfois de façon un peu abstraite mais la précision et la technicité sont des caractéristiques de l'oeuvre de Jean d'Aillon. Il faut s'y habituer et, pour ma part, cela ne me gêne absolument pas, au contraire. Un roman historique assis sur des bases solides est forcément crédible. Et c'est le cas ici.
    L'Énigme du Clos Mazarin ne sera pas mon préféré de la saga. Pour autant, j'ai aimé cette parenthèse aixoise, même si les lieux et personnages abordés ne me parlaient pas. Disons que le contexte et les différents protagonistes sont moins familiers que ceux des tomes précédents mais c'est bien aussi de changer ses habitudes et cela permet aussi à la saga de se renouveler, loin de Paris. Avec ce tome, Jean d'Aillon commence aussi à aborder la Fronde, grave crise qui va secouer la France, Paris comme les provinces, dès l'année 1648.
    L' enquête est encore une fois intéressante, bien menée et on va retrouver, tirant les ficelles, un personnage déjà croisé dans les tomes précédents et qui se pose systématiquement en ennemi tant de Mazarin que de Louis, qui parvient toujours à déjouer ses intrigues ! J'avoue que l'enquête, des plus embrouillées, n'a pour moi livré ses secrets que dans les ultimes chapitres ! J'ai fini par me laisser porter par cette intrigue qui, par certains aspects, m'a rappelé les énigmes quasi inextricables que Jean-François Parot fait résoudre à son héros, Nicolas Le Floch !
    C'est toujours un plaisir aussi de retrouver les personnages que nous connaissons pour certains, depuis l'enfance : c'est le cas de Louis et Gaston, rencontrés en 1624 dans Les Ferrets de la Reine, alors qu'ils sont de jeunes garçons pensionnaires du collège de Clermont à Paris. J'ai trouvé intéressant aussi que l'auteur lève quelque peu le voile sur le passé de Gaufredi, qui est devenu un personnage clé depuis son apparition dans la saga et, s'il nous apparaît peut-être moins mystérieux, du moins est-il moins romanesque et plus humain.
    Vous l'aurez compris, cette septième aventure de Louis Fronsac est un bon cru ! J'ai eu quelques soucis de chronologie au départ parce que L'Homme aux Rubans Noirs, cinquième opus de la série, était en fait un recueil de plusieurs nouvelles qui se passaient entre 1645 et 1647 et l'une d'entre elles se déroulait après L'Énigme du Clos Mazarin. Mais une fois ce problème résolu, ça ne m'a pas gênée plus que ça. L'enquête est de qualité, le style un peu inégal peut-être, mais relativement direct et dynamique ; en somme, l'auteur met sa plume totalement au service de son roman et ça fonctionne. Pas besoin d'un style hautement soutenu, ça n'est pas ce que l'on demande à un roman policier. Il faut qu'il soit efficace et si, en plus, il a un contexte historique sur lequel il s'appuie, il faut que celui-ci soit bien restitué et basé sur de solides recherches et connaissances et Jean d'Aillon est aujourd'hui un des romanciers contemporains dont l'oeuvre est la plus précise et certainement l'un des auteurs les plus rigoureux dans ses recherches et restitutions des différents faits et éléments. Pour un auteur qui à la base n'est pas historien, cela force assurément le respect !
    Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous encourager à découvrir cette saga et, plus généralement, l'univers assez diversifié, de l'auteur. Si vous aimez l'historique et l'Histoire en général, comme moi, je suis sûre que vous serez séduits.

    En Bref :

    Les + : une enquête intéressante qui nous fait découvrir autre chose que le Paris historique, vu et revu ; et c'est toujours un plaisir de retrouver nos personnages, qui plus est au sein d'une enquête des plus complexes ! 
    Les - : peut-être deux ou trois petites longueurs, mais rien de grave. 

     

    Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 7, L'Enigme du Clos Mazarin ; Jean d'Aillon

    Bingo littéraire du printemps

     

     


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  • « La vie est ainsi faite qu'on ne désire rien d'autre que ce que l'on n'a pas et méprise ce que l'on a, jusqu'à ce que l'on ne l'ait plus. »

    Quel Pétrin ! : Faute de Blé, la Boulangère a des Idées ; Céline Barré

    Publié en 2015

    Editions Createspace (auto-édition)

    182 pages

    Résumé :

    Jocelyne, boulangère quarantenaire, s'ennuie ferme dans sa ville du Cotentin. À la faveur d'une décision politique saugrenue, elle va reprendre en mains le cours de son existence ainsi que celui de sa commune peuplée d'administrés au caractère bien trempé.

