• « Voyez-vous, dans la vie, personne n'est ce qu'il paraît être. Un enquête policière consiste moins à démasquer le coupable qu'à soulever les masques dont se pare l'espèce humaine en société pour y lire, derrière toute cette façade d'apparence, la réalité de l'âme humaine. »

    Couverture Le commissaire aux morts étranges, tome 6 : Le moine et le singe-roi

     

     

      Publié en 2019

      Éditions Babel (collection Noir)

      336 pages 

      Sixième tome de la saga Une enquête du commissaire    aux morts étranges

     

     

     

     

    Résumé :

    Dans les jardins si carrés de Versailles, tout va de travers. Au milieu du labyrinthe, un horrible meurtre est commis. Un précurseur de Jack l’Éventreur sévit-il sous les fenêtres de Louis XV, le Singe-roi ? Parmi les suspects, rien de moins que le premier chirurgien du roi, un peintre de la cour et la tenancière d'une maison d'un genre très particulier où les relations habituelles entre hommes et femmes sont inversées. Gangrené, Versailles semble devenu le royaume de la transgression des interdits. 
    Dans cette nouvelle enquête du commissaire aux morts étranges, jamais encore les rapports de force n'avaient été aussi exacerbés et l'autorité autant remise en question. Faut-il se soumettre, se démettre ou se révolter ? Le chevalier de Volnay sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur, tandis que, tout excité, le moine semble considérer les jardins de Versailles comme un nouveau terrain de jeu. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Un mystérieux autant qu’inquiétant meurtrier sévirait-il dans les allées rectilignes de Versailles ? Quand le chevalier de Volnay et le moine hérétique sont appelés pour une nouvelle enquête, ils découvrent avec effroi dans le Labyrinthe des jardins de Versailles une toute jeune femme blessée à mort. Que faisait là Flore Vologne de Bénier, une jeune provinciale débarquée depuis peu de sa Provence natale et qui cherchait une vie meilleure ? Et surtout, qui pouvait lui vouloir du mal ?
    Remontant la piste, le commissaire aux morts étranges et le moine ne sont pas au bout de leurs surprises : un peintre fétichiste, vouant une passion aux pieds de ses modèles, un premier chirurgien du roi, une mère maquerelle d’un genre étrange œuvrant avec ses filles dans une maison close d’un genre nouveau, où la soumission n’est pas là où l’attend...cette enquête sous le nez du pouvoir va s’avérer périlleuse pour l’enquêteur et son intenable collaborateur, qui prend un plaisir non dissimulé à rire des grands pour mieux cacher leur haine. Ajoutons à cela une société de cour gangrenée et corrompue, sur laquelle règne un roi désabusé et mélancolique qui cherche une échappatoire introuvable dans le sexe et la consommation des femmes et vous aurez un tableau bien sombre, à l’image de cet univers créé par Olivier Barde-Cabuçon dans sa série du commissaire aux morts étranges.
    Comme dirait MacBeth, « il y a quelque chose de pourri au royaume du Bien-Aimé » pour que l’on se permette de tuer impunément sous les fenêtres d’un souverain tenaillé par ces vices, torturé par sa conscience et dont l’image froide et distante donnera lieu à une légende noire aussi tenace que violente. Que j’ai aimé cette sixième enquête ! Après avoir beaucoup aimé l’ambiance poisseuse et sombre du cinquième volume, presque un huis-clos dans un village isolé des montagnes savoyardes, j’avais un peu peur des volumes qui suivraient. Dans une série policière, il est difficile de garder une constante tout en parvenant à se renouveler...eh bien j’ai trouvé qu’Olivier Barde-Cabuçon y parvenait parfaitement bien dans Le moine et le singe-roi. Ce roman est encore une fois une satire violente de l’époque : ce XVIIIème siècle est ô combien paradoxal, quand on songe que le règne de Louis XV personnifie autant la grandeur triomphante d’une société, qui avait diffusé sa langue, ses arts, sa culture jusqu’en Russie où l’on parlait et écrivait le français aussi bien qu’à Paris et les débuts de sa déliquescence. Vu à travers le prisme du regard du moine, Versailles semble un repaire d’insignifiantes fourmis grouillant autour de la figure hiératique de leur roi indifférent, enfermé dans sa tour d’ivoire. Des rois dont l’orgueil démesuré a poussé à la domination des hommes, tout en les emprisonnant dans un protocole et une étiquette qui leur interdit toute vie privée ou presque et jusqu’à la domination de la nature, qui s’offre domptée, matée au cordeau dans l’immense parc de Versailles.
    Ce roman m’a baladée de bout en bout et j’ai beaucoup aimé la manière dont a été menée l’enquête. Elle était complexe sans être compliquée et j’ai aimé également, peut-être plus encore que dans les tomes précédents, les personnages introduits dans ce tome. Bien loin de l’ambiance plus policée de Nicolas Le Floch, dont je vous ai souvent parlé, une série que j’ai beaucoup aimée également, les enquêtes du commissaire aux morts étranges sont sa facette plus noire, si l’on peut dire. Là où Jean-François Parot restait dans une description prudente du siècle, Olivier Barde-Cabuçon verse dans la critique franche, notamment par le truchement de son personnage du moine hérétique, sur lequel nous apprenons quelques petites informations dans ce tome-ci. Mais, comme dans Nicolas Le Floch, on retrouve déjà, presque latente, menaçante, l’ombre de la Révolution française, qui n’éclatera que trente ans plus tard mais semble déjà en dormance, dans la haine que le peuple et les laissés-pour-compte d’une monarchie sélective commencent à entretenir envers ses rois. Peut-être parce que le roman se passe à Versailles, j’ai eu l’impression que le contexte y était plus présent, même si l’auteur en soi, ne donne pas beaucoup de détails, ni sur la politique du temps, ni même de repères chronologiques...on est probablement avant 1764 puisque Madame de Pompadour est encore en vie mais après 1757 puisque l’attentat de Damiens est mentionné.
    Mais à part cela, c’est surtout un portrait au vitriol d’une Cour essoufflée et vaine que l’auteur se plaît à nous brosser ici. En même temps, on sent toute la passion d’Olivier Barde-Cabuçon pour son sujet, passion aisément transmissible, d’autant plus quand on n’a pas besoin de l’être, comme moi qui adore le XVIIIème siècle. Bref, tout cela pour dire que, encore une fois, j’ai passé un excellent moment en compagnie du froid et mystérieux chevalier de Volnay – dont la carapace se fend un peu dans cette enquête – et du moine hérétique, qui se mesure dans un combat épique au « singe-roi », Louis XV et à son monde.

