• In My Mail Box - Avril 2017

    La Duchesse de Berry : l'Oiseau Rebelle des Bourbons ; Laure Hillerin 

    Editions Flammarion, Collection Biographies Historiques

    Date de parution : 2016

    Sujet : Biographie, XIXème siècle, Restauration, Marie-Caroline de Naples, duchesse de Berry

    * * *

    La Femme du Roi-Soleil ; Jacqueline Duchêne

    Editions JC Lattès

    Date de parution : 2005

    Sujet : Histoire, Biographie romancée, XVIIème siècle, Portrait de femme

    * * * 

    Le Brigand Trois-Sueurs, tome 2, Le Captif au Masque de Fer ; Jean d'Aillon 

    Editions du Masque, Collection Poche

    Date de parution : 2013

    Sujet : Histoire, Aventures, XVIIIème siècle

    * * * 

    La Jeune Fille sur la Falaise ; Lucinda Riley

    Editions Charleston, Collection Poche

    Date de parution : 2017

    Sujet : Histoire, Contemporaine, Secrets

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    Quel Pétrin ! ; Céline Barré

    Editions Createspace (auto-édition)

    Date de parution : 2015

    Sujet : Contemporaine, Humour, Roman feel-good

    * * *

    La Bibliothèque des Coeurs Cabossés ; Katarina Bivald

    Editions J'ai Lu

    Date de parution : 2016

    Sujet : Correspondance, Roman feel-good

    * * * 

    Quelqu'un pour qui Trembler ; Gilles Legardinier

    Editions Pocket

    Date de parution : 2017

    Sujet : Humour, Famille, Contemporaine, Roman feel-good

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    Le Ranch des Trois Collines ; Leila Meacham

    Editions Charleston 

    Date de parution : 2017

    Sujet : Histoire, Etats-Unis

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    Les Larmes de la Liberté ; Kathleen Grissom

    Editions Charleston 

    Date de parution : 2017

    Sujet : Histoire, Etats-Unis, XIXème siècle, Saga familiale

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    En Voiture, Simone ! ; Aurélie Valognes

    Editions Le Livre de Poche 2017

    Sujet : Contemporaine, Roman feel-good

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    Petites Recettes de Bonheur pour les Temps Difficiles ; Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

    Editions Pocket

    Date de parution : 2015

    Sujet : Correspondance, Seconde Guerre Mondiale, Etats-Unis, Roman feel-good

     


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  • Colis reçu le : 6 mai 2017

    Aujourd'hui, je vous présente un colis un peu atypique qui n'est pas vraiment un swap mais qui, dans le principe, peut s'en rapprocher un peu. La seule différence, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'échange...mais on reçoit un colis chaque mois et c'est toujours la surprise à chaque fois, un peu comme pour les swaps ! ! Donc j'ai décidé que je vous présenterai mes Thé Box dans la catégorie des Swaps puisqu'il faut bien les classer quelque part !

    La Box de Mai a un joli nom et un joli design. Je vous invite à découvrir un monde plein de merveilles ce mois-ci... première box que je ne me spoile pas et j'ai été ravie de la découvrir réellement, d'autant plus qu'elle est juste sublime ! 

    C'est parti ! 

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

     

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Les couleurs de ce mois-ci, bleu et doré, sont juste magnifiques...

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    La Box, une fois ouverte...c'est parti pour la découverte...le design intérieur est aussi beau que l'extérieur. 

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Quelle jolie surprise ! Ce mois-ci, la Thé Box s'associe à Bala Boosté pour nous offrir un joli bijou ! La photo du collier n'est pas très réussie, désolée, mais le bijou en lui-même est vraiment très élégant.

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Qui dit Thé Box, dit petites douceurs sucrées pour accompagner le thé... Tamia & Julia nous proposent ce mois-ci une tablette de chocolat noir et on trouve aussi dans la Box des Délices de Cupidon, qui sont en fait des roses des sables au chocolat...

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Merveilleux est une création de la marque Le Parti du Thé, pour la Thé Box. Sur une base de thés noirs de Chine et de Ceylan, des saveurs de rose, de citron, d'orange et de fleur d'oranger s'associent pour nous proposer un thé...merveilleux ; Thé des Voyageurs, lui, est une création de La Malle à Thé, une maison que je connais déjà et que j'aime bien. C'est un thé noir aux saveurs sucrées de fraise, de rhubarbe, de vanille et de caramel...avec de petits morceaux de fraises à l'intérieur... hâte d'y goûter ! 