    Comment va-t-elle faire pour lutter contre la toute puissance du président de France ? 

    Son fidèle époux va-t-il résister aux assauts de leur nouvelle vendeuse : sexy en diable, bonne à pas grand chose mais prête à tout ? 

    Jocelyne va, au fil de ses mésaventures, se révéler à elle-même ainsi qu'aux autres. 

     


    Dans ce pétrin, vous trouverez des personnages hauts en couleur : des aristos, des gens « normaux », quelques hurluberlus, un réalisateur de films pornos, un curé pas très catholique, un président omnipotent.
    Afin que la pâte lève bien, l'auteure a ajouté une pincée d'adultère, du suspense finement tranché, une bonne dose de solidarité mais aussi quelques zestes de lâcheté. Le tout nappé d'humour et de fantaisie.

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Bienvenue à Tresville-sur-mer, grosse commune du Cotentin, pas vraiment une ville, mais pas non plus un village. Disons, un gros bourg, avec sa mairie, son église, sa mer, ses commerces et ses habitants, tous plus pittoresques les uns que les autres ( « Ses habitants se posaient en modèles du genre humain : simples en apparence, mais redoutablement complexes plus on s'en approchait. » )
    Mais voilà qu'en cet hiver qui s'installe doucement, une nouvelle fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le quotidien des Trevillois : le président de France les a dans le collimateur et plus précisément la boulangerie, le magasin de bricolage et la vieille demeure des aristos locaux qui tombe en ruine -comme leur porte-monnaie- et donnent donc une mauvaise image de la commune. La sentence est simple : ou les incriminés font un effort pour se montrer à la hauteur des exigences du pouvoir central ou bien Tresville sera purement et simplement rayée de la carte et se verra fusionner avec la cité voisine, mieux lotie mais surtout, adversaire irréductible !
    Alors entre un maire un peu sénile plus intéressé par sa confrérie et son musée improbable, un directeur de magasin obnubilé par les courses hippiques et des habitants un peu largués, il ne reste plus que la boulangère, Jocelyne, quarantenaire mais encore bien dynamique et fourmillant d'idées, pour sauver la commune. Alors, la commerçante parviendra-t-elle à empêcher la fusion et que Tresville ne soit pas purement et simplement rayée de la carte ?
    Pour le savoir, jetez-vous sur Quel Pétrin ! : Faute de blé, la boulangère a des idées, roman de Céline Barré qui fait un bien fou au moral ! J'ai ri et me suis assurément vidé la tête avec ce petit roman tout en légèreté qui m'a rappelé Legardinier ou Virginie Grimaldi, avec cependant, peut-être un peu plus de causticité et un message subliminal à lire entre les lignes mais qui est relativement intelligible et égratigne notre société et ses travers, sans concession mais toujours avec le sourire et avec une certaine bonhomie.
    Déjà, vous l'aurez compris, si le roman se passe en France, c'est un pouvoir bien plus autocratique que démocratique qui la gouverne alors, un pouvoir attentif aux moindres dépenses publiques et surtout à ce qu'elles soient utilisées à bon escient. On comprend alors que le grand n'importe quoi de Tresville-sur-mer ait du souci à se faire !
    Cette commune elle aussi s'avère fictive mais est un bon avatar de tous ces petits bourgs de province qui déclinent depuis des années mais que des habitants dévoués et inventifs se battent pour faire vivre.
    Le point fort de ce roman, c'est aussi ses nombreux personnages, tout un panel de portraits humains dont le trait est un peu forcé, ce qui pousse à sourire mais qui nous fait aussi nous interroger : sommes-nous un peu tous comme cela, sans nous en rendre compte ? Sûrement, à différentes échelles... et entre la bimbo, les aristos ruinés et aux principes étriqués, le maire un peu alternatif, la boulangère aussi souriante qu'une porte de prison, on retrouve là une bonne dose d'égoïsme, d'égocentrisme, de jalousie, de vanité, de bêtise, de racisme, de jugements hâtifs aussi parfois voire des idées carrément préconçues et j'en passe mais c'est ça aussi qui est drôle, parce que personne ne peut se vanter d'avoir toujours été totalement irréprochable dans sa conduite ou dans ses relations sociales ! ( « L'humain, mouton par nature, adore se conformer à une directive, suivre un objectif inventé pour lui, courber l'échine sous les ordres et les contre-ordres. Seuls quelques réfractaires se détachent parfois du lot, mais ils sont rares et souvent regardés en coin. » ) C'est un panel humain, quoi, un petit échantillon où l'on trouve autant de bon à garder que de bon à jeter ! Comme dans la vie, en fait... 
    Quant à certains passages, ils sont truculents et potaches à souhait : les considérations du fils des aristos, Théodore et Marie-Cécile, et de son ami producteur de cinéma, sur des films pornos de série B, sont juste à mourir de rire et à rapprocher de certains dialogues de Demain, j'arrête ! de Gilles Legardinier !
    Vous l'aurez compris, Quel Pétrin! est un roman tout en légèreté et plein d'humour, qui fait un bien fou au moral sans pour autant être superficiel pour autant ! C'est ce que j'aime dans ce genre de romans, l'humour contrebalancé par une certaine dose de gravité bien dosée et qui apporte une certaine teneur au roman sans le dénaturer pour autant. Le portrait est sans concession mais bienveillant, à commencer par celui de Jocelyne, le personnage principal, ni complètement attachante ni antipathique. Il y'a chez elle une certaine amertume, une certaine sévérité qui est peu à peu expliquée : Jocelyne, à quarante ans et des poussières, a dû renoncer à des rêves, a travaillé toute sa vie et s'est investie, en compagnie de son mari, dans leur fond de commerce et arrive à un âge où on prend du recul et où l'on constate si sa vie a été fructueuse ou pas et Jocelyne se rend compte qu'elle a parfois fait des mauvais choix et est passée à côté de quelque chose. C'est l'âge des regrets ou des remords, l'âge du bilan en quelque sorte et, dans son combat pour sauver la commune où elle est établie depuis longtemps, Jocelyne va trouver un nouveau sens à sa vie et se révéler être une meneuse d'hommes.
    Je ne suis pas très contemporaine à la base mais j'avoue avoir passé un bon moment et avoir bien ri avec cette lecture qui s'est avérée être une belle surprise ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en démarrant cette lecture et, assurément, je n'y ai pas trouvé ce que je pensais mais le résultat fut certainement bien meilleur que ce que j'imaginais. Un petit d'humour de temps en temps ça fait pas de mal et quand, en plus, à cela, s'ajoute aussi une certaine satyre sociale et un pastiche de notre quotidien, tout cela amené avec finesse, ça ne peut qu'être drôle et nous faire nous sentir concernés. Une petit piqûre de rappel, en quelque sorte et, en même temps, un petit bouquin assez léger qui nous fait voir que tout peut toujours être pire. 