    En Bref :

    Les + : une enquête bien ficelée, une fin rocambolesque qui m'a laissée comme deux ronds de flan car je m'attendais tout sauf à ça, un chevalier de Volnay qui brise un peu l'armure (dois-je vraiment vous dire que j'ai un petit faible pour ce personnage ?) Vraiment, c'était chouette.
    Les - : mais aucun, bien sûr ! 


    Une enquête du commissaire aux morts étranges, tome 6, Le moine et le singe-roi ; Olivier Barde-Cabuçon

     

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Envie de découvrir d'autres enquêtes de Volnay et du moine hérétique ? Retrouvez ici mes avis sur les quatre premiers tomes : 

     

    Casanova et la femme sans visage (tome 1)

    Messe noire (tome 2) 

    Tuez qui vous voulez (tome 3)

    Humeur noire à Venise (tome 4)

    Entretien avec le diable (tome 5)


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  • « Fichtre ! Trois suspects potentiels, on connaît les trois, et deux d'entre eux veulent nous embaucher. Cette affaire me donne déjà la migraine. »

    Couverture Les détectives du Yorkshire, tome 6 : Rendez-vous avec la ruse

     

     

        Publié en 2020 en Angleterre 

      En 2020 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Dales Detective Series, book      6, Date with Deceit 

      Éditions Robert Laffont (collection La Bête Noire)

      417 pages 

     

     

     

    Résumé :

    La mort aime tromper son monde. 