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Mistral Gagnant est une création française, de la maison Collection T. : c'est un thé blanc (j'adore la douceur des thés blancs) avec des saveurs fruitées et de bonbon...pourquoi pas ? Il a l'air d'être gourmand et très doux, un thé parfait pour l'après-midi, avec un bon livre, ce thé aux saveurs de caramel, framboise, pamplemousse...

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Quels beaux sachets ! Dommage, on ne voit pas très bien celui du milieu, il s'agit de chiens en train de courir et je trouve ces sachets moirés vraiment magnifiques...cela fait presque de la peine de les déchirer mais, en même temps, les saveurs ont juste l'air extraordinaires : le premier est un rooibos à l'orange, une association que j'apprécie en général ; Peppermint est une infusion à base de feuilles de menthe fraîches et Hunan Green est, tout simplement un thé vert de Chine, venant de la province de...Hunan. Hâte de découvrir cette marque. 

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles

    Je suis ravie de retrouver six sachets de la marque Dammann dans ma Box de mai ! C'est une marque que j'adore et qui ne me déçoit jamais. Printemps Éternel est un thé vert aux notes fleuries de fleurs de cerisier, héliotrope, bergamote et rose : sympa ! ; Amande Amaretti est un thé aux saveurs italiennes, avec une base d'amande sur laquelle se mêlent des fleurs : je suis déjà sûre d'aimer ; Thé aux Sept Parfums, enfin, est un thé aux agrumes avec des saveurs de bergamote, de fleurs mais aussi de pitanga, un petit fruit qu'on trouve au Brésil ou en Guyane...original.

    La Thé Box, Mai 2017 : Merveilles  

    Encore une fois, une marque qui soigne le design de ses sachets : les Jardins d'Osmane nous proposent Rouge Gourmand, un thé vert aux groseilles, avec des saveurs de mangue, de vanille et d'ananas ; Délices d'abricot, lui, est plutôt un mélange de thé blanc et thé vert, avec une saveur fruitée et printanière d'abricot...Hâte d'y goûter ! 


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  • « Mes années sont mes secrétaires ; quand l'une d'entre elles vient à mourir, elle passe la plume à sa puînée, et je continue de dicter ; comme elles sont sœurs, elles ont à peu près la même main.  »

    Mémoires d'Outre-Tombe, livres XIII à XXIV ; François-René de Chateaubriand

     

    Publié en 2001

    Date de publication originale : 1849

    Editions Le Livre de Poche (collection Les Classiques de Poche)

    798 pages

    Deuxième tome des Mémoires d'Outre-Tombe

    Résumé : 

    Le temps du Consulat et de l'Empire qui couve cette deuxième partie des Mémoires, Chateaubriand le définissait comme celui de sa carrière d'écrivain. Et ce sont en effet de belles années de fécondité littéraire, puisque alors s'écrivent Atala, le Génie du Christianisme et Les Martyrs. Mais comme toujours s'entrecroisent l'histoire privée et l'histoire publique que les deuils ici réunissent : en 1803, la mort de Pauline de Beaumont à Rome dans les bras de l'écrivain-diplomate, et, en 1804, l'assassinat du duc d'Enghien qui entraîne la rupture avec Napoléon. Un empereur détesté, et pourtant assez admiré pour que la seconde partie de ce volume en retrace longuement la vie et que sa disparition contresigne la fin d'un monde : « Pourquoi ai-je survécu au siècle et aux hommes à qui j'appartenais par la date de ma vie ? Pourquoi ne suis-je pas tombé avec mes contemporains, les derniers d'une race épuisée ? Pourquoi suis-je demeuré seul à chercher leurs os dans les ténèbres et la poussière d'une catacombe remplie ? Je me décourage de durer. »