    En Bref : 

    Les + : un style tout en finesse, une histoire qui dénonce tout en faisant rire : cela nous donne un mélange parfait de réalisme et d'humour et ce petit roman s'avère sympa, léger, mais sans être superficiel. 
    Les - : Aucun. J'ai passé un très bon moment. 

    Quel Pétrin ! : Faute de Blé, la Boulangère a des Idées ; Céline Barré

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  • Reçu le : 10 juin 2017

    Aujourd'hui, je vous présente un colis un peu atypique qui n'est pas vraiment un swap mais qui, dans le principe, peut s'en rapprocher un peu. La seule différence, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'échange...mais on reçoit un colis chaque mois et c'est toujours la surprise à chaque fois, un peu comme pour les swaps ! ! Donc j'ai décidé que je vous présenterai mes Thé Box dans la catégorie des Swaps puisqu'il faut bien les classer quelque part !

    Et voici la Box de juin, avec un joli nom... j'aime beaucoup, parce qu'on ne sait pas exactement ce qu'on va y trouver. Encore une fois, je l'ai trouvée absolument formidable. 

    Alors, c'est parti pour la découverte...

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthuosité

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthuosité

    La Box du mois de juin est très fleurie, comme vous pouvez vous en rendre compte ! J'aime beaucoup son design, plus sobre que certaines autres éditions, mais tout aussi intéressant. Maintenant, il est temps de regarder ce qui se cache sous le Cahier des Saveurs... 

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    La Route des Comptoirs nous propose Slim'thé, un thé détox qui associe des plantes et des fleurs (reine-des-prés, hibiscus) à un thé Pu'erh. La marque Teatower, elle, est représentée dans cette Box par Tonus, un thé vert parfumé à la papaye et associé à la spiruline, une micro-algue utilisée en complément alimentaire. Et le petit sachet à côté contient une tige de sauge des montagnes, à plonger directement dans la tasse pour profiter de tous ses bienfaits.  