    Enquêter sur un adultère ? Ce n’est pas vraiment le rêve de Samson et Delilah, les détectives de l’Agence de Recherche des Vallons. Seulement voilà, la demande vient de Nancy Taylor, une femme charmante à laquelle on ne peut rien refuser. L’infidèle, quant à lui, est le maire, mais aussi un respectable homme d’affaires et l’ex-beau-père de Delilah. Diable ! Le duo de détectives va devoir marcher sur des œufs...
    Or Samson et Delilah découvrent qu’une affaire peut en cacher une autre. Et que ruses, fourberies ou tromperies sont bien plus présentes à Bruncliffe qu’ils ne le croyaient.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Le mois de mai est arrivé sur les Vallons. Entre journées radieuses et d’autres franchement pluvieuses, Bruncliffe s’éveille malgré tout doucement au printemps.
    A l’Agence de Recherche des Vallons, Samson O’Brien se voit confier une bien délicate mission : celle d’enquêter sur le maire de la ville, Bernard Taylor, sur demande de son épouse Nancy, qui le soupçonne d’avoir une liaison. En effet, elle a découvert une sacoche avec de l'argent cachée dans sa penderie et Bernard semble extrêmement nerveux ces derniers temps, sans raison apparente. Autant dire que le détective privé va devoir marcher sur des œufs pour enquêter le plus discrètement possible. C’est sans compter sur son passé qui, depuis quelques semaines, le talonne et nécessiterait de tenir Delilah son acolyte officieuse, à l’écart. Mais la jeune femme ne l’entend pas de cette oreille et la voilà embarquée, contre l’avis de Samson, dans une enquête périlleuse car Taylor est un notable et, par ailleurs, l’ex-beau-père de Delilah. Alors, quand la petite bande de Fellside Court dont fait partie Joseph O’Brien, le père de Samson, propose aussi de donner un coup de main, il est le bienvenu.
    Écrit en 2020 pendant le premier confinement, ce sixième tome amorce un tournant dans la série, déjà esquissé dans les deux précédents : une intrigue parallèle aux enquêtes de Samson et Delilah est en train de se mettre en place, qui nous prouve que même les petites villes les plus reculées ne sont pas à l’abri des magouilles et même parfois, d’activités plus que douteuses qui flirteraient allègrement avec le banditisme. Le passé de Samson, que l’on a déjà découvert, devient de plus en plus menaçant et difficilement oubliable par le principal intéressé. Enfin, même si on s’y attend fatalement et que ce n’est pas une surprise, on sent qu’un petit quelque chose est en train de changer dans la relation qui unit l’ancien paria de Bruncliffe avec la déterminée Delilah Metcalfe – mais attention ! N’allez pas imaginer des choses et me faire dire ce que je n’ai pas dit…si vous êtes curieux, vous n’avez qu’à lire ce sixième tome !
    Étrangement, j’ai mis plus de temps à entrer dans ce tome-ci. J’avoue que les premiers chapitres m’ont moins convaincue que d’habitude, sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi : j’ai peiné à me sentir intéressée alors que d’habitude, quand j’ouvre un tome des Détectives, au bout de quelques pages, c’est parti ! Mais, une fois que ça démarre, difficile encore une fois de s’arrêter. Je pense que l’intrigue, peut-être parce qu’elle commence à être un peu plus dense et moins centrée sur une seule et unique mission, dont on sait qu’elle sera résolue en toute fin de volume, a nécessité de ne pas démarrer sur les chapeaux de roue. Alors certes, ça m’a un peu étonnée, déroutée de prime abord et je me suis même dit à un moment donné que Rendez- vous avec la ruse serait peut-être le tome que, pour l’instant, j’aimais le moins. Mais c’était sans connaître l’ingéniosité de Julia Chapman, qui parvient – et ce n’est pas facile – à se renouveler, à donner une nouvelle dynamique, un nouveau rythme à sa série. Finalement, ce sixième tome est super riche et vraiment, je n’en regrette pas la lecture. Est-ce que, finalement, c’est le tome que j’ai le moins aimé pour l’instant ? Eh bien, pas du tout ! Non, au contraire, je l’ai dévoré comme les précédents et avec le même plaisir.
    Retrouver Bruncliffe, c’est comme retrouver un petit cocon de douceur familière, certes pas exempt de ses problèmes, mais où l’on finit par connaître tout le monde. Vraiment, je trouve que l’autrice a su instaurer un véritable lien entre ses lecteurs et son univers et ce, dès le premier tome, ce qui n'est pas toujours facile. Je crois que cela joue beaucoup aussi dans la relation que les fans de la série entretiennent avec elle.
    Bref, encore une fois, j’ai passé un excellent moment. Je ne m’attendais absolument pas à un dénouement comme celui-là et je me suis totalement sentie investie dans l’enquête de Samson et Delilah. C’est toujours une grande joie de les retrouver, ainsi que leur inénarrable soutien, le braque de Weimar Calimero.
    Je l’ai dit à chaque fois mais cette fois, je crois que je vais vraiment passer à l’action : je n’ai qu’une envie, me jeter sur la suite et je pense que je ne vais pas laisser le septième tome dormir encore bien longtemps dans ma PAL. Certes, je vois arriver la fin de la série mais tant pis, ma curiosité de lectrice surinvestie est vraiment trop mise à mal.