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En janvier dernier, après beaucoup d'hésitations, j'ai enfin sorti de ma PAL le premier volume des mémoires de Chateaubriand.
    Au final, j'avais été très agréablement surprise par ce livre et j'avais eu rapidement envie de sortir le deuxième tome des rayonnages de ma bibliothèque. C'est chose faite.
    Ce livre m'a occupée un bon moment et je me suis surprise à lire bien moins rapidement que d'habitude. Je crois que ce rythme un peu plus lent s'imposait de toute manière.
    On ne se plonge pas dans un classique, à plus forte raison, des mémoires, comme dans un roman contemporain. Je crois que ce temps que j'ai pris et m'a donc fait délaisser un peu le reste de ma PAL était nécessaire, afin de bien prendre la mesure de ce livre, très riche. Prendre son temps ne veut pas dire pour autant qu'on le perd.
    Mémoires d'Outre-tombe est une oeuvre majeure de notre paysage littéraire classique, une oeuvre qui traverse les époques mais est encore très lue et très étudiée. Pour moi qui n'ai jamais ouvert un livre de Chateaubriand pendant ma scolarité, il était évident que ces livres feraient un jour partie de ma vie de lectrice. J'ai commencé par hasard par ses mémoires. Cela dit, je n'exclus pas de lire un jour certains de ses romans.
    Dans ce deuxième et avant-dernier volume des mémoires, nous retrouvons les livres XIII à XXIV et nous quittons le XVIIIème siècle pour le XIXème. François-René de Chateaubriand, en ce début des années 1800, n'est plus un émigré. Il a regagné la mère patrie, après avoir passé plusieurs années en Angleterre. Issu d'une famille de la noblesse bretonne, hostile aux idées de la Révolution, il a intégré l'Armée des Princes avant de s'installer en Angleterre, dont il ne rentrera qu'à l'avènement du Consulat, qui marque les dernières années de la Révolution et amorce l'Empire. Si le nom de Chateaubriand est bien vite radié des listes des émigrés, il n'en est pas pour autant un fidèle de Napoléon, dont il n'hésite pas à condamner sévèrement certaines de ses actions dans ses mémoires.
    Dans ce second volume, après s'être attelé dans le premier à la relation de la prime jeunesse, de l'adolescence et de l'entrée dans l'âge adulte -mouvementée pour Chateaubriand puisqu'elle coïncide avec les débuts de la Révolution-, l'auteur évoque pour nous les débuts de sa renommée littéraire et de sa carrière politique, qui démarre à Rome, en 1803, comme secrétaire d'ambassade auprès du cardinal Fesch, oncle maternel de Bonaparte. Carrière politique qui ne cessera ensuite de croître puisque Chateaubriand, sous la Restauration, occupera un siège de ministre et traversa les premières décennies mouvementées, politiquement parlant, du XIXème siècle en étant aux premières loges.
    Ce qui caractérise aussi Chateaubriand, c'est qu'il aima beaucoup voyager et ne s'en priva pas. Ainsi, dans le premier tome des Mémoires d'Outre-tombe, il nous entraînait à sa suite dans les forêts encore sauvages du Canada et de la jeune Amérique. Là, en sa compagnie, nous découvrons, grâce au voyage qu'il entreprit entre 1806 et 1807, dans le bassin méditerranéen et qui l'emmena jusqu'en Terre Sainte, l'aspect de cette partie du globe, avec ses traditions et ses curiosités : lire Chateaubriand, c'est voir se réveiller un monde endormi depuis si longtemps !
    Mais il nous raconte aussi ses périples plus locaux, en terre de France, en Provence par exemple, sur les traces de Laure et de Pétrarque ou encore en Savoie, dans les pas de Rousseau.
    Globe-trotter, Chateaubriand donne parfois à ses mémoires des allures de carnets de voyage, dans la plus pure tradition des grands explorateurs et j'avoue avoir beaucoup aimé cet aspect de son oeuvre.
    Autre aspect de l'oeuvre qui m'a, très vite, sauté aux yeux, c'est l'aspect politique, que j'ai déjà soulevé plus haut. Celle-ci n'était pas absente dans le premier volume, puisque Chateaubriand y raconte la Révolution. Mais ici, c'est la relation d'une politique dont il est acteur à laquelle l'auteur s'attache. Comme Lamartine, Chateaubriand est un drôle d'animal, avec de multiples casquettes, si l'on peut dire. Et le poète, le romancier s'efface, dans ces livres, derrière l'homme politique, accompli ou en devenir. Chateaubriand fait ses armes dans l'opposition, sous l'Empire, puisqu'il n'hésite pas à s'opposer assez franchement à Napoléon. Puis Chateaubriand, pur produit de cette noblesse provinciale attachée aux principes monarchiques, ancien combattant de l'Armée des Princes, anéanti par l'exécution sommaire et allant à la rencontre de toutes les règles de l'honneur du duc d'Enghien, dans les fossés de Vincennes, se montrera un serviteur zélé des Bourbons restaurés. C'est cependant sous l'Empire, un régime qu'il condamne dans ses mémoires, que l'auteur d'Atala et René, devient un politique, au détriment de sa carrière littéraire qui prend fin relativement tôt, au début des années 1810...