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    Les Jardins de Gaïa, une marque bio que j'aime beaucoup, nous propose un joli sachet ce mois-ci. Blanche rose et rose rouge est un mélange de thé noir et de thé vert associé à des pétales de roses sauvages. Pourquoi pas ? 

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    Les Deux Gourmands, petites entreprise artisanale basée en Île-de-France nous propose ce mois-ci ses biscuits au coquelicot, présenté dans une jolie boîte.  

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    Un cadeau sympa dans la Box pour les filles qui aiment bien se faire les ongles...comme moi ! Ce vernis aux ingrédients naturels. Il est d'un beau rouge tendre et porte un nom qui promet : L'Effrontée. J'ai hâte de le tester. 

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    Positivitea nous propose l'une de ses créations Heart Chakra Blend, un thé vert fleuri et épicé. Les autres sachets sont offerts par Pukka, une maison que je connais de nom, je suis donc curieuse de découvrir ce que valent ses créations : Three Fennel est une infusion au...fenouil ! Tiens, comme c'est étrange, son nom ne l'indique pas du tout ! :D Aux graines de fenouil de Turquie sont associés du fenouil de sauvage et des fanes de fenouil, pour une infusion aux vertus dépuratives et digestives ; Detox est aussi une infusion à base de fenouil, d'anis et de cardamome, pour purifier l'organisme : Cleanse est un mélange d'ortie, de pissenlit et de fenouil (quoi ? comme c'est bizarre ^^ ), avec une touche d'aloe vera et de menthe...c'est celle qui me tente le plus pour le moment ; quant à Detox with lemon, c'est, comme son nom l'indique, une infusion détox qui mélange le citron et le fenouil...bah oui... Pourquoi pas ? 

    La Thé Box, Juin 2017 : Verthosithé

    Enfin, la marque Your Tea, que j'ai d'ailleurs découverte dans La Thé Box il y'a plusieurs mois, nous propose des échantillons de quatre de ses produits : Hangover Tea est un mélange de plantes dépuratives et calmantes, qui combattent autant les maux de tête que la déshydratation et apaisent le foie : un mélange parfait pour les lendemains de soirée, non ? ; Sex Tea est une infusion qui améliore la circulation sanguine et sur l'équilibre hormonal en ayant une action bénéfique sur les reins, organes qui, selon la médecine chinoise, sont la clé d'un bon équilibre hormonal... honnêtement, elle ne me tente pas trop parce que les ingrédients qui la composent me sont totalement inconnus, à part le ginseng, connu pour ses vertus toniques ; Anti-C Tea est une recette minceur, un mélange de thé bleu Oolong de gingembre et de chrysanthème (je ne savais même pas que cette plante pouvait être consommée) qui favorise la circulation sanguine et combat la cellulite ; quant à Antioxydant Tea, c'est une recette qui associe la cannelle, la rose, le ginko biloba, le ginseng et les baies de goji, pour donner un coup de fouet tout en prenant soin de nos cellules. Des breuvages bons pour la santé, en un mot, qui me rendent curieuse sans me tenter énormément pour autant... 


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  • « L'amour, la haine, vous n'avez qu'à choisir, tout couche sous le même toit ; et vous pouvez, doublant votre existence, caresser d'une main et frapper de l'autre. »

    Les Liaisons Dangereuses ; Pierre Choderlos de Laclos

    Publié en 2008

    Date de parution originale : 1782

    Editions Folio (collection Plus Classiques)

    478 pages

    Résumé : 