    En Bref :

    Les + : quand j'ai terminé cette sixième enquête avec une fin ouverte de fou, je n'avais qu'une envie, me jeter immédiatement sur la suivante et je crois d'ailleurs que je vais craquer très prochainement !
    Les - : c'est le tome dans lequel j'ai eu le plus de mal à entrer pour l'instant, j'ai eu un sentiment de confusion au début mais qui s'est heureusement dissipé rapidement.


    Les Détectives du Yorkshire, tome 6, Rendez-vous avec la ruse ; Julia Chapman

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Retrouvez ci-dessous mes avis sur les cinq premiers tomes :

    Rendez-vous avec le crime

    Rendez-vous avec le mal (pour un cosy murder 100% Noël)

    Rendez-vous avec le mystère

    Rendez-vous avec le poison

    Rendez-vous avec le danger

     


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  • « L'amour de la vérité nous sert de prétexte à fourrer notre nez dans un labyrinthe de choses qui ne nous regardent pas. »

     

     

     Publié en 1984 en Angleterre 

     En 2012 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Bluegate Fields

     Éditions 10/18 (collection Grands détectives)

     382 pages 

     Sixième tome de la saga Charlotte et Thomas Pitt

     

     

     

     

    Résumé :

    Fidèle à son instinct de fin limier, l'inspecteur Pitt ne tarde pas à trouver la noyade d'Arthur Waybourne suspecte : issu de la gentry londonienne et atteint de la syphilis à seize ans, le jeune homme semblait avoir plus d'un secret à cacher...Mais après avoir arrêté et fait condamner à mort le précepteur antipathique de la victime, Pitt commence à douter. N'aurait-il pas envoyé un innocent à la potence ? Derrière les murs des salons cossus et les discours de façade, la vérité devient plus que jamais urgente à débusquer ! 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Un frais jour de septembre 1886, un égoutier du quartier londonien de Bluegate Fields fait une macabre découverte : le corps d'un jeune homme entièrement nu, qui semble avoir été jeté là. Comment est-il mort ? Très vite, l'inspecteur Pitt et son second Harcourt Gillivray, dépêchés sur les lieux, en arrivent à la conclusion que la mort de ce jeune homme est suspecte et qu'il a probablement été assassiné. Mais qui aurait pu en vouloir à un garçon de seize ans, par ailleurs issu de la meilleure société londonienne, fils de Sir Waybourne ? Le mystère s'épaissit quand les policiers constatent que le jeune défunt, Arthur Weybourne, était atteint de syphilis.
    Sixième enquête de l'inspecteur Thomas Pitt mais aussi, de façon plus officieuse, de son épouse Charlotte, qui ne manque pas de ressources, Le cadavre de Bluegate Fields semble, comme son prédécesseur Rutland Place, prendre une autre tournure, en se concentrant sur des affaires de moeurs. Certes, le contexte historique difficile et paradoxal de l'époque victorienne est toujours présent en filigrane mais j'ai l'impression qu'Anne Perry, ici, s'intéresse un peu plus à la psychologie de ses personnages et ce qui peut arriver derrière les portes closes, au sein des cellules familiales.
    Même si j'aime beaucoup cette saga, j'avoue que je commençais à trouver le schéma un peu répétitif, depuis L'étrangleur de Cater Street : certes, Anne Perry continue d'utiliser les ficelles habituelles et attendues du roman policier sur fond historique et c'est avec habileté que l'autrice s'empare d'une époque. L'époque victorienne, en Angleterre, si elle fait référence au long règne de la reine Victoria qui couvre toute la fin du XIXème siècle, coïncide aussi avec l'essor industriel de l'Europe, particulièrement représenté Outre-Manche, avec ses nombreuses usines, ses docks, ses magnats mais aussi ses pauvres, n'ayons pas peur de dire, même, ces miséreux, contraints de travailler dans des conditions inhumaines dans les terribles workhouses décrites par Dickens par exemple ou dans des usines où le froid, la chaleur ou les matières manipulées réduisent considérablement l'espérance de vie des travailleurs. Enfin, les quartiers de Londres, en cette fin des années 1880, sont gangrénés par l'alcoolisme, la misère, la crasse, le banditisme, la prostitution... et quand on a le ventre creux, il n'y a pas que les adultes qui se résolvent à vendre leur corps pour subsister.