    Le Premier Consul traversant le col du Grand Saint-Bernard, par Jacques-Louis David (1801)


    Ce qui m'a aussi beaucoup surprise dans cet opus, c'est que Chateaubriand s'éloigne du principe essentiel des mémoires, qui est de se raconter. Il se fait en quelque sorte historien voire historiographe de l'Empire et des années qui le précèdent. En cela, on fait un bond dans le temps puisque l'auteur délaisse le XIXème siècle pour revenir au XVIIIème ! C'est cependant avec beaucoup de fantaisie et d'approximations que Chateaubriand nous dresse là un portrait de Napoléon et de son temps : lapsus et dates erronées se succèdent, heureusement détrompées par les notes de bas de page ! Mais c'est avec beaucoup de gravité et d'émotion qu'il nous rapporte la mort du duc d'Enghien, certaines pièces du procès et les réactions que cette exécution inique entraîna, avec beaucoup de justesse aussi qu'il juge le bilan de Napoléon Ier : en cela, toutes ses réflexions ne sont pas dénuées de sens et certaines même, sont particulièrement fondées. On peut donc pardonner à Chateaubriand quelques fantaisies chronologiques.
    Ce tour plus général, s'il m'a surprise, ne m'a pas gênée pour autant. Au contraire, on s'éloigne un peu du romantisme et du pessimisme qui caractérisaient les premiers livres des Mémoires et qui peuvent surprendre voire lasser, parce qu'un peu redondants.
    Chateaubriand n'est cependant pas un historien et sa méthode est bien loin d'être parfaite mais on sent chez lui la volonté de rapporter des événements marquants, pas encore très éloignés dans le temps mais qui sont déjà en passe de devenir historiques et incontournables. La relation de cette époque, en bascule entre l'ancienne et la vieille France et qui forge la nation contemporaine donne lieu à de subtils et très justes commentaires, qui ne font d'ailleurs que confirmer l'immense talent de l'auteur. Car si Chateaubriand n'est qu'un piètre historien, il est dans nul doute un grand homme de lettres !
    Justement, venons-en au style. Si vous avez lu ma chronique du premier tome qui contient les livres I à XII, vous avez certainement remarqué que ce qui m'avait énormément plu, c'était justement ce style, inimitable et très personnel, que je ne connaissais absolument pas : style très chaleureux, vivant, mais soigné, émaillé de latinismes, anglicismes, provincialismes et autres néologismes, le style de Chateaubriand est unique !
    C'est bien simple, j'avais presque eu l'impression de lire un roman ! J'ai retrouvé cette sensation dans le deuxième opus, malgré un début qui m'a un peu moins captivée : j'ai donc mis pas mal de temps pour passer les cents premières pages. Ensuite, j'ai enchaîné plus facilement et les chapitres se sont déroulés de façon bien plus fluide, même si l'aspect très général de l'oeuvre, assez opposé à l' idée que je me fais des mémoires, n'a pas laissé de me surprendre !
    Il est vrai que Chateaubriand traverse une époque tellement riche en événements divers qu'il aurait été encore plus surprenant qu'il les passe sous silence : la Révolution, le Consulat, l'Empire puis la Restauration des Bourbons, après les Cent-Jours et Waterloo font aujourd'hui partie des événements fondateurs du XIXème siècle français et de l'époque contemporaine. J'ai aimé les voir au travers des yeux de Chateaubriand. C'est l'homme politique et non plus l'homme de lettres qui écrit, ici. Les événements prennent donc le pas sur la vie personnelle.
    Vous l'aurez certainement compris, loin de me rebuter, cet aspect du livre m'a plu et je ressors de cette lecture aussi enthousiasmée que lors de ma lecture du premier tome ! Chateaubriand est décidément un auteur dont j'apprécie l'univers ainsi que le style littéraire, qui a une vraie qualité, du relief et une personnalité, ce qui est extrêmement important à mon sens.
    Mémoires d'Outre-tombe fait partie de ces classiques qu'on est heureux d'avoir lu au moins une fois dans sa vie, même si, effectivement, ce sont des livres qui peuvent faire peur et dissuader au premier abord. 

    En Bref :

    Les + : des mémoires surtout orientées sur la politique mais particulièrement intéressants et qui éclairent le début du XIXème siècle français d'un jour nouveau ; un style toujours aussi parfait.
    Les - :
      un début un peu lent à démarrer...en d'autres termes, des premiers chapitres un peu difficiles à lire, mais qui laissent heureusement la place à quelque chose de bien plus intéressant par la suite. 