    La jeune Cécile Volanges quitte son couvent pour faire l’apprentissage du monde et épouser le comte de Gercourt, mais une de ses parentes, la marquise de Merteuil, entend profiter de ce projet de mariage pour se venger d’une infidélité que lui a faite autrefois Gercourt. Elle charge donc son complice, le vicomte de Valmont, de pervertir Cécile avant ses noces. Mais loin de Paris, dans le château de sa vieille tante, Valmont s’est de son côté mis en tête de séduire la dévote présidente de Tourvel, et une idylle bientôt se noue entre la « petite Volanges » et le jeune Danceny.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Les Liaisons Dangereuses est un monument de notre paysage littéraire français. C'est indéniable et je pense que cette lecture est presque incontournable pour tout amoureux de littérature.
    En ce qui concerne ma rencontre avec ce grand classique, je dois dire qu'elle fut des plus houleuses et des plus conflictuelles.
    Pour cela, il faut remonter en 2008. Je suis alors en Terminale L et Les Liaisons Dangereuses sont au programme du BAC... et me voici donc entamant courageusement la lecture de ce grand classique, du haut de mes dix-sept ans... certes je n'étais pas une lectrice novice mais il est clair que mon rythme de lecture n'était pas le même à cette date qu'il ne l'est aujourd'hui. Et surtout, même si j'aimais déjà ce genre, les classiques étaient surtout pour moi, et avant tout, des lectures scolaires.
    J'ai bien fait cependant de donner une deuxième chance à ce roman. Non seulement parce qu'il en vaut la peine mais aussi parce que je me suis rendu compte combien la sensibilité chez une même personne peut changer du tout au tout en quelques années. Il est sûr que je n'ai absolument pas abordé cette lecture cette année comme je l'avais abordée en 2008. Déjà, la notion de lecture plaisir était totalement absente lors de ma première lecture. La notion d'obligation, elle par contre, était bien présente. Aujourd'hui, c'est parce que j'en avais envie que j'ai repris cette lecture et parce que je savais qu'après une rencontre chaotique, j'aimerais ce livre, parce qu'il ne pouvait en être autrement... si, il y'a neuf ans, le XVIIIème siècle était pour moi une époque comme une autre ou une epoque parmi d'autres, tout a changé depuis : est-il possible de mesurer l'amour inconditionnel et la passion excessive que je porte à ce siècle ? Aurais-je pu le deviner à l'époque ? Certainement pas, comme je n'aurais pas pu deviner non plus que le tableau qui illustre mon édition faisait partie de l'oeuvre d'un peintre dont je tomberais amoureuse au cours de mes études... 
    Bref... si tout était réuni, la première fois, pour que cette lecture ne soit pas transcendante, tout cette fois, était assurément réuni pour qu'au contraire cette lecture me ravisse de bout en bout...
    Est-il besoin de présenter Les Liaisons et ses personnages qui, aujourd'hui, sont entrés dans l'Histoire ? Qui n'a jamais entendu parler de la subtile mais peu vertueuse Marquise de Merteuil, du roué Vicomte de Valmont, de l'innocent Chevalier Danceny, de la dévote Présidente de Tourvel et de la naïve Cécile de Volanges ?
    Tout est réuni pour qu'un drame se noue entre nos différents personnages, un drame qui changera à jamais leurs existences à tous et en perdra certains, irrémédiablement. Et tout ça, pour une sombre histoire de vengeance qui finira par se retourner brutalement contre ses instigateurs.
    Assurément, les personnages sont pour beaucoup dans l'intérêt que l'on peut avoir pour le livre. Ils ne font pas tout mais sont prépondérants et représentent tous leur siècle, à leur manière. Les libertins Valmont et Merteuil sont les émules de ce siècle des Lumières qui s’émancipe tandis que la présidente de Tourvel, confite en dévotion et la petite Volanges, naïve adolescente fraîchement tirée du couvent par une mère qui ne souhaite la voir entrer dans le monde que pour la marier représentent l'autre face d'une époque tellement complexe et paradoxale et considérée justement comme obscurantiste par les intellectuels, à commencer par les philosophes des Lumières, bien souvent cités par Laclos (cette phrase de Madame de Mertueil, libertine de corps, mais aussi d'esprit, est révélatrice : « Ma tête seule fermentait ; je ne désirais pas de jouir, je voulais savoir ; le désir de m'instruire m'en suggéra les moyens. » ). Quel siècle en effet, mieux que le XVIIIème siècle, est tout et son contraire ? Epoque d'émulation culturelle et scientifique et, en même temps, époque de crispation religieuse ? Époque libertine ou l'on revendique tout autant la connaissance que la jouissance du corps et, en même temps, où la vertu, surtout féminine, est portée aux nues ?

    Résultat de recherche d'images pour "les liaisons dangereuses"