    Comme Ann Granger plus récemment, Anne Perry n'hésite pas à montrer une époque dans tous ses paradoxes et c'est vraiment cet aspect sociétal, presque sociologique de cette série, qui me plaît beaucoup. L'époque victorienne est corsetée dans une pudibonderie mâtinée de religiosité, qui confine à une grande hypocrisie, mais recèle aussi une grande ignorance. L'inspecteur Thomas Pitt, habitué à côtoyer la misère humaine la plus terrible, doit aussi se confronter à l'hostilité méprisante des classes plus aisées, qui vivent en privilégiés derrière les murs de leurs belles maisons de Parangon Walk, Cater Street ou encore, Rutland Place.
    Enquêtant officieusement en parallèle de son époux, torturé par l'idée d'avoir peut-être envoyé à la potence un homme innocent, mais suspect tout trouvé et idéal, Charlotte, bien née mais qui n'a pas hésité à se délester du confort que lui promettait sa naissance pour se marier par amour, se heurte à la dure réalité de la prostitution des plus jeunes, que ce soit des garçons ou des filles et, pour s'assurer une couverture afin de continuer ses investigations sans éveiller les soupçons, décide de partir en croisade contre ce fléau, avec l'aide de sa soeur Emily, lady Ashworth.
    J'ai beaucoup aimé ce sixième tome et j'ai passé un bon moment : je l'ai trouvé un peu plus dynamique que les précédents et l'impulsion qui semble avoir été amorcée dans la cinquième enquête, continue ici. Alors qu'on s'installait dans une sorte de redondance, on en sort un peu ici, même si le fond, en soi, ne change pas vraiment. J'ai par exemple aimé la réflexion sur l'erreur judiciaire et la conscience du policier intègre qui ne peut, en son âme et conscience, envoyer un homme qu'il sent innocent à la potence, pour autant que le suspect soit idéal et antipathique. Et, toujours, cette façon de décrire sans exagération mais avec force les limites d'une époque faste, où le plus grand progrès côtoie aussi les plus grandes déchéances, me séduit. Je trouve que tout se mêle bien chez Anne Perry, ce qui fait de sa série une véritable série de romans policiers historiques, où le contexte n'est pas un simple prétexte.

    En Bref :

    Les + : avec ce tome, j'ai l'impression que les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt prennent un nouveau tournant qui, je l'espère, va se confirmer dans les tomes suivants. J'avais jusque là, malgré mon intérêt pour cette série, une impression de redondance parfois et ici, je l'ai un peu moins ressentie. C'était un bon moment de lecture. 
    Les - : une fin un petit peu abrupte.


    Charlotte et Thomas Pitt, tome 6, Le cadavre de Bluegate Fields ; Anne Perry

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

    • Alors, envie de partir avec Charlotte et Thomas en pleines affaires criminelles à l'époque victorienne ? Découvrez mes billets sur les 5 premiers tomes : 

     

    L'étrangleur de Cater Street 

    Le mystère de Callander Square

    Le crime de Paragon Walk

    Resurrection Row

    Rutland Place


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  • « Delilah préparait du thé. Comme toujours quand elle réfléchissait. Ou qu'elle était inquiète. Ou à peu près tout le temps. C'était génétique, un trait commun à presque tous les habitants de Bruncliffe. »

    Couverture Les détectives du Yorkshire, tome 5 : Rendez-vous avec le danger

     

     

     Publié en 2019 en Angleterre

     En 2019 en France (pour la présente édition)

     Titre original : The Dales Detective Series, book 5,   Date with danger

     Éditions Robert Laffont (collection La Bête Noire)

     432 pages

     Cinquième tome de la saga Les Détectives du Yorkshire

     

     

    Résumé :

    La mort frappe toujours deux fois.