    Mémoires d'Outre-Tombe, livres XIII à XXIV ; François-René de Chateaubriand

    Bingo littéraire du printemps

     


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  • « je savais que j'avais des rêves mais je ne savais pas lesquels. »

    La Couleur du Lait ; Nell Leyshon

    Publié en 2012 en Angleterre ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Colour of the Milk

    Editions 10/18 (collection Domaine Etranger)

    186 pages

    Résumé :

    1831. Mary, une jeune fille de quinze ans, mène une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset. Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée chez le pasteur Graham pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l'écriture...mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Un apprentissage qui lui servira à coucher noir sur blanc le récit tragique de sa destinée. Et son implacable confession. Nell Leyshon réalise un travail d'orfèvre avec ce portrait inoubliable, où vibre la voix lucide et magnifique de son héroïne. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1831, la jeune Mary, seize ans, prend la plume pour nous raconter sa toute jeune vie. Pour quelle raison ? Cela, nous ne le saurons qu'à la toute fin, quand tout se démêle enfin et que la vérité se fait jour, dans sa plus criante cruauté.
    Nous sommes donc en Angleterre, au début des années 1830. Une fois n'est pas coutume, l'auteure a situé son intrigue à la charnière des époques géorgienne et victorienne :la première s'achève doucement, la seconde se profile déjà à l'horizon. J'ai souvent l'habitude de lire des romans anglais qui se passent sous le règne de Victoria. Et, généralement, ils se passent en ville. Là, c'est un portrait de l'Angleterre rurale des premières décennies du XIXème siècle que nous raconte Nell Leyshon.
    L'intrigue démarre dans le Dorset, à la ferme familiale, où vivent quatre filles, dont Mary, notre héroïne, est la benjamine, leurs parents et le grand-père impotent, confident de la jeune Mary. La vie y est rude, le père aussi, qui n'hésite pas à distribuer des taloches à la pelle et fait payer à ses filles sa déception de n'avoir pas eu de fils. La mère reste relativement indifférente et trime de son côté, pour abattre un maximum d'ouvrage.
    C'est une vie compliquée, fatigante et répétitive que mènent les habitants de la ferme, pour survivre et faire vivre leur exploitation, loin des préoccupations des autres couches sociales, plus aisées.
    Justement, la vie de Mary est sur le point de basculer puisque le pasteur du village l'embauche comme bonne et dame de compagnie auprès de son épouse malade. Là-bas, au presbytère, Mary va se heurter à un mode de vie qu'elle ne connaissait pas : elle en retirera du positif comme du négatif. Si le pasteur va lui apprendre les rudiments de l'écriture et de la lecture, ce qui va lui permettre par la suite de nous raconter sa courte -mais tragique- histoire, la jeune Mary va aussi se rendre compte que c'est parfois aussi entre les murs des maisons de ces gens aisés et instruits qu'il se passe parfois les choses les moins belles.
    Comme beaucoup de lecteurs, en démarrant La Couleur du Lait, j'ai été un peu déroutée par la graphie assez particulière du roman et sa syntaxe très personnelle : le fait de voir un livre sans majuscules, sans ponctuation, sans guillemets pour signaler les dialogues est surprenant pour tout lecteur d'aujourd'hui, qui est habitué à un tout autre ordonnancement. Est-ce que cela m'a gênée ? Oui et non. Parfois j'avais du mal à me repérer, mais j'ai trouvé l' idée de l'auteure excellente : quel meilleur moyen de donner de l'authenticité à son roman qu'en l'écrivant comme Mary, certainement, l'aurait fait ? Bien sûr, La Couleur du Lait est un objet contemporain, un livre imprimé, sur du papier qui n'a pas vécu. Certes. Mais justement, donner cet aspect au récit, c'est aussi le rapprocher du manuscrit, c'est nous permettre de mieux imaginer Mary assise devant sa table de travail, noircissant des feuilles de papier jaunies d'une écriture malhabile et trempant une vieille plume d'oie dans un peu d'encre