    Les Liaisons Dangereuses représente tout ça et le roman est servi par un style certes ardu mais si plaisant pour toute personne qui, comme moi, porte un intérêt à l'époque. Certes, il n'est pas aussi facile à aborder qu'un style contemporain mais c'est justement ce qui fait toute sa force. Lors de ma première lecture, c'est très certainement l'un des aspects du roman qui m'avait posé problème : la difficulté du style m'avait gênée et m'avait fait perdre tout intérêt pour le reste de l'intrigue, même si j'étais consciente de sa grande qualité littéraire.
    Aujourd'hui, c'est avec volupté que je me suis plongée dans la lecture de ce texte. Un grand texte. Tous les ingrédients sont réunis pour que l'histoire soit intéressante, bien qu'assez difficile. Le côté épistolaire peut rebuter un peu au premier abord et instaurer une certaine distance entre le lecteur et les personnages. On ne peut certes pas dire que l'on s'y attache réellement mais ils ont tous un intérêt singulier, même ceux qui peuvent paraître les plus insipides. La rouerie de Merteuil et Valmont est sidérante à souhait, la naïveté de Cécile et de Danceny, exaspérante jusque ce qu'il faut !!
    C'est la prise de pouvoir du vice contre la vertu et, en même temps, le vice qui, lentement est en train de se retourner contre lui-même. Cela dit, si les plus coupables se retrouvent cruellement punis, les innocents manipulés n'en payent pas moins le prix et parfois, tout aussi chèrement que ceux qui avaient le plus à se reprocher. Laclos n'épargne aucun de ses personnages et la coupe sera bue jusqu'à la lie. 
    La tension dramatique monte crescendo et le lecteur se sent alors partie prenante d'une intrigue qui pourtant, par ses codes, par son langage, ne peut lui être qu'on-ne-peut-plus étrangère -je parle des lecteurs contemporains, bien sûr, il n'en allait sûrement pas de même pour les lecteurs du XVIIIeme siècle. Assurément que cet aspect du roman est sa grande force. La correspondance n'aurait certainement aucun intérêt si elle finissait autrement. 
    Le fait que cette correspondance soit de plus présentée -et adroitement- comme une correspondance authentique, récupérée par l'auteur et mise en forme par lui, si on sait pourtant que c'est faux, n'en force pas moins l'allure du récit et fait aussi partie intégrante de son intérêt, à mon avis. J'ai aimé cet aspect du récit qui le fait passer pour un échange réel et nous fait louvoyer entre doutes et certitudes -même si les notes de bas de page nous détrompe au cas où l'on conserverait longtemps un reste de doute.
    Cette lecture, froide, cynique et en même temps éminemment complexe, personnifie assurément bien toutes les facettes de son siècle. Les Liaisons Dangereuses est un roman peut-être un peu difficile de prime abord, qui se mérite mais se donne ensuite, à ce qui sait l'apprécier à sa juste valeur.
    Voilà un exemple de relecture qui a porté ses fruits et me conforte dans l'idée qu'il y'a un temps pour un tout et assurément aussi, un temps bien défini pour découvrir tel ou tel livre. Je suis passée devant cette lecture sans forcément m'y attarder la première fois mais c'était pour mieux l'embrasser la seconde fois.
    Je ressors de cette lecture absolument ravie et encore plus amoureuse du XVIIIème siècle, si tant est que cela soit possible... parce qu'au train où je vais, cela va finir par friser l'obsession !!! 

    En Bref :

    Les + : une histoire d'un cynisme rare, des personnages ciselés, la complexité d'une époque saisie avec finesse : assurément un grand texte.
    Les - :
    un style peut-être un peu ardu au premier abord.

    Les Liaisons Dangereuses ; Pierre Choderlos de Laclos

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  • « La main de Dieu peut être vue dans chaque événement si l'on est déterminé à l'y trouver, tout comme celle du diable. »

     

    Publié en 2010 en Angleterre ; en 2011 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Company of Liars

    Editions Pocket

    665 pages

    Résumé : 