    À la suite d'un accident mortel survenu à la foire aux bestiaux de Bruncliffe, le commissaire-priseur Harry Furness engage Samson et Delilah pour mener l'enquête. Mais ce qui semblait n'être qu'une simple vérification de routine prend vite un tour plus sombre quand les détectives découvrent que cet accident a probablement été provoqué...
    Ajoutez à cela des vols de moutons, un dangereux chantage et un fermier amoureux, et vous aurez la recette parfaite pour une enquête explosive !

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Si je devais décrire cette saga en quelques mots, je dirais qu’elle se bonifie avec le temps, comme un bon vin. Alors que certaines séries finissent par lasser au fil du temps, lire un nouveau tome des Détectives du Yorkshire, c’est toujours l’assurance de passer un excellent moment de lecture.
    Dans ce cinquième volume, le printemps est définitivement installé dans les vallons du Yorkshire et, tandis que les fermiers de Bruncliffe commencent à voir arriver de nouveaux agneaux dans leurs prés, les ventes aux enchères au marché à bestiaux de la ville bat son plein. Mais un terrible accident survient lors d’une vente, qui entraîne la mort d’un employé…Harry Furness, commissaire-priseur et ami de Samson et Delilah demande aux deux enquêteurs de venir discrètement investiguer : la mort du bouvier Ron Watson est-il réellement un accident ou bien est-ce plus compliqué que cela ? Que se passe-t-il au marché de Bruncliffe ?
    Samson et Delilah, accompagnés de leur fin limier Calimero (braque de Weimar de son état) vont donc s’engager dans une enquête périlleuse qui pourrait bien mettre au jour des secrets que leurs détenteurs ne veulent voir dévoilés à aucun prix. Et nos enquêteurs pourraient se retrouver eux-mêmes en danger, dans cette affaire qui sent le soufre.
    Rendez-vous avec le danger nous entraîne au plus près de la vie rurale de ces vallons du nord de l’Angleterre. Bruncliffe a beau être une petite ville, son cœur bat au rythme de la vie agricole et des exploitations qui l’entourent. L’élevage est le poumon économique de la région et quand une sombre affaire criminelle semble menacer l’avenir du marché aux enchères de Bruncliffe mais aussi, directement, les fermiers, on comprend la pression qui repose sur les épaules de Samson et de Delilah, d’autant plus que cette intrigue pourrait être bien plus noueuse que les apparences ne le laissent penser.
    J’ai trouvé que ce tome, peut-être un peu plus que les précédents, s’étoffait, mêlant plusieurs histoires parallèles. Samson, dont le passé a été brutalement révélé dans la presse, n’est pas lavé des accusations qui pèsent sur lui à Londres et continuent de menacer sa carrière de policier. On comprend même que son passé pourrait de plus en plus compromettre son présent. Delilah quant à elle, continue de tout faire pour sauver ses deux entreprises et  notamment son Agence de Rencontre des Vallons et tente de refaire confiance à Samson, après avoir découvert comme les autres habitants de Bruncliffe, les soupçons qui pèsent sur lui.
    L’affaire qui occupe aussi deux autres protagonistes de l’intrigue – pas les plus sympas, on peut le dire – et qui avait commencé à apparaître dans le tome 4, Rendez-vous avec le poison, se poursuit ici. Et c’est assez sympa de ne pas se concentrer uniquement sur l’enquête de Samson et Delilah mais sur plusieurs histoires qui s’entremêlent.

    En même temps que l’intrigue, les personnages s’étoffent aussi, gagnent en complexité car on découvre de nouveaux éléments les concernant. Vraiment, revenir à Bruncliffe, c’est comme retrouver de vieux amis. J’aime vraiment beaucoup l’ambiance de cette saga, très cosy. On s’y plonge avec délices, avec un thé à portée de main et on se laisse porter, il n’y a rien d’autre à faire.
    J’ai déjà hâte de lire le tome 6, mais je sais que je vais me faire violence et espacer mes lectures afin de faire durer le plaisir (oui, je sais, je dis ça à chaque fois). Mais j’ai déjà hâte de revenir à Bruncliffe pour une nouvelle enquête !! Ça faisait longtemps que je n'avais pas été fan comme cela d'une saga littéraire et c'est un grand plaisir pour moi.