    Alors oui, on peut être gêné par les répétitions, les fautes de grammaire mais il ne faut pas perdre de vue que nous lisons là le récit d'une jeune fille de quinze à seize ans, qui n'a pas eu la chance d'être instruite et ne possède que quelques rudiments. Autre chose à ne pas oublier et que Mary nous répète à plusieurs reprises, d'ailleurs : c'est qu'elle n'a pas le temps. Pourquoi ? Cela, on ne l'apprend que dans toutes les dernières pages, mais Mary n'a pas de temps devant elle, pas de temps pour choisir ses mots, s'appliquer. Il lui faut parler et se confesser...Voilà d'ailleurs un mot qui conviendrait bien pour décrire ce roman : Nell Leyshon a écrit une longue confession. 
    C'est ça aussi qui m'a plu dans La Couleur du Lait : la vérité cruelle, un portrait criant de véracité de la paysannerie au XIXème. Profession encore extrêmement dure, sans mécanisation ou presque, on pourrait presque la comparer à un sacerdoce.
    Mary et ses sœurs en sont un bon exemple : sacrifiées, soumises aux humeurs de leur père, mal considérées, elles ne sont que des bras, jaugées selon leur capacité à travailler et à produire du rendement. Si l'époque était difficile pour les hommes comme pour les femmes, il ne faut cependant pas oublier que celles-ci naissaient déjà avec une longueur de retard. Le XIXème siecle est peut-être une période de grands bouleversements sociaux, il n'en reste pas moins une époque extrêmement dure pour les femmes, soumises aux pères, aux frères, aux maris, confinées dans leur rôle de travailleuses, de mères et de maîtresses de maison.
    J'ai aimé cet aspect du roman. S'il ne faut pas généraliser, je suis quand même bien sûre que, si Mary sa mère et ses soeurs sont des personnages de fiction, des femmes, en leur temps, ont eu à souffrir des mêmes choses qu'elles.
    Nell Leyshon nous brosse un portrait sans concession mais juste de ce milieu rural plein d'adversité et qui n'est pas propre à l'Angleterre. Ce qu'elle décrit dans son roman est révoltant mais malheureusement, assez universel.
    La Couleur du Lait n'est pas ce que l'on pourrait appeler un roman évident : du moins ne l'a-t-il pas été pour moi. J'ai soulevé plus haut cette graphie très particulière qui, si elle donne de l'authenticité au propos, n'en reste pas moins perturbante.
    Autre chose, j'ai personnellement eu du mal à m'attacher à Mary au départ. L'intérêt n'est venu que bien après, quand j'ai entrevu la raison pour laquelle la jeune fille nous raconte son histoire et que j'ai pris la mesure de tout son courage. Dans les premiers chapitres, je l'ai trouvée un peu trop forte tête, j'avais du mal à me faire à sa gouaille un peu tapageuse. Par la suite, sans pour autant m'identifier à elle parce que Mary fait partie de ces héros de roman vraiment pas gâtés par la vie, je me suis sentie un peu plus proche d'elle, j'ai ressenti toute l'injustice de son sort et beaucoup de pitié envers elle. Mary est une héroïne à part, pas seulement une héroïne au sens de personnage principal d'un roman. Elle a quelque chose d'héroïque, dans sa lucidité terrible, dans sa détermination, malgré toute absence d'espoir. Au final, j'ai apprécié sa lucidité et son langage sans concession.
    La Couleur du Lait est un roman percutant. Il est court alors il est difficile de raccrocher les wagons si le début ne nous transcende pas : j'y suis cependant arrivée et j'en suis ravie parce que je n'avais pas envie de passer à côté de ce roman, dont je pressentais dès les premières pages toute la force dramatique et le potentiel.
    J'ai été émue parfois, révoltée bien souvent et j'ai pris la mesure de toute la force latente de ce roman, qui est un portrait absolument exhaustif d'une époque finalement pas aussi éloignée de nous qu'on pourrait le croire. Le XXIème siècle est le produit du XIXème siècle, sans aucun doute, alors il est intéressant de voir que les évolutions sociales, acquises de nos jours, ne l'étaient pas encore il y'a cent-quatre-vingt ans et que la misère noire sévissait encore de manière bien moins sporadique qu'on n'aimerait le croire.
    Vous l'aurez sûrement compris, ce roman m'a beaucoup plu, malgré un début qui m'a fait un peu peur. Je sais que bon nombre de lecteurs ont eu un coup de cœur pour ce roman : ce ne sera pas mon cas, mais cela ne m'empêche pas de ranger ce livre dans la catégorie des bonnes lectures, fortes, incisives, puissantes et percutantes. Nell Leyshon signe un roman très personnel et abouti : j'ai été heureuse de découvrir cette auteure talentueuse par le biais de ce roman. 