    1348. La peste s'abat sur l'Angleterre. Rites païens, sacrifices rituels et religieux : tous les moyens sont bons pour tenter de conjurer le sort. Dans le pays en proie à la panique et à l'anarchie, un petit groupe de neuf personnes réunies par le plus grand des hasards essaie de gagner le nord, afin d'échapper à la contagion. Bientôt, l'un d'eux est retrouvé perdu...
    Alors que la mort rôde, les survivants vont devoir résoudre l'énigme de ce décès avant qu'il ne soit trop tard...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Encore une fois, ce fut un plaisir de retrouver Karen Maitland et son univers très personnel !! Si je devais établir un parallèle avec une auteure française, je comparerais Maitland à Andrea H. Japp. Leur manière d'aborder le Moyen Âge n'est pas la même mais on retrouve chez les deux une certaine tension, beaucoup de noirceur et des atmosphères très poisseuses... chez Japp, l'aspect policier est très présent, il est nettement plus effacé chez Maitland mais, aimant l'univers de l'une, dont je prends toujours un grand plaisir à découvrir les romans, je me doutais que j'aimerais aussi ceux de Karen Maitland.
    Beaucoup de gens l'ont découverte justement avec La Compagnie des Menteurs, peut-être son roman le plus connu en France. Pour ma part, c'est avec Les Âges Sombres, l'été dernier, que je me suis plongée pour la première fois dans l'ambiance sale et angoissante d'un roman de cette très talentueuse auteure britannique que je ne connaissais pas, jusqu'alors.
    Et, pour la première session de mon Club Lecture, j'ai tout de suite pensé à l'orienter autour de l'oeuvre de Karen Maitland... La Compagnie des Menteurs a été choisi par les autres participantes et j'en ai été ravie parce que je voulais aussi le lire. C'est chose faite...
    Alors, alors... j'ai aimé bien sûr... difficile de ne pas aimer un tel roman !! Mais je crois que j'ai préféré Les Âges Sombres, même si on retrouve pas mal de points communs entre les deux romans.
    La Compagnie des Menteurs est cependant un excellent thriller, servi par un contexte historique attrayant et plutôt bien restitué, si tant est qu'on puisse parler de contexte parce que ce n'est finalement pas le plus important.
    Ce que j'aime, avec Karen Maitland, c'est que ses personnages, très souvent, sont des déshérités : paysans pauvres, vagabonds, infirmes et non pas des personnages plus importants et du coup le contexte historique passe en second plan, derrière un portrait sans concession de l'époque médiévale et surtout, de sa société, marquée par de nombreux clivages. Ses romans sont souvent d'une grande trivialité, mais attention, il n'y a rien là de critique ou de péjoratif. C'est juste que son univers, très marqué, a quelque chose de trivial, de grossier parfois, mais ça fonctionne bien, parce que l'auteure sait l'emmener. Sa perception du Moyen Âge n'est pas policée comme on pourrait avoir tendance à visualiser l'époque aujourd'hui, mâtinée d'un vernis un peu trop conventionnel, consensuel et...contemporain ! Le Moyen Âge n'est plus l'époque obscure et obscurantiste qu'on se plaisait à décrire il n'y a encore pas si longtemps, pour autant, la vie des plus défavorisés n'était pas simple et je trouve que l'auteure a vraiment su capter ça et le restituer à merveille. Du coup, son portrait du Moyen Âge des pauvres a quelque chose d'effroyable dans toute son horreur, à plus forte raison si s'ajoute à cela une grande pandémie, peut-être la plus grande et la plus meurtrière que l'Europe ait jamais connu : l'épidémie de peste de 1348. Si, encore à cela on rajoute en plus une guerre de succession avec la voisine et ennemie irréductible -la France-, on comprend que la vie ne soit pas simple en ce milieu de XIVème siècle, d'autant plus que le temps n'est pas au beau fixe et qu' il ne cesse de pleuvoir... tant qu'à faire ! Ce qui, au final, n'est pas complètement faux puisque il apparaît qu'un véritable changement climatique s'est opéré en Angleterre entre la fin du XIIIeme et le milieu du XIVème siècles, entraînant notamment pluies diluviennes, inondations et pertes des récoltes.
    La compagnie des menteurs c'est en fait une petite troupe hétéroclite, jetée sur les routes par la maladie, la disette, la pauvreté, des vagabonds jeunes ou vieux, aux passés différents et aux aspirations différentes aussi mais qui se voient alors unis dans une même quête : celle d'un abri plus au nord là où, du moins l’espèrent-ils, la maladie ne les rattrapera pas. On fait donc connaissance avec des personnages tous à l'opposé des uns des autres : un marchand de reliques -le narrateur que l'on ne connaît que sous le nom de Camelot et qui prête sa voix au récit-, deux ménestrels vénitiens, un magicien, un jeune couple, une gamine étrange qui lit l'avenir dans les runes, un garçon qui fuit une accusation... Tous ces gens, déchirés par les antagonismes, rongés parfois par des secrets, se retrouvent unis dans un même voyage, avec l'envie commune et désespérante de survivre alors que, déjà, la maladie progresse et, après commencé à tuer dans les ports de l'Angleterre remonte dans les terres.