    En Bref :

    Les + : cette saga se bonifie avec le temps et ne cesse de s'étoffer, gagnant en complexité et en richesse. J'aime toujours autant Les Détectives et j'ai déjà hâte de retrouver nos héros dans les tomes suivants. Toujours un plaisir de revenir à Bruncliffe.
    Les - :
    pas vraiment de points négatifs à soulever. 


    Les Détectives du Yorkshire, tome 5, Rendez-vous avec le danger ; Julia Chapman

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Retrouvez ci-dessous mes avis sur les quatre premiers tomes :

    Rendez-vous avec le crime

    Rendez-vous avec le mal (pour un cosy murder 100% Noël)

    Rendez-vous avec le mystère

    Rendez-vous avec le poison

     

     


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  • « Un bruit de mugs et de cuillères entrechoquées, de bouilloire qu'on remplissait. Le thé. Ida faisait du thé. Le remède Capstick à toutes les maladies. Même un cœur brisé. »

    Couverture Les détectives du Yorkshire, tome 4 : Rendez-vous avec le poison

     

     

         Publié en 2019 en Angleterre

      En 2019 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Dales Detective Series, book      4,Date with Poison

      Éditions Robert Laffont (collection La Bête Noire)

      392 pages

      Quatrième tome de la saga Les Détectives du           Yorkshire 

     

     

    Résumé :

    Il y a comme un vent de printemps qui souffle sur Bruncliffe. Mais la belle saison est loin de profiter à tout le monde... Impliqué dans une affaire de meurtre, Samson O'Brien doit faire face aux questions pressantes de la police, et Delilah Metcalfe aux critiques virulentes de sa famille et de ses amis – qui lui reprochent sa loyauté envers le détective privé. Et quand la vérité sur le passé de Samson éclate au grand jour, tout Bruncliffe se ligue contre lui.