    En Bref :

    Les + : une belle histoire, dramatique mais bien maîtrisée ; une héroïne déterminée, courageuse et admirable sinon attachante. 
    Les - :
    un début pas très évident. 

     

    La Couleur du Lait ; Nell Leyshon

    Bingo littéraire du printemps

     


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  • « J'eus quinze ans. On me dit que j'étais laide. Je pensai que cela n'avait guère d'importance dans ce trou de province où j'étais destinée à mener une vie de jeune fille pauvre. J'ignorais que cette disgrâce, justement, ferait un jour ma fortune, et combien seraient nombreuses les personnes appelées à les commenter. »

    Mademoiselle Chon du Barry ou les surprises du destin ; Frédéric Lenormand

     

    Publié en 2014

    Auto-édition

    147 pages

    Résumé :

    Comment réussir quand on est pauvre et laide dans un monde où rien ne se fait hors du plaisir et de l’argent ? Frédéric Lenormand raconte les aventures picaresques et enlevées de Chon du Barry, belle-sœur de la favorite de Louis XV, depuis la cour de Versailles jusqu’aux tempêtes de la Révolution. Bien vu, aussi rigoureux que léger, ce joyeux divertissement ressuscite avec allégresse la société insouciante du XVIIIe siècle à travers le regard incisif d’une aventurière de salon.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Quelle bonne idée d'aborder un grand personnage et sa notoriété, au travers du destin de l'un de ses proches, condamné à rester dans l'ombre, me suis-je dit en lisant le résumé de ce roman !
    Je voulais découvrir l'oeuvre de Frédéric Lenormand à travers sa fameuse saga Voltaire enquête, au final, ce sera avec ce roman et je ne le regrette pas.
    Les lecteurs qui me suivent depuis un moment savent mon amour inconditionnel pour le XVIIIème siècle. Je ne pourrais vous dire ce qui me passionne autant, mais voilà... j'adore cette période de notre Histoire, alors vous comprenez bien que mon intérêt a été forcément été attrapé quand j'ai vu passer ce bouquin ! Frédéric Lenormand est en plus un auteur que je voulais découvrir, donc il était presque obligé que j'ajoute ce roman à ma PAL.
    Après l'y avoir fait dormir pendant près d'un an, je n'ai qu'un regret : c'est de ne pas l'en avoir sorti plus tôt. Enfin, non, j'ai deux regrets en fait : maintenant que j'ai terminé cette lecture, j'aurais aimé qu'elle dure plus !
    Vous l'aurez compris, j'ai été extrêmement satisfaite par cette lecture. Honnêtement, je ne m'attendais pas à ça. Mais j'ai tout aimé dans ce bouquin, du début jusqu'à la fin.
    Déjà, de quoi parle-t-il ? Si vous lisez attentivement le titre, vous allez y lire un nom connu : du Barry. Autrement dit, le nom de celle qu'on surnomma la Sultane et qui fut la dernière passion charnelle sinon le dernier amour, de Louis XV : Jeanne Bécu, comtesse du Barry.
    Mais ce qu'on oublie souvent, c'est que son nom, factice peut-être, mais nom quand même, fut aussi celui de son mari et de sa belle-famille, à commencer par sa belle-sœur, Chon, qui sera sa dame de compagnie -d'aucuns diraient son âme damnée- et sa confidente.
    Le monde n'aurait pu créer deux femmes aussi dissemblables et pourtant, la force des choses va les accorder.
    La future belle-sœur de la Du Barry, née Françoise-Claire voit le jour entre 1730 et 1734, près de Toulouse. Son véritable nom est Dubarry, un nom que l'on retrouve dans la région de Toulouse dès la fin du Moyen Âge. Sa famille, si elle n'est pas des plus modestes, ne fait pas partie non plus des grands noms de France. Laide mais intelligente, Françoise, surnommée Chon, s'est résignée à un destin sans éclat de vieille fille de province. C'était sans compter sur son frère Jean-Baptiste, installé à Paris et qui vit d'affaires louches. En cette fin des années 1760, le souteneur entretient une jolie prise, la jeune Jeanne Bécu, petite bâtarde lorraine, dont on murmure qu' elle est fille de moine. Ravissante, mais un peu idiote, la jeune femme, âgée de vingt-cinq ans, a déjà beaucoup d'expérience et notamment des amours tarifées. Mais voilà que Jean-Baptiste est approché par Lebel, valet de Louis XV, pour faire de Jeanne la nouvelle favorite. En effet le roi, vieillissant, est seul, depuis la mort en 1764 de son ancienne amante et amie nécessaire, Madame de Pompadour. L'âge n'a cependant pas estompé les ardeurs du souverain et le voilà qui s'entiche de cette belle jeune femme toute fraîche et qui le divertit par sa spontanéité et sa naïveté, qui confine parfois un peu à la bêtise.