    Une représentation médiévale de la Peste Noire à Londres (vers 1370, milieu du XIVème siècle)


    Quel contexte plus effrayant, plus torturant que celui de la Grande Peste Noire ? Je trouve pour ma part cette période extrêmement fascinante mais en même temps absolument horrible et terrifiante, parce que lorsque l'on se met à la place des Hommes du Moyen Âge, on se rend compte que, ignorant tout de la maladie et de la contagion ils se retrouvaient soudain cernés par un mal rapide et violent contre lequel rien n'était efficace et surtout qui pouvait frapper et décimer un village entier en quelques heures seulement ... et j'ai trouvé que l'auteure parvenait bien à saisir ce qu'a dû être la terreur des contemporains, démunis devant une épidémie d'une telle ampleur n’épargnant personne pas même les troupeaux et les animaux de compagnie, rayant parfois de la carte des villages entiers, réduisant de près de moitié les populations des grandes villes. On assiste alors à des flambées de haine nées du désespoir et notamment une recrudescence de l'antisémitisme et des meurtres de Juifs, qu'on accuse d'empoisonner les puits et de transmettre la maladie ; on assiste à un exode précipité, comme celui de nos héros, pour tenter, souvent en vain, de se mettre à l'abri d'un fléau qui frappe partout, tout le temps et de manière imprévisible ; enfin l'Église profite aussi des troubles ambiants pour assurer sa mainmise sur les consciences, la seule prière à Dieu et à Ses Saints étant considérée comme l'unique remède à une maladie que l'on ne comprend pas et qui est, forcément, un châtiment de Dieu et une colère divine ( « Les hommes s'accrochent à la moindre lueur d'espoir pour échapper à leur mort. » ). Paradoxalement, on voit aussi apparaître des comportements d'hostilité face à Dieu, des doutes concernant sa miséricorde ou l'intercession des saints : la vision de la statue d'un saint dépouillée de ses oripeaux et flottant dans un champ inondé est assez révélatrice ( « Il faut bien qu'il y'ait un remède, car toutes les prières que les prêtres et les moines adressent au ciel ne servent absolument à rien. » ; « De nombreux villageois n'imploraient plus la miséricorde de Dieu, ils étaient en colère après Lui. Ils se sentaient trahis, et avaient de bonnes raisons. ») . Habilement, Karen Maitland se sert de ses personnages et de son intrigue pour pointer du doigt la toute-puissance d'une Église corrompue qui cependant ne guérit plus et commence à ne plus convaincre et à vaciller aussi sous les coups répétés d'un fléau plus fort que son pouvoir de persuasion.
    Le siècle est en pleins bouleversements, la société change, sous l'impulsion des guerres et de la maladie... et je trouve qu' elle est particulièrement adaptée pour servir de cadre spatio-temporel à un récit comme celui-ci, tendu et terrifiant à souhait. Le fait que la Peste soit accompagnée d'un déluge continu et qui rappelle justement celui de la Bible et préfigure en quelque sorte la fin des temps rajoute une terreur latente bien travaillée, que les personnages ressentent, de plus en plus, au point parfois, de frôler la folie. Et cette terreur est aussi communiquée tout doucement au lecteur...qui ne peut cependant pas pour autant lâcher le livre ! Parce qu'on sent dès le départ que les vérités des divers protagonistes vont finalement se dévoiler lentement et qu'on veut savoir. 
    La Compagnie des Menteurs est un roman assez angoissant, qu'il est cependant difficile de lâcher une fois qu'on a mis le nez dedans et malgré quelques petites retombées du récit en cours de lecture. Si celui-ci s'essouffle un peu parfois, c'est pour mieux repartir et je dois dire que j'arrivais vite à me replonger dans l'intrigue après avoir décroché un petit peu -et surtout, jamais bien longtemps.
    Si vous aimez le Moyen Âge, si vous aimez les intrigues environnées de brumes angoissantes sans pour autant avoir une prédilection pour l'horreur parce que Karen Maitland sait toujours nous faire peur sans tomber dans le gore, alors son univers qui flirte parfois avec le fantastique, vous plaira. On se laisse vite emporter par des intrigues comme celle-là, efficace et bien maîtrisée. J'ai pris plaisir à retrouver le style de l'auteur et à découvrir petit à petit les secrets des différents protagonistes, qui se dévoilent au fur et à mesure du récit.
    Quelques éléments un peu trop contemporains m'ont gênée mais dans l'ensemble, ils se font rares.
    Je n'ai donc pas grand chose à reprocher à ce roman et ne peut que vous conseiller de vous lancer.

    En Bref : 

    Les + : un récit lent, certes, mais qui prend son temps pour distiller venin et angoisse. Au final, l'histoire est terrifiante mais terriblement...captivante ! 
    Les - : quelques anachronismes, mais rien de grave. 

     

    Bingo littéraire du printemps

     

     


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