    Seul le vétérinaire du coin s'inquiète d'une série de morts inhabituelle au sein de sa clientèle canine. Soupçonnant un acte criminel, il sollicite les services de Samson et Delilah. Bravant les foudres des habitants, ces deux derniers vont devoir découvrir l'origine de ce poison qui menace la communauté bruncliffienne...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Alors qu'un timide printemps pointe le bout de son nez à Bruncliffe, les animaux de compagnie de la ville sont en danger : qui empoisonne les chiens et chats de Bruncliffe et surtout, pourquoi ? Préoccupé par la saison des agnelages qui bat son plein, le vétérinaire Herriot ne manque pourtant pas de remarquer que le cas de maladies soudaines sur des animaux qui n'ont rien à voir les uns avec les autres mais présentent les mêmes symptômes semble exploser en ce mois de mars. Que se passe-t-il donc à Bruncliffe et quel est donc le mobile de l'empoisonneur ? Bien décidé à découvrir qui veut du mal à ses petits patients à poils, Herriot décide de faire appel à l'Agence de Recherche des Vallons pour faire la lumière sur toute cette affaire. 
    Mais, au même moment, notre détective Samson O'Brien est dans une bien mauvaise passe : alors qu'un corps est découvert dans le canal de Leeds, un indice semble le compromettre, au moment même où son passé londonien semble sur le point de resurgir. Et, à Bruncliffe, on a la rancune tenace et la dent dure. Samson n'est pas au bout de ses peines, surtout quand la presse s'en mêle. 
    Mais, appelé à la rescousse par Delilah dont le neveu Nathan a disparu, Samson aura peut-être l'occasion de se racheter, en retrouvant le gamin perdu dans les collines du Yorkshire mais peut-être aussi en retrouvant celui qui en veut aux animaux domestiques et n'est pas loin de semer un vent de panique et de psychose dans la ville.
    Rendez-vous avec le poison est le quatrième tome de la saga de cosy mystery Les Détectives du Yorkshire, qu'on ne présente plus. Nous retrouvons ici notre duo de choc, formé de Samson O'Brien, ancien flic d'investigation à Londres, qui est revenu à l'automne se mettre au vert dans le Yorkshire, après avoir connu des démêlés assez graves dans son ancien travail et de Delilah Metcalfe, enfant du pays qui gère l'Agence de Rencontre des Vallons. As de la course à pied et détentrice d'un crochet du droit particulièrement efficace, Delilah est une pure enfant du pays et l'une des rares à accorder un minimum de confiance à Samson, malgré un reste de défiance tenace. 
    L'intrigue de ce quatrième tome est très riche et entremêle deux histoires en une : alors que le passé de Samson est sur le point de resurgir et de mettre à mal le peu d'équilibre qu'il a réussi à recréer à Bruncliffe depuis le mois d'octobre précédent, un nouveau sinistre personnage sévit à Bruncliffe : après les clients de l'Agence de Rencontre de Delilah, visés par un mystérieux assassin, puis les événements de Fellside Court qui ont endeuillé à la maison de retraite de Bruncliffe un peu avant les fêtes de Noël puis l'enquête mystérieuse qui a occupé Samson, Delilah et Calimero pendant l'hiver, une main anonyme s'en prend donc à la frange canine et féline de la ville et semble frapper au hasard. 
    Delilah doit ici faire face au passé de Samson qu'il lui a soigneusement caché et accuse le coup. Quelle est la part de vérité et celle de mensonge contenue dans les assertions publiées dans la presse ? Et, quand toute la ville tourne soudainement le dos à celui qui leur a pourtant rendu de fiers services depuis quelques mois, doit-elle les imiter ou, au contraire, se dresser seule contre tous et défendre son colocataire et partenaire d'enquête ? Les événements se précipitant, ils décideront pour elle et, une nouvelle fois, leur duo franchement efficace fera la lumière sur les événements. 
    Encore une fois, Julia Chapman nous offre une enquête passionnante : Les Détectives du Yorkshire est décidément ma saga de cosy mystery préférée, j'adore retourner à Bruncliffe, retrouver ses habitants hauts en couleur (mention spéciale, en dehors de notre duo d'enquêteurs, à Ida Capstick et Mrs Hargreaves, la bouchère) et suivre une nouvelle enquête de Samson et Delilah, dont les talents respectifs se marient à merveille ! 
    J'ai l'impression que, avec Rendez-vous avec le poison, la saga prend un tournant : alors que l'on sait depuis le premier tome que Samson a quitté précipitamment Londres à cause de démêlés avec la police, on ne sait pas exactement pourquoi et le voile commence à se déchirer doucement...on en apprend ainsi un petit peu plus sur son passé de policier infiltré dans les milieux criminels de la capitale et notamment ceux de la drogue. 
    Et, alors que j'avais peur en début de lecture que cette histoire d'animaux domestiques empoisonnés me passionne moins que les précédentes enquêtes, ce ne fut finalement pas le cas. Il y a même une certaine tension qui s'installe au fil des pages et l'on ressent la psychose qui s'installe chez les propriétaires de chiens et de chats, qui craignent chaque jour que leur animal soit touché par un appât empoisonné et sans savoir si ce sont eux qui sont visés par une vengeance particulière ou si la main malveillante a frappé au hasard. 
    Bref, c'est toujours un (grand) plaisir de retrouver l'univers de Julia Chapman et j'ai l'impression que je l'apprécie de plus en plus à chaque nouveau tome. J'ai dévoré ce quatrième tome et je n'attendais qu'une chose, le soir en rentrant : reprendre ma lecture ! Les pages ont filé sans que je m'en rende compte : maintenant, il me tarde de lire la suite, bien sûr ! 

    En Bref :

    Les + : quelle joie de revenir à Bruncliffe ! Cette saga est vraiment doudou pour moi, j'adore retrouver l'univers et les personnages. L'enquête est vraiment bien menée, plus complexe et semble faire amorcer au récit un nouveau virage. Hâte de voir si l'essai est transformé dans les tomes suivants. 
    Les - :
    je me suis un peu embrouillée dans la chronologie à la fin du roman.


    Les Détectives du Yorkshire, tome 4, Rendez-vous avec le poison ; Julia Chapman

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Retrouvez ci-dessous mes avis sur les trois premiers tomes :

    Rendez-vous avec le crime

    Rendez-vous avec le mal (pour un cosy murder 100% Noël)

    Rendez-vous avec le mystère

     

     

     


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