    Jeanne Bécu, comtesse du Barry (1743-1793), dernière favorite de Louis XV


    Avant de devenir favorite du roi, Jeanne a contracté un mariage blanc avec Guillaume, le frère de Jean-Baptiste et devient, par une entourloupe de haut vol, comtesse. Elle se voit flanquée de leur sœur, Chon, qui joue auprès de la nouvelle favorite le rôle de conseillère occulte en quelque sorte (  «Je restai. Je restai comme gardienne de vache, comme fille publique, comme fausse noble, chargée de tous ces mots mauvais rôles que l'on m'avait donnés. Je restai comme une pauvre âme qui n'avait nulle part où aller. » ). Nous sommes en 1769, les deux femmes ont près de dix ans d'écart, deux personnes n'ont jamais été aussi éloignées l'une de l'autre qu'elles deux mais, plongées dans le monde venimeux et décadent de la Cour de Louis XV, Jeanne et Chon vont devoir se soutenir pour s'en sortir sans trop de dommages et affronter les langues aiguisées des courtisans qui les dédaignent.
    Moins vulgaire que ce que les pamphlets ont bien voulu dire, plus inexpérimentée qu'on ne pourrait le croire, Jeanne du Barry apparaît sous un jour authentique mais relativement éloigné de l'image véhiculée depuis le XVIIIème siècle, image qui tend d'ailleurs à se nuancer chez les historiens d'aujourd'hui.
    J'ai aimé le parti-pris de l'auteur : choisir Chon comme héroïne à la place de Jeanne est intéressant et très bien trouvé. Chon n'a peut-être rien pour elle, physiquement parlant, mais son intelligence et son esprit caustique m'ont plu aussitôt. Chon est un personnage atypique, un héros de roman auquel on ne s'attend pas et pourtant, ça fonctionne très bien : elle nous change des héroïnes trop belles et trop lisses, qui peuvent en devenir parfois un peu lassantes, à force d'être prévisibles !
    Frédéric Lenormand lui prête une plume acérée et précise qui a fini de me séduire : il est sûr que le style, très imagé, de Chon, est aussi imaginaire et absolument pas XVIIIème, mais qu'importe ? J'ai littéralement adoré la manière de raconter de l'auteur et j'espère retrouver ce mélange d'humour et de maîtrise dans Voltaire enquête, parce que j'ai vraiment savouré chaque mot de ce roman.
    Sous nos yeux défile le siècle et les années, les courtisans gangrenés par l'ambition et une quête effrénée de la reconnaissance, la décadence d'une monarchie agonisante et qui vacille déjà sur ses bases.
    Puis ce sont les horreurs de la Révolution, la mort de Jeanne, la prison, la survivance de Chon, qui meurt, vers soixante-quinze ans, en 1809 et connaît donc le nouveau siècle. Chon qui, sur ses vieux jours, prend la plume pour nous raconter sa vie et immortaliser le passage de sa belle-sœur, joli météore, à Versailles, où, après la mort de Louis XV, on se hâta de l'oublier et de la refouler dans les limbes.
    Le portrait que Frédéric Lenormand, au travers de ces faux mémoires de Chon du Barry, nous livre un portrait de la favorite qui m'a plu et m'a semblé relativement conforme à l'image que j'ai moi-même de Jeanne, qui était certainement plus une ravissante idiote manipulée par les circonstances et l'ambition de ses protecteurs, qu'une dangereuse intrigante, vulgaire et envahissante.
    La véritable intrigante du duo était assurément Chon, qui mit son intelligence et sa ruse au service de sa belle-sœur. Mais, elle aussi ne fut finalement qu'une victime de l'ambition de ses frères, tirée de sa retraite provinciale pour aller se faire haïr à Versailles puis y risquer sa vie... Cruauté des temps, cruauté des hommes...
    Mademoiselle Chon du Barry ou les Surprises du Destin est un bon roman, qui parvient à faire vivre sous nos yeux une époque révolue. Sans forcément en réemployer la langue, Frédéric Lenormand nous offre ici un vrai roman historique, efficace et cohérent. Un vrai moment de lecture aussi, parce que son style est juste un plaisir à découvrir. J'aime les mots et quand on me les assemble avec tant de finesse, je ne peux que valider.
    Ce roman était trop court, vraiment. J'en ai tourné la dernière page à contrecœur. J'ai aimé découvrir Jeanne du Barry, au travers du regard de Chon, trop intelligente pour la jalouser mais trop fine pour ne pas la mépriser. Et surtout, je me suis attachée à cette héroïne, qui, en apparence n'a rien pour elle mais s'avère être, au milieu de ces courtisans veules, une femme d'exception, philosophe et suffisamment critique envers la royauté pour en saisir toute l'agonisante complexité ( « [...] elle était à la fois en retard, mal élevée, idiote et prétentieuse, elle avait tout ce qui faisait le charme des vrais nobles. » ).
    Je conseillerais ce roman à tous les amoureux d'Histoire et plus précisément à ceux qui, comme moi, ont une passion pour le XVIIIème.

    En Bref :

    Les + : un parti-pris intéressant et un style parfait qui a su me séduire. 
    Les - : Aucun. Ce roman est un coup de cœur. 

     

    Mademoiselle Chon du Barry ou les surprises du destin ; Frédéric Lenormand

    Bingo littéraire du printemps

     

     

    Coup de cœur 

     

     